30 novembre 2006
Aucun = zéro
« Aucun des quatre candidats qui terminent en tête de cette course au leadership ne sont assurés de l'emporter lors du vote de samedi. » (Bernard Descôteaux.)
Quatre candidats terminent en tête, mais aucun n'est assuré de la victoire.
Line Gingras
Québec
« Quel chef pour les libéraux? » : http://www.ledevoir.com/2006/11/30/123903.html
02:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
29 novembre 2006
Le sujet inaperçu
«... dans les élans rupestres de Par les bois et les prés de Bohême, dont les effets de bourgeonnement donnés par le fugato des cordes passe__ hélas inaperçu_.» (Christophe Huss.)
D'après la façon dont la phrase est construite, ce n'est pas le fugato qui passe inaperçu, ni le bourgeonnement, mais plutôt les effets de bourgeonnement :
... dont les effets de bourgeonnement donnés par le fugato des cordes passent hélas inaperçus.
Line Gingras
Québec
«Concerts classiques - Une précieuse rareté» : http://www.ledevoir.com/2006/11/28/123747.html
01:49 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
28 novembre 2006
Les voyages de Saint-Paul
«En foulant la terre des premiers voyages de Saint-Paul, Benoît XVI peut difficilement ne pas penser aux rares chrétiens de Turquie_ qui attendent de cette visite une amélioration de leur condition, dit Mgr Pelâtre.» (Christian Rioux.)
«... l'ancienne cathédrale Sainte-Sophie...»
Le deuxième exemple est correct : l'adjectif saint, employé avec un prénom pour former un nom propre désignant un lieu, prend la majuscule et est suivi du trait d'union. Dans le premier passage cité, toutefois, il s'agit du personnage même de saint Paul...
* * * * *
Si Benoît XVI pense aux rares chrétiens de Turquie qui attendent de cette visite une amélioration de leur condition, sans virgule devant le pronom relatif qui, c'est qu'il y a peu de gens, parmi les chrétiens de Turquie, qui ont des attentes; on ne fait état que de ceux-là, sans donner d'indication touchant le nombre de chrétiens en Turquie. Pour exprimer l'idée que les chrétiens de Turquie sont peu nombreux, mais qu'ils ont des attentes, il faut mettre une virgule devant le pronom relatif :
... Benoît XVI peut difficilement ne pas penser aux rares chrétiens de Turquie, qui attendent de cette visite une amélioration de leur condition...
Comparer n'oubliez pas d'appeler les trois figurants qui n'étaient pas à la dernière répétition (il manquait trois personnes parmi les figurants) et n'oubliez pas d'appeler les trois figurants, qui n'étaient pas à la dernière répétition (il y a trois figurants, et aucun n'était à la dernière répétition).
Line Gingras
Québec
03:36 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, syntaxe
27 novembre 2006
Un de leur collègue...
«... cinq ministres représentant les intérêts des chiites et un de leur_ collègue_ défendant ceux des chrétiens proches du président Émile Laoud ont démissionné.» (Serge Truffaut.)
... et un de leurs collègues...
* * * * *
«Dans les jours qui viennent, il faut s'attendre à ce que les relations entre les uns et les autres se tendent davantage. Car tous entendent descendre dans la rue pour manifester...»
... il faut s'attendre à ce que les relations entre les uns et les autres deviennent encore plus difficiles. Car tous ont l'intention de descendre dans la rue pour manifester...
Line Gingras
Québec
«Le coup de force» : http://www.ledevoir.com/2006/11/18/123110.html
02:20 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
26 novembre 2006
Aucun et pas
«À Bangkok, il n'y a pas d'attente pour aucun examen médical...» (Benoit Legault.)
D'après ce que je lis dans le Multidictionnaire et dans le Hanse-Blampain, il faut éviter d'employer l'adverbe pas ou point dans la même proposition que l'adjectif ou le pronom aucun. J'écrirais donc :
À Bangkok, il n'y a d'attente pour aucun examen médical...
À Bangkok, il n'y a pas d'attente / il n'y a aucune attente / il n'y a jamais d'attente pour les examens médicaux...
Line Gingras
Québec
«Thaïlande - Bangkok, panacée du tourisme médical» : http://www.ledevoir.com/2006/11/25/123367.html
02:40 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
25 novembre 2006
Quelle qu'en sera la durée
«... tout au long de son mandat, quelle qu'en sera la durée.» (Hélène Buzzetti.)
Quel que, déterminant relatif en deux mots, marque la concession ou l'opposition; il doit donc être suivi du subjonctif :
... quelle qu'en soit / quelle qu'en puisse être la durée.
J'ai vérifié cette information dans le Multidictionnaire et dans le Hanse-Blampain.
Line Gingras
Québec
«Graham appelle à l'unité du parti» : http://www.ledevoir.com/2006/11/25/123543.html
04:03 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
24 novembre 2006
Les horreurs grotesques qu'elles ont vécu
«Il porte [le documentaire Afghanistan Unveiled] sur la vie de femmes afghanes qui habitent des provinces isolées, des femmes et des enfants dont on a peine à imaginer la pauvreté et l'isolement aujourd'hui mais qui toutes racontent les horreurs encore plus grotesques qu'elles ont vécu__ sous le régime des Talibans.» (Lise Ravary.)
Dans la langue courante, l'adjectif grotesque peut signifier «qui prête à rire par son côté invraisemblable, excentrique ou extravagant» (Trésor de la langue française informatisé) :
Des bouffons grotesques. (Multidictionnaire.)
Ce Scaramouche faisant la parade et se déhanchant en poses grotesques sur des tréteaux que supportent des barriques... (Gautier, dans le Trésor.)
Il peut vouloir dire aussi «qui prête à la dérision par son côté outrancier et son mauvais goût» (Trésor) :
On a fait d'un rien une histoire grotesque. (Lexis.)
Ces accusations sont grotesques. (Multidictionnaire.)
Une exclamation grotesque d'écolier délivré : «Le ciel est mort»... (Mallarmé, dans le Trésor.)
Je ne pense pas qu'on ait cherché à faire de l'humour en écrivant la phrase à l'étude, mais que l'adjectif est mal choisi; je proposerais :
... les horreurs encore plus inconcevables qu'elles ont vécues...
Rappelons que le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe : elles ont vécu quoi? des horreurs.
Line Gingras
Québec
«Voix afghanes» : http://forums.chatelaine.qc.ca/advansis/?mod=for&act=...
04:25 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, blog de journaliste
23 novembre 2006
Appel d'offre ou appel d'offres
«... l'appel d'offre_ devrait se faire au cours des prochains jours.» (Antoine Robitaille.)
«Par ailleurs, le ministre Béchard a dit hier que l'appel d'offres que l'État doit lancer - à partir d'un projet récréotouristique défini par la région - devrait se faire "dans les prochains jours".»
L'appel d'offres étant un appel à la concurrence, on ne sera pas surpris d'apprendre que, d'après le Multidictionnaire et le Grand dictionnaire terminologique, le nom offre s'écrit toujours au pluriel dans cette expression.
Line Gingras
Québec
«Mont-Orford - Béchard tente de sauver la saison de ski» : http://www.ledevoir.com/2006/11/22/123324.html
«Mont-Orford - Le syndicat gâche le triomphe de Béchard» : http://www.ledevoir.com/2006/11/23/123425.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
22 novembre 2006
Outre que + subjonctif
«Outre qu'elle soit de date récente (1989), en effet, cette règle n'est pas inscrite dans la loi, encore moins dans un texte constitutionnel.» (Jean-Claude Leclerc.)
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, la locution conjonctive outre que doit être suivie de l'indicatif ou du conditionnel :
Outre qu'il est incompétent, il est désagréable. (Multidictionnaire.)
Outre qu'il était trop âgé, il n'avait pas les qualités requises. (Hanse-Blampain.)
Outre qu'il serait mal accueilli, il n'est pas qualifié pour nous représenter. (Hanse-Blampain.)
Il faudrait donc écrire :
Outre qu'elle est de date récente...
Line Gingras
Québec
«La sélection des juges - Un enjeu si fondamental mérite un vote de confiance aux Communes» : http://www.ledevoir.com/2006/11/20/123163.html
03:45 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
21 novembre 2006
Leur légitimité à revendiquer...
«M. Landry cherche d'abord à convaincre les Québécois de leur parfaite légitimité à revendiquer la reconnaissance de leur nation dans tous les sens du terme.» (Michel David.)
On parlait encore, il n'y a pas si longtemps, de la légitimité d'un enfant; il n'est plus guère question aujourd'hui, toutefois, que de la légitimité de quelque chose. Pas étonnant que je n'aie rien vu, dans les cinq ouvrages consultés, qui autorise la construction la légitimité de quelqu'un à faire quelque chose, sa légitimité à faire quelque chose :
Légitimité d'une conviction, d'une revendication. (Petit Robert.)
La légitimité de ses droits. (Lexis.)
La légitimité du pouvoir établi. (Lexis.)
Étienne parlementait toujours, cherchant à convaincre Deneulin de la légitimité de leur action révolutionnaire. (Zola, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
... Christophe n'avait pas l'esprit assez rassis pour admettre la légitimité de sa défaite. (Rolland, dans le Trésor.)
La phrase à l'étude appellerait donc une légère reformulation :
M. Landry cherche d'abord à convaincre les Québécois qu'il leur est parfaitement légitime de revendiquer la reconnaissance de leur nation dans tous les sens du terme.
Line Gingras
Québec
«Merci, M. Ignatieff» : http://www.ledevoir.com/cgi-bin/ledevoirredir.cgi?http://...
04:40 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
20 novembre 2006
Quelque part le long de la ligne
«Dans Here Be dragons (2004), Peter C. Newman, une des voix les plus respectées du Canada anglais, à l'époque rédacteur en chef du Toronto Star, raconte comment, manipulé par Trudeau et son entrepreneur de basses œuvres, il fut amené à répercuter la fable du gouvernement provisoire pour justifier l'envoi de la troupe au Québec. [Ma traduction :] "Quelque part le long de la ligne, la discussion pleine de sérénité du comité éditorial du Devoir fut transformée en un coup d'État projeté."» (Louis Hamelin, écrivain.)
[Je précise que c'est monsieur Hamelin qui est l'auteur de la traduction incluant l'expression à l'étude.]
De quoi est-il question ici? d'un match de hockey? de la finale de la coupe Grey? Qu'est-ce que c'est que cette ligne? la ligne de chemin de fer? la ligne de parti?
Bon, je plaisante. Mais si je vous dis que l'article porte sur les événements d'octobre 1970, vous ne serez guère plus avancé..., sauf si vous avez l'habitude de passer de l'anglais au français : je ne connais pas l'ouvrage de monsieur Newman et je n'ai pas vu la phrase anglaise, mais ce que je crois deviner derrière ce tour étrange, quelque part le long de la ligne, c'est l'expression somewhere along the line - qui devrait se traduire ici, me semble-t-il, par «à un certain moment», «à un moment donné». (Voir le Guide anglais-français de la traduction, de René Meertens, ou le Robert & Collins Super Senior, à l'article «line».)
On comprendrait mieux, non?
Line Gingras
Québec
«La série de la CBC sur le FLQ - La guerre, yes mon colonel» : http://www.ledevoir.com/2006/11/20/123214.html
03:11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, traduction, presse, médias
19 novembre 2006
La vision qu'elle avait fait sienne...
«Telle était la vision qu'avait fait_ sienne Laure Gaudreault en 1961...» (Normand Thériault.)
Les deux éléments de l'expression faire sien sont variables :
Les opinions qu'il a faites siennes. (Multidictionnaire, à l'article «sien».)
Dans la phrase à l'étude, le participe passé du verbe faire, comme le pronom possessif, doit s'accorder en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, vision :
Telle était la vision qu'avait faite sienne Laure Gaudreault en 1961...
Line Gingras
Québec
«Toujours au poste» : http://www.ledevoir.com/2006/11/18/123042.html
02:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
18 novembre 2006
Jeunes filles de mauvaises vertus
«À la Renaissance, avoir les cheveux libres était typique des jeunes filles de mauvaises vertus.» (Pauline Gravel, citant l'historien de l'art Bruno Mottin.)
Je n'ai pas trouvé l'expression de mauvaises vertus (ni de mauvaise vertu) dans les six ouvrages que j'ai consultés, pas même dans le Dictionnaire historique de la langue française.
Ce dernier consigne cependant la locution adjective de moyenne vertu, datée de 1732 et remplacée depuis par de petite vertu, s'appliquant à une femme «de mœurs faciles», «de mœurs légères» :
Il y avait, aux alentours de l'école de médecine, un certain nombre de «demoiselles de petite vertu» qu'il connaissait. (Martin du Gard, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Une personne de grande beauté et de petite vertu. (Maurois, dans le Lexis.)
L'expression n'est donnée qu'au singulier.
Line Gingras
Québec
«Les mystères de la Joconde révélés» : http://www.ledevoir.com/2006/09/27/119167.html
22:10 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, presse, médias
17 novembre 2006
Trouver un moment de soulever...
«... il est difficile de trouver un moment plus inopportun de soulever des questions constitutionnelles.» (Norman Spector.)
Vous ressentez un malaise devant cet emploi de la préposition de devant l'infinitif soulever? Il vous semble que c'est plutôt pour qu'il faudrait utiliser? Je suis bien de votre avis. Mais tâchons de voir pourquoi nous apporterions cette correction.
On peut très bien faire suivre moment d'un complément déterminatif introduit par de :
Se ménager un moment de répit. [L'expression de répit, sans article, équivaut à un adjectif qualificatif.]
Ce n'est pas le moment de lire. [C'est le moment de faire autre chose.]
Le moment était venu de lui téléphoner pour lui apprendre la nouvelle. [Qu'est-ce qui était venu? le moment de lui téléphoner.]
Il était enfin arrivé, le moment de soulever des questions constitutionnelles. [Il y a longtemps qu'on attendait ce moment précis, celui de soulever des questions.]
On écrirait cependant :
Elle n'a jamais un moment pour sa fille. [Pour sa fille est complément circonstanciel - de destination, je dirais - du verbe avoir.]
Je n'ai pas un moment pour lire. [Pour lire est aussi complément circonstanciel du verbe avoir.]
Il ne trouve jamais un moment / le moment propice pour me téléphoner. [Pour me téléphoner est complément circonstanciel du verbe trouver : il ne trouve jamais un moment ou le moment propice pour quoi faire? pour me téléphoner.]
Le moment n'est pas bien choisi pour aller à l'épicerie. [On a choisi ou on pensait choisir un moment donné pour quoi faire? pour aller à l'épicerie.]
... et enfin :
... il est difficile de trouver un moment plus inopportun pour soulever des questions constitutionnelles. [Il s'agit de trouver un moment pour quoi faire? pour soulever des questions constitutionnelles. Le complément ne se rattache pas au nom, mais au verbe, ce qui explique l'emploi de la préposition pour, indiquant le but.]
... il ne sera jamais arrivé, le moment opportun pour soulever des questions constitutionnelles. [Moment est déjà caractérisé par l'adjectif opportun. Il ne sera jamais arrivé, le moment que l'on jugerait opportun pour quoi faire? pour soulever des questions constitutionnelles. Comparer avec Il ne sera jamais arrivé, le moment de soulever des questions constitutionnelles.]
* * * * *
«... les chefs politiques sont désormais tenus de tenir un référendum...»
... les chefs politiques sont désormais forcés/obligés de tenir un référendum...
... les chefs politiques doivent désormais tenir un référendum...
Line Gingras
Québec
«Ignatieff aurait dû savoir» : http://www.ledevoir.com/2006/11/16/122953.html
04:56 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
16 novembre 2006
-Ment -ment -ment, c'est pesant!
«Les universités québécoises ont renoué ces deux dernières années avec les déficits. Les problèmes de sous-financement les affectent lourdement dans leur fonctionnement.» (Bernard Descôteaux.)
Sans doute n'est-il pas indispensable d'éliminer les trois finales en -ment qui... alourdissent la deuxième phrase, mais on le pourrait :
Elles sont loin de disposer des sommes nécessaires pour bien fonctionner.
Line Gingras
Québec
«Crise universitaire» : http://www.ledevoir.com/2006/11/17/122998.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 novembre 2006
Le document doit entrer en vigueur...
D'après ce que j'ai vu dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé (je n'ai rien trouvé dans le Hanse-Blampain), la locution en vigueur peut s'employer au sens de «en usage», «usuel» :
Coutume, maxime, procédé, usage en vigueur. (Trésor.)Les anciennes formules de politesse qui sont encore en vigueur. (Madame de Staël, dans le Petit Robert.)
Dans le contexte qui m'a été soumis, l'expression rend plutôt l'idée d'une application officielle. En pareil cas, elle se rencontre fréquemment dans le domaine juridique :
Loi, décret, règlement... en vigueur, qui est toujours en vigueur. (Petit Robert.)
La Charte de la langue française est en vigueur depuis 1977. (Multidictionnaire.)
Si l'on établit dans un pays le gouvernement de ces partis, il ne faut pas s'étonner que la constitution en vigueur fonctionne. (Barrès, dans le Trésor.)
Il me semble toutefois que le tour a assez d'extension pour qu'on puisse s'en servir aussi dans la langue administrative, et qu'un programme d'enseignement peut entrer en vigueur à telle date, comme un règlement. Mais serait-il correct de dire que le document où est exposé le programme doit entrer en vigueur le...?
Un document, selon les ouvrages mentionnés plus haut, c'est un écrit ou un objet «servant de témoignage ou de preuve, constituant un élément d'information» (Lexis). À proprement parler, le document comme tel ne saurait donc entrer en vigueur. Il convient de se demander, cependant, s'il n'y aurait pas lieu de recevoir quand même cet emploi, que l'on pourrait considérer comme métonymique.
On dit bien boire un verre, en utilisant le contenant pour le contenu. Jusqu'où peut-on aller dans cette direction? C'est affaire, dans une certaine mesure, d'appréciation personnelle. Mais sans doute vaudrait-il mieux écrire que le programme, plutôt que le document, entrera en vigueur à telle date; ou reformuler le passage de manière à contourner la difficulté.
Line Gingras
Québec
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
14 novembre 2006
Pugnace
On me demande ce que je pense de l'adjectif pugnace :
Son caractère pugnace la fait craindre de tous.
Il faut se montrer pugnace pour s'imposer dans ce milieu.
C'est un mot que je ne rencontre pas souvent; apparemment il ne serait pas toujours compris, quoique le lien avec poing, pugilat me semble assez net. (Cela tient peut-être à sa prononciation : j'apprends que le gn se prononce comme dans huguenot, et non pas comme dans poignée.)
Selon le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé, pugnace appartient à la langue littéraire; il signifie «qui aime le combat, la polémique» (Petit Robert) :
Des orateurs aussi pugnaces qu'éloquents. (Multidictionnaire.)
Une nature polémique et infatigablement pugnace. (Sainte-Beuve, dans le Lexis.)
La nature prudente de M. de Saci n'était pas sans quelque méfiance de la nature pugnace d'Arnauld, et il l'aurait voulu tempérer. (Sainte-Beuve, dans le Trésor.)
Certains voudront peut-être le remplacer par combatif, d'utilisation plus courante :
Cette timidité pratique leur laisse une humeur si peu combative... (Mounier.)
Notons à ce propos qu'il y a hésitation sur la graphie; le Petit Robert, par exemple, fait observer (à l'article «combatif») que l'on écrirait mieux combattif.Line Gingras
Québec
23:55 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
13 novembre 2006
De sa faconde habituelle
Le ministre a déclaré, de/avec sa faconde habituelle, que...
Un ami lecteur m'a demandé s'il est préférable d'écrire de sa faconde habituelle ou avec sa faconde habituelle.
Il m'a semblé utile de consulter le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé aux articles «faconde», «éloquence», «volubilité», «loquacité», «verve» et «bagout». Les exemples recueillis sont assez convaincants :
Volubilité
[Elle] parlait sans s'arrêter [...] avec une telle volubilité qu'elle n'avait pas le temps de respirer. (Rolland, dans le Petit Robert.)
Elle parlait avec une volubilité extrême et semblait dans une grande agitation. (Gide, dans le Lexis.)
Ils racontèrent leur expédition avec une volubilité étourdissante. (Multidictionnaire.)
Elle débite, avec la plus incroyable volubilité de langue, ses monologues, qui mettraient en défaut... (Jouy, dans le Trésor.)
Éloquence
Avec son éloquence, Marie-Ève arrivera à les convaincre de participer. (Multidictionnaire.)
L'ouverture [...] résume avec la plus foudroyante éloquence symphonique l'esprit, le style, la philosophie et l'action [de l'œuvre]. (Bruneau, dans le Trésor.)
Verve
Mon père s'est remis à bavarder avec beaucoup de verve. (Céline, dans le Lexis.)
M. Blanqui, répondant avec son intarissable verve à un célèbre journaliste, amusa fort ses lecteurs... (Proudhon, dans le Trésor.)
Bagout (ou bagou)
Tout en parlant ainsi, avec cette facilité de paroles de la femme et de la Parisienne qui s'appelle bagou dans le langage de Paris... (E. et J. de Goncourt, dans le Trésor.)
Faconde
J'aimerais l'y suivre [Jean Marais] avec la faconde précise des speakers sportifs de la radio... (Cocteau, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
05:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
12 novembre 2006
Repère des Hell's Angels
«Mais il me semble qu'une famille de juifs hassidiques, même parmi les plus fermés, sont de meilleur voisinage qu'un repère de Hell's Angels.» (Lise Ravary.)
Aurait-on besoin de repères pour reconnaître un repaire de Hells Angels*?
Line Gingras
Québec
«L'accomodement [sic] raisonnable et le Y» : http://forums.chatelaine.qc.ca/advansis/?mod=for&act=...
* Il s'agit de la graphie officielle : http://www.hells-angels.com/faq.htm (en anglais)
03:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, blog de journaliste
11 novembre 2006
Euphémiser
«Déçu, le ministre québécois de l'Environnement, Claude Béchard, a reconnu hier qu'il n'avait pas réussi à obtenir de Mme Ambrose le temps de parole de 45 secondes qu'il avait réclamé (sur les trois minutes accordées au Canada lors des plénières). "Il ne semble pas y avoir, à ce moment-ci, beaucoup d'ouverture", a-t-il euphémisé [...]» (Antoine Robitaille.)
Je ne trouve pas le verbe euphémiser dans les ouvrages généraux que j'ai sous la main, soit le Petit Robert (2007), le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé.
Je ne vois pas très bien, toutefois, quel autre verbe pourrait exprimer exactement la même idée, et il me paraît un peu lourd d'écrire «a-t-il dit par euphémisme» ou «a-t-il dit euphémiquement».
Les lexicographes devraient peut-être songer à l'admettre?
Line Gingras
Québec
«Nairobi : Ottawa muselle le Québec» : http://www.ledevoir.com/2006/11/10/122564.html
00:35 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
10 novembre 2006
Accord du verbe avec le sujet inversé
«Cette anecdote fait écho au rôle effacé que semble__ jouer les six femmes ministres du cabinet Harper.» (Manon Cornellier.)
Ce n'est pas le rôle qui semble jouer les femmes, mais les femmes qui semblent jouer un rôle.
«... l'autre secrétaire parlementaire du premier ministre, Jason Kenney, occupe tout le devant de la scène quand vient le temps de s'occuper des vraies choses.»
Je proposerais : ... tient tout le devant de la scène...
Line Gingras
Québec
«Femmes en retrait» : http://www.ledevoir.com/2006/11/08/122366.html
06:50 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe