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22 juin 2014

Levée de bouclier

Levée de bouclier, levée de boucliers; orthographe.

  • Levée de bouclier contre les propos rétrogrades de MacKay
    (Titre d'un article d'Hélène Buzzetti, dans Le Devoir du 20 juin 2014.)

D'après le Multidictionnaire (à l'article « levée »), le Petit Robert, le Lexis, Usito et le Trésor de la langue française informatisé, bouclier prend la marque du pluriel dans l'expression levée de boucliers. Au sens propre, il s'agit d'une « démonstration par laquelle les soldats romains exprimaient leur résistance aux volontés de leur général » (Petit Robert, à l'article « bouclier »); au sens figuré, la locution rend l'idée d'une « protestation unanime » (Usito et Trésor, à l'article « bouclier »), d'une « attaque concertée contre une autorité quelconque » (Lexis, à l'article « levée ») :

Le projet de loi fut accueilli par une véritable levée de boucliers. (Lexis, à l'article « bouclier ».)

Je vous dirai même qu'au Jockey, quand on a appris ces prouesses, cela a été une levée de boucliers, un véritable tollé. (Proust dans le Trésor, à l'article « bouclier ».)

Il fallait écrire :

Levée de boucliers contre les propos rétrogrades de MacKay

* * * * *

  • Le ministre de la Justice, Peter MacKay, se retrouve sur la selette pour ses propos concernant les femmes dans la magistrature.

On est sur la sellette, avec deux l :

La majorité s'ennuie et pour passer le temps elle met sur la sellette quelques membres du cabinet et ne les abandonne qu'après leur avoir fait dire toutes les bêtises du monde. (Mérimée, dans le Trésor.)

Il fallait écrire :

Le ministre de la Justice, Peter MacKay, se retrouve sur la sellette pour ses propos concernant les femmes dans la magistrature.

La sellette désignait autrefois, nous dit Usito, le « petit siège sur lequel on faisait asseoir un accusé au tribunal ».

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Levée de bouclier [sic] contre les propos rétrogrades de MacKay » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/411597/femmes-et...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

12 juin 2014

Ça n'a rien à avoir

  • Une éducation parallèle, qui n’a rien à avoir avec l’école officielle.
    (Lisa-Marie Gervais, dans Le Devoir du 16 mai 2014.)

Pour dire « n'avoir aucun rapport » ou « cela n'a aucun rapport », « c'est tout différent, ce n'est pas comparable » (Petit Robert), on emploie les expressions n'avoir rien à voir, cela n'a rien à voir :

La patience n'a rien à voir avec la simple attente. (Gide, à l'article « voir ».)

L'éducation, l'instruction n'ont rien à voir avec les dispositions artistiques. (F. Léger, à l'article « disposition ».)

Tous les hommes ont peur. Tous. Celui qui n'a pas peur n'est pas normal; ça n'a rien à voir avec le courage. (Sartre, à l'article « peur ».)

Il fallait écrire :

Une éducation parallèle, qui n’a rien à voir avec l’école officielle.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« À la petite école des zapatistes » : http://www.ledevoir.com/societe/education/408505/document...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

07 juin 2014

Il a resté prudent

Il a resté, il est resté; rester, avec être ou avoir; rester, choix de l'auxiliaire; grammaire française.

  • Le ministre de la Justice, Peter MacKay, a pour sa part resté prudent lorsque la question sur le contrôle des armes à feu lui a été posée.
    (Mélanie Loisel, dans Le Devoir du 6 juin 2014.)

D'après ce que je vois dans le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, le verbe rester doit se conjuguer avec l'auxiliaire être (« dans tous les cas », précise le Hanse-Blampain) :

Il ne lui est resté que l'espérance. (Hanse-Blampain.)

La tache est restée, malgré les lavages répétés. (Petit Robert.)

Sa propre enfance […] lui était restée sur l'estomac comme un chocolat chaud sur des œufs brouillés. (M. Dugain, dans le Petit Robert.)

La France [...] est restée un pays fortement centralisé. (Léon Duguit dans le Grand Robert, à l'article « centraliser ».)

Je lis toutefois la remarque suivante dans le Grand Robert :

« Conjugué de nos jours avec l'auxiliaire être, sauf dans certains emplois dialectaux, rester prenait autrefois (et encore au xixe s.) être ou avoir. »

Voltaire écrivait ainsi :

J'ai resté huit jours dans la maison pour voir si je pourrais y travailler le jour et y dormir la nuit […] (Grand Robert.)

Mais Zola :

À Solférino, c'était dans un champ de carottes, nous y sommes restés cinq heures, le nez par terre. (Grand Robert.)

Aujourd'hui, il faudrait donc écrire :

Le ministre de la Justice, Peter MacKay, est pour sa part resté prudent lorsque la question sur le contrôle des armes à feu lui a été posée.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Moncton en alerte » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/410...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

04 juin 2014

Une révélation désopilante

Désopilant ou désolant; paronymes.

  • Le problème, c’est qu’il existe déjà un parti qui incarne ces mêmes valeurs, Québec solidaire. Problème aggravé par le fait que le terrain « de gauche » qu’occupe QS — et c’est l’autre désopilante révélation de ce sondage — se porte assez mal merci.
    (Francine Pelletier, dans Le Devoir du 4 juin 2014.)

Un lecteur me signale cet emploi de l'adjectif désopilant — emploi qui paraît bien étrange, dans le contexte. La chroniqueuse écrit en effet, au début de son article :

Comme si les nouvelles n’étaient pas suffisamment déprimantes (déficits, décroissance, désastres environnementaux…), la « radiographie d’une génération » proposée par le dernier sondage CROP-La Presse pourrait plomber le moral pour de bon.

Et encore, un peu plus bas :

Le sondage peint un portrait d’un Québec désengagé, ignorant de son passé et replié sur lui-même.

Il n'y a rien là de comique ni de réjouissant. Or, désopilant signifie « hilarant » (Multidictionnaire), « qui fait rire de bon cœur » (Petit Robert), « qui fait rire de bon cœur, très amusant, très drôle » (Grand Robert), « qui provoque le rire ou déchaîne la gaieté » (Trésor de la langue française informatisé); il « se dit d'une personne ou d'une chose qui fait beaucoup rire » (Lexis).

Madame Pelletier a sans doute voulu parler d'une révélation désolante. Une syllabe de plus ou de moins...

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Le mur » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/409964/le-mur

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

18 mai 2014

Partie de jambe en l'air

  • [...] cette partie de jambe en l’air qui a fait les manchettes en 1998 [...]
    (Fabien Deglise, dans Le Devoir du 12 mai 2014.)

Le Petit Robert, aux articles « partie », « jambe » et « air », donne l'expression partie de jambes en l'air. Je trouve dans le Grand Robert la même graphie, aux articles « air » et « partie », de même que l'exemple suivant :

Ce qu'il me faudrait : une accorte servante nègre, avec des fossettes lombaires, qui m'apporte du café noir et qui soit disposée à une petite partie de jambes en l'air. (J.-P. Manchette, à l'article « lombaire ».)

Il fallait donc écrire :

[...] cette partie de jambes* en l’air qui a fait les manchettes en 1998 [...]

* * * * *

  • L’existence d’un Gab Roy, dans le paysage numérico-social du moment, le Far-Web, comme on l’appelle parfois, n’est bien sûr pas très étonnant.

Ce n'est pas Gab Roy qui n'est pas très étonnant, ni le paysage, ni le moment, ni le Far-Web, mais l'existence d'un Gab Roy :

L’existence d’un Gab Roy, dans le paysage numérico-social du moment, le Far-Web, comme on l’appelle parfois, n’est bien sûr pas très étonnante*.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

* Le 21 mai 2014 à 22 h, je vois que la correction a été apportée.

« L'humiliation » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/408...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

14 mai 2014

L'examen obligatoire soumis aux étudiants

  • [...] l'examen de français obligatoire soumis aux étudiants en enseignement [...]
    (Louise Leduc, dans La Presse du 14 mai 2014.)

Il ne s'agit pas de demander aux étudiants leur avis sur le contenu de l'examen de français obligatoire, mais de leur faire passer cet examen. On ne soumet donc pas l'examen aux étudiants, mais les étudiants à l'examen :

[...] l'examen de français obligatoire auquel sont soumis les étudiants* en enseignement [...]

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

* Le 21 mai à 22 h 30, je vois que la correction a été apportée.

« Comment enseigner quand on a du mal à écrire? » : http://www.lapresse.ca/actualites/education/201405/14/01-...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

13 mai 2014

Parmi ces sociétés, 22 d'entre elles...

  • Parmi ces sociétés, selon l’agence de presse Bloomberg, 22 d’entre elles* ont « planqué » 984 milliards dans les paradis artificiels de l’économie [...]
    (Serge Truffaut, dans Le Devoir du 12 mai 2014.)

Il faudrait éviter le pléonasme :

Parmi ces sociétés, selon l’agence de presse Bloomberg, 22 d’entre elles ont « planqué » 984 milliards dans les paradis artificiels de l’économie [...]

Selon l’agence de presse Bloomberg, 22 de ces sociétés ont « planqué » 984 milliards dans les paradis artificiels de l’économie [...]

  • [...] exiger telle somme à* Apple USA ou à* Pfizer USA pour l’exploitation du brevet.

Comme je l'ai déjà signalé, on exige quelque chose de quelqu'un, et non pas à quelqu'un. L'éditorialiste aurait pu écrire, par exemple :

[...] réclamer telle somme à Apple USA ou à Pfizer USA pour l’exploitation du brevet.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

* Le 21 mai 2014 à 22 h, je vois que la faute a été corrigée.

« Rebond des vices » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

08 mai 2014

À trois heures piles

  • Le 21 juin à Turku, en Finlande, Landy négociait le mille en 3 min 58 s piles pour devenir le nouveau roi de la distance.
    (Jean Dion, dans Le Devoir du 7 mai 2014.)

Dans la langue soutenue, on écrirait par exemple à trois heures précises; néanmoins, utilisé dans le même sens que l'adjectif, pile est adverbe et doit donc rester invariable :

Nous partirons à 3 heures pile. (Multidictionnaire.)

Rendez-vous à trois heures pile. (Petit Robert.)

Quelle heure est-il, demanda Van, ma montre est claquée.
— Sept heures, pile. (Armand Lanoux dans le Grand Robert, à l'article « claquer ».)

Il est 10 heures pile. (Trésor de la langue française informatisé.)

Ce mot n'est pas visé par les rectifications de l'orthographe.

Il faudrait lire :

Le 21 juin à Turku, en Finlande, Landy courait le mille en 3 min 58 s pile pour devenir le nouveau roi de la distance.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Dans le mille (2) » : http://www.ledevoir.com/sports/actualites-sportives/40756...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

04 mai 2014

Se répliquer l'un l'autre

L'un l'autre et la préposition; se répliquer l'un l'autre ou se répliquer l'un à l'autre; grammaire française; syntaxe.

  • [...] en se répliquant l’un l’autre sur la place publique [...]
    (Marie Vastel, dans Le Devoir du 3 mai 2014.)

Le Hanse-Blampain donne les constructions suivantes :

Ils se méprisent les uns les autres.
(On méprise quelqu'un.)

Ils se méfient les uns des autres.
(On se méfie de quelqu'un.)

Ils sont tombés dans les bras l'un de l'autre.
(On tombe dans les bras de quelqu'un.)

Je trouve aussi dans le Petit Robert, entre autres exemples :

Quand nous nous serons prouvé l'un à l'autre que je suis une coquette et vous un libertin. (Musset, à l'article « prouver ».)
(On prouve quelque chose à quelqu'un.)

Il fallait donc écrire :

[...] en se répliquant l’un à l’autre sur la place publique [...]
(On réplique à quelqu'un.)

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Guerre de mots entre les pouvoirs exécutif et judiciaire » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/407306/stephenha...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

02 mai 2014

Elle aboutie dans les dépotoirs

  • Lorsque la nourriture aboutie dans les dépotoirs, elle produit de grandes quantités de méthane.
    (Alexandre Shields, dans Le Devoir du 12 septembre 2013.)

Le verbe aboutir fait aboutit à la troisième personne du singulier du présent de l'indicatif :

Lorsque la nourriture aboutit dans les dépotoirs, elle produit de grandes quantités de méthane.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Le tiers de la production agricole mondiale va aux poubelles » : http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-en...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

01 mai 2014

Le durcissement de la législation

  • Ce drame avait brièvement relancé le débat sur les armes à feu, mais le durcissement de la législation fédérale souhaitée par le président Obama s’est échouée au Congrès.
    (AFP, dans Le Devoir du 9 avril 2014.)

On ne peut pas à la fois souhaiter une législation et la durcir; si on envisage de durcir une législation, c'est qu'elle existe déjà. C'est donc le durcissement de la législation, et non pas la législation elle-même, qui était souhaité par le président Obama et qui s'est échoué au Congrès.

Par ailleurs, le terme législation est correctement employé s'il désigne l'« ensemble des lois, des textes législatifs, des normes juridiques dans un pays ou dans un domaine déterminé » (Grand Robert), mais s'il désigne une seule loi, c'est un anglicisme d'après le Colpron.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Dix-neuf élèves poignardés dans une école près de Pittsburgh » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/405...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

29 avril 2014

Points en litiges

En litiges, en litige; orthographe.

  • [...] entente finale et « accord-cadre » sur tous les points en litiges [...]
    (François Brousseau, dans Le Devoir du 28 avril 2014.)

D'après les exemples que je vois dans les dictionnaires courants, l'expression en litige est invariable :

Quels sont les points en litige? (Lexis.)

Sir Edward Grey propose de réunir immédiatement, en conférence à Londres, les ambassadeurs allemands, italiens et français, pour un débat sur toutes les questions en litige. (Martin du Gard dans le Grand Robert, aux articles « litige », « question » et « sur ».)

Mes avocats, mes avoués, tout le monde m'a supplié de ne pas laisser huit mois de ma vie au palais, et hier j'ai signé un compromis pour faire juger souverainement par deux arbitres toutes les questions en litige. (Balzac dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « compromis ».)

[...] ils sont exposés dans les questions en litige à propager les erreurs aussi bien que les vérités. (C. Bernard dans le Trésor, à l'article « litige ».)

Les points d'accord, de désaccord; les points en suspens, en litige; les points d'un ordre du jour. (Trésor, à l'article « point ».)

Il faudrait écrire :

[...] entente finale et « accord-cadre » sur tous les points en litige* [...]

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

* Le 4 mai 2014 à 22 h 20, je vois que la correction a été apportée.

« Israël-Palestine, fin du processus » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

24 avril 2014

Le barbarisme de Bachar al-Assad

Barbarisme ou barbarie; paronymes.

  • [...] on retient que le barbarisme de Bachar al-Assad nourrit la sauvagerie des réseaux islamistes et vice-versa.
    (Serge Truffaut, dans Le Devoir du 23 avril 2014.)

Accuser le président de la Syrie de barbarisme au lieu de barbarie, il me semble que c'est commettre un barbarisme. D'après le Grand Robert, en effet, si barbarie signifie « cruauté de barbare », le barbarisme est une « faute grossière de langage, particulièrement celle qui consiste à employer des mots forgés ou déformés, à se servir d'un mot dans un sens qu'il n'a pas ». (J'ai consulté aussi le Multidictionnaire, le Lexis, le Petit Robert et le Trésor de la langue française informatisé.)

Il fallait écrire :

[...] on retient que la barbarie de Bachar al-Assad nourrit la sauvagerie des réseaux islamistes et vice-versa.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Le roi cynique » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

20 avril 2014

Les Francos-Ontariens

Franco-, variable ou invariable; les Francos-Ontariens, les Franco-Ontariens; orthographe.

  • Mais plus encore : M. Fraser pense qu’il est temps que le Québec se dote d’une structure administrative semblable à celle de l’Office des affaires francophones (OAF), en Ontario. « L’OAF joue un rôle extrêmement important pour les [611 000] Francos-Ontariens », rappelle M. Fraser.
    (Guillaume Bourgault-Côté, dans Le Devoir du 19 avril 2014.)

Franco-, lorsqu'il entre dans des mots composés où il évoque la France ou l'ascendance française, est un élément invariable :

Des traditions franco-ontariennes. (Multidictionnaire.)

Les accords franco-russes. (Lexis.)

Les Franco-Américains du Maine. (Petit Robert et Grand Robert.)

Les guerres franco-allemandes. (Grand Robert.)

Tous ou presque tous les invités de M. Ponto étaient Français, mais Français mâtinés, c'est-à-dire Franco-Anglais, Franco-Belges, Franco-Russes […] (A. Robida, dans le Grand Robert.)

D'après ce que je peux voir, ce point n'est pas visé par les rectifications de l'orthographe.

Il fallait écrire :

Mais plus encore : M. Fraser pense qu’il est temps que le Québec se dote d’une structure administrative semblable à celle de l’Office des affaires francophones (OAF), en Ontario. « L’OAF joue un rôle extrêmement important pour les [611 000] Franco-Ontariens », rappelle M. Fraser.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Pas de privilèges pour les anglophones » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/406059/pas-de-pr...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

17 avril 2014

Pas pantoute

Avoir l'expérience avec quelque chose, avoir l'expérience de quelque chose; avoir une expérience avec quelque chose, avoir une expérience de quelque chose; grammaire française; préposition; syntaxe.

  • Ces jeunes ados n’ont pas toute la même expérience avec le français, ça s’entend à leur accent.
    (Lisa-Marie Gervais, dans Le Devoir du 17 avril 2014.)

D'après ce que je vois dans les dictionnaires que j'ai sous la main, on a l'expérience ou une expérience de quelque chose, et non pas avec quelque chose :

Avoir une longue expérience, l'expérience prolongée d'une chose. (Petit Robert.)

L'expérience du monde, des hommes. (Petit Robert.)

Avoir l'expérience de la vie militaire, de la guerre. (Grand Robert.)

L'expérience constante des affaires. (Grand Robert.)

Mais nous entendons fonder nos concepts d'art sur notre expérience de l'art, et non subordonner celle-ci à des concepts. (Malraux, dans le Grand Robert.)

Mais les meilleurs de mes amis devaient redouter, à leur insu, le signe dont m'avait marqué ma première enfance, mon expérience enfantine de la misère, de son opprobre. (Bernanos, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Par ailleurs, je crois comprendre que les adolescents anglophones dont il est question n'ont pas tous eu les mêmes occasions de parler le français :

Ces ados n’ont pas tous la même expérience du français, ça s’entend à leur accent.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Le plaisir du français » : http://www.ledevoir.com/societe/education/405822/le-plais...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

13 avril 2014

On y déploit son venin

Déployer à la troisième personne du singulier du présent de l'indicatif; il déploit, il déploie; grammaire française; orthographe; conjugaison du verbe déployer.

  • Les médias sociaux sont remplis de commentaires négatifs à propos des autres. On y déploit son venin.
    (Stéphane Laporte, dans La Presse du 13 avril 2014.)

Déployer est un verbe du premier groupe, comme aimer et envoyer, et non pas du troisième groupe, comme voir. À la troisième personne du singulier du présent de l'indicatif, il ne se termine donc pas par un t, mais plutôt par un e :

Les médias sociaux sont remplis de commentaires négatifs à propos des autres. On y déploie son venin.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Parler contre les autres » : http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/stephane-laporte...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

05 avril 2014

Ceux que personne n'intéresse

  • Fasciste, le candidat Robert Ménard (soutenu par le FN), fondateur de Reporter sans frontières et qui veut créer une mutuelle pour les plus pauvres de Béziers où, en passant, 50 % de la population a voté pour lui!
    (Christian Rioux, dans Le Devoir du 4 avril 2014.)

L'organisme s'appelle Reporters sans frontières :

http://fr.rsf.org/

  • [...] ces zones souvent situées à 50 km des villes où se réfugie une population de « petits Blancs » qui vivote souvent repoussée par les quartiers immigrants de la proche banlieue. On trouve là les vrais perdants de la mondialisation. Ceux que personne n’intéresse. Surtout pas l’extrême gauche qui ne recrute que parmi les bobos des grandes villes.

Personne n'intéresse les vrais perdants de la mondialisation? Je pense que monsieur Rioux a plutôt voulu dire :

On trouve là les vrais perdants de la mondialisation. Ceux qui n'intéressent personne. Surtout pas l’extrême gauche, qui ne recrute que parmi les bobos des grandes villes.

On trouve là les vrais perdants de la mondialisation. Ceux à qui personne ne s’intéresse. Surtout pas l’extrême gauche, qui ne recrute que parmi les bobos des grandes villes.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Ciel, le peuple! » : http://www.ledevoir.com/international/europe/404636/ciel-...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

04 avril 2014

L'UMP est tiraillé

UMP, masculin ou féminin; UMP, genre; genre des sigles; grammaire française.

  • Cela étant, l’UMP étant encore et toujours tiraillé par les ambitions de ces mandarins, sa ligne politique est peu lisible.
    (Serge Truffaut, dans Le Devoir du 1er avril 2014.)

Deux observations :

  1. Il serait souhaitable d'éviter la répétition de étant.
  2. L'UMP, c'est l'Union pour un mouvement populaire. Le sigle est féminin, tout comme le mot principal de la désignation du parti. (J'ai consulté le Multidictionnaire.)

On pourrait écrire :

Cela dit, l’UMP étant encore et toujours tiraillée par les ambitions de ces mandarins, sa ligne politique est peu lisible.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Raclée infligée au PS » : http://www.ledevoir.com/international/europe/404215/Elect...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

01 avril 2014

Il aura fallut

Fallu, fallut; participe passé du verbe falloir; grammaire française; orthographe.

  • Il aura fallut un peu plus de 10 ans pour qu'on commence à la prendre au sérieux.
    (Stéphane Laporte, dans La Presse du 30 mars 2014.)

On écrit fallut au passé simple, mais fallu au participe passé : il a fallu, il avait fallu, il aurait fallu... :

Il aura fallu un peu plus de 10 ans pour qu'on commence à la prendre au sérieux.

* * * * *

  • On allait au baseball pour voir les Expos gagner. Et si ils ne gagnaient pas, on n'y allait pas.

On fait l'élision lorsque la conjonction si est suivie des pronoms il ou ils :

On allait au baseball pour voir les Expos gagner. Et s'ils ne gagnaient pas, on n'y allait pas.

* * * * *

  • Pourtant, les Expos était le meilleur instrument promotionnel de la ville.

Pourtant, les Expos étaient le meilleur instrument promotionnel de la ville.

  • Qui connaîtrait la ville de Green Bay à Montréal, si les Packers n'existaient pas? Qui connaîtrait la ville de Montréal à San Diego, si les Expos n'avait pas existé?

Qui connaîtrait la ville de Green Bay à Montréal, si les Packers n'existaient pas? Qui connaîtrait la ville de Montréal à San Diego, si les Expos n'avaient pas existé?

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Ils s'appelaient les Expos de Montréal » : http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/stephane-laporte...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

31 mars 2014

Ce projet de loi légiférera que...

Légiférer que; légiférer, verbe transitif ou intransitif; grammaire française; syntaxe.

  • [...] à l’aide d’un tout nouveau projet de loi qui légiférera précisément qu’un droit de passage sera imposé aux automobilistes de la métropole.
    (Marie Vastel, avec Marco Bélair-Cirino et Guillaume Bourgault-Côté, dans Le Devoir du 29 mars 2014.)

Légiférer, c'est faire des lois ou, au sens figuré, dicter des règles. Je ne pense donc pas qu'un projet de loi légifère, cette fonction relevant plutôt d'une autorité. Par ailleurs, légiférer est admis uniquement comme verbe intransitif dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis, le Grand Robert et le Girodet; c'est dire que, d'après ces ouvrages, il ne s'utilise jamais avec un complément d'objet direct. Le Trésor de la langue française informatisé signale quant à lui, comme rare, un emploi transitif; dans les deux exemples qu'il donne, légiférer semble signifier « faire des lois concernant » :

L'esclavage est, aux yeux de l'auteur [de l'Exode], la première chose qui demande à être légiférée. (Renan. Légiférer est employé ici à la forme passive : aux yeux de l'auteur de l'Exode, la première chose qu'il faut légiférer, c'est l'esclavage.)

Chaque année, chaque séance des corps qui légifèrent les sociétés constitutionnelles [...] (Sand.)

Cet emploi ne correspond cependant pas à celui que nous avons dans la phrase à l'étude, où le verbe, suivi d'une proposition subordonnée introduite par la conjonction que, n'a pas le même sens général.

On aurait pu écrire :

[...] à l’aide d’un tout nouveau projet de loi qui prévoit précisément qu’un droit de passage sera imposé aux automobilistes de la métropole.

[...] à l’aide d’un tout nouveau projet de loi qui prévoit précisément l'imposition d'un droit de passage aux automobilistes de la métropole.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Ottawa officialise le péage du futur pont Champlain » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/404068/nouveaupr...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

22 mars 2014

Branle le bas de combat

  • En mettant à la porte des milliers de personnes, dont 4500 employés des commissions scolaires, vous créerez un « branle le bas de combat » au sein de l’administration publique, a fait valoir Mme Marois.
    (Robert Dutrisac, Guillaume Bourgault-Côté et Marco Bélair-Cirino, dans Le Devoir du 21 mars 2014.)

Le bas de combat serait-il un signe ostentatoire? une sorte de drapeau?

Madame Marois a sans doute parlé – ou voulu parler – d'un branle-bas de combat.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Marois et Couillard croisent le fer » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/403290/d

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.