27 septembre 2007
Se prémunir de quelque chose
« Mais l'on peut être sûr que c'est un piège dont M. Harper a déjà commencé à se prémunir... » (Lysiane Gagnon, dans La Presse.)
D'après les exemples que j'ai vus dans les dictionnaires, on ne se prémunit pas de quelque chose, mais contre quelque chose :
Ils se sont prémunis contre le froid. (Multidictionnaire.)
Je dois pourtant me prémunir contre la curiosité naturelle à leur sexe. (Duhamel, dans le Petit Robert et le Lexis.)
... les alliés s'étaient prémunis contre leurs propres défaillances. (Bainville, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Contre les risques d'une intrigue ou d'un coup d'État militaire [...], l'aristocratie d'Orsenna n'a pas cru se prémunir assez... (Gracq, dans le Trésor.)
Sans être prémunis contre la contagion. (Carrel, dans le Petit Robert.)
Il fallait donc écrire :
Mais l'on peut être sûr que c'est un piège contre lequel M. Harper a déjà commencé à se prémunir...
Line Gingras
Québec
« Des élections automnales? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070925/CPOPINIONS02/7...
02:10 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
26 septembre 2007
Think thank you
« Un sondage de l'Institut de recherche en politiques publiques [...] Le think thank montréalais lance sa publication lors d'un déjeuner-causerie organisé à la Grande Bibliothèque. » (Stéphane Baillargeon.)
Si l'on tient à montrer que l'on connaît l'anglais, il vaut mieux écrire think tank. Mon billet du 30 mai 2006 propose des solutions de rechange. Mais dans le contexte, on aurait pu parler simplement de l'organisme montréalais.
Line Gingras
Québec
« Un refus massif des accommodements raisonnables » : http://www.ledevoir.com/2007/09/25/158184.html
00:57 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, orthographe, journalisme
25 septembre 2007
Augmenter à cinquante-six disgressions
« ... la candidate avait largement dépassé la majorité de 1663 voix obtenue par Rosaire Bertrand en mars 2007, augmentant cette majorité à 4225 voix. » (Robert Dutrisac.)
Le verbe augmenter marque la progression, et non pas l'aboutissement; on peut dire, par exemple, que la température a augmenté de deux degrés si elle est passée de vingt-cinq à vingt-sept, mais non qu'elle a augmenté à vingt-sept degrés. Je proposerais :
... portant cette majorité à 4225 voix.
* * * * *
« Mais il semble que ces disgressions immobilières aient eu peu d'influence sur le vote des Charlevoisiens. »
Disgression ne se trouve pas dans le Petit Robert, dans le Lexis ni dans le Trésor de la langue française informatisé; on dit et on écrit disgrâce, mais digression.
* * * * *
« "... nous n'en sommes pas là", avait-t-elle déclaré. »
Le t intercalaire, ou t euphonique, est employé pour... l'euphonie - pour que la prononciation soit plus harmonieuse. On l'ajoute donc après les lettres a, e ou c, mais jamais après un t ni un d :
A-t-on jamais vu chose pareille? fit-il.
Aime-t-elle le caviar?
Vainc-t-il déjà toute sa famille aux échecs?
Votre poule pond-elle vraiment trois fois par jour?
Nous n'en sommes pas là, avait-elle déclaré.
* * * * *
« Elle donne au Parti québécois une cinquième victoire dans ce comté, représenté depuis 1994 par Rosaire Bertrand qui lui avait cédé la place pour prendre sa retraite. »
La proposition relative qui lui avait cédé la place n'apporte pas une information dont on aurait besoin pour distinguer entre deux personnes du nom de Rosaire Bertrand; elle donne plutôt une explication, utile mais accessoire. Il s'agit donc d'une relative non pas déterminative, mais explicative, que l'on fait normalement précéder de la virgule :
... représenté depuis 1994 par Rosaire Bertrand, qui lui avait cédé la place...
* * * * *
« ... Pauline Marois avait dû ouvrir les portes de son chalet, sis à Saint-Iréné... »
Le village s'appelle Saint-Irénée.
* * * * *
« ... une dizaine de députés s'étaient déplacé... »
Déplacés.
« ... l'autre partie était construite sur des terres agricoles dont le zonage avait été modifiée de façon irrégulière. »
Modifié.
« Cette élection partielle fut une lutte à deux puisque Jean Charest avait décidé que le Parti libéral du Québec ne présenterait pas de candidat contre Mme Marois. En 2007, le candidat libéral est arrivé troisième, derrière le péquiste et l'adéquiste, et rien n'indiquerait que le PLQ aurait pu améliorer ce score. »
... rien n'indiquait...
