21 octobre 2007
Quoiqu'il arrive ou quoi qu'il arrive
« Allons, quoiqu’il arrive à ce gouvernement [le gouvernement conservateur de Stephen Harper], la campagne à la direction du Parti libéral du Canada est bien lancée… » (Michel Vastel.)
Quoique, en un seul mot, est une conjonction synonyme de bien que :
Quoiqu'il arrive à ce gouvernement de commettre des erreurs, on votera de nouveau pour lui.
Pour dire « quelle que soit la chose que ou qui » (Hanse-Blampain), il faut employer la locution pronominale quoi que, en deux mots :
Allons, quoi qu'il arrive à ce gouvernement, la campagne à la direction du Parti libéral du Canada est bien lancée...
* * * * *
« Hier soir, dans les couloirs du Parlement, le consensus était à un sursis d’au moins quelques mois pour le gouvernement. Oserai-je dire qu’il me mérite? »
Je ne crois pas qu'un gouvernement puisse mériter - ou ne pas mériter - monsieur Vastel.
Line Gingras
Québec
« Qui veut renverser un verre à moitié plein? » : http://blogues.lactualite.com/vastel/?p=50#comments
01:41 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
20 octobre 2007
Accuser d'accuser
« Nos députés ne peuvent pas accuser un des leurs de "tromper la population" ni de "tromper les Québécois" ni même de "tromper cette Chambre". Ou encore d’accuser quelqu’un "d’omettre sciemment de dire la vérité" ou de "sciemment induire en erreur". » (Patrick Lagacé, dans La Presse.)
Nos députés ne peuvent pas accuser un des leurs d'accuser? Je pense qu'on a voulu dire, plutôt :
Nos députés ne peuvent pas accuser un des leurs de « tromper la population » [...] Ni accuser quelqu'un « d'omettre sciemment de dire la vérité »...
Nos députés ne peuvent pas accuser un des leurs de « tromper la population » [...] Ils ne peuvent pas non plus accuser quelqu'un « d'omettre sciemment de dire la vérité »...
Line Gingras
Québec
« Le mot "bullshit" n'est pas encore à l'index » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071018/CPOPINIONS05/7...
05:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
19 octobre 2007
La défense qu'il a fait
« Ces chicanes de clocher donnent de la bonne copie - j'ai bien aimé la défense que François Bourque du Soleil a fait de Québec... » (Pierre Foglia, dans La Presse.)
Le verbe faire n'est pas suivi d'un infinitif (les opposants que ce dictateur a fait assassiner); il n'est pas non plus à la forme impersonnelle (les tempêtes qu'il a fait l'hiver dernier). Par conséquent, employé avec l'auxiliaire avoir, il s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, si celui-ci le précède :
La randonnée que j'ai faite. (Multidictionnaire.)
... j'ai bien aimé la défense que François Bourque, du Soleil, a faite de Québec...
Line Gingras
Québec
« La caravane passe » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071018/CPOPINIONS05/7...
05:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
18 octobre 2007
Faire l'affaire
« Cela rendait caduque la promesse faite par Jean Chrétien aux Québécois à la veille du référendum, ce qui, dans le fond, faisait son affaire, explique-t-il. Une résolution aux Communes ferait donc l'affaire, à moins de frais politiques. » (Vincent Marissal, dans La Presse.)
L'expression faire l'affaire est correcte, mais il vaut quand même mieux s'en servir avec modération. Je pense qu'on aurait pu la remplacer dans les deux cas :
... ce qui, dans le fond, lui convenait, explique-t-il. Une résolution aux Communes suffirait donc, à moins de frais politiques.
... ce qui, dans le fond, lui convenait, explique-t-il. On se contenterait donc d'une résolution aux Communes, à moins de frais politiques.
Line Gingras
Québec
« Citer Voltaire, suivre Machiavel » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071015/CPOPINIONS05/7...
02:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
17 octobre 2007
C'est du propre!
« Tous les ingrédients propres à cette sale affaire permettent de reprendre à notre compte le constat fait de l'autre côté de l'Atlantique. » (Serge Truffaut.)
Sourire de l'éditorialiste?
Line Gingras
Québec
« En plein vol? » : http://www.ledevoir.com/2007/10/16/160656.html
04:14 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
16 octobre 2007
Porter flanc à, porter le flanc à
« Que s'est-il donc passé dans la tête de Pauline Marois pour qu'elle porte ainsi flanc à plus d'inquisition journalistique? » (Denise Bombardier.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « flanc », donnent l'expression prêter le flanc (à la critique, à la médisance, à la curiosité...) :
En participant à cette manifestation qui a mal tourné, il a prêté le flanc à la critique.
Je n'y trouve pas, cependant, le tour porter flanc (ou porter le flanc) - quoique l'on ait employé autrefois porter dans ses flancs ou porter dans son flanc, ce qui, bien entendu, n'a pas du tout le même sens :
Croit-on que dans ses flancs un monstre m'ait porté? (Racine, dans le Petit Robert.)
Avez-vous lieu de présumer que vous soyez le père de l'enfant que Mme Luneau porte dans son flanc? (Maupassant, dans le Trésor.)
J'aime ces voyages dans le temps...
Line Gingras
Québec
« Maudit argent » : http://www.ledevoir.com/2007/09/29/158793.html
05:51 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 octobre 2007
Le laissez-faire ou le laisser-faire?
« Le laissez-faire en matière commerciale aura toutefois toujours tendance à servir les intérêts du plus gros et du plus fort. » (Éric Desrosiers.)
Le Trésor de la langue française informatisé consigne dans une remarque, à l'article « laisser-faire », quelques exemples d'emploi du substantif laissez-faire. Voici deux de ces citations :
... en face du système du laissez-faire de l'école de Manchester. (Jaurès.)
Regardez autour de vous, comparez l'ère du « laissez-faire » à celle des plans. (Perroux.)
L'auteur du second exemple utilise également* la graphie laisser-faire :
Sans action consciente et délibérée, les inégalités meurtrières se seraient maintenues et se maintiendraient. Des détraquements inquiétants se manifestent qu'aucun laisser-faire ne corrige.
De fait, d'après ce que j'ai vu dans les dictionnaires généraux et les ouvrages de difficultés que j'ai sous la main, on écrit normalement un laissez-passer, mais le laisser-faire, le laisser-aller. Pourquoi cela? Un laissez-passer contient un ordre à l'adresse de la personne à qui on présente le document, tandis que l'infinitif, dans laisser-aller ou laisser-faire, « exprime plutôt une attitude, une manière d'être » (Hanse et Blampain). Le Petit Robert donne effectivement de laisser-faire la définition suivante : « Attitude qui consiste à ne pas intervenir. »
Notez que ces trois noms composés sont invariables.
Line Gingras
Québec
* Les deux citations de Perroux sont tirées d'un même ouvrage, L'économie du XXe siècle, publié en 1964.
« Perspectives - C'était hier » : http://www.ledevoir.com/2007/10/09/159846.html
06:10 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
14 octobre 2007
Ils se sont donnés rendez-vous
« Deux milliers d'étudiants, de syndicalistes et de militants pour la paix se sont donnés rendez-vous hier devant le Parlement de Westminster afin de réclamer le retour des troupes britanniques d'Irak. » (Légende d'une photo de l'Agence France-Presse, à la une du Devoir du 9 octobre 2007.)
Comment accorder le participe passé du verbe pronominal, dans la construction ils se sont donné rendez-vous? Le pronom réfléchi, se, n'est pas simplement agglutiné au verbe, mais remplit la fonction de complément d'objet indirect (ou complément d'attribution) : dans la phrase qui nous intéresse, les étudiants, syndicalistes et militants ont donné rendez-vous à qui? à eux-mêmes, ou plutôt les uns aux autres. Par conséquent, le participe passé ne peut pas s'accorder avec le pronom réfléchi, ni avec le sujet qu'il représente :
Toutes les laideurs s'étaient donné rendez-vous. (Petit Robert, à l'article « rendez-vous ».)
Rilke eût parlé à merveille de cette pièce obscure où la solitude, le silence et l'ennui se sont donné rendez-vous et s'entretiennent lugubrement d'un monde qui n'existe plus. (Green, dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « lugubrement ».)
Donné s'accorderait cependant avec le complément d'objet direct, si ce dernier était placé devant le verbe :
Si vous saviez tous les rendez-vous galants qu'ils se sont donnés!
Line Gingras
Québec
06:26 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
13 octobre 2007
Sur la cour d'école
Une lectrice québécoise me signale que l'on discute souvent, à l'école où vont ses enfants, des problèmes de discipline sur la cour d'école, de ce qui se passe pendant les récréations, sur la cour d'école. Une recherche Google montre qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé, loin de là.
Je trouve pourtant dans le Hanse-Blampain, à l'article « cour », la phrase On joue dans la cour de l'école. Je lis en outre, dans le Colin et le Girodet, qu'il faut dire Les enfants jouent dans la cour - et non sur la cour (« comme on dit sur le trottoir », précise Girodet).
Le Petit Robert et le Lexis, il est vrai, consignent quelques exemples d'emploi de la préposition sur, mais dans un contexte bien différent de celui qui nous intéresse :
Appartement sur rue et cour. Fenêtre sur cour. (Petit Robert.)
Un appartement dont certaines fenêtres donnent sur la rue et les autres sur une cour. (Lexis.)
À la lumière de tous les autres exemples que j'ai relevés dans les dictionnaires généraux, il y a lieu de conclure, avec les auteurs des trois ouvrages de difficultés mentionnés plus haut, que c'est la préposition dans qu'il faut utiliser pour parler de ce qui se déroule à l'intérieur d'une cour :
Les enfants jouent dans la cour. (Petit Robert.)
Les tracteurs entrent dans la cour de la ferme. (Lexis.)
Toute l'école [élèves et membres du personnel] est réunie dans la cour. (Lexis, à l'article « école ».)
Arrivé dans la grande cour carrée de la ferme... (Bonstetten, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Groupe de personnes qui se trouvent dans la cour. (Trésor.)
Ne parle-t-on pas d'ailleurs, assez fréquemment il me semble, du syndrome « pas dans ma cour »?
Line Gingras
Québec
05:10 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, école
12 octobre 2007
Des jeunes sans ressource
« ... en offrant à ces jeunes sans ressource les moyens nécessaires pour poursuivre leurs études sans avoir à se préoccuper des lendemains qui déchantent. » (Louise-Maude Rioux Soucy.)
Je lis dans le Multidictionnaire que sans ressource « s'écrit généralement au singulier au sens de "sans recours, sans remède", au pluriel au sens de "sans argent" » :
Être perdu sans ressource. (Hanse et Blampain.)
Le reste est un malheur qui n'est point sans ressource. (Racine, dans le Petit Robert.)
Des réfugiés sans ressources. (Multidictionnaire.)
Un vieillard sans ressources. (Hanse et Blampain.)
Le Trésor de la langue française informatisé confirme que la locution se met le plus souvent au pluriel lorsqu'il s'agit de moyens pécuniaires, mais que le singulier se rencontre parfois :
Le peu d'argent que pouvait me donner ma famille fut bientôt mangé. Je me trouvai sans ressource. (Balzac.)
Line Gingras
Québec
« "Appartement/études" - Redonner des ailes à des oiseaux blessés » : http://www.ledevoir.com/2007/10/11/160058.html
05:50 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
11 octobre 2007
La poignée de députés présent
« Si ceux qui se reconnaissent en Kasparov et Politkovskaïa - appelons-les les "authentiques libéraux russes" - parvenaient ne serait-ce qu'à maintenir la poignée de députés actuellement présent à la Douma sous cette étiquette (une dizaine sur 450), ce serait déjà un grand succès! » (François Brousseau.)
Je mettrais le masculin pluriel - présents - de préférence au féminin singulier, en raison de l'étiquette « authentiques libéraux russes », qui me semble s'appliquer aux députés plutôt qu'au collectif poignée. C'est discutable. Mais quoi qu'il en soit, je ne vois pas comment on pourrait justifier le masculin singulier.
« ... la nouvelle autocratie russe qu'il a créé en huit ans au Kremlin. »
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Il a créé quoi? la nouvelle autocratie russe : créée.
Line Gingras
Québec
« Le chat russe sort du sac » : http://www.ledevoir.com/2007/10/09/159868.html
08:37 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
10 octobre 2007
Absence de remord
« "La demande d'emprisonnement était motivée par le besoin de dissuasion et par l'absence de remord", a-t-elle brièvement commenté. » (Rémi Nadeau, Presse Canadienne.)
Que l'on ait un ou des remords, ou que l'on soit sans remords, cela ne change rien à l'orthographe du nom : on écrit remords, au singulier comme au pluriel :
Un remords le harcelait. (Maupassant, dans le Petit Robert.)
J'arrivais inéluctablement et sans remords à ce méfait. (Giraudoux, dans le Lexis.)
C'est l'ombre d'un remords qui passe! (Privas, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Paris, depuis plus de quatre ans, était le remords du monde libre... (De Gaulle, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Myriam Bédard évite la prison, mais a besoin d'aide » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071009/CPACTUALITES/7...
03:29 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
09 octobre 2007
Contracteur
« Pompiers, ingénieurs de la ville de Montréal et ingénieurs du contracteur ont évalué la situation tout l'après-midi. » (Catherine Handfield, dans La Presse.)
Contracteur
On utilise très souvent, au Québec, le nom contracteur pour désigner le « propriétaire d'une entreprise qui fait des travaux pour le compte d'autrui » (Dagenais). Ce terme, absent du Petit Robert (2007), du Lexis et du Trésor de la langue française informatisé, est un anglicisme; il faut parler plutôt d'un entrepreneur, comme on peut le voir dans le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron, le Dagenais et le Meertens. L'Office québécois de la langue française admet les féminins entrepreneure et entrepreneuse (j'ai consulté à ce sujet Le français au bureau, sixième édition).
Ville de Montréal
D'après le Multidictionnaire, le nom ville s'écrit avec une majuscule lorsqu'il désigne l'administration urbaine : Pompiers, ingénieurs de la Ville de Montréal...
Line Gingras
Québec
« Un immeuble menace de s'effondrer sur Papineau » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070928/CPACTUALITES/7...
05:00 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, anglicisme, journalisme
08 octobre 2007
Essouflé, il a failli percuté l'embarcadaire
« L'aventurier a accosté à un embarcadaire de Greenwich... » (Agence France-Presse.)
On écrit abécédaire, mais embarcadère.
« "Je suis bouleversé. Je ne peux pas le croire... 13 ans, c'a été un long voyage. C'a été toute ma vie", a-t-il lancé sur la télévision Sky News, essouflé et visiblement épuisé. "C'a été vraiment dur au début", s'est souvenu l'aventurier à la barbe nourrie. »
Ç'a été, ça prend - ç'aurait pris - une cédille.
Essoufflé, avec deux f.
« Il s'est aussi échoué sur un récif aux Antilles, a failli percuté une baleine... »
Il a failli mourir, a failli avoir un accident, a failli percuter une baleine.
Line Gingras
Québec
« 13 ans de tour du monde à la seule force de ses muscles » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071006/CPACTUALITES/7...
07:21 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
07 octobre 2007
Rien avoir ou rien à voir
« ... je m'y suis précipité de mon plein gré pour des raisons qui n'ont rien avoir avec Jeanson... » (Pierre Foglia.)
Ne rien avoir, c'est ne rien posséder :
Leur plus grande ambition dans la vie, c'était de ne rien avoir.
Le tour peut aussi être suivi d'un infinitif précédé de la préposition à :
Elle voudrait ne rien avoir à faire.
Quel drame de ne rien avoir à dire!
Dans la phrase qui nous intéresse, il fallait écrire pour des raisons qui n'ont rien à voir avec..., c'est-à-dire pour des raisons qui ne concernent pas... :
Il ne faut pas oublier, reprenait Villard, qu'en Belgique les industriels travaillent. - Non! - Si! - On ne sait pas... - Ça n'a rien à voir avec nous. (Van der Meersch, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Sa colère n'avait rien à voir avec ce qui s'était passé la veille.
Line Gingras
Québec
« La haine » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071006/CPOPINIONS05/7...
04:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
06 octobre 2007
Avoir vu + infinitif
« ... elle [l'athlète Marion Jones] avait toujours tout nié par la suite, véhémentement, malgré des révélations contraires de personnes qui l'avaient côtoyée et disaient l'avoir vu agir. » (Jean Dion.)
« En 2004, il avait déclaré que Jones se dopait et l'avait même vu procéder à des injections sur elle-même. »
Les rectifications orthographiques proposées par le Conseil supérieur de la langue française ne visent nullement l'accord du participe passé du verbe voir. En l'occurrence, la règle qui s'applique demeure la suivante : le participe passé du verbe voir, employé avec l'auxiliaire avoir et suivi de l'infinitif, s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe et fait l'action exprimée par l'infinitif.
Dans la première phrase, il faut se demander : des personnes disaient avoir vu qui? - elle [Marion Jones], représentée par le pronom complément l'; des personnes disaient avoir vu Marion Jones qui agissait - elles disaient l'avoir vue qui agissait, l'avoir vue agir.
Dans la deuxième phrase, on doit se poser la question : il avait vu qui? - [Marion] Jones, toujours, encore une fois représentée par le pronom l'; il l'avait vue qui procédait à des injections, il l'avait vue procéder à des injections.
Line Gingras
Québec
« La triple médaillée d'or aux Jeux de Sydney confesse s'être dopée - La gloire perdue de Marion Jones » : http://www.ledevoir.com/2007/10/06/159695.html?fe=2197&am...
04:43 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
05 octobre 2007
Sans le sous
« En 1951, sans le sous, l'Italien fraîchement débarqué à Montréal ne parle ni anglais ni français... » (Isabelle Paré.)
Sans le sou :
J'ai épousé une fille sans le sou. (Renard, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Les petits, les humbles, les sans le sou de ce monde. (Mirbeau, dans le Trésor.) [D'après ce que je vois dans le Petit Robert et le Multidictionnaire, on écrit plutôt, aujourd'hui, les sans-le-sou; le substantif prend des traits d'union.]
« L'affiche rose bonbon illustre un sexe de femmes en forme de serrure, surmonté d'un nombril arborant une moustache. »
Un sexe de femme. Ne pas confondre avec de la confiture de fraises.
Line Gingras
Québec
« Cure de Jouvence pour Vittorio » : http://www.ledevoir.com/2007/09/29/158792.html
06:39 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
04 octobre 2007
Reconnaître son tort
« Reconnaître sa responsabilité, c'est reconnaître son tort, présenter ses excuses et réparer. » (Yves Boisvert, dans La Presse.)
« Si tu veux faire un effort / Je reconnaîtrai mes torts... » (Dis-moi ce qui ne va pas, chanson de J. Demarny, J. Claudric et E. Macias.)
Je trouve reconnaître ses torts dans le Petit Robert et le Trésor de la langue française informatisé (aux articles « tort » et « reconnaître »), de même que dans le Lexis et le Multidictionnaire (à l'article « reconnaître »). L'expression reconnaître son tort, d'après ce que je peux voir, n'est enregistrée que par le Trésor; elle figure seulement à l'article « reconnaître », dans les notes relatives à l'étymologie et à l'histoire.
Je pense donc qu'il convient d'employer, dans la langue moderne, le tour reconnaître ses torts; celui-ci se rencontre d'ailleurs dans trois autres articles du Trésor :
Il n'y a pas de honte à reconnaître ses torts. (À l'article « honte ».)
... reconnaître ses torts et se repentir. (À l'article « mea(-)culpa ».)
... il était tout prêt à reconnaître ses torts. (Beauvoir, à l'article « rompre ».)
* * * * *
« Mais aucun autre arrondissement, même les plus populeux, n'arrive... »
Le singulier aucun autre ne saurait comprendre un pluriel; on peut cependant l'inclure dans un pluriel :
Mais aucun autre arrondissement, même parmi les plus populeux, n'arrive...
Line Gingras
Québec
« J'offre le scotch si vous gagnez » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071003/CPOPINIONS05/7...
« Dis-moi ce qui ne va pas » : http://gauterdo.com/ref/dd/dis-moi.ce.qui.html
05:21 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
03 octobre 2007
Compenser quelqu'un
« Quelques mois plus tard, le gouvernement Harper a fini par s'excuser et par compenser M. Arar... » (Manon Cornellier.)
Selon Camil Chouinard, « le gouvernement peut indemniser les victimes d'une inondation; il ne peut les compenser ». De fait, d'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, une chose ou une personne peut compenser quelque chose, mais non quelqu'un :
Compenser une perte par un gain; un ennui par une satisfaction. (Petit Robert.)Compenser un inconvénient par un avantage, un mal par un bien. (Trésor de la langue française informatisé.)
Ces jours de congé compenseront les longues heures de travail. (Multidictionnaire.)
Cet automne, du moins, compensera ces mécomptes et consolera mes ennuis. (Gide, dans le Lexis.)
La pauvre grand'mère ne croit pas à Dieu, ni que rien, au delà de la mort, compensera sa triste vie. (Gide, dans le Trésor.)
Compenser un préjudice. (Petit Robert et Trésor.)
On aurait pu écrire :
Quelques mois plus tard, le gouvernement Harper a fini par s'excuser et par dédommager M. Arar...
Quelques mois plus tard, le gouvernement Harper a fini par s'excuser et par indemniser M. Arar...
Line Gingras
Québec
« La mémoire est une faculté qui oublie » : http://www.ledevoir.com/2007/09/26/158333.html
04:50 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
02 octobre 2007
Les cents pas, faire les cents pas
« Elle faisait les cents pas devant le condos, inquiète pour son chat qui se trouvait toujours à l'intérieur. » (Catherine Handfield, dans La Presse.)
Cent, déterminant ou adjectif numéral cardinal, prend un s uniquement lorsqu'il est multiplié par un autre nombre et qu'il se trouve à la fin du déterminant numéral :
Il y avait quatre cents personnes à leur dernier concert.
Ils étaient plus de huit cents à vouloir lui serrer la main.
La prochaine ville est à deux cent quatre-vingt-cinq kilomètres.
Ce phénomène se reproduit tous les cent ans.
Notons au passage que cent reste invariable lorsqu'il exprime le rang; il est alors employé comme adjectif ou déterminant numéral ordinal, au sens de centième :
Ouvrez votre manuel à la page trois cent.
Cela se passait dans les années mille huit cent.
* * * * *
Condo est admis dans le Petit Robert (2007) comme abréviation de condominium, terme d'usage courant au Canada pour désigner un « immeuble en copropriété ». On écrit condos au pluriel, mais condo au singulier.
Line Gingras
Québec
« Un immeuble menace de s'effondrer sur Papineau » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070928/CPACTUALITES/7...
04:37 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
01 octobre 2007
Rentrer dans les rangs
« Mais pour qui le connaît, pas question de rentrer dans les rangs. Sans concession, Vittorio a été et restera. » (Isabelle Paré.)
Dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « rang », je trouve l'expression rentrer dans le rang :
Je rentrai dans le rang, ne craignis pas de me montrer comme un simple citoyen. (Gide, dans le Lexis.)
Les masses allemandes [...] rentrent dans le rang, quand on leur promet qu'elles vont manger. (H. Albert, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Cure de Jouvence pour Vittorio » : http://www.ledevoir.com/2007/09/29/158792.html
05:28 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias