26 décembre 2006
Courrez, courrez...
« Vœu pieux des Fêtes aux familles : courrez plutôt dehors capturer au lasso quelques flocons nostalgiques des Noëls d'antan et laissez les jeunes amants mourir sans vous. » (Odile Tremblay.)
À l'impératif, le verbe courir s'écrit avec un seul r. Il en prend deux, par contre, au futur simple :
Courez, courez / Vite si vous le pouvez... (Guy Béart, L'eau vive.)
Demain il sera encore temps : vous courrez tous au bois d'Ormonde, si vous y tenez tellement.Line Gingras
Québec
« Annus horribilis » : http://www.ledevoir.com/2006/12/23/125724.html
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24 décembre 2006
Le pluriel de grand-mère
« La jeune femme a décidé de passer les fêtes de Noël auprès de sa famille après la mort récente de ses deux grand-mères, précise le journal. » (Agence France-Presse.)
« Pourquoi un père Noël lorsqu'on a quatre grands-pères, quatre grands-mères et leurs lignées respectives, ce qu'on pourrait qualifier de pactole familial. » (Denise Bombardier.)
Le Trésor de la langue française informatisé, à l'instar du Dictionnaire de l'Académie (j'ai vu la version informatisée de la neuvième édition), reçoit seulement le pluriel grand-mères :
Des histoires de grand-mères. (Académie.)
Je n'ai trouvé là que deux ou trois vieilles grand-mères. (Littré, dans le Trésor.)
C'est la plus fraîche des grand-mamans, encore blonde et déjà grassette. (Amiel, dans le Trésor.)
Le Multidictionnaire admet à la fois grands-mères et grand-mères.
Hanse et Blampain font observer qu'il serait logique d'écrire des grands-mères, « puisqu'on écrit : des grands-pères et que l'apostrophe est supprimée dans grand-mère ». Ils ajoutent : « On peut certes écrire des grand-mères, mais nous conseillons nettement des grands-mères, des grands-places, des grands-messes. »
Le Lexis et le Petit Robert font tous deux varier l'adjectif au pluriel :
Du temps de nos grands-mères.
J'opterais personnellement pour la graphie grands-mères.
Line Gingras
Québec
« L'amie de cœur du prince Wiilliam [sic] décline une invitation royale » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPINSOLITE/612...
« Nostalgie » : http://www.ledevoir.com/2006/12/23/125778.html
01:50 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
23 décembre 2006
Suprêmatie
« Leur volonté de consacrer l’absolue suprêmatie de la culture américaine. » (Pierre Assouline.)
D'après le Petit Robert, le Lexis et le Multidictionnaire, on écrit suprême, et cependant suprématie :
Il détestait l'état d'esprit qui place l'homme sous la suprématie de l'infirmité féminine. (Montherlant.)
Line Gingras
Québec
« Wanted : "Blitcons" » : http://passouline.blog.lemonde.fr/2006/12/14/wanted-blitc...
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22 décembre 2006
Plier bagages ou plier bagage?
« Mais voilà, si les Américains plient bagages... » (Serge Truffaut.)
Plier bagage est une locution figurée qui signifie « partir », selon le Petit Robert et le Multidictionnaire :
Les touristes plient bagage. (Petit Robert.)
D'après le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, il s'ajoute une idée de hâte, de fuite même. Les cinq ouvrages que j'ai consultés - à l'article « bagage » - consignent l'expression au singulier; le Trésor donne cependant, sans explications, un exemple où bagage est au pluriel :
Je prierai notre hôte de plier bagages et de déguerpir! (Bernstein.)
Ce dictionnaire signale aussi l'emploi de l'expression, dans la langue familière, au sens de « mourir » :
Je ne vais pas tarder à plier bagage. Faites-moi donc la grâce de me laisser mourir ici en paix. (Morand.)
On ne commettrait certes pas une faute grave en utilisant le pluriel. Mais je vous conseillerais quand même de suivre l'avis de Marie-Éva de Villers : « Dans cette expression, le nom s'écrit au singulier. »
Line Gingras
Québec
« La mise en garde » : http://www.ledevoir.com/2006/12/15/124961.html
04:11 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
17 décembre 2006
Ils se sont rendus compte...
« Au bout de six mois de recherches, les scientifiques se sont rendus compte que "ces restes n'avaient pas été brûlés", précise le Dr Charlier. » (Associated Press.)
Cette fois encore, il a fallu que je vérifie : jamais je ne me rappelle comment accorder le participe passé de la locution verbale se rendre compte. C'est que je ne crois pas qu'on puisse analyser séparément les éléments de cette expression; celle-ci veut dire comprendre, découvrir, remarquer, et non pas, à mon avis, rendre compte de quelque chose ou faire un compte rendu à soi-même.
Alors? Le renseignement que je cherchais, je l'ai trouvé à l'article « compte », dans le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain :
Elles se sont rendu compte de leur erreur. (Petit Robert.)
Elle s'est rendu compte qu'elle avait tort. (Petit Robert.)
Ils se sont rendu compte de l'erreur trop tard. (Multidictionnaire.)
Ils se sont rendu compte qu'on les trompait. (Hanse-Blampain.)
J'arriverai peut-être enfin à m'en souvenir : le participe passé de la locution se rendre compte est invariable.
Line Gingras
Québec
« Les restes présumés de Jeanne d'Arc ne sont probablement pas les siens » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPSCIENCES/612...
04:00 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
15 décembre 2006
De toute pièce ou de toutes pièces?
« J'ai lu ce rapport McEwen. Il était accablant pour la GRC, notamment accusée d'avoir monté une opération inutile et d'avoir fabriqué un crime de toute_ pièce_. » (Pierre Foglia.)
Sept des neuf ouvrages de difficultés auxquels je me suis référée se prononcent : la locution adverbiale de toutes pièces, employée au sens de « sans que rien soit emprunté à la réalité » (Girodet), « à partir de rien » (Colin), s'écrit toujours au pluriel :
Cette accusation ne repose sur rien, elle a été forgée de toutes pièces. (Girodet.)
Il s'était donc créé de toutes pièces une vie de complications et de drames. (Camus, dans le Colin.)
Le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé relèvent uniquement cette graphie :
Des souvenirs forgés de toutes pièces ou fantastiquement dénaturés ou embellis. (Arnoux, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« L'esprit de corps » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061214/CPOPINIONS/612...
04:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
14 décembre 2006
Concourir en compétition
« En fin de semaine se clôturait le sixième Festival du film de Marrakech. Or, pour la toute première fois, deux films marocains concourraient en compétition, à l'émoi de la ville ocre. » (Odile Tremblay.)
Concourir s'emploie ici dans le sens d'« entrer, être en compétition pour obtenir un prix » (Petit Robert); la précision me paraît donc superflue.
Étant donné qu'il s'agit d'un événement passé et qu'on utilise déjà l'imparfait de l'indicatif dans la première phrase, j'attendrais l'imparfait, également, dans la seconde : concouraient, avec un seul r. Le futur du passé - ayant la forme du conditionnel, concourraient, avec deux r - serait admissible si l'on se transportait en pensée avant le festival; mais rien ne justifie ce changement de point de vue entre la première et la deuxième phrase.
Line Gingras
Québec
« Le cinéma marocain, entre tradition et modernité » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124658.html
07:19 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
13 décembre 2006
Politiques à droites
« "Je sais très bien que ce gouvernement est vulnérable tellement ses politiques sont à droites et très loin de ce que les Canadiens veulent." » (Alec Castonguay et Robert Dutrisac, citant Stéphane Dion.)
Les intentions du gouvernement sont-elles droites? Je ne me prononcerai pas là-dessus. Ses politiques sont-elles adroites? Je ne saurais le dire. En tout cas elles sont à droite, sans s, parce que l'expression est une locution adverbiale, donc invariable.
* * * * *
« Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser comme il s'y est engagé, c'est-à-dire, pour le Bloc, d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel avec pleine compensation. »
Que doit faire Stephen Harper? Limiter le pouvoir fédéral de dépenser, comme il s'y est engagé. Et qu'est-ce que cela veut dire, pour le Bloc? Accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel [de certains programmes], avec pleine compensation.
Le syntagme commençant par accorder se rattache donc à doit, et non pas à pouvoir fédéral, comme il le semblerait pourtant, à la façon dont la phrase est construite : en dépit de ce que paraissent affirmer les journalistes, le Bloc ne souhaite pas, je pense, qu'on limite le pouvoir fédéral d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel.
Comment régler le problème? En fait c'est très simple, il suffit de supprimer la préposition devant accorder :
Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser [...] c'est-à-dire, pour le Bloc, accorder au Québec...
* * * * *
« Mais notre opposition et notre manque de confiance envers M. Harper concernant les politiques étrangères de son gouvernement sont bien connues. » (Les auteurs citent Jack Layton.)
Les politiques étrangères du gouvernement conservateur sont sans doute bien connues du parti que dirige M. Layton, mais ce n'est pas l'idée qu'il exprime ici : il parle d'opposition et de manque de confiance. Or, dans manque de confiance, il y a le nom féminin confiance, mais ce n'est pas lui qui est le noyau du groupe sujet : M. Layton ne signale évidemment pas la confiance du NPD à l'égard de M. Harper, mais plutôt le manque de confiance. Le participe passé du verbe connaître est donc attribut de deux sujets, l'un féminin (opposition) et l'autre masculin (manque de confiance) :
Mais notre opposition et notre manque de confiance [...] sont bien connus.
* * * * *
« Stéphane Dion juge que le Bloc cherche par tous les moyens _ déclencher des élections au plus vite. »
... le Bloc cherche [...] à déclencher...
* * * * *
« ... le chef du Bloc québécois [...] a fait le bilan de la première année du gouvernement Harper et jugé du respect de ses engagement_ envers le Québec. »
Line Gingras
Québec
« Afghanistan : le Bloc menace le gouvernement Harper » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124686.html
05:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, orthographe, coquilles
12 décembre 2006
Et moi, je vous dit...
« "Vous auriez une bonne chance de gagner, a-t-il dit. Si vous décidez de vous présenter aux prochaines élections, monsieur Fournier, je fais comme les gens du théâtre et vous dit : Merde!" » (Richard Martineau.)
... je fais [...] et vous dis...
Line Gingras
Québec
« Message à Guy Fournier » : http://martineau.blogue.canoe.ca/2006/12/09/
00:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, blog de journaliste
10 décembre 2006
Tel, attribut du sujet inversé
« "Tuer le père" : tel__ est une des métaphores les plus rebattues de la littérature contemporaine. » (Antoine Robitaille.)
L'adjectif tel est placé en tête de proposition, mais ça ne l'empêche pas d'exercer la fonction d'attribut du sujet une des métaphores, bien que celui-ci soit inversé :
Telle est ma décision. (Petit Robert.)
Il faut donc le faire varier :
« Tuer le père » : telle est une des métaphores les plus rebattues de la littérature contemporaine.
* * * * *
« "Il lui avait dit, avec son humour... beaucoup plus subtile que celui de Stéphane, en passant..." » (A.R., citant Vincent Lemieux.)
Subtil, au masculin, ne prend pas de e final.
Line Gingras
Québec
« Dion contre Dion » : http://www.ledevoir.com/2006/12/09/124521.html
01:06 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
07 décembre 2006
À l'arrachée
« La loi sur la clarté n'empêcherait aucunement les Québécois de se séparer du Canada, si telle était vraiment leur intention. La clarté du processus assurerait même le succès de l'accession à la souveraineté. Imagine-t-on le chaos qui suivrait une petite victoire à l'arrachée sur une question ambiguë? » (Lysiane Gagnon.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis et le Hanse-Blampain, la locution à l'arraché s'écrit sans e muet :
Obtenir quelque chose, gagner à l'arraché. (Petit Robert.)
Vol à l'arraché. (Petit Robert.)
Le concurrent a remporté la victoire à l'arraché. (Lexis.)
Le Trésor de la langue française informatisé consigne deux exemples du même type :
... j'ai battu Jacques d'une longueur, à l'arraché. (Gracq.)
C'était un rude travail et accompli à l'arraché... (Vialar.)
Il admet cependant la graphie à l'arrachée, avec à l'appui, lit-on dans une remarque, la première attestation du mot sous la forme féminine, dans Gentis, La Pédale, 14 septembre 1927; le problème, c'est que la « forme féminine », telle qu'elle est citée, ressemble étrangement à un masculin :
... sans relever la tête, à l'arraché, il revint sur les leaders qui s'enfuyaient à toute allure...
Cela ne fait pas très sérieux. Dans les circonstances, je suivrais l'avis de Marie-Éva de Villers, de Jean-Paul Colin et de Jean Girodet, qui donnent pour incorrecte la graphie à l'arrachée.
Line Gingras
Québec
« Impopulaire, la loi sur la clarté? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061205/CPOPINIONS/612...
03:02 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
04 décembre 2006
Les Canadiens-français
« Les Canadiens-français, présents partout au Canada... » (Lise Ravary.)
On écrit la littérature canadienne-anglaise, avec trait d'union (canadienne-anglaise est ici un adjectif composé), mais les Canadiens français, le Canada anglais, sans trait d'union (on a affaire à un nom propre accompagné d'un adjectif qualificatif). Voir au besoin le Multidictionnaire.
Line Gingras
Québec
« L'appel de la nation » : http://forums.chatelaine.qc.ca/advansis/?mod=for&act=...
02:48 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, blog de journaliste
03 décembre 2006
En arme et sur la bonne voix
« C'est dans un climat d'apaisement que Benoît XVI a atterri hier à Ankara, malgré les 14 000 hommes en arme_ postés tout au long de son parcours. » (Christian Rioux.)
D'après ce que je lis dans le Petit Robert, le Lexis, le Jouette et le Trésor de la langue française informatisé, le nom arme, lorsqu'il est employé dans l'expression (être) en armes, s'écrit au pluriel :
Dans toutes les garnisons et dans tous les camps, organiser avec solennité le salut quotidien aux couleurs, auquel doit assister le commandant d'armes avec participation d'une troupe en armes. (De Gaulle, dans le Trésor.)* * * * *
« "Ces discussions n'aboutiront certainement pas aujourd'hui. Mais j'ai l'impression que nous sommes sur la bonne voix", a dit l'évêque Brian Farrell, conseiller du pape pour la promotion de l'unité des chrétiens. »
Si on est sur la bonne voie, peut-être arrivera-t-on un jour à prier d'une seule voix?
Line Gingras
Québec
« Benoît XVI prêche l'apaisement » : http://www.ledevoir.com/2006/11/29/123811.html
« Après la politique, la religion » : http://www.ledevoir.com/2006/11/30/123906.html
02:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
30 novembre 2006
Aucun = zéro
« Aucun des quatre candidats qui terminent en tête de cette course au leadership ne sont assurés de l'emporter lors du vote de samedi. » (Bernard Descôteaux.)
Quatre candidats terminent en tête, mais aucun n'est assuré de la victoire.
Line Gingras
Québec
« Quel chef pour les libéraux? » : http://www.ledevoir.com/2006/11/30/123903.html
02:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
29 novembre 2006
Le sujet inaperçu
«... dans les élans rupestres de Par les bois et les prés de Bohême, dont les effets de bourgeonnement donnés par le fugato des cordes passe__ hélas inaperçu_.» (Christophe Huss.)
D'après la façon dont la phrase est construite, ce n'est pas le fugato qui passe inaperçu, ni le bourgeonnement, mais plutôt les effets de bourgeonnement :
... dont les effets de bourgeonnement donnés par le fugato des cordes passent hélas inaperçus.
Line Gingras
Québec
«Concerts classiques - Une précieuse rareté» : http://www.ledevoir.com/2006/11/28/123747.html
01:49 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
28 novembre 2006
Les voyages de Saint-Paul
«En foulant la terre des premiers voyages de Saint-Paul, Benoît XVI peut difficilement ne pas penser aux rares chrétiens de Turquie_ qui attendent de cette visite une amélioration de leur condition, dit Mgr Pelâtre.» (Christian Rioux.)
«... l'ancienne cathédrale Sainte-Sophie...»
Le deuxième exemple est correct : l'adjectif saint, employé avec un prénom pour former un nom propre désignant un lieu, prend la majuscule et est suivi du trait d'union. Dans le premier passage cité, toutefois, il s'agit du personnage même de saint Paul...
* * * * *
Si Benoît XVI pense aux rares chrétiens de Turquie qui attendent de cette visite une amélioration de leur condition, sans virgule devant le pronom relatif qui, c'est qu'il y a peu de gens, parmi les chrétiens de Turquie, qui ont des attentes; on ne fait état que de ceux-là, sans donner d'indication touchant le nombre de chrétiens en Turquie. Pour exprimer l'idée que les chrétiens de Turquie sont peu nombreux, mais qu'ils ont des attentes, il faut mettre une virgule devant le pronom relatif :
... Benoît XVI peut difficilement ne pas penser aux rares chrétiens de Turquie, qui attendent de cette visite une amélioration de leur condition...
Comparer n'oubliez pas d'appeler les trois figurants qui n'étaient pas à la dernière répétition (il manquait trois personnes parmi les figurants) et n'oubliez pas d'appeler les trois figurants, qui n'étaient pas à la dernière répétition (il y a trois figurants, et aucun n'était à la dernière répétition).
Line Gingras
Québec
03:36 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, syntaxe
27 novembre 2006
Un de leur collègue...
«... cinq ministres représentant les intérêts des chiites et un de leur_ collègue_ défendant ceux des chrétiens proches du président Émile Laoud ont démissionné.» (Serge Truffaut.)
... et un de leurs collègues...
* * * * *
«Dans les jours qui viennent, il faut s'attendre à ce que les relations entre les uns et les autres se tendent davantage. Car tous entendent descendre dans la rue pour manifester...»
... il faut s'attendre à ce que les relations entre les uns et les autres deviennent encore plus difficiles. Car tous ont l'intention de descendre dans la rue pour manifester...
Line Gingras
Québec
«Le coup de force» : http://www.ledevoir.com/2006/11/18/123110.html
02:20 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
24 novembre 2006
Les horreurs grotesques qu'elles ont vécu
«Il porte [le documentaire Afghanistan Unveiled] sur la vie de femmes afghanes qui habitent des provinces isolées, des femmes et des enfants dont on a peine à imaginer la pauvreté et l'isolement aujourd'hui mais qui toutes racontent les horreurs encore plus grotesques qu'elles ont vécu__ sous le régime des Talibans.» (Lise Ravary.)
Dans la langue courante, l'adjectif grotesque peut signifier «qui prête à rire par son côté invraisemblable, excentrique ou extravagant» (Trésor de la langue française informatisé) :
Des bouffons grotesques. (Multidictionnaire.)
Ce Scaramouche faisant la parade et se déhanchant en poses grotesques sur des tréteaux que supportent des barriques... (Gautier, dans le Trésor.)
Il peut vouloir dire aussi «qui prête à la dérision par son côté outrancier et son mauvais goût» (Trésor) :
On a fait d'un rien une histoire grotesque. (Lexis.)
Ces accusations sont grotesques. (Multidictionnaire.)
Une exclamation grotesque d'écolier délivré : «Le ciel est mort»... (Mallarmé, dans le Trésor.)
Je ne pense pas qu'on ait cherché à faire de l'humour en écrivant la phrase à l'étude, mais que l'adjectif est mal choisi; je proposerais :
... les horreurs encore plus inconcevables qu'elles ont vécues...
Rappelons que le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe : elles ont vécu quoi? des horreurs.
Line Gingras
Québec
«Voix afghanes» : http://forums.chatelaine.qc.ca/advansis/?mod=for&act=...
04:25 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, blog de journaliste
23 novembre 2006
Appel d'offre ou appel d'offres
«... l'appel d'offre_ devrait se faire au cours des prochains jours.» (Antoine Robitaille.)
«Par ailleurs, le ministre Béchard a dit hier que l'appel d'offres que l'État doit lancer - à partir d'un projet récréotouristique défini par la région - devrait se faire "dans les prochains jours".»
L'appel d'offres étant un appel à la concurrence, on ne sera pas surpris d'apprendre que, d'après le Multidictionnaire et le Grand dictionnaire terminologique, le nom offre s'écrit toujours au pluriel dans cette expression.
Line Gingras
Québec
«Mont-Orford - Béchard tente de sauver la saison de ski» : http://www.ledevoir.com/2006/11/22/123324.html
«Mont-Orford - Le syndicat gâche le triomphe de Béchard» : http://www.ledevoir.com/2006/11/23/123425.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
19 novembre 2006
La vision qu'elle avait fait sienne...
«Telle était la vision qu'avait fait_ sienne Laure Gaudreault en 1961...» (Normand Thériault.)
Les deux éléments de l'expression faire sien sont variables :
Les opinions qu'il a faites siennes. (Multidictionnaire, à l'article «sien».)
Dans la phrase à l'étude, le participe passé du verbe faire, comme le pronom possessif, doit s'accorder en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, vision :
Telle était la vision qu'avait faite sienne Laure Gaudreault en 1961...
Line Gingras
Québec
«Toujours au poste» : http://www.ledevoir.com/2006/11/18/123042.html
02:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
18 novembre 2006
Jeunes filles de mauvaises vertus
«À la Renaissance, avoir les cheveux libres était typique des jeunes filles de mauvaises vertus.» (Pauline Gravel, citant l'historien de l'art Bruno Mottin.)
Je n'ai pas trouvé l'expression de mauvaises vertus (ni de mauvaise vertu) dans les six ouvrages que j'ai consultés, pas même dans le Dictionnaire historique de la langue française.
Ce dernier consigne cependant la locution adjective de moyenne vertu, datée de 1732 et remplacée depuis par de petite vertu, s'appliquant à une femme «de mœurs faciles», «de mœurs légères» :
Il y avait, aux alentours de l'école de médecine, un certain nombre de «demoiselles de petite vertu» qu'il connaissait. (Martin du Gard, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Une personne de grande beauté et de petite vertu. (Maurois, dans le Lexis.)
L'expression n'est donnée qu'au singulier.
Line Gingras
Québec
«Les mystères de la Joconde révélés» : http://www.ledevoir.com/2006/09/27/119167.html
22:10 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, presse, médias