20 décembre 2006
Un acre ou une acre?
« Hier, le premier ministre Stephen Harper a poursuivi l'œuvre correctrice entreprise par un précédent gouvernement conservateur en rétrocédant 11 000 acres de terres expropriés en 1969 par Pierre Elliott Trudeau dans le but de construire l'aéroport de Mirabel. » (Jean-Robert Sansfaçon.)
« Pour le maire de Mirabel, M. Hubert Meilleur, qui souhaitait récupérer 2000 des 11 000 acres rétrocédés pour agrandir son parc industriel... »
« Le gouvernement de Brian Mulroney avait rétrocédé, en 1985, 80 000 des 97 000 acres expropriés lors de la construction de l'aéroport de Mirabel, en 1969. » (Alec Castonguay.)
Le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé donnent tous quatre le mot acre, désignant une mesure agraire, pour un nom féminin :
Mesure de superficie. Au Pays de Caux, on distingue : la « grande acre » [...] et la « petite acre »... (Mensire, dans le Trésor.)
Le Trésor cite également, il est vrai, un exemple de Mérimée où il semble que le substantif soit considéré comme masculin :
... six mille acres avaient été enclos de palissades, selon l'usage américain...
Aucune explication n'est fournie; peut-être un sujet masculin se trouve-t-il dans le bout de phrase qui nous manque. Quoi qu'il en soit, Dagenais fait observer que l'on doit « prendre garde que le mot acre est féminin » :
Un terrain d'une acre et demie.
Line Gingras
Québec
« 37 ans plus tard » : http://www.ledevoir.com/2006/12/19/125325.html
« Mirabel : Harper rétrocède 11 000 acres de terre » : http://www.ledevoir.com/2006/12/19/125377.html
04:34 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, presse
19 décembre 2006
Imposer son veto
« En imposant son veto à une résolution libano-égyptienne... » (Christian Rioux.)
Quelques paragraphes plus bas :
« Selon Stephen Harper, si le Canada a opposé son veto... »
Je lis dans le Dictionnaire historique de la langue française que veto est un mot latin introduit en français en 1718. Selon le Multidictionnaire, il signifie « je m'oppose ». On le trouve dans l'expression mettre son veto à quelque chose (souvent une loi, une décision) :
Habitué à ce que mon père ne mît son veto à aucun de mes actes. (Radiguet, dans le Colin.)
On le rencontre aussi, mais cela semble beaucoup plus rare, dans mettre son veto sur, frapper de son veto :
Enjolras, malgré les murmures, mit son veto sur les quinze bouteilles, et afin que personne n'y touchât et qu'elles fussent comme sacrées, il les fit placer sous la table où gisait le père Mabeuf. (Hugo, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Vous pouvez donc l'inviter, j'autorise, mais je frappe de mon veto tous les autres noms que vous me proposez. (Proust, dans le Trésor.)
Le tour opposer son veto a déjà été condamné parce que pléonastique. Il est cependant devenu très courant; le Petit Robert, le Lexis et le Trésor l'admettent, au moins dans la langue familière. Même Colin et Girodet le tiennent pour correct :
Afin de donner sans retard aux peuples menacés un moyen d'opposer leur veto radical à la politique périlleuse des gouvernements. (Martin du Gard, dans le Lexis.)
Aux États-Unis [...] le Président peut opposer son veto à une loi adoptée par le Congrès... (Avril-Gicquel, dans le Trésor.)
Aucun des onze ouvrages consultés - à l'article « veto » - ne reçoit imposer son veto.
Line Gingras
Québec
« Sommet de la Francophonie - Harper provoque un coup de théâtre » : http://www.ledevoir.com/2006/09/30/119492.html
06:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
18 décembre 2006
Urger quelqu'un à...
« Elle aussi urge le premier ministre Harper à agir. » (Hugo de Grandpré.)
Selon le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, urger, qui appartient au registre familier, est un verbe intransitif - il n'a donc jamais de complément d'objet direct. Le Trésor précise qu'il ne se rencontre qu'à la troisième personne, à la forme impersonnelle :
Ça urge! Appelez les pompiers! (Multidictionnaire.)
Rien n'urgeait. (Hanse-Blampain.)
Ce n'urge point avant samedi. (Jarry, dans le Petit Robert.)
C'est pas le moment de parler comme ça, ça urge l'histoire de la gosse. (Queneau.)
Mon vieux Jean [...] il urge (non, voyons!) il est urgent que je rompe avec Isabelle. (Larbaud.)
Dans la phrase à l'étude, nous avons affaire de toute évidence au calque de l'anglais to urge someone to do something; l'idée peut se rendre par engager, exhorter, inciter, encourager quelqu'un à faire quelque chose. (Voir le Meertens pour d'autres équivalents.)
Line Gingras
Québec
« Maher Arar "toujours dangereux" » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPACTUALITES/6...
05:25 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme, journalisme
17 décembre 2006
Ils se sont rendus compte...
« Au bout de six mois de recherches, les scientifiques se sont rendus compte que "ces restes n'avaient pas été brûlés", précise le Dr Charlier. » (Associated Press.)
Cette fois encore, il a fallu que je vérifie : jamais je ne me rappelle comment accorder le participe passé de la locution verbale se rendre compte. C'est que je ne crois pas qu'on puisse analyser séparément les éléments de cette expression; celle-ci veut dire comprendre, découvrir, remarquer, et non pas, à mon avis, rendre compte de quelque chose ou faire un compte rendu à soi-même.
Alors? Le renseignement que je cherchais, je l'ai trouvé à l'article « compte », dans le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain :
Elles se sont rendu compte de leur erreur. (Petit Robert.)
Elle s'est rendu compte qu'elle avait tort. (Petit Robert.)
Ils se sont rendu compte de l'erreur trop tard. (Multidictionnaire.)
Ils se sont rendu compte qu'on les trompait. (Hanse-Blampain.)
J'arriverai peut-être enfin à m'en souvenir : le participe passé de la locution se rendre compte est invariable.
Line Gingras
Québec
« Les restes présumés de Jeanne d'Arc ne sont probablement pas les siens » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPSCIENCES/612...
04:00 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
16 décembre 2006
Que le vrai sujet...
« Ce recours systématique à la caricature, à la démagogie et à la désinformation font partie de la formule, comme une sorte de potion magique de la cote d'écoute. » (Gil Courtemanche.)
Bien entendu, la caricature, la démagogie et la désinformation sont des ingrédients de la potion magique; mais la phrase est structurée de manière que le véritable sujet du verbe, c'est recours :
Ce recours systématique [...] fait partie de la formule...
* * * * *
« ... cela surprend et semble invraisemblable. »
... cela surprend et paraît invraisemblable.
Line Gingras
Québec
« Ce n'est pas l'État qui est mauvais, c'est le gouvernement » : http://www.ledevoir.com/2006/12/16/125147.html
13:04 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
15 décembre 2006
De toute pièce ou de toutes pièces?
« J'ai lu ce rapport McEwen. Il était accablant pour la GRC, notamment accusée d'avoir monté une opération inutile et d'avoir fabriqué un crime de toute_ pièce_. » (Pierre Foglia.)
Sept des neuf ouvrages de difficultés auxquels je me suis référée se prononcent : la locution adverbiale de toutes pièces, employée au sens de « sans que rien soit emprunté à la réalité » (Girodet), « à partir de rien » (Colin), s'écrit toujours au pluriel :
Cette accusation ne repose sur rien, elle a été forgée de toutes pièces. (Girodet.)
Il s'était donc créé de toutes pièces une vie de complications et de drames. (Camus, dans le Colin.)
Le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé relèvent uniquement cette graphie :
Des souvenirs forgés de toutes pièces ou fantastiquement dénaturés ou embellis. (Arnoux, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« L'esprit de corps » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061214/CPOPINIONS/612...
04:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
14 décembre 2006
Concourir en compétition
« En fin de semaine se clôturait le sixième Festival du film de Marrakech. Or, pour la toute première fois, deux films marocains concourraient en compétition, à l'émoi de la ville ocre. » (Odile Tremblay.)
Concourir s'emploie ici dans le sens d'« entrer, être en compétition pour obtenir un prix » (Petit Robert); la précision me paraît donc superflue.
Étant donné qu'il s'agit d'un événement passé et qu'on utilise déjà l'imparfait de l'indicatif dans la première phrase, j'attendrais l'imparfait, également, dans la seconde : concouraient, avec un seul r. Le futur du passé - ayant la forme du conditionnel, concourraient, avec deux r - serait admissible si l'on se transportait en pensée avant le festival; mais rien ne justifie ce changement de point de vue entre la première et la deuxième phrase.
Line Gingras
Québec
« Le cinéma marocain, entre tradition et modernité » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124658.html
07:19 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
13 décembre 2006
Politiques à droites
« "Je sais très bien que ce gouvernement est vulnérable tellement ses politiques sont à droites et très loin de ce que les Canadiens veulent." » (Alec Castonguay et Robert Dutrisac, citant Stéphane Dion.)
Les intentions du gouvernement sont-elles droites? Je ne me prononcerai pas là-dessus. Ses politiques sont-elles adroites? Je ne saurais le dire. En tout cas elles sont à droite, sans s, parce que l'expression est une locution adverbiale, donc invariable.
* * * * *
« Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser comme il s'y est engagé, c'est-à-dire, pour le Bloc, d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel avec pleine compensation. »
Que doit faire Stephen Harper? Limiter le pouvoir fédéral de dépenser, comme il s'y est engagé. Et qu'est-ce que cela veut dire, pour le Bloc? Accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel [de certains programmes], avec pleine compensation.
Le syntagme commençant par accorder se rattache donc à doit, et non pas à pouvoir fédéral, comme il le semblerait pourtant, à la façon dont la phrase est construite : en dépit de ce que paraissent affirmer les journalistes, le Bloc ne souhaite pas, je pense, qu'on limite le pouvoir fédéral d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel.
Comment régler le problème? En fait c'est très simple, il suffit de supprimer la préposition devant accorder :
Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser [...] c'est-à-dire, pour le Bloc, accorder au Québec...
* * * * *
« Mais notre opposition et notre manque de confiance envers M. Harper concernant les politiques étrangères de son gouvernement sont bien connues. » (Les auteurs citent Jack Layton.)
Les politiques étrangères du gouvernement conservateur sont sans doute bien connues du parti que dirige M. Layton, mais ce n'est pas l'idée qu'il exprime ici : il parle d'opposition et de manque de confiance. Or, dans manque de confiance, il y a le nom féminin confiance, mais ce n'est pas lui qui est le noyau du groupe sujet : M. Layton ne signale évidemment pas la confiance du NPD à l'égard de M. Harper, mais plutôt le manque de confiance. Le participe passé du verbe connaître est donc attribut de deux sujets, l'un féminin (opposition) et l'autre masculin (manque de confiance) :
Mais notre opposition et notre manque de confiance [...] sont bien connus.
* * * * *
« Stéphane Dion juge que le Bloc cherche par tous les moyens _ déclencher des élections au plus vite. »
... le Bloc cherche [...] à déclencher...
* * * * *
« ... le chef du Bloc québécois [...] a fait le bilan de la première année du gouvernement Harper et jugé du respect de ses engagement_ envers le Québec. »
Line Gingras
Québec
« Afghanistan : le Bloc menace le gouvernement Harper » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124686.html
05:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, orthographe, coquilles
12 décembre 2006
Et moi, je vous dit...
« "Vous auriez une bonne chance de gagner, a-t-il dit. Si vous décidez de vous présenter aux prochaines élections, monsieur Fournier, je fais comme les gens du théâtre et vous dit : Merde!" » (Richard Martineau.)
... je fais [...] et vous dis...
Line Gingras
Québec
« Message à Guy Fournier » : http://martineau.blogue.canoe.ca/2006/12/09/
00:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, blog de journaliste
11 décembre 2006
Dont - Accusations dont la valeur des amendes...
« Jusqu'à présent, l'opération Bourdon va permettre aux agents de porter plus de 70 accusations dont la valeur des amendes pourrait totaliser 255 000 $ à ces Bougons de luxe. » (Louis-Gilles Francœur.)
Le pronom relatif dont représente le nom accusations, qu'il est censé relier à la subordonnée qui suit. Mais de quel élément de cette subordonnée accusations serait-il complément? On ne parle pas de la valeur des accusations, mais de la valeur des amendes; et il ne saurait être question des amendes des accusations. Alors?
Je proposerais de juxtaposer les idées, et de préciser par la même occasion à quoi au juste se rattache le groupe ces Bougons de luxe :
Jusqu'à présent, l'opération Bourdon va permettre aux agents de porter plus de 70 accusations; les amendes pourraient coûter 255 000 $ au total à ces Bougons de luxe.
Jusqu'à présent, l'opération Bourdon va permettre aux agents de porter plus de 70 accusations contre ces Bougons de luxe; la valeur des amendes pourrait totaliser 255 000 $.
Line Gingras
Québec
« Les Bougon pilleurs de la faune » : http://www.ledevoir.com/2006/12/08/124372.html
02:20 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
10 décembre 2006
Tel, attribut du sujet inversé
« "Tuer le père" : tel__ est une des métaphores les plus rebattues de la littérature contemporaine. » (Antoine Robitaille.)
L'adjectif tel est placé en tête de proposition, mais ça ne l'empêche pas d'exercer la fonction d'attribut du sujet une des métaphores, bien que celui-ci soit inversé :
Telle est ma décision. (Petit Robert.)
Il faut donc le faire varier :
« Tuer le père » : telle est une des métaphores les plus rebattues de la littérature contemporaine.
* * * * *
« "Il lui avait dit, avec son humour... beaucoup plus subtile que celui de Stéphane, en passant..." » (A.R., citant Vincent Lemieux.)
Subtil, au masculin, ne prend pas de e final.
Line Gingras
Québec
« Dion contre Dion » : http://www.ledevoir.com/2006/12/09/124521.html
01:06 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
09 décembre 2006
Entre une chose avec une autre
« On oublie souvent, toutefois, que les écarts entre les agissements de certains groupes et de certains individus avec les valeurs généralement admises ne sont pas le propre des minorités culturelles ou religieuses. » (Michel Venne.)
À ma connaissance, on ne parle jamais d'une différence ou d'un écart entre une chose avec une autre, mais entre une chose et une autre :
Écart entre le prix de revient et le prix de vente. (Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« Dumont dérape » : http://www.ledevoir.com/2006/11/20/123168.html
00:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
08 décembre 2006
Entente commune et prémisse de départ
« L'union civile et le mariage se ressemblent à plusieurs égards, sauf que l'union civile requiert l'âge minimal de 18 ans et que, pour la dissoudre dans le cas où il n'y a pas d'enfant, une entente commune devant notaire suffit. » (Lisa-Marie Gervais.)
Je vois mal comment une entente pourrait être conclue par une seule personne.
* * * * *
« Cette prémisse de départ l'a menée à étudier les déplacements à travers le Québec... »
Une prémisse, d'après le Petit Robert et le Multidictionnaire, c'est le début d'un exposé, une « affirmation dont on tire une conclusion »; la locution de départ semble donc superflue.
Line Gingras
Québec
« Courtepointe multiculturelle » : http://www.ledevoir.com/2006/12/08/124404.html
01:15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
07 décembre 2006
À l'arrachée
« La loi sur la clarté n'empêcherait aucunement les Québécois de se séparer du Canada, si telle était vraiment leur intention. La clarté du processus assurerait même le succès de l'accession à la souveraineté. Imagine-t-on le chaos qui suivrait une petite victoire à l'arrachée sur une question ambiguë? » (Lysiane Gagnon.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis et le Hanse-Blampain, la locution à l'arraché s'écrit sans e muet :
Obtenir quelque chose, gagner à l'arraché. (Petit Robert.)
Vol à l'arraché. (Petit Robert.)
Le concurrent a remporté la victoire à l'arraché. (Lexis.)
Le Trésor de la langue française informatisé consigne deux exemples du même type :
... j'ai battu Jacques d'une longueur, à l'arraché. (Gracq.)
C'était un rude travail et accompli à l'arraché... (Vialar.)
Il admet cependant la graphie à l'arrachée, avec à l'appui, lit-on dans une remarque, la première attestation du mot sous la forme féminine, dans Gentis, La Pédale, 14 septembre 1927; le problème, c'est que la « forme féminine », telle qu'elle est citée, ressemble étrangement à un masculin :
... sans relever la tête, à l'arraché, il revint sur les leaders qui s'enfuyaient à toute allure...
Cela ne fait pas très sérieux. Dans les circonstances, je suivrais l'avis de Marie-Éva de Villers, de Jean-Paul Colin et de Jean Girodet, qui donnent pour incorrecte la graphie à l'arrachée.
Line Gingras
Québec
« Impopulaire, la loi sur la clarté? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061205/CPOPINIONS/612...
03:02 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
06 décembre 2006
Cohérent avec
« "Tout ce qu'il m'a dit est cohérent avec ce que j'ai lu dans le rapport" de la commission d'enquête, a ajouté le ministre. » (Hélène Buzzetti, avec l'agence Presse Canadienne; le ministre cité est Stockwell Day.)
Cohérent « se dit de quelque chose dont tous les éléments se tiennent et s'harmonisent ou s'organisent logiquement ». (Lexis.) D'après ce que je vois dans les onze ouvrages consultés, cet adjectif n'admet pas de complément introduit par la préposition avec :
Ce texte est très cohérent. (Multidictionnaire.)
Programme cohérent. (Petit Robert.)
Il était là, dans l'impossibilité de penser, de rassembler, de mettre bout à bout deux idées cohérentes. (Simon, dans le Lexis.)
Qu'on regroupe les éléments épars dans le roman : on reconstitue cette doctrine comme un ensemble parfaitement cohérent, où s'unissent en un faisceau homogène les principes d'un naturalisme intégral. (Faral, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Sur vingt ou trente kilomètres de front, une série d'équipes invisibles, distantes, et pourtant cohérentes et fraternelles, travaillaient solidairement, dans le calme, avec promptitude et précision... (Ambrière, dans le Trésor.)
Le tour être cohérent avec se rencontre toutefois assez fréquemment, comme le montre une recherche Google; je ne serais pas étonnée que la construction anglaise to be consistent with y soit pour quelque chose. Cependant, selon mon Robert & Collins Super Senior, consistent with se rend par compatible avec, en accord avec; et je trouve dans le Meertens un bon nombre d'équivalents de to be consistent with, dont (bien) cadrer avec, concorder avec, bien correspondre à, être conforme à, mais l'expression être cohérent avec ne figure pas parmi les possibilités.
Si l'on pouvait reformuler la phrase à l'étude, je proposerais :
Tout ce qu'il m'a dit concorde avec ce que j'ai lu dans le rapport...
Tout ce qu'il m'a dit correspond à ce que j'ai lu dans le rapport...
Line Gingras
Québec
« Arar : Zaccardelli change sa version » : http://www.ledevoir.com/2006/12/05/124202.html
04:15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, anglicisme, journalisme
05 décembre 2006
À toute hâte
« Des conférences de presse ont finalement été organisées, à toute hâte, en fin de journée. » (Hélène Buzzetti, avec la collaboration de Robert Dutrisac.)
D'après le Hanse-Blampain, on peut agir en hâte, en toute hâte, à la hâte; c'est ce que confirment les autres ouvrages consultés :
À la hâte
Ce travail a été fait à la hâte. (Multidictionnaire.)
Tout le monde signe [...] à la hâte, la plupart sans lire. (Michelet, dans le Petit Robert.)
Ne croyez pas que le portefeuille de la guerre puisse être donné à la hâte, sans réflexion. (France, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
En hâte, en toute hâte
Les artistes venaient boire en hâte une limonade. (Troyat, dans le Lexis.)
Le médecin, mandé en hâte de Corbigny, venait de sortir. (Bazin, dans le Trésor.)
Venez en toute hâte! (Petit Robert.)
Je n'ai vu nulle part l'expression à toute hâte, qui me paraît incorrecte.
Line Gingras
Québec
« Une "nation" de pure laine? » : http://www.ledevoir.com/2006/11/28/123745.html
04:10 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
04 décembre 2006
Les Canadiens-français
« Les Canadiens-français, présents partout au Canada... » (Lise Ravary.)
On écrit la littérature canadienne-anglaise, avec trait d'union (canadienne-anglaise est ici un adjectif composé), mais les Canadiens français, le Canada anglais, sans trait d'union (on a affaire à un nom propre accompagné d'un adjectif qualificatif). Voir au besoin le Multidictionnaire.
Line Gingras
Québec
« L'appel de la nation » : http://forums.chatelaine.qc.ca/advansis/?mod=for&act=...
02:48 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, blog de journaliste
03 décembre 2006
En arme et sur la bonne voix
« C'est dans un climat d'apaisement que Benoît XVI a atterri hier à Ankara, malgré les 14 000 hommes en arme_ postés tout au long de son parcours. » (Christian Rioux.)
D'après ce que je lis dans le Petit Robert, le Lexis, le Jouette et le Trésor de la langue française informatisé, le nom arme, lorsqu'il est employé dans l'expression (être) en armes, s'écrit au pluriel :
Dans toutes les garnisons et dans tous les camps, organiser avec solennité le salut quotidien aux couleurs, auquel doit assister le commandant d'armes avec participation d'une troupe en armes. (De Gaulle, dans le Trésor.)* * * * *
« "Ces discussions n'aboutiront certainement pas aujourd'hui. Mais j'ai l'impression que nous sommes sur la bonne voix", a dit l'évêque Brian Farrell, conseiller du pape pour la promotion de l'unité des chrétiens. »
Si on est sur la bonne voie, peut-être arrivera-t-on un jour à prier d'une seule voix?
Line Gingras
Québec
« Benoît XVI prêche l'apaisement » : http://www.ledevoir.com/2006/11/29/123811.html
« Après la politique, la religion » : http://www.ledevoir.com/2006/11/30/123906.html
02:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
02 décembre 2006
À la suite... s'ensuivit
« À la suite de cette décision s'ensuivit une répartition des rôles entre eux. Passons sur les détails pour mieux souligner que c'est Blair qui, avant Bush, a conjugué, à l'automne 2002, son argumentation avec les armes de destruction massive. » (Serge Truffaut.)
À la suite de cette décision s'est effectuée...
Line Gingras
Québec
« Le désastre de Blair » : http://www.ledevoir.com/2006/11/21/123231.html
00:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
01 décembre 2006
À saveur de condoms rouges
« ... on vous suggère des bobettes Bob Rae, des petites culottes mangeables à saveur d’érable et de condoms rouges... » (Site de BAZZO.TV.)
Affriolantes suggestions. Ces petites culottes, cependant... Ce n'est pas que je m'y connaisse beaucoup en petites culottes mangeables, mais vous ne leur trouvez pas un drôle de goût? À l'érable, je veux bien, pourvu que la saveur soit naturelle; mais au condom rouge...
Pourquoi pas au cordon bleu?
Et pourtant, pourtant, il en faut si peu pour me faire plaisir :
... on vous suggère des bobettes Bob Rae, des petites culottes mangeables à saveur d’érable et des condoms rouges...
Un article indéfini, pas une préposition. C'est tout ce que je demande.
Line Gingras
Québec
Émission du jeudi 30 novembre : http://bazzo.tv/emission.aspx?dt=20061130
00:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, médias
30 novembre 2006
Aucun = zéro
« Aucun des quatre candidats qui terminent en tête de cette course au leadership ne sont assurés de l'emporter lors du vote de samedi. » (Bernard Descôteaux.)
Quatre candidats terminent en tête, mais aucun n'est assuré de la victoire.
Line Gingras
Québec
« Quel chef pour les libéraux? » : http://www.ledevoir.com/2006/11/30/123903.html
02:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe