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20 août 2007

Démotion

Démotion; anglicisme.

« Certes, à peu près tous les ministres ayant fait face à la controverse ont été affectés mardi, mais aucun n'a subi la démotion suprême consistant à être expulsé du cabinet. » (Hélène Buzzetti.)

« Pourtant, la démotion imposée aux deux titulaires, Rona Ambrose et Vic Toews, ne s'est pas traduite par un changement de cap dans ces deux domaines. »

Démotion n'est pas admis dans le Petit Robert (2007), dans le Lexis ni dans le Trésor de la langue française informatisé. D'après le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, c'est un anglicisme; pour dire qu'un employé ou un ministre doit occuper un poste inférieur au précédent, il faut utiliser rétrogradation.

Line Gingras
Québec

« Le dernier remaniement de Stephen Harper - Au travail! » : http://www.ledevoir.com/2007/08/18/153788.html

04 août 2007

En est un de, en est un en

En est un en; en est un de; syntaxe; anglicisme; calque de l'anglais.

« Le marché des boissons énergisantes en est un en constante évolution. » (Fabien Deglise.)

La construction en est un de... est donnée comme anglicisme dans le Colpron :

* La question en est une d'importance. (= C'est là une question importante.)

* Notre attitude en est une de collaboration. (= Notre attitude est celle de la collaboration.)

Les linguistes de l'Office québécois de la langue française y voient eux aussi un calque de l'anglais. (Banque de dépannage linguistique : http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=3&id=2450.)

Doit-on également se méfier de en est un en...? Ce tour ne me paraît pas plus idiomatique. Par curiosité, j'ai tapé dans Google « is one in constant evolution »; j'ai obtenu un texte de l'OTAN :

Mr Çandar emphasized that the phenomenon of political Islam was not a new phenomenon but has always been a part of the political culture of the Muslim world and it is one in constant evolution.
http://www.nato-pa.int/Default.asp?CAT2=909&CAT1=743&CAT0=2&COM=939&MOD=0&SMD=0&SSMD=0&STA=&ID=0&PAR=0&LNG=0

M. Çandar souligne que le phénomène d'un islam politique n'est pas nouveau, mais qu'il a toujours fait partie de la culture politique du monde musulman et qu'il est en constante évolution.
http://www.nato-pa.int/Default.asp?CAT2=909&CAT1=743&CAT0=2&COM=939&MOD=0&SMD=0&SSMD=0&STA=0&ID=0&PAR=0&LNG=1

Au mieux, la construction à l'étude est inutile, mais je pense qu'il s'agit bien d'un anglicisme; on aurait pu écrire, tout simplement :

Le marché des boissons énergisantes est en constante évolution.

Line Gingras
Québec

« Les boissons énergisantes sur la sellette » : http://www.ledevoir.com/2007/08/04/152429.html

15 juillet 2007

Au montant de

Au montant de; to the amount of; anglicisme; calque de l'anglais.
« Alcan, l'un des plus beaux joyaux industriels du Canada, ne sera plus canadienne une fois qu'aura été approuvée son acquisition par Rio Tinto au montant de 38 milliards de dollars. » (Bernard Descôteaux.)

« Non plus qu'Inco, achetée par la brésilienne CVRD au montant de 19 milliards de dollars. »

Nous utilisons souvent, au Canada, au montant de comme locution prépositive (groupe de mots figé jouant le rôle d'une préposition). Cette expression, toutefois, n'est pas reçue dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main (Petit Robert, Lexis, Trésor de la langue française informatisé); elle est d'ailleurs condamnée par le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron. Selon ces deux derniers ouvrages, il faut y voir le calque de to the amount of :

Un chèque, un mandat, une dette au montant de 50 $ = un chèque, un mandat, une dette de 50 $.

Les exemples qu'ils donnent sont certes différents de ceux qui nous occupent. Je suis néanmoins d'avis qu'il aurait été plus naturel d'écrire :

... son acquisition par Rio Tinto pour la somme de 38 milliards de dollars.

Non plus qu'Inco, achetée par la brésilienne CVRD pour 19 milliards de dollars.

Line Gingras
Québec

« Danger en vue » : http://www.ledevoir.com/2007/07/14/150396.html

07 juillet 2007

S'objecter

S'objecter; to object; syntaxe du français; anglicisme.

« La Couronne s'est objectée à sa remise en liberté. » (Presse Canadienne.)

Selon le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, il n'est pas admis d'utiliser le verbe objecter à la forme pronominale. Cet emploi serait attribuable à l'influence du verbe anglais to object, qui peut traduire aussi bien objecter (quelque chose) que s'opposer (à quelque chose).

S'objecter, de fait, n'est pas reçu dans le Petit Robert, le Lexis ni le Trésor de la langue française informatisé.

On aurait pu écrire :

La Couronne s'est opposée à sa remise en liberté.

L'Office québécois de la langue française donne des précisions intéressantes : http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=3&id=2905

Line Gingras
Québec

« Douze accusations contre le preneur d'otages » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070706/CPACTUALITES/70706173/6730/CPACTUALITES

04 juillet 2007

À l'année longue

À l'année longue; à la journée longue; à la semaine longue; anglicismes; calques de l'anglais.

« Le complexe résidentiel de luxe où ils ont été trouvés [...] fait l'objet d'un dispositif de sécurité important à l'année longue. » (Marilyse Hamelin, dans Le Droit.)

D'après le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, la locution à l'année longue est le calque de all year long. Il faudrait utiliser plutôt à longueur d'année.

Une mise en garde équivalente s'applique aux expressions à la semaine longue et à la journée longue.

* * * * *

Note du 26 juillet : Le Petit Robert (2007), à l'article « long », consigne à l'année longue et à la journée longue comme locutions régionales propres au Canada.

Line Gingras
Québec

« Triple meurtre à Ottawa : toujours pas d'arrestation » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070703/CPACTUALITES/7...

29 juin 2007

Divisif

Divisif; divisive; anglicisme.

« De tels débats ne manqueront pas d'être divisifs. On ne connaît pas de remise en cause profonde qui ne le soit pas. » (Bernard Descôteaux.)

L'adjectif divisif n'est pas critiqué dans le Chouinard, dans le Colpron ni dans le Dagenais; je ne le trouve pas non plus dans le Hanse-Blampain ni dans le Multidictionnaire. Mais il ne figure pas davantage dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main (Petit Robert, Lexis, Trésor de la langue française informatisé). J'y vois par conséquent l'influence de l'anglais divisive, conclusion à laquelle sont déjà arrivés les linguistes de l'Office québécois de la langue française et de Radio-Canada.

Le Guide anglais-français de la traduction, de René Meertens, donne de nombreux équivalents. Dans le cas qui nous occupe, je proposerais :

De tels débats ne manqueront pas de créer des divisions. On ne connaît pas de remise en cause profonde qui ne le fasse pas.

Line Gingras
Québec

« Aggiornamento au PQ » : http://www.ledevoir.com/2007/06/28/148786.html
Banque de dépannage linguistique : http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=3&id=2628
Le français au micro : http://www.radio-canada.ca/radio/francaismicro/descriptio...

07 juin 2007

Livraison des soins de santé

Livraison de soins; livraison de services; health care delivery; anglicisme.

« ... toute actualisation du modèle québécois passe nécessairement par une plus grande participation du secteur privé dans la livraison des soins de santé. » (Michel David.)

D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, le complément du substantif livraison, indiquant ce qui est livré, désigne soit une personne (otage, coupable), soit un objet concret :

Mlle Hortense préparait les colis pour la livraison. (Troyat, dans le Lexis.)

Il m'expédie, par mandat télégraphique et avant livraison du manuscrit, deux cents francs sur mes droits d'auteur. (Bloy, dans le Trésor.)

Je ne trouve pas de mise en garde contre livraison de soins ou livraison de services dans le Chouinard, dans le Colpron ni dans le Dagenais. Cependant, TERMIUM et le Grand dictionnaire terminologique proposent prestation de soins (de santé) pour rendre health care delivery; et René Meertens (Guide anglais-français de la traduction, 2006) donne livraison ou remise comme équivalents de delivery lorsqu'il est question de marchandises, mais prestation lorsqu'il s'agit de services ou de soins de santé.

Il me semble donc que l'on commet un anglicisme en parlant de la livraison des soins de santé.

* * * * *

Une autre fois, nous verrons s'il est correct de construire participation avec la préposition dans.

Line Gingras
Québec

« Le droit d'évoluer » : http://www.ledevoir.com/2007/05/29/145230.html

03 juin 2007

Trouvé coupable de deux accusations

Coupable d'une accusation; trouvé coupable; found guilty; anglicisme; calque de l'anglais.

« Marcel Dubois, un éducateur spécialisé de 36 ans, a été trouvé coupable de deux accusations de voies de fait simples... » (Presse Canadienne.)

Coupable d'une accusation 

On est coupable de quelque chose lorsqu'on « a commis volontairement un acte considéré comme répréhensible » (Trésor de la langue française informatisé) - délit, crime, faute, négligence grave, diffamation, injure, d'après les exemples recueillis dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main.

Une accusation est-elle un acte répréhensible? Sans doute..., s'il s'agit d'une fausse accusation.

Trouvé coupable

Trouvé coupable, selon le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, est le calque de found guilty; il faudrait employer jugé coupable, déclaré coupable, reconnu coupable.

Je proposerais donc :

... a été reconnu coupable à deux chefs d'accusation...

Line Gingras
Québec

« Un éducateur violent trouvé coupable de quatre accusations » : http://www.cyberpresse.ca/apps/pbcs.dll/article?AID=/2007...

26 mai 2007

En autant de

En autant de et l'adjectif numéral ordinal; grammaire française; syntaxe du français; anglicisme; calque de l'anglais.

« C'est la deuxième fois en autant de semaines que le chef de l'ADQ donne l'impression de réveiller le gouvernement... » (Michel David.)

Il semble admis d'écrire en anglais :

The American set his third world record in as many days... (Beth Harris.)

En français, cependant, « il faut d'abord mentionner un nombre avant de pouvoir dire en autant de » (Chouinard). Or, deuxième n'est pas un nombre, mais un adjectif numéral ordinal; on l'utilise pour indiquer l'ordre, le rang, pas la quantité. Je verrais ici deux constructions possibles :

Cela fait deux fois en autant de semaines...
C'est la deuxième fois en deux semaines...

La faute est très courante au Canada. Le Colpron aborde aussi la question.

Line Gingras
Québec

« Qui mène? » : http://www.ledevoir.com/2007/05/24/144589.html
« Phelps sets third world record in as many days » : http://the.honoluluadvertiser.com/article/2007/Mar/29/br/...

09 mai 2007

Pousser la roue, pousser à la roue

Pousser à la roue, pousser la roue; mettre l'épaule à la roue, to put one's shoulder to the wheel; anglicisme; calque de l'anglais.

« Malheureusement, une fois analysé et comparé, le profil génétique ne coïncide avec aucun de ceux qui se trouvent dans la banque de la police. Il faudra donc continuer à pousser la roue et se montrer patient. » (Christiane Desjardins.)

Je trouve dans les dictionnaires généraux l'expression pousser à la roue, qui veut dire au sens propre « chercher à faire avancer un véhicule en exerçant un effort sur la roue » (Lexis), et au figuré soit « aider », soit « faire évoluer un processus, une situation » (Petit Robert) :

Vous ferez des progrès, si quelqu'un pousse à la roue. (Lexis.)

On en voit [des Français] qui souhaiteraient une victoire totale de l'Allemagne, qui sont prêts à pousser à la roue, qui collaborent, comme on dit. (Green, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

De là à pousser à la roue, à enfoncer ce pauvre type. (Mallet-Joris, dans le Petit Robert.)

Le tour est également recommandé dans le Colpron et le Chouinard, en remplacement de mettre l'épaule à la roue, qui serait attribuable à l'influence de l'anglais to put one's shoulder to the wheel :

Le chef syndical a invité tous les travailleurs à pousser à la roue. (Chouinard.)

Line Gingras
Québec

« Benoît Guay : décadence d'un homme, chute d'un policier » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070503/CPACTUALITES/7...

07 mai 2007

Ronde de négociations

Ronde de négociations; bargaining round; round of negotiations; anglicisme; calque de l'anglais.

« En effet, les professeurs et la direction s'apprêtent à entrer dans une ronde de négociations qu'on peut d'ores et déjà, sans même polir la boule de cristal, présumer difficile. » (Marie-Andrée Chouinard.)

L'utilisation du mot ronde, dans ronde de négociations (pour traduire soit round of negotiations, soit bargaining round), doit être tenue pour un anglicisme; c'est du moins l'avis du Colpron, et je trouve d'autres mises en garde dans TERMIUM et dans le Grand dictionnaire terminologique : selon l'Office québécois de la langue française, le terme ronde « [n'a] pas, en français, le sens de "série d'opérations successives" ».

De fait je ne vois rien, dans le Petit Robert, le Lexis ou le Trésor de la langue française informatisé, qui autorise l'emploi de ronde de négociations. Le Multidictionnaire n'aborde pas la question. Le Robert & Collins Super Senior propose de rendre round of negotiations par série de négociations. Le Meertens donne session de négociations. On peut aussi parler, suivant le contexte, de séance (Colpron) ou de cycle de négociations (TERMIUM, Grand dictionnaire terminologique; ces deux sources conseillent également série de négociations).

Line Gingras
Québec

« Jeu de Monopoly » : http://www.ledevoir.com/2007/05/04/142014.html

24 avril 2007

Contribuer

Contribuer quelque chose; contribuer + complément d'objet direct; construction du verbe contribuerto contribute something; grammaire française; syntaxe du français; anglicisme.

« Pris dans le bourbier irakien, les États-Unis ne peuvent contribuer plus que les 15 000 hommes déjà stationnés dans le sud de l'Afghanistan. » (Bernard Descôteaux.)

Dans la langue moderne, contribuer est un verbe transitif indirect; on ne contribue pas quelque chose, mais à quelque chose :

Ce film a contribué à le faire connaître. (Petit Robert.)

Contribuer à la défaite du parti adverse. (Berthier-Colignon.)

Cette voix, coupante et blanche à la fois, qui contribuait à la rendre antipathique. (Gyp, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Ces personnes contribueront à l'enrichissement des collections de la bibliothèque par un don (et non *contribueront un don pour...). (D'après le Multidictionnaire.)

Le gouvernement va contribuer pour deux millions au projet (et non *va contribuer deux millions au projet). (Chouinard.)

Je contribuerai pour mille dollars à cette entreprise.
J'y contribuerai jusqu'à concurrence de mille dollars.
(Dagenais.)

Jusqu'au XVIIe siècle, toutefois, contribuer pouvait s'employer avec un complément d'objet direct :

Le roi contribuera à cette armée douze mille hommes. (Malherbe, dans le Lexis.)

Cette construction, aujourd'hui rare selon Thomas, est condamnée par les ouvrages québécois que j'ai consultés, soit le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais; il semble que sa fréquence d'emploi au Canada soit attribuable à l'influence de l'anglais to contribute, qui peut s'utiliser avec un complément d'objet direct :

To contribute stories to a magazine. (Random House Webster's Unabridged Dictionary.)

Dans la phrase à l'étude, on aurait pu écrire :

... les États-Unis ne peuvent fournir plus que les 15 000 hommes...

Line Gingras
Québec

« Le piège » : http://www.ledevoir.com/2007/04/11/138955.html

14 avril 2007

Résulter en

Résulter ento result in; anglicisme; calque de structure; grammaire française; syntaxe du français.

« Leur objectif, voire leur ambition première, est de poser une série de gestes pouvant résulter en une réduction des troupes anglo-américaines disséminées au Moyen-Orient. » (Serge Truffaut.)

D'après ce que je vois dans les dictionnaires généraux, résulter ne veut pas dire « avoir pour conséquence », « avoir pour effet », « avoir pour résultat », mais être la conséquence, l'effet, le résultat de quelque chose. Ce verbe a donc pour sujet ou bien le résultat dont il s'agit, ou bien le pronom impersonnel il :

Cet échec résulte d'une insuffisance d'étude et d'exercices. (Multidictionnaire.)

Son état de santé résulte d'un excès de travail. (Lexis.)

L'amitié résulte d'un faible degré d'opposition entre des êtres individuellement divers. (Senancour, dans le Petit Robert.)

La vision réaliste de Manet n'a jamais admis la poétisation volontaire, hormis celle qui résulte des couleurs elles-mêmes. (Mauclair, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Que résulterait-il de toutes ces démarches? (Lexis.)

Il ne peut rien en résulter de bon. (Petit Robert.)

Il en est résulté des rixes autour des urnes. (Giraudoux, dans le Hanse-Blampain.)

Trois des quatre ouvrages québécois que j'ai consultés, soit le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron (le Dagenais n'aborde pas la question), signalent comme incorrecte la construction résulter en, calque de l'anglais to result in :

Sa déclaration a provoqué (et non *a résulté en) une abondante correspondance. (Multidictionnaire.)

Divers équivalents sont possibles selon le contexte, par exemple causer, entraîner, produire, se solder par. On trouvera d'excellentes suggestions dans le Meertens.

Le passage à l'étude aurait pu se lire :

... poser une série de gestes pouvant entraîner une réduction des troupes...

Line Gingras
Québec

« Un coup de dés » : http://www.ledevoir.com/2007/04/10/138844.html 

30 mars 2007

Manquer quelqu'un

Manquer à quelqu'un, manquer quelque chose, manquer quelqu'un; to miss someone or something; grammaire française; syntaxe du français; anglicisme; calque de structure.

« Le Bloc québécois va le manquer. Il était bien plus que le numéro deux du Bloc. Il en était le pilier. Celui sur lequel un chef peut compter pour ternir le fort quand il doit s’abstenter. » (Michel C. Auger.)

D'après les quatre ouvrages québécois que j'ai consultés, soit le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, on commet un anglicisme en employant manquer quelqu'un ou quelque chose dans le sens de « regretter son absence ».

Pour rendre l'idée qu'un homme s'est ennuyé d'une femme, on dit en anglais he missed her; mais en français, le sujet du verbe manquer doit être la personne (ou la chose) absente, et le complément doit répondre à la question à qui : Elle lui a manqué (et non pas il l'a manquée). Voyez encore ces exemples du Petit Robert :

New York leur manqua comme sa drogue à un intoxiqué. (Maurois.)
Ses enfants lui manquent.

Le calque de structure, fréquent dans l'Outaouais québécois et ontarien, peut être cause de malentendus : ainsi que le fait observer Dagenais, vous me manquez beaucoup n'est pas synonyme de je vous manque beaucoup, qui signifie normalement « vous vous ennuyez beaucoup de moi ».

La phrase à l'étude aurait pu se lire :

Le Bloc québécois va le regretter.

Line Gingras
Québec

« Michel Gauthier » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140889#more-6...

22 mars 2007

Motion de non-confiance

Motion de non-confiance; motion of non-confidence; non-confidence motion; no-confidence motion; anglicisme; calque de l'anglais.

« Il a déjà annoncé qu'il n'était pas prêt à se joindre au Bloc québécois dans l'aventure consistant à présenter une motion de non-confiance dès le retour de la Chambre des communes, fin janvier, sur la mission en Afghanistan. » (Hélène Buzzetti.)

D'après ce que je vois dans le Multidictionnaire, le Colpron, TERMIUM et le Grand dictionnaire terminologique, l'expression motion de non-confiance est le calque de motion of non-confidence. TERMIUM et le GDT recommandent d'employer plutôt motion de censure pour désigner une « proposition mettant en cause la responsabilité du gouvernement et la confiance que les députés lui accordent » (GDT; on propose aussi motion de défiance).

Je vous renvoie à l'article du GDT pour des précisions utiles - notamment sur motion de blâme, qui correspond à une réalité différente.

Line Gingras
Québec

« Horoscope politique - Que réserve l'année 2007 à nos politiciens fédéraux? » : http://www.ledevoir.com/2006/12/30/126127.html 

16 mars 2007

Prendre pour acquis

Prendre pour acquis; to take for granted; anglicisme; calque de l'anglais; grammaire; orthographe d'accord.

« Les Canadiens ne doivent pas prendre leurs libertés civiles pour acquis__, prévient Maher Arar. » (PC.)

Le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais condamnent prendre pour acquis, calque de l'anglais to take for granted. On trouve dans le Colpron, et surtout dans le Meertens, de nombreuses façons de rendre cette idée, selon le contexte. Au nombre des équivalents figurent tenir pour acquis, considérer comme acquis :

Je tenais pour acquis que vous étiez au courant. (Chouinard.)
Tenir un point pour acquis. (Lexis.)
Nous pouvons considérer comme acquis ce premier point. (Petit Robert.)
Nous tenons pour acquise son adhésion au programme. (Multidictionnaire.)

Comme l'indique le dernier exemple, l'adjectif acquis n'est pas invariable :

Les Canadiens ne doivent pas tenir leurs libertés civiles pour acquises...

Line Gingras
Québec

« Ne prenez pas les libertés civiles pour acquis [sic], prévient Maher Arar » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:2811...

13 mars 2007

Débuter avec

Débuter avec ou débuter par; to begin with; choix de la préposition; grammaire française; syntaxe du français; calque de l'anglais; anglicisme.

« L'attaque canadienne avait débuté avec un assaut lancé par des blindés dans ce qui est considéré comme un bastion de la rébellion talibane. » (PC.)

J'ai consulté treize ouvrages à l'article « débuter »; d'après les résultats de mes recherches, le verbe s'emploie avec la préposition par afin d'introduire le premier élément, la première partie de quelque chose :

Le film débute par une scène très amusante. (Multidictionnaire.)

Cet écrivain débute par un excellent roman. (Dagenais.)

Le rapport du président débutait par un éloge du secrétaire général. (Berthier et Colignon.)

Le motif en notes détachées, par lequel débute l'allégro. (Berlioz, dans le Petit Robert.)

L'échec provisoire par lequel toutes les hautes entreprises débutent. (Cocteau, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

J'ai relevé un exemple où le verbe est suivi de la préposition avec - devant un complément qui renseigne sur la forme plutôt que sur le contenu :

Il débute avec un accent bas et tendre : - Mes biens [sic] chers amis, enfin, nous nous retrouvons! (Barrès, dans le Trésor.)

La construction débuter avec, dans la phrase à l'étude, me paraît le calque de to begin with.

Line Gingras
Québec

« Désertion? » : http://www.ledevoir.com/2006/12/30/126185.html

11 mars 2007

Un ministre senior

Senior; ministre senior; senior minister; anglicisme. 

« Le fait de confier les questions environnementales à un ministre senior ne résout cependant pas tout. » (Bernard Descôteaux.)

Le Petit Robert (2007) admet senior dans l'une ou l'autre des acceptions suivantes :

  1. « Sportif plus âgé que les juniors et plus jeune que les vétérans. »
  2. « Personne âgée de plus de 50 ans; jeune retraité. »

De fait, le Multidictionnaire, le Colpron et le Dagenais donnent senior pour un anglicisme lorsqu'il se dit « de personnes qui, par leur rang ou leur autorité, sont supérieures à d'autres auxquelles elles sont liées par des affaires communes ou qui appartiennent au même service dans un établissement commercial ». (Dagenais.) On trouve dans ces trois ouvrages et dans le Meertens divers équivalents, entre lesquels choisir selon le contexte : en chef, premier, principal, supérieur, chevronné, confirmé, de haut rang, de haut niveau...

D'après le Grand dictionnaire terminologiquesenior minister peut se rendre par ministre de premier plan; TERMIUM propose aussi cette traduction, avec ministre influent.

Line Gingras
Québec

« Saint Kyoto » : http://www.ledevoir.com/2007/01/10/126903.html

08 mars 2007

Où il ne sera pas question de la revanche des berceaux

À l'emploi de; donc et le participe présent marquant la cause; suivant, participe présent ou adjectif; revanche; anglicisme; grammaire française; syntaxe du français; orthographe.

« La protection de l'identité des agents à l'emploi de la CIA comme du Pentagone étant garantie par la loi, une enquête est donc ouverte afin de déterminer qui est à l'origine de cet acte criminel. » (Serge Truffaut.)

La locution à l'emploi de est un anglicisme; j'en ai déjà parlé ici.

* * * * *

La protection de l'identité des agents de la CIA et du Pentagone est garantie par la loi; on a donc ouvert une enquête...

La conjonction donc s'emploie très correctement, en l'absence de participe présent dans la proposition qui précède, pour indiquer la conséquence. Elle est superflue, toutefois, si l'on utilise déjà un participe présent afin de marquer la cause, comme c'est le cas dans la phrase à l'étude.

* * * * *

« ... dans son exposé final, le procureur fédéral a précisé que dans les jours suivants l'ouverture du dossier, sa certitude était la suivante... »

Il aurait fallu écrire dans les jours suivant l'ouverture du dossier, parce que nous avons affaire ici au participe présent, et non pas à l'adjectif. Comment en être sûr? Il suffit de remplacer le nom masculin jours, avec lequel devrait effectivement s'accorder suivant s'il était adjectif, par un féminin : ... dans les semaines suivant l'ouverture du dossier, et non pas suivantes l'ouverture.

Comment, par ailleurs, éviter la répétition? Je proposerais :

... il avait acquis une certitude...
... il était certain d'une chose...

* * * * *

« Cette attitude, à moins qu'elle ne change, est d'autant plus affligeante qu'avec Dick Cheney, nous sommes en présence d'un politicien habité par la revanche. »

Une revanche, d'après le Multidictionnaire, c'est le « fait de reprendre un avantage perdu »; j'ai consulté aussi le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, dont les définitions vont dans le même sens. On prend sa revanche, mais on est habité par un désir de revanche.

Line Gingras
Québec

« Les vices de Cheney » : http://www.ledevoir.com/2007/03/08/133951.html

07 mars 2007

Groupe de lobby

Groupe de lobby; lobby group; pléonasme; anglicisme; calque de l'anglais.

« ... ce groupe de lobby a été créé par l'industrie du tabac... » (PC.)

Un lobby est un groupe de pression, d'après le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Chouinard. Marie-Éva de Villers admet lobby sans réserves; Camil Chouinard, sans le condamner, signale son origine américaine; le Petit Robert le donne pour un anglicisme.

Si lobby paraît acceptable, quoique facile à remplacer, groupe de lobby est une expression pléonastique; à mon avis, il faut y voir le calque de lobby group.

Line Gingras
Québec

« En bref - Les demandes des fumeurs » : http://www.ledevoir.com/2007/03/06/133700.html

04 mars 2007

Listes d'attentes élevées

Liste d'attentes ou liste d'attente; orthographe d'accord. 

« ... les listes d’attentes pour des chirurgies hors-délai médicalement acceptables restent élevées. » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)

Liste d'attente ou liste d'attentes

Il y a liste d'attente et liste d'attentes : une liste d'attentes énumère les choses que l'on désire; une liste d'attente contient les noms de personnes qui attendent.

Chirurgie

Ainsi que nous l'avons vu il y a quelques jours, l'emploi de chirurgie au sens d'intervention, d'opération chirurgicale est attribuable à l'influence de l'anglais.

Des chirurgies hors-délai médicalement acceptables

Comme on a mis l'adjectif acceptables au pluriel, et hors-délai au singulier, on laisse entendre que les « chirurgies » sont acceptables, même lorsque le délai est dépassé, alors qu'on veut parler plutôt, me semble-t-il, d'opérations qui n'ont pas lieu dans des délais acceptables; il faut donc soit mettre hors-délais au pluriel, soit faire accorder l'adjectif au singulier.

Les listes d'attentes restent élevées

On peut avoir des attentes élevées; mais les listes d'attente, elles, sont longues.

Line Gingras
Québec

« La "première priorité absolue" » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140831#more-6...