14 juin 2007
Le tour de rein de Mitterand
« ... et dans la salle d’attente, bien rare si je ne salue pas un voisin, la dernière fois c’était le vieux Sherman qui s’était fait un tour de rein en pelletant son fumier. » (Pierre Foglia.)
Les dictionnaires généraux, à l'article « rein », consignent tour de reins.
« Le seul président de gauche que la France s’est donné en 50 ans ce fut Mitterand et vous savez pourquoi? Parce qu’il était de droite. »
« Elle a survécu à De Gaulle, elle a surtout survécu à Mitterand, elle survivra aussi à Ségolène. »
Le Petit Larousse illustré et le Petit Robert des noms propres donnent de Gaulle et Mitterrand.
Line Gingras
Québec
« Mes hôpitaux » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070612/CPOPINIONS05/7...
07:07 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
12 juin 2007
Assemblages défectueux
« Ainsi, c'est lui, c'est le Kremlin qui a tout pouvoir sur le conglomérat Gazprom qui, outre l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole, les bien nommés sang de l'économie, est également le premier groupe médiatique du pays. » (Serge Truffaut.)
Cette phrase présente à mon avis deux défauts de construction.
Les bien nommés sang de l'économie
Je trouve très gênante cette association d'un article pluriel (et par le fait même d'un qualificatif pluriel, bien nommés) et d'un nom singulier. Je proposerais :
... l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole, nommés à juste titre (ou nommés avec raison) le « sang de l'économie »...
... l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole - le « sang de l'économie » -...
Outre l'exploitation et la distribution..., est également
À quoi se rattache le syntagme outre l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole, les bien nommés sang de l'économie? Comme il ne contient pas de verbe, il doit compléter celui de la proposition relative dont il fait partie : qui, outre l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole [...] est également le premier groupe médiatique du pays. Mais on ne peut pas être l'exploitation et la distribution, cela va de soi. Solution? Insérer un verbe. L'éditorialiste a peut-être voulu dire :
... le conglomérat Gazprom qui, outre qu'il gère l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole [...] est le premier groupe médiatique du pays.
Line Gingras
Québec
« Le glacis russe » : http://www.ledevoir.com/2007/06/11/146932.html
00:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
11 juin 2007
En emploi
« ... 76,6 % des femmes au Québec ayant un ou des enfants de moins de 6 ans sont en emploi, le taux le plus haut au Canada. » (Antoine Robitaille.)
La locution en emploi n'est pas critiquée dans les dictionnaires de difficultés du français au Canada (j'ai vu le Chouinard, le Dagenais et le Colpron), mais elle n'est pas admise non plus dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main. On peut être sans emploi, ou en chômage, mais pour décrire la situation contraire je proposerais avoir, occuper ou exercer un emploi.
Line Gingras
Québec
« Le CSF dénonce une politique de l'ADQ » : http://www.ledevoir.com/2007/06/08/146657.html
00:00 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
10 juin 2007
Absoudre quelqu'un de l'importance
« Bev Oda ne s'exprime jamais en français, ce qui n'a rien pour rehausser sa cote d'amour. La ministre a beau avoir vu cinq fois le film québécois C.R.A.Z.Y. et en avoir raffolé, cela ne vient pas l'absoudre de l'importance de pouvoir communiquer son coup de cœur à ses auteurs... dans leur langue! » (Marie-Andrée Chouinard.)
Absoudre quelqu'un, dans la langue courante, c'est l'excuser, lui pardonner :
Elle absout toujours ses enfants.
... je m'accusais généreusement d'une faute, ce qui à mes yeux m'absolvait presque... (Toepffer, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Si les circonstances peuvent absoudre quelqu'un d'une faute, elles ne sauraient excuser qui que ce soit de l'importance de parler français. Je proposerais :
... cela ne la dispense pas de pouvoir communiquer...
... elle n'en doit pas moins être capable de communiquer...
Line Gingras
Québec
« Festival de gaffes » : http://www.ledevoir.com/2007/05/29/145196.html
06:00 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
09 juin 2007
Il eut été impossible...
« En revanche, l'engagement des États-Unis à négocier dans le cadre de l'ONU marque un pas important, car il eut été impossible de convaincre les pays émergents... » (Jean-Robert Sansfaçon.)
Car il eut été impossible signifie car il aurait été impossible; c'est dire que nous avons affaire à un conditionnel passé deuxième forme : eût été.
On écrirait cependant, sans accent circonflexe sur le u :
Quand il eut passé la douane, il poussa un soupir de soulagement.
Le verbe est au passé antérieur de l'indicatif.
Line Gingras
Québec
« Les petits pas » : http://www.ledevoir.com/2007/06/09/146789.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
08 juin 2007
Participation dans
« ... toute actualisation du modèle québécois passe nécessairement par une plus grande participation du secteur privé dans la livraison des soins de santé. » (Michel David.)
Nous nous sommes demandé hier si l'on pouvait parler de la livraison des soins de santé. Aujourd'hui, nous allons voir l'emploi de participation avec un complément construit au moyen de la préposition dans.
Lorsqu'il s'entend des actions ou des parts qu'une société détient dans une autre, le nom participation peut être suivi d'un complément introduit par la préposition dans :
La firme motrice peut aussi prendre des participations dans les firmes qui sont ses clientes... (Perroux, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
D'après les exemples que j'ai relevés dans les dictionnaires généraux, toutefois, participation s'utilise normalement avec la préposition à :
Ta participation à cette recherche s'est avérée utile. (Marie-Éva de Villers, Multidictionnaire, 2003.)
... il nia toute participation à l'assassinat de sa femme. (Zola, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je crois devoir rappeler que nous tenons essentiellement à une participation des forces françaises libres à toute opération qui pourrait être entreprise du côté allié. (De Gaulle, dans le Trésor.)
Participation aux bénéfices, au capital, aux résultats, aux frais. (Trésor.)
À noter qu'en anglais, participation s'emploie avec in : participation in a celebration, in a pension plan (Random House Webster's Unabridged Dictionary); en français, on dirait participation à une fête, participation à un régime de retraite.
Line Gingras
Québec
« Le droit d'évoluer » : http://www.ledevoir.com/2007/05/29/145230.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
07 juin 2007
Livraison des soins de santé
« ... toute actualisation du modèle québécois passe nécessairement par une plus grande participation du secteur privé dans la livraison des soins de santé. » (Michel David.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, le complément du substantif livraison, indiquant ce qui est livré, désigne soit une personne (otage, coupable), soit un objet concret :
Mlle Hortense préparait les colis pour la livraison. (Troyat, dans le Lexis.)
Il m'expédie, par mandat télégraphique et avant livraison du manuscrit, deux cents francs sur mes droits d'auteur. (Bloy, dans le Trésor.)
Je ne trouve pas de mise en garde contre livraison de soins ou livraison de services dans le Chouinard, dans le Colpron ni dans le Dagenais. Cependant, TERMIUM et le Grand dictionnaire terminologique proposent prestation de soins (de santé) pour rendre health care delivery; et René Meertens (Guide anglais-français de la traduction, 2006) donne livraison ou remise comme équivalents de delivery lorsqu'il est question de marchandises, mais prestation lorsqu'il s'agit de services ou de soins de santé.
Il me semble donc que l'on commet un anglicisme en parlant de la livraison des soins de santé.
* * * * *
Une autre fois, nous verrons s'il est correct de construire participation avec la préposition dans.
Line Gingras
Québec
« Le droit d'évoluer » : http://www.ledevoir.com/2007/05/29/145230.html
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06 juin 2007
Syllepse de genre
« ... en conséquence, des directions doivent faire avec ce qu'il peuvent bien trouver. » (Jean-Jacques Samson, dans Le Journal de Québec.)
Non, l'ajout d'un s final au pronom il ne suffirait pas à mon bonheur. Je veux bien admettre que les directions comprennent des hommes et des femmes, mais directions demeure un nom féminin : il me semble que la phrase se lirait mieux si, comme à l'ordinaire, le pronom avait le même genre que son antécédent (le substantif qu'il remplace) :
... en conséquence, des directions doivent faire avec ce qu'elles peuvent bien trouver.
Sans doute peut-on expliquer le masculin en parlant d'accord par syllepse, c'est-à-dire selon le sens; à mon avis, toutefois, il ne faut pas abuser de ce procédé, fréquent dans la langue classique mais qui donne souvent, aujourd'hui, une fâcheuse impression de laisser-aller. (Pour en savoir davantage sur les différentes formes que peut prendre la syllepse, je vous invite à consulter Le bon usage.)
À l'article « syllepse », le Petit Robert présente cet exemple intéressant, où l'accord selon le sens ne me paraît pas injustifié :
C'est la sentinelle qui le premier s'inquiète. (Perret.)
Line Gingras
Québec
« Le vrai "grey power" » : http://www.canoe.com/infos/chroniques/jeanjacquessamson/a...
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05 juin 2007
Douter que
« ... je doute fort qu[e] (...) nous entendrons encore beaucoup parler de... » (Norman Spector.)
Douter que, à la forme affirmative, ne se construit pas avec l'indicatif, comme dans la phrase ci-dessus, mais avec le subjonctif :
Je doute que les choses aillent si bien qu'il le prétend.
Elle doute que ses parents veuillent la laisser partir si jeune.
Nous doutons que vous soyez en mesure d'assumer ces responsabilités.
Ils doutent que vous arriviez à temps.
Je doute fort que nous en entendions encore beaucoup parler.
Hanse et Blampain (2000) conseillent d'éviter le conditionnel :
* Je doute qu'ils vous laisseraient faire ce que vous voulez. (J'écrirais plutôt : Je ne pense pas qu'ils vous laisseraient faire ce que vous voulez.)
À la négative ou à l'interrogative, douter que appelle souvent le subjonctif; mais on peut aussi employer l'indicatif, si l'on veut insister sur la réalité du fait :
Je ne doute pas qu'il le fasse. (Hanse-Blampain.)
Bien sûr, je ne doute pas qu'il réussisse! (Girodet 1981.)
Je ne doutais pas que ma place fût réservée à bord d'une de ces jolies frégates. (Mac Orlan, dans le Colin 1979.)
Je ne doute pas qu'il fera le nécessaire pour réussir.
Le conditionnel s'utilise également, pour exprimer une hypothèse :
Ne doutez pas que nous donnerions suite à votre demande si c'était possible. (Je vois mal, dans ce cas-ci, comment on pourrait employer le subjonctif.)
Line Gingras
Québec
« Stéphane Dion paie ses dettes » : http://www.ledevoir.com/2007/02/22/132019.html
23:20 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
04 juin 2007
Son ou leur?
« Actuellement au banc d'essai à Las Vegas et à Hong Kong, ainsi que par Air France et KLM, les RFID [étiquettes d'identification par radiofréquence] pourraient être imposées à toute l'industrie aérienne. L'IATA se prononcera en juin sur les modalités de son implantation. » (Isabelle Chagnon.)
Qu'est-ce qui sera implanté? L'adjectif ou déterminant possessif, son, renvoie à un singulier, donc à l'industrie aérienne. Mais nous savons bien qu'il s'agit plutôt des RFID, les étiquettes d'identification : c'est sur leur implantation que l'IATA est appelée à se prononcer.
L'emploi de son serait correct s'il était question d'implanter le système des RFID.
Line Gingras
Québec
« Transport aérien - Un bagage fugueur sur 150 ne rentre jamais au bercail » : http://www.ledevoir.com/2007/05/26/144529.html
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03 juin 2007
Trouvé coupable de deux accusations
« Marcel Dubois, un éducateur spécialisé de 36 ans, a été trouvé coupable de deux accusations de voies de fait simples... » (Presse Canadienne.)
Coupable d'une accusation
On est coupable de quelque chose lorsqu'on « a commis volontairement un acte considéré comme répréhensible » (Trésor de la langue française informatisé) - délit, crime, faute, négligence grave, diffamation, injure, d'après les exemples recueillis dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main.
Une accusation est-elle un acte répréhensible? Sans doute..., s'il s'agit d'une fausse accusation.
Trouvé coupable
Trouvé coupable, selon le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, est le calque de found guilty; il faudrait employer jugé coupable, déclaré coupable, reconnu coupable.
Je proposerais donc :
... a été reconnu coupable à deux chefs d'accusation...
Line Gingras
Québec
« Un éducateur violent trouvé coupable de quatre accusations » : http://www.cyberpresse.ca/apps/pbcs.dll/article?AID=/2007...
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02 juin 2007
N'ont menées
« Les quelques rencontres tenues entre la police et Cho n’ont menées à aucune action précise. » (Guillaume Bourgault-Côté.)
Employé avec l'auxiliaire avoir, le participe passé s'accorde avec le complément d'objet direct, si ce dernier précède le verbe. Les rencontres n'ont mené qui, n'ont mené quoi? Pas de réponse - pas de complément d'objet direct, pas d'accord. Par contre :
Les quelques rencontres qu'ont menées les policiers...
Les policiers ont mené quoi? Des rencontres; le participe passé s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, placé devant le verbe.
Les quelques rencontres qui ont été menées par la police...
Le verbe mener n'est pas conjugué ici avec l'auxiliaire avoir : il est employé à la forme passive, avec l'auxiliaire être au passé composé; le participe s'accorde donc en genre et en nombre avec le sujet du verbe.
Line Gingras
Québec
« Le tueur de Virginia Tech a tourné une vidéo entre les deux attaques » : http://www.ledevoir.com/2007/04/19/140044.html?fe=805&...
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01 juin 2007
Échouer à + infinitif
« Le Parlement ukrainien a échoué hier à adopter les dispositions législatives nécessaires à l'organisation des législatives anticipées... » (AFP.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert (2007), le Multidictionnaire (2003), le Hanse-Blampain (2000) et le Trésor de la langue française informatisé, échouer peut s'employer de façon absolue, ou être suivi d'un nom complément introduit par les prépositions à ou dans :
Échouer à un examen, dans la/une tentative. (Trésor.)
Voir les sots réussir dans les entreprises où l'on échoue. (Flaubert, dans le Petit Robert.)
Tous ses efforts ont échoué. (Hanse-Blampain.)
Le Lexis (1977) reçoit la construction échouer à faire quelque chose, que je ne rencontre cependant pas ailleurs :
Le drame de l'enfant qu'il avait échoué à sauver. (Beauvoir.)
Ai-je raison de trouver cette tournure suspecte? En tout cas, ni le Meertens ni le Robert & Collins Super Senior ne proposent échouer à faire quelque chose comme équivalent de to fail to do something.
J'aimerais bien consulter à ce sujet la dernière édition du Grand Robert. En attendant, sans vouloir condamner un usage qui après tout est admis dans un dictionnaire de langue, je suis d'avis qu'il vaudrait mieux écrire, dans la phrase qui nous occupe : Le Parlement ukrainien n'a pu adopter...; j'écarte n'est pas parvenu à, utilisé dans la phrase suivante, et n'a pas réussi à, trop semblable.
* * * * *
Il y aurait lieu de supprimer l'adjectif législatives, pour éviter la répétition.
Line Gingras
Québec
« En bref - Ukraine : le Parlement échoue » : http://www.ledevoir.com/2007/05/31/145486.html
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31 mai 2007
Prêter flanc ou prêter le flanc?
« Par son comportement et ses déclarations maladroites, M. Boisclair avait prêté flanc aux attaques de M. Charest. » (Michel David.)
Les dictionnaires généraux que j'ai sous la main consignent tous l'expression prêter le flanc (à). Cette locution appartient d'abord au langage militaire; prêter le flanc, c'est découvrir le flanc d'une troupe, l'exposer aux attaques de l'ennemi :
Il avait été asticoté par les avant-postes de Zobel pendant la petite heure où il avait prêté le flanc. (Giono, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Le tour s'emploie aussi dans la langue figurée; prêter le flanc à la critique, à des attaques, à la médisance, à la curiosité..., c'est y donner prise, s'y exposer :
Le directeur, en refusant de rencontrer les employés malgré la tournure des événements, a prêté le flanc à la critique.
Se laisser voir avec un grand désir non satisfait [...] c'est prêter le flanc à toutes les mauvaises plaisanteries possibles... (Stendhal, dans le Trésor.)
Le Petit Robert (2007), le Lexis (1977) et le Multidictionnaire (Marie-Éva de Villers, 2003) ne reçoivent que prêter le flanc, avec l'article. Le Trésor admet cependant prêter flanc, sans l'article; il donne un exemple de cette construction :
L'archevêque prêtait flanc du côté des mœurs. (Sainte-Beuve.)
Aucun des huit ouvrages de difficultés que j'ai consultés n'aborde la question.
Je pense qu'il vaut mieux employer prêter le flanc; l'omission de l'article ne me paraît pas un bien grand péché, mais une recherche Google semble confirmer qu'elle est peu courante.
Line Gingras
Québec
« Un sentiment d'urgence » : http://www.ledevoir.com/2007/05/17/143837.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
30 mai 2007
Se déclarer, verbe attributif
« ... 39 % des Québécois se déclarent favorable à cette option... » (Antoine Robitaille.)
Se déclarer est un verbe attributif - l'équivalent de déclarer être. L'adjectif favorable est donc attribut du sujet, Québécois, avec lequel il s'accorde en genre et en nombre :
... 39 % des Québécois se déclarent favorables à cette option...
* * * * *
Je dois apporter une précision, en réponse à une question qu'a posée amusem (voir les commentaires) : d'après le Hanse-Blampain, on pourrait dire aussi que le sujet du verbe est l'expression de pourcentage, 39 %; l'attribut pourrait donc s'accorder avec 39 %, que l'on tient pour un masculin pluriel. Cela ne change rien dans la phrase qui nous intéresse, étant donné que le complément de l'expression de pourcentage, des Québécois, est également un masculin pluriel; mais cet accord me paraîtrait étrange dans la phrase ... 39 % des Québécoises se déclarent heureuses [heureux?] de cette décision.
Par ailleurs, il serait admis d'employer le singulier dans la phrase suivante :
... 1 % des Québécois se déclare favorable à cette option...
L'accord avec le complément, au pluriel, me paraît toutefois plus courant.
Line Gingras
Québec
« Les libéraux relégués au 3e rang » : http://www.ledevoir.com/2007/05/28/145118.html
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29 mai 2007
Mal lui en pris
« ... l’éphémère gouvernement de Joe Clark avait pensé que jamais les libéraux ne prendraient le risque de le battre sur un budget – surtout que leur chef venait de démissionner. Mal lui en pris... » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)
On écrit soit mal lui en prit, au passé simple, soit mal lui en a pris, au passé composé.
Line Gingras
Québec
« Les accidents qui arrivent » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140945
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
28 mai 2007
Souhaiter que
« Dans l'ensemble, il faut donc applaudir à cette initiative de l'administration Tremblay et souhaiter que les consultations à venir serviront à consolider les propositions les plus prometteuses pour l'amélioration de la qualité de vie à Montréal. » (Jean-Robert Sansfaçon.)
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, souhaiter que est suivi du subjonctif :
Je souhaitais en effet que vous rencontriez mon fils. (Sartre, dans le Lexis.)
Je souhaite de tout mon cœur que vous trouviez le garçon de votre âge que vous méritez et qui bâtira une vraie vie avec vous. (Anouilh, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Comme il serait à souhaiter pourtant que cette thèse fût exacte! (Thibaudet, dans le Trésor.)
Je lis dans le Dupré (Encyclopédie du bon français dans l'usage contemporain) la remarque suivante, reproduite dans le Trésor : « Il n'est pas à recommander d'employer le futur après souhaiter que, même si le souhait est probable et près de se réaliser. »
On aurait pu écrire, selon la nuance à exprimer :
... et souhaiter que les consultations à venir servent à consolider...
... et espérer que les consultations à venir serviront à consolider...
Line Gingras
Québec
« Un plan ambitieux » : http://www.ledevoir.com/2007/05/18/144027.html
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27 mai 2007
Mis à part
« Comment les Forces armées sont-elles parvenues à afficher une telle augmentation? Mis à part une campagne de publicité coûteuse [...] les Forces armées ont particulièrement bien ciblé leur public. » (Alec Castonguay.)
J'ai cru d'abord qu'on avait oublié de faire accorder le participe passé : la campagne de publicité n'est-elle pas mise à part? Vérification faite, voici ce qu'il en est : selon le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, l'expression mis à part, placée devant le nom, est généralement invariable. Après le nom, cependant, le participe varie en genre et en nombre :
Mis à part ces quelques bévues, il s'est bien acquitté de sa tâche.
Ces quelques bévues mises à part, il s'est bien acquitté de sa tâche.
Line Gingras
Québec
« Dans la mire de l'armée » : http://www.ledevoir.com/2007/05/26/144908.html
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26 mai 2007
En autant de
« C'est la deuxième fois en autant de semaines que le chef de l'ADQ donne l'impression de réveiller le gouvernement... » (Michel David.)
Il semble admis d'écrire en anglais :
The American set his third world record in as many days... (Beth Harris.)
En français, cependant, « il faut d'abord mentionner un nombre avant de pouvoir dire en autant de » (Chouinard). Or, deuxième n'est pas un nombre, mais un adjectif numéral ordinal; on l'utilise pour indiquer l'ordre, le rang, pas la quantité. Je verrais ici deux constructions possibles :
Cela fait deux fois en autant de semaines...
C'est la deuxième fois en deux semaines...
La faute est très courante au Canada. Le Colpron aborde aussi la question.
Line Gingras
Québec
« Qui mène? » : http://www.ledevoir.com/2007/05/24/144589.html
« Phelps sets third world record in as many days » : http://the.honoluluadvertiser.com/article/2007/Mar/29/br/...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, syntaxe, journalisme
25 mai 2007
Faire leur preuve
« Si elles avaient le choix, peut-être qu'elles finiraient par faire comme les hommes et qu'elles cesseraient de se croire obligées de faire leur preuve encore et encore. » (Lise Payette, dans Le Journal de Montréal.)
On dit d'une personne ou d'une chose qui a montré sa valeur ou ses capacités qu'elle a fait non pas sa preuve, mais ses preuves. De même, plusieurs personnes ou plusieurs choses ont fait leurs preuves :
Tous les chevaliers armés [...] ont fait leurs preuves au champ d'honneur...(Genlis, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Décentraliser. Il existe pour cela plusieurs méthodes qui ont fait leurs preuves. (Univers écon. et soc., dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Le petit chaperon rouge » : http://www.canoe.com/infos/chroniques/lisepayette/archive...
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23 mai 2007
Le gel ou l'année?
« En somme, si les négociations en cours aboutissent à ce résultat, on pourra dire, dans dix ans, que le maire de Montréal avait choisi, en 2007, de couler dans le ciment des mesures jusque-là temporaires en échange d'un gel salarial d'une année destinée à boucler son budget. » (Jean-Robert Sansfaçon.)
Qu'est-ce qui serait destiné à boucler le budget? Pas l'année, mais le gel salarial, qui durerait une année : destiné.
Line Gingras
Québec
« Une négociation à courte vue » : http://www.ledevoir.com/2007/05/23/144448.html
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