17 avril 2007
Armes de destruction massives
« ... Cheney et ses acolytes se sont livrés à une intimidation de type mafieux contre les chercheurs de la CIA et d'autres agences qui disaient "Mais monsieur, nous ne trouvons rien sur les armes de destruction massives!"... » (François Brousseau.)
À mon avis, c'est la destruction qui est massive; je trouve d'ailleurs dans le Petit Robert, à l'article « destruction » : Armes de destruction massive.
« Et qui, en outre, connaissait mieux que les plus hauts gradés - lui qui n'avait jamais revêtu l'uniforme - toutes les arcanes de la stratégie moderne... »
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Hanse-Blampain, le nom arcane, qui s'emploie généralement au pluriel, est toujours masculin. Le Trésor de la langue française informatisé signale que le féminin est rare.
« Le même homme, durant la même période, fut soupçonné de multiples conflits d'intérêts impliquant le Pentagone et ses politiques d'achats, des compagnies d'armements israéliennes et américaines qu'il dirigeait ou avait dirigé. »
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir, il ne semble pas superflu de le rappeler, s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Il avait dirigé quoi? des compagnies : des compagnies qu'il avait dirigées.
« ... l'homme qui, en sa qualité de président du Conseil d'expert en défense formé autour du président Bush... »
Un conseil doit bien avoir d'autres membres que son président?
Line Gingras
Québec
« À bas les pourris » : http://www.ledevoir.com/2007/04/16/139615.html
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, syntaxe, journalisme
16 avril 2007
Peut-être ou peut être
« Son buste provient de l'atelier du grand artiste Thoutmès, et peut-être son œuvre personnelle. » (AFP.)
Comment savoir si l'on a affaire à l'adverbe peut-être ou aux verbes pouvoir et être? On peut remplacer peut-être par sans doute; et peut être par pourrait être.
« "... Mais un long voyage de Néfertiti suscite, du point de vue des professionnels, des inquiétudes quant à la conservation et _ la restauration [de l'œuvre] qui doivent être pris au sérieux", a ajouté le ministre. »
Ce sont les inquiétudes qui doivent être prises au sérieux. Par ailleurs, on répète d'ordinaire les prépositions à, de et en devant chacun des compléments : ... suscite [...] des inquiétudes quant à la conservation et à la restauration...
Line Gingras
Québec
« Musées - L'Égypte et l'Allemagne se disputent le buste de Néfertiti » : http://www.ledevoir.com/2007/04/16/139602.html?fe=778&...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, syntaxe, journalisme
15 avril 2007
Autant que faire ce peut
« Autant que faire ce peut, les cégeps et les universités devraient également aider les étudiants à se diriger dans les secteurs où les besoins sont les plus grands. » (Éric Desrosiers.)
On en trouve confirmation dans le Petit Robert (à l'article « pouvoir »), le Multidictionnaire (à l'article « faire ») et le Hanse-Blampain (à l'article « autant »), l'expression soulignée s'écrit autant que faire se peut : il s'agit du pronominal impersonnel il se peut - autant qu'il se peut faire.
Line Gingras
Québec
« Au diable la dette, place à l'innovation » : http://www.ledevoir.com/2007/04/13/139273.html?fe=760&...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
12 avril 2007
Une témoin à la mémoire vascillante
« Une témoin à la mémoire vascillante » (titre d'un article de Brian Myles).
À cinq reprises dans le corps de son article, monsieur Myles emploie le nom témoin - chaque fois en parlant d'une femme, et chaque fois au masculin. Il aurait fallu en tenir compte dans l'établissement du titre, d'autant plus que témoin, d'après le Petit Robert (2007), le Hanse-Blampain et même le Multidictionnaire (quatrième édition), est seulement de genre masculin :
Cette femme a été le témoin de la défense. (Hanse-Blampain.)
Elle a été le témoin involontaire de cette scène. (Multidictionnaire.)
« La veille, le témoin C-17 avait déclaré que Désiré Munyaneza l'avait violée à quatre reprises au cours du génocide... »
L'accord par syllepse, c'est-à-dire selon le sens, a paru préférable, ici, à l'accord grammatical. Il crée cependant un certain malaise, ce qu'on aurait pu éviter en remplaçant le témoin C-17 par un terme féminin désignant la même personne : le journaliste utilise déjà survivante (du génocide rwandais) et jeune femme...
Line Gingras
Québec
« Procès pour crime de guerre, crime contre l'humanité et génocide - Une témoin à la mémoire vascillante » [sic] : http://www.ledevoir.com/2007/04/12/139105.html
04:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
11 avril 2007
Au ban des accusés
« Le charabia mis au ban des accusés s'est finalement révélé composer une infime portion de l'ensemble de leurs échanges... » (Frédérique Doyon; il est question d'une étude sur le clavardage.)
D'après le Lexis, mettre quelqu'un au ban (d'un groupe social), c'est « l'en déclarer indigne, le dénoncer comme méprisable aux yeux de ce groupe » :
Mettre une personne (ou un groupe social) au ban de l'opinion, de l'humanité. (Trésor de la langue française informatisé.)
... ils sont mis au ban de la société, froidement méprisés et traités avec hauteur par ceux qui les emploient... (J. Cuisinier, dans le Trésor.)
Robert n'avait-il pas failli se faire mettre au ban de son monde. (Proust, dans le Lexis.)
Mettre un pays au ban des nations. (Petit Robert.)
Par conséquent, mettre quelqu'un - ou quelque chose que l'on personnifie - au ban des accusés, ce serait le déclarer indigne de figurer au nombre des accusés, trop méprisable pour compter parmi les accusés. De toute évidence, on a plutôt voulu dire :
Le charabia mis au banc des accusés s'est finalement révélé composer une infime portion de l'ensemble de leurs échanges...
Line Gingras
Québec
« Le clavardage, massacre de la langue ou renaissance linguistique? » : http://www.ledevoir.com/2007/02/01/129491.html
02:20 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
10 avril 2007
Sensé ou censé?
« Les grandes entreprises sont sensées accorder une part de leur budget à la formation. » (Victor-Lévy Beaulieu.)
On confond souvent les homonymes sensé et censé. D'après Marie-Éva de Villers, sensé veut dire « qui est plein de bon sens, raisonnable »; et censé, ou bien « réputé, présumé », ou bien « qui doit faire quelque chose, en principe » :
Sensé
Une décision sensée. (Multidictionnaire.)
Un homme, un projet sensé. (Hanse-Blampain.)
Des paroles sensées. (Petit Robert.)
Censé
Ils sont censés venir demain. (Multidictionnaire.)
Il est censé être en voyage. (Hanse-Blampain.)
Elle n'est pas censée le savoir. (Petit Robert.)
Nul n'est censé ignorer la loi.
Dans la phrase à l'étude, il fallait donc écrire :
Les grandes entreprises sont censées accorder une part de leur budget à la formation.
Line Gingras
Québec
« Sur le gaspillage » : http://www.ledevoir.com/2007/04/10/138838.html?fe=730&...
15:50 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, presse, médias
09 avril 2007
Les éléments modulants l'acoustique
« Lorsqu'on lui demande si la simplicité des éléments modulants l'acoustique à Québec est une réponse à la surenchère des gadgets acoustiques d'autres salles... » (Christophe Huss.)
Modulants serait correctement accordé s'il était adjectif verbal; mais c'est un participe présent, comme le montre la présence d'un complément d'objet direct, l'acoustique. Il doit par conséquent demeurer invariable.
Vous en doutez? Remplaçons éléments par un nom féminin, qui obligerait à prononcer modulantes, si nous avions affaire à un adjectif : dirait-on les parties modulantes l'acoustique, les composantes modulantes l'acoustique?
C.Q.F.D.
Line Gingras
Québec
« Musique classique - Dans les coulisses d'une nouvelle salle de concert » : http://www.ledevoir.com/2007/03/31/137650.html
00:26 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
08 avril 2007
Ceux qu'il y a eus...
« Candidat-vedette du PLQ dans Lac-Saint-Jean, Yves Bolduc croit que sa région a fait preuve d'ingratitude à l'endroit du gouvernement : "La population n'a pas su reconnaître [le travail de] M. Charest, tous les investissements qu'il y a eu au Saguenay-Lac-Saint-Jean..." » (Antoine Robitaille et Isabelle Porter.)
En lisant ce passage l'autre jour, j'ai tout de suite conclu qu'on avait été distrait : le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir ne doit-il pas s'accorder avec le complément d'objet direct, si ce complément précède le verbe? Il y a eu quoi... des investissements, non?
J'avais négligé un détail : nous n'avons pas affaire ici à un participe passé « ordinaire », mais au participe passé d'un verbe employé à la forme impersonnelle. Et comme vous vous en doutez bien, une règle particulière s'applique : je lis en effet, dans le Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne de Hanse et Blampain, au point 3 de l'article sur l'accord du participe passé (page 417 de la quatrième édition), que le « participe passé des verbes impersonnels ou pris impersonnellement » est « toujours invariable, quel que soit l'auxiliaire » :
Les orages qu'il y a eu.
J'inaugure donc une nouvelle rubrique : Cultiver le doute. Car le doute est salutaire - et c'est Pâques aujourd'hui.
Line Gingras
Québec
« Les partis s'ajustent au "tsunami" adéquiste » : http://www.ledevoir.com/2007/03/30/137537.html
02:00 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
07 avril 2007
Un peu d'analyse
« Aujourd'hui divisé, le camp des démocrates a l'obligation de reprendre les choses là où il les a laissées il y a deux ans. Autrement dit, chacun d'entre eux se doit de mettre en sourdine ses accès de vanité pour mieux recomposer le front uni qu'ils avaient présenté à l'hiver 2004 et redonné espoir à une vaste majorité d'Ukrainiens. » (Serge Truffaut.)
Redonné, participe passé, se rattache à l'auxiliaire avoir, avec lequel il forme un plus-que-parfait de l'indicatif : ... le front uni qu'ils avaient [...] redonné espoir... Seulement, vous l'avez remarqué, cet énoncé n'a pas de sens. Ce qu'on a voulu dire, en fait, c'est que les démocrates doivent mettre en sourdine leurs accès de vanité pour mieux recomposer un front uni et pour redonner espoir à une vaste majorité d'Ukrainiens. Bien entendu, il n'est pas nécessaire de répéter la préposition; mais il faut montrer que c'est à elle que se rattache l'idée de redonner espoir - cela impose, évidemment, de mettre le verbe à l'infinitif.
Line Gingras
Québec
« L'orange pressée » : http://www.ledevoir.com/2007/04/04/138165.html
05:57 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
06 avril 2007
Ils se sont partagés le vote
« ADQ et PQ se sont partagés le vote dans les régions du Québec. » (Pierre Duhamel.)
Lorsque le verbe pronominal a un complément d'objet direct, le participe passé s'accorde toujours avec ce complément, pourvu qu'il soit placé devant le verbe :
Ils se sont partagé l'héritage, les tableaux, les actions. (Chardonne, dans le Petit Robert.)
Ils se sont partagé les profits. (Multidictionnaire.)
Ils se sont partagé la responsabilité. (Hanse-Blampain.)
Les bénévoles n'ont pas eu de mal à accomplir les tâches qu'ils s'étaient partagées.
L'ADQ et le PQ ne se sont pas partagés eux-mêmes; ils ont partagé le vote entre eux :
ADQ et PQ se sont partagé le vote dans les régions du Québec.
Line Gingras
Québec
« Le Québec qui souffre vs le Québec qui paye » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
00:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
05 avril 2007
De paire avec
« Un cancer ne vient jamais seul. Souvent, il vient de paire avec une perte de poids et une détérioration des capacités fonctionnelles que les médecins désignent sous le terme de cachexie. » (Louise-Maude Rioux Soucy.)
On écrit les deux font la paire, mais aller de pair, marcher de pair, sans e final :
Le courage peut aller de pair avec la prudence. (Petit Robert.)
Ces deux programmes vont de pair. (Multidictionnaire.)
Ces deux choses (ou personnes) vont ou marchent de pair. (Hanse-Blampain.)
Son aventure va de pair avec la nôtre. (Hanse-Blampain.)
Je ne sache point d'aventure qui aille de pair avec la vôtre. (Marivaux, dans le Lexis.)
La concentration des habitations marche le plus souvent de pair avec la concentration des voies de circulation. Plus une ville est grande, plus le réseau des routes qui l'entoure est touffu. (Brunhes, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je n'ai pas trouvé venir de pair dans les cinq ouvrages consultés. Je ne crois pas, cependant, qu'il y ait lieu de condamner cette expression.Line Gingras
Québec
« Médecine - Cancer : traiter les effets secondaires pour augmenter les chances de survie » : http://www.ledevoir.com/2007/04/04/138188.html
15:44 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
04 avril 2007
Un baudruche promotionnel
« ... tout ça sentirait un peu trop la stratégie de mise en marché [...] le baudruche promotionnel menaçant d'éclater. Si c'était quelqu'un d'autre. » (Sylvain Cormier.)
D'après le Multidictionnaire, le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, baudruche est un nom féminin :
Théodule [...] passait sa vie à boire de la bière qui lui avait donné, à force de le gonfler et de le souffler, l'apparence comique et inquiétante d'une baudruche. (E. et J. de Goncourt, dans le Trésor.)
L'affaire s'est dégonflée comme une baudruche. (Petit Robert.)
Crever une baudruche (= dissiper les illusions). (Lexis.)
Ils lèvent leurs verres, ils trinquent à toutes sortes de grandes baudruches, mais tout de même à la paix, à la vie. (Aragon, dans le Trésor.)
* * * * *
« Fallait recevoir au plexus et dans les oreilles l'acclamation monstre qu'a servi_ à Bélanger ce public plus qu'heureux... »
Le participe passé employé avec avoir s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Et qu'est-ce ou qui est-ce qui a servi qui ou quoi, dans la phrase à l'étude? Si vous me dites que c'est l'acclamation qui a servi le public, je vous envoie réfléchir dans le coin, et vous serez privé de poutine - en fait c'est le public, ce public plus qu'heureux, qui a servi... quoi? une acclamation monstre (au chanteur Daniel Bélanger). Il fallait donc écrire, sans se laisser induire en erreur par l'inversion du sujet :
... l'acclamation monstre qu'a servie à Bélanger ce public plus qu'heureux...
Line Gingras
Québec
« Spectacle gratuit de Daniel Bélanger au Métropolis - Merci d'être là, et réciproquement » : http://www.ledevoir.com/2007/04/03/138082.html
02:50 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
03 avril 2007
À l'aulne de
« Celui qui a la tâche titanesque de faire la promotion de la souveraineté à l'extérieur du cadre péquiste, Gérald Larose, pense lui aussi que tous les enjeux doivent être "traités systématiquement à l'aulne du projet à construire". » (Clairandrée Cauchy.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis et le Hanse-Blampain, on appelle un aulne ou un aune l'arbre « qui croît dans les lieux humides » (Petit Robert) :
L'aulne est l'arbre des eaux mortes et sombres. C'est la seule silhouette verticale qui peuple les plaines brumeuses du nord. (Tournier.)
L'ancienne mesure de longueur s'écrit cependant une aune, sans l :
Ce manteau a deux manches, longues d'environ une aune. (Baudelaire, dans le Lexis.)
Tirant une langue d'une aune. (France, dans le Petit Robert.)
Quand le vieux Schulz rentra, la figure longue d'une aune, et qu'il apprit de Salomé, qui venait aussi de rentrer, ce qui s'était passé, il fut dans la désolation : il faillit pleurer. (Rolland, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Mesurer les autres à son aune. (Petit Robert, Lexis et Trésor.)
Line Gingras
Québec
« La souveraineté peut-elle survivre? » : http://www.ledevoir.com/2007/03/31/137743.html
03:58 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
02 avril 2007
Il est normal que, il est juste que + indicatif
« Comme s'il était normal et juste que le garçon qui attendait patiemment son tour pour jouer dans le grand club se voit donner l'occasion de démontrer enfin ses talents. » (Gil Courtemanche.)
Le Trésor de la langue française informatisé, aux articles « normal » et « juste », signale que les tours il est normal que et il est juste que sont suivis du subjonctif :
Comme le fait fut observé par des généticiens, il était normal qu'il fût interprété en terme génétique. (P. Morand.)
C'est le chat qui pense et qui agit, et il n'est que juste que ce chat soit, comme la chienne Pouffe, un être céleste. (France.)
Selon Wagner et Pinchon, on se sert du subjonctif « toutes les fois que dans un énoncé la prise en considération d'un fait, l'interprétation d'un fait l'emportent sur l'actualisation de ce fait ». Il me paraît imprudent de généraliser, mais je dirais que le subjonctif convient très souvent à l'expression d'un jugement, d'un sentiment, d'une volonté :
Il est utile que vous le fassiez le plus tôt possible. (Grevisse.)
Dans la phrase à l'étude, on a employé le présent de l'indicatif, voit, au lieu du présent du subjonctif, voie; il suffit de remplacer le verbe voir par le verbe avoir, qui ne se prononce pas de la même façon aux deux modes, pour se rendre compte que le subjonctif s'imposait :
Comme s'il était normal et juste que le garçon qui attendait patiemment son tour pour jouer dans le grand club ait l'occasion de démontrer enfin ses talents.
Line Gingras
Québec
« Jetables et remplaçables » : http://www.ledevoir.com/2007/03/31/137695.html
08:10 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
29 mars 2007
Ils se sont échangés des propos
« L'assistante chiropraticienne et le chauffeur se sont alors échangés des propos aigres-doux... » (PC.)
D'après ce que j'ai vu dans les onze ouvrages consultés - aux articles « échanger » et « propos » -, le verbe échanger, au sens de « se faire des envois, des communications réciproques de (choses du même genre) » (Petit Robert), s'utilise à la forme active :
Ils ont échangé des lettres. (Petit Robert.)
Échanger des sourires, des idées, des injures. (Trésor de la langue française informatisé.)
Elles échangèrent un flamboyant regard. (Zola, dans le Trésor.)
Nous avons échangé nos points de vue. (Lexis.)
Ils déjeunèrent en tête à tête, échangèrent leurs manières de voir... (Maupassant, dans le Trésor.)
On échangeait à table, ou après dîner, dans les coins, des expressions très peu propres à former l'oreille d'une enfant. (Boylesve, dans le Colin.)
Échanger des propos. (Petit Robert, Trésor.)
Ils ont échangé quelques propos anodins. (Multidictionnaire.)
Il a échangé avec moi quelques propos. (Hanse-Blampain.)
C'est uniquement avec pour sujet un nom de chose désignant ce qui est échangé que je l'ai rencontré à la forme pronominale; il s'agissait donc d'un pronominal passif :
Notre conversation s'échangeait de châlit à châlit. (Hériat, dans le Colin.)
Leurs propos s'échangèrent à voix basse. (Toepffer, dans le Trésor.)
L'emploi du pronominal réciproque, dans la phrase à l'étude, me semble abusif; si l'on tenait absolument à le conserver, il faudrait en tout cas laisser le participe passé invariable, étant donné qu'il y a un complément d'objet direct (ils ont échangé quoi? des propos) et que celui-ci est placé après le verbe.
Je trouve plus simple d'écrire :
L'assistante chiropraticienne et le chauffeur ont alors échangé des propos aigres-doux...
Line Gingras
Québec
« Une passagère est expulsée d'un autobus pour la seconde fois en une semaine » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:2038...
06:10 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
20 mars 2007
Nombre décimal inférieur à deux
« ... devant un auditoire de 1,85 millions de personnes. » (Fabien Deglise.)
En français, le substantif déterminé par un nombre décimal inférieur à deux reste au singulier :
La somme s'élève à 1,5 million de dollars, à 1,5 milliard de dollars. (Multidictionnaire, quatrième édition, page 936.)
1,9 habitant au kilomètre carré. (D'après le Hanse-Blampain, quatrième édition, page 597.)
Line Gingras
Québec
« Tout le monde parle des verts » : http://www.ledevoir.com/politique/blogues/elections2007/2...
01:25 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
19 mars 2007
À grands renforts de
« Débat de mots sinon d’idées, à grands renforts de répétitions. » (Hélène Matteau.)
Doit-on écrire à grands renforts de ou à grand renfort de?
Le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Lexis, à l'article « renfort », reçoivent uniquement la graphie à grand renfort de :
S'exprimer à grand renfort de gestes. (Petit Robert.)
À grand renfort de paroles. (Multidictionnaire.)
Obtenir une place à grand renfort de protections. (Lexis.)
Je me rhabillais de mon mieux, à grand renfort d'épingles. (Beaumarchais, dans le Petit Robert.)
Le Trésor de la langue française informatisé, toutefois, admet clairement le pluriel comme le singulier :
Mener campagne à grand renfort d'affiches.
Organiser quelque chose à grand(s) renfort(s) de publicité.
C'est précisément ce que j'ai dit dans ma dissertation de ce matin, et fait valoir à grand renfort de citations... (Gide.)
Si j'avais le pouvoir absolu, à coup sûr j'enverrais M. Oudot et compagnie travailler aux fortifications, à grands renforts de coups de pied. (Flaubert.)
Line Gingras
Québec
« Zérostars » : http://forums.chatelaine.qc.ca/advansis/?mod=for&act=...
06:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
18 mars 2007
Supputer sur les chances
« On supputait sur les chances des uns et des autres d’accéder au conseil des ministres. » (Pierre Cayouette.)
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis, le Girodet et le Trésor de la langue française informatisé, supputer est un verbe transitif :
Supputer ses chances. (Petit Robert.)
Ils supputent leurs chances de succès. (Multidictionnaire.)
Supputer l'effort à fournir, ses chances; supputer les conséquences, les risques de quelque chose. (Trésor.)
Ils étaient, les uns comme les autres, à supputer les chances de la royauté. (Aragon, dans le Lexis.)
Un tailleur, en vous voyant, suppute instinctivement l'étoffe de votre habit. (Proust, dans le Petit Robert.)
Je suis en train de supputer mes profits et pertes de cette semaine... (Dumas père, dans le Trésor.)
Nous supputions à présent le temps nécessaire à l'aller et au retour... (Pesquidoux, dans le Trésor.)
Un astronome qui suppute l'existence d'un astre dont il ne perçoit pas encore directement les rayons. (Gide, dans le Trésor.)
Le Trésor relève un exemple où l'objet de l'évaluation marquée par le verbe supputer est introduit au moyen de la préposition sur :
D'aucuns se lèvent la nuit pour mesurer la force du vent au rayonnement des étoiles, pour relever leur direction ou supputer sur leur hauteur. (Pesquidoux.)
Je crois néanmoins, comme les autres ouvrages consultés ne reçoivent pas cet emploi et comme le Trésor donne le verbe supputer uniquement pour transitif, qu'il vaut mieux construire le complément de façon directe :
On supputait les chances des uns et des autres d’accéder au conseil des ministres.
* * * * *
« Pour en finir une fois pour toute_ avec cette comparaison idiote... »
Vérification faite dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor, la locution adverbiale une fois pour toutes s'écrit avec un s à toutes :
Je vous le dis une fois pour toutes, ne venez plus me déranger. (Lexis.)
On se met à rêver tout éveillé qu'on est couché une fois pour toutes dans sa fosse... (Mille, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« PQ 1976 - ADQ 2007 : la comparaison qui tue... » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
04:15 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
17 mars 2007
Les deux-tiers
« ... le nouveau Boisclair, celui qui parle comme tout le monde, doit parler d’un sujet dont les deux-tiers du monde ne veulent pas entendre parler. » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)
Marie-Éva de Villers signale que l'expression deux tiers s'écrit sans trait d'union; c'est effectivement cette graphie que je trouve dans le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé :
Les deux tiers. (Petit Robert.)
Majorité des deux tiers. (Trésor.)
Il a fait les deux tiers du travail. (Lexis.)
Il y a sur le globe deux tiers de mers, un tiers de terres. (Abellio, dans le Trésor.)
Les deux tiers des participantes sont persuadées ou persuadés du bien-fondé de la proposition. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« Nouveau Boisclair, vieux problème » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140839#more-6...
06:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
16 mars 2007
Prendre pour acquis
« Les Canadiens ne doivent pas prendre leurs libertés civiles pour acquis__, prévient Maher Arar. » (PC.)
Le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais condamnent prendre pour acquis, calque de l'anglais to take for granted. On trouve dans le Colpron, et surtout dans le Meertens, de nombreuses façons de rendre cette idée, selon le contexte. Au nombre des équivalents figurent tenir pour acquis, considérer comme acquis :
Je tenais pour acquis que vous étiez au courant. (Chouinard.)
Tenir un point pour acquis. (Lexis.)
Nous pouvons considérer comme acquis ce premier point. (Petit Robert.)
Nous tenons pour acquise son adhésion au programme. (Multidictionnaire.)
Comme l'indique le dernier exemple, l'adjectif acquis n'est pas invariable :
Les Canadiens ne doivent pas tenir leurs libertés civiles pour acquises...
Line Gingras
Québec
« Ne prenez pas les libertés civiles pour acquis [sic], prévient Maher Arar » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:2811...
05:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, grammaire, orthographe, journalisme
14 mars 2007
Se douter - accord du participe passé
« ... Julie Cossette ne se serait jamais douté_, en septembre dernier, qu'elle se ferait subtiliser tout le contenu de son compte bancaire. » (Paule Vermot-Desroches.)
Se douter est un pronominal subjectif : verbe accidentellement pronominal (c'est-à-dire ne s'utilisant pas toujours à la forme pronominale), douter fait corps avec le pronom réfléchi, qui ne peut s'analyser séparément.
Comme le signale Marie-Éva de Villers, le participe passé s'accorde en genre et en nombre avec le sujet :
... Julie Cossette ne se serait jamais doutée...
Line Gingras
Québec
« Elle répond à un courriel et 3000 $ s'envolent » : http://technaute.lapresseaffaires.com/nouvelles/texte_com...
04:25 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme