08 juillet 2007
Toute aussi déçue
« La procureure de la Couronne, Me Sarah-Julie Chicoine, a affirmé [...] être toute aussi déçue que son collègue. » (Le Journal de Québec.)
Tout est adverbe dans la phrase à l'étude; employé au sens de « tout à fait », « entièrement », il renforce un autre adverbe, aussi, et doit donc rester invariable : la procureure était tout aussi déçue que son collègue.
Il pourrait arriver, cependant, que tout soit variable, même placé devant aussi :
Elles étaient toutes aussi déçues que moi.
Dans ce dernier exemple, toutes est pronom indéfini : Toutes, sans exception, étaient aussi déçues que moi.
Line Gingras
Québec
« 15 mois dans la collectivité au lieu de l'Afghanistan » : http://www.canoe.com/infos/societe/archives/2007/07/20070...
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07 juillet 2007
S'objecter
« La Couronne s'est objectée à sa remise en liberté. » (Presse Canadienne.)
Selon le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, il n'est pas admis d'utiliser le verbe objecter à la forme pronominale. Cet emploi serait attribuable à l'influence du verbe anglais to object, qui peut traduire aussi bien objecter (quelque chose) que s'opposer (à quelque chose).
S'objecter, de fait, n'est pas reçu dans le Petit Robert, le Lexis ni le Trésor de la langue française informatisé.
On aurait pu écrire :
La Couronne s'est opposée à sa remise en liberté.
L'Office québécois de la langue française donne des précisions intéressantes : http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=3&id=2905Line Gingras
Québec
« Douze accusations contre le preneur d'otages » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070706/CPACTUALITES/70706173/6730/CPACTUALITES
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06 juillet 2007
Nous même
« La prochaine fois, on reste chez nous et on fait la vaisselle nous même. » (Renée Laurin.)
L'adjectif indéfini même se joint au pronom personnel par un trait d'union, et prend la marque du pluriel si le pronom désigne plusieurs personnes : nous-mêmes.
Line Gingras
Québec
« Enfants interdits sur les terrasses » : http://www.blogue.canoe.com/2007/07/04/enfants_interdits_sur_les_terrasses
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05 juillet 2007
Droits de douanes
« Le Brésil et l'Inde ont proposé de diminuer de 20 % leurs droits de douanes sur les produits industriels... » (Éric Desrosiers.)
J'ai consulté le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, aux articles « droit » et « douane ».
Le Multidictionnaire ne donne pas l'expression à l'étude. Dans le Trésor, toutefois, je trouve droit de douane; dans le Petit Robert et le Lexis, droits de douane :
Droits de douane à l'importation. (Petit Robert.)
Régime suspensif du paiement des droits de douane. (Petit Robert.)
Une convention qui règle les droits de douane. (Lexis.)
Line Gingras
Québec
« Perspectives - Dernière chance » : http://www.ledevoir.com/2007/06/26/148524.html
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04 juillet 2007
À l'année longue
« Le complexe résidentiel de luxe où ils ont été trouvés [...] fait l'objet d'un dispositif de sécurité important à l'année longue. » (Marilyse Hamelin, dans Le Droit.)
D'après le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, la locution à l'année longue est le calque de all year long. Il faudrait utiliser plutôt à longueur d'année.
Une mise en garde équivalente s'applique aux expressions à la semaine longue et à la journée longue.
* * * * *
Note du 26 juillet : Le Petit Robert (2007), à l'article « long », consigne à l'année longue et à la journée longue comme locutions régionales propres au Canada.
Line Gingras
Québec
« Triple meurtre à Ottawa : toujours pas d'arrestation » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070703/CPACTUALITES/7...
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03 juillet 2007
Faire parti
« Britanniques et Allemands ne demanderaient pas mieux dans le camp européens, mais les Français, les Espagnols ou encore les Portugais ne les laisseront pas faire. Le Brésil de son côté fait indiscutablement parti du groupe des pays en voie de développement... » (Éric Desrosiers.)
Dans la locution verbale faire partie, le verbe faire est le seul élément variable :
Il faisait partie de la noblesse de robe.
Ces entreprises font partie des signataires.
Nos soldats feront partie du contingent.
Line Gingras
Québec
« Perspectives - Dernière chance » : http://www.ledevoir.com/2007/06/26/148524.html
19:42 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
02 juillet 2007
Quand et quant
« Devant une telle ambiguïté, le primat s'est lui-même montré perplexe quand à la direction qu'il donnera à l'Église du Canada. » (Jean-Claude Leclerc.)
On n'écrit pas de la même façon la conjonction voisine de lorsque - quand - et le premier élément de la locution prépositive synonyme de pour ce qui est de, relativement à - quant (à) :
... le primat s'est lui-même montré perplexe quant à la direction qu'il donnera à l'Église du Canada.
Notez bien, toutefois, que l'on peut trouver quand suivi de la préposition à :
J'aimerais bien la voir quand à son réveil elle est encore un peu perdue.
Comment veux-tu que je te laisse rentrer avec ce danger public, quand au surplus il vient de boire six bières d'affilée?
Line Gingras
Québec
« Crise chez les anglicans - La dispute sur l'homosexualité divise l'Église » : http://www.ledevoir.com/2007/06/26/148511.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
01 juillet 2007
Quantités de
« Ils disposent de quantités d'éléments matériels pour tenter de retrouver les auteurs de ces attentats ratés et doivent également visionner des centaines d'heures d'images de vidéo-surveillance provenant des caméras de contrôle. » (Le Soir en ligne, d'après AFP.)
Suivant ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Berthier-Colignon, le Girodet et le Thomas, l'expression quantité de commande le pluriel, mais s'écrit elle-même au singulier :
Quantité de gens restent assez fortunés. (Gide, dans le Petit Robert.)
Quantité de branches sont tombées. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« Niveau d'alerte maximum en Grande-Bretagne » : http://www.lesoir.be/actualite/monde/niveau-d-alerte-maxi...
20:05 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
30 juin 2007
C'est moi qui
« Ce n’est pas moi qui l’écrit... » (Richard Hétu.)
Ce n'est pas moi non plus.
Le verbe ayant pour sujet le pronom relatif qui s'accorde avec l'antécédent du relatif, c'est-à-dire avec le nom ou le pronom que le relatif représente - dans le cas qui nous occupe, le pronom moi, première personne du singulier :
Ce n'est pas moi qui l'écris.
* * * * *
Note du 1er juillet : Je viens de me rendre compte que monsieur Hétu s'est corrigé; c'est tout à son honneur.
Line GingrasQuébec
« J'aime Paris » : http://blogues.cyberpresse.ca/hetu/?p=70411626
05:10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
29 juin 2007
Divisif
« De tels débats ne manqueront pas d'être divisifs. On ne connaît pas de remise en cause profonde qui ne le soit pas. » (Bernard Descôteaux.)
L'adjectif divisif n'est pas critiqué dans le Chouinard, dans le Colpron ni dans le Dagenais; je ne le trouve pas non plus dans le Hanse-Blampain ni dans le Multidictionnaire. Mais il ne figure pas davantage dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main (Petit Robert, Lexis, Trésor de la langue française informatisé). J'y vois par conséquent l'influence de l'anglais divisive, conclusion à laquelle sont déjà arrivés les linguistes de l'Office québécois de la langue française et de Radio-Canada.
Le Guide anglais-français de la traduction, de René Meertens, donne de nombreux équivalents. Dans le cas qui nous occupe, je proposerais :
De tels débats ne manqueront pas de créer des divisions. On ne connaît pas de remise en cause profonde qui ne le fasse pas.
Line Gingras
Québec
« Aggiornamento au PQ » : http://www.ledevoir.com/2007/06/28/148786.html
Banque de dépannage linguistique : http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=3&id=2628
Le français au micro : http://www.radio-canada.ca/radio/francaismicro/descriptio...
07:45 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
28 juin 2007
Canada Pension Plan
« Par ailleurs, on sait peu de chose des motifs qui ont poussé la Caisse de dépôt et placement du Québec et Onex à se retirer à leur tour d'un des quatre autres consortiums en lice, celui dirigé par le Canada Pension Plan (CPP). » (Jean-Robert Sansfaçon.)
Les Canadiens qui travaillent dans une autre province que le Québec cotisent tous au Régime de pensions du Canada (RPC). Les deux appellations, l'anglaise et la française, sont officielles.
Line Gingras
Québec
« Pour qui sonne Bell? » : http://www.ledevoir.com/2007/06/27/148646.html
04:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 juin 2007
Son devoir de harcèlement
« Son club lui reprochait d'avoir manqué à son devoir de loyauté, de harcèlement moral sur un joueur et d'indiscrétions auprès de clubs adverses. » (L'Équipe, avec AFP.)
On lui reprochait [à Jacky Bonnevay] d'avoir manqué... à son devoir de harcèlement? Bien entendu, ce n'est pas ce que les journalistes ont voulu dire; c'est pourtant ce qu'ils ont écrit.
Les compléments de harcèlement et d'indiscrétions ont tout l'air de se rapporter au nom devoir, déjà doté du complément de loyauté, dont la forme est semblable; en fait, ils se rattachent selon la logique au verbe reprochait, auquel ils ne peuvent pas, toutefois, se raccorder grammaticalement.
Chacun sait qu'on ne reproche pas de harcèlement ni d'indiscrétions : reprocher appelle un complément d'objet direct - on reproche quelque chose à quelqu'un. La préposition de qui précède le premier complément, le verbe avoir manqué, n'a d'autre rôle que d'introduire l'infinitif; elle disparaîtrait devant un nom : Son club lui reprochait son manque de loyauté.
Comment restructurer la phrase? Je proposerais :
Son club lui reprochait d'avoir manqué à son devoir de loyauté, (d'avoir) exercé du harcèlement moral sur un joueur et (d'avoir) commis des indiscrétions auprès de clubs adverses.
Line Gingras
Québec
« Foot - L2 - Angers doit dédommager Bonnevay » : http://www.lequipe.fr/Football/breves2007/20070626_233948Dev.html
07:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
26 juin 2007
Distraction
« L'idée de faire assumer aux cinq chanteurs de White Sound (Suzie LeBlanc, Catherine Webster, Matthew White, Charles Daniels, Nathaniel Watson) les parties chorales est esthétiquement élégant, même s'il est historiquement douteux... » (Christophe Huss.)
On a perdu le fil, peut-être à la suite d'une correction.
Line Gingras
Québec
« Concerts classiques - Un dimanche recueilli » : http://www.ledevoir.com/2007/06/26/148517.html
04:12 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
25 juin 2007
Elle s'est demandée
« ... la ministre des Finances [...] s'est demandée si les partis d'opposition avaient "un sens des responsabilités", compte tenu du coût d'une élection. » (Antoine Robitaille et Robert Dutrisac.)
Se demander est un verbe accidentellement pronominal, c'est-à-dire qui ne s'emploie pas toujours à la forme pronominale; et c'est un pronominal réfléchi, du fait que le sujet et le pronom réfléchi désignent la même personne. Avec quoi s'accorde le participe passé, en pareil cas? Pas avec le sujet, mais avec le complément direct, s'il précède le verbe. La ministre a demandé qui ou quoi? Elle a demandé si les partis d'opposition avaient « un sens des responsabilités »... Le complément direct est placé après le verbe (et en outre c'est une proposition) : le participe passé doit rester invariable.
Quant au pronom réfléchi, s', il répond à la question à qui? - et ne commande donc pas l'accord.
Line Gingras
Québec
« L'opposition rejette le budget » : http://www.ledevoir.com/2007/05/25/144738.html
06:37 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
24 juin 2007
Dans le bien du parti
« Ils n'ont jamais noté chez lui la moindre trace d'une abnégation qui le mènerait à s'effacer volontairement dans le bien du parti... » (Michel David.)
On dit ou on écrit dans l'intérêt de quelqu'un ou d'un groupe, mais pour le bien de :
C'est pour son bien. (Petit Robert et Trésor de la langue française informatisé.)
On pose des bornes, on mesure, on administre, et on vaccine pour le bien des populations. (Sarraute, dans le Lexis.)
Monsieur David aurait pu choisir l'un ou l'autre tour :
... une abnégation qui le mènerait à s'effacer volontairement dans l'intérêt du parti...
... une abnégation qui le mènerait à s'effacer volontairement pour le bien du parti...
Line Gingras
Québec
« Une touchante loyauté » : http://www.ledevoir.com/2007/06/07/146528.html
00:30 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
21 juin 2007
En autorité de
« Il a affirmé ce matin qu'on ne peut tolérer que des gens se fassent agresser et que personne ne réagisse, en particulier ceux qui sont en autorité de le faire. » (PC.)
Je ne trouve l'expression en autorité, ou en autorité de, dans aucun des quinze ouvrages consultés (dictionnaires généraux et ouvrages de difficultés). Le Petit Robert consigne avoir autorité pour faire quelque chose :
Il a affirmé ce matin qu'on ne peut tolérer que des gens se fassent agresser et que personne ne réagisse, pas même ceux qui ont autorité pour le faire.
Line Gingras
Québec
« Incident dans le métro : le SPVM sommé de clarifier la situation » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070620/CPACTUALITES/7...
05:27 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
20 juin 2007
Le double que
« Les dépenses publiques de santé au Québec augmentent de 5,8 % par année soit près du double que toutes les autres dépenses (3,1 %). » (Michel Vastel, dans Le Journal de Québec.)
On dit ou on écrit deux fois plus que, mais le double de :
Dix est le double de cinq. (Petit Robert.)
Payer le double d'un prix. (Trésor de la langue française informatisé.)
Il gagne deux fois plus que vous.
Il gagne le double de votre salaire.
Son budget est deux fois plus élevé que celui de ses prédécesseurs.
Son budget atteint le double de celui de ses prédécesseurs.
Employé au sens de « c'est-à-dire », soit doit être précédé de la virgule :
Des signes qui tombent sous le sens, soit bruit, son, image. (Paulhan, dans le Petit Robert.)
Monsieur Vastel aurait pu écrire :
... augmentent de 5,8 % par année, soit presque / soit près de deux fois plus vite que toutes les autres dépenses (3,1 %).
Line Gingras
Québec
« Le déni de Philippe Couillard » : http://www.canoe.com/infos/chroniques/michelvastel/archiv...
05:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, presse
18 juin 2007
Ah! lala
« Déposé en vertu du chapitre 11 du traité de libre-échange permettant aux investisseurs de poursuivre les États nationaux s'ils s'estiment lésés, la plainte était agrémentée d'une demande de réparation de 160 millions. Elle avait été déposée en 2000... » (Éric Desrosiers.)
Qu'est-ce qui avait été déposé? Pas le chapitre 11; pas le traité; pas le libre-échange, mais la plainte : Déposée en vertu du chapitre 11...
Il serait souhaitable d'éviter la répétition, au début de la deuxième phrase : Elle avait été présentée en 2000...
« Le géant américain en avait également contre le programme fédéral d'aide aux éditeurs canadiens qui obligent ces derniers à livrer leurs produits par l'intermédiaire du service public. »
Le programme vient en aide aux éditeurs canadiens qui obligent les éditeurs canadiens...? C'est ce que laisse entendre l'accord du verbe à la troisième personne du pluriel, mais ce n'est pas ce qu'on a voulu dire.
« ... ceux qui ont peur du chapitre 11 de l'ALENA et des quelques 2400 autres traités bilatéraux sur l'investissement... »
Employé devant un nombre, au sens d'environ, quelque est adverbe - et donc invariable.
« Des 46 plaintes déposée depuis 1994... »
On est allé un peu vite, non?
Line Gingras
Québec
« Perspectives - Le retour du chapitre 11 » : http://www.ledevoir.com/2007/06/18/147702.html
04:40 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
17 juin 2007
Discordance
« Selon un sondage publié la semaine dernière dans Paris Match, 67 % des Français approuvent son travail à l'Élysée. 63 % approuvent aussi celle de son premier ministre, François Fillon, à Matignon. » (Christian Rioux.)
Ça arrive...
Line Gingras
Québec
« Balayage UMP annoncé » : http://www.ledevoir.com/2007/06/09/146848.html
00:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, presse
16 juin 2007
Problèmes d'orthographe
« ... des digues ridicules qui n'ont, tout au plus, que l'efficacité des ouvrages de boues que les enfants érigent après la pluie. » (Jean-François Nadeau.)
Le matériau de construction s'emploie au singulier :
Hutte de boue séchée. (Petit Robert.)
Une petite cabane faite de boue séchée, mêlée à de la paille. (Lexis.)
« Là comme ailleurs, la reconstruction est le fait pour l'essentiel d'efforts et d'initiatives venues strictement du secteur privé. »
« Ce désert urbain, où vivait Fats Domino et un certain nombre de musiciens... »
« Regardez la lettre qu'elle vient de m'écrire! Lisez-là! »
On écrit lisez celle-là, lisez jusque-là, signez là (à cet endroit précis) : là est adverbe de lieu. Mais lisez-la, signez-la (lisez cette lettre, signez cette lettre) : la est pronom personnel.
Line Gingras
Québec
« Dans le ventre de La Nouvelle-Orléans » : http://www.ledevoir.com/2007/05/12/143260.html
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15 juin 2007
Aucune faveur ni raccourci
« Je suis gêné d’avoir à le préciser, mais je vous entends ricaner : non, je n’ai bénéficié d’aucune faveur ni raccourci. » (Pierre Foglia.)
J'ai trouvé six exemples d'utilisation de l'adjectif ou déterminant indéfini aucun avec des noms coordonnés des deux genres, dans les douze ouvrages consultés. Dans cinq de ces exemples, le déterminant est employé devant chacun des noms :
Aucun gâteau ni aucune glace ne sont permis par ce régime. (Multidictionnaire.)
Aucun ordre ni aucune prière ne purent le faire changer d'avis. (Hanse-Blampain.)
Aucun discours ni aucune pression ne put le faire changer d'avis. (Girodet.)
À l'avenir, aucune cérémonie et aucun cercle ne sera contremandé. (Napoléon, dans Le bon usage, paragraphe 443, b.)
Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en [= de la souveraineté nationale] attribuer l'exercice. (Constitution française du 4 octobre 1958, dans Le bon usage, paragraphe 443, b.)
Dans le sixième exemple, aucun est répété plusieurs fois devant des éléments juxtaposés, afin de produire un effet d'insistance, mais il ne précède que le premier de trois termes réunis par ou :
Là tout est laid, mesquin, figé. Aucun jardin public, aucun lieu, que le cabaret, pour se réunir le dimanche; aucun chant, aucun jeu, spectacle ou musique; aucune invite à se distraire un instant de sa peine et de ses plus égoïstes intérêts. (Gide, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je pense qu'il s'agit d'un choix stylistique visant à alléger la phrase. Cela dit, Hanse et Blampain invitent le lecteur à noter, dans l'exemple qu'ils proposent (Aucun ordre ni aucune prière ne purent le faire changer d'avis), la répétition de aucun devant le second élément coordonné. Il me semble indiqué de se conformer à cette façon de faire, dans la langue courante. Ainsi, on aurait pu écrire :
... je n'ai bénéficié d'aucune faveur ni d'aucun raccourci.
Line Gingras
Québec
« Mes hôpitaux » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070612/CPOPINIONS05/7...
02:49 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme