07 janvier 2008
Utilisé à + infinitif
« La plus grande partie des dons récoltés à Paris sera donc utilisée à boucler les fins de mois... » (Éditorial du Monde.)
D'après les quelques exemples que j'ai trouvés dans les dictionnaires, l'infinitif complément du verbe utiliser est introduit au moyen de la préposition pour :
Utiliser un réchaud électrique pour faire chauffer son petit déjeuner. (Lexis.)
Elle n'utilisait pas suffisamment le lierre pour agrémenter ses vieilles églises et ses manoirs. (Giraudoux, dans le Lexis.)
Un tel réacteur pourrait être utilisé pour fournir les impulsions nécessaires... (Goldschmidt, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
On aurait pu écrire :
... sera donc utilisée pour boucler les fins de mois...
... servira donc à boucler les fins de mois...
Line Gingras
Québec
« Aider les Palestiniens » : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-990583,...
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02 janvier 2008
Qui peut être millionaire?
« Trois chiens millionaires » (Titre d'un article de l'agence Associated Press.)
En anglais, il suffit d'un « n » pour être millionnaire; en français, il en faut deux :
Trois chiens millionnaires.
Line Gingras
Québec
« En bref - Trois chiens millionaires [sic] » : http://www.ledevoir.com/2007/12/31/170413.html
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01 janvier 2008
Même, adjectif indéfini - Même déboires...
« ... chaque fois qu'elle se réveille : même petite vie, même déboires, même petites défaites, même indignité, même portefeuille quasiment vide, même maudite mauvaise passe. » (Patrick Lagacé, dans La Presse.)
Lorsqu'il est placé devant le nom et qu'il veut dire « semblable » ou « pareil », même est adjectif indéfini et donc variable, qu'il soit précédé ou non d'un déterminant. Les exemples qui suivent sont tirés du Hanse-Blampain :
Les mêmes quartiers avec leurs mêmes rues malpropres.
Mêmes causes et mêmes effets.
Ils avaient même espoir et mêmes illusions.
Il fallait donc écrire :
... mêmes déboires, mêmes petites défaites...
Line Gingras
Québec
« Nicole est collée à la page 59 » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071222/CPOPINIONS05/7...
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29 décembre 2007
Le Québec était un dominium
« On s'était aussi posé de telles questions en 1908, lors des célébrations du 300e anniversaire. Or, à l'époque, le Québec était un dominium de l'Empire britannique et la Couronne avait joué un rôle moteur dans l'organisation des fêtes. » (Isabelle Porter.)
Il me semble avoir lu, dans mes manuels d'histoire, que le Canada était autrefois un dominion de l'Empire britannique. De fait, le Petit Robert et le Lexis ne consignent pas dominium, mais dominion :
Le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande constituaient des dominions. (Lexis.)
D'après le Trésor de la langue française informatisé, dominion est une adaptation du latin dominium.
Line Gingras
Québec
« 400e : la fête d'abord » : http://www.ledevoir.com/2007/12/29/170269.html
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28 décembre 2007
Aux fins fonds de la forêt
« Ce policier révèle le prénom de l'enfant, Emmanuel, affirme qu'il est élevé par des guérilleros aux fins fonds de la forêt amazonienne et n'est confié que rarement à sa mère. » (Philippe Zygel, AFP.)
Le fond ou le fin fond d'un lieu, c'est la partie la plus reculée :
Aller dans le fin fond des forêts. (Lexis.)
J'aime le son du cor, le soir au fond des bois. (Vigny, dans le Petit Robert.)
Mme Cabridens joue la femme d'esprit enfouie au fin fond de cette horrible province... (Arène, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
... au fond d'une nuit elle-même au fond d'une banlieue défoncée elle-même presque au fond de l'Europe... (Cl. Simon, dans le Petit Robert.)
Le temps était supportable; nous avons marché vers le fond du bois, où la calèche devait venir nous prendre. (Las Cases, dans le Trésor.)
... une petite villa au fond du golfe. (Maupassant, dans le Trésor.)
Elle agonise au fond d'un cachot. (Mauriac, dans le Trésor.)
D'après les nombreux exemples que proposent les trois dictionnaires consultés, l'expression, dans un contexte comme celui qui nous occupe (il ne s'agit pas de dénicher des trésors douteux dans les fonds de tiroir ou les fonds d'armoire), ne s'emploie qu'au singulier :
... il est élevé par des guérilleros au fin fond de la forêt amazonienne...
Line Gingras
Québec
« Le destin de Clara Rojas, otage des FARC » : http://www.ledevoir.com/2007/12/29/170203.html?fe=2771&am...
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25 décembre 2007
Aux détriments de
« Si Québec consent à délier les cordons de sa bourse, il faudra toutefois que cela se fasse en surplus, a prévenu Mme Daoust. "Si jamais on décidait de financer notre organisme à la hauteur de nos besoins, il ne faudrait pas que cela se fasse aux détriments des autres organismes, comme c'est arrivé dans le passé." » (Louise-Maude Rioux Soucy.)
On écrit aux dépens de, à ses dépens, mais au détriment de, à son détriment :
Comme Antipas jurait qu'il ferait tout pour l'Empereur, Vitellius ajouta : - "Même au détriment des autres?" (Flaubert, dans le Petit Robert.)
Ce choix a été fait au détriment des adultes, mais à l'avantage des enfants. (Multidictionnaire.)
Abaisser les prix au détriment de la qualité. (Lexis.)
L'erreur est-elle à votre avantage ou à votre détriment? (Lexis.)
Menace de gelée, qui s'est réalisée dans la nuit au détriment de ce pauvre pays. (Delacroix, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Line Gingras
Québec
« Maison du partage d'Youville - Une banque alimentaire menacée de fermeture à la veille des Fêtes » : http://www.ledevoir.com/2007/12/21/169455.html
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22 décembre 2007
Dans le même ordre d'idée
« Dans le même ordre d'idée, on a vu à Bali que le Canada refuse de se voir imposer des objectifs chiffrés de réduction... » (Yanick Villedieu.)
D'après ce que je trouve dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, le nom idée s'écrit au pluriel dans l'expression ordre d'idées :
Cette réflexion est étrangère à la question, elle appartient à un autre ordre d'idées. (Ac., dans le Hanse-Blampain, à l'article « idée ».)
Dans le même ordre d'idées et avant d'aborder la narration de mes malheurs... (Courteline, dans le Trésor, à l'article « ordre ».)
Line Gingras
Québec
« Climat : nous et les autres » : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Carnets/plusRecent/2...
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20 décembre 2007
Un enfant, une enfant
« ... le traitement réservé à sa fille de 5 ans, qui voyageait seule. Selon Steve St-Louis, son enfant a été laissé à elle-même, jeudi, lors d'un vol entre Edmonton et Montréal, même si elle devait être accompagnée par le personnel de bord. » (Radio-Canada.)
Le nom enfant est masculin ou féminin, selon le sexe de la jeune personne :
Elle se souvenait d'avoir été une enfant malheureuse et délaissée. (Sand, dans le Petit Robert.)
... son enfant a été laissée à elle-même...
Line Gingras
Québec
« Un père en colère » : http://www.radio-canada.ca/regions/ottawa/2007/12/14/004-...
16:54 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
18 décembre 2007
Une Wallone, sa Wallonie
« "La Liégeoise, première Wallone à être élue miss Belgique depuis 2003, ne parle en effet pas le néerlandais." » (AFP, citant le quotidien flamand Het Laatste Nieuws.)
On écrit la Wallonie, mais une Wallonne, la culture wallonne.
* * * * *
« La cérémonie se déroulait à Anvers, au cœur de la Flandre, et lorsque Mlle Poulicek a avoué ne pas comprendre une question posée en néerlandais, elle s'est attirée les huées des 4000 spectateurs présents. »
Il arrive que le participe passé du verbe pronominal s'accorde avec le sujet; cet accord est toujours incorrect, cependant, lorsque le verbe a un complément d'objet direct qui n'est pas le pronom réfléchi, comme dans la phrase à l'étude : elle a attiré quoi? les huées. Le complément d'objet direct étant placé après le verbe, le participe passé doit rester invariable. On écrirait toutefois : Les huées qu'elle s'est attirées...
Le pronom réfléchi, s',est complément d'objet indirect : elle a attiré les huées à elle-même.
* * * * *
« Le quotidien constaste que... »
Line Gingras
Québec
« À peine élue, la nouvelle Miss Belgique sème la controverse » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071217/CPINSOLITE/712...
03:20 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
15 décembre 2007
Accord du participe passé du verbe impersonnel
« Elle a plutôt promis "une consultation d'envergure" pour l'automne. Consultation, il n'y a point eue. » (Manon Cornellier.)
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, le participe passé du verbe impersonnel reste toujours invariable :
Les orages qu'il y a eu. (Hanse-Blampain.)
Les gouttes qu'il a plu ont mouillé la nappe. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« Un gouvernement en sous-traitance » : http://www.ledevoir.com/2007/12/05/167311.html
02:50 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
13 décembre 2007
Un diagnostique
« ... des spécialistes devront se pencher sur son genou droit en début de semaine afin d’établir un diagnostique plus précis. » (François Gagnon.)
D'après le Petit Robert et le Multidictionnaire, l'adjectif s'écrit diagnostique mais le nom, diagnostic :
Un examen diagnostique, des signes diagnostiques. (Multidictionnaire.)
Poser, établir un diagnostic. (Petit Robert.)
Diagnostic n'est pas visé par les recommandations touchant la nouvelle orthographe.
Line Gingras
Québec
« Bégin et Smolinski hors combat » : http://blogues.cyberpresse.ca/gagnon/?p=70312759#more-703...
18:36 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
09 décembre 2007
Rabattre les oreilles
« Par exemple, madame la ministre et son règlement de trois minutes dont on nous rabat les oreilles ces jours-ci. » (Pierre Foglia.)
On rabat le caquet à quelqu'un, mais on lui rebat les oreilles :
S'il n'arrête pas de me rebattre les oreilles de ses récriminations, je vais lui rabattre le caquet.
Line Gingras
Québec
« Trois minutes d'écologie » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071208/CPOPINIONS05/7...
18:40 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
08 décembre 2007
Matte ou mate?
« ... une feuille de papier d'aluminium a deux faces : une brillante et une presque matte. » (Fabien Deglise.)
Le contraire de brillante, c'est mate :
Peinture mate. (Petit Robert.)
Une couleur mate. (Hanse-Blampain.)
Line Gingras
Québec
« Quand maman Dion perd la boule... Magik » : http://www.ledevoir.com/2007/12/08/167711.html
04:29 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
06 décembre 2007
Démêlées ou démêlés
« ... Luc Lavoie, qui a guidé avec un rare brio les relations publiques de Brian Mulroney dans ses démêlées avec Herr Schreiber... » (Patrick Lagacé.)
On écrit un démêlé, des démêlés; démêlé est un nom masculin qui s'emploie généralement au pluriel, au sens de « Contestation, querelle sur une affaire qui demande à être éclaircie et qui est l'objet de débats entre deux parties » (Trésor de la langue française informatisé) :
L'origine des démêlés du nouveau roi avec le pape. (Bainville, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« La meneuse de claques » : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70720675#comments
06:26 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
05 décembre 2007
Décimer le respect
« "Le folklore et la fierté qui entouraient la GRC s'étiolaient depuis quelque temps. Mais la vidéo de la mort de Robert Dziekanski a décimé ce qui restait du respect que les Canadiens ont longtemps éprouvé à l'endroit de leur police nationale." » (Manon Cornellier, citant John Martin, du Vancouver Province.)
Dans l'Antiquité romaine, décimer signifiait « mettre à mort une personne sur dix, désignée par le sort » (Petit Robert) :
Strabon [...] fit décimer ses soldats coupables d'avoir massacré des décurions milanais. (Mérimée, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
De nos jours, ce verbe s'emploie couramment au sens de « faire périr un grand nombre de personnes » :
Épidémie, guerre, famine, fléau qui décime une population, un pays, une armée. (Exemples relevés dans le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain.)
Ces régiments qui ont sauvagement décimé le prolétariat révolutionnaire? (Martin du Gard, dans le Lexis.)
Ces tribus que les puissances esclavagistes décimaient et déportaient. (Mauriac, dans le Trésor.)
La Bible et Hérodote sont d'accord pour signaler l'apparition fulgurante d'une peste qui décima, en une nuit, les 180 000 hommes de l'armée assyrienne, sauvant ainsi l'empire égyptien. (Artaud, dans le Trésor.)
Le Trésor donne en outre les exemples suivants, où décimer est utilisé par analogie ou par métaphore :
La seule et unique couche de sa fille [...] avait décimé les dents, fait tomber les cils, terni les yeux, gauchi la taille, flétri le teint. (Balzac, dans le Trésor.)
Tous les mauvais miasmes qui déciment l'organisme du soldat. (Martin du Gard, dans le Trésor.)
On lui [au poète] décima son vocabulaire. (Valéry, dans le Trésor.)
J'aimerais, en ce qui concerne ces trois dernières phrases, attirer l'attention sur le complément d'objet direct : nous avons affaire dans le premier cas à un pluriel, les dents; il est question dans le deuxième exemple d'un organisme - composé de nombreux organes; enfin, Valéry parle du vocabulaire, dont je n'apprendrai à personne qu'il réunit une grande quantité de mots.
Mais le respect? Comment, à la lumière de ce qui précède, quelque chose ou quelqu'un pourrait-il décimer le respect? Le respect n'est pas un ensemble dont on peut isoler des éléments. Je proposerais plutôt :
... la vidéo de la mort de Robert Dziekanski a détruit / a anéanti ce qui restait du respect que les Canadiens ont longtemps éprouvé à l'endroit de leur police nationale.
* * * * *
« "Les passagers avaient l'habitude d'être traités comme des clients dans les aéroports internationaux canadiens. Maintenant, il semble être perçus d'abord et avant tout comme des menaces à la sécurité." » (Cette fois, il s'agit de la traduction d'un article du Leader-Post, de Regina.)
De toute évidence, il semble ne devrait pas être présenté comme un tour impersonnel : les passagers semblent être perçus - ils semblent être perçus.
Line Gingras
Québec
« Revue de presse - Électrochoc policier » : http://www.ledevoir.com/2007/11/24/165847.html
15:00 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, impropriété, journalisme, presse
03 décembre 2007
Un privilège qui incombe aux députés
« En point de presse, il [le député François Gendron] a rappelé qu'il était normal qu'un gouvernement informe la population de ses orientations et "communique avec le public" mais que, dans le cas qui nous occupe, la ministre était entrée dans les détails, un privilège qui incombe normalement aux députés au moment de la présentation du projet de loi à l'Assemblée nationale. » (Isabelle Porter.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, incomber se dit à propos d'une charge, d'un devoir, d'une obligation, d'une responsabilité :
Ces réparations incombent au propriétaire de la maison. (Lexis.)
Dépenses, frais, fonction, mission, soin, tâche incombant à une personne. (Trésor.)
C'est un concert unanime de tout ce qui se prétend chef de quelqu'un ou de quelque chose pour rejeter la responsabilité qui lui incombe sur le subalterne coupable d'être trop bien entré dans l'esprit de ses supérieurs. (Clemenceau, dans le Trésor.)
En fait, c'est aux États-Unis qu'appartenait la décision, puisque l'effort principal leur incombait dorénavant. (De Gaulle, dans le Trésor.)
Or, le privilège se définit comme un « droit, [un] avantage particulier accordé à un seul individu ou à une catégorie, en dehors de la loi commune » (Petit Robert). Un privilège ne saurait donc incomber aux députés - il leur appartient ou leur revient, plutôt. Dans la phrase qui nous intéresse, étant donné que ce ne sont pas les députés qui entrent dans les détails, je crois qu'il aurait fallu écrire :
... la ministre était entrée dans les détails, ce qui se fait normalement devant les députés, au moment de la présentation du projet de loi à l'Assemblée nationale.
Line Gingras
Québec
« La ministre des Transports heurte les susceptibilités de l'opposition péquiste » : http://www.ledevoir.com/2007/11/14/164365.html
04:10 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, impropriété, journalisme, presse
01 décembre 2007
Faire planer une menace à quelqu'un
« Ceux qui fréquent la mosquée jour et nuit, qui font évacuer des cabanes à sucre entières pour prier Allah, qui lapident leurs (multiples) épouses sur la voie publique, qui font planer une menace de djihad armé à une directrice d'école si la flûte à bec est au programme du cours de musique... » (Patrick Lagacé, dans La Presse.)
Faudra que je demande à mon beau-frère ce qu'il peut bien avoir contre la flûte à bec, mon instrument préféré...
Mais non, le journaliste plaisante. Seulement, je suis d'avis qu'il se trompe de préposition; d'après les exemples que donnent les dictionnaires généraux, une menace ne plane pas à quelqu'un ou quelque chose, mais sur quelqu'un ou quelque chose :
... la douleur et le deuil qui planaient sur cette maison. (Balzac, dans le Petit Robert.)
Un régime de terreur planait sur la Gaule. (Fustel de Coulanges, dans le Lexis.)
C'est une cérémonie religieuse qu'une tragédie grecque. [...] toujours le destin planant sur la vie de l'homme. (Staël, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
L'enfant ne répond pas, obstinément, laissant planer sur son père le soupçon que c'est lui qui l'a jeté par la fenêtre. (Goncourt, dans le Trésor.)
Il manœuvre avec son dossier secret pour laisser planer un doute [...] sur l'innocence de Dreyfus. (Clemenceau, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Voile maudit » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071126/CPOPINIONS05/7...
06:04 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
30 novembre 2007
Ils arrivent bon dernier
« Les jeunes Québécois lisent de moins en moins bien [...] Et à l’échelle du Canada, ils arrivent bon dernier. » (Ariane Lacoursière, dans La Presse.)
D'après ce que je vois dans le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, à l'article « bon », les deux éléments des expressions bon premier et bon dernier (celle-ci étant utilisée par ironie, selon le Trésor de la langue française informatisé) varient en genre et en nombre :
Elles se sont classées bonnes premières. (Multidictionnaire.)
Et à l'échelle du Canada, ils arrivent bons derniers.
* * * * *
« Selon M. Martinez, cette statistique explique en grande partie les mauvais résultats des jeunes Québécois. L’étude du CIEAS révèle également que la lecture n’occupe pas une place de choix dans la vie des Québécois. Alors que 39 % des jeunes albertains possèdent plus de 100 livres à la maison... »
Le gentilé (« dénomination des habitants d'un lieu, relativement à ce lieu », d'après le Petit Robert) est un nom propre; il prend donc la majuscule : les jeunes Québécois, les jeunes Français, les jeunes Canadiens, les jeunes Albertains.
* * * * *
Lorsque j'ai lu cet article pour la première fois hier soir, j'y ai relevé aussi deux fautes d'accord du participe passé employé avec avoir, et une faute d'accord de l'adjectif possessif - trois fautes bêtes que je trouvais plutôt gênantes, comme il s'agit d'un texte sur les « habiletés de lecture ». Depuis, il semble que les correcteurs soient passés par là (même s'ils n'ont pas tout vu), du moins pour la version Internet du journal. Mais un autre blogueur avait déjà signalé ces erreurs. Et l'adresse de l'article a changé...
Line Gingras
Québec
http://www.cyberpresse.ca/article/20071129/CPACTUALITES/7... (ancienne adresse; ne fonctionne plus)
18:45 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
28 novembre 2007
Il ne dit goutte
« Stephen Harper n'a pas entièrement tort de vouloir que tous les pays montent dans le train. Mais comment? Il ne dit goutte. » (Manon Cornellier.)
Selon le Petit Robert, la négation renforcée ne... goutte s'utilise, par archaïsme ou par plaisanterie, avec les verbes voir, entendre, comprendre et connaître. D'après le Lexis, qui tient ces expressions pour littéraires, ne voir, n'entendre, ne comprendre goutte, c'est ne rien voir, ne rien entendre, ne rien comprendre :
C'est tout noir dans la cave : je n'y vois goutte. (Multidictionnaire.)
On n'y voyait goutte pour faire une partie de piquet. (France, dans le Lexis.)
Quand il n'y voit goutte, le plus malin n'est pas fier. (Bernanos, dans le Petit Robert.)
Vieux, boiteux, n'y voyant goutte, probablement un peu sourd. (Hugo, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
C'est un homme qui ne voit goutte dans ses affaires. (Hanse et Blampain.)
Je n'y entends goutte, à votre affaire. (Lexis.)
Ils ne comprennent goutte à ma conduite. (Hugo, dans le Trésor.)
Je n'ai trouvé d'exemples qu'avec ces trois verbes. Je proposerais donc :
Il n'en dit rien.
Il n'en dit pas un mot.
* * * * *
Il faut lire l'excellent article de madame Cornellier.
Line Gingras
Québec
« Faire payer les pauvres » : http://www.ledevoir.com/2007/11/28/166390.html
18:47 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
24 novembre 2007
Un adversaire, une adversaire
« C'est la Maison-Blanche qui, au milieu de la présente année, s'est mis en tête d'associer Moucharraf avec son vieil adversaire politique Benazir Bhutto. » (Serge Truffaut.)
Le nom adversaire s'emploie au féminin comme au masculin. (Voir le Petit Robert, le Multidictionnaire ou Le bon usage, douzième édition, paragraphe 480.) Et Benazir Bhutto est une femme. Il fallait donc écrire avec sa vieille adversaire - ou avec son adversaire, le déterminant possessif sa étant remplacé par son devant une voyelle.
« Depuis quarante-huit heures, le président pakistanais Pervez Moucharraf fait penser au chien qui essaye de se mordre la queue. Il implore les uns et menace les autres. Il libère des avocats mais musellent d'autres médias. »
L'adjectif autres est de trop : comme les avocats ne sont pas des médias, il n'y a pas lieu de les distinguer d'« autres » éléments de cette catégorie.
Ce ne sont pas les avocats qui musellent des médias, mais le président du Pakistan, représenté par le pronom il :
Il libère des avocats mais muselle des médias.
Line Gingras
Québec
« L'ennemi de mon ennemi » : http://www.ledevoir.com/2007/11/21/165194.html
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
23 novembre 2007
Armes de destruction massives
« Vrai danger - Que les "neocons" de Washington, moins affaiblis qu'on ne l'a prétendu, accélèrent les préparatifs d'une attaque militaire contre l'Iran et refassent à l'opinion publique américaine - ainsi qu'à l'élite politique de Washington - le coup des "armes de destruction massives". » (François Brousseau.)
Le Petit Robert, à l'article « destruction » comme à l'article « arme », donne l'expression armes de destruction massive (« armes nucléaires, biologiques ou chimiques »). Il convient effectivement, à mon avis, d'accorder l'adjectif massive au singulier, puisque c'est la destruction qui serait massive.
Line Gingras
Québec
« Vrais et faux dangers » : http://www.ledevoir.com/2007/11/19/164968.html
20:30 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse