22 novembre 2007
Par endroit
« ... ce qui occasionnera de la poudrerie par endroit. » (PC.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, le nom prend toujours la marque du pluriel dans la locution adverbiale par endroits, qui signifie « à différents endroits » :
Le livre me paraît bon, et même très bon par endroits. (Gide, dans le Petit Robert.)
L'ancienne tranchée [...] est par endroits bouchée. (Barbusse, dans le Trésor.)
Le plancher dont la peinture noire s'écaillait par endroits. (Green, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Tempête de neige en vue jeudi » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071121/CPACTUALITES/7...
05:23 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
19 novembre 2007
Mettre aux pas
« Cet état d'urgence a donc été décrété pour mettre aux pas des médias, y compris la BBC et CNN, et des juristes récalcitrants. » (Serge Truffaut.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé donnent la locution figurée mettre quelqu'un au pas, qui signifie « le dresser », « lui faire entendre raison », « le forcer à obéir » :
Nos concitoyens s'étaient mis au pas, ils s'étaient adaptés. (Camus, dans le Lexis.)
Il n'a plus son air qu'il avait, ton apprenti [...] Il commence à se mettre au pas, tonnerre de Dieu! (A. Daudet, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« La rupture » : http://www.ledevoir.com/2007/11/06/163280.html
01:52 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
18 novembre 2007
Scénario bien rôdé - avec ou sans accent?
« Ce scénario bien rôdé s'est toutefois grippé depuis juin... » (AFP.)
Rôder, avec accent circonflexe, c'est « errer » :
Il rôda au travers des bâtiments et du jardin vides, ne sachant à quoi tuer son chagrin. (Zola.)
Roder, sans accent circonflexe, c'est - dans la phrase qui nous intéresse - « mettre au point par des essais, par la pratique » (Petit Robert, seul ouvrage consulté) :
Leur spectacle n'est pas très bien rodé.
Il fallait donc écrire :
Ce scénario bien rodé s'est toutefois grippé depuis juin...
* * * * *
« ... en prônant le lancement d'un large forum réunissant les partis Flamands et francophones... »
Les adjectifs ethniques prennent toujours la minuscule en français : les partis flamands.
Line Gingras
Québec
« Belgique - Le roi s'implique dans la crise au risque d'être critiqué » : http://www.ledevoir.com/2007/11/13/164200.html
02:51 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
16 novembre 2007
Un maillot de bain, ce n'est pas un vêtement?
« À quelques reprises, des filles sont arrivées avec le maillot de bain islamique, une sorte de combinaison qui couvre bras, jambes et tête.
Généralement, elles optent plutôt pour des vêtements. » (Katia Gagnon, dans La Presse.)
Le maillot de bain est un vêtement (à plus forte raison, dirais-je, s'il s'agit du maillot de bain islamique) : il suffit de consulter le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis ou le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « maillot », pour s'en convaincre. On pourrait dire, peut-être, que des élèves musulmanes optent plutôt pour des vêtements ordinaires.
Line Gingras
Québec
« À la piscine en hijab » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071112/CPACTUALITES/7...
09:24 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
14 novembre 2007
Livraison de l'école au populisme
Le verbe livrer peut vouloir dire « Abandonner à l'action de quelque chose » (Trésor de la langue française informatisé) :« ... il faut reconnaître au président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, une lecture tout à fait juste lorsqu'il a dénoncé cette semaine la pénible livraison de l'école au populisme et à l'électoralisme. » (Marie-Andrée Chouinard.)
Votre précepte si vanté [...] livre le monde au désordre, à la tyrannie. (Volney, dans le Trésor.)
Livrer une ville au pillage, à l'émeute. (Lexis.)C'est une acception que ne possède pas le substantif livraison, qui désigne plutôt l'action de remettre une personne ou une chose (par exemple une marchandise) à la disposition de quelqu'un :
Si les conditions du traité (toutes les conditions : désarmement, livraison des coupables, réparations) sont fidèlement observées. (Barrès, dans le Trésor.)
La livraison des marchandises, des otages. (Hanse-Blampain.)
Mlle Hortense préparait les colis pour la livraison. (Troyat, dans le Lexis.)
On aurait pu écrire :
... lorsqu'il a dénoncé cette semaine l'abandon de l'école au populisme et à l'électoralisme.
Line Gingras
Québec
« L'école en otage » : http://www.ledevoir.com/2007/11/10/163917.html
06:41 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
13 novembre 2007
Inquiet par ou inquiet de
« Évidemment inquiets par l'inertie des militaires pakistanais, des élus américains se sont rendus sur place. » (Serge Truffaut.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, il n'est pas admis d'introduire le nom ou le pronom complément de l'adjectif inquiet, indiquant le motif de l'inquiétude, au moyen de la préposition par; on doit dire plutôt inquiet de quelqu'un ou quelque chose (ou dans certains cas inquiet pour, inquiet sur - cette dernière construction est cependant vieillie, selon le Trésor) :
Elle est inquiète de votre silence. (Petit Robert.)
Être inquiet du mauvais temps, des affaires de quelqu'un. (Trésor.)
J'allais chez Popelin, que je trouvais [...] très soucieux, très inquiet d'un vertige qu'il avait eu à déjeuner. (Goncourt, dans le Trésor.)
La pression du public de plus en plus inquiet des retombées radioactives. (Goldschmidt, dans le Trésor.)
Il est vrai qu'Eisenhower [...] inquiet du trouble qu'il percevait dans les esprits... (De Gaulle, dans le Trésor.)
On est toujours inquiet de moi et pour moi. (Amiel, dans le Trésor.)
Être inquiet pour l'avenir de son fils. (Lexis.)
Sophie est inquiète de l'avenir, pour lui, sur son sort. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« La rupture » : http://www.ledevoir.com/2007/11/06/163280.html
08:05 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
08 novembre 2007
Jusqu'à alors
« Pour le premier ministre Matti Vanhanen, "la tuerie a profondément entamé le sentiment de sécurité" qui prévalait jusqu'à alors dans la société finlandaise. » (Agence France-Presse.)
D'après la dizaine d'ouvrages que j'ai consultés - aux articles « jusque » et « alors » -, la préposition jusque « s'emploie sans à » (Girodet) devant l'adverbe alors :
Jusqu'alors, on s'était accommodé de la lampe à huile. (Multidictionnaire.)
Jusqu'alors, il n'avait pas dit un mot. (Lexis.)
Il avait bien travaillé jusqu'alors. (Colin.)
Il avait été maltraité jusqu'alors. (Thomas.)
Jusqu'alors, Louis XIII n'avait pas eu la possibilité d'exprimer sa volonté. (Girodet.)
La musique concrète n'est autre chose que la prise de conscience de ce phénomène jusqu'alors implicite. (Schaeffer, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je n'aimais point le peuple jusqu'alors, mais dès lors j'eus pitié de lui. (Gide, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Finlande : l'auteur avait annoncé le massacre sur YouTube » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071107/CPMONDE/711070...
05:24 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, presse
05 novembre 2007
Co-exister, co-existence
« ... qui donc peut se mettre à halluciner là-dessus, sinon quelqu'un qui refuse tout simplement de co-exister avec des minorités religieuses? » (Lysiane Gagnon, dans La Presse.)
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, on écrit coexister, coexistence - sans trait d'union.
« ... les hausses de prix dus aux mauvaises récoltes... »
Ce ne sont pas les prix qui sont dus aux mauvaises récoltes, mais les hausses de prix : dues.
Line Gingras
Québec
« Des tollés injustifiés » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071101/CPOPINIONS/711...
06:20 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
02 novembre 2007
Interraction, interragir
« "Maintenant, j'interragis avec eux, au moyen de questions et réponses", se félicite Fazeelat Rasool. » (Hélène Buzzetti.)« Toutes font valoir les vertus d'un plan de classe en U qui favorise les interractions. »
Dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis, le Girodet et le Trésor de la langue française informatisé, je ne trouve que les graphies interagir, interaction.
* * * * *
« Lorsqu'on leur demande qu'elle est leur matière préférée, c'est sans hésitation qu'elles répondent presque toutes "islamyat", le cours de religion. »
Bien entendu, il fallait employer l'adjectif interrogatif quelle. On pourrait dire, en effet :
On leur demande laquelle est leur matière préférée.
On leur demande quel est leur cours préféré.
Mais non :
* On leur demande qu'il est leur cours préféré.
Line Gingras
Québec
« "De l'amour, pas des châtiments" » : http://www.ledevoir.com/2007/11/02/162841.html
04:20 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
01 novembre 2007
L'abîme dans laquelle...
« ... cela nous a permis de constater la profondeur de l’abîme dans laquelle la nomenclatura du gouvernement du Québec nous a entraîné. » (Michel Vastel.)
Abîme est un nom masculin :
Il y a un abîme entre ces deux opinions. (Petit Robert.)
Dans quoi avons-nous été entraînés? dans l'abîme, qui est profond.
* * * * *
D'origine russe, le nom nomenklatura est admis dans le Petit Robert (2007), sans variante orthographique.
* * * * *
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Le gouvernement du Québec a entraîné qui? nous, masculin pluriel parce qu'il représente l'ensemble de la population : nous a entraînés.
La phrase à l'étude aurait donc dû se lire :
... cela nous a permis de constater la profondeur de l’abîme dans lequel la nomenklatura du gouvernement du Québec nous a entraînés.
Line Gingras
Québec
« Quel boulet, cette ministre! » : http://blogues.lactualite.com/vastel/?p=52
05:46 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
21 octobre 2007
Quoiqu'il arrive ou quoi qu'il arrive
« Allons, quoiqu’il arrive à ce gouvernement [le gouvernement conservateur de Stephen Harper], la campagne à la direction du Parti libéral du Canada est bien lancée… » (Michel Vastel.)
Quoique, en un seul mot, est une conjonction synonyme de bien que :
Quoiqu'il arrive à ce gouvernement de commettre des erreurs, on votera de nouveau pour lui.
Pour dire « quelle que soit la chose que ou qui » (Hanse-Blampain), il faut employer la locution pronominale quoi que, en deux mots :
Allons, quoi qu'il arrive à ce gouvernement, la campagne à la direction du Parti libéral du Canada est bien lancée...
* * * * *
« Hier soir, dans les couloirs du Parlement, le consensus était à un sursis d’au moins quelques mois pour le gouvernement. Oserai-je dire qu’il me mérite? »
Je ne crois pas qu'un gouvernement puisse mériter - ou ne pas mériter - monsieur Vastel.
Line Gingras
Québec
« Qui veut renverser un verre à moitié plein? » : http://blogues.lactualite.com/vastel/?p=50#comments
01:41 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
16 octobre 2007
Porter flanc à, porter le flanc à
« Que s'est-il donc passé dans la tête de Pauline Marois pour qu'elle porte ainsi flanc à plus d'inquisition journalistique? » (Denise Bombardier.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « flanc », donnent l'expression prêter le flanc (à la critique, à la médisance, à la curiosité...) :
En participant à cette manifestation qui a mal tourné, il a prêté le flanc à la critique.
Je n'y trouve pas, cependant, le tour porter flanc (ou porter le flanc) - quoique l'on ait employé autrefois porter dans ses flancs ou porter dans son flanc, ce qui, bien entendu, n'a pas du tout le même sens :
Croit-on que dans ses flancs un monstre m'ait porté? (Racine, dans le Petit Robert.)
Avez-vous lieu de présumer que vous soyez le père de l'enfant que Mme Luneau porte dans son flanc? (Maupassant, dans le Trésor.)
J'aime ces voyages dans le temps...
Line Gingras
Québec
« Maudit argent » : http://www.ledevoir.com/2007/09/29/158793.html
05:51 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
08 octobre 2007
Essouflé, il a failli percuté l'embarcadaire
« L'aventurier a accosté à un embarcadaire de Greenwich... » (Agence France-Presse.)
On écrit abécédaire, mais embarcadère.
« "Je suis bouleversé. Je ne peux pas le croire... 13 ans, c'a été un long voyage. C'a été toute ma vie", a-t-il lancé sur la télévision Sky News, essouflé et visiblement épuisé. "C'a été vraiment dur au début", s'est souvenu l'aventurier à la barbe nourrie. »
Ç'a été, ça prend - ç'aurait pris - une cédille.
Essoufflé, avec deux f.
« Il s'est aussi échoué sur un récif aux Antilles, a failli percuté une baleine... »
Il a failli mourir, a failli avoir un accident, a failli percuter une baleine.
Line Gingras
Québec
« 13 ans de tour du monde à la seule force de ses muscles » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071006/CPACTUALITES/7...
07:21 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
05 octobre 2007
Sans le sous
« En 1951, sans le sous, l'Italien fraîchement débarqué à Montréal ne parle ni anglais ni français... » (Isabelle Paré.)
Sans le sou :
J'ai épousé une fille sans le sou. (Renard, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Les petits, les humbles, les sans le sou de ce monde. (Mirbeau, dans le Trésor.) [D'après ce que je vois dans le Petit Robert et le Multidictionnaire, on écrit plutôt, aujourd'hui, les sans-le-sou; le substantif prend des traits d'union.]
« L'affiche rose bonbon illustre un sexe de femmes en forme de serrure, surmonté d'un nombril arborant une moustache. »
Un sexe de femme. Ne pas confondre avec de la confiture de fraises.
Line Gingras
Québec
« Cure de Jouvence pour Vittorio » : http://www.ledevoir.com/2007/09/29/158792.html
06:39 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
04 octobre 2007
Reconnaître son tort
« Reconnaître sa responsabilité, c'est reconnaître son tort, présenter ses excuses et réparer. » (Yves Boisvert, dans La Presse.)
« Si tu veux faire un effort / Je reconnaîtrai mes torts... » (Dis-moi ce qui ne va pas, chanson de J. Demarny, J. Claudric et E. Macias.)
Je trouve reconnaître ses torts dans le Petit Robert et le Trésor de la langue française informatisé (aux articles « tort » et « reconnaître »), de même que dans le Lexis et le Multidictionnaire (à l'article « reconnaître »). L'expression reconnaître son tort, d'après ce que je peux voir, n'est enregistrée que par le Trésor; elle figure seulement à l'article « reconnaître », dans les notes relatives à l'étymologie et à l'histoire.
Je pense donc qu'il convient d'employer, dans la langue moderne, le tour reconnaître ses torts; celui-ci se rencontre d'ailleurs dans trois autres articles du Trésor :
Il n'y a pas de honte à reconnaître ses torts. (À l'article « honte ».)
... reconnaître ses torts et se repentir. (À l'article « mea(-)culpa ».)
... il était tout prêt à reconnaître ses torts. (Beauvoir, à l'article « rompre ».)
* * * * *
« Mais aucun autre arrondissement, même les plus populeux, n'arrive... »
Le singulier aucun autre ne saurait comprendre un pluriel; on peut cependant l'inclure dans un pluriel :
Mais aucun autre arrondissement, même parmi les plus populeux, n'arrive...
Line Gingras
Québec
« J'offre le scotch si vous gagnez » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071003/CPOPINIONS05/7...
« Dis-moi ce qui ne va pas » : http://gauterdo.com/ref/dd/dis-moi.ce.qui.html
05:21 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
03 octobre 2007
Compenser quelqu'un
« Quelques mois plus tard, le gouvernement Harper a fini par s'excuser et par compenser M. Arar... » (Manon Cornellier.)
Selon Camil Chouinard, « le gouvernement peut indemniser les victimes d'une inondation; il ne peut les compenser ». De fait, d'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, une chose ou une personne peut compenser quelque chose, mais non quelqu'un :
Compenser une perte par un gain; un ennui par une satisfaction. (Petit Robert.)Compenser un inconvénient par un avantage, un mal par un bien. (Trésor de la langue française informatisé.)
Ces jours de congé compenseront les longues heures de travail. (Multidictionnaire.)
Cet automne, du moins, compensera ces mécomptes et consolera mes ennuis. (Gide, dans le Lexis.)
La pauvre grand'mère ne croit pas à Dieu, ni que rien, au delà de la mort, compensera sa triste vie. (Gide, dans le Trésor.)
Compenser un préjudice. (Petit Robert et Trésor.)
On aurait pu écrire :
Quelques mois plus tard, le gouvernement Harper a fini par s'excuser et par dédommager M. Arar...
Quelques mois plus tard, le gouvernement Harper a fini par s'excuser et par indemniser M. Arar...
Line Gingras
Québec
« La mémoire est une faculté qui oublie » : http://www.ledevoir.com/2007/09/26/158333.html
04:50 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
02 octobre 2007
Les cents pas, faire les cents pas
« Elle faisait les cents pas devant le condos, inquiète pour son chat qui se trouvait toujours à l'intérieur. » (Catherine Handfield, dans La Presse.)
Cent, déterminant ou adjectif numéral cardinal, prend un s uniquement lorsqu'il est multiplié par un autre nombre et qu'il se trouve à la fin du déterminant numéral :
Il y avait quatre cents personnes à leur dernier concert.
Ils étaient plus de huit cents à vouloir lui serrer la main.
La prochaine ville est à deux cent quatre-vingt-cinq kilomètres.
Ce phénomène se reproduit tous les cent ans.
Notons au passage que cent reste invariable lorsqu'il exprime le rang; il est alors employé comme adjectif ou déterminant numéral ordinal, au sens de centième :
Ouvrez votre manuel à la page trois cent.
Cela se passait dans les années mille huit cent.
* * * * *
Condo est admis dans le Petit Robert (2007) comme abréviation de condominium, terme d'usage courant au Canada pour désigner un « immeuble en copropriété ». On écrit condos au pluriel, mais condo au singulier.
Line Gingras
Québec
« Un immeuble menace de s'effondrer sur Papineau » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070928/CPACTUALITES/7...
04:37 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
01 octobre 2007
Rentrer dans les rangs
« Mais pour qui le connaît, pas question de rentrer dans les rangs. Sans concession, Vittorio a été et restera. » (Isabelle Paré.)
Dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « rang », je trouve l'expression rentrer dans le rang :
Je rentrai dans le rang, ne craignis pas de me montrer comme un simple citoyen. (Gide, dans le Lexis.)
Les masses allemandes [...] rentrent dans le rang, quand on leur promet qu'elles vont manger. (H. Albert, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Cure de Jouvence pour Vittorio » : http://www.ledevoir.com/2007/09/29/158792.html
05:28 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
30 septembre 2007
Probable - Il est probable que
« Or, il est fort probable que le couple ait une explication en béton à donner aux Québécois. » (Patrick Lagacé, dans La Presse.)
Si c'est fort probable, c'est quasi certain; le tour il est probable que, employé à la forme affirmative, appelle l'indicatif ou le conditionnel, d'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain :
Or, il est fort probable que le couple a une explication...
Or, il est fort probable que le couple aurait une explication...
Si la probabilité est inexistante ou peu élevée, on utilise cependant le subjonctif :
Il n'est pas probable qu'on réussisse à le coincer.
Il est peu probable que la demanderesse obtienne gain de cause.
Line Gingras
Québec
« Noyer le poisson » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070925/CPOPINIONS05/7...
08:10 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, presse
29 septembre 2007
Ériger un bâtiment, ériger une maison
« Peu après avoir acheté le terrain en 1992, M. Blanchet et Mme Marois ont construit leur manoir. Hier, Mme Marois a précisé que même si sept acres de terres publiques se trouvent sur son domaine, aucun bâtiment ni a été érigé. » (Ariane Lacoursière, dans La Presse.)
Ni? Bien entendu, c'est n'y qu'on a voulu dire : aucun bâtiment n'a été « érigé » là, aucun bâtiment n'y a été « érigé ».
Ériger, d'après le Petit Robert, c'est « construire avec solennité ». Marie-Éva de Villers signale en effet que l'on érige un monument, une statue, une église, mais que l'« on construit un barrage, un pont, un complexe immobilier, on ne les érige pas ». Je proposerais donc, de manière à éviter la répétition du verbe construire :
... même s'il y a sur son domaine sept acres de terres publiques, aucun bâtiment ne s'y trouve.
* * * * *
« Une entente signée entre M. Walsh et M. Blanchet convenait d'ailleurs de leur entente. »
Un document signé par M. Walsh et M. Blanchet faisait d'ailleurs foi de leur entente.
On pourrait employer aussi le verbe confirmer (Un document [...] confirmait d'ailleurs leur entente), s'il n'était déjà utilisé quelques lignes plus haut.
Line Gingras
Québec
« Pauline Marois se fâche... et s'explique » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070928/CPACTUALITES/7...
00:00 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
28 septembre 2007
Jouer un instrument
« Et pour ceux qui apprennent à jouer un instrument? » (Paul Journet, dans La Presse.)
On dit très bien, en anglais, to play a musical instrument; en français, cependant, on joue de la flûte*, du piano, du violon, d'un instrument. (Voir au besoin le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire ou le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « jouer ».)
Line Gingras
Québec
« Mozart rend-il bébé plus intelligent? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070925/CPACTUEL/70925...
* « Bonhomme, bonhomme, sais-tu jouer? » : http://www.momes.net/comptines/notes/bonhomme-bonhomme-sa...
00:05 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, anglicisme, journalisme