13 juin 2010
Leur habitude à tenir tête aux curés
Habitude à faire quelque chose; habitude de faire quelque chose; habitude à + infinitif; habitude de + infinitif; grammaire française; syntaxe du français.
- Peut-être à cause de leur vieille habitude à tenir tête aux curés. (Christian Rioux, dans Le Devoir du 23 avril 2010.)
Hanse et Blampain font observer qu'on a l'habitude de faire quelque chose. En effet, d'après les exemples que j'ai relevés dans les dictionnaires, l'infinitif complément servant à décrire une habitude est toujours amené par la préposition de, dans la langue moderne :
Léa a l'habitude d'appeler sa copine tous les soirs. (Multidictionnaire.)
Les enfants ont l'habitude de marcher pour aller à l'école. (Multidictionnaire.)
Je n'ai pas l'habitude de répéter. (Petit Robert.)
Il a la sale habitude de me contredire. (Petit Robert.)
Quand vous avez l'habitude de vous coucher sur la droite, ce n'est pas à mon âge que vous changez. (Romains, dans le Petit Robert.)
Il n'aimait pas cette habitude de traiter les affaires à table. (Vailland, dans le Lexis.)
Il avait pris l'habitude de parler seul en marchant. (Troyat, dans le Lexis.)
C'est, il faut bien le dire, la funeste habitude que la plupart des femmes ont de trop serrer leurs corsets. (Holtzem, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il fallait écrire :
Peut-être à cause de leur vieille habitude de tenir tête aux curés.
Line Gingras
Québec
« Circulez! » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/287520/circulez
03:55 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, journalisme
09 juin 2010
Ils leur sont gré d'au moins une chose
Nous vous serions gré; je vous suis gré; elles leur seront gré; être gré ou savoir gré.
- Bien des Népalais leur sont gré d'au moins une chose... (Guy Taillefer, dans Le Devoir du 7 juin 2010.)
Au sens d'être reconnaissant (ou obligé) à quelqu'un de quelque chose, on ne dit pas être gré à quelqu'un de quelque chose, elles lui en seront gré, je vous en serais gré, nous vous en serions gré, nous lui en sommes gré, mais savoir gré à quelqu'un de quelque chose, elles lui en sauront gré, je vous en saurais gré, nous vous en saurions gré, nous lui en savons gré. (J'ai consulté à ce sujet le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain.) Les dictionnaires généraux proposent les exemples suivants :
Il faut en savoir gré à l'auteur. (Petit Robert.)
Nous vous saurions gré de nous répondre rapidement. (Petit Robert.)
Je sais gré à Abel de ne pas m'avoir envoyé son livre. (Gide, dans le Lexis.)
Je vous saurais gré de bien vouloir... (Trésor de la langue française informatisé.)
Je vous sais gré d'être là, comme je sais gré à un beau jour de luire sur ma tête, à un air parfumé de courir autour de moi. (Soulié, dans le Trésor.)
Il fallait écrire :
Bien des Népalais leur savent gré d'au moins une chose...
Line Gingras
Québec
« L'équilibre du monde » : http://www.ledevoir.ca/international/actualites-internationales/290396/l-equilibre-du-monde
05:44 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
31 mai 2010
Il a reçu l'ordre de se rapporter...
Se rapporter; to report (oneself); anglicisme; calque de l'anglais.
-
Par ailleurs, Ménard a reçu l'ordre de se rapporter aux quartiers généraux du ministère de la Défense nationale à Ottawa. (Tara Brautigam, PC, dans Cyberpresse, 30 mai 2010.)
Employé à propos d'une personne, au sens de « se présenter », se rapporter est un anglicisme (calque de to report [oneself]), d'après le Multidictionnaire, le Colpron, le Dagenais et le Chouinard. Il fallait écrire :
Par ailleurs, Ménard a reçu l'ordre de se présenter aux quartiers généraux du ministère de la Défense nationale, à Ottawa.
* * * * *
-
Les Forces armées canadiennes appliquent des règlements sévères concernant les relations émotionnelles, romantiques et sexuelles entre ses membres.
Les Forces armées canadiennes appliquent des règlements sévères concernant les relations émotionnelles, romantiques et sexuelles entre leurs membres.
Line Gingras
Québec
« Les soldats abasourdis par les allégations contre le brigadier Ménard » : http://www.cyberpresse.ca/dossiers/le-canada-en-afghanistan/201005/30/01-4285212-les-soldats-abasourdis-par-les-allegations-contre-le-brigadier-menard.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B42_acc-manchettes-dimanche_369233_accueil_POS1
04:20 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
30 mai 2010
Un opéra de Pucini
- Qui dira d'un tableau de Van Gogh, d'un roman de Zola ou d'un opéra de Pucini qu'ils sont vieux? (Martin Bilodeau, dans Le Devoir du 28 mai 2010.)
Même un vieux dictionnaire des noms propres eût fait l'affaire : Puccini.
Line Gingras
Québec
« Les vieilleries de Cannes » : http://www.ledevoir.com/culture/cinema/289748/les-vieilleries-de-cannes
06:11 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : orthographe, opéra, journalisme, presse
29 mai 2010
Des personnes aux compétences imminentes
Imminent, éminent; paronymes.
- ... pour récompenser des amis du parti, des personnes aux compétences imminentes ou des politiciens qui ont bien mérité de la patrie. (Gil Courtemanche, dans Le Devoir du 29 mai 2010.)
Monsieur Courtemanche termine ainsi son article : « [...] le monarque d'Ottawa sait qu'il a la voie libre et que, pour le moment [...] la démocratie parlementaire demeurera une notion bien théorique qui ne mobilise que les chroniqueurs comme moi. »
J'oserai un exemple forgé :
Dépourvue des qualités intellectuelles de l'éminent chroniqueur, la blogueuse jalouse n'est bonne qu'à railler son courage et son audace, qui dans une véritable dictature vaudraient au héros, sans aucun doute, la visite imminente des sbires du régime.
Line Gingras
Québec
« Le monarque d'Ottawa » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/289838/le-monarque-d-ottawa
04:31 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 mai 2010
Il aurait agit comme témoin
- Selon LCN, un des voisins de la victime aurait ainsi agit comme témoin lors de la signature de son testament... (Jean-François Néron et Samuel Auger, dans Le Soleil du 26 mai 2010.)
On écrit il agit, au passé simple ou au présent de l'indicatif, mais il a agi, elles avaient agi; le participe passé ne prend pas de t :
... un des voisins de la victime aurait ainsi agi comme témoin...
Line Gingras
Québec
« Drame de la 165 : l'hypothèse d'un acte prémédité renforcée » : http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/justice-et-faits-divers/201005/25/01-4283758-drame-de-la-165-lhypothese-dun-acte-premedite-renforcee.php
09:06 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
26 mai 2010
Trois volets à date
À date; to date; anglicisme; calque.
- Un petit bijou de site! Trois volets à date : la ville, la banlieue et la nature, l'ermitage s'en vient pour la mi-juin. (Josée Blanchette, dans Le Devoir du 21 mai 2010.)
À date, fait observer Marie-Éva de Villers, est le calque de to date, au sens de à ce jour :
Trois volets à ce jour.
Trois volets jusqu'ici.
Trois volets jusqu'à maintenant.
Voir aussi le Dagenais, le Chouinard, le Colpron et ces deux articles en ligne :
« À date : un anglicisme à corriger » (Rappel linguistique, Bureau de la traduction) :
http://www.btb.gc.ca/btb.php?lang=fra&cont=849
« À date » (Banque de dépannage linguistique, OQLF) :
http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?id=1447
Line Gingras
Québec
« Nappy Funky Baby à tendance Marie-Chantal » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/289326/nappy-funky-baby-a-tendance-marie-chantal
10:00 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Tags : langue française, anglicismes, journalisme, presse
23 mai 2010
À la satisfaction des deux partis
Parti ou partie.
- Par ailleurs, le bilan qu'ils [les Québécois] font des rapports entre le Québec et le reste du Canada n'a rien d'enthousiaste. Seulement 26 % des répondants estiment que depuis 30 ans, la plupart des désaccords se sont réglés « à la satisfaction des deux partis ». (Lysiane Gagnon citant un sondage CROP, dans La Presse du 20 mai 2010.)
Il ne s'agit pas de partis politiques, mais de gouvernements qui sont des parties à des négociations.
Line Gingras
Québec
« Trente ans plus tard... » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/lysiane-gagnon/201005/19/01-4282069-trente-ans-plus-tard.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_meme_auteur_4282459_article_POS1
04:15 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
17 mai 2010
En l'occurence
En l'occurence ou en l'occurrence; orthographe.
- Selon les conventions internationales, la Libye doit diriger l'enquête, à laquelle participe le pays constructeur de l'appareil de la compagnie libyenne Al Afriqiyah, en l'occurence la France. (Imed Lamloum, AFP, dans Cyberpresse, 13 mai 2010.)
En l'occurrence prend deux c (enfin, trois au total) et deux r. C'est facile à vérifier...
Line Gingras
Québec
« Crash en Libye : le miraculé récupère bien » : http://www.cyberpresse.ca/international/afrique/201005/13/01-4280079-crash-en-libye-le-miracule-recupere-bien.php
12:09 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
13 mai 2010
Liseurs de bonne aventure
Liseuse de bonne aventure; liseur de bonne aventure; liseuses de bonne aventure; liseurs de bonne aventure; diseuse de bonne aventure; diseur de bonne aventure; diseuses de bonne aventure; diseurs de bonne aventure.
- ... les astrologues, les liseurs de bonne aventure, les devins qui voient l'avenir dans les entrailles des poulets... (Patrick Lagacé, dans La Presse du 23 avril 2010.)
Je n'ai pas trouvé liseur de bonne aventure dans les ouvrages consultés (j'ai vu le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé aux articles « liseur », « diseur » et « aventure »), mais diseur de bonne aventure, dire la bonne aventure. Le Trésor donne les exemples suivants :
Je me connais en chiromancie, j'ai dit souvent la bonne aventure. (Balzac.)
Un ton de diseuse de bonne aventure. (France.)
Dès qu'un diseur de bonne aventure vous explique minutieusement les faits connus de vous seul, dans votre vie antérieure, il peut vous dire les événements que produiront les causes existantes. (Balzac.)
[...] cette folie endémique qui [...] a remis en crédit, chez le peuple le plus éclairé, dans la première ville du monde, les sorcières et les diseuses de bonne aventure... (Jouy.)
Il fallait écrire :
... les astrologues, les diseurs de bonne aventure...
Line Gingras
Québec
« L'esprit troué » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/patrick-lagace/201004/23/01-4273354-lesprit-troue.php
05:35 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
10 mai 2010
Dépenses somptueuses, dépenses somptuaires
Dépenses somptuaires; dépenses somptueuses; dépense somptuaire; dépense somptueuse.
- L'avocat qui représente la FTQ-Construction dans la présumée fraude de l'ex-directeur général Jocelyn Dupuis serait lui-même mêlé aux dépenses somptueuses de l'ex-syndicaliste, a appris Le Devoir. (Kathleen Lévesque, dans Le Devoir du 4 mai 2010.)
Mardi 4 mai, 16 h, on sonne, j'ouvre d'en haut : ce beau jeune homme sympathique qui grimpe l'escalier, c'est le photographe du Devoir à Québec, Yan Doublet; je fais partie de la cinquantaine de lecteurs dont on va tracer le portrait au cours de l'année, pour marquer le centenaire du journal. (Les articles de la série, intitulée « Le Devoir, c'est moi », sont publiés tous les lundis.) Déjà, il y a quelques semaines, Pauline Gravel m'a appelée pour l'entretien téléphonique; aujourd'hui, on s'occupe de la photo – et je ne sais lequel aura eu la tâche la plus ardue, de la rédactrice devant tirer des propos sensés de mon bafouillage ou du photographe chargé de présenter ma bouille, désespérément non photogénique.
Un détail important complique le travail de monsieur Doublet : abonnée à la version électronique, je ne lis Le Devoir qu'à l'ordinateur; la photo doit être prise dans mon bureau. Mon visiteur se sert d'un miroir (normalement accroché au-dessus de l'évier de la cuisine), essaie plusieurs angles; relève un abat-jour qui gêne, place et déplace des dictionnaires pour équilibrer les couleurs. À l'écran, le site du Devoir semble un peu austère; nous utiliserons la version pdf, beaucoup plus colorée. Et là, tandis que nous causons agréablement pendant la prise de nouveaux clichés, je m'interroge sur le chapeau et la première phrase de l'article de madame Lévesque : des dépenses somptueuses, est-ce correct? Ne dit-on pas plutôt somptuaires? Justement, j'ai la main droite sur le Multidictionnaire; les doigts me démangent... Monsieur Doublet parti, je vais tirer cette question au clair.
D'après le Petit Robert, somptueux signifie « qui a nécessité de grandes dépenses » et, par extension, « qui est d'une beauté coûteuse, d'un luxe visible extrême ». J'ai relevé les exemples suivants dans les ouvrages consultés :
Une réception, un cadeau, un décor, une fête, un dîner, une résidence, un palais, des demeures, des vêtements, des étoffes, des tapisseries, un train de vie somptueux.
De toute évidence, on ne saurait parler de dépenses somptueuses. Qu'en est-il de dépenses somptuaires?
L'adjectif a voulu dire autrefois « relatif aux dépenses ». Par la suite, sous l'influence de somptueux, il a connu des glissements de sens, si bien que l'expression dépense somptuaire est admise sans réserve dans le Lexis (1977), avec la définition « dépense excessive, purement destinée au luxe » :
Dépense somptuaire et voluptuaire. (Valéry.)
Cet emploi est souvent considéré comme un pléonasme, en raison du sens premier de l'adjectif. L'Encyclopédie du bon français dans l'usage contemporain, publiée en 1972, fait cependant observer : « L'expression dépense somptuaire [...] signifie "dépense excessive faite pour acquérir des objets de luxe, des objets superflus". Elle a été blâmée par les puristes comme constituant un pléonasme affreux. Il n'en reste pas moins que somptuaire amène avec lui l'idée de luxe, de superflu qui n'est pas dans dépense et l'idée de dépense excessive qui n'est pas dans somptueux. »
L'expression dépense somptuaire est condamnée par Thomas, Girodet, Berthier et Colignon. Marie-Éva de Villers signale qu'elle est critiquée, mais courante; Hanse et Blampain paraissent la déconseiller, tout en reconnaissant qu'elle est attestée chez d'excellents écrivains.
Je lis dans le Dictionnaire historique de la langue française de la maison Robert : « Par confusion avec somptueux et parce que les lois somptuaires s'appliquaient aux dépenses de luxe, l'adjectif s'emploie aujourd'hui pour "de luxe", par exemple dans [...] dépenses somptuaires, courant malgré les critiques des puristes contre cette extension. »
Le Trésor de la langue française informatisé donne de « luxe » la définition suivante : « Pratique sociale caractérisée par des dépenses somptuaires... » (C'est moi qui souligne.)
Il me semble qu'il ne faut pas être plus catholique que le pape. Bien entendu, on peut parler, selon le contexte, de dépense excessive, exagérée, fastueuse, de prestige, d'apparat. Mais s'il faut refuser dépense somptueuse, je suis d'avis qu'il convient d'accepter dépense somptuaire :
L'avocat qui représente la FTQ-Construction dans la présumée fraude de l'ex-directeur général Jocelyn Dupuis serait lui-même mêlé aux dépenses somptuaires de l'ex-syndicaliste, a appris Le Devoir.
Line Gingras
Québec
« Des festins pour l'avocat de la FTQ-Construction » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/288312/des-festins-pour-l-avocat-de-la-ftq-construction
« Le Devoir, c'est moi - Exercice linguistique pour passionnée des mots » : http://www.ledevoir.com/societe/medias/288693/le-devoir-c-est-moi-exercice-linguistique-pour-passionnee-des-mots
07:12 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
08 mai 2010
Ils ne m'ont pas parlée
Accord du participe passé employé avec l'auxiliaire avoir; grammaire française; orthographe d'accord.
- Ils ne m’ont pas parlée [...] Ils ne m’ont tout simplement pas parlée. (Taïeb Moalla citant la ministre Julie Boulet, dans Le Journal de Québec du 7 mai 2010.)
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si ce dernier précède le verbe. Dans le cas du verbe parler, toutefois, on ne pose pas la question « ils ont parlé qui? », mais « ils ont parlé à qui? ». Le pronom personnel m' est donc complément d'objet indirect, et ne commande pas l'accord :
Ils ne m'ont pas parlé [...] Ils ne m'ont tout simplement pas parlé.
Line Gingras
Québec
« Les intrigues du Parlement » : http://lejournaldequebec.canoe.ca/journaldequebec/politique/provinciale/archives/2010/05/20100507-195936.html
00:14 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
05 mai 2010
Avoir court
Avoir court ou avoir cours; orthographe.
- Le débat qui a court depuis quelques jours... (Jean-Marc Léger, dans Le Devoir du 3 mai 2010.)
La locution verbale s'écrit avoir cours :
Le débat qui a cours...
Line Gingras
Québec
« Lettres – Le gouverneur général » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/288323/lettres-le-gouverneur-general
06:54 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : langue française, orthographe, presse, médias
18 mars 2010
Il l'a mandatée de rappeler aux médias...
Mandater quelqu'un de; mandater quelqu'un pour; mandaté de; mandaté pour; grammaire française; syntaxe du français.
- Jean Charest a été piqué au vif. Il a mandaté Line Beauchamp de rappeler aux médias que... (Gilbert Lavoie, dans Le Soleil du 16 mars 2010.)
On charge quelqu'un de quelque chose, de faire quelque chose; d'après les exemples que j'ai relevés, cependant, c'est plutôt la préposition pour que l'on emploie avec le verbe mandater :
Mandater quelqu'un pour la gestion d'une affaire. (Petit Robert.)
Les locataires ont mandaté l'un des leurs pour négocier avec le propriétaire. (Lexis.)
Elle a été mandatée pour le représenter. (Multidictionnaire.)
* * * * *
-
C'est différent sur les questions d'intégrité : Jean Charest misait sur le temps pour faire oublier les scandales sur la construction mises au jour à l'automne à l'occasion des élections montréalaises.
Scandale est un nom masculin :
... les scandales sur la construction mis au jour à l'automne...
Line Gingras
Québec
« Des "croches", les politiciens? » : http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/chroniqueurs/201003/15/01-4260958-des-croches-les-politiciens.php
05:38 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
11 mars 2010
Veste par balle
Veste pare-balle; veste pare-balles; gilet pare-balle; gilet pare-balles; bulletproof vest; calque; anglicisme; orthographe.
- Ces hommes munis d'oreillette et de veste par balle ont escorté Jean-Loup Lapointe et sa collègue Stéphanie Pilotte à l'extérieur, sans rien dire, comme s'il y avait une menace immédiate à leur sécurité. (Caroline Touzin, dans La Presse du 10 mars 2010.)
D'après le Grand dictionnaire terminologique, bulletproof vest se traduit par gilet pare-balles, et non par veste pare-balles.
On écrit :
Gilet pare-balles. (Petit Robert 2007.)
Un gilet pare-balles, des gilets pare-balles. (Multidictionnaire, quatrième édition.)
Étant donné l'exemple relevé dans La Presse, je ne crois pas inutile de signaler que, dans le terme à l'étude, nous n'avons pas affaire à la préposition par, mais au verbe parer.
Enfin, certains voudront peut-être se conformer aux rectifications de l'orthographe, selon lesquelles on peut écrire pare-balle au singulier, et pare-balles au pluriel.
Line Gingras
Québec
« La mère de Fredy Villanueva s'effondre à l'enquête » : http://www.cyberpresse.ca/dossiers/villanueva-lenquete/201003/10/01-4259275-la-mere-de-fredy-villanueva-seffondre-a-lenquete.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_les-plus-populaires-title_article_ECRAN1POS1
01:24 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, orthographe, journalisme
03 mars 2010
Route de gravel
Gravel, gravelle, gravier; chemin de gravel, chemin de gravelle, chemin de gravier; route de gravel, route de gravelle, route de gravier; archaïsme; régionalisme; anglicisme.
- Le corps de la jeune femme de 27 ans a été trouvé lundi en bordure d'une route de gravier [...] (Catherine Handfield, dans La Presse du 11 février 2010; dans une version antérieure de son article, intitulée « Prélèvements judiciaires au bungalow de Russell Williams », la journaliste avait employé l'expression route de gravel.)
Le Petit Robert signale que gravelle, qui tire son origine de l'anglais gravel, emprunté à l'ancien français, est un régionalisme critiqué au sens de gravier : route de gravelle, en gravelle.
D'après le Multidictionnaire et le Colpron, gravelle est un anglicisme, à remplacer par gravier.
Gérard Dagenais, pour sa part, tient gravelle pour un archaïsme : « Du XIIe au XVIe siècle, le gravier s'appelait aussi gravelle et c'est utiliser un mot vieilli que de dire, par exemple, un chargement de gravelle au lieu d'un chargement de gravier. »
Enfin, je vous invite à consulter l'intéressant article du Grand dictionnaire terminologique (« route de gravier »), dont voici un extrait : « Au Québec, ce mot [gravelle], largement attesté depuis le début de la colonisation française, est encore utilisé dans la langue courante pour désigner du gravier et, parfois, un mélange de terre et de cailloux. »
Line Gingras
Québec
« Russell Williams : le bungalow de Tweed passé au peigne fin » : http://www.cyberpresse.org/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/201002/11/01-948656-russell-williams-le-bungalow-de-tweed-passe-au-peigne-fin.php
03:34 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Tags : langue française, archaïsme, anglicisme, journalisme
22 février 2010
Qu'on croit aux miracles ou non
- Qu'on croit aux miracles ou non importe peu, selon Nathalie Dumas, rédactrice en chef de la revue L'Oratoire. (Amélie Daoust-Boisvert, dans Le Devoir du 20 février 2010.)
Indicatif ou subjonctif?
On n'écrirait pas : « Qu'on veut des miracles ou non importe peu », mais : « Qu'on veuille des miracles ou non importe peu ». Il faut le subjonctif :
Qu'on croie aux miracles ou non importe peu...
Line Gingras
Québec
« Un portier au royaume des saints » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/283541/un-portier-au-royaume-des-saints
04:40 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
21 février 2010
La mort prématurée du séparatisme, proclamé par Pierre Elliot Trudeau?
Pierre Elliot Trudeau ou Pierre Elliott Trudeau.
- Plusieurs fois, on a annoncé la mort prématurée du « séparatisme ». Pierre Elliot Trudeau l'a même officiellement proclamé... quelques mois avant que le Parti québécois ne soit élu en 1976. (Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 19 février 2010.)
Aurait-on annoncé que le séparatisme était mort prématurément? Monsieur Descôteaux a voulu dire plutôt, je pense, que l'annonce de la mort du séparatisme s'était révélée prématurée :
Plusieurs fois, on a annoncé prématurément la mort du « séparatisme ».
* * * * *
D'après ce que je vois dans le Petit Robert des noms propres, dans le Petit Larousse illustré et dans un bon nombre de sites Internet qui me paraissent dignes de confiance, le nom de l'ancien premier ministre s'écrit Pierre Elliott Trudeau.
* * * * *
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si ce dernier précède le verbe. Pierre Elliott Trudeau a proclamé quoi? Non pas le séparatisme, mais la mort du séparatisme : proclamée.
Line Gingras
Québec
« Lucien Bouchard et la souveraineté - Sa deuxième démission » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/283362/lucien-bouchard-et-la-souverainete-sa-deuxieme-demission#fin
05:49 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
19 février 2010
Marre de boue
Marre, mare; marre de boue, mare de boue; homonymes; homophones; orthographe.
- L'intérieur de ce camp installé au Champ de Mars, l'esplanade au cœur de
Port-au-Prince, était hier une marre de boue. (Mélissa Guillemette, dans Le Devoir du 12 février 2010.)
On en a marre de cette mare de boue.
Line Gingras
Québec
« Haïti dévasté - Le deuxième drame se prépare » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/282931/haiti-devaste-le-deuxieme-drame-se-prepare
03:39 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
16 février 2010
Québecquois, Québecquoises!
- Jean Dion, dans sa chronique « Hors Jeu », a une façon toute québecquoise de râler sur la météo. La suite à lire dans Le Devoir. (Le Monde.fr)
J'aimerais signaler, d'abord, que la chronique de Jean Dion s'intitule Hors-Jeux (Jeux au pluriel, contrairement à la graphie normale, en raison des Jeux olympiques); ensuite, même si je trouve la faute incroyable, qu'il y a belle lurette que l'on écrit québécoise.
Line Gingras
Québec
05:23 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
15 janvier 2010
Une partie s'est effondré
Elle s'est effondré ou elle s'est effondrée; ils se sont effondré ou ils se sont effondrés; s'effondrer, accord du participe passé du verbe pronominal; grammaire française; orthographe du français.
- Pour l'épargner, Dany n'a pas dit à sa femme qu'une partie de l'hôtel où il logeait s'était effondré. (Nathalie Petrowski, dans La Presse du 14 janvier 2010.)
Ainsi que le fait observer Marie-Éva de Villers, le participe passé du verbe pronominal s'effondrer (le pronom réfléchi n'a d'autre fonction ici que de marquer la forme pronominale) s'accorde toujours en genre et en nombre avec le sujet du verbe. Qu'est-ce qui s'est effondré? Non pas tout l'hôtel, mais une partie : effondrée.
Line Gingras
Québec
« Dany Laferrière, sain, sauf mais éprouvé » : http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/nathalie-petrowski/201001/14/01-938914-dany-laferriere-sain-sauf-mais-eprouve.php
06:15 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme