19 avril 2015
Il roulait à sens inverse
À sens inverse, en sens inverse; sur la rue, dans la rue; prépositions.
- Une autre version soutient que le policier a reculé pour intercepter le cycliste qui roulait à sens inverse sur la rue Saint-François.
(Jean-François Néron, dans Le Soleil du 3 septembre 2014.)
Deux observations :
1. Il y a des rues à sens unique, mais on roule en sens inverse :
Faire le même trajet en sens inverse. (Petit Robert, « inverse ».)
Machine composée de deux cylindres d'acier tournant en sens inverse entre lesquels on fait passer le métal à laminer. (Petit Robert, définition de « laminoir ».)
Disposer ou faire mouvoir en sens inverse, en mettant avant ce qui était après. (Petit Robert, définition de « renverser ».)
Qui va en sens inverse de son sens initial, qui revient vers son point de départ. (Petit Robert, définition de « rétrograde ».)
Accident de la circulation dans lequel deux véhicules roulant en sens inverse se heurtent de front. (Grand Robert, définition de « collision frontale », à l'article « frontal ».)
Messieurs, faisons volte-face et tournons en sens inverse! C'est en cherchant les Indes par la route de l'ouest que Colomb a découvert l'Amérique. (Romains dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « inverse ».)
2. Sauf dans des constructions du genre donner sur la rue ou avec vue sur la rue, il faut employer la préposition dans, et non sur, devant le nom rue :
Porte qui donne sur la rue, sur un jardin. (Petit Robert, à l'article « donner ».)
Aborder quelqu'un dans la rue. (Petit Robert, à l'article « aborder ».)
Vous ressemblez à une espèce de cloche, on vous donnerait deux sous dans la rue. (C. Simon dans le Petit Robert, à l'article « cloche ».)
C'est l'heure de payer ton terme, ou d'aller crever dans la rue. (Bloy dans le Petit Robert, à l'article « crever ».)
Lorsque je le croise dans la rue, il m'ignore. (Petit Robert, à l'article « ignorer ».)
Gamins qui jouent dans la rue. (Petit Robert, à l'article « jouer ».)
Il fallait écrire :
Une autre version soutient que le policier a reculé pour intercepter le cycliste, qui roulait en sens inverse dans la rue Saint-François.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Cycliste écrasé par la police dans Saint-Roch » : http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/justice-et-fa...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
18 avril 2015
Sommes toutes
Sommes toutes, somme toute; orthographe.
- En vertu de la loi conservatrice, déplore la juge, même dans ces cas sommes toutes banals, les personnes devraient passer un minimum de trois ans derrière les barreaux [...]
(Hélène Buzzetti dans le site du Devoir, le 14 avril 2015 à 19 h 49.)
D'après le résultat de mes recherches, la locution adverbiale somme toute ne prend jamais la marque du pluriel :
[...] une sagesse souriante; assez semblable, somme toute, à celle de Montaigne. (Gide dans le Petit Robert, à l'article « semblable ».)
Somme toute, et pour tout résumer d'un mot, le gamin est un être qui s'amuse, parce qu'il est malheureux. (Hugo dans le Grand Robert, à l'article « gamin ».)
Je me réveillais en sursaut, pensant que j'avais perdu ma vie, que je la perdais encore, que je travaillais comme un forçat, pour un loyer somme toute médiocre […] (G. Duhamel dans le Grand Robert, à l'article « loyer ».)
S'il avait moins de sévérité que son frère pour le monde actuel, s'il s'en accommodait, somme toute, assez bien [...] (Martin du Gard dans le Grand Robert, à l'article « opportunisme ».)
Je vous cache les blessures secrètes, sans nombre, infinies; elles n'étaient rien, si je les compare aux consolations qui aussitôt les guérissaient. Somme toute, j'étais heureux... (Fromentin dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « somme ».)
Il fallait écrire :
En vertu de la loi conservatrice, déplore la juge, même dans ces cas somme toute banals, les personnes devraient passer un minimum de trois ans derrière les barreaux [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Revers important pour le gouvernement conservateur » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/437138/peines-mi...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
02:40 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
16 avril 2015
Distractions
- Pour un politicien, peu de choses sont aussi désagréables que de retrouver son nom dans une phase contenant le mot « fraude », même s’il n’y est pour rien.
(Michel David, dans Le Devoir du 16 avril 2015.)
Dans une phrase*.
- [...] on a appris cette semaine qu’il siégeait également à celui de la minière Canadian Ressources, qui a bénéficié récemment d’un prêt de 100 millions d’Investissement Québec.
Cela m'étonnerait qu'une entreprise porte le nom de Canadian Ressources, étant donné qu'on écrit ressources en français, mais resources en anglais. Monsieur David ne voudrait-il pas parler de la société minière Canadian Royalties*?
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
* Le 17 avril à 12 h 30, je vois que la correction a été apportée.
« Le distrait » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/437447/le-distrait
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
14:47 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 avril 2015
Coups de butoir
Coups de butoir, coups de boutoir; butoir, boutoir; paronymes.
- Protéger le système de justice en arrêtant de lui asséner des coups de butoir rendrait un bien meilleur service.
(Josée Boileau, dans Le Devoir du 15 avril 2015.)
C'est plutôt de coups de boutoir qu'il s'agit :
Les pertes et le trouble causés à la VIIIe armée par les coups de boutoir [attaques brusques et répétées] de l'ennemi [...] (De Gaulle dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « boutoir ».)
Les coups de boutoir [traits d'humeur, paroles rudes et blessantes] de Flaubert. (E. et J. de Goncourt, même source.)
Les coups de boutoir de mon cœur. (Sagan, même source.)
Il fallait écrire :
Protéger le système de justice en arrêtant de lui asséner des coups de boutoir rendrait un bien meilleur service.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« La rebuffade » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/437331/peines-mi...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
12 avril 2015
On a qu'à...
- Aujourd’hui, on a qu’à jeter un coup d’œil du côté de la contestation étudiante pour voir combien les forces vives s’éparpillent et la vision s’embrouille.
(Francine Pelletier, dans Le Devoir du 8 avril 2015.)
Aujourd’hui, on n'a qu’à jeter un coup d’œil du côté de la contestation étudiante pour voir combien les forces vives s’éparpillent et la vision s’embrouille.
- Selon un ancien secrétaire des communications de l’ASSÉ lors du printemps 2012, Ludvic Moquin Beaudry, en proposant un repli stratégique, l’ancien exécutif ne pêchait ni par le fond ni par la forme.
L'ancien exécutif n'allait pas à la pêche? Personne ne dira le contraire :
Selon un ancien secrétaire des communications de l’ASSÉ lors du printemps 2012, Ludvic Moquin Beaudry, en proposant un repli stratégique, l’ancien exécutif ne péchait ni par le fond ni par la forme.
Il y a pêcher et pécher.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Nous » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/436...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
05 avril 2015
S'apparenter de, s'apparenter à
S'apparenter de, s'apparenter à; s'apparenter de quelque chose, s'apparenter à quelque chose; s'apparenter de quelqu'un, s'apparenter à quelqu'un; grammaire française; syntaxe; prépositions.
- [...] ses 12 sous-régions viticoles marquées par une mosaïque impressionnante de terroir [...]
(Jean Aubry, dans Le Devoir du 3 avril 2015.)
Au sens figuré, une mosaïque est un « ensemble d'éléments juxtaposés », un « ouvrage fait de pièces et de morceaux » (Petit Robert). Dans la phrase à l'étude, il est question d'une mosaïque composée de nombreux terroirs :
[...] ses 12 sous-régions viticoles marquées par une mosaïque impressionnante de terroirs [...]
- L’Italie proche fournit tout de même des références ampélographiques avec, par exemple, le terrano (confondu avec le refosco, dont il s’apparente sur le plan organoleptique) [...]
Le complément du verbe s'apparenter est introduit au moyen de la préposition à :
Le goût de l'orange s'apparente à celui de la mandarine. (Petit Robert.)
[...] quelque chose de droit et d'immuable par où il [Tolstoï] s'apparentait à un arbre, à un chêne. (Du Bos, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il fallait écrire :
L’Italie proche fournit tout de même des références ampélographiques avec, par exemple, le terrano (confondu avec le refosco, auquel il s’apparente sur le plan organoleptique) [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Trouver sa place sur l’échiquier mondial (1) » : http://www.ledevoir.com/art-de-vivre/vin/436282/croatie-t...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
29 mars 2015
De Gengis Kahn à François Mitterand
- [...] de François Mitterand à Marine Le Pen et de Jacques Parizeau à Philippe Couillard.
(Francine Pelletier, dans Le Devoir du 25 mars 2015.)
Le nom de famille de l'ancien président prend deux r : François Mitterrand.
- [...] Gaétan Barrette, le Gengis Kahn du corps médical [...]
D'après mon Petit Robert des noms propres et les résultats d'une recherche Google, on écrit Gengis Khan.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Nous sommes le peuple! » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/435...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:54 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Tags : journalisme, presse, médias
27 mars 2015
Sensationalisme
- Mercredi, sur les ondes de LCN, M. Khadir justifiait les manifestations de la veille en reprochant aux médias, « qui s'alimentent dans le sensationalisme et dans la violence », de repasser en boucle les affrontements de mardi soir avec la police.
(Gilbert Lavoie, dans Le Soleil du 26 mars 2015.)
On écrit sensationnalisme :
Presse assoiffée de sensationnalisme. (Petit Robert.)
Ce mot n'est pas visé par les rectifications de l'orthographe.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Khadir a la mémoire courte » : http://www.lapresse.ca/le-soleil/opinions/chroniqueurs/20...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
25 mars 2015
Le Nouveau Parti démocrate
- [...] a répondu M. Harper, hier, au chef du Nouveau Parti démocrate (NPD), Thomas Mulcair.
(Manon Cornellier, dans Le Devoir du 25 mars 2015.)
Monsieur Mulcair dirige le Nouveau Parti démocratique. Voir le site du parti.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Dans le tordeur » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/435417/dans-le-t...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
21:24 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : journalisme, presse, médias
22 mars 2015
Vous paranoïez?
Paranoïer.
- Il paranoïe à l’idée d’être reconnu par un ex-codétenu.
(Lisa-Marie Gervais, dans Le Devoir du 21 mars 2015.)
Je ne trouve pas le verbe paranoïer dans les dictionnaires (j'ai consulté le Multidictionnaire, le Petit Robert, le Grand Robert et le Trésor de la langue française informatisé). Je proposerais de le remplacer par angoisser, paniquer, être mort de peur, être terrifié.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Briser le cycle infernal des agressions sexuelles » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/435...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
16 mars 2015
Les collègues de qui?
- Cette stratégie manichéenne qui oppose sécurité et droits de la personne vise à mettre les partis d’opposition sur la défensive. L’illustre bien le comportement des libéraux. Prompts à se lever pour défendre le port du niqab en toutes circonstances au nom de la défense sacrée des droits et libertés, tous ses collègues s’assoient quand le débat porte sur C-51 pour lequel on votera en dépit des droits et libertés que ce projet restreindra. Son chef, Justin Trudeau, reconnaît que n’eut été le contexte préélectoral présent, il voterait autrement. Un choix sans doute difficile, mais néanmoins bien peu honorable.
(Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 14 mars 2015.)
Trois observations :
- Ses collègues — les collègues de qui? Aucun nom singulier ne l'indique dans les phrases qui précèdent.
- Son chef — il s'agit du chef du Parti libéral, mais le nom de ce parti ne figure pas non plus dans les phrases qui précèdent; il est seulement évoqué par le pluriel des libéraux.
- N'eut été — la lettre u, dans les terminaisons verbales de la troisième personne du singulier de l'imparfait et du plus-que-parfait du subjonctif, n'est pas visée par les rectifications de l'orthographe; elle doit donc conserver son accent circonflexe.
On pouvait écrire :
Cette stratégie manichéenne qui oppose sécurité et droits de la personne vise à mettre les partis d’opposition sur la défensive. L’illustre bien le comportement du Parti libéral. Prompts à se lever pour défendre le port du niqab en toutes circonstances au nom de la défense sacrée des droits et libertés, tous ses députés [ou tous les députés de ce parti] s’assoient quand le débat porte sur
C-51, pour lequel on votera en dépit des droits et libertés que ce projet restreindra. Son chef [ou leur chef], Justin Trudeau, reconnaît que n’eût été le contexte préélectoral présent, il voterait autrement. Un choix sans doute difficile, mais néanmoins bien peu honorable.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Dérapages politiques » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/434447/c-51-dera...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
10 mars 2015
Cela révèle de l'évidence
Révéler de l'évidence, relever de l'évidence; paronymes.
- Dire que feu ces messieurs faisaient des dessins d’un machisme insoutenable révèle de l’évidence.
(Odile Tremblay, dans Le Devoir du 7 mars 2015.)
Il ne s'agit pas d'une révélation, mais d'une chose qui est du domaine de l'évidence, qui relève de l'évidence :
Sa guérison relève du miracle. (Petit Robert.)
L'emploi (abusif) de Arabe pour Maghrébin et celui de nombreux synonymes péjoratifs et injurieux [...] relèvent du racisme hérité d'une idéologie colonialiste, développée par la présence de nombreux travailleurs immigrés en France. (Remarque du Grand Robert à l'article « arabe ».)
Habitude qui relève de l'enfantillage. (Trésor de la langue française informatisé.)
Il fallait écrire :
Dire que feu ces messieurs faisaient des dessins d’un machisme insoutenable relève de l’évidence.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Les filles des caricatures » : http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/43...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
19:35 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
08 mars 2015
Elle a été mandatée de réévaluer les conditions
Mandater quelqu'un de faire quelque chose, mandater quelqu'un pour faire quelque chose; grammaire française; syntaxe.
- Et quand un ministre comme Yves Bolduc démissionne moins d’un an après avoir été élu avec une prime de 155 000 $ pour retourner pratiquer la médecine, ne nous étonnons qu’un tel privilège soit dénoncé comme abusif [...]
(Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 5 mars 2015.)
[...] ne nous étonnons pas* qu'un tel privilège soit dénoncé comme abusif [...]
* * * * *
- Il y a des limites toutefois à se scandaliser jusqu’à faire porter aux parlementaires l’ensemble des péchés du monde et de leur trouver, comme certains le font, tous les défauts, dont celui d’être trop payés.
Il y a des limites toutefois à se scandaliser jusqu’à faire porter aux parlementaires l’ensemble des péchés du monde et à* leur trouver, comme certains le font, tous les défauts, dont celui d’être trop payés.
* * * * *
- [...] l’ex-juge de la Cour suprême Claire L’Heureux-Dubé, mandatée par le gouvernement Charest de réévaluer l’ensemble des conditions de rémunération des députés.
De nouvelles recherches viennent confirmer l'avis que je donnais il y a cinq ans : on charge quelqu'un de quelque chose ou de faire quelque chose, mais c'est la préposition pour qui s'emploie avec le verbe mandater :
S'il s'agissait d'un petit diplomate ordinaire, je me dirais que Berlin hésite à le mandater pour une conversation décisive. (J. Romains, dans le Grand Robert.)
Prendre part à une contestation judiciaire en cours, directement ou par le moyen d'un représentant mandaté pour défendre ses droits ou ceux d'une des parties. (Trésor de la langue française informatisé, « intervenir ».)
Entreprise mandatée pour les négociations extérieures [...] (CIDA 1973 dans le Trésor, à l'article « entreprise ».)
Il fallait écrire :
[...] l’ex-juge de la Cour suprême Claire L’Heureux-Dubé, mandatée par le gouvernement Charest pour* réévaluer l’ensemble des conditions de rémunération des députés.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
* Le 9 mars à 22 h, je vois que la correction a été apportée.
« Le temps d'agir » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/433526/salaire-d...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
16:54 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
03 mars 2015
Propre de favoriser, propre à favoriser
Propre de + infinitif, propre à + infinitif; grammaire française; syntaxe; préposition.
- Or, constatent à leur tour les évêques, les institutions publiques qui devaient servir de garde-fou, notamment les ordres professionnels — se sont révélées d’une faiblesse propre de favoriser la corruption.
(Jean-Claude Leclerc, dans Le Devoir du 2 mars 2015.)
Pour dire « de nature à », on emploie l'adjectif propre avec la préposition à devant un infinitif :
C'était peu propre à me rassurer. (Hanse et Blampain.)
Un ouvrage propre à former les esprits. (Petit Robert.)
[Rien] n'était plus propre à me toucher que cette émotion contenue. (Gide, dans le Petit Robert.)
[...] vous avez carte blanche pour user de tous les moyens qui vous paraîtront propres à le dompter. (Mauriac, dans le Grand Robert.)
[...] cette discipline était énergique, bien propre à former des hommes. (G. Duhamel, dans le Grand Robert.)
Les humanités classiques sont-elles seules propres à former l'élite directrice d'un pays moderne? (Thibaudet, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Rien n'était plus propre à surexciter les Parisiens, après les souffrances et l'énervement du siège... (Bainville, dans le Trésor.)
Il fallait écrire :
Or, constatent à leur tour les évêques, les institutions publiques qui devaient servir de garde-fou, notamment les ordres professionnels, se sont révélées d’une faiblesse propre à* favoriser la corruption.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
* Le 4 mars à 15 h 25, je vois que la correction a été apportée.
« Réflexion pour le Québec » : http://www.ledevoir.com/societe/ethique-et-religion/43323...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
01 mars 2015
Rembourser quelqu'un quelque chose
Rembourser quelqu'un quelque chose, rembourser quelque chose à quelqu'un; grammaire française; syntaxe.
- [...] le recul du ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, qui a renoncé à rembourser les contribuables de Longueuil une hausse de taxe que la mairesse Caroline St-Hilaire a imputée aux compressions du gouvernement libéral.
(Martin Croteau dans le site de La Presse, le 24 février 2015; texte mis à jour à 13 h 23.)
On peut rembourser quelqu'un ou le rembourser de ses dépenses, de ses frais, de ses avances, mais on rembourse quelque chose à quelqu'un (et non pas quelqu'un quelque chose) :
Les mille francs qu'on lui a remboursés. (Hanse et Blampain.)
L'entreprise lui rembourse ses frais de déplacement. (Multidictionnaire.)
Rembourser une somme d'argent à un prêteur. (Petit Robert.)
[...] le jour où il aurait remboursé cette somme à son père, il deviendrait seul et unique propriétaire de l'imprimerie. (Balzac dans le Grand Robert, à l'article « libérer ».)
Il remboursa [...] au duc de Juliers une partie des dégâts qu'on avait faits dans son pays. (Barante, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il fallait écrire :
[...] le recul du ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, qui a renoncé à rembourser aux contribuables de Longueuil une hausse de taxe que la mairesse Caroline St-Hilaire a imputée aux compressions du gouvernement libéral.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Philippe Couillard rappelle ses troupes à l'ordre » : http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-que...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:14 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
20 février 2015
Comment le manquer?
- En revanche, pour les enfants, ce programme est devenu l'immanquable rendez-vous quotidien de 18 h 30, à ne manquer sous aucun prétexte.
(Aurélia Vertaldi dans lefigaro.fr; texte mis à jour le 20 février 2015 à 10 h 45.)
En revanche, pour les enfants, ce programme est devenu le rendez-vous quotidien de 18 h 30, à ne manquer sous aucun prétexte.
* * * * *
- Elle décide de ne pas révéler la nouvelle à son père un brin sur-protecteur.
On écrit surprotecteur, sans trait d'union :
Des mères surprotectrices, contrastant avec des pères absents. (F.-B. Michel, dans le Petit Robert.)
* * * * *
- [...] la blonde peste de la série qui arbore des tenues afriolantes [...]
L'adjectif affriolantes prend deux f :
Un programme qui n'a rien d'affriolant. (Petit Robert.)
Ce mot n'est pas visé par les rectifications de l'orthographe.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Violetta met les enfants en transe au Zénith » : http://www.lefigaro.fr/musique/2015/02/19/03006-20150219A...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
16 février 2015
Souvenez-vous
Se souvenir quelque chose ou se souvenir de quelque chose; grammaire française; syntaxe.
- Souvenez-vous cette scène, dans The Matrix des frères Wachoski [...]
(David Desjardins, dans Le Devoir du 14 février 2015.)
Deux observations :
- D'après les résultats d'une recherche Google, il s'agit plutôt des frères Wachowski.
- Le verbe se souvenir, au contraire de se rappeler, introduit son complément au moyen de la préposition de.
Il fallait écrire :
Souvenez-vous de cette scène, dans The Matrix des frères Wachowski [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« On joue? » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/431...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 février 2015
On ne peut mieux
- Déjà en 1927, on tient à Québec, à la résidence du lieutenant-gouverneur, un grand bal où Narcisse Pérodeau — on ne peut mieux nommé pareille potiche royale — paraît au public déguisé en Louis XIV [...]
(Jean-François Nadeau, dans Le Devoir du 9 février 2015.)
On dirait : On ne peut mieux décrire [et non pas décrit ni décrite] pareille potiche royale. Il fallait donc employer l'infinitif :
Déjà en 1927, on tient à Québec, à la résidence du lieutenant-gouverneur, un grand bal où Narcisse Pérodeau — on ne peut mieux nommer* pareille potiche royale — paraît au public déguisé en Louis XIV [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
* Le 16 février à 19 h 30, je vois que la correction a été apportée.
« La ligne du sang » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/431...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
13 février 2015
Les deux femmes en liste
En liste ou en lice; paronymes.
- En fait, le Parti conservateur avait reporté l’assemblée de mise en nomination à cause d’allégations d’irrégularités de la part des deux femmes en liste.
(Manon Cornellier, dans Le Devoir du 11 février 2015.)
Comme le signale Marie-Éva de Villers, des personnes qui s'affrontent ou qui sont engagées dans une compétition ne sont pas en liste, mais en lice :
Ces auteurs sont en lice pour un prix littéraire. (Multidictionnaire, « lice ».)
« Élections primaires, ou n. f. les primaires : premier tour de scrutin lorsque restent en lice plusieurs candidats d'une même tendance. » (Petit Robert, « primaire ».)
La lice était autrefois un « champ clos où se déroulaient des joutes, des tournois » (Grand Robert).
On pouvait écrire :
En fait, le Parti conservateur avait reporté l’assemblée d'investiture à cause d’allégations d’irrégularités de la part des deux femmes en lice.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Les vraies affaires » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/431496/les-vraie...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:51 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
07 février 2015
Livrer une conférence
Livrer un discours, livrer une conférence; to deliver a speech; anglicisme.
- Et voilà que mardi matin l’hebdomadaire Marianne annonce que Sarkozy, le patron de l’UMP, s’est envolé dans la matinée de lundi pour Abou Dhabi afin d’y livrer une conférence bien « payante ».
(Serge Truffaut, dans Le Devoir du 6 février 2015.)
Ne nous laissons pas influencer par l'anglais to deliver a speech : en français on prononce ou on fait un discours ou une allocution, on fait, on donne ou on prononce une conférence. (J'ai consulté le Dagenais, le Meertens, le Petit Robert, le Grand Robert et le Trésor de la langue française informatisé.)
Je lis d'ailleurs dans Marianne :
[...] alors que son parti se déchirait sur la position à adopter après l'élimination de son candidat dans la législative partielle du Doubs, l'ancien chef d'État s'était envolé pour Abou Dhabi pour y donner une très rémunératrice conférence... (Thibaut Pézerat. C'est moi qui souligne.)
L'éditorialiste aurait pu écrire :
Et voilà que mardi matin l’hebdomadaire Marianne annonce que Sarkozy, le patron de l’UMP, s’est envolé dans la matinée de lundi pour Abou Dhabi afin d’y donner une conférence bien « payante ».
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Où était Nicolas? » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
02 février 2015
Jamais l'Hexagone n'aura-t-elle vécu...
Jamais et l'inversion du sujet; grammaire française; syntaxe.
Hexagone, genre; Hexagone, masculin ou féminin.
- De fait, jamais depuis 25 ans l’Hexagone n’aura-t-elle vécu pareille vague d’immigration vers Israël qu’en 2014.
(Odile Tremblay, dans Le Devoir du 31 janvier 2015.)
Deux observations :
- Hexagone est un nom masculin, même lorsqu'il désigne la France métropolitaine. J'ai consulté là-dessus le Petit Robert, le Grand Robert, le Trésor de la langue française informatisé, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain.
- Suivant ce que je peux voir dans le Petit Robert, le Grand Robert et le Trésor, on ne fait généralement pas l'inversion du sujet après jamais :
Jamais vocation d'écrivain ne fut plus évidente. (Maurois, dans le Petit Robert.)
Jamais, au grand jamais, je n'accepterai. (Petit Robert, Grand Robert.)
Il faut être juste : jamais on n'a vécu plus à l'aise que de 1830 à 1848. (Renan, dans le Trésor.)
Depuis dix ans qu'il était à Rio de Janeiro jamais Kéroual n'avait raté l'arrivée ou le départ d'un bateau de France. (Cendrars, dans le Trésor.)
Jamais encore Jean n'avait embrassé Henriette. (Zola, dans le Trésor.)
Au grand jamais je ne ferai cela. (Académie, dans le Trésor.)
Jamais, au grand jamais, il ne se serait attendu à être torturé par un bourreau. (Lautréamont, dans le Trésor.)
[...] malgré ce qu'on dit du bavardage des femmes, jamais secret ne fut mieux gardé. (Th. Gautier dans le Grand Robert, à l'article « garder ».)
Jamais nous ne fûmes plus attentifs. (Grand Robert.)
Jamais, au grand jamais je ne me suis occupé de marché noir, sinon comme client et dans la mesure où mes moyens me le permettent. (Aymé, dans le Grand Robert.)
Jamais, au grand jamais ne s'était vue pareille fricassée d'armée, de voitures, d'artillerie. (Grand Robert.)
Je recommanderais d'écrire :
De fait, jamais depuis 25 ans l’Hexagone n’aura vécu pareille vague d’immigration vers Israël qu’en 2014.
* * * * *
-
« On ne peut plus rester en France, disait au Musée du Louvre deux gardiens d’origine juive. Il faut partir là-bas. »
Ce sont deux gardiens qui disaient cela :
« On ne peut plus rester en France, disaient au Musée du Louvre deux gardiens d’origine juive. Il faut partir là-bas. »
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Anne Frank en chacun de nous » : http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/43...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias