30 juin 2007
C'est moi qui
« Ce n’est pas moi qui l’écrit... » (Richard Hétu.)
Ce n'est pas moi non plus.
Le verbe ayant pour sujet le pronom relatif qui s'accorde avec l'antécédent du relatif, c'est-à-dire avec le nom ou le pronom que le relatif représente - dans le cas qui nous occupe, le pronom moi, première personne du singulier :
Ce n'est pas moi qui l'écris.
* * * * *
Note du 1er juillet : Je viens de me rendre compte que monsieur Hétu s'est corrigé; c'est tout à son honneur.
Line GingrasQuébec
« J'aime Paris » : http://blogues.cyberpresse.ca/hetu/?p=70411626
05:10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
29 juin 2007
Divisif
« De tels débats ne manqueront pas d'être divisifs. On ne connaît pas de remise en cause profonde qui ne le soit pas. » (Bernard Descôteaux.)
L'adjectif divisif n'est pas critiqué dans le Chouinard, dans le Colpron ni dans le Dagenais; je ne le trouve pas non plus dans le Hanse-Blampain ni dans le Multidictionnaire. Mais il ne figure pas davantage dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main (Petit Robert, Lexis, Trésor de la langue française informatisé). J'y vois par conséquent l'influence de l'anglais divisive, conclusion à laquelle sont déjà arrivés les linguistes de l'Office québécois de la langue française et de Radio-Canada.
Le Guide anglais-français de la traduction, de René Meertens, donne de nombreux équivalents. Dans le cas qui nous occupe, je proposerais :
De tels débats ne manqueront pas de créer des divisions. On ne connaît pas de remise en cause profonde qui ne le fasse pas.
Line Gingras
Québec
« Aggiornamento au PQ » : http://www.ledevoir.com/2007/06/28/148786.html
Banque de dépannage linguistique : http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=3&id=2628
Le français au micro : http://www.radio-canada.ca/radio/francaismicro/descriptio...
07:45 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
28 juin 2007
Canada Pension Plan
« Par ailleurs, on sait peu de chose des motifs qui ont poussé la Caisse de dépôt et placement du Québec et Onex à se retirer à leur tour d'un des quatre autres consortiums en lice, celui dirigé par le Canada Pension Plan (CPP). » (Jean-Robert Sansfaçon.)
Les Canadiens qui travaillent dans une autre province que le Québec cotisent tous au Régime de pensions du Canada (RPC). Les deux appellations, l'anglaise et la française, sont officielles.
Line Gingras
Québec
« Pour qui sonne Bell? » : http://www.ledevoir.com/2007/06/27/148646.html
04:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 juin 2007
Son devoir de harcèlement
« Son club lui reprochait d'avoir manqué à son devoir de loyauté, de harcèlement moral sur un joueur et d'indiscrétions auprès de clubs adverses. » (L'Équipe, avec AFP.)
On lui reprochait [à Jacky Bonnevay] d'avoir manqué... à son devoir de harcèlement? Bien entendu, ce n'est pas ce que les journalistes ont voulu dire; c'est pourtant ce qu'ils ont écrit.
Les compléments de harcèlement et d'indiscrétions ont tout l'air de se rapporter au nom devoir, déjà doté du complément de loyauté, dont la forme est semblable; en fait, ils se rattachent selon la logique au verbe reprochait, auquel ils ne peuvent pas, toutefois, se raccorder grammaticalement.
Chacun sait qu'on ne reproche pas de harcèlement ni d'indiscrétions : reprocher appelle un complément d'objet direct - on reproche quelque chose à quelqu'un. La préposition de qui précède le premier complément, le verbe avoir manqué, n'a d'autre rôle que d'introduire l'infinitif; elle disparaîtrait devant un nom : Son club lui reprochait son manque de loyauté.
Comment restructurer la phrase? Je proposerais :
Son club lui reprochait d'avoir manqué à son devoir de loyauté, (d'avoir) exercé du harcèlement moral sur un joueur et (d'avoir) commis des indiscrétions auprès de clubs adverses.
Line Gingras
Québec
« Foot - L2 - Angers doit dédommager Bonnevay » : http://www.lequipe.fr/Football/breves2007/20070626_233948Dev.html
07:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
26 juin 2007
Distraction
« L'idée de faire assumer aux cinq chanteurs de White Sound (Suzie LeBlanc, Catherine Webster, Matthew White, Charles Daniels, Nathaniel Watson) les parties chorales est esthétiquement élégant, même s'il est historiquement douteux... » (Christophe Huss.)
On a perdu le fil, peut-être à la suite d'une correction.
Line Gingras
Québec
« Concerts classiques - Un dimanche recueilli » : http://www.ledevoir.com/2007/06/26/148517.html
04:12 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
25 juin 2007
Elle s'est demandée
« ... la ministre des Finances [...] s'est demandée si les partis d'opposition avaient "un sens des responsabilités", compte tenu du coût d'une élection. » (Antoine Robitaille et Robert Dutrisac.)
Se demander est un verbe accidentellement pronominal, c'est-à-dire qui ne s'emploie pas toujours à la forme pronominale; et c'est un pronominal réfléchi, du fait que le sujet et le pronom réfléchi désignent la même personne. Avec quoi s'accorde le participe passé, en pareil cas? Pas avec le sujet, mais avec le complément direct, s'il précède le verbe. La ministre a demandé qui ou quoi? Elle a demandé si les partis d'opposition avaient « un sens des responsabilités »... Le complément direct est placé après le verbe (et en outre c'est une proposition) : le participe passé doit rester invariable.
Quant au pronom réfléchi, s', il répond à la question à qui? - et ne commande donc pas l'accord.
Line Gingras
Québec
« L'opposition rejette le budget » : http://www.ledevoir.com/2007/05/25/144738.html
06:37 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
24 juin 2007
Dans le bien du parti
« Ils n'ont jamais noté chez lui la moindre trace d'une abnégation qui le mènerait à s'effacer volontairement dans le bien du parti... » (Michel David.)
On dit ou on écrit dans l'intérêt de quelqu'un ou d'un groupe, mais pour le bien de :
C'est pour son bien. (Petit Robert et Trésor de la langue française informatisé.)
On pose des bornes, on mesure, on administre, et on vaccine pour le bien des populations. (Sarraute, dans le Lexis.)
Monsieur David aurait pu choisir l'un ou l'autre tour :
... une abnégation qui le mènerait à s'effacer volontairement dans l'intérêt du parti...
... une abnégation qui le mènerait à s'effacer volontairement pour le bien du parti...
Line Gingras
Québec
« Une touchante loyauté » : http://www.ledevoir.com/2007/06/07/146528.html
00:30 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
23 juin 2007
Construction du gérondif
« C'est en reconnaissant l'apport indéniable des aînés qu'ils se sentiront davantage membre à part entière de cette société qu'ils ont façonnée durant tant d'années. » (Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés.)
Se sentir étant un verbe attributif (ils se sentiront = ils auront le sentiment d'être), membre doit s'accorder avec le sujet, ils : ... ils se sentiront davantage membres à part entière...
* * * * *
La phrase à l'étude serait mieux structurée si le gérondif, en reconnaissant, avait pour sujet (implicite) celui du verbe dont il est complément circonstanciel. (Voir à ce propos Le bon usage, douzième édition, paragraphe 328.) Comment faire en sorte que les aînés se sentent davantage membres à part entière de la société? En reconnaissant leur apport indéniable, d'après la ministre. Je suggérerais donc :
C'est en reconnaissant l'apport indéniable des aînés qu'on les amènera à se sentir davantage membres à part entière...
C'est en reconnaissant l'apport indéniable des aînés qu'on leur permettra de se sentir davantage membres à part entière...
Line Gingras
Québec
« Les conditions de vie des aînés » : http://www.ledevoir.com/2007/06/22/148144.html?fe=1330&am...
00:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
22 juin 2007
Trop vieilles, les personnes âgées?
« Mon mandat est de créer les conditions favorisant l'engagement et la valorisation des personnes aînées et de protéger celles qui sont en perte d'autonomie. » (Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés.)« Les conditions de vie des personnes aînées constituent à la fois un enjeu de société et une responsabilité qui nous interpelle tous. »
Madame Blais utilise huit fois, dans son texte, le nom aînés - ce qui ne l'empêche pas d'employer le terme personnes aînées dans les deux phrases ci-dessus. Sans doute faut-il la féliciter pour ce louable souci de varier le vocabulaire, mais pourquoi se prive-t-elle de l'expression personnes âgées? Serait-ce une maladie honteuse d'avancer en âge?
Je m'étonne, devant cette manifestation de pudeur extrême, que la ministre ose évoquer une réalité aussi pénible que la perte d'autonomie.
Line Gingras
Québec
« Les conditions de vie des aînés » : http://www.ledevoir.com/2007/06/22/148144.html?fe=1330&am...
07:50 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, politique
21 juin 2007
En autorité de
« Il a affirmé ce matin qu'on ne peut tolérer que des gens se fassent agresser et que personne ne réagisse, en particulier ceux qui sont en autorité de le faire. » (PC.)
Je ne trouve l'expression en autorité, ou en autorité de, dans aucun des quinze ouvrages consultés (dictionnaires généraux et ouvrages de difficultés). Le Petit Robert consigne avoir autorité pour faire quelque chose :
Il a affirmé ce matin qu'on ne peut tolérer que des gens se fassent agresser et que personne ne réagisse, pas même ceux qui ont autorité pour le faire.
Line Gingras
Québec
« Incident dans le métro : le SPVM sommé de clarifier la situation » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070620/CPACTUALITES/7...
05:27 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
20 juin 2007
Le double que
« Les dépenses publiques de santé au Québec augmentent de 5,8 % par année soit près du double que toutes les autres dépenses (3,1 %). » (Michel Vastel, dans Le Journal de Québec.)
On dit ou on écrit deux fois plus que, mais le double de :
Dix est le double de cinq. (Petit Robert.)
Payer le double d'un prix. (Trésor de la langue française informatisé.)
Il gagne deux fois plus que vous.
Il gagne le double de votre salaire.
Son budget est deux fois plus élevé que celui de ses prédécesseurs.
Son budget atteint le double de celui de ses prédécesseurs.
Employé au sens de « c'est-à-dire », soit doit être précédé de la virgule :
Des signes qui tombent sous le sens, soit bruit, son, image. (Paulhan, dans le Petit Robert.)
Monsieur Vastel aurait pu écrire :
... augmentent de 5,8 % par année, soit presque / soit près de deux fois plus vite que toutes les autres dépenses (3,1 %).
Line Gingras
Québec
« Le déni de Philippe Couillard » : http://www.canoe.com/infos/chroniques/michelvastel/archiv...
05:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, presse
19 juin 2007
Madame Marois aurait-elle manqué de temps?
« Nous devons en finir avec certaines idées toutes faites dans lesquels une très large majorité de Québécois ne se reconnaissent plus. » (Pauline Marois, candidate [unique] à la direction du Parti québécois.)
Le pronom relatif s'accorde en genre et en nombre avec son antécédent :
... certaines idées toutes faites dans lesquelles...
« Nous devons également prendre conscience de la crise de confiance de la population à l'égard des institutions et des services publics et offrir des garanties sur l'utilisation de leurs taxes et impôts. »
Leurs, au premier abord et d'un point de vue strictement grammatical, renvoie aux institutions et aux services publics..., mais on se rend compte que cela n'a pas de sens : en fait, madame Marois veut parler des taxes et des impôts que paie la population. Cette syllepse n'est pas à condamner absolument, mais elle donne à mon avis une impression de laisser-aller qui ne convient pas, il me semble, à un texte sérieux où la future dirigeante d'un parti qui espère gouverner le Québec expose sa façon d'envisager l'avenir. La candidate aurait pu écrire :
... sur l'utilisation de ses taxes et impôts.
