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13 janvier 2008

Sous observation

Sous observation; en observationunder observation; anglicisme; calque de l'anglais.

« La petite flambée a en effet mobilisé plusieurs organisations, dont l'Agence de la santé publique du Canada, l'Agence des services frontaliers du Canada et la direction de l'aéroport Pearson. De concert, celles-ci ont ordonné la détention préventive de 75 passagers, qui ont aussitôt été placés sous observation. » (Louise-Maude Rioux Soucy.)

Marie-Éva de Villers et Camil Chouinard signalent que sous observation est le calque de l'anglais under observation; il faudrait dire plutôt en observation :

Le médecin l'a placé en observation pour quelques jours. (Chouinard.)

(Le Multidictionnaire propose également sous surveillance.)

De fait, je ne trouve pas sous observation dans le Petit Robert, dans le Lexis ni dans le Trésor de la langue française informatisé, mais en observation - expression qui s'emploie notamment en médecine, à propos de la « surveillance attentive d'un malade pendant un temps donné » (Lexis) :

Mis en observation au Kranken-Revier, il répondit si bien par son comportement à toutes les apparences de l'épilepsie, il triompha avec tant de naturel des différentes épreuves par où on le fit passer, que le médecin allemand n'eut aucun soupçon. (Ambrière, dans le Trésor.)

Les passagers auraient donc dû être placés en observation.

Line Gingras
Québec

« Des passagers d'un avion de ligne mis en quarantaine pour cause de gastro-entérite » : http://www.ledevoir.com/2008/01/10/171271.html

12 janvier 2008

Double standard

Double standard; anglicisme.

« Ce n'est pas gagné pour Hillary Clinton. Loin de là. Le double standard continuera de lui jouer de mauvais tours. » (Lise Payette.)

D'après le Trésor de la langue française informatisé, le nom standard peut s'employer, par analogie ou au figuré, au sens de « modèle de référence, norme adoptée par l'usage, par un groupe de personnes » (cette acception ne figure pas dans les autres dictionnaires généraux que j'ai sous la main) :

Il ne faut pas juger les Indiens d'après nos standards à nous. (Beauvoir.)

Je ne trouve cependant pas dans le Trésor l'expression double standard, également absente du Petit Robert, du Lexis et du Multidictionnaire, consultés aux articles « double » et « standard ». Bien que le Chouinard, le Colpron et le Dagenais ne donnent aucun avis là-dessus, je pense qu'il faut y voir un calque : le Robert & Collins Super Senior et le Meertens traduisent l'anglais double standard par deux poids, deux mesures; René Meertens propose encore règle ou principe appliqué de façon discriminatoire, discrimination, traitement inégal.

Madame Payette aurait peut-être pu écrire :

... On continuera de la juger d'après des critères qui ne s'appliquent pas aux autres candidats.

Line Gingras
Québec

« La bataille de Hillary Clinton » : http://www.ledevoir.com/2008/01/11/171345.html

10 janvier 2008

Procrastiner, procrastination

Procrastination, procrastiner.

Un ami lecteur, Lux, me demande si procrastiner et procrastination, de plus en plus fréquents, sont admis en français ou s'ils doivent être considérés comme des anglicismes.

Disons d'abord que les dictionnaires de difficultés que j'ai consultés - le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Chouinard, le Colpron, le Dagenais, le Colin et le Girodet - sont muets là-dessus. Le Petit Robert (2007) et le Lexis reçoivent seulement procrastination (« Tendance à tout remettre au lendemain, à ajourner, à temporiser », selon le Petit Robert), comme appartenant à la langue littéraire. Et le Robert & Collins Super Senior, s'il donne procrastination pour l'équivalent du substantif anglais, traduit procrastinate par « faire traîner les choses », « avoir tendance à tout remettre au lendemain ».

Je lis dans le Dictionnaire historique de la langue française, de Robert, que procrastination a été emprunté au latin à l'époque de la Renaissance; qu'il semble avoir été peu usité avant la fin du XVIIIe siècle et que, depuis le XIXe siècle, « son emploi est marqué comme plaisant ou littéraire ». On ajoute que les dérivés procrastiner et procrastinateur « se rencontrent exceptionnellement chez certains auteurs (Amiel, Colette) ».

Le Trésor de la langue française informatisé reçoit procrastination, dans la langue littéraire, avec la définition : « Tendance à différer, à remettre au lendemain une décision ou l'exécution de quelque chose. » Synonymes : ajournement, atermoiement :

Cette habitude, vieille de tant d'années, de l'ajournement perpétuel, de ce que M. de Charlus flétrissait sous le nom de procrastination. (Proust.)

Dans le même article, on signale le verbe procrastiner, comme littéraire et rare, de même que le nom procrastinateur :

Je remercie à présent chacun des contretemps qui m'empêchèrent d'approfondir ma connaissance de la forêt rambolitaine : la paresse, l'âge, le penchant à procrastiner, et aussi le plaisir que j'eus d'habiter trop peu de temps (...) un de ses sommets. (Colette.)

Les atermoyeurs, procrastinateurs et lambins de mon acabit sont justement de ceux qui ne finissent rien et même ne commencent pas davantage. (Amiel.)

Procrastiner et surtout procrastination me paraissent plus courants que ne le laissent entendre les dictionnaires; l'influence de l'anglais n'est peut-être pas étrangère à cette évolution de l'usage. Je ne pense pas qu'il faille les éviter; mais il est bon de savoir que l'on peut dire les choses autrement.

Line Gingras
Québec

09 janvier 2008

Élu pour un terme

Terme ou mandat; term of office; anglicisme; calque de l'anglais.

« À leurs yeux, le grand avantage du mode de scrutin actuel est l'alternance qui garantit aux deux grands partis de se partager le pouvoir après deux termes. C'est ce qui a fait que le gouvernement péquiste de Bernard Landry puis celui de Jean Charest ont prêché pour une réforme sans jamais bouger. » (Bernard Descôteaux.)

Pour rendre l'idée de durée, à propos d'une fonction que l'on confie à quelqu'un, on emploie en anglais le mot term ou l'expression term of office. En français, d'après le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, on ne parle pas d'un terme, mais d'un mandat :

Les électeurs de la circonscription ont réélu leur député pour un troisième mandat. (Dagenais.)

* * * * *

Jean Charest n'a jamais dirigé de gouvernement péquiste, bien que la construction de la deuxième phrase de monsieur Descôteaux laisse entendre le contraire. Je verrais deux formulations possibles :

C'est ce qui a fait que le gouvernement de Bernard Landry puis celui de Jean Charest ont prêché pour une réforme sans jamais bouger.

C'est ce qui a fait que le gouvernement péquiste de Bernard Landry puis le gouvernement libéral de Jean Charest ont prêché pour une réforme sans jamais bouger.

Line Gingras
Québec

« De quoi a-t-on peur? » : http://www.ledevoir.com/2008/01/03/170536.html

04 janvier 2008

Blanc de mémoire

Blanc de mémoire; blankmemory blank; anglicisme; calque de l'anglais.

« Pour ma mère, des pans de l'histoire ont disparu, l'encre s'est effacée. Le verglas n'est plus qu'un blanc de mémoire. » (Michèle Ouimet, dans La Presse. La journaliste fait allusion à la « crise du verglas » de janvier 1998.)

Ce blanc de mémoire est assez évocateur des visions de glace, d'une beauté terrifiante, qui m'ont assaillie dans les rues d'Ottawa lorsque, la tempête enfin terminée (je fais partie des privilégiés qui n'ont pas manqué d'électricité), je suis sortie retrouver des amis, dans le silence du centre-ville que rompaient des craquements de branches. Cependant, le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais donnent cette expression pour le calque de memory blank; jeune traductrice, j'ai appris à l'éviter; et l'on voit plusieurs condamnations dans Internet.

Le Petit Robert (2007) reçoit blanc, il est vrai, au sens de trou de mémoire, à titre de régionalisme utilisé au Canada et en Suisse. Mais je ne peux que déconseiller cet emploi - comme celui de blanc de mémoire, à l'extérieur du contexte très particulier où il se rencontre ici.

Line Gingras
Québec

« La tribu » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080104/CPOPINIONS05/8...

02 janvier 2008

Qui peut être millionaire?

Millionaire ou millionnaire; anglicisme; orthographe.

« Trois chiens millionaires » (Titre d'un article de l'agence Associated Press.)

En anglais, il suffit d'un « n » pour être millionnaire; en français, il en faut deux :

Trois chiens millionnaires.

Line Gingras
Québec

« En bref - Trois chiens millionaires [sic] » : http://www.ledevoir.com/2007/12/31/170413.html

26 décembre 2007

Définitivement

Définitivement; anglicisme.

« Quand il a décidé de présenter un nouveau discours du Trône à la fin de l'été dernier, le premier ministre Harper était convaincu qu'à la lumière de la performance définitivement moyenne du Bloc québécois dans les sondages, Gilles Duceppe continuerait à assurer la survie de son gouvernement minoritaire. » (Chantal Hébert.)

Selon Gérard Dagenais, l'adverbe définitivement « n'a qu'un sens. Il indique qu'une chose est terminée, fixée, réglée de façon définitive, c'est-à-dire "de façon qu'on ne doive plus y revenir" : la Cour suprême tranche définitivement les différends qui lui sont soumis.

L'adverbe anglais definitely, poursuit l'auteur du Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada, a une autre signification. Il veut dire "nettement, assurément, catégoriquement". C'est commettre un anglicisme que de prêter cette acception à définitivement. »

Le Colpron, le Multidictionnaire et le Chouinard donnent un avis semblable. J'ai trouvé divers équivalents dans les quatre ouvrages consultés, outre ceux qui sont proposés ci-dessus : certes, de tout cœur, incontestablement, indéniablement, indiscutablement, à coup sûr, sans aucun doute, décidément, absolument, bien entendu, bien sûr, certainement, sûrement.

Il va de soi que ces termes ne sont pas toujours interchangeables.

Line Gingras
Québec

« Le bulletin de l'opposition » : http://www.ledevoir.com/2007/12/10/167896.html

14 décembre 2007

Vérifier avec quelqu'un

Vérifier avec quelqu'un; to check with someone; anglicisme; calque de structure.

« Sans vérifier avec moi, M. Robitaille écrit que je suis "membre" du comité. Ce n'est pas tout de suite le cas. » (Jean-François Lisée.)

Le Multidictionnaire et le Colpron donnent vérifier avec quelqu'un pour une construction fautive, calque de to check with someone d'après le Colpron. On recommande de remplacer avec par auprès de :

Nous vérifierons les faits auprès de la direction. (Multidictionnaire.)

Line Gingras
Québec

« Libre opinion - Ma version des faits » : http://www.ledevoir.com/2007/12/12/168115.html 

27 novembre 2007

En soutien à

En soutien à; en soutien de; syntaxe; démonstratif à valeur de possessif; emploi du déterminant ou adjectif démonstratif; anglicisme. 

« ... les troupes canadiennes participaient à une opération de sécurité en soutien aux forces nationales afghanes... » (PC.)

Je n'ai pas trouvé en soutien à dans les dictionnaires consultés - j'ai vu le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain (qui ne m'a pas été utile), le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé. Ce dernier ouvrage reçoit la construction en soutien de :

Les Américains mettant, d'une part, des parachutistes et des chars en soutien des Français. (De Gaulle, dans le Trésor.)

Une recherche Google donne toutefois un nombre d'occurrences nettement plus élevé pour en soutien à (en soutien aux) que pour en soutien de (en soutien des). Je ne serais pas étonnée que les dictionnaires finissent par enregistrer cet usage.

* * * * *

« "Ce sont tout des Canadiens exceptionnels qui méritent la gratitude et le respect de cette nation..." » (Même article; on cite le premier ministre du Canada, Stephen Harper.)

Ce sont tous des Canadiens exceptionnels, selon monsieur Harper.

Cette nation... Le premier ministre désignerait-il une nation dont il aurait parlé dans la phrase précédente? Je ne le crois pas : il veut dire sans doute notre nation, la nation. L'emploi du démonstratif à valeur de possessif est très fréquent en anglais; il faut se garder de l'imiter.

* * * * *

« Leur décès portent à 73 le nombre de soldats canadiens morts en Afghanistan depuis le début de la mission canadienne, il y a cinq ans. »

Leur décès porte à 73...

Line Gingras
Québec

« Deux soldats canadiens de Valcartier tués » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071117/CPACTUALITES/7...

12 novembre 2007

Faire sa part

Faire sa partto do one's part; calque de l'anglais; anglicisme.

« Le milieu du travail devra aussi faire sa part. Sur ce point, le Dr Davignon montre directement du doigt l'organisation du travail qui, plutôt que d'aplanir les différences intergénérationnelles, les accentue. » (Louise-Maude Rioux Soucy.)

L'expression faire sa part est très souvent utilisée au Québec, au sens d'« apporter sa contribution ». Cependant, d'après le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, il s'agirait du calque de l'anglais to do one's part - que l'on pourrait éviter en disant plutôt collaborer, contribuer, participer, appuyer, fournir sa part (d'efforts), faire son devoir, y mettre du sien (voir aussi la Banque de dépannage linguistique) :

Toute la population doit *faire sa part* afin de préserver l'environnement = Toute la population doit fournir sa part d'efforts afin de préserver l'environnement / Toute la population doit contribuer à la préservation de l'environnement.

J'ai consulté le Petit Robert (2007), à l'article « part » : faire sa part ne s'y trouve pas. Le Hanse-Blampain, la Banque de dépannage linguistique et le Trésor de la langue française informatisé signalent par ailleurs faire sa part à quelque chose, « lui attribuer sa place, l'importance méritée » (Hanse-Blampain).

Line Gingras
Québec

« Étranger dans sa propre maison » : http://www.ledevoir.com/2007/10/27/162189.html

31 octobre 2007

Compléter une déclaration de revenu

Compléter une déclaration de revenus; compléter un formulaire; compléter un questionnaire; déclaration de revenu ou déclaration de revenus; anglicisme.

« ... tous les citoyens verront la différence en complétant leur déclaration de revenu. » (Manon Cornellier.)

Selon le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, compléter est un anglicisme au sens de remplir : on remplit un formulaire, un questionnaire, une déclaration de revenus (revenus avec un s, d'après ce que je vois dans le site de l'Agence du revenu du Canada et dans le Grand dictionnaire terminologique).

* * * * *

« M. Dion a dénoncé l'énoncé [il s'agit de l'énoncé économique présenté par le gouvernement conservateur], mais pour ajouter du même souffle que ça ne justifiait pas de provoquer des élections dont les Canadiens ne veulent pas. »

M. Dion a vivement critiqué ou a désapprouvé l'énoncé...

Line Gingras
Québec

« Harper maintient la pression » : http://www.ledevoir.com/2007/10/31/162583.html

30 octobre 2007

Être éligible à des points

Être éligible à quelque chose; être éligible ou avoir droit; éligible ou admissible; anglicisme.

« Pour revenir à ce pouding, à ma grande surprise, certains des commentaires les plus enflammés ne concernaient pas tant le "Nous" que ce dessert né d'une crise économique. En tant qu'aspirante au "Nous", je mentionnais avoir tenté la chose en y mettant beaucoup de sirop d'érable. Je demandais si ça me rendait éligible à des points "AéroNous". Sans le savoir, je m'aventurais en terrain glissant. » (Rima Elkouri, dans La Presse.)

On emploie souvent être éligible, au Québec, au sens de être admissible, avoir droit. Il s'agit toutefois d'un anglicisme, d'après le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais. De fait, le Petit Robert définit éligible uniquement de la façon suivante : « Qui remplit les conditions requises pour pouvoir être élu, et spécialement pour être élu député. »

Il faudrait donc écrire :

Vous êtes admissible [et non éligible] à ce concours, au régime d'assurance maladie.

Je demandais si ça me donnait droit à des points « AéroNous ».
Je demandais si je gagnais des points « AéroNous ».

Line Gingras
Québec

« Pouding chômeur » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071027/CPOPINIONS05/7...

25 octobre 2007

Âgés entre 14 et 16 ans

Âgés entre; âgé entre; aged between; anglicisme de structure; calque de l'anglais.

« Trois garçons âgés entre 14 et 16 ans [...] ont été formellement accusés d'agression sexuelle armée... » (Claude Savary, dans Le Nouvelliste.)

On utilise souvent, au Québec, la construction être âgé entre. Il faut cependant la considérer comme fautive, d'après Marie-Éva de Villers. Camil Chouinard y voit un calque de l'anglais to be aged between. Il est très facile de la remplacer :

Trois garçons âgés de 14 à 16 ans...
Trois garçons de 14 à 16 ans...

Line Gingras
Québec

« Trois cadets accusés d'agression sexuelle armée » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071023/CPNOUVELLISTE/...

09 octobre 2007

Contracteur

Contracteur ou entrepreneur; ville de Montréal ou Ville de Montréal; majuscule à ville; anglicisme; orthographe.

« Pompiers, ingénieurs de la ville de Montréal et ingénieurs du contracteur ont évalué la situation tout l'après-midi. » (Catherine Handfield, dans La Presse.)

Contracteur

On utilise très souvent, au Québec, le nom contracteur pour désigner le « propriétaire d'une entreprise qui fait des travaux pour le compte d'autrui » (Dagenais). Ce terme, absent du Petit Robert (2007), du Lexis et du Trésor de la langue française informatisé, est un anglicisme; il faut parler plutôt d'un entrepreneur, comme on peut le voir dans le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron, le Dagenais et le Meertens. L'Office québécois de la langue française admet les féminins entrepreneure et entrepreneuse (j'ai consulté à ce sujet Le français au bureau, sixième édition).

Ville de Montréal

D'après le Multidictionnaire, le nom ville s'écrit avec une majuscule lorsqu'il désigne l'administration urbaine : Pompiers, ingénieurs de la Ville de Montréal...

Line Gingras
Québec

« Un immeuble menace de s'effondrer sur Papineau » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070928/CPACTUALITES/7...

28 septembre 2007

Jouer un instrument

Jouer un instrument ou jouer d'un instrument; jouer la flûte ou jouer de la flûte; jouer le piano ou jouer du piano; jouer le violon ou jouer du violon; grammaire française; syntaxe du français; anglicisme; calque de structure.

« Et pour ceux qui apprennent à jouer un instrument? » (Paul Journet, dans La Presse.)

On dit très bien, en anglais, to play a musical instrument; en français, cependant, on joue de la flûte*, du piano, du violon, d'un instrument. (Voir au besoin le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire ou le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « jouer ».)

Line Gingras
Québec

« Mozart rend-il bébé plus intelligent? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070925/CPACTUEL/70925...
* « Bonhomme, bonhomme, sais-tu jouer? » : http://www.momes.net/comptines/notes/bonhomme-bonhomme-sa...

26 septembre 2007

Think thank you

Think thank ou think tank.

« Un sondage de l'Institut de recherche en politiques publiques [...] Le think thank montréalais lance sa publication lors d'un déjeuner-causerie organisé à la Grande Bibliothèque. » (Stéphane Baillargeon.)

Si l'on tient à montrer que l'on connaît l'anglais, il vaut mieux écrire think tank. Mon billet du 30 mai 2006 propose des solutions de rechange. Mais dans le contexte, on aurait pu parler simplement de l'organisme montréalais.

Line Gingras
Québec

« Un refus massif des accommodements raisonnables » : http://www.ledevoir.com/2007/09/25/158184.html

09 septembre 2007

Être sous l'impression que

Être sous l'impression que; être sous l'impression de; sous l'impression que; sous l'impression de; avoir l'impression que; avoir l'impression de; to be under the impression that; anglicisme; calque de l'anglais.

« Louise Beaudoin était sous l’impression que le premier ministre Lévesque y amenait* une tonne de dossiers. Son amie Francine a corrigé. Celui-ci arrivait souvent les mains dans les poches. » (Michel Corbeil, dans Le Soleil.)

D'après le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, la locution être sous l'impression, employée au sens de « croire », « s'imaginer », est calquée sur l'anglais to be under the impression. On dit plutôt j'ai l'impression que ou j'ai l'impression de + infinitif :

Plus tard, j'ai eu l'impression que cette nuit avait pesé lourd dans ma destinée. (Aragon, dans le Lexis.)

J'ai l'impression d'avoir le cœur sec. (Pialat, dans le Petit Robert.)

J'ai l'impression qu'il dit la vérité, de l'avoir déjà rencontré. (Multidictionnaire.)

Le Trésor de la langue française informatisé consigne sous l'impression de, suivie d'un nom ou, rarement, d'un infinitif; cette tournure rend cependant l'idée de « sous l'effet, l'empire, l'influence de quelque chose » :

Mon esprit était alerte comme si j'avais été sous l'impression du haschisch. (Tharaud.)

Le faubourg Saint-Germain restait encore sous l'impression d'avoir appris qu'à la réception pour le roi et la reine d'Angleterre, la duchesse n'avait pas craint de convier M. Detaille. (Proust.) [Le faubourg Saint-Germain a été frappé par la nouvelle.]

Bien entendu, dans le cas qui nous occupe, ce n'est pas ce qu'on a voulu dire :

Louise Beaudoin avait l'impression que le premier ministre Lévesque...

Line Gingras
Québec

* À mon avis, c'est plutôt apportait qu'on devrait lire ici. Mais nous reviendrons là-dessus.

« Dans l'antre de René Lévesque » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070907/CPSOLEIL/70906...

01 septembre 2007

Bien à vous

Bien à vous; truly yours; yours truly; anglicisme; calque de l'anglais.

Monsieur Julien utilise souvent l'expression bien à vous, mais il a un doute : « Est-elle vraiment usitée? » me demande-t-il.

Selon le Multidictionnaire et le Colpron, la formule de salutation bien à vous serait le calque de truly yours ou yours truly.

Cette expression est toutefois admise dans Le français au bureau, de l'Office québécois de la langue française - même s'il faut la réserver « aux notes et aux courriels qui ont un caractère personnel ».

Elle est également reçue dans le Trésor de la langue française informatisé. À l'article « bien », je trouve bien à vous comme « formule de politesse à la fin d'une lettre ». À l'article « être », on donne les précisions suivantes : « La formule familière de conclusion épistolaire, je suis (bien) à vous, est généralement employée sans la copule [c'est-à-dire sans le verbe être]. »

Il me semble donc que l'on peut se servir de l'expression bien à vous, dans certains contextes.

Line Gingras
Québec

25 août 2007

Retourner un appel

Retourner un appel; to return a call; anglicisme; calque de l'anglais.

« Ni Mme Boucher ni M. Petit n'ont retourné les appels du Devoir hier. » (Hélène Buzzetti, avec la collaboration de Monique Bhérer.)

On peut très bien retourner une lettre, c'est-à-dire la renvoyer à son point de départ :

Cette lettre a été retournée à l'expéditeur, l'adresse étant inexacte. (Multidictionnaire.)

On ne saurait toutefois faire de même avec un appel téléphonique. Selon le Multidictionnaire et le Colpron, retourner un appel est le calque de to return a call; en français, d'après ce que je vois dans ces ouvrages de même que dans le Meertens et Le français au bureau, on rappelle quelqu'un. L'Office québécois de la langue française propose également rendre un appel.

Line Gingras
Québec

« Dépenses électorales - Le PC s'est joué des règles » : http://www.ledevoir.com/2007/08/24/154460.html

23 août 2007

Opérationel ou opérationnel?

Opérationel ou opérationnel; force opérationelle ou force opérationnelle; lieutenant colonel ou lieutenant-colonel; orthographe; anglicisme.

« ... la force opérationelle canadienne en Afghanistan... » (Claude Lévesque.)

L'anglais operational s'écrit avec un seul n, mais le français opérationnel en prend deux : la force opérationnelle.

« ... la lieutenant colonel Bridget Rose... »

D'après TERMIUM et le Petit Robert, on écrit lieutenant-colonel avec un trait d'union.

« Vendredi dernier, deux autre_ militaires canadiens... »

« "Pour moi, il s'agit d'une cause noble, d'une mission noble. Il faut envoyer un message de solidarité à l'occasion de cette tragédie nationale. Mes pensée_ vont aux familles", a dit le critique du Parti libéral du Canada en matière de défense, Denis Coderre. »

Line Gingras
Québec

« Journée noire à Kandahar » : http://www.ledevoir.com/2007/08/23/154305.html

22 août 2007

L'emphase est mise sur...

Mettre l'emphase sur; emphase; to put the emphasis on; calque de l'anglais; anglicisme.

« Selon le porte-parole de la SQ, Richard Gagné, l'emphase est mise sur l'information voulant qu'un homme seul ait demandé à la fillette de l'aider à chercher son petit chien. » (Presse Canadienne.)

Dans la langue courante, on appelle emphase l'« emploi abusif ou déplacé du style élevé, du ton déclamatoire », l'« exagération dans la manifestation des sentiments » (Petit Robert) :

Il parla à son tour d'un ton doctrinaire, avec l'emphase apprise dans les proclamations. (Maupassant.)

Un dévouement sans comédie et sans emphase. (Baudelaire.)

Il se contenta de déclarer sans emphase qu'il avait fait son devoir. (Lexis.)

Camil Chouinard tient donc pour fautive l'expression mettre l'emphase sur, au sens de « mettre l'accent sur ». Cet emploi est considéré comme un anglicisme par le Multidictionnaire, le Colpron et le Dagenais; il s'agit du calque de to put the emphasis on, qui peut se traduire de différentes manières, selon le contexte : mettre l'accent sur, insister sur, faire ressortir, souligner, faire valoir, appuyer sur, mettre en valeur, mettre en relief.

Voir aussi la Banque de dépannage linguistique de l'Office québécois de la langue française (http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=3&id=1884) et Le français au micro, de Radio-Canada (http://www.radio-canada.ca/radio/francaismicro/description.asp?ID=219&CAT=E&leid=348&lacat=e).

Line Gingras
Québec

« Cédrika : Charest encourage les enquêteurs » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070817/CPACTUALITES/7...