18 mars 2007
Supputer sur les chances
« On supputait sur les chances des uns et des autres d’accéder au conseil des ministres. » (Pierre Cayouette.)
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis, le Girodet et le Trésor de la langue française informatisé, supputer est un verbe transitif :
Supputer ses chances. (Petit Robert.)
Ils supputent leurs chances de succès. (Multidictionnaire.)
Supputer l'effort à fournir, ses chances; supputer les conséquences, les risques de quelque chose. (Trésor.)
Ils étaient, les uns comme les autres, à supputer les chances de la royauté. (Aragon, dans le Lexis.)
Un tailleur, en vous voyant, suppute instinctivement l'étoffe de votre habit. (Proust, dans le Petit Robert.)
Je suis en train de supputer mes profits et pertes de cette semaine... (Dumas père, dans le Trésor.)
Nous supputions à présent le temps nécessaire à l'aller et au retour... (Pesquidoux, dans le Trésor.)
Un astronome qui suppute l'existence d'un astre dont il ne perçoit pas encore directement les rayons. (Gide, dans le Trésor.)
Le Trésor relève un exemple où l'objet de l'évaluation marquée par le verbe supputer est introduit au moyen de la préposition sur :
D'aucuns se lèvent la nuit pour mesurer la force du vent au rayonnement des étoiles, pour relever leur direction ou supputer sur leur hauteur. (Pesquidoux.)
Je crois néanmoins, comme les autres ouvrages consultés ne reçoivent pas cet emploi et comme le Trésor donne le verbe supputer uniquement pour transitif, qu'il vaut mieux construire le complément de façon directe :
On supputait les chances des uns et des autres d’accéder au conseil des ministres.
* * * * *
« Pour en finir une fois pour toute_ avec cette comparaison idiote... »
Vérification faite dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor, la locution adverbiale une fois pour toutes s'écrit avec un s à toutes :
Je vous le dis une fois pour toutes, ne venez plus me déranger. (Lexis.)
On se met à rêver tout éveillé qu'on est couché une fois pour toutes dans sa fosse... (Mille, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« PQ 1976 - ADQ 2007 : la comparaison qui tue... » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
04:15 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
17 mars 2007
Les deux-tiers
« ... le nouveau Boisclair, celui qui parle comme tout le monde, doit parler d’un sujet dont les deux-tiers du monde ne veulent pas entendre parler. » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)
Marie-Éva de Villers signale que l'expression deux tiers s'écrit sans trait d'union; c'est effectivement cette graphie que je trouve dans le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé :
Les deux tiers. (Petit Robert.)
Majorité des deux tiers. (Trésor.)
Il a fait les deux tiers du travail. (Lexis.)
Il y a sur le globe deux tiers de mers, un tiers de terres. (Abellio, dans le Trésor.)
Les deux tiers des participantes sont persuadées ou persuadés du bien-fondé de la proposition. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« Nouveau Boisclair, vieux problème » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140839#more-6...
06:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
16 mars 2007
Prendre pour acquis
« Les Canadiens ne doivent pas prendre leurs libertés civiles pour acquis__, prévient Maher Arar. » (PC.)
Le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais condamnent prendre pour acquis, calque de l'anglais to take for granted. On trouve dans le Colpron, et surtout dans le Meertens, de nombreuses façons de rendre cette idée, selon le contexte. Au nombre des équivalents figurent tenir pour acquis, considérer comme acquis :
Je tenais pour acquis que vous étiez au courant. (Chouinard.)
Tenir un point pour acquis. (Lexis.)
Nous pouvons considérer comme acquis ce premier point. (Petit Robert.)
Nous tenons pour acquise son adhésion au programme. (Multidictionnaire.)
Comme l'indique le dernier exemple, l'adjectif acquis n'est pas invariable :
Les Canadiens ne doivent pas tenir leurs libertés civiles pour acquises...
Line Gingras
Québec
« Ne prenez pas les libertés civiles pour acquis [sic], prévient Maher Arar » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:2811...
05:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, grammaire, orthographe, journalisme
15 mars 2007
La Passion selon Marie
Le dimanche 15 avril prochain, l'Ensemble vocal André Martin, dont je fais partie, va donner un concert de musique religieuse, sous le thème La Passion selon Marie.
Nous allons représenter le drame terriblement humain de la Passion du Christ, du point de vue de Marie. Avant de mourir, Jésus a confié sa mère au disciple qu'il aimait. Des années plus tard, Marie - elle qui « gardait ces choses dans son cœur » - raconte ces événements douloureux. Elle-même n'y a pas assisté dès le début : la nuit de prière et d'angoisse au mont des Oliviers, l'arrestation lui ont été relatées par les disciples. Et c'est un autre narrateur, un historiographe, qui abordera les signes de la Résurrection, que nous ne ferons qu'évoquer.
Les différents moments du récit de la Passion ont inspiré quantité de compositeurs au cours des siècles. Nous allons interpréter, pour illustrer les souvenirs de Marie, des œuvres de diverses époques - de Morales et Gesualdo à Poulenc et Elzéar Fortier. Plusieurs pièces seront chantées a cappella; d'autres seront exécutées avec le concours d'un organiste et d'un quatuor à cordes.
Dimanche 15 avril à 14 h 30, à la chapelle des Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Vallier.
Line Gingras
Québec
02:15 Publié dans Chant choral | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Québec, musique, concert, culture
14 mars 2007
Se douter - accord du participe passé
« ... Julie Cossette ne se serait jamais douté_, en septembre dernier, qu'elle se ferait subtiliser tout le contenu de son compte bancaire. » (Paule Vermot-Desroches.)
Se douter est un pronominal subjectif : verbe accidentellement pronominal (c'est-à-dire ne s'utilisant pas toujours à la forme pronominale), douter fait corps avec le pronom réfléchi, qui ne peut s'analyser séparément.
Comme le signale Marie-Éva de Villers, le participe passé s'accorde en genre et en nombre avec le sujet :
... Julie Cossette ne se serait jamais doutée...
Line Gingras
Québec
« Elle répond à un courriel et 3000 $ s'envolent » : http://technaute.lapresseaffaires.com/nouvelles/texte_com...
04:25 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
13 mars 2007
Débuter avec
« L'attaque canadienne avait débuté avec un assaut lancé par des blindés dans ce qui est considéré comme un bastion de la rébellion talibane. » (PC.)
J'ai consulté treize ouvrages à l'article « débuter »; d'après les résultats de mes recherches, le verbe s'emploie avec la préposition par afin d'introduire le premier élément, la première partie de quelque chose :
Le film débute par une scène très amusante. (Multidictionnaire.)
Cet écrivain débute par un excellent roman. (Dagenais.)
Le rapport du président débutait par un éloge du secrétaire général. (Berthier et Colignon.)
Le motif en notes détachées, par lequel débute l'allégro. (Berlioz, dans le Petit Robert.)
L'échec provisoire par lequel toutes les hautes entreprises débutent. (Cocteau, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
J'ai relevé un exemple où le verbe est suivi de la préposition avec - devant un complément qui renseigne sur la forme plutôt que sur le contenu :
Il débute avec un accent bas et tendre : - Mes biens [sic] chers amis, enfin, nous nous retrouvons! (Barrès, dans le Trésor.)
La construction débuter avec, dans la phrase à l'étude, me paraît le calque de to begin with.
Line Gingras
Québec
« Désertion? » : http://www.ledevoir.com/2006/12/30/126185.html
07:20 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme
12 mars 2007
Elle se serait évitée tous ces ennuis
« Elle se serait évitée tous ces ennuis si, en apprenant le 14 décembre qu'elle était recherchée par la police de Québec, elle était revenue d'elle-même au pays. » (André Pratte.)
Le participe passé du verbe éviter, à la forme pronominale, ne s'accorde pas avec le sujet, mais avec le complément d'objet direct, pourvu que celui-ci précède le verbe :
Ces deux belles-sœurs se sont évitées pendant des années.
Elles ont évité qui? elles-mêmes - plus précisément, elles se sont évitées l'une l'autre. Le participe passé s'accorde avec le pronom réfléchi, se, qui représente les deux belles-sœurs.
Elle ne se doute pas de tous les ennuis qu'elle se serait évités.
Elle aurait évité quoi? des ennuis, représentés par le pronom relatif que.
Il fallait donc écrire :
Elle se serait évité tous ces ennuis...
Line Gingras
Québec
« La prison de Mme Bédard » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070106/CPOPINIONS/701...
06:30 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme