08 octobre 2013
Remplacer un cours pour un autre
Remplacer une chose pour une autre, remplacer une chose par une autre; remplacer une personne pour une autre, remplacer une personne par une autre; remplacer pour quelque chose ou quelqu'un, remplacer par quelque chose ou quelqu'un; grammaire française; syntaxe; prépositions.
- Plutôt que de remplacer un cours pour un autre, il faudrait simplement bonifier la formation, avance Mario Beauchemin [...]
(Anabel Cossette Civitella, dans Le Devoir du 5 octobre 2013.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, on ne remplace pas une chose ou une personne pour une autre, mais par une autre :
Les modes sont sans cesse remplacées par d'autres. (Petit Robert.)
Nous remplaçons ce produit par celui-ci. (Multidictionnaire.)
Remplacer son mobilier ancien par du neuf. (Lexis.)
Les mots qu'il est séant de remplacer par des points. (A. Hermant, dans le Petit Robert.)
J'avais remplacé le timbre de l'entrée par un jeu de tubes en cuivre. (Marceau, dans le Lexis.)
En grand secret, je remplace mes bas par des chaussettes. (Colette, dans le Trésor.)
À deux heures du matin on vint changer le factionnaire qui était un vieux soldat, et on le remplaça par un conscrit. (Hugo, dans le Trésor.)
[...] justement je pensais remplacer les employés qui restent par des femmes. (Van der Meersch, dans le Trésor.)
Il fallait écrire :
Plutôt que de remplacer un cours par un autre, il faudrait simplement bonifier la formation, avance Mario Beauchemin [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Les enseignants des cégeps s’inquiètent de la mise en œuvre du nouveau cours d’histoire » : http://www.ledevoir.com/societe/education/389260/les-ense...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
20:46 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
04 octobre 2013
Aucun se détache du peloton
- Cela dit, parmi les 53 longs métrages sélectionnés par leur pays, aucun se détache vraiment du peloton sur le plan de la notoriété [...]
(Martin Bilodeau, dans Le Devoir du 27 septembre 2013.)
Comme le fait observer Marie-Éva de Villers, le pronom aucun « s'emploie avec ne pour exprimer la négation » :
Cela dit, parmi les 53 longs métrages sélectionnés par leur pays, aucun ne se détache vraiment du peloton sur le plan de la notoriété [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Gabrielle, les ailes d’un ange » : http://www.ledevoir.com/culture/cinema/388544/gabrielle-l...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
04:11 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
25 septembre 2013
Son approche en sera une de dialogue
- [...] il n’a pas manqué de mentionner que la paix sociale est revenue depuis que son gouvernement est au pouvoir et que son approche en sera une de dialogue.
(Lisa-Marie Gervais, dans Le Devoir du 25 septembre 2013.)
Je vois souvent chez les journalistes, trop souvent à mon goût, cette construction calquée sur l'anglais. Dans le cas présent, on aurait pu écrire :
[...] il n’a pas manqué de mentionner [...] que son approche sera fondée sur le dialogue.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Une réunion privée, mais non secrète » : http://www.ledevoir.com/societe/education/388322/une-reun...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
18 septembre 2013
Il ne convainquera personne
Il convainquera ou il convaincra; le verbe convaincre au futur simple; grammaire française; orthographe.
- Autrement, Ban Ki-moon, qui s’active pour convoquer une conférence de paix à Genève, ne convainquera* personne, pas plus Moscou et les pays occidentaux que le régime Assad et les rebelles.
(Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 18 septembre 2013.)
Il n'y a pas de verbe convainquer; la forme convainquera n'existe donc pas non plus, sauf pour les esprits distraits. Au futur simple, le verbe convaincre fait je convaincrai, tu convaincras, il convaincra...
L'éditorialiste aurait dû écrire :
Autrement, Ban Ki-moon, qui s’active pour convoquer une conférence de paix à Genève, ne convaincra personne, pas plus Moscou et les pays occidentaux que le régime Assad et les rebelles.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
* Le 18 septembre à 11 h 45, je vois que la faute a été corrigée.
« Syrie – Un crime de guerre » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
02:00 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
12 septembre 2013
Arborer des signes religieux visibles
- [...] l’interdiction d’arborer des signes religieux visibles.
(Michel David, dans Le Devoir du 10 septembre 2013.)
Arborer, d'après le Petit Robert, c'est « porter ostensiblement » :
Arborer un insigne à sa boutonnière.
Comme, selon le même ouvrage, ce qui est ostensible est « porté pour être vu » (exemple : signes religieux ostensibles), je ne pense pas qu'il soit possible d'arborer des signes religieux invisibles ou peu visibles. Il suffisait d'écrire :
[...] l’interdiction d’arborer des signes religieux.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Le mieux et le bien » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/387070/le-mieux-...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
01:25 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
11 septembre 2013
Ils ont été trouvés coupables
- Ont finalement été trouvés coupables de viol collectif et de meurtre les quatre hommes accusés de l’agression de la jeune femme de 23 ans, commise le 16 décembre dernier dans un autobus à Delhi.
(Guy Taillefer, dans Le Devoir du 11 septembre 2013.)
Comme je l'ai déjà signalé, trouvé coupable, selon le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, est le calque de found guilty; il faudrait employer jugé coupable, déclaré coupable, reconnu coupable :
Ont finalement été reconnus coupables de viol collectif et de meurtre les quatre hommes accusés de l’agression de la jeune femme de 23 ans, commise le 16 décembre dernier dans un autobus à Delhi.
- La faiblesse de la peine en a fait tiquer plusieurs, vu la gravité des accusations et le fait que, selon l’enquête policière, il aurait été un des agresseurs l’un des plus violents.
[...] il aurait été un des agresseurs les plus violents.
- [...] rentrant ensemble du cinéma ce dimanche soir là [...]
Je croyais qu'on devait mettre un trait d'union devant là, puisqu'on écrit ce lundi-là, ce jour-là. Mais une lectrice, que je ne saurais assez remercier, me signale cet article de la Banque de dépannage linguistique (Office québécois de la langue française), où l'on peut lire : « Employé avec un démonstratif, là n'est pas toujours précédé d'un trait d'union; il l'est uniquement lorsque le nom est immédiatement précédé du démonstratif et immédiatement suivi de là. Lorsqu'un mot vient se glisser entre le démonstratif et le nom ou entre le nom et là, on omet le trait d'union. » Il fallait donc écrire, comme l'a fait le journaliste :
[...] rentrant ensemble du cinéma ce dimanche soir là [...]
- Le débat social [...] et l’élan de revendications parmi les femmes ne s’est pas apaisé depuis décembre dernier.
Le débat social [...] et l’élan de revendications parmi les femmes ne se sont pas apaisés depuis décembre dernier.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Viol de Delhi : coupables! » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
01:20 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
04 septembre 2013
Nos gênes nous rapprochent des uns des autres
- La sensibilité aux gens au loin n'est pas dans nos gênes.
(Stéphane Laporte, dans La Presse du 1er septembre 2013.)
Beaucoup sont gênés par la fumée; est-ce une question de gènes?
Il fallait écrire :
La sensibilité aux gens au loin n'est pas dans nos gènes.
- Aujourd'hui, nous sommes tous à la portée d'un clic des uns des autres, mais la technologie n'a pas réussi à briser notre indifférence.
L'expression se dit et s'écrit les uns des autres. On trouve notamment, dans le Petit Robert électronique, les exemples suivants :
Ils laissent beaucoup de messages sur les murs les uns des autres. (Despentes, à l'article « mur ».)
[Les uns laissent beaucoup de messages sur les murs des autres.]
Trois étoiles que séparent des abîmes paraissent proches les unes des autres. (Mauriac, à l'article « proche ».)
[Les unes paraissent proches des autres.]
Il fallait écrire :
Aujourd'hui, nous sommes tous à la portée d'un clic les uns des autres, mais la technologie n'a pas réussi à briser notre indifférence.
[Les uns sont à la portée d'un clic des autres.]
- Bien sûr, la vue des victimes des armes chimiques en Syrie nous a horrifiée.
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir ne s'accorde pas avec le sujet, mais avec le complément d'objet direct, si celui-ci est placé devant le verbe :
Bien sûr, la vue des victimes des armes chimiques en Syrie nous a horrifiés.
- Comment faire pour que chacun de nous soit plus préoccupés par la scène internationale [...]
Comment faire pour que chacun de nous soit plus préoccupé par la scène internationale [...]
- La première chose qu'on peut faire pour aider la Syrie; c'est de s'y intéresser.
La première chose qu'on peut faire pour aider la Syrie, c'est de s'y intéresser.
- Je précise; il faut s'y intéresser pour les bonnes raisons.
Je précise : il faut s'y intéresser pour les bonnes raisons.
C'est le deux-points, et non le point-virgule, qui annonce une explication ou une précision.
- [...] relions-nous à l'humanité, avant de perdre la notre.
[...] relions-nous à l'humanité, avant de perdre la nôtre.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« La Syrie et nous » : http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/stephane-laporte...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
19:50 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
31 août 2013
Des valeurs qu'elle a fait siennes
Faire sien; accord du participe passé; grammaire française; orthographe d'accord.
- [...] des valeurs que la société québécoise a fait siennes [...]
(Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 31 août 2013.)
Le participe passé du verbe faire, dans l'expression faire sien, ne demeure pas invariable, mais s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe :
Les opinions qu'il a faites siennes. (Multidictionnaire, à l'article « sien, sienne ».)
Il fallait écrire :
[...] des valeurs que la société québécoise a faites* siennes [...]
J'ai déjà abordé la question ici.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
* Le 2 septembre à 20 h 25, je vois que la correction a été apportée.
« Laïcité—3 – Ce crucifix » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/386384/ce-crucifix
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
17:45 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
28 août 2013
Identifier les difficultés pour résoudre cette difficulté
- L’objectif des maternelles quatre ans à temps plein est d’identifier rapidement les difficultés d’un enfant pour lui permettre d’avoir les ressources pour résoudre cette difficulté.
(Lisa-Marie Gervais, dans Le Devoir du 27 août 2013.)
Dans mon billet du 1er février 2013, j'écrivais : « Identifier, employé au sens de découvrir, déceler, cerner, est un anglicisme. J'en ai parlé ici; voir également le Multidictionnaire, le Colpron ou la fiche Repères – T/R numéro 061. »
Je proposerais :
L’objectif des maternelles quatre ans à temps plein est de cerner rapidement les difficultés d’un enfant pour lui permettre d’avoir les ressources pour résoudre ces difficultés.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Maternelle quatre ans : un départ chaotique » : http://www.ledevoir.com/societe/education/386089/maternel...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
15:09 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
24 août 2013
Aux quatre coins cardinaux
Coins cardinaux, points cardinaux; aux quatre coins cardinaux, aux quatre points cardinaux; paronymes.
- En un mot, le drame a accouché de matières physiques caviardées par les propriétés de l’atome et qui se sont propagées aux quatre coins cardinaux de cette région du Japon et au-delà.
(Serge Truffaut, dans Le Devoir du 8 août 2013.)
On trouve dans les dictionnaires la construction aux quatre coins de :
La sonnerie reprenait aux quatre coins de la caserne. (Romains dans le Petit Robert électronique, à l'article « soldat ».)
Son mari se trouvait sans cesse aux quatre coins du monde. (Zola dans le Lexis, à l'article « coin ».)
Les deux journaux semaient la haine et l'incendie aux quatre coins du département. (Courteline dans le Trésor, à l'article « coin ».)
D'après ce que je peux voir, toutefois, il n'est pas admis de parler des quatre coins cardinaux. Je proposerais :
[...] et qui se sont propagées aux quatre points cardinaux de cette région du Japon et au-delà.
[...] et qui se sont propagées aux quatre coins cardinaux de cette région du Japon et au-delà.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« L'eau contaminée de Fukushima dans la mer – Les irresponsables » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
02:19 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
21 août 2013
L'IRIS
- « Cette mesure va empêcher une guerre de prix généralisée qui pourrait mettre en péril l’ensemble des librairies indépendantes », a pour sa part conclu Simon Tremblay-Pépin de l’Institut de recherche et d’information socioéconomique.
(Frédérique Doyon, dans Le Devoir du 20 août 2013.)
Comme l'indique le site Web, le nom de cet organisme s'écrit Institut de recherche et d'informations socio-économiques.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Commission parlementaire – Un débat crucial pour la survie des librairies indépendantes » : http://www.ledevoir.com/culture/livres/385532/un-debat-cr...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
05:40 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Tags : journalisme, presse, médias
18 août 2013
Tourner à la dérision
Tourner à la dérision, tourner en dérision.
- [...] ses invités sont venus tourner à la dérision les querelles entre Québec et Ottawa [...]
(Mélanie Loisel, dans Le Devoir du 9 août 2013.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, consultés à l'article « dérision », ne donnent pas tourner à la dérision, mais plutôt tourner en dérision, qui veut dire « se moquer d'une manière méprisante de » (Petit Robert), « tourner en ridicule » (Trésor) :
Il est malséant de tourner en dérision des choses respectables. (Lexis.)
Les Anglais étaient très haïs et très craints, en France [...] On les tournait en dérision de diverses manières. (France dans le Trésor, à l'article « tourner ».)
Il fallait écrire :
[...] ses invités sont venus tourner en dérision les querelles entre Québec et Ottawa [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Spectacle à saveur politique pour Aussant » : http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/38...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
03:32 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 août 2013
Gabrielle Manon-Rivard
- Gabrielle aborde de son côté les désirs d’autonomie et l’histoire d’amour d’une jeune femme aux prises avec un handicap mental (Gabrielle Manon-Rivard) au sein d’une chorale pour handicapés, ce qui choque l’entourage paternaliste [...]
(Odile Tremblay, dans Le Devoir du 14 août 2013.) - « Gabrielle Manon-Rivard a un don réel pour le chant et une luminosité naturelle, précise Louise Archambault. »
(Cette phrase se trouve à la fois dans le corps du texte et dans la légende de la photo qui accompagne l'article.)
Comme le montre une recherche Google, la comédienne s'appelle Gabrielle Marion-Rivard.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Gabrielle a conquis des milliers de spectateurs au Festival de Locarno » : http://www.ledevoir.com/culture/cinema/385060/gabrielle-a...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
20:58 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : journalisme, presse, médias
11 août 2013
À ne pas méprendre
Méprendre, se méprendre; grammaire française; syntaxe; variante, variation.
- Étant donné qu’elle ne cesse de se réinventer et qu’on ne compte plus ses déclinaisons exotiques telles que homard, spaghetti au fromage, gras de canard et pacanes, moelle et cerise fumée – des variations complètement givrées à ne pas méprendre pour une table d’hôte chez Joe Beef [...]
(Émilie Folie-Boivin, dans Le Devoir du 2 août 2013.)
Le verbe méprendre s'emploie uniquement à la forme pronominale; on ne méprend pas quelque chose, mais on se méprend (on se trompe) sur quelque chose ou sur quelqu'un :
[...] il se méprend sur moi et méconnaît [...] qui je suis. (Gide, dans le Petit Robert.)
Elle s'est méprise sur son silence. (Multidictionnaire.)
Pour ne pas se méprendre sur la nature de la réception [...] (Jouhandeau, dans le Lexis.)
Ça doit être pour ça que vous marchez comme un gendarme à pied. Déodat se méprit sur le sens de la comparaison. (Aymé, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Mademoiselle, vous vous méprenez sur mes intentions. (Montherlant, dans le Trésor.)
Dans la phrase à l'étude, on pouvait très bien employer le verbe confondre (c'est d'ailleurs ce qu'on a fait dans la légende de la photo accompagnant l'article) :
[...] des variantes complètement givrées à ne pas confondre avec une table d'hôte chez Joe Beef [...]
Je signale au passage que d'après le Multidictionnaire, une « forme légèrement différente d'une forme usuelle » est une variante, et non pas une variation, ce dernier nom étant synonyme de modification, changement.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« À la folie – Jamais sans la crème glacée » : http://www.ledevoir.com/art-de-vivre/alimentation/384201/...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
05:18 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
05 août 2013
Substituer par
Substituer une chose par une autre; substituer une chose à une autre; remplacer une chose par une autre; substituer une personne par une autre; substituer une personne à une autre; remplacer une personne par une autre; substituer par, substituer à; substituer ou remplacer; grammaire française; syntaxe.
- [...] les ersatz de la crème glacée qui substituent le gras provenant des produits laitiers par l’huile de palme et de noix de coco [...]
(Émilie Folie-Boivin, dans Le Devoir du 2 août 2013.)
Substituer et remplacer ne se construisent pas de la même façon : on remplace le beurre par la margarine (le beurre est remplacé par la margarine), mais on substitue au beurre la margarine (la margarine est substituée au beurre). La chroniqueuse pouvait écrire, par exemple :
[...] les ersatz de la crème glacée qui remplacent le gras provenant des produits laitiers par l’huile de palme et de noix de coco [...]
[...] les ersatz de la crème glacée qui substituent au gras provenant des produits laitiers par l’huile de palme et de noix de coco [...]
J'ai consulté le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« À la folie – Jamais sans la crème glacée » : http://www.ledevoir.com/art-de-vivre/alimentation/384201/...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
02:24 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
04 août 2013
Une usagée de l'autobus
Usagé, usager; usagés, usagers; usagée, usagère; usagées, usagères; homonymes; paronymes.
- La chauffeuse du Réseau de transport de la Capitale (RTC) contre qui une usagée a porté plainte pour l'avoir expulsée parce que son enfant pleurait a reçu une réprimande de son employeur.
(Jean-François Néron, dans Le Soleil du 2 août 2013; texte mis à jour à 16 h 47.)
Les personnes qui utilisent un service public sont des usagers de ce service; on doit dire un usager, une usagère. Par ailleurs, une chose peut être usagée, c'est-à-dire qu'elle peut avoir servi mais être encore en bon état, selon le Multidictionnaire, qui donne l'exemple suivant :
Un cartable usagé, mais toujours beau.
Il fallait écrire :
La chauffeuse du Réseau de transport de la Capitale (RTC) contre qui une usagère a porté plainte pour l'avoir expulsée parce que son enfant pleurait a reçu une réprimande de son employeur.
Merci à mon amie Léone, qui m'a signalé la faute.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Femme expulsée avec son enfant : la chauffeuse du RTC réprimandée » : http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/transports/20...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
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30 juillet 2013
Empêcher de faire en sorte que
- Hors de lui, Brett sort de l’abri à toute vitesse et se dirige en gesticulant vers McClelland. Seule l’intervention musclée de coéquipiers et des autres arbitres empêchera de faire en sorte qu’il s’en prenne physiquement à lui.
(Jean Dion, dans Le Devoir du 25 juillet 2013.)
La construction empêcher que + subjonctif est admise sans réserve :
Le crépuscule recouvrait Thérèse, empêchait que les hommes la reconnussent. (Mauriac, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Quelque chose est arrivé que nous ne sommes plus libres de défaire. Peux-tu empêcher que nous soyons pour toujours les assassins de notre mère? (Sartre, dans le Trésor.)
Je supprimerais donc de faire en sorte, qui me semble superflu dans la phrase à l'étude :
Hors de lui, Brett sort de l’abri à toute vitesse et se dirige en gesticulant vers McClelland. Seule l’intervention musclée de coéquipiers et des autres arbitres empêchera de faire en sorte qu’il s’en prenne physiquement à lui.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« C'est du sport! – Le gros bout du bâton » : http://www.ledevoir.com/sports/actualites-sportives/38365...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
06:35 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
28 juillet 2013
Pas dans ma cours
Cours et cour; homonymes; orthographe.
- Les Albertains ont constaté l’impact des changements climatiques dans leur cours lors des inondations de juin dernier, ce qui les aurait poussés à envisager la réduction de la dépendance au pétrole, croit Steven Guilbeault.
(Légende de la photo accompagnant un article d'Éric Desrosiers, dans Le Devoir du 24 juillet 2013.)
L'orthographe établit une distinction entre le cours du pétrole et la cour d'une école ou d'une maison :
Les Albertains ont constaté l’impact des changements climatiques dans leur cour lors des inondations de juin dernier [...]
- « Ça indique assez clairement que la population canadienne veut autre chose, en matière de politique énergétique, que ce que nous proposent la meneuse de claque qu’est devenu le gouvernement Harper pour les compagnies pétrolières, a déclaré en entretien téléphonique au Devoir le cofondateur et directeur principal du groupe écologiste Équiterre, Steven Guilbeault. »
Le verbe proposer n'a qu'un seul sujet, meneuse de claque :
« Ça indique assez clairement que la population canadienne veut autre chose, en matière de politique énergétique, que ce que nous propose la meneuse de claque qu’est devenu le gouvernement Harper pour les compagnies pétrolières, a déclaré en entretien téléphonique au Devoir le cofondateur et directeur principal du groupe écologiste Équiterre, Steven Guilbeault. »
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Même en Alberta, les Canadiens demandent une stratégie énergétique verte » : http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/3...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
06:46 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 juillet 2013
Un jour où l'autre
Un jour où l'autre, un jour ou l'autre; où, ou; homonymes; orthographe.
- Une bonne bière allait régler ça. Et bien non.
(Mylène Moisan, dans Le Soleil du 24 juillet 2013.)
La locution interjective, j'en ai parlé déjà, s'écrit eh bien :
Une bonne bière allait régler ça. Eh bien non.
- On a jasé de plein de choses, entre autres de la nouvelle orthographe. On s'est rendu compte que, un jour où l'autre, les journaux seront écrits comme ça.
Que je devrai réapprendre à écrire.
La nouvelle orthographe n'a pas aboli la distinction entre ou, conjonction, et où, adverbe ou pronom relatif :
Le jour où j'écrirai comme cela, les poules auront des dents.
Nul ne sait d'où il vient, où il va.
Faut-il mettre l'accent, oui ou non?
Il fallait écrire :
On a jasé de plein de choses, entre autres de la nouvelle orthographe. On s'est rendu compte que, un jour ou l'autre, les journaux seront écrits comme ça.
Que je devrai réapprendre à écrire.
Voilà au moins une règle que personne n'aura à désapprendre.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Le vieux quai » : http://www.lapresse.ca/le-soleil/opinions/chroniqueurs/20...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
05:53 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
17 juillet 2013
Il appelle le 911
Appeler le 911, composer le 911; appeler un numéro de téléphone, composer un numéro de téléphone.
- Il décide de le suivre, puis, suivant son habitude, appelle le 911.
(Francine Pelletier, dans Le Devoir du 17 juillet 2013.)
D'après Marie-Éva de Villers, on commet une impropriété lorsqu'on appelle un numéro de téléphone, au lieu de le composer :
Il décide de le suivre, puis, selon son habitude, compose le 911.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Un autre Guy Turcotte » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/383...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
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14 juillet 2013
Elle les a convaincus à rejoindre ses rangs
Convaincre quelqu'un à faire quelque chose; convaincre quelqu'un de faire quelque chose; convaincre quelqu'un à + infinitif; convaincre quelqu'un de + infinitif; grammaire française; syntaxe du français; prépositions.
- [...] l’inaction des cadres de l’armée est telle qu’elle a convaincu des prédateurs sexuels à rejoindre ses rangs.
(Serge Truffaut, dans Le Devoir du 6 juin 2013.)
D'après le Hanse-Blampain, on convainc quelqu'un de faire quelque chose :
Nous l'avons convaincu de rester. (Petit Robert.)
Maxime a convaincu Amélie de l'accompagner au cinéma. (Multidictionnaire.)
Le plus difficile est de convaincre ma mère et mes tantes de ne pas mettre la police dans nos histoires de famille. (Hébert, dans le Lexis.)
Vous essayez de me convaincre de rester à Paris en inventant des mensonges. (Cocteau, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Aucun des dictionnaires que j'ai consultés n'admet la construction convaincre quelqu'un à faire quelque chose.
Il fallait écrire :
[...] l’inaction des cadres de l’armée est telle qu’elle a convaincu des prédateurs sexuels de rejoindre ses rangs.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Les viols dans l'armée américaine – La reine impunité » : http://www.ledevoir.com/international/etats-unis/379976/l...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
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