« L'équipe de Mme Marois considérait que cette élection n'était pas sans risque pour la chef péquiste puisque le vote combiné des adéquistes et les libéraux avait atteint 65 % en mars 2007. »
... le vote combiné des adéquistes et des libéraux...
« En toute fin de campagne, Pauline Marois a dû faire face à autre controverse. »
... à une autre controverse.
« Mais dans les deux MRC plus à l'est [...], la tendance est différence. »
... la tendance est différente.
Line Gingras
Québec
« Marois : victoire éclatante » : http://www.ledevoir.com/2007/09/25/158188.html
05:15 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
22 septembre 2007
De tout évidence
« En 2007, à Montréal, le mot carême n'avait de tout évidence rien à voir avec jeûne, et tout avec abstinence. » (Rafaële Germain, dans La Presse.)
Dans la locution adverbiale de toute évidence, tout est adjectif et se rapporte au nom évidence, avec lequel il s'accorde :
De toute évidence, il nous a menti. (Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« Quarante jours sans sexe? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070914/CPOPINIONS05/7...
09:20 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
18 septembre 2007
Faire amande honorable
« ... chacun, à la fin de son reportage, fait amande honorable en avouant craindre l'autre... » (Jean-Jacques Stréliski.)
J'aime bien les amandes, mais c'est leur faire trop d'honneur que de les dire honorables. « Reconnaître ses torts, demander pardon » (Petit Robert), c'est faire amende honorable.
Line Gingras
Québec
« Question d'images - La photo et le cadre » : http://www.ledevoir.com/2007/09/17/157096.html
01:50 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
15 septembre 2007
Portugual, Portuguais, police portuguaise
« La théorie de la police portuguaise, désormais... » (Patrick Lagacé.)
Au Portugal vivent les Portugais. Parions qu'ils ont une police portugaise.
Line Gingras
Québec
« Madeleine McCann : rebondissement » : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70720351
04:00 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
08 septembre 2007
Jeune fille
« Il y avait aussi peu de ressemblances entre la fillette qu'elle a décrit_ et la jeune fille disparue. » (Presse Canadienne.)
Il s'agit de la petite Cédrika Provencher, qui - espérons-le - vient d'avoir dix ans. Ce n'est pas encore une jeune fille : d'après le Petit Robert, une jeune fille est une adolescente ou une femme jeune non mariée (j'ai consulté aussi le Multidictionnaire). Et l'adolescence ne débute qu'à l'âge de douze ans environ, chez les filles.
Dans un autre ordre d'idées, rappelons que le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Elle a décrit qui? la fillette :
Il y avait aussi peu de ressemblances entre la fillette qu'elle a décrite et celle qui a disparu.
Pas étonnant que l'on fasse de moins en moins l'accord dans la langue orale...
Line Gingras
Québec
« Cédrika : la police de Fredericton mise à contribution » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070908/CPACTUALITES/7...
23:50 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
05 septembre 2007
Affubler - Prénoms bizarres qu'on affuble aux enfants
« Le pays de Hugo Chavez, rocambolesque président du Vénézuela, connaît un drôle de problème : la prolifération de prénoms bizarres qu’on affuble aux enfants. » (Patrick Lagacé.)
On affuble quelqu'un de quelque chose (on est affublé, on s'affuble de quelque chose) :
Ces singes que l'on affuble d'une robe. (Jaloux, dans le Petit Robert.)
Anne voulait affubler sa petite sœur d'un chapeau à plumes. (Multidictionnaire.)
Elle était affublée d'une affreuse robe verte. (Lexis.)
Il ne savait pas s'habiller et s'affublait toujours de vêtements trop voyants. (Lexis.)
Affubler quelqu'un d'un nom d'emprunt, d'un sobriquet, d'épithètes ridicules. (Trésor de la langue française informatisé.)
Aucun des dictionnaires que j'ai sous la main ne reçoit la construction affubler quelque chose à quelqu'un. On aurait pu écrire :
... la prolifération de prénoms bizarres dont on affuble les enfants.
* * * * *
« Le projet de loi ne rallie pas tous les habitations de la République bolivarienne du Vénézuela, remarquez. Quelques députés rechignent. »
... tous les habitants...
Line Gingras
Québec
« De drôles de prénoms au Vénézuela » : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70720342
23:55 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
31 août 2007
Tout l'Allemagne
« ... le plus bel endroit de tout_ l’Allemagne... » (Stéphane Laporte.)
Tout, adjectif indéfini, est variable : toute la Nouvelle-Écosse, toute la Floride, toute la France, toute l'Italie, toute l'Angleterre, toute l'Allemagne.
Line Gingras
Québec
« Voir la Bavière et pleurer » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070824/CPBLOGUES08/70...
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
30 août 2007
Génèse
« ... aucun conflit adulte ne trouve sa génèse ailleurs. » (Amélie Nothomb, Le sabotage amoureux; passage cité [textuellement?] dans l'édition canadienne de Sélection, septembre 2007, page 33.)
Le substantif genèse s'écrit sans accent aigu :
Genèse d'une œuvre d'art. (Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, presse, médias
27 août 2007
Aire post-glaciaire
« C'est une toute petite plante vivace, presque invisible aux yeux des néophytes. L'astragale de Robbins, variété de Fernald, est pourtant une vraie survivante. Rescapée de l'aire post-glaciaire aujourd'hui rarissime, on ne peut l'observer au Québec qu'à Blanc-Sablon. » (Alexandre Shields.)
D'après le Petit Robert et le Multidictionnaire, l'aire est une surface, un territoire; monsieur Shields, sans doute, a voulu dire ère, au sens de « division la plus grande des temps géologiques ». Or, toujours selon le Petit Robert, chaque ère géologique est subdivisée en périodes, époques et âges - et suivant ce que je vois aux articles « glaciaire » et « postglaciaire », il faudrait parler ici non pas d'ère, mais de période. Toutefois je ne suis pas spécialiste de ces questions...
Il convient de noter, par ailleurs, que postglaciaire est écrit sans trait d'union dans le Petit Robert; c'est également la graphie que recommande le Multidictionnaire : « Les mots composés du préfixe post- s'écrivent en un seul mot, à l'exception de l'adjectif post-traumatique et des expressions latines. Postsynchronisation, post-scriptum. »
Line Gingras
Québec
« Sauver l'astragale » : http://www.ledevoir.com/2007/08/27/154743.html
16:07 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
23 août 2007
Opérationel ou opérationnel?
« ... la force opérationelle canadienne en Afghanistan... » (Claude Lévesque.)
L'anglais operational s'écrit avec un seul n, mais le français opérationnel en prend deux : la force opérationnelle.
« ... la lieutenant colonel Bridget Rose... »
D'après TERMIUM et le Petit Robert, on écrit lieutenant-colonel avec un trait d'union.
« Vendredi dernier, deux autre_ militaires canadiens... »« "Pour moi, il s'agit d'une cause noble, d'une mission noble. Il faut envoyer un message de solidarité à l'occasion de cette tragédie nationale. Mes pensée_ vont aux familles", a dit le critique du Parti libéral du Canada en matière de défense, Denis Coderre. »
Line Gingras
Québec
« Journée noire à Kandahar » : http://www.ledevoir.com/2007/08/23/154305.html
05:02 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, anglicisme, journalisme
22 août 2007
L'emphase est mise sur...
« Selon le porte-parole de la SQ, Richard Gagné, l'emphase est mise sur l'information voulant qu'un homme seul ait demandé à la fillette de l'aider à chercher son petit chien. » (Presse Canadienne.)
Dans la langue courante, on appelle emphase l'« emploi abusif ou déplacé du style élevé, du ton déclamatoire », l'« exagération dans la manifestation des sentiments » (Petit Robert) :
Il parla à son tour d'un ton doctrinaire, avec l'emphase apprise dans les proclamations. (Maupassant.)
Un dévouement sans comédie et sans emphase. (Baudelaire.)
Il se contenta de déclarer sans emphase qu'il avait fait son devoir. (Lexis.)
Camil Chouinard tient donc pour fautive l'expression mettre l'emphase sur, au sens de « mettre l'accent sur ». Cet emploi est considéré comme un anglicisme par le Multidictionnaire, le Colpron et le Dagenais; il s'agit du calque de to put the emphasis on, qui peut se traduire de différentes manières, selon le contexte : mettre l'accent sur, insister sur, faire ressortir, souligner, faire valoir, appuyer sur, mettre en valeur, mettre en relief.
Voir aussi la Banque de dépannage linguistique de l'Office québécois de la langue française (http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=3&id=1884) et Le français au micro, de Radio-Canada (http://www.radio-canada.ca/radio/francaismicro/description.asp?ID=219&CAT=E&leid=348&lacat=e).
Line Gingras
Québec
« Cédrika : Charest encourage les enquêteurs » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070817/CPACTUALITES/7...
06:20 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
19 août 2007
Des gens subtiles
« ... les militaires n'ont pas la réputation d'être des gens très subtiles, ni rapides d'esprit. » (Michel Vastel.)
L'adjectif qui se rapporte au mot gens, s'il est placé après le nom, doit se mettre au masculin : ... des gens très subtils...
« Dans son premier mandat, Robert Bourassa se laissait aller à la même familiarité, et il l'a payé très cher lorsque les mêmes journalistes ont décidé de le démollir parce qu'ils jugeaient qu'ils l'avaient assez vu. »
Démolir. Rien à voir avec les fromages à pâte molle.
« Ce ne sont pas "que" deux exemples de déparages des journalistes. Je trouve que mes collègues se laissent un peu trop aller ces temps-ci et les exemples ne manquent pas. »
Ça dépare sans doute, mais monsieur Vastel a voulu dire dérapages. J'ajouterais que le laisser-aller peut se manifester de bien des façons...
Line Gingras
Québec
« Certains journalistes sont effrontés! » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
23:46 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
10 août 2007
Décès d'une baleine
« Les fréquentes collisions avec de grands navires constituent sans contredit la plus grande cause de mortalité. En fait, la moitié des décès de baleines noires survenus au cours de la dernière décennie sont attribuables à des rencontres malheureuses avec des bateaux. » (Alexandre Shields.)
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, décès, terme de la langue administrative et juridique, s'emploie uniquement à propos de la mort d'une personne :
J'ai été à la mairie, mais on n'a pas trouvé trace du décès d'un nommé Mouilleminche. (Queneau, dans le Lexis.)
... le peuple français, en moyenne le plus vieilli, le seul où, depuis le début du siècle, les décès l'aient constamment emporté sur les naissances... (De Gaulle, dans le Trésor.)
Il faudrait reformuler :
Les fréquentes collisions avec de grands navires constituent sans contredit le danger le plus important. En fait, la moitié des baleines noires qui sont mortes au cours de la dernière décennie ont eu une rencontre malheureuse avec un bateau / ont succombé à un tel accident. [Le verbe heurter est employé plus loin.]
Line Gingras
Québec
« Le géant à bout de souffle » : http://www.ledevoir.com/2007/08/09/152866.html
23:55 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
09 août 2007
Dénoter
« "À mon sens, l'élément le plus important de cette étude, c'est qu'on ne dénote aucun avantage à utiliser ce genre de vidéos. On voit même que cela peut nuire à l'apprentissage des jeunes enfants", précise le professeur Frederick Zimmerman, de l'Université de Washington (UW). » (Louise-Maude Rioux Soucy.)
D'après ce que je vois dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main, dénoter ne veut pas dire « noter », « remarquer », « déceler », mais plutôt « indiquer, désigner par quelque caractéristique » (Petit Robert), « être le signe de quelque chose » (Trésor de la langue française informatisé). Dans la langue courante, le sujet désigne une chose :
Les traces qui dénotent le passage de quelque chose ou de quelqu'un. (Trésor.)
Les frissons qui dénotent la fièvre. (Trésor.)
Son attitude dénote un certain courage. (Petit Robert.)
Des aquarelles qui dénotent un grand talent. (Multidictionnaire.)
[Toutes ces peintures] dénotaient de la façon la plus évidente, pour un œil exercé, la plus belle période de l'art égyptien. (Gautier, dans le Petit Robert.)
La journaliste (je présume que les propos de monsieur Zimmerman ont été traduits) aurait pu écrire :
... l'élément le plus important de cette étude, c'est qu'on ne remarque aucun avantage à utiliser ce genre de vidéos.
... l'élément le plus important de cette étude, c'est qu'elle ne signale aucun avantage à utiliser ce genre de vidéos.
Line Gingras
Québec
« La télé éducative au berceau, un leurre? » : http://www.ledevoir.com/2007/08/08/152750.html
20:30 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
01 août 2007
Vive la Lybie!
« Nicolas Sarkozy s'occupe de la Lybie, lui! » (Michel Vastel.)
Libye.
Sources : Le Petit Robert des noms propres, Le Petit Larousse illustré et L'état du monde. Une recherche Google montre que la faute est fréquente...
Line Gingras
Québec
« La stratégie militaire des États-Unis » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
23:42 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
30 juillet 2007
Au Centre George-Pompidou
« Au-dessus de leurs têtes circulent des poupées de chiffons suspendus dans le vide. Ces pantins désarticulés semblent observer le visiteur et le scruter... » (Christian Rioux.)
D'après les exemples que je vois dans le Petit Robert et le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « poupée », on écrit poupée de chiffon - et poupée de carton, de cire, de cuir, d'ivoire, de papier mâché, de plastique, de porcelaine, de son, de terre cuite. Cependant, à l'article « chiffon », le Trésor donne poupée de chiffon(s). Les deux formes sont donc acceptables, quoique les résultats d'une recherche Google montrent que chiffon se met le plus souvent au singulier dans ce contexte.
Mais qu'est-ce qui est suspendu dans le vide? Des chiffons, comme pourrait le laisser entendre l'accord de l'adjectif au masculin pluriel? Je n'ai pas vu l'exposition, mais je crois comprendre qu'il s'agit de poupées : suspendues.
* * * * *
« ... le petit musée intérieur que présente Annette Messager jusqu'au mois de septembre, au Centre George-Pompidou, à Paris. »
« C'est l'une des artistes françaises les plus réputées dans le monde qu'accueille tout l'été le Centre George-Pompidou. »
Selon le Petit Robert des noms propres et le Petit Larousse illustré, le prénom de monsieur Pompidou s'écrit Georges; une recherche Google confirme que le s final se retrouve, comme il se doit, dans le nom du musée : le Centre Georges-Pompidou.
Line Gingras
Québec
« Inquiétante Messager » : http://www.ledevoir.com/2007/07/30/151851.html?fe=1621&am...
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, syntaxe, journalisme
25 juillet 2007
Joujous
« Ne remplissez jamais les formulaires d’enregistrement qui vous sont fournis avec vos joujous électroniques. » (Tristan Péloquin.)
Bijoux, cailloux, choux, genoux, hiboux, joujoux, poux.
C'est comme monter à bicyclette, non?
Line Gingras
Québec
« Harry Potter piraté : l'art de se mettre dans la m... » : http://blogues.cyberpresse.ca/peloquin/?p=239
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12 juillet 2007
Champs ou champ, au singulier?
« On entre finalement dans le champs des principes premiers, dit-il, des principes éthiques, moraux, intellectuels. » (Stéphane Baillargeon, citant Norman Cornett.)
Au singulier, on écrit toujours champ, sans s :
Voici défini le champ d'une seconde enquête. (Caillois, dans le Petit Robert.)
Et ce désir séculaire, cette possession sans cesse reculée, expliquait son amour pour son champ, sa passion de la terre... (Zola, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
La faute est fréquente, ainsi que le montre une recherche Google.
Line Gingras
Québec
« Le prof Cornett ignore toujours pourquoi il n'enseigne plus » : http://www.ledevoir.com/2007/07/13/150305.html?fe=1490&am...
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11 juillet 2007
Incomber une responsabilité à quelqu'un
« On peut quand même se demander s'il regrette aujourd'hui de ne pas en avoir incombé la responsabilité aux partis d'opposition, l'an dernier. » (Norman Spector.)
Le verbe incomber n'admet pas de complément d'objet direct; il ne peut pas non plus avoir pour sujet un nom (ni un pronom) désignant une personne. On ne saurait donc incomber une responsabilité à quelqu'un.
Par contre, on peut très bien dire qu'une responsabilité - ou une charge, une obligation - incombe à quelqu'un ou à une collectivité (lui revient, lui appartient, lui est imposée) :
Les devoirs et les responsabilités qui lui incombent. (Petit Robert.)
Ces réparations incombent au propriétaire de la maison. (Lexis.)
Mme Tassy connaît l'obligation qui incombe aux maisons des morts d'avoir à tenir table ouverte. (Hébert, dans le Lexis.)
En fait, c'est aux États-Unis qu'appartenait la décision, puisque l'effort principal leur incombait dorénavant. (De Gaulle, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Le Petit Robert et le Trésor reçoivent également le tour impersonnel il incombe à quelqu'un de + infinitif :
En sa qualité de père et d'éducateur, il lui incombait de dénoncer la flatterie en général comme une pratique des plus détestables. (Aymé, dans le Trésor.)
Dans la phrase à l'étude, monsieur Spector a peut-être voulu dire :
... de ne pas en avoir fait retomber la responsabilité sur les partis d'opposition...
... de ne pas en avoir rejeté la responsabilité sur les partis d'opposition...
Line Gingras
Québec
« Rester en Afghanistan » : http://www.ledevoir.com/2007/07/12/150136.html?fe=1480&am...
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