10 octobre 2012
Tenir rigueur au fils pour les politiques du père
Tenir rigueur à quelqu'un pour quelque chose, tenir rigueur à quelqu'un de quelque chose; tenir rigueur pour quelque chose, tenir rigueur de quelque chose; choix de la préposition; grammaire française; syntaxe.
- Accepter l’idée que l’Ouest ne peut s’ouvrir à Trudeau équivaut à dire que cette région n’a pas changé depuis 30 ans et que ses électeurs vont tenir rigueur au fils pour les politiques du père.
(Manon Cornellier, dans Le Devoir du 29 septembre 2012.)
Tenir rigueur à quelqu'un d'une chose, peut-on lire dans le Lexis, c'est ne pas la lui pardonner. D'après les exemples que je relève dans les dictionnaires courants, on tient rigueur de quelque chose, et non pour quelque chose :
On ne peut pas lui en tenir rigueur. (Petit Robert.)
Je ne te tiendrai pas rigueur de ces mots qui ont dépassé ta pensée. (Multidictionnaire.)
Mlle Ventura et M. Escande jouèrent en tenue de ville la scène fameuse du quatrième acte de Bérénice. Expérience saisissante, à laquelle j'eusse voulu que M. Pierre Hamp assistât, lui qui tient rigueur à Racine de ses empereurs et de ses princesses. (Mauriac, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il aurait fallu écrire :
Accepter l’idée que l’Ouest ne peut s’ouvrir à Trudeau équivaut à dire que cette région n’a pas changé depuis 30 ans et que ses électeurs vont tenir rigueur au fils des politiques du père.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
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« Revue de presse – L’effet Trudeau. Déjà! » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/360324/l-effet-t...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
06:44 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
09 octobre 2012
Elle a obéit
Il a obéit, il a obéi; avoir obéit, avoir obéi; passé composé du verbe obéir; participe passé du verbe obéir; grammaire française; orthographe.
- [...] la multinationale du meuble a donc obéit* aux diktats d’un pays qui, encore aujourd’hui, maintient la femme dans une condition qui se nomme par un un* nom et un seul : l’esclavage.
(Serge Truffaut, dans Le Devoir du 9 octobre 2012.)
Le participe passé du verbe obéir, ce n'est pas obéit, qui ferait obéite au féminin, mais obéi, sans t; au passé composé, on écrit donc j'ai obéi, tu as obéi, il ou elle a obéi... :
[...] la multinationale du meuble a donc obéi aux diktats d’un pays qui, encore aujourd’hui, maintient la femme dans une condition qui se nomme par un nom et un seul : l’esclavage.
La forme obéit existe, mais elle correspond à la troisième personne du singulier du présent de l'indicatif et du passé simple : Il lui obéit au doigt et à l'œil.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
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* À 17 h 20, je vois que les deux fautes ont été corrigées.
« La femme tunisienne… – L’apartheid » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
02:53 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
07 octobre 2012
On paufine le texte
Paufiner ou peaufiner; orthographe.
- [...] car on paufine le texte que le quotidien va publier [...]
(Jean-François Lisée dans son blogue, le 1er octobre 2012.)
On écrit peaufiner, et non paufiner; cela tient au fait que le verbe, au sens propre, signifie « nettoyer avec une peau de chamois », selon le Petit Robert :
[...] car on peaufine le texte que le quotidien va publier [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
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« Cher Journal : Mon Anglo listening day » : http://jflisee.org/cher-journal-mon-anglo-listening-day/
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
01:58 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française
03 octobre 2012
Un artiste d'origine nicaraguayen
D'origine suivi d'un adjectif; orthographe d'accord.
- [...] un artiste gai d’origine nicaraguayen qui voulait se réfugier au Canada.
(Guillaume Bourgault-Côté, dans Le Devoir du 26 septembre 2012.)
L'adjectif s'accorde avec origine :
Il est d'origine française, irlandaise. (Petit Robert.)
[...] un artiste gai d’origine nicaraguayenne qui voulait se réfugier au Canada.
Line Gingras
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« Big Brother conservateur? » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/360058/big-broth...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
07:44 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
02 octobre 2012
L'intérêt réside au ton choisi
Résider à quelque chose, résider dans quelque chose; choix de la préposition; grammaire française; syntaxe.
- L’intérêt de la lettre et de la vidéo ne réside pas dans la ferme opposition de la Chambre aux mesures annoncées, opposition parfaitement légitime, mais plutôt au ton choisi, très offensif, alors même que le gouvernement est, lui, en mode solutions.
(Jean-François Lisée dans son blogue, le 29 septembre 2012.)
Je lis dans le Petit Robert que le verbe résider peut s'employer au sens figuré pour dire « exister habituellement, se trouver » en telle personne ou en telle chose. D'après les exemples proposés dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main, le complément est introduit, en pareil cas, au moyen des prépositions dans ou en :
Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. (Déclaration des droits de l'homme, dans le Petit Robert.)
L'ordre idéal des peuples réside dans leur bonheur. (Camus, dans le Petit Robert.)
La Constitution de Servius Tullius fait résider la puissance suprême dans l'assemblée du peuple. (Mérimée, dans le Lexis.)
C'est en cela que réside le vrai courage. (Barthélemy, dans le Lexis.)
La difficulté, le problème, la question réside en/dans. (Trésor de la langue française informatisé.)
La faute a résidé dans une mauvaise répartition des risques, qui furent accumulés sur un seul client débiteur. (Baudhuin, dans le Trésor.)
Monsieur Lisée a eu raison d'écrire « ne réside pas dans la ferme opposition »; il aurait dû introduire le deuxième complément de la même manière :
L’intérêt de la lettre et de la vidéo ne réside pas dans la ferme opposition de la Chambre aux mesures annoncées, opposition parfaitement légitime, mais plutôt dans le ton choisi, très offensif, alors même que le gouvernement est, lui, en mode solutions.
Line Gingras
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« "Indécent et immoral" : De la différence entre le lobby et la politique » : http://jflisee.org/indecent-et-immoral-de-la-difference-e...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
04:29 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
01 octobre 2012
Elle s'inscrit en faux avec cette analyse
S'inscrire en faux avec quelque chose, s'inscrire en faux contre quelque chose; choix de la préposition; grammaire française; syntaxe.
- L’équipe éditoriale du Globe s’inscrit en faux avec cette analyse.
(Manon Cornellier, dans Le Devoir du 29 septembre 2012.)
Je ne trouve pas dans les dictionnaires courants la construction s'inscrire en faux avec quelque chose, mais plutôt s'inscrire en faux contre quelque chose, qui signifie « nier la valeur de quelque chose » (Trésor de la langue française informatisé), « y opposer un démenti, une dénégation » (Petit Robert), « en contester vigoureusement la vérité, l'exactitude » (Lexis) :
S'inscrire en faux contre une déclaration, une interprétation. (Lexis, à l'article « faux ».)
Il s'inscrit en faux contre tous les bruits qui courent sur lui. (Lexis, à l'article « inscrire ».)
La ministre s'est inscrite en faux contre cette affirmation d'un journaliste, qu'elle prétend inexacte. (Multidictionnaire, à l'article « inscrire ».)
[...] il y a encore mille autres cas [...] où la psychologie, en un mot, s'inscrit en faux contre la grammaire. (Jankélévitch dans le Trésor, à l'article « faux ».)
Dans l'exemple ci-dessous, on s'inscrit en faux contre quelqu'un :
Je m'inscris en faux, quant à moi, contre les interprètes de la pensée de Barrès et contre ses commentateurs, sur le chef de l'amitié. (Blanche dans le Trésor, à l'article « inscrire ».)
Il aurait fallu écrire :
L’équipe éditoriale du Globe s’inscrit en faux contre cette analyse.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
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« Revue de presse – L’effet Trudeau. Déjà! » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/360324/l-effet-t...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
07:04 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
30 septembre 2012
Il incluera
Il incluera, il inclura; il incluerait, il inclurait; le verbe inclure au futur simple et au conditionnel; grammaire française; orthographe; conjugaison.
- Le projet de loi omnibus fédéral incluera la réforme des retraites des députés
(Titre d'un article de PC dans le site du Devoir, le 20 septembre 2012 à 17 h 10.)
On dit inclure, et non pas incluer; inclure n'étant pas un verbe du premier groupe, comme allouer, il ne prend pas de e devant le r, au futur simple et au conditionnel. Le titre aurait dû se lire :
Le projet de loi omnibus fédéral inclura la réforme des retraites des députés
Line Gingras
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http://www.ledevoir.com/politique/canada/359625/le-projet...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
04:23 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
28 septembre 2012
Saper dans les droits
Saper dans quelque chose, saper quelque chose; saper, verbe transitif ou intransitif; grammaire française; syntaxe.
- [...] envers et contre tous ceux qui songent, en mode officiel ou officieux, à saper dans leurs droits.
(Marie-Andrée Chouinard, dans Le Devoir du 28 septembre 2012.)
Saper, au sens propre, c'est détruire les assises d'une construction, dégrader par la base (Petit Robert); au sens figuré, c'est attaquer les bases, les principes de quelque chose pour ruiner progressivement (Petit Robert), « tendre à anéantir, à détruire radicalement » (Trésor de la langue française informatisé). D'après ce que je vois dans les dictionnaires courants, la chose que l'on cherche à détruire a toujours la fonction de complément d'objet direct; on sape quelque chose :
Saper les fondements de la morale. (Petit Robert.)
L'autorité paternelle qu'elle avait sapée toute sa vie dans le cœur du jeune homme. (Aragon, dans le Petit Robert.)
Ces mesquineries sapent la loyauté des employés. (Multidictionnaire.)
Ne sapez donc pas la Résistance, et c'est déjà la saper que de parler contre elle. (Triolet, dans le Lexis.)
Il est vrai que l'armée des journaux ne cessa de manœuvrer de façon à miner, saper la monarchie de droit antique jusqu'à ce qu'il suffît d'un souffle pour la renverser. (Vigny, dans le Trésor.)
La diffusion des nouvelles par la presse, la radio, la télévision, liées aux employeurs et au gouvernement, joue un grand rôle pour saper le moral ouvrier (Traité sociol., dans le Trésor.)
Il fallait écrire :
[...] envers et contre tous ceux qui songent, en mode officiel ou officieux, à saper dans leurs droits.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Avortement – Inquiétante ténacité » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/360215/inquietan...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
05:15 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
25 septembre 2012
Il engrange des dépenses, promu à un brillant avenir
Engranger des dépenses, engager des dépenses; promu à un brillant avenir, promis à un brillant avenir; paronymes.
- « Je n’ai pas de pouvoir de signature et je ne pourrai engranger des dépenses […] »
(Lisa-Marie Gervais citant Léo Bureau-Blouin, dans Le Devoir du 25 septembre 2012.)
On engrange le foin ou la moisson au sens propre, des richesses au sens figuré (Petit Robert), mais des dépenses? Le nouveau député a sans doute voulu dire :
Je n’ai pas de pouvoir de signature et je ne pourrai engager des dépenses […]
Se pourrait-il qu'il ait été mal cité?
- Certains rageraient devant ses allures de jeune premier promu à un brillant avenir.
Le Petit Robert et le Lexis donnent un exemple de circonstance :
Jeune homme promis à un brillant avenir.
Je trouve aussi dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « jauger » :
Mademoiselle Lambert me fit venir dans son bureau, me scruta, me jaugea et me promit à un brillant avenir. (Beauvoir.)
On est promu à un poste, mais un brillant avenir ne saurait être qu'une promesse, me semble-t-il :
Certains rageraient devant ses allures de jeune premier promis à un brillant avenir.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Ressouder les générations – "Quelque chose se passe, et je veux profiter de cette effervescence" » : http://www.ledevoir.com/societe/education/359966/quelque-...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
05:51 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
23 septembre 2012
Achille, un peu fou fou, courrait très vite
- Il soutient que « depuis Platon, depuis le paradoxe de Zénon, depuis la victoire de la tortue marcheuse et opiniâtre sur Achille qui courrait très vite — mais qui était un peu fou fou au fond — il y a un discrédit jeté à la course ».
(Antoine Robitaille citant Guillaume Le Blanc, dans Le Devoir du 22 septembre 2012.)
Achille aux pieds légers courait très vite; l'imparfait est de mise ici, et non pas le conditionnel.
Était-il un peu fou fou? Le Petit Robert et le Lexis donnent foufou, en un seul mot; le Trésor de la langue française informatisé consigne la graphie fou-fou, avec un trait d'union, mais propose uniquement cet exemple :
Quelqu'un de tout fou, le jeune comte Octavian, assez foufou, assez lancé sous les jupes des dames pour être connu sous le tendre nom de « Quinquin ». (Clément.)
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Les idées en l'ère – Pourquoi courir? » : http://www.ledevoir.com/sports/actualites-sportives/35975...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:56 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
12 septembre 2012
Elle a décidé à la consacrer...
Décider à faire quelque chose, décider de faire quelque chose; on décide à faire quelque chose, on décide de faire quelque chose; décider à + infinitif, décider de + infinitif; grammaire française; syntaxe; préposition.
- Cette dernière journée de la campagne avant l’élection, Pauline Marois a décidé à la consacrer à la région de Québec [...]
(Robert Dutrisac dans le site du Devoir, le 3 septembre 2012 à 16 h 4.)
On ne décide pas (on ne choisit pas) à faire quelque chose, mais de faire quelque chose :
Ils ont décidé de partir. (Petit Robert.)
Le directeur a décidé de le renvoyer. (Hanse et Blampain.)
Nous avons décidé de poursuivre le travail. (Multidictionnaire.)
Elle avait décidé d'acheter Giuseppina avant de lui demander service. (Vailland, dans le Lexis.)
Si le gouvernement anglais ne décide pas d'intervenir. (Malraux, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il fallait écrire :
Cette dernière journée de la campagne avant l’élection, Pauline Marois a décidé de la consacrer à la région de Québec [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Marois en terrain hostile » : http://www.ledevoir.com/politique/elections-2012/358358/l...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
11 septembre 2012
Ils ne se gênent pas de faire des parallèles
Se gêner de faire quelque chose; se gêner pour faire quelque chose; grammaire française; syntaxe; préposition.
- Et on diffuse sans retenue des commentaires carrément haineux des lecteurs qui ne se gênent pas de faire des parallèles avec les mouvements fascistes et néonazis.
(Mario Beaulieu, dans Le Devoir du 7 septembre 2012.)
D'après ce que je peux voir, le verbe pronominal se gêner (« s'imposer quelque contrainte physique ou morale », nous dit le Petit Robert) introduit l'infinitif complément au moyen de la préposition pour :
Elle ne s'est pas gênée pour lui dire ce qu'elle pensait. (Petit Robert.)
Elle ne s'est pas gênée pour avouer sa méprise. (Hanse et Blampain.)
Se gêner pour les autres, pour faire de la place. (Trésor de la langue française informatisé.)
Je ne me gênerai pas pour lui dire qu'il met trop de pommade. (Becque, dans le Trésor.)
Il fallait écrire :
Et on diffuse sans retenue des commentaires carrément haineux des lecteurs qui ne se gênent pas pour faire des parallèles avec les mouvements fascistes et néonazis.
(J'ai consulté aussi le Lexis, le Multidictionnaire, le Colin, le Girodet et le Berthier-Colignon, mais n'y ai rien trouvé d'utile sur la question.)
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Médias anglophones – Que la diabolisation des souverainistes cesse! » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/358682/que-la-di...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, presse, médias
09 septembre 2012
Face à face au tireur
Face à face à quelqu'un; face à face avec quelqu'un; grammaire française; syntaxe; préposition.
- Harold Lebel s’est retrouvé face à face au tireur [...]
(Brian Myles, dans Le Devoir du 6 septembre 2012.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert et le Trésor de la langue française informatisé, de même que dans le Colin, le Girodet, le Berthier-Colignon et le Hanse-Blampain, la locution adverbiale face à face est suivie de la préposition avec :
Il se trouva face à face avec un ancien camarade. (Petit Robert.)
[...] c'était la première fois qu'on me mettait ainsi face à face avec mon ignorance. (Dumas père, dans le Trésor.)
Verdun, ce fut aussi une manière de duel devant l'univers, une lutte singulière, et presque symbolique, en champ clos, où vous [Pétain] fûtes le champion de la France face à face avec le prince héritier. (Valéry, dans le Trésor.)
Il fallait écrire :
Harold Lebel s’est retrouvé face à face avec le tireur [...]
Line Gingras
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Québec
« Le SPVM et la SQ enquêtent sur l’attentat » : http://www.ledevoir.com/politique/elections-2012/358587/l...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
08 septembre 2012
Remonté en scelle, il se mets K.O.
En scelle, en selle; il se mets, il se met; il mets, il met; orthographe; grammaire française.
- Après un hiatus de deux ans, Thierrée est remonté en scelle de son moi débridé avec le même imaginaire déferlant qu’en 2010 [...]
(Isabelle Paré, dans Le Devoir du 6 septembre 2012.)
Au propre ou au figuré, on est, on monte, on se met, on saute en selle, comme l'indiquent ces exemples tirés du Trésor de la langue française informatisé :
Il s'écria : « Cette fois, nous avons vu; à cheval! » Ils sautèrent en selle. (Pesquidoux.)
On releva Sevilla qui se remit en selle avec une tranquillité parfaite. (Gautier.)
Bonne nouvelle, mes enfants, j'entre au Globe [...] me voici en selle! (Estaunié.)
Quelle folie que remettre en selle les gens de cette espèce! On croit les avoir abattus; on les retrouve plus gaillards que jamais [...] (Montherlant.)
Il fallait écrire :
Après un hiatus de deux ans, Thierrée est remonté en selle de son moi débridé [...]
- Thierrée multiplie les tableaux autour de cette métaphore, joue à cache-cache avec son ombre, se mets lui-même K.O. [...]
Le verbe mettre, ou se mettre, ne prend pas de s à la troisième personne du singulier du présent de l'indicatif (je mets, tu mets, il met) :
Thierrée multiplie les tableaux autour de cette métaphore, joue à cache-cache avec son ombre, se met lui‑même K.O. [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Aria pour un fou libre » : http://www.ledevoir.com/culture/theatre/358585/aria-pour-...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
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07 septembre 2012
Un aire d'aller
- La chef péquiste ne sent pas [...] mais « plutôt un aire d’aller » [...]
(Robert Dutrisac dans le site du Devoir, le 2 septembre 2012 à 20 h 34.)
On doit éviter de confondre un air de famille (ou l'air d'aller bien), une aire d'atterrissage et une erre d'aller, régionalisme synonyme de lancée, d'élan, d'après le Petit Robert :
Elle patinait très vite et puis continuait simplement sur l'erre d'aller. (Multidictionnaire.)
Il fallait écrire :
La chef péquiste ne sent pas [...] mais « plutôt une erre d’aller » [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Pauline Marois mise sur le vote des femmes » : http://www.ledevoir.com/politique/elections-2012/358353/p...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
05 septembre 2012
Soupçonné de molesse
- Personne ne lui semble trop radical à l’égard des Juifs, pas même Hitler qu’il soupçonne de molesse!
(Jean-François Nadeau, dans Le Devoir du 1er septembre 2012.)
On écrit molosse, mais mollesse.
- L’idée d’écrire de nouveaux pamphlets lui est-elle venue dans l’après-guerre? Sans doute les suites de ceux qu’il publia avant et pendant la guerre l’encouragèrent-ils à se montrer plus prudent afin de s’assurer de ruser au mieux avec la mort.
Ce sont les suites qui l'encouragèrent sans doute à se montrer plus prudent, et que représente donc le pronom de reprise :
L’idée d’écrire de nouveaux pamphlets lui est-elle venue dans l’après-guerre? Sans doute les suites de ceux qu’il publia avant et pendant la guerre l’encouragèrent-elles à se montrer plus prudent afin de s’assurer de ruser au mieux avec la mort.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Louis-Ferdinand Céline – Abus de mémoire? » : http://www.ledevoir.com/culture/livres/358243/louis-ferdi...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
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03 septembre 2012
Elles croulent sur des montagnes de liquidités
Crouler sur quelque chose; crouler sous quelque chose; préposition.
- Il ne faut pas oublier que l’économie dans le monde occidental étant ce qu’elle est, les entreprises n’investissent pas alors qu’elles croulent sur des montagnes de liquidités.
(Serge Truffaut, dans Le Devoir du 30 août 2012.)
Si je comprends bien, l'éditorialiste a voulu dire que les entreprises n'investissent pas en dépit du fait qu'elles disposent d'énormément de liquidités. Pour rendre cette idée de grande abondance, c'est la préposition sous qu'il fallait employer avec le verbe crouler :
L'arbre croule sous les fruits. (Petit Robert.)
Il croule sous les cadeaux. (Lexis.)
Une église dont le chœur croule sous les dorures. (Lexis.)
La salle croulait sous les bravos et les « encore ». (Morand, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Elle avait un chapeau à franges qui croulait sous le poids des fleurs... (Céline dans le Trésor, à l'article « chapeau ».)
Il ne faut pas oublier que, l’économie dans le monde occidental étant ce qu’elle est, les entreprises n’investissent pas alors qu’elles croulent sous des montagnes de liquidités.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Crise financière en Espagne – Au secours! » : http://www.ledevoir.com/international/europe/358021/retap...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
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27 août 2012
Appolo* 11
Appolo 11, Apollo 11; orthographe.
- En plus, la NASA a « égaré » les bandes originales contenant les vidéos de la mission Appolo 11.
(Stéphane Baillargeon, dans Le Devoir du 27 août 2012.) - Selon son biographe, James Hansen, c’est du fait de son calme et de sa réserve naturelle qu’on lui avait accordé le commandement de la mission Appolo 11 [...]
(Fabrice Rousselot, de Libération, dans Le Devoir du 27 août 2012.)
Il n'aurait pas été superflu de vérifier l'orthographe du nom de cette mission historique :
En plus, la NASA a « égaré » les bandes originales contenant les vidéos de la mission Apollo 11.
Selon son biographe, James Hansen, c’est du fait de son calme et de sa réserve naturelle qu’on lui avait accordé le commandement de la mission Apollo 11 [...]
Après une recherche Google, j'ai consulté le Petit Larousse et le Petit Robert des noms propres.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
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* Le 29 août à 18 h 30, je vois que la faute a été corrigée dans les deux articles.
« Médias – La face cachée des étoiles » : http://www.ledevoir.com/societe/medias/357821/la-face-cac...
« Mort ce week-end – Neil Armstrong, l’un des derniers héros américains » : http://www.ledevoir.com/international/etats-unis/357813/n...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Tags : journalisme, presse, médias
25 août 2012
Il référait à la répartition des indécis
Référer au sens de faire allusion; anglicisme; calque de l'anglais.
- « Changez une variable dans votre sondage et vous venez d'inverser l'ordre des résultats. Vous le savez très bien », a-t-il lancé à un journaliste du groupe Québécor.
M. Charest référait à la répartition des indécis, qu'il estime être favorable à ses adversaires dans le sondage.
(Antoine Robitaille dans le site du Devoir, le 25 août 2012 à 20 h 19.)
D'après ce que je vois dans le Dagenais, le Colpron et le Multidictionnaire, c'est commettre un anglicisme que d'employer le verbe référer, ou se référer, au sens de faire allusion :
M. Charest faisait allusion à la répartition des indécis, qu'il estime favorable à ses adversaires dans le sondage.
Estimer peut introduire un adjectif attribut; je conseillerais donc de ne pas le faire suivre du verbe être.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Léger défend ses résultats face aux attaques de Charest » : http://www.ledevoir.com/politique/elections-2012/357778/l...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
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21 août 2012
River le clou de ses adversaires
River le clou de quelqu'un, river le clou à quelqu'un, river son clou à quelqu'un; grammaire française; syntaxe; choix de la préposition.
- Souriante, calme, posée et précise, drôle aussi parfois, elle a su river le clou de ses adversaires avec aplomb.
(Vincent Marissal, dans La Presse du 20 août 2012.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, consultés aux articles « river » et « clou », on ne dit pas river le clou de quelqu'un, mais plutôt river le clou à quelqu'un, river son clou à quelqu'un :
Rien ne compte pour nous que de river son clou à l'adversaire. (Mauriac dans le Lexis, à l'article « river ».)
Au fort des discussions, elle lançait une phrase, elle concluait d'un mot, elle « rivait le clou » à Charvet lui-même. (Zola dans le Trésor, à l'article « clou ».)
Souriante, calme, posée et précise, drôle aussi parfois, elle a su river le clou à* ses adversaires avec aplomb.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
* Le 29 août à 18 h 40, je vois qu'on a apporté la correction.
« Pas de K.-O. » : http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/vincent-marissal...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
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19 août 2012
Le nombre d'appliquant
Appliquant, applicant; application; anglicisme; calque de l'anglais.
- [...] si l'accélération du processus de sélection et de blocage des demandes illégitimes n'est pas « assez énergique » et ne parvient par à faire diminuer le nombre d'appliquant roms européens [...]
(Will Campbell, PC, dans le site du Devoir, le 18 août 2012 à 14 h 5.) - Les demandeurs d'asile qui entrent dans cette catégorie seraient confiés à l'ASFC en attendant les résultats de l'enquête sur leur application.
L'un des premiers anglicismes qu'on m'a appris à éviter, c'est l'emploi d'appliquer ou d'application pour rendre l'idée de présenter une demande. J'ajouterai que les dictionnaires (j'ai vu le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé) ne donnent pas appliquant comme substantif : il s'agit plutôt du participe présent du verbe appliquer, dont on s'est servi à tort, dans la première phrase à l'étude, comme équivalent du nom anglais applicants (au pluriel).
On pouvait écrire :
[...] si l'accélération du processus de sélection et de blocage des demandes illégitimes n'est pas « assez énergique » et ne parvient pas à faire diminuer le nombre de demandeurs roms européens [...]
Les demandeurs d'asile qui entrent dans cette catégorie seraient confiés à l'ASFC en attendant les résultats de l'enquête sur leur demande.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Ottawa prêt à considérer [?] la détention des demandeurs d'asile roms » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/357191/ottawa-po...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
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