28 mai 2007
Souhaiter que
« Dans l'ensemble, il faut donc applaudir à cette initiative de l'administration Tremblay et souhaiter que les consultations à venir serviront à consolider les propositions les plus prometteuses pour l'amélioration de la qualité de vie à Montréal. » (Jean-Robert Sansfaçon.)
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, souhaiter que est suivi du subjonctif :
Je souhaitais en effet que vous rencontriez mon fils. (Sartre, dans le Lexis.)
Je souhaite de tout mon cœur que vous trouviez le garçon de votre âge que vous méritez et qui bâtira une vraie vie avec vous. (Anouilh, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Comme il serait à souhaiter pourtant que cette thèse fût exacte! (Thibaudet, dans le Trésor.)
Je lis dans le Dupré (Encyclopédie du bon français dans l'usage contemporain) la remarque suivante, reproduite dans le Trésor : « Il n'est pas à recommander d'employer le futur après souhaiter que, même si le souhait est probable et près de se réaliser. »
On aurait pu écrire, selon la nuance à exprimer :
... et souhaiter que les consultations à venir servent à consolider...
... et espérer que les consultations à venir serviront à consolider...
Line Gingras
Québec
« Un plan ambitieux » : http://www.ledevoir.com/2007/05/18/144027.html
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27 mai 2007
Mis à part
« Comment les Forces armées sont-elles parvenues à afficher une telle augmentation? Mis à part une campagne de publicité coûteuse [...] les Forces armées ont particulièrement bien ciblé leur public. » (Alec Castonguay.)
J'ai cru d'abord qu'on avait oublié de faire accorder le participe passé : la campagne de publicité n'est-elle pas mise à part? Vérification faite, voici ce qu'il en est : selon le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, l'expression mis à part, placée devant le nom, est généralement invariable. Après le nom, cependant, le participe varie en genre et en nombre :
Mis à part ces quelques bévues, il s'est bien acquitté de sa tâche.
Ces quelques bévues mises à part, il s'est bien acquitté de sa tâche.
Line Gingras
Québec
« Dans la mire de l'armée » : http://www.ledevoir.com/2007/05/26/144908.html
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26 mai 2007
En autant de
« C'est la deuxième fois en autant de semaines que le chef de l'ADQ donne l'impression de réveiller le gouvernement... » (Michel David.)
Il semble admis d'écrire en anglais :
The American set his third world record in as many days... (Beth Harris.)
En français, cependant, « il faut d'abord mentionner un nombre avant de pouvoir dire en autant de » (Chouinard). Or, deuxième n'est pas un nombre, mais un adjectif numéral ordinal; on l'utilise pour indiquer l'ordre, le rang, pas la quantité. Je verrais ici deux constructions possibles :
Cela fait deux fois en autant de semaines...
C'est la deuxième fois en deux semaines...
La faute est très courante au Canada. Le Colpron aborde aussi la question.
Line Gingras
Québec
« Qui mène? » : http://www.ledevoir.com/2007/05/24/144589.html
« Phelps sets third world record in as many days » : http://the.honoluluadvertiser.com/article/2007/Mar/29/br/...
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25 mai 2007
Faire leur preuve
« Si elles avaient le choix, peut-être qu'elles finiraient par faire comme les hommes et qu'elles cesseraient de se croire obligées de faire leur preuve encore et encore. » (Lise Payette, dans Le Journal de Montréal.)
On dit d'une personne ou d'une chose qui a montré sa valeur ou ses capacités qu'elle a fait non pas sa preuve, mais ses preuves. De même, plusieurs personnes ou plusieurs choses ont fait leurs preuves :
Tous les chevaliers armés [...] ont fait leurs preuves au champ d'honneur...(Genlis, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Décentraliser. Il existe pour cela plusieurs méthodes qui ont fait leurs preuves. (Univers écon. et soc., dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Le petit chaperon rouge » : http://www.canoe.com/infos/chroniques/lisepayette/archive...
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24 mai 2007
Publicité honteuse
Vu aujourd'hui, à la page des blogues du réseau Canoë, cette publicité de la société Old Spice, en belles majuscules bien lisibles :
« Apprend-le, vit-le, mesure-le... »
J'ignore ce qu'il s'agit d'apprendre ou de vivre, je ne veux pas savoir ce qu'on incite à mesurer. Mais je signale qu'il fallait écrire : Apprends-le, vis-le, mesure-le.
Un sur trois.
Line Gingras
Québec
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23 mai 2007
Le gel ou l'année?
« En somme, si les négociations en cours aboutissent à ce résultat, on pourra dire, dans dix ans, que le maire de Montréal avait choisi, en 2007, de couler dans le ciment des mesures jusque-là temporaires en échange d'un gel salarial d'une année destinée à boucler son budget. » (Jean-Robert Sansfaçon.)
Qu'est-ce qui serait destiné à boucler le budget? Pas l'année, mais le gel salarial, qui durerait une année : destiné.
Line Gingras
Québec
« Une négociation à courte vue » : http://www.ledevoir.com/2007/05/23/144448.html
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22 mai 2007
Flamands roses
« ... le voyage en péniche reste une expérience des plus agréables, tapissée de champs de lavande, de vignobles, de mas et de quelques flamants roses. » (Laurence Clavel.)
« ... nous marchons dans les sentiers aménagés en pleine nature, accompagnés par les hérons, les flamands roses, les ragondins, et par le cri étonnant du butor. »
Je veux bien que l'on aime les flamants roses - et les Flamands roses...
Line Gingras
Québec
« La vie comme un long canal tranquille » : http://www.ledevoir.com/2007/05/19/143771.html
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21 mai 2007
Ne que
« D’elles, on a longtemps su qu’une seule chose : elles représentaient les parties souterraines des premières forêts... » (Agence Science-Presse.)
Au sens de « seulement », pour marquer la restriction, que s'emploie toujours avec ne :
D'elles, on n'a longtemps su qu'une chose...
D'elles, on a longtemps su une seule chose...
Line Gingras
Québec
« Le plus vieil arbre de la planète a 385 millions d'années » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070517/CPSCIENCES/705...
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20 mai 2007
Coup d'état
« Thomas Sankara a été assassiné lors du coup d'état qui a porté au pouvoir [...] Blaise Compaoré, qui a toujours fait obstacle aux démarches de la campagne Justice pour Sankata, dont M. Fall est le coordonateur. » (Le Devoir.)
État, lorsqu'il s'emploie au sens d'« entité politique » (Multidictionnaire), prend toujours la majuscule :
Le coup d'État était cuirassé, la République était nue. (Hugo, dans le Petit Robert.)
Les États membres de l'O.N.U. (Hanse et Blampain.)
L'État de New York. (Multidictionnaire.)
* * * * *
On écrit coordinateur, mais coordonnateur.
Line Gingras
Québec
« En bref - Menaces de mort à l'endroit d'un enseignant de l'UQAM » : http://www.ledevoir.com/2007/05/19/144185.html
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19 mai 2007
Faible faiblesse, et pauvre en plus
« Si on a pu considérer le transport individuel en automobile comme un droit, c'est que pendant trop longtemps, la faiblesse de l'offre de transport collectif et de moyens alternatifs moins polluants a été si faible et si pauvre que l'automobile pouvait apparaître comme un mal nécessaire. » (Gil Courtemanche.)
... pendant trop longtemps, l'offre de transport collectif...
« Ces orientations et ces mesures relèvent en bonne partie des arrondissements, comme la création de quartiers verts et de zones piétonnes ou d'apaisement de la circulation dans les zones domiciliaires. »
... dans les secteurs domiciliaires.
Line Gingras
Québec
« Une ville verte » : http://www.ledevoir.com/2007/05/19/144193.html
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18 mai 2007
Excès ou accès?
« Le sous-ministre associé Bernard Turgeon a reconnu avoir été secoué par un excès de colère - il était "en calvaire!" - lorsqu'on l'a informé de cette transaction inhabituelle. » (Marie-Andrée Chouinard.)
Colère excessive?
Je crois plutôt que monsieur Turgeon a connu un accès de colère - un « mouvement intérieur violent et passager, provoqué par la colère » (Lexis) :
Il était sujet à des accès de jalousie.
Dans ses plus grands accès de joie, sa conversation restait monosyllabique. (Balzac.)
Line Gingras
Québec
« Encore des coupables! » : http://www.ledevoir.com/2007/05/18/144029.html
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17 mai 2007
Portant et portées
« Selon M. Fraser, 40 causes portant sur les droits linguistiques étaient portées devant les tribunaux au moment de l'annonce. » (Manon Cornellier.)
... 40 causes ayant pour objet les droits linguistiques...
... 40 causes concernant les droits linguistiques...
Line Gingras
Québec
« Un respect de façade » : http://www.ledevoir.com/2007/05/16/143713.html
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16 mai 2007
Fatiguant ou fatigant?
« ... au Club Kanalaa où, sur fond de musique disco, Tamsyn Janus et City Vella - ce sont leurs noms d'avatars - discutent sur la piste de danse des "pervers" qui courent après les femmes dans SL [Second Life] pour les inviter dans des "coins tranquilles". "C'est fatiguant!", dit l'une d'elles. » (Fabien Deglise.)
On écrit fatiguant le participe présent, donc le verbe, mais fatigant l'adjectif. Comment distinguer entre les deux?
Ce passage fatiguant la voix, nous n'allons pas le travailler longtemps aujourd'hui. (= Comme ce passage fatigue la voix... De toute évidence, on a ici un verbe.)
C'est ennuyeux! dit l'une d'elles. (Si fatigant peut être remplacé par un adjectif, c'est qu'il s'agit d'un adjectif.)
Line Gingras
Québec
« Perdu dans le cyberespace » : http://www.ledevoir.com/2007/04/28/141310.html
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15 mai 2007
Désaccords
« Les orientations qu'elle a présentées étaient d'une clarté qui contrastent avec les circonvolutions et les compromis auxquelles elle nous avait habitués. » (Michel David.)
C'est la clarté qui contraste. Et compromis est un nom masculin : auxquels.
« Entre ces deux voies, le PQ doit se plier à l’exercice de renouvellement auxquels se sont prêtés tous les partis... » (Karim Benessaieh, dans La Presse.)
Les partis se sont prêtés à un exercice de renouvellement : auquel.
Line Gingras
Québec
« Marois dicte ses conditions » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070514/CPACTUALITES/7...
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14 mai 2007
Épargner quelqu'un de quelque chose
« Cela étant, il faut que la direction du parti épargne les membres et le public en général de ces excès de démocratie citoyenne... » (Jean-Robert Sansfaçon.)
Je trouve les constructions épargner quelqu'un, épargner quelque chose, épargner quelque chose à quelqu'un :
Épargner quelqu'un
Peut-être le médecin la trompait-il pour l'épargner. (Zola, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il vaut mieux épargner un coupable que de tuer un innocent! (Maupassant, dans le Trésor.)
Épargner quelque chose
La discipline facilite le travail, épargne le temps de celui qui commande et de celui qui obéit. (Bernanos, dans le Petit Robert.)
J'ai demandé qu'on épargnât la vie du prisonnier. (Sartre, dans le Lexis.)
J'ai épargné les vingt centimes que coûte une tasse de café. (Bourget, dans le Trésor.)
Épargner quelque chose à quelqu'un
Il faut épargner toute fatigue au malade. (Petit Robert.)
En dépit des froissements, des blessures, qui ne sont point épargnés à ceux qui s'aiment. (R. Rolland, dans le Petit Robert.)
Nous avons épargné une humiliation à ces nouveaux employés en ne mentionnant pas leurs calculs erronés. (Multidictionnaire.)
Elle ne tint pas rancune à l'imprudent puisqu'il lui épargnait peut-être un remords. (Mandiargues, dans le Lexis.)
Je t'épargne les commentaires. (Gide, dans le Trésor.)
Les partis [...] ne nous épargnèrent pas leurs critiques. (De Gaulle, dans le Trésor.)
Les dictionnaires consultés, toutefois, ne reçoivent pas la construction épargner quelqu'un de quelque chose. Je crois que l'on a confondu, ici, avec dispenser ou exempter :
Dispenser quelqu'un d'impôts. (Petit Robert.)
Exempter un jeune homme du service militaire. (Petit Robert.)
Il aurait fallu écrire :
Cela étant, il faut que la direction du parti épargne aux membres et au public en général ces excès de démocratie citoyenne...
* * * * *
« À l'évidence, d'autres candidats s'ajouteront à la liste d'ici le lancement officiel de la course. Celles de Joseph Facal et de Pierre Curzi, par exemple, permettraient d'élargir le spectre des choix idéologiques et des genres de leadership offerts aux membres. »
... d'autres candidatures...
Line Gingras
Québec
« C'est un départ! » : http://www.ledevoir.com/2007/05/12/143204.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
13 mai 2007
Comparons ce qui se compare
« Le langage d'un parti progressiste et de son chef n'a pas besoin d'être obtus et technocratique : il peut se nourrir d'émotions et de valeurs mobilisatrices, comme l'a fait Ségolène Royal en France. » (Gil Courtemanche.)
Non, Ségolène Royal ne s'est pas nourrie d'émotions : elle en a nourri son langage, cependant - c'est du moins ce que veut dire M. Courtemanche, si je ne me trompe. Je suggérerais :
... il peut se nourrir d'émotions et de valeurs mobilisatrices, comme celui qu'a utilisé Ségolène Royal en France / comme celui de Ségolène Royal en France.
Line Gingras
Québec
« S'ancrer dans la réalité » : http://www.ledevoir.com/2007/05/12/143202.html
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12 mai 2007
Se lancer - Elle s'est lancé
« Ségolène Royal, qui vient en quelque sorte de redonner le statut d'opposition officielle à son parti, s'est lancé_ à l'assaut de l'Élysée sans avoir pu mettre son parti à sa main... » (Christian Rioux.)
Se lancer est un verbe accidentellement pronominal, c'est-à-dire qui n'est pas toujours employé à la forme pronominale; il s'agit plus précisément d'un pronominal réfléchi, puisque le sujet et le pronom personnel complément, se, désignent la même personne. En pareil cas, le participe passé s'accorde avec le complément d'objet direct si ce dernier est antéposé (placé devant), comme si le verbe était conjugué avec l'auxiliaire avoir. Ségolène Royal a lancé qui? elle-même : s'est lancée.
On écrirait cependant : La ministre s'est lancé des fleurs. Explication? Le pronom se est complément d'objet second, ou complément d'attribution; il ne commande donc pas l'accord. De fait, le complément d'objet direct est placé après le verbe : la ministre a lancé des fleurs à elle-même. Par contre : Les fleurs que la ministre s'est lancées...
* * * * *
« ... bon pour tout les pays et pour tous les peuples. »
... bon pour tous les pays...
Line Gingras
Québec
« La leçon française » : http://www.ledevoir.com/2007/05/11/143073.html
03:50 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
11 mai 2007
Tel que + participe passé
« Tel que rédigée, la loi exige que... » (Serge Truffaut.)
Après tel que, l'ellipse du sujet et du verbe conjugué est à déconseiller dans la langue soutenue. Notez que l'adjectif tel s'accorde, tout comme le participe passé (qu'il y ait ellipse ou non), étant donné qu'il se rapporte à loi :
Telle qu'elle a été rédigée ou Telle qu'elle est rédigée, la loi exige que...
* * * * *
« Voilà : deux juges de la Cour constitutionnelle ont été suspendus par le président de ce tribunal. Le motif évoqué? Ils ont été accusés, sans que des preuves formelles aient été présentées, d'avoir... »
Pour la distinction entre évoquer et invoquer, je vous renvoie à un billet de La plume heureuse. J'y évoque une foule de souvenirs, en plus...
* * * * *
« ... ils craignaient que le scepticisme manifesté par ces deux magistrats ne fasse tâche d'huile... »
Il leur fallait donc se donner pour tâche d'empêcher, justement, qu'il ne fasse tache d'huile :
La lâcheté ne peut faire que tache d'huile. (Leiris, dans le Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« Dérive polonaise » : http://www.ledevoir.com/2007/05/11/143049.html?fe=990&...
05:00 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
10 mai 2007
Accords imparfaits
« Le seul ennui, c’est qu’il avait été adopté en plein_ effervescence souverainiste... » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)
Effervescence est un nom féminin : en pleine effervescence.
« Le PQ devra se demander si son projet politique – qui est encore très proche de la souveraineté-association imaginée par René Lévesque à la fin des années 1960 – est encore la meilleure pour le Québec des années 2010. »
La proposition relative, détachée par des tirets, apporte sans doute une précision utile; elle ne fait cependant pas partie du message essentiel de la phrase : Le PQ devra se demander si son projet politique est encore le meilleur pour le Québec des années 2010.
« Avec son départ, les péquistes n’ont plus le choix, ni de bouc émissaire commode : ils devront se poser les questions qu’ils ont soigneusement évité__ depuis des années. »
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir, on le sait mais encore faut-il se le rappeler au moment opportun, s'accorde avec le complément d'objet direct, si ce dernier précède le verbe. Ils ont évité quoi? les questions : évitées. On écrirait toutefois :
Ils devront réfléchir aux questions qu'ils ont soigneusement évité de se poser.
Ils ont évité quoi? de se poser certaines questions.
Line Gingras
Québec
« Entre le chef et le programme » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140928
05:35 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
09 mai 2007
Pousser la roue, pousser à la roue
« Malheureusement, une fois analysé et comparé, le profil génétique ne coïncide avec aucun de ceux qui se trouvent dans la banque de la police. Il faudra donc continuer à pousser la roue et se montrer patient. » (Christiane Desjardins.)
Je trouve dans les dictionnaires généraux l'expression pousser à la roue, qui veut dire au sens propre « chercher à faire avancer un véhicule en exerçant un effort sur la roue » (Lexis), et au figuré soit « aider », soit « faire évoluer un processus, une situation » (Petit Robert) :
Vous ferez des progrès, si quelqu'un pousse à la roue. (Lexis.)
On en voit [des Français] qui souhaiteraient une victoire totale de l'Allemagne, qui sont prêts à pousser à la roue, qui collaborent, comme on dit. (Green, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
De là à pousser à la roue, à enfoncer ce pauvre type. (Mallet-Joris, dans le Petit Robert.)
Le tour est également recommandé dans le Colpron et le Chouinard, en remplacement de mettre l'épaule à la roue, qui serait attribuable à l'influence de l'anglais to put one's shoulder to the wheel :
Le chef syndical a invité tous les travailleurs à pousser à la roue. (Chouinard.)
Line Gingras
Québec
« Benoît Guay : décadence d'un homme, chute d'un policier » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070503/CPACTUALITES/7...
07:28 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
08 mai 2007
Des politiciens emphatiques
« Quand on côtoie des politiciens, on constate qu'avec l'expérience, et surtout quand ils sont talentueux et emphatiques, ils finissent par devenir spécialistes de la nature humaine. » (Denise Bombardier.)
Emphatique, dans la langue courante, signifie « rempli d'emphase », « pompeux », « ampoulé » :
Un ton, un style emphatique. (Petit Robert.)
Une allocution trop emphatique. (Multidictionnaire.)
Une exhortation emphatique. (Lexis.)
Elle avait le défaut d'employer de ces immenses phrases bardées de mots emphatiques, si ingénieusement nommées des tartines dans l'argot du journalisme... (Balzac, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Madame Bombardier a sans doute voulu dire empathique; cet adjectif vient du nom empathie, qui désigne une « forme de la connaissance d'autrui, spécialement du moi social » (Lexis), la « faculté de se mettre à la place d'autrui, de percevoir ce qu'il ressent » (Multidictionnaire). Cependant, alors que l'anglais empathic ou empathetic peut qualifier des personnes, le mot français, dont je ne trouve des exemples d'emploi que dans le Trésor, semble ne s'appliquer qu'au mode de connaissance ou de perception :
L'identification du bébé et de la maman, sur le mode empathique... (Traité sociol.)
Je proposerais donc :
... et surtout quand ils sont talentueux et capables d'empathie...
* * * * *
« ... un travail aux contraintes restreintes... »
... un travail aux faibles contraintes...
... un travail peu contraignant...
* * * * *
« Nous vivons une période apparemment désertée par les grands personnages charismatiques dont on a tant d'exemples en tête et qui appartiennent à l'histoire passée. »
... et qui appartiennent à l'histoire.
Line Gingras
Québec
« La piqûre » : http://www.ledevoir.com/2007/03/17/135334.html
06:01 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse