20 avril 2009
Sans titre
- La château aux longs rideaux dans l'eau (Line Gingras)
Oui, vous avez bien lu. C'était en première page du programme de notre concert du 19 avril : un court texte de présentation, avec mon nom au bas; et dans le titre, en gros caractères bien lisibles, une énorme faute d'étourderie.
Vous me dites que l'erreur est humaine, qu'une coquille, allons, ça n'a pas d'importance. C'est trop gentil d'essayer de me consoler. Trop. Car si j'avais effectivement laissé passer, dans un titre, une coquille aussi grossière, j'aurais fort à rougir. Je ne peux pas me permettre une faute de ce genre, même si pour d'autres c'est une bagatelle : en qualité de professionnelle de l'écriture, je me sentirais indigne de la confiance de mes clients. Un traducteur, un réviseur d'expérience le sait, qu'il faut relire les titres avec une attention extrême.
Ce n'est pas moi qui ai commis cette impolitesse à l'égard du lecteur, cette bourde que j'aurais beaucoup de mal à me pardonner, si j'en étais responsable. Elle ne m'a pas échappé non plus à la relecture, ce qui ne vaudrait pas mieux; le titre est un ajout. En d'autres occasions semblables, sachant que je ne reverrais pas la version finale de mon texte avant l'impression du programme, j'avais insisté pour que mon nom ne paraisse pas. Cette condition n'a pas été respectée cette fois. Et cette faute bête, vraiment trop bête qui m'est attribuée, je la ressens comme une atteinte à mon intégrité professionnelle.
Fin de ma collaboration.
Line Gingras
08:46 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, coquilles
17 juillet 2007
Blague de vestiaire
Après une semaine, je m'ennuie des articles de Jean Dion, qui devrait revenir bientôt nous raconter ses aventures sportives en Israël. Et ce n'est pas que je manque de sujets, mais... voilà, j'ai envie d'une récréation; vous aussi, peut-être. Ça tombe bien, lisez-moi cela :
« ... le Grand Jean a lancé avec sa voie douche mais grave... » (François Gagnon.)
Monsieur Gagnon, journaliste sportif à La Presse et à Cyberpresse, parle ici de l'ancien hockeyeur Jean Béliveau. Je n'ai pas lu tout son article, mais je n'ai pas pu m'empêcher de demander, à propos du passage cité : C'est une blague?
Fallait pas. Des lecteurs ont piqué une crise - une crisette, disons. (Tout de même, vous ne pensez vraiment pas qu'il pouvait s'agir d'une petite blague de vestiaire?)
Ah! bon.
* * * * *
Monsieur Gagnon est un gentilhomme : il a pris la peine de se corriger et de m'écrire, dans son billet suivant, un petit mot qui témoigne de son sens de l'humour.
Si seulement le sport m'intéressait...
Line Gingras
Québec
« Hommage à Fergie! » : http://blogues.cyberpresse.ca/gagnon/?p=70312255#comments
03:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : langue française, coquilles, journalisme, presse
23 février 2007
Négligeant ou négligent?
« La plupart du temps, le régisseur tranche... en exhortant le locataire négligeant à payer son loyer au début du mois. » (Katia Gagnon et Hugo Meunier.)
La graphie négligeant correspond au participe présent du verbe négliger :
Les jeunes femmes sont parties en voyage pour trois mois, négligeant de payer leur loyer.
L'adjectif s'écrit plutôt négligent; comment savoir si c'est à lui qu'on a affaire? De la même manière que dans l'exemple qui précède, il suffit de mettre au féminin le nom auquel négligent ou négligeant s'applique :
... en exhortant la locataire négligente à payer son loyer au début du mois.
L'adjectif négligent s'accorde en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte; le participe présent négligeant, lui, reste invariable.
Et puisqu'il est question de négligence :
« Pendant cinq ans, Micheline di Pietro a tenté de se débarasser d'une locataire qui transformait sa maison en taudis. Ce sont finalement ses contants retards de paiement qui lui ont permis de l'évincer. » [Légende de la photo accompagnant l'article.]
Line Gingras
Québec
« Comment les Bougon manipulent la Régie » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070220/CPACTUALITES/7...
16:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, coquilles, journalisme
13 décembre 2006
Politiques à droites
« "Je sais très bien que ce gouvernement est vulnérable tellement ses politiques sont à droites et très loin de ce que les Canadiens veulent." » (Alec Castonguay et Robert Dutrisac, citant Stéphane Dion.)
Les intentions du gouvernement sont-elles droites? Je ne me prononcerai pas là-dessus. Ses politiques sont-elles adroites? Je ne saurais le dire. En tout cas elles sont à droite, sans s, parce que l'expression est une locution adverbiale, donc invariable.
* * * * *
« Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser comme il s'y est engagé, c'est-à-dire, pour le Bloc, d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel avec pleine compensation. »
Que doit faire Stephen Harper? Limiter le pouvoir fédéral de dépenser, comme il s'y est engagé. Et qu'est-ce que cela veut dire, pour le Bloc? Accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel [de certains programmes], avec pleine compensation.
Le syntagme commençant par accorder se rattache donc à doit, et non pas à pouvoir fédéral, comme il le semblerait pourtant, à la façon dont la phrase est construite : en dépit de ce que paraissent affirmer les journalistes, le Bloc ne souhaite pas, je pense, qu'on limite le pouvoir fédéral d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel.
Comment régler le problème? En fait c'est très simple, il suffit de supprimer la préposition devant accorder :
Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser [...] c'est-à-dire, pour le Bloc, accorder au Québec...
* * * * *
« Mais notre opposition et notre manque de confiance envers M. Harper concernant les politiques étrangères de son gouvernement sont bien connues. » (Les auteurs citent Jack Layton.)
Les politiques étrangères du gouvernement conservateur sont sans doute bien connues du parti que dirige M. Layton, mais ce n'est pas l'idée qu'il exprime ici : il parle d'opposition et de manque de confiance. Or, dans manque de confiance, il y a le nom féminin confiance, mais ce n'est pas lui qui est le noyau du groupe sujet : M. Layton ne signale évidemment pas la confiance du NPD à l'égard de M. Harper, mais plutôt le manque de confiance. Le participe passé du verbe connaître est donc attribut de deux sujets, l'un féminin (opposition) et l'autre masculin (manque de confiance) :
Mais notre opposition et notre manque de confiance [...] sont bien connus.
* * * * *
« Stéphane Dion juge que le Bloc cherche par tous les moyens _ déclencher des élections au plus vite. »
... le Bloc cherche [...] à déclencher...
* * * * *
« ... le chef du Bloc québécois [...] a fait le bilan de la première année du gouvernement Harper et jugé du respect de ses engagement_ envers le Québec. »
Line Gingras
Québec
« Afghanistan : le Bloc menace le gouvernement Harper » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124686.html
05:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, orthographe, coquilles
12 décembre 2006
Maladie extrêmeme
« Jusqu'au début de la présente année, le très-extrêmemement-malade Pinochet s'est employé à frauder. » (Serge Truffaut.)
Dommage : l'ironie serait plus efficace, en ce qui me concerne, s'il n'y avait pas une syllabe de trop.
Line Gingras
Québec
« Sans peine » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124635.html
02:22 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : coquilles, journalisme, presse, médias
06 novembre 2006
Craindre que + indicatif ou subjonctif?
«Et on craint que beaucoup d’électeurs qui s’identifient à la droite religieuse n’iront pas voter cette année, en partie à cause de sandales à caractère sexuel impliquant des républicains.» (Michel C. Auger.)
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, craindre que doit être suivi du subjonctif :
Et on craint que beaucoup d'électeurs [...] n'aillent pas voter cette année...
* * * * *
Ces «sandales» à caractère sexuel, c'est réservé aux piédérastes?
Line Gingras
Québec
«La dernière campagne de George W. Bush» : http://www.cyberpresse.ca/article/20061105/CPBLOGUES07/61...
01:35 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, coquilles, blog de journaliste
23 octobre 2006
Perpétrer une lignée
«Sans description claire, les techniciens du centre de recherche et de conservation des semences ont difficilement pu sélectionner les graines des melons possédant la charpente et le charme du melon de Montréal pour perpétrer correctement cette lignée...» (Fabien Deglise.)
Perpétuer la lignée du melon de Montréal, ce ne serait pas un crime.
Line Gingras
Québec
«Le melon de Montréal ne fait plus le poids» : http://www.ledevoir.com/2006/10/11/120171.html
00:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, coquilles, journalisme, médias
30 septembre 2006
Que sont la francophonie et la défense du français devenus?
«Finies, les déclarations d'amour de notre langue, même parmi les souverainistes. Clos aussi, le discours sur l'importance de la bien parler et de l'écrire correctement. En ce sens, la francophonie et la défense du français sont devenus off, pour parler le langage des définisseurs de tendances.» (Denise Bombardier.)
Un tel passage méritait une relecture plus attentive.
Line Gingras
Québec
«Qu'ossa donne?» : http://www.ledevoir.com/2006/09/30/119434.html?338
00:34 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, coquilles
28 septembre 2006
Pour ne pas que
«Le Parti qui avait perdu le pouvoir [...] devait être capable de démontrer qu’il avait changé. Qu’il prenait les questions d’éthique suffisamment au sérieux pour ne pas que des problèmes de ce genre dominer sa course au leadership.» (Michel C. Auger.)
Selon Hanse et Blampain, la construction pour ne pas que relève de la langue populaire. Elle n'a donc pas sa place, à mon avis, dans un texte sérieux où rien ne semble justifier que l'on s'écarte nettement du registre soutenu. Je proposerais plutôt :
... pour que des problèmes de ce genre ne dominent pas sa course au leadership.
... pour empêcher que des problèmes de ce genre (ne) dominent sa course au leadership.
... pour ne pas laisser des problèmes de ce genre dominer sa course au leadership.
* * * * *
Bien entendu, dans le passage à l'étude, c'est dominent qu'il aurait fallu écrire. Et le nom parti aurait dû prendre la minuscule. Il est question du parti qui avait perdu le pouvoir; ce n'est pas une appellation officielle, mais un terme générique dont le sens est précisé par une relative déterminative, c'est-à-dire considérée comme essentielle au sens de la phrase (et par conséquent non encadrée de virgules).
Que penser enfin de l'expression course au leadership? Nous verrons cela une prochaine fois.
Line Gingras
Québec
«Ces morts qui votent» : http://www.cyberpresse.ca/apps/pbcs.dll/section?Category=...
02:30 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, coquilles, orthographe, blog de journaliste
19 septembre 2006
Un voyage de Tunisie
«M. Arar, un ingénieur d'Ottawa, revenait d'un voyage de Tunisie...» (Hélène Buzzetti.)
On peut dire soit que M. Arar revenait de Tunisie, soit qu'il revenait d'un voyage en Tunisie.
* * * * *
«Après de multiples échanges avec les autorités canadiennes, il a été envoyé en Syrie, avec un arrêt en Jordanie, où M. Arar est resté incarcéré près d'un an.»
Je lis pourtant, plus haut : «Cette conclusion hâtive, sans aucun fondement de la part de la Gendarmerie royale du Canada, a conduit le Canadien jusque dans les geôles syriennes où il a croupi près d'un an.» De fait, c'est bien en Syrie, si je ne m'abuse, que M. Arar a été emprisonné. Ce qui crée la confusion, dans la phrase à l'étude, c'est que l'adverbe relatif où, placé juste après en Jordanie, a tout l'air de s'y rapporter. On aurait pu éviter le problème en mettant avec un arrêt en Jordanie entre parenthèses.
* * * * *
«... un avis de guet aux frontières pour Maher Arar et son épouse, Monia Mazigh, dans lequel le couple est présenté comme "des extrêmistes islamistes soupconnés d'avoir des liens avec le mouvement terroriste al-Qaïda".»
Les deux fautes se trouvaient-elles dans le document officiel que l'on cite? En pareil cas, il aurait fallu le signaler par la mention sic, entre parenthèses ou entre crochets, qu'on aurait pu placer après le deuxième mot mal orthographié.
Line Gingras
Québec
«Arar blanchi, la GRC blâmée» : http://www.ledevoir.com/2006/09/19/118408.html
04:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : grammaire, syntaxe, langue française, coquilles
14 septembre 2006
Panacée universelle
«Remarquez, le scénario est éminemment classique : le tourisme considéré comme panacée universelle pour panser les plaies de secteurs moribonds, on a déjà vu ça.» (Diane Précourt.)
Je lis dans le Petit Robert qu'une panacée est un «remède universel». L'expression panacée universelle, très courante, est donc pléonastique, même si Balzac lui-même l'a employée :
Les savants prétendaient qu'il avait trouvé la panacée universelle.
Hanse et Blampain conseillent de l'éviter, mais signalent qu'elle se rencontre depuis longtemps «chez d'excellents auteurs».
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De toute évidence, on a voulu dire : Elle redoute comme la peste un envahissement de son pays par des hordes de bronzés visitant ce petit paradis, gorgés de son soleil mais la tête vide.«Pendant ce temps, une certaine intelligentsia martiniquaise observe du coin de l'oeil toute l'agitation autour de son industrie touristique. Elle redoute comme la peste un envahissement par des hordes de bronzés visitant ce petit paradis gorgés de son soleil mais la tête vide de son pays.»
Line Gingras
Québec
«Voyageries - Les démons du paradis» : http://www.ledevoir.com/2006/09/09/117531.html?338
02:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : langue française, usage, coquilles