10 septembre 2007
L'émotion ou les victimes?
« M. MacKay a soutenu que l'émotion qui entoure le sort des victimes ne devraient pas éclipser ce qui a été accompli. » (Presse Canadienne.)
Qu'est-ce qui ne devrait pas éclipser ce qui a été accompli? Non, pas les victimes, mais l'émotion qui entoure le sort des victimes; c'est ce qu'a soutenu monsieur MacKay.
Le noyau du groupe sujet, avec lequel s'accorde le verbe devrait, c'est l'émotion, à quoi se rattache la proposition relative qui entoure le sort des victimes.
Line Gingras
Québec
« Le Canada quittera le sud afghan en 2009 » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070903/CPACTUALITES/7...
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09 septembre 2007
Être sous l'impression que
« Louise Beaudoin était sous l’impression que le premier ministre Lévesque y amenait* une tonne de dossiers. Son amie Francine a corrigé. Celui-ci arrivait souvent les mains dans les poches. » (Michel Corbeil, dans Le Soleil.)
D'après le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, la locution être sous l'impression, employée au sens de « croire », « s'imaginer », est calquée sur l'anglais to be under the impression. On dit plutôt j'ai l'impression que ou j'ai l'impression de + infinitif :
Plus tard, j'ai eu l'impression que cette nuit avait pesé lourd dans ma destinée. (Aragon, dans le Lexis.)
J'ai l'impression d'avoir le cœur sec. (Pialat, dans le Petit Robert.)
J'ai l'impression qu'il dit la vérité, de l'avoir déjà rencontré. (Multidictionnaire.)
Le Trésor de la langue française informatisé consigne sous l'impression de, suivie d'un nom ou, rarement, d'un infinitif; cette tournure rend cependant l'idée de « sous l'effet, l'empire, l'influence de quelque chose » :
Mon esprit était alerte comme si j'avais été sous l'impression du haschisch. (Tharaud.)
Le faubourg Saint-Germain restait encore sous l'impression d'avoir appris qu'à la réception pour le roi et la reine d'Angleterre, la duchesse n'avait pas craint de convier M. Detaille. (Proust.) [Le faubourg Saint-Germain a été frappé par la nouvelle.]
Bien entendu, dans le cas qui nous occupe, ce n'est pas ce qu'on a voulu dire :
Louise Beaudoin avait l'impression que le premier ministre Lévesque...
Line Gingras
Québec
* À mon avis, c'est plutôt apportait qu'on devrait lire ici. Mais nous reviendrons là-dessus.
« Dans l'antre de René Lévesque » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070907/CPSOLEIL/70906...
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08 septembre 2007
Jeune fille
« Il y avait aussi peu de ressemblances entre la fillette qu'elle a décrit_ et la jeune fille disparue. » (Presse Canadienne.)
Il s'agit de la petite Cédrika Provencher, qui - espérons-le - vient d'avoir dix ans. Ce n'est pas encore une jeune fille : d'après le Petit Robert, une jeune fille est une adolescente ou une femme jeune non mariée (j'ai consulté aussi le Multidictionnaire). Et l'adolescence ne débute qu'à l'âge de douze ans environ, chez les filles.
Dans un autre ordre d'idées, rappelons que le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Elle a décrit qui? la fillette :
Il y avait aussi peu de ressemblances entre la fillette qu'elle a décrite et celle qui a disparu.
Pas étonnant que l'on fasse de moins en moins l'accord dans la langue orale...
Line Gingras
Québec
« Cédrika : la police de Fredericton mise à contribution » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070908/CPACTUALITES/7...
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07 septembre 2007
Les dépouilles ont été embarqués
« Les dépouilles de Mario Mercier et Christian Duchesne, deuxième et troisième soldats de Valcartier à mourir en Afghanistan depuis samedi, ont été embarqués à bord d'un appareil Hercule tôt vendredi matin, heure locale, pour être rapatriés au Canada. » (Martin Ouellet, Presse Canadienne.)
Le groupe sujet est relativement long, mais son noyau, avec lequel doivent s'accorder les participes passés employés avec l'auxiliaire être, c'est dépouilles, féminin pluriel :
Les dépouilles [...] ont été embarquées [...] pour être rapatriées au Canada.
Line Gingras
Québec
« Les corps des soldats Mercier et Duchesne rapatriés au Canada » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070823/CPACTUALITES/7...
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06 septembre 2007
Moulin à parole
« Quelques centaines de milliers de spectateurs, à l'autre bout de la ligne, me regardent, sans doute fascinés par ce moulin à parole_ qui tourne à vide. » (Pierre Bourgault, cité par Jean-François Nadeau.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, consultés à l'article « moulin », donnent seulement moulin à paroles :
Une espèce de petit moulin à paroles, jacassant au vent qui filait sur l'eau. Elle bavardait sans fin avec le léger bruit continu de ces mécaniques ailées qui tournent dans la brise. (Maupassant, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Line Gingras
Québec
« Pierre Bourgault : homme de théâtre médiatique » : http://www.ledevoir.com/2007/09/06/155689.html
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05 septembre 2007
Affubler - Prénoms bizarres qu'on affuble aux enfants
« Le pays de Hugo Chavez, rocambolesque président du Vénézuela, connaît un drôle de problème : la prolifération de prénoms bizarres qu’on affuble aux enfants. » (Patrick Lagacé.)
On affuble quelqu'un de quelque chose (on est affublé, on s'affuble de quelque chose) :
Ces singes que l'on affuble d'une robe. (Jaloux, dans le Petit Robert.)
Anne voulait affubler sa petite sœur d'un chapeau à plumes. (Multidictionnaire.)
Elle était affublée d'une affreuse robe verte. (Lexis.)
Il ne savait pas s'habiller et s'affublait toujours de vêtements trop voyants. (Lexis.)
Affubler quelqu'un d'un nom d'emprunt, d'un sobriquet, d'épithètes ridicules. (Trésor de la langue française informatisé.)
Aucun des dictionnaires que j'ai sous la main ne reçoit la construction affubler quelque chose à quelqu'un. On aurait pu écrire :
... la prolifération de prénoms bizarres dont on affuble les enfants.
* * * * *
« Le projet de loi ne rallie pas tous les habitations de la République bolivarienne du Vénézuela, remarquez. Quelques députés rechignent. »
... tous les habitants...
Line Gingras
Québec
« De drôles de prénoms au Vénézuela » : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70720342
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04 septembre 2007
Mise en relief
« Ces accommodements raisonnables, que la population associe maintenant à l'immigration et rejette en bloc, ce ne sont certainement pas l'aménagement de toilettes pour handicapés ou de rampes d'accès pour les fauteuils roulants. » (Denise Bombardier.)
Le déterminant ou pronom démonstratif ce s'emploie avec le verbe être pour mettre en relief un élément de la phrase - dans ce cas-ci, l'aménagement de toilettes ou de rampes d'accès. Le substantif aménagement, même s'il avait trente-six compléments, ne resterait pas moins le noyau du syntagme, et commanderait à ce titre l'accord du verbe au singulier :
... ce n'est certainement pas l'aménagement de toilettes pour handicapés ou de rampes d'accès pour fauteuils roulants.
Cela dit, la phrase serait plus logique si au moins deux éléments étaient mis en relief, comme exemples d'accommodements :
Ces accommodements raisonnables, que la population associe maintenant à l'immigration et rejette en bloc, ce ne sont certainement pas l'aménagement de toilettes pour handicapés ou la construction de rampes d'accès pour fauteuils roulants.
Noter que le verbe être, dans ce cas, se mettrait de préférence au pluriel, mais que le singulier ne serait pas incorrect. (J'ai consulté à ce sujet le Hanse-Blampain, à l'article sur l'accord du verbe.)
Line Gingras
Québec
« Accommodements dans la confusion » : http://www.ledevoir.com/2007/09/01/155283.html
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03 septembre 2007
Il s'est fait pasteurisé
« "Bob s'est fait pasteurisé", a-t-elle lancé. » (Bob Baddeley; extrait d'une anecdote amusante publiée dans l'édition canadienne de Sélection, septembre 2007, page 78.)
Le pronominal se faire doit être suivi non pas du participe passé, mais de l'infinitif :
Elle s'est fait prendre.
Va te faire cuire un œuf!
Ils se sont fait voir ensemble.
Bob s'est donc fait « pasteuriser ».
Line Gingras
Québec
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02 septembre 2007
D'ordre + adjectif
« ... des problèmes d'ordre professionnels... » (Stéphanie Bérubé, dans La Presse.)
Le syntagme d'ordre professionnel caractérise problèmes; néanmoins, l'adjectif professionnel se rapporte à ordre :
Il [Gide] a pris des problèmes d'ordre moral comme matière première, comme données centrales de l'œuvre d'art elle-même. (Du Bos, dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « donnée ».)
* * * * *
« On voit alors des femmes mures très intéressées par la nourriture et très préoccupées par leur poids. »
Le Petit Robert (2007) et le Multidictionnaire (2003) n'admettent que la graphie avec accent circonflexe : des femmes mûres.
Line Gingras
Québec
« Des femmes mûres dans le piège » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070902/CPACTUEL/70902...
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01 septembre 2007
Bien à vous
Monsieur Julien utilise souvent l'expression bien à vous, mais il a un doute : « Est-elle vraiment usitée? » me demande-t-il.
Selon le Multidictionnaire et le Colpron, la formule de salutation bien à vous serait le calque de truly yours ou yours truly.
Cette expression est toutefois admise dans Le français au bureau, de l'Office québécois de la langue française - même s'il faut la réserver « aux notes et aux courriels qui ont un caractère personnel ».
Elle est également reçue dans le Trésor de la langue française informatisé. À l'article « bien », je trouve bien à vous comme « formule de politesse à la fin d'une lettre ». À l'article « être », on donne les précisions suivantes : « La formule familière de conclusion épistolaire, je suis (bien) à vous, est généralement employée sans la copule [c'est-à-dire sans le verbe être]. »
Il me semble donc que l'on peut se servir de l'expression bien à vous, dans certains contextes.
Line Gingras
Québec
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