... sur l'utilisation de ses taxes et de ses impôts.
... sur l'utilisation des taxes et des impôts.
Line Gingras
Québec
« Pour redevenir le parti des Québécois » : http://www.ledevoir.com/2007/06/19/147783.html?fe=1300&am...
04:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, politique
18 juin 2007
Ah! lala
« Déposé en vertu du chapitre 11 du traité de libre-échange permettant aux investisseurs de poursuivre les États nationaux s'ils s'estiment lésés, la plainte était agrémentée d'une demande de réparation de 160 millions. Elle avait été déposée en 2000... » (Éric Desrosiers.)
Qu'est-ce qui avait été déposé? Pas le chapitre 11; pas le traité; pas le libre-échange, mais la plainte : Déposée en vertu du chapitre 11...
Il serait souhaitable d'éviter la répétition, au début de la deuxième phrase : Elle avait été présentée en 2000...
« Le géant américain en avait également contre le programme fédéral d'aide aux éditeurs canadiens qui obligent ces derniers à livrer leurs produits par l'intermédiaire du service public. »
Le programme vient en aide aux éditeurs canadiens qui obligent les éditeurs canadiens...? C'est ce que laisse entendre l'accord du verbe à la troisième personne du pluriel, mais ce n'est pas ce qu'on a voulu dire.
« ... ceux qui ont peur du chapitre 11 de l'ALENA et des quelques 2400 autres traités bilatéraux sur l'investissement... »
Employé devant un nombre, au sens d'environ, quelque est adverbe - et donc invariable.
« Des 46 plaintes déposée depuis 1994... »
On est allé un peu vite, non?
Line Gingras
Québec
« Perspectives - Le retour du chapitre 11 » : http://www.ledevoir.com/2007/06/18/147702.html
04:40 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
17 juin 2007
Discordance
« Selon un sondage publié la semaine dernière dans Paris Match, 67 % des Français approuvent son travail à l'Élysée. 63 % approuvent aussi celle de son premier ministre, François Fillon, à Matignon. » (Christian Rioux.)
Ça arrive...
Line Gingras
Québec
« Balayage UMP annoncé » : http://www.ledevoir.com/2007/06/09/146848.html
00:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, presse
16 juin 2007
Problèmes d'orthographe
« ... des digues ridicules qui n'ont, tout au plus, que l'efficacité des ouvrages de boues que les enfants érigent après la pluie. » (Jean-François Nadeau.)
Le matériau de construction s'emploie au singulier :
Hutte de boue séchée. (Petit Robert.)
Une petite cabane faite de boue séchée, mêlée à de la paille. (Lexis.)
« Là comme ailleurs, la reconstruction est le fait pour l'essentiel d'efforts et d'initiatives venues strictement du secteur privé. »
« Ce désert urbain, où vivait Fats Domino et un certain nombre de musiciens... »
« Regardez la lettre qu'elle vient de m'écrire! Lisez-là! »
On écrit lisez celle-là, lisez jusque-là, signez là (à cet endroit précis) : là est adverbe de lieu. Mais lisez-la, signez-la (lisez cette lettre, signez cette lettre) : la est pronom personnel.
Line Gingras
Québec
« Dans le ventre de La Nouvelle-Orléans » : http://www.ledevoir.com/2007/05/12/143260.html
05:20 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
15 juin 2007
Aucune faveur ni raccourci
« Je suis gêné d’avoir à le préciser, mais je vous entends ricaner : non, je n’ai bénéficié d’aucune faveur ni raccourci. » (Pierre Foglia.)
J'ai trouvé six exemples d'utilisation de l'adjectif ou déterminant indéfini aucun avec des noms coordonnés des deux genres, dans les douze ouvrages consultés. Dans cinq de ces exemples, le déterminant est employé devant chacun des noms :
Aucun gâteau ni aucune glace ne sont permis par ce régime. (Multidictionnaire.)
Aucun ordre ni aucune prière ne purent le faire changer d'avis. (Hanse-Blampain.)
Aucun discours ni aucune pression ne put le faire changer d'avis. (Girodet.)
À l'avenir, aucune cérémonie et aucun cercle ne sera contremandé. (Napoléon, dans Le bon usage, paragraphe 443, b.)
Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en [= de la souveraineté nationale] attribuer l'exercice. (Constitution française du 4 octobre 1958, dans Le bon usage, paragraphe 443, b.)
Dans le sixième exemple, aucun est répété plusieurs fois devant des éléments juxtaposés, afin de produire un effet d'insistance, mais il ne précède que le premier de trois termes réunis par ou :
Là tout est laid, mesquin, figé. Aucun jardin public, aucun lieu, que le cabaret, pour se réunir le dimanche; aucun chant, aucun jeu, spectacle ou musique; aucune invite à se distraire un instant de sa peine et de ses plus égoïstes intérêts. (Gide, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je pense qu'il s'agit d'un choix stylistique visant à alléger la phrase. Cela dit, Hanse et Blampain invitent le lecteur à noter, dans l'exemple qu'ils proposent (Aucun ordre ni aucune prière ne purent le faire changer d'avis), la répétition de aucun devant le second élément coordonné. Il me semble indiqué de se conformer à cette façon de faire, dans la langue courante. Ainsi, on aurait pu écrire :
... je n'ai bénéficié d'aucune faveur ni d'aucun raccourci.
Line Gingras
Québec
« Mes hôpitaux » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070612/CPOPINIONS05/7...
02:49 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
14 juin 2007
Le tour de rein de Mitterand
« ... et dans la salle d’attente, bien rare si je ne salue pas un voisin, la dernière fois c’était le vieux Sherman qui s’était fait un tour de rein en pelletant son fumier. » (Pierre Foglia.)
Les dictionnaires généraux, à l'article « rein », consignent tour de reins.
« Le seul président de gauche que la France s’est donné en 50 ans ce fut Mitterand et vous savez pourquoi? Parce qu’il était de droite. »
« Elle a survécu à De Gaulle, elle a surtout survécu à Mitterand, elle survivra aussi à Ségolène. »
Le Petit Larousse illustré et le Petit Robert des noms propres donnent de Gaulle et Mitterrand.
Line Gingras
Québec
« Mes hôpitaux » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070612/CPOPINIONS05/7...
07:07 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
13 juin 2007
Il est résolu que
Une lectrice me demande quel mode utiliser après il est résolu que... : indicatif ou subjonctif?
J'ai consulté une douzaine d'ouvrages, mais trois seulement fournissent un élément de réponse, au premier abord.
D'après le Hanse-Blampain (2000), résoudre que, synonyme de décider que, doit être suivi de l'indicatif ou du conditionnel (futur du passé) :
Il a été résolu qu'on le prierait de s'expliquer. (Hanse-Blampain.)
Les Anglais résolurent qu'ils perdraient Jeanne d'Arc. (Lexis.)
La noce fut décidée; et on résolut qu'on la ferait d'importance. (Maupassant, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Le Trésor donne cependant un exemple d'emploi du subjonctif :
Tavernier et Foulon ont résolu que Picquart comparaisse, le 12 décembre prochain, devant le conseil de guerre. (Clemenceau.)
Il m'a paru souhaitable d'approfondir le sujet; j'ai donc cherché à savoir si le subjonctif était permis après le verbe décider.
Disons tout de suite que la question ne fait pas l'unanimité. Le Petit Robert (2007), le Multidictionnaire (2003), le Hanse-Blampain et le Girodet (1981) ne reçoivent que l'indicatif ou le conditionnel :
Elle a décidé qu'elle sera ou serait présente. (Multidictionnaire.)
Le Thomas (1971), le Lexis (1977) et le Trésor admettent aussi le subjonctif, moins fréquent :
Il avait décidé que la chambre fût peinte en bleu. (Grand Larousse encyclopédique, dans le Thomas.)
Dans ce cas, selon le Thomas et le Trésor, le verbe exprime une volonté dont l'accomplissement est incertain.
Conclusion? Le tour il est résolu que, s'il marque la décision d'une assemblée délibérante visant la mise en œuvre d'un projet ou l'exécution de certaines démarches, entraîne l'emploi de l'indicatif :
Il est résolu que l'Association exercera des pressions sur le gouvernement pour qu'une prestation supplémentaire soit accordée...
S'il traduit seulement un vœu de l'assemblée, le subjonctif me semblerait indiqué :
Il est résolu qu'une prestation supplémentaire soit accordée...
Line Gingras
Québec
06:05 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe
12 juin 2007
Assemblages défectueux
« Ainsi, c'est lui, c'est le Kremlin qui a tout pouvoir sur le conglomérat Gazprom qui, outre l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole, les bien nommés sang de l'économie, est également le premier groupe médiatique du pays. » (Serge Truffaut.)
Cette phrase présente à mon avis deux défauts de construction.
Les bien nommés sang de l'économie
Je trouve très gênante cette association d'un article pluriel (et par le fait même d'un qualificatif pluriel, bien nommés) et d'un nom singulier. Je proposerais :
... l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole, nommés à juste titre (ou nommés avec raison) le « sang de l'économie »...
... l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole - le « sang de l'économie » -...
Outre l'exploitation et la distribution..., est également
À quoi se rattache le syntagme outre l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole, les bien nommés sang de l'économie? Comme il ne contient pas de verbe, il doit compléter celui de la proposition relative dont il fait partie : qui, outre l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole [...] est également le premier groupe médiatique du pays. Mais on ne peut pas être l'exploitation et la distribution, cela va de soi. Solution? Insérer un verbe. L'éditorialiste a peut-être voulu dire :
... le conglomérat Gazprom qui, outre qu'il gère l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole [...] est le premier groupe médiatique du pays.
Line Gingras
Québec
« Le glacis russe » : http://www.ledevoir.com/2007/06/11/146932.html
00:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
11 juin 2007
En emploi
« ... 76,6 % des femmes au Québec ayant un ou des enfants de moins de 6 ans sont en emploi, le taux le plus haut au Canada. » (Antoine Robitaille.)
La locution en emploi n'est pas critiquée dans les dictionnaires de difficultés du français au Canada (j'ai vu le Chouinard, le Dagenais et le Colpron), mais elle n'est pas admise non plus dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main. On peut être sans emploi, ou en chômage, mais pour décrire la situation contraire je proposerais avoir, occuper ou exercer un emploi.
Line Gingras
Québec
« Le CSF dénonce une politique de l'ADQ » : http://www.ledevoir.com/2007/06/08/146657.html
00:00 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
10 juin 2007
Absoudre quelqu'un de l'importance
« Bev Oda ne s'exprime jamais en français, ce qui n'a rien pour rehausser sa cote d'amour. La ministre a beau avoir vu cinq fois le film québécois C.R.A.Z.Y. et en avoir raffolé, cela ne vient pas l'absoudre de l'importance de pouvoir communiquer son coup de cœur à ses auteurs... dans leur langue! » (Marie-Andrée Chouinard.)
Absoudre quelqu'un, dans la langue courante, c'est l'excuser, lui pardonner :
Elle absout toujours ses enfants.
... je m'accusais généreusement d'une faute, ce qui à mes yeux m'absolvait presque... (Toepffer, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Si les circonstances peuvent absoudre quelqu'un d'une faute, elles ne sauraient excuser qui que ce soit de l'importance de parler français. Je proposerais :
... cela ne la dispense pas de pouvoir communiquer...
... elle n'en doit pas moins être capable de communiquer...
Line Gingras
Québec
« Festival de gaffes » : http://www.ledevoir.com/2007/05/29/145196.html
06:00 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias