13 janvier 2008
Sous observation
« La petite flambée a en effet mobilisé plusieurs organisations, dont l'Agence de la santé publique du Canada, l'Agence des services frontaliers du Canada et la direction de l'aéroport Pearson. De concert, celles-ci ont ordonné la détention préventive de 75 passagers, qui ont aussitôt été placés sous observation. » (Louise-Maude Rioux Soucy.)
Marie-Éva de Villers et Camil Chouinard signalent que sous observation est le calque de l'anglais under observation; il faudrait dire plutôt en observation :
Le médecin l'a placé en observation pour quelques jours. (Chouinard.)
(Le Multidictionnaire propose également sous surveillance.)
De fait, je ne trouve pas sous observation dans le Petit Robert, dans le Lexis ni dans le Trésor de la langue française informatisé, mais en observation - expression qui s'emploie notamment en médecine, à propos de la « surveillance attentive d'un malade pendant un temps donné » (Lexis) :
Mis en observation au Kranken-Revier, il répondit si bien par son comportement à toutes les apparences de l'épilepsie, il triompha avec tant de naturel des différentes épreuves par où on le fit passer, que le médecin allemand n'eut aucun soupçon. (Ambrière, dans le Trésor.)
Les passagers auraient donc dû être placés en observation.
Line Gingras
Québec
« Des passagers d'un avion de ligne mis en quarantaine pour cause de gastro-entérite » : http://www.ledevoir.com/2008/01/10/171271.html
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12 janvier 2008
Double standard
« Ce n'est pas gagné pour Hillary Clinton. Loin de là. Le double standard continuera de lui jouer de mauvais tours. » (Lise Payette.)
D'après le Trésor de la langue française informatisé, le nom standard peut s'employer, par analogie ou au figuré, au sens de « modèle de référence, norme adoptée par l'usage, par un groupe de personnes » (cette acception ne figure pas dans les autres dictionnaires généraux que j'ai sous la main) :
Il ne faut pas juger les Indiens d'après nos standards à nous. (Beauvoir.)
Je ne trouve cependant pas dans le Trésor l'expression double standard, également absente du Petit Robert, du Lexis et du Multidictionnaire, consultés aux articles « double » et « standard ». Bien que le Chouinard, le Colpron et le Dagenais ne donnent aucun avis là-dessus, je pense qu'il faut y voir un calque : le Robert & Collins Super Senior et le Meertens traduisent l'anglais double standard par deux poids, deux mesures; René Meertens propose encore règle ou principe appliqué de façon discriminatoire, discrimination, traitement inégal.
Madame Payette aurait peut-être pu écrire :
... On continuera de la juger d'après des critères qui ne s'appliquent pas aux autres candidats.
Line Gingras
Québec
« La bataille de Hillary Clinton » : http://www.ledevoir.com/2008/01/11/171345.html
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11 janvier 2008
Soupçonné de mauvais traitements
« Interrogé par l'AFP, le médecin Andres Artunduaga qui a reçu le 16 juin 2005 Emmanuel, présenté par José Crisanto Gomez comme son neveu et inscrit sous la fausse identité de Juan David Gomez, a indiqué que l'enfant souffrait de malnutrition sévère et était soupçonné de mauvais traitements par sa famille d'adoption. » (Cesar Sabogal, AFP.)
Emmanuel, soupçonné de mauvais traitements?
Soupçonner quelqu'un de quelque chose, c'est penser qu'il peut avoir fait cette chose :
Chargé du crime affreux dont vous me soupçonnez. (Racine, dans le Petit Robert.)
Évidemment il avait compris ce que je comprenais alors : que mon ami le soupçonnait de l'abominable attentat. (G. Leroux, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Cet homme est soupçonné d'actes terroristes par les services de renseignements de son pays d'origine.
De toute évidence le petit Emmanuel, qui n'a pas encore quatre ans, n'a pu faire subir de mauvais traitements à qui que ce soit. On a plutôt voulu dire :
... a indiqué que l'enfant souffrait de malnutrition sévère et que l'on soupçonnait sa famille d'adoption de l'avoir maltraité ou ... que l'on soupçonnait sa famille d'adoption de mauvais traitements.
... a indiqué que l'enfant souffrait de malnutrition sévère et que sa famille d'adoption était soupçonnée de l'avoir maltraité ou ... que sa famille d'adoption était soupçonnée de mauvais traitements.
(À moins qu'il n'ait arraché les membres à son ours en peluche.)
Line Gingras
Québec
« Emmanuel, l'enfant sauvage » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080110/CPMONDE/801100...
[Sauvage? À ma connaissance, rien ne justifie ce qualificatif.]
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10 janvier 2008
Procrastiner, procrastination
Un ami lecteur, Lux, me demande si procrastiner et procrastination, de plus en plus fréquents, sont admis en français ou s'ils doivent être considérés comme des anglicismes.
Disons d'abord que les dictionnaires de difficultés que j'ai consultés - le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Chouinard, le Colpron, le Dagenais, le Colin et le Girodet - sont muets là-dessus. Le Petit Robert (2007) et le Lexis reçoivent seulement procrastination (« Tendance à tout remettre au lendemain, à ajourner, à temporiser », selon le Petit Robert), comme appartenant à la langue littéraire. Et le Robert & Collins Super Senior, s'il donne procrastination pour l'équivalent du substantif anglais, traduit procrastinate par « faire traîner les choses », « avoir tendance à tout remettre au lendemain ».
Je lis dans le Dictionnaire historique de la langue française, de Robert, que procrastination a été emprunté au latin à l'époque de la Renaissance; qu'il semble avoir été peu usité avant la fin du XVIIIe siècle et que, depuis le XIXe siècle, « son emploi est marqué comme plaisant ou littéraire ». On ajoute que les dérivés procrastiner et procrastinateur « se rencontrent exceptionnellement chez certains auteurs (Amiel, Colette) ».
Le Trésor de la langue française informatisé reçoit procrastination, dans la langue littéraire, avec la définition : « Tendance à différer, à remettre au lendemain une décision ou l'exécution de quelque chose. » Synonymes : ajournement, atermoiement :
Cette habitude, vieille de tant d'années, de l'ajournement perpétuel, de ce que M. de Charlus flétrissait sous le nom de procrastination. (Proust.)
Dans le même article, on signale le verbe procrastiner, comme littéraire et rare, de même que le nom procrastinateur :
Je remercie à présent chacun des contretemps qui m'empêchèrent d'approfondir ma connaissance de la forêt rambolitaine : la paresse, l'âge, le penchant à procrastiner, et aussi le plaisir que j'eus d'habiter trop peu de temps (...) un de ses sommets. (Colette.)
Les atermoyeurs, procrastinateurs et lambins de mon acabit sont justement de ceux qui ne finissent rien et même ne commencent pas davantage. (Amiel.)
Procrastiner et surtout procrastination me paraissent plus courants que ne le laissent entendre les dictionnaires; l'influence de l'anglais n'est peut-être pas étrangère à cette évolution de l'usage. Je ne pense pas qu'il faille les éviter; mais il est bon de savoir que l'on peut dire les choses autrement.
Line Gingras
Québec
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09 janvier 2008
Élu pour un terme
« À leurs yeux, le grand avantage du mode de scrutin actuel est l'alternance qui garantit aux deux grands partis de se partager le pouvoir après deux termes. C'est ce qui a fait que le gouvernement péquiste de Bernard Landry puis celui de Jean Charest ont prêché pour une réforme sans jamais bouger. » (Bernard Descôteaux.)
Pour rendre l'idée de durée, à propos d'une fonction que l'on confie à quelqu'un, on emploie en anglais le mot term ou l'expression term of office. En français, d'après le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, on ne parle pas d'un terme, mais d'un mandat :
Les électeurs de la circonscription ont réélu leur député pour un troisième mandat. (Dagenais.)
* * * * *
Jean Charest n'a jamais dirigé de gouvernement péquiste, bien que la construction de la deuxième phrase de monsieur Descôteaux laisse entendre le contraire. Je verrais deux formulations possibles :
C'est ce qui a fait que le gouvernement de Bernard Landry puis celui de Jean Charest ont prêché pour une réforme sans jamais bouger.
C'est ce qui a fait que le gouvernement péquiste de Bernard Landry puis le gouvernement libéral de Jean Charest ont prêché pour une réforme sans jamais bouger.
Line Gingras
Québec
« De quoi a-t-on peur? » : http://www.ledevoir.com/2008/01/03/170536.html
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08 janvier 2008
Transports en communs
« Plus précisément, ce sont ces bandes qui prélèvent des taxes aux montants éhontés pour l'utilisation des toilettes, la consommation d'eau, l'usage des transports en communs, etc. » (Serge Truffaut.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, consultés aux articles « transport » et « commun », ne donnent que la graphie transports en commun :
Utiliser, prendre les transports en commun. (Petit Robert.)
* * * * *
« En un mot, le gouvernement sortant a montré son incapacité, voire son indifférence, à l'amélioration du quotidien de centaines de milliers de sans-grades. »
Son incapacité à l'amélioration? Je proposerais :
... son incapacité d'améliorer le quotidien de centaines de milliers de sans-grades, voire son indifférence à cet égard.
... son incapacité d'améliorer le quotidien de centaines de milliers de sans-grades, voire son indifférence à leur sort.
Line Gingras
Québec
« Le vainqueur battu » : http://www.ledevoir.com/2008/01/08/171022.html
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07 janvier 2008
Utilisé à + infinitif
« La plus grande partie des dons récoltés à Paris sera donc utilisée à boucler les fins de mois... » (Éditorial du Monde.)
D'après les quelques exemples que j'ai trouvés dans les dictionnaires, l'infinitif complément du verbe utiliser est introduit au moyen de la préposition pour :
Utiliser un réchaud électrique pour faire chauffer son petit déjeuner. (Lexis.)
Elle n'utilisait pas suffisamment le lierre pour agrémenter ses vieilles églises et ses manoirs. (Giraudoux, dans le Lexis.)
Un tel réacteur pourrait être utilisé pour fournir les impulsions nécessaires... (Goldschmidt, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
On aurait pu écrire :
... sera donc utilisée pour boucler les fins de mois...
... servira donc à boucler les fins de mois...
Line Gingras
Québec
« Aider les Palestiniens » : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-990583,...
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06 janvier 2008
Réformer l'abolition...?
« ... il fallait réformer la bureaucratie, le système de santé, le système carcéral, le système du bien-être social, la politique de l'immigration et l'abolition des commissions scolaires dans le but de rendre plus humaine l'éducation. » (Victor-Lévy Beaulieu.)
M. Beaulieu, arrivé à la fin de son énumération, a manifestement perdu le fil de ses idées : réformer l'abolition des commissions scolaires, cela n'a aucun sens (et je ne fais pas de politique ici). J'ai tout lieu de croire qu'il a voulu dire :
... il fallait réformer la bureaucratie, le système de santé, le système carcéral, le système du bien-être social et la politique de l'immigration, et abolir les commissions scolaires dans le but de rendre plus humaine l'éducation.
Line Gingras
Québec
« Se déprendre de soi-même » : http://www.ledevoir.com/2008/01/07/170900.html
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05 janvier 2008
Sens devant derrière, sens dessus dessous
On prit un coup, la belle affaire
Sens dessus dessous, sens devant derrière
Y avait du bon p'tit caribou
Sens devant derrière, sens dessus dessous
(Extrait de la chanson Marie Calumet.
À lire : le savoureux roman du même titre,
de Rodolphe Girard.)
« Jean-François Lisée, alors conseiller auprès du premier ministre Bouchard, abonde dans ce sens. Il soutient par ailleurs que la présence de M. Caillé tombait sous le sens... » (Kathleen Lévesque.)
On pourrait dire, pour éviter la répétition, que la présence de M. Caillé allait de soi ou s'imposait.
Line Gingras
Québec
« Autopsie d'un cauchemar de glace » : http://www.ledevoir.com/2008/01/05/170810.html
Texte de la chanson : http://www.frmusique.ru/texts/t/thibeault_fabienne/mariec...
Présentation du roman et de l'auteur : http://www.livres-bq.com/Auteurs.asp?36
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04 janvier 2008
Blanc de mémoire
« Pour ma mère, des pans de l'histoire ont disparu, l'encre s'est effacée. Le verglas n'est plus qu'un blanc de mémoire. » (Michèle Ouimet, dans La Presse. La journaliste fait allusion à la « crise du verglas » de janvier 1998.)
Ce blanc de mémoire est assez évocateur des visions de glace, d'une beauté terrifiante, qui m'ont assaillie dans les rues d'Ottawa lorsque, la tempête enfin terminée (je fais partie des privilégiés qui n'ont pas manqué d'électricité), je suis sortie retrouver des amis, dans le silence du centre-ville que rompaient des craquements de branches. Cependant, le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais donnent cette expression pour le calque de memory blank; jeune traductrice, j'ai appris à l'éviter; et l'on voit plusieurs condamnations dans Internet.
Le Petit Robert (2007) reçoit blanc, il est vrai, au sens de trou de mémoire, à titre de régionalisme utilisé au Canada et en Suisse. Mais je ne peux que déconseiller cet emploi - comme celui de blanc de mémoire, à l'extérieur du contexte très particulier où il se rencontre ici.
Line Gingras
Québec
« La tribu » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080104/CPOPINIONS05/8...
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03 janvier 2008
Hugo Boss y voisine Benjo
« Parallèlement, des entrepreneurs locaux redonnent vie à la rue Saint-Joseph, qui vient de perdre sa dernière section de toiture. Aujourd'hui, Hugo Boss y voisine Benjo, un magasin de jouets... » (Carolyne Parent.)
Marie-Éva de Villers signale que voisiner, au sens d'« être à côté de », introduit son complément au moyen de la préposition avec :
Les rosiers voisinent avec les pivoines dans mon jardin.
Cet avis correspond à ce que je trouve dans le Petit Robert :
Je voisinais à table avec quatre agents. (Céline.)
L'onyx et l'améthyste voisinaient avec le saphir et le diamant. (Daniel-Rops.)
Le Trésor de la langue française informatisé reçoit également cet emploi :
Des jeunes gens qui parlaient haut y voisinaient avec des filles, aux lèvres et aux joues peintes, aux voix éraillées... (Bourget.)
Sur la table, des cartes étaient alignées, et voisinaient avec une boîte de marrons glacés. (Arland.)
Il signale en outre la construction avec complément d'objet direct, qu'il donne cependant pour rare :
L'Olympe, grâce à moi, voisinait de nouveau la terre. (Gide.)
Je recommanderais donc d'écrire :
Aujourd'hui, Hugo Boss y voisine avec Benjo...
Line Gingras
Québec
« Québec - Le Saint-Roch Nouvo » : http://www.ledevoir.com/2007/12/29/170223.html
(Note : La partie revitalisée du quartier Saint-Roch a été baptisée « Nouvo Saint-Roch ».)
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02 janvier 2008
Qui peut être millionaire?
« Trois chiens millionaires » (Titre d'un article de l'agence Associated Press.)
En anglais, il suffit d'un « n » pour être millionnaire; en français, il en faut deux :
Trois chiens millionnaires.
Line Gingras
Québec
« En bref - Trois chiens millionaires [sic] » : http://www.ledevoir.com/2007/12/31/170413.html
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01 janvier 2008
Même, adjectif indéfini - Même déboires...
« ... chaque fois qu'elle se réveille : même petite vie, même déboires, même petites défaites, même indignité, même portefeuille quasiment vide, même maudite mauvaise passe. » (Patrick Lagacé, dans La Presse.)
Lorsqu'il est placé devant le nom et qu'il veut dire « semblable » ou « pareil », même est adjectif indéfini et donc variable, qu'il soit précédé ou non d'un déterminant. Les exemples qui suivent sont tirés du Hanse-Blampain :
Les mêmes quartiers avec leurs mêmes rues malpropres.
Mêmes causes et mêmes effets.
Ils avaient même espoir et mêmes illusions.
Il fallait donc écrire :
... mêmes déboires, mêmes petites défaites...
Line Gingras
Québec
« Nicole est collée à la page 59 » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071222/CPOPINIONS05/7...
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31 décembre 2007
Dans tous les milieux le lieu
« Je ne sais pas si c'est parce que le Québec a aimé l'exercice de défoulement que leur a proposé la commission Bouchard-Taylor, mais les soupers de famille, depuis le début du temps des Fêtes, sont devenus dans tous les milieux le lieu choisi d'analyses intéressantes de l'état général du Québec. » (Lise Payette.)
Je suggérerais, dans le premier cas :
Je ne sais pas si c'est parce que le Québec a aimé l'exercice de défoulement que lui a proposé...
Je ne sais pas si c'est parce que les Québécois ont aimé l'exercice de défoulement que leur a proposé...
Et dans le second :
... sont devenus dans tous les milieux l'occasion choisie pour se livrer à des analyses intéressantes...
... sont devenus dans tous les milieux le moment choisi pour se livrer à des analyses intéressantes...
Line Gingras
Québec
« Zone de turbulences en vue » : http://www.ledevoir.com/2007/12/28/170120.html
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30 décembre 2007
Soi? Soit
« Et puis, si je me fie à RDI, tout le monde est soi en magasinage [...] ou sur les pentes de ski… » (Patrick Lagacé.)
Tout le monde est soi-même en magasinage? Sans doute, mais le journaliste a plutôt voulu dire « ou bien ». S'il s'était relu attentivement, il aurait écrit :
... tout le monde est soit en magasinage [...] ou sur les pentes de ski...
Line Gingras
Québec
« Quelques miettes de vacances » : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70720764
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29 décembre 2007
Le Québec était un dominium
« On s'était aussi posé de telles questions en 1908, lors des célébrations du 300e anniversaire. Or, à l'époque, le Québec était un dominium de l'Empire britannique et la Couronne avait joué un rôle moteur dans l'organisation des fêtes. » (Isabelle Porter.)
Il me semble avoir lu, dans mes manuels d'histoire, que le Canada était autrefois un dominion de l'Empire britannique. De fait, le Petit Robert et le Lexis ne consignent pas dominium, mais dominion :
Le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande constituaient des dominions. (Lexis.)
D'après le Trésor de la langue française informatisé, dominion est une adaptation du latin dominium.
Line Gingras
Québec
« 400e : la fête d'abord » : http://www.ledevoir.com/2007/12/29/170269.html
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28 décembre 2007
Aux fins fonds de la forêt
« Ce policier révèle le prénom de l'enfant, Emmanuel, affirme qu'il est élevé par des guérilleros aux fins fonds de la forêt amazonienne et n'est confié que rarement à sa mère. » (Philippe Zygel, AFP.)
Le fond ou le fin fond d'un lieu, c'est la partie la plus reculée :
Aller dans le fin fond des forêts. (Lexis.)
J'aime le son du cor, le soir au fond des bois. (Vigny, dans le Petit Robert.)
Mme Cabridens joue la femme d'esprit enfouie au fin fond de cette horrible province... (Arène, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
... au fond d'une nuit elle-même au fond d'une banlieue défoncée elle-même presque au fond de l'Europe... (Cl. Simon, dans le Petit Robert.)
Le temps était supportable; nous avons marché vers le fond du bois, où la calèche devait venir nous prendre. (Las Cases, dans le Trésor.)
... une petite villa au fond du golfe. (Maupassant, dans le Trésor.)
Elle agonise au fond d'un cachot. (Mauriac, dans le Trésor.)
D'après les nombreux exemples que proposent les trois dictionnaires consultés, l'expression, dans un contexte comme celui qui nous occupe (il ne s'agit pas de dénicher des trésors douteux dans les fonds de tiroir ou les fonds d'armoire), ne s'emploie qu'au singulier :
... il est élevé par des guérilleros au fin fond de la forêt amazonienne...
Line Gingras
Québec
« Le destin de Clara Rojas, otage des FARC » : http://www.ledevoir.com/2007/12/29/170203.html?fe=2771&am...
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27 décembre 2007
S'acquitter de + infinitif
« ... et même Marcel Tremblay, le frère du bon maire Tremblay, humoriste à ses heures, qui s'est acquitté tant bien que mal de nous faire accepter la neige sans le déneigement. Une idée originale. » (Lise Payette.)
D'après les exemples que je trouve dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, s'acquitter de appelle toujours un nom ou un pronom complément, jamais un verbe à l'infinitif : on s'acquitte d'une dette, d'un devoir, de ses fonctions, d'une mission, de ses obligations, de ses engagements, de sa promesse, de ce qu'on doit, d'un emprunt, d'une somme, d'une commission, d'un emploi, d'un office, d'une tâche.
Ces pauvres bougres viennent de s'acquitter de l'impôt. (Gide, dans le Trésor.)
... il était facile de voir qu'il s'acquittait de cette visite comme d'un devoir indispensable... (Delécluze, dans le Trésor.)
Pourtant, monter à cheval est peut-être la seule chose au monde dont je m'acquitte bien. (Stendhal, dans le Trésor. [Je m'acquitte bien de quoi? d'une chose.])
Je suggérerais :
... qui s'est chargé tant bien que mal de nous faire accepter la neige sans le déneigement.
Line Gingras
Québec
« Zone de turbulences en vue » : http://www.ledevoir.com/2007/12/28/170120.html
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26 décembre 2007
Définitivement
« Quand il a décidé de présenter un nouveau discours du Trône à la fin de l'été dernier, le premier ministre Harper était convaincu qu'à la lumière de la performance définitivement moyenne du Bloc québécois dans les sondages, Gilles Duceppe continuerait à assurer la survie de son gouvernement minoritaire. » (Chantal Hébert.)
Selon Gérard Dagenais, l'adverbe définitivement « n'a qu'un sens. Il indique qu'une chose est terminée, fixée, réglée de façon définitive, c'est-à-dire "de façon qu'on ne doive plus y revenir" : la Cour suprême tranche définitivement les différends qui lui sont soumis.
L'adverbe anglais definitely, poursuit l'auteur du Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada, a une autre signification. Il veut dire "nettement, assurément, catégoriquement". C'est commettre un anglicisme que de prêter cette acception à définitivement. »
Le Colpron, le Multidictionnaire et le Chouinard donnent un avis semblable. J'ai trouvé divers équivalents dans les quatre ouvrages consultés, outre ceux qui sont proposés ci-dessus : certes, de tout cœur, incontestablement, indéniablement, indiscutablement, à coup sûr, sans aucun doute, décidément, absolument, bien entendu, bien sûr, certainement, sûrement.
Il va de soi que ces termes ne sont pas toujours interchangeables.
Line Gingras
Québec
« Le bulletin de l'opposition » : http://www.ledevoir.com/2007/12/10/167896.html
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25 décembre 2007
Aux détriments de
« Si Québec consent à délier les cordons de sa bourse, il faudra toutefois que cela se fasse en surplus, a prévenu Mme Daoust. "Si jamais on décidait de financer notre organisme à la hauteur de nos besoins, il ne faudrait pas que cela se fasse aux détriments des autres organismes, comme c'est arrivé dans le passé." » (Louise-Maude Rioux Soucy.)
On écrit aux dépens de, à ses dépens, mais au détriment de, à son détriment :
Comme Antipas jurait qu'il ferait tout pour l'Empereur, Vitellius ajouta : - "Même au détriment des autres?" (Flaubert, dans le Petit Robert.)
Ce choix a été fait au détriment des adultes, mais à l'avantage des enfants. (Multidictionnaire.)
Abaisser les prix au détriment de la qualité. (Lexis.)
L'erreur est-elle à votre avantage ou à votre détriment? (Lexis.)
Menace de gelée, qui s'est réalisée dans la nuit au détriment de ce pauvre pays. (Delacroix, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Line Gingras
Québec
« Maison du partage d'Youville - Une banque alimentaire menacée de fermeture à la veille des Fêtes » : http://www.ledevoir.com/2007/12/21/169455.html
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24 décembre 2007
Ils s'en sont chargé
« J'ai souri en imaginant comment elle aurait réagi en entendant des hommes et des femmes parler ouvertement d'un retour en arrière dans le domaine religieux, et je l'ai presque entendu dire : "Tiens, les 'mangeux de balustrades' sont de retour!" Ou encore : "Les grenouilles de bénitier refont surface..." » (Lise Payette.)
Le participe passé du verbe entendre, conjugué avec avoir et suivi d'un infinitif, s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe et fait l'action exprimée par l'infinitif. J'ai entendu qui? l', c'est-à-dire elle, qui dirait... :
... et je l'ai presque entendue dire...
* * * * *
« Les hommes s'en sont chargé. »
Les hommes ont chargé qui? eux-mêmes. Le pronom réfléchi (s', mis pour les hommes) est complément d'objet direct du verbe pronominal; il entraîne donc l'accord du participe passé :
Les hommes s'en sont chargés.
Joyeux Noël à tous!
Line Gingras
Québec
« La magie de Noël » : http://www.ledevoir.com/2007/12/21/169421.html
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