18 janvier 2008
Il n'est plus et n'a jamais été
« Smolinski n’est plus et n’a jamais été un grand joueur, mais il est capable de jouer un rôle au sein d’une équipe. » (François Gagnon.)
Plus ne suis ce que j'ai été... (Clément Marot, 1496-1544.)
Le poète avait raison : pour ne plus être..., il faut avoir été.
Line Gingras
Québec
« Bégin et Smolinski hors combat » : http://blogues.cyberpresse.ca/gagnon/?p=70312759
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17 janvier 2008
Recruter des recrues
« Aux parents, qui jadis ont peut-être senti eux aussi l'appel du sac à dos, de guider le mieux possible cette pause sans crier à la fin des études. Aux entreprises et à l'État qui les encadre de refréner une impatience mal contenue - pénurie de main-d'œuvre oblige - pour l'embauche prématurée. Nombre de ces "quasi diplômés" avidement recherchés par les cégeps ont été recrutés trop tôt par un marché du travail en mal de recrues. » (Marie-Andrée Chouinard.)
Je proposerais :
... Nombre de ces « quasi diplômés » avidement recherchés par les cégeps ont été engagés trop tôt par des employeurs en mal de recrues.
Line Gingras
Québec
« La sabbatique de fiston » : http://www.ledevoir.com/2008/01/09/171169.html
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16 janvier 2008
L'accord parfait
« D'un commun accord, les députés s'étaient entendus pour entendre dès ce matin le ministre des Ressources naturelles, Gary Lunn, puis Mme Keen. » (Hélène Buzzetti.)
Au risque de briser cette belle harmonie, je proposerais :
D'un commun accord, les députés avaient décidé d'entendre...
Tout de même, ne tirons pas sur la journaliste : dans le cas présent, elle a été forcée de travailler à une vitesse que je ne veux pas imaginer. Tâchons seulement de faire mieux, nous qui avons le temps de nous relire avec attention.
Line Gingras
Québec
« Sûreté nucléaire - Ottawa congédie Linda Keen » : http://www.ledevoir.com/2008/01/16/171961.html
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15 janvier 2008
Redevable
« Le pire, c'est que l'on ne savait même pas qui blâmer. La ville? L'arrondissement? Les frères Tremblay? Le petit maire Labonté? Dans ce système hyper-décentralisé, personne n'est redevable aux citoyens. » (Lysiane Gagnon, dans La Presse.)
On peut être redevable à quelqu'un d'une somme d'argent, c'est-à-dire la lui devoir :
Être redevable d'une somme à un créancier. (Petit Robert et Hanse-Blampain.)
Les frais généraux avaient tout absorbé et, de plus, Fromont jeune se trouvait redevable envers la caisse de sommes importantes. (A. Daudet, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
On peut aussi être redevable à quelqu'un ou à quelque chose « d'une qualité ou d'un avantage que l'on possède grâce à un autre » (Hanse-Blampain) :
Je vous suis redevable de cette gratification, d'avoir intercédé en ma faveur. (Petit Robert.)
Je vous suis redevable de cette initiative. (Multidictionnaire.)
C'est à ses sacrifices que je suis redevable de ma situation. (Hanse-Blampain.)
Vladimir considérait qu'il était redevable de sa vie à mon père. (Triolet, dans le Lexis.)
Ainsi, dans l'hypothèse où le président investi parviendrait à mettre un ministère sur pied, nous serions redevables au parti socialiste de l'existence de ce ministère et de ses actes. (L'Humanité, dans le Trésor.)
Aucun des ouvrages consultés, toutefois, n'admet redevable au sens de tenu de rendre des comptes (que possède l'anglais accountable). Je proposerais :
Le pire, c'est que l'on ne savait même pas qui blâmer. La Ville? L'arrondissement? Les frères Tremblay? Le petit maire Labonté? Dans ce système hyper-décentralisé, personne n'est tenu de rendre des comptes aux citoyens.
Line Gingras
Québec
« Il était une fois 19 roitelets » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080108/CPOPINIONS05/8...
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11 janvier 2008
Soupçonné de mauvais traitements
« Interrogé par l'AFP, le médecin Andres Artunduaga qui a reçu le 16 juin 2005 Emmanuel, présenté par José Crisanto Gomez comme son neveu et inscrit sous la fausse identité de Juan David Gomez, a indiqué que l'enfant souffrait de malnutrition sévère et était soupçonné de mauvais traitements par sa famille d'adoption. » (Cesar Sabogal, AFP.)
Emmanuel, soupçonné de mauvais traitements?
Soupçonner quelqu'un de quelque chose, c'est penser qu'il peut avoir fait cette chose :
Chargé du crime affreux dont vous me soupçonnez. (Racine, dans le Petit Robert.)
Évidemment il avait compris ce que je comprenais alors : que mon ami le soupçonnait de l'abominable attentat. (G. Leroux, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Cet homme est soupçonné d'actes terroristes par les services de renseignements de son pays d'origine.
De toute évidence le petit Emmanuel, qui n'a pas encore quatre ans, n'a pu faire subir de mauvais traitements à qui que ce soit. On a plutôt voulu dire :
... a indiqué que l'enfant souffrait de malnutrition sévère et que l'on soupçonnait sa famille d'adoption de l'avoir maltraité ou ... que l'on soupçonnait sa famille d'adoption de mauvais traitements.
... a indiqué que l'enfant souffrait de malnutrition sévère et que sa famille d'adoption était soupçonnée de l'avoir maltraité ou ... que sa famille d'adoption était soupçonnée de mauvais traitements.
(À moins qu'il n'ait arraché les membres à son ours en peluche.)
Line Gingras
Québec
« Emmanuel, l'enfant sauvage » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080110/CPMONDE/801100...
[Sauvage? À ma connaissance, rien ne justifie ce qualificatif.]
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06 janvier 2008
Réformer l'abolition...?
« ... il fallait réformer la bureaucratie, le système de santé, le système carcéral, le système du bien-être social, la politique de l'immigration et l'abolition des commissions scolaires dans le but de rendre plus humaine l'éducation. » (Victor-Lévy Beaulieu.)
M. Beaulieu, arrivé à la fin de son énumération, a manifestement perdu le fil de ses idées : réformer l'abolition des commissions scolaires, cela n'a aucun sens (et je ne fais pas de politique ici). J'ai tout lieu de croire qu'il a voulu dire :
... il fallait réformer la bureaucratie, le système de santé, le système carcéral, le système du bien-être social et la politique de l'immigration, et abolir les commissions scolaires dans le but de rendre plus humaine l'éducation.
Line Gingras
Québec
« Se déprendre de soi-même » : http://www.ledevoir.com/2008/01/07/170900.html
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05 janvier 2008
Sens devant derrière, sens dessus dessous
On prit un coup, la belle affaire
Sens dessus dessous, sens devant derrière
Y avait du bon p'tit caribou
Sens devant derrière, sens dessus dessous
(Extrait de la chanson Marie Calumet.
À lire : le savoureux roman du même titre,
de Rodolphe Girard.)
« Jean-François Lisée, alors conseiller auprès du premier ministre Bouchard, abonde dans ce sens. Il soutient par ailleurs que la présence de M. Caillé tombait sous le sens... » (Kathleen Lévesque.)
On pourrait dire, pour éviter la répétition, que la présence de M. Caillé allait de soi ou s'imposait.
Line Gingras
Québec
« Autopsie d'un cauchemar de glace » : http://www.ledevoir.com/2008/01/05/170810.html
Texte de la chanson : http://www.frmusique.ru/texts/t/thibeault_fabienne/mariec...
Présentation du roman et de l'auteur : http://www.livres-bq.com/Auteurs.asp?36
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29 décembre 2007
Le Québec était un dominium
« On s'était aussi posé de telles questions en 1908, lors des célébrations du 300e anniversaire. Or, à l'époque, le Québec était un dominium de l'Empire britannique et la Couronne avait joué un rôle moteur dans l'organisation des fêtes. » (Isabelle Porter.)
Il me semble avoir lu, dans mes manuels d'histoire, que le Canada était autrefois un dominion de l'Empire britannique. De fait, le Petit Robert et le Lexis ne consignent pas dominium, mais dominion :
Le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande constituaient des dominions. (Lexis.)
D'après le Trésor de la langue française informatisé, dominion est une adaptation du latin dominium.
Line Gingras
Québec
« 400e : la fête d'abord » : http://www.ledevoir.com/2007/12/29/170269.html
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28 décembre 2007
Aux fins fonds de la forêt
« Ce policier révèle le prénom de l'enfant, Emmanuel, affirme qu'il est élevé par des guérilleros aux fins fonds de la forêt amazonienne et n'est confié que rarement à sa mère. » (Philippe Zygel, AFP.)
Le fond ou le fin fond d'un lieu, c'est la partie la plus reculée :
Aller dans le fin fond des forêts. (Lexis.)
J'aime le son du cor, le soir au fond des bois. (Vigny, dans le Petit Robert.)
Mme Cabridens joue la femme d'esprit enfouie au fin fond de cette horrible province... (Arène, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
... au fond d'une nuit elle-même au fond d'une banlieue défoncée elle-même presque au fond de l'Europe... (Cl. Simon, dans le Petit Robert.)
Le temps était supportable; nous avons marché vers le fond du bois, où la calèche devait venir nous prendre. (Las Cases, dans le Trésor.)
... une petite villa au fond du golfe. (Maupassant, dans le Trésor.)
Elle agonise au fond d'un cachot. (Mauriac, dans le Trésor.)
D'après les nombreux exemples que proposent les trois dictionnaires consultés, l'expression, dans un contexte comme celui qui nous occupe (il ne s'agit pas de dénicher des trésors douteux dans les fonds de tiroir ou les fonds d'armoire), ne s'emploie qu'au singulier :
... il est élevé par des guérilleros au fin fond de la forêt amazonienne...
Line Gingras
Québec
« Le destin de Clara Rojas, otage des FARC » : http://www.ledevoir.com/2007/12/29/170203.html?fe=2771&am...
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23 décembre 2007
Étendre ou élargir le public
« ... aux patients victimes d'un premier infarctus étendu et qui présenteront un risque de complications. Il n'est toutefois pas impossible que le public cible soit étendu si l'expérience s'avère concluante. » (Louise-Maude Rioux Soucy.)
On pourrait éviter la répétition, de même que la rime :
... Il n'est toutefois pas exclu que le public cible soit élargi si l'expérience s'avère concluante.
... Il se pourrait toutefois que le public cible soit élargi si l'expérience s'avère concluante.
Line Gingras
Québec
« Un cœur de secours dans la moelle osseuse » : http://www.ledevoir.com/2007/12/20/169330.html
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22 décembre 2007
Dans le même ordre d'idée
« Dans le même ordre d'idée, on a vu à Bali que le Canada refuse de se voir imposer des objectifs chiffrés de réduction... » (Yanick Villedieu.)
D'après ce que je trouve dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, le nom idée s'écrit au pluriel dans l'expression ordre d'idées :
Cette réflexion est étrangère à la question, elle appartient à un autre ordre d'idées. (Ac., dans le Hanse-Blampain, à l'article « idée ».)
Dans le même ordre d'idées et avant d'aborder la narration de mes malheurs... (Courteline, dans le Trésor, à l'article « ordre ».)
Line Gingras
Québec
« Climat : nous et les autres » : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Carnets/plusRecent/2...
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19 décembre 2007
Toutes celles et ceux
« Dans les circonstances, je crois qu'il serait opportun, pour toutes celles et ceux des Premières Nations qui ont le sentiment que leur histoire, leurs valeurs profondes et leur nation ont été bafouées, que vous vous excusiez. » (Alexis Wawanoloath, député du Parti québécois dans Abitibi-Est.)
Tous les garçons et les filles de mon âge / Se promènent dans la rue deux par deux... (Françoise Hardy.)
L'adjectif indéfini toutes ne peut se rapporter qu'à des noms ou des pronoms féminins; devant des termes coordonnés incluant un masculin, il faut employer tous, que l'on fait suivre immédiatement d'un masculin :
... pour tous ceux et celles des Premières Nations...
D'autres formulations seraient possibles :
... pour toutes celles et tous ceux des Premières Nations...
... pour tous les membres des Premières Nations...
... pour toutes les personnes des Premières Nations...
Line Gingras
Québec
« Lettre à Mario Dumont, chef de l'opposition officielle - Propos blessants et méconnaissance des cultures autochtones » : http://www.ledevoir.com/2007/12/17/168861.html
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17 décembre 2007
Débuter, ça dure longtemps?
« ... le spectacle débutera autour de 23 h jusqu'au fameux décompte. » (Isabelle Porter.)
Le verbe débuter marque une action ponctuelle; il ne convient pas pour exprimer la durée (le spectacle ne peut pas débuter jusqu'à la fin!). Je proposerais donc :
... le spectacle débutera autour de 23 h et se terminera juste avant le fameux décompte.
... le spectacle débutera autour de 23 h et se terminera au moment du fameux décompte.
* * * * *
« ... on les verra sur un gigantesque écran géant... »
Un écran gigantesque ferait l'affaire, non?
Line Gingras
Québec
« Un gigantesque spectacle extérieur fera vibrer Québec le 31 décembre » : http://www.ledevoir.com/2007/12/04/167178.html
02:24 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
14 décembre 2007
Vérifier avec quelqu'un
« Sans vérifier avec moi, M. Robitaille écrit que je suis "membre" du comité. Ce n'est pas tout de suite le cas. » (Jean-François Lisée.)
Le Multidictionnaire et le Colpron donnent vérifier avec quelqu'un pour une construction fautive, calque de to check with someone d'après le Colpron. On recommande de remplacer avec par auprès de :
Nous vérifierons les faits auprès de la direction. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« Libre opinion - Ma version des faits » : http://www.ledevoir.com/2007/12/12/168115.html
02:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, syntaxe, médias
13 décembre 2007
Un diagnostique
« ... des spécialistes devront se pencher sur son genou droit en début de semaine afin d’établir un diagnostique plus précis. » (François Gagnon.)
D'après le Petit Robert et le Multidictionnaire, l'adjectif s'écrit diagnostique mais le nom, diagnostic :
Un examen diagnostique, des signes diagnostiques. (Multidictionnaire.)
Poser, établir un diagnostic. (Petit Robert.)
Diagnostic n'est pas visé par les recommandations touchant la nouvelle orthographe.
Line Gingras
Québec
« Bégin et Smolinski hors combat » : http://blogues.cyberpresse.ca/gagnon/?p=70312759#more-703...
18:36 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
12 décembre 2007
Demandez toujours...
« D'autres documents, ceux-là du haut commandement militaire, reconnaissent que les Forces armées "doivent être prêtes à répondre sur demande, si elles y sont autorisées, aux demandes d'aide liées à la sécurité lors du Congrès eucharistique et du Sommet de la francophonie". » (Gilles Toupin, dans La Presse.)
Je demanderais bien au rédacteur ou au traducteur de se relire, s'il n'était pas trop tard.
Le titre de cet article (« Menace terroriste sur le 400e anniversaire ») me paraît quelque peu alarmiste : en fait, il semble qu'on n'ait reçu aucune menace, qu'aucun indice particulier ne conduirait à craindre un attentat; on s'efforce seulement de parer à toute éventualité, comme il se doit.
Line Gingras
Québec
« Menace terroriste sur le 400e anniversaire » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071211/CPACTUALITES/7...
05:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, médias, presse
09 décembre 2007
Rabattre les oreilles
« Par exemple, madame la ministre et son règlement de trois minutes dont on nous rabat les oreilles ces jours-ci. » (Pierre Foglia.)
On rabat le caquet à quelqu'un, mais on lui rebat les oreilles :
S'il n'arrête pas de me rebattre les oreilles de ses récriminations, je vais lui rabattre le caquet.
Line Gingras
Québec
« Trois minutes d'écologie » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071208/CPOPINIONS05/7...
18:40 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
07 décembre 2007
Au tournant du début...
« Si des élections fédérales devaient se présenter au tournant du début de l'an prochain, elles coïncideraient avec l'intensification des grandes manœuvres internationales en vue de l'après-Kyoto. » (Chantal Hébert.)
« Avec une campagne électorale qui se dessine au tournant du début de l'année, on attend encore de voir si le chef conservateur a déniché quelques candidats d'envergure pour rehausser le calibre de son contingent québécois. » (Même journaliste, autre article.)
Le substantif tournant peut désigner le « moment où ce qui évolue change de direction, devient autre » (Petit Robert) :
L'entreprise arrive à un tournant décisif de ses activités de diversification. (Multidictionnaire.)
Ce grand débat sera sûrement le tournant dans la campagne électorale en cours. (Chouinard.)
Au dernier tournant de la vie, la curiosité qui nous penche sur les livres devient rétrospective. (Mauriac, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Sauf pour quelques individus privilégiés, la quarantaine marque un tournant décisif. (L'Express, dans le Trésor.)
Cette bataille a marqué un tournant dans l'histoire. (Lexis.)
Il est à un tournant de sa carrière. (Petit Robert.)
Le Petit Robert donne en outre cet exemple :
Au tournant du siècle.
Cette expression, selon ce qu'indique une recherche Google, s'applique souvent aux dernières années d'un siècle, et aux premières du siècle suivant.
Le Meertens, à l'article « turn », propose toutefois au début du siècle comme équivalent de at the turn of the century. Dans Le Robert & Collins Super Senior, l'expression est rendue par en début de siècle ou en fin de siècle; et les auteurs traduisent at the turn of the year par vers la fin de l'année, en fin d'année.
En tout cas, rien ne me permet de croire que la journaliste ait voulu dire quoi que ce soit, par la curieuse expression au tournant du début, qu'un simple au début (ou dès le début) n'aurait pas exprimé; de fait, elle semble d'avis que des élections fédérales pourraient avoir lieu en février...
Line Gingras
Québec
« Un an plus tard » : http://www.ledevoir.com/2007/11/26/166081.html
« Le bulletin du premier ministre » : http://www.ledevoir.com/2007/12/03/167026.html
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06 décembre 2007
Démêlées ou démêlés
« ... Luc Lavoie, qui a guidé avec un rare brio les relations publiques de Brian Mulroney dans ses démêlées avec Herr Schreiber... » (Patrick Lagacé.)
On écrit un démêlé, des démêlés; démêlé est un nom masculin qui s'emploie généralement au pluriel, au sens de « Contestation, querelle sur une affaire qui demande à être éclaircie et qui est l'objet de débats entre deux parties » (Trésor de la langue française informatisé) :
L'origine des démêlés du nouveau roi avec le pape. (Bainville, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« La meneuse de claques » : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70720675#comments
06:26 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
04 décembre 2007
Mémoire défaillante
« ... une étude japonaise qui bat en brèche l'idée répandue selon laquelle que l'homme est supérieur au singe pour toutes les fonctions cognitives. » (AP.)
« Un test a mis comparé trois chimpanzés de cinq ans, qui avaient appris l'ordre des chiffres de 1 à 9, et une dizaine de volontaires humains. »
Le journaliste a voulu modifier la construction de ces deux phrases; mais sitôt les changements apportés, croirait-on, il s'est empressé d'oublier les avoir faits, et ne s'est donc pas relu. C'est peut-être vrai, que notre mémoire ne vaut pas celle des chimpanzés...
Line Gingras
Québec
« Le chimpanzé a une meilleure mémoire que l'homme » : http://www.ledevoir.com/2007/12/04/167139.html
02:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
28 novembre 2007
Il ne dit goutte
« Stephen Harper n'a pas entièrement tort de vouloir que tous les pays montent dans le train. Mais comment? Il ne dit goutte. » (Manon Cornellier.)
Selon le Petit Robert, la négation renforcée ne... goutte s'utilise, par archaïsme ou par plaisanterie, avec les verbes voir, entendre, comprendre et connaître. D'après le Lexis, qui tient ces expressions pour littéraires, ne voir, n'entendre, ne comprendre goutte, c'est ne rien voir, ne rien entendre, ne rien comprendre :
C'est tout noir dans la cave : je n'y vois goutte. (Multidictionnaire.)
On n'y voyait goutte pour faire une partie de piquet. (France, dans le Lexis.)
Quand il n'y voit goutte, le plus malin n'est pas fier. (Bernanos, dans le Petit Robert.)
Vieux, boiteux, n'y voyant goutte, probablement un peu sourd. (Hugo, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
C'est un homme qui ne voit goutte dans ses affaires. (Hanse et Blampain.)
Je n'y entends goutte, à votre affaire. (Lexis.)
Ils ne comprennent goutte à ma conduite. (Hugo, dans le Trésor.)
Je n'ai trouvé d'exemples qu'avec ces trois verbes. Je proposerais donc :
Il n'en dit rien.
Il n'en dit pas un mot.
* * * * *
Il faut lire l'excellent article de madame Cornellier.
Line Gingras
Québec
« Faire payer les pauvres » : http://www.ledevoir.com/2007/11/28/166390.html
18:47 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias