Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18 juin 2007

Ah! lala

« Déposé en vertu du chapitre 11 du traité de libre-échange permettant aux investisseurs de poursuivre les États nationaux s'ils s'estiment lésés, la plainte était agrémentée d'une demande de réparation de 160 millions. Elle avait été déposée en 2000... » (Éric Desrosiers.)

Qu'est-ce qui avait été déposé? Pas le chapitre 11; pas le traité; pas le libre-échange, mais la plainte : Déposée en vertu du chapitre 11...

Il serait souhaitable d'éviter la répétition, au début de la deuxième phrase : Elle avait été présentée en 2000...

« Le géant américain en avait également contre le programme fédéral d'aide aux éditeurs canadiens qui obligent ces derniers à livrer leurs produits par l'intermédiaire du service public. »

Le programme vient en aide aux éditeurs canadiens qui obligent les éditeurs canadiens...? C'est ce que laisse entendre l'accord du verbe à la troisième personne du pluriel, mais ce n'est pas ce qu'on a voulu dire.

« ... ceux qui ont peur du chapitre 11 de l'ALENA et des quelques 2400 autres traités bilatéraux sur l'investissement... »

Employé devant un nombre, au sens d'environ, quelque est adverbe - et donc invariable.

« Des 46 plaintes déposée depuis 1994... »

On est allé un peu vite, non?

Line Gingras
Québec

« Perspectives - Le retour du chapitre 11 » : http://www.ledevoir.com/2007/06/18/147702.html 

17 juin 2007

Discordance

« Selon un sondage publié la semaine dernière dans Paris Match, 67 % des Français approuvent son travail à l'Élysée. 63 % approuvent aussi celle de son premier ministre, François Fillon, à Matignon. » (Christian Rioux.)

Ça arrive...

Line Gingras
Québec

« Balayage UMP annoncé » : http://www.ledevoir.com/2007/06/09/146848.html

16 juin 2007

Problèmes d'orthographe

La, pronom personnel et , adverbe de lieu; grammaire; orthographe. 

« ... des digues ridicules qui n'ont, tout au plus, que l'efficacité des ouvrages de boues que les enfants érigent après la pluie. » (Jean-François Nadeau.)

Le matériau de construction s'emploie au singulier :

Hutte de boue séchée. (Petit Robert.)
Une petite cabane faite de boue séchée, mêlée à de la paille. (Lexis.)

« Là comme ailleurs, la reconstruction est le fait pour l'essentiel d'efforts et d'initiatives venues strictement du secteur privé. »

« Ce désert urbain, où vivait Fats Domino et un certain nombre de musiciens... »

« Regardez la lettre qu'elle vient de m'écrire! Lisez-! »

On écrit lisez celle-là, lisez jusque-là, signez là (à cet endroit précis) : est adverbe de lieu. Mais lisez-la, signez-la (lisez cette lettre, signez cette lettre) : la est pronom personnel.

Line Gingras
Québec

« Dans le ventre de La Nouvelle-Orléans » : http://www.ledevoir.com/2007/05/12/143260.html

15 juin 2007

Aucune faveur ni raccourci

Aucun devant des noms coordonnés; répétition de aucun; grammaire française; syntaxe du français.

« Je suis gêné d’avoir à le préciser, mais je vous entends ricaner : non, je n’ai bénéficié d’aucune faveur ni raccourci. » (Pierre Foglia.)

J'ai trouvé six exemples d'utilisation de l'adjectif ou déterminant indéfini aucun avec des noms coordonnés des deux genres, dans les douze ouvrages consultés. Dans cinq de ces exemples, le déterminant est employé devant chacun des noms :

Aucun gâteau ni aucune glace ne sont permis par ce régime. (Multidictionnaire.)

Aucun ordre ni aucune prière ne purent le faire changer d'avis. (Hanse-Blampain.)

Aucun discours ni aucune pression ne put le faire changer d'avis. (Girodet.)

À l'avenir, aucune cérémonie et aucun cercle ne sera contremandé. (Napoléon, dans Le bon usage, paragraphe 443, b.)

Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en [= de la souveraineté nationale] attribuer l'exercice. (Constitution française du 4 octobre 1958, dans Le bon usage, paragraphe 443, b.)

Dans le sixième exemple, aucun est répété plusieurs fois devant des éléments juxtaposés, afin de produire un effet d'insistance, mais il ne précède que le premier de trois termes réunis par ou :

Là tout est laid, mesquin, figé. Aucun jardin public, aucun lieu, que le cabaret, pour se réunir le dimanche; aucun chant, aucun jeu, spectacle ou musique; aucune invite à se distraire un instant de sa peine et de ses plus égoïstes intérêts. (Gide, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Je pense qu'il s'agit d'un choix stylistique visant à alléger la phrase. Cela dit, Hanse et Blampain invitent le lecteur à noter, dans l'exemple qu'ils proposent (Aucun ordre ni aucune prière ne purent le faire changer d'avis), la répétition de aucun devant le second élément coordonné. Il me semble indiqué de se conformer à cette façon de faire, dans la langue courante. Ainsi, on aurait pu écrire :

... je n'ai bénéficié d'aucune faveur ni d'aucun raccourci. 

Line Gingras
Québec

« Mes hôpitaux » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070612/CPOPINIONS05/7...

14 juin 2007

Le tour de rein de Mitterand

Tour de rein ou tour de reins; Mitterand ou Mitterrand; De Gaulle ou de Gaulle.

« ... et dans la salle d’attente, bien rare si je ne salue pas un voisin, la dernière fois c’était le vieux Sherman qui s’était fait un tour de rein en pelletant son fumier. » (Pierre Foglia.)

Les dictionnaires généraux, à l'article « rein », consignent tour de reins.

« Le seul président de gauche que la France s’est donné en 50 ans ce fut Mitterand et vous savez pourquoi? Parce qu’il était de droite. »

« Elle a survécu à De Gaulle, elle a surtout survécu à Mitterand, elle survivra aussi à Ségolène. »

Le Petit Larousse illustré et le Petit Robert des noms propres donnent de Gaulle et Mitterrand.

Line Gingras
Québec

« Mes hôpitaux » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070612/CPOPINIONS05/7...

13 juin 2007

Il est résolu que

Résoudre que; décider que; mode de la proposition subordonnée; grammaire française; syntaxe du français.

Une lectrice me demande quel mode utiliser après il est résolu que... : indicatif ou subjonctif?

J'ai consulté une douzaine d'ouvrages, mais trois seulement fournissent un élément de réponse, au premier abord.

D'après le Hanse-Blampain (2000), résoudre que, synonyme de décider que, doit être suivi de l'indicatif ou du conditionnel (futur du passé) :

Il a été résolu qu'on le prierait de s'expliquer. (Hanse-Blampain.)

Les Anglais résolurent qu'ils perdraient Jeanne d'Arc. (Lexis.)

La noce fut décidée; et on résolut qu'on la ferait d'importance. (Maupassant, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Le Trésor donne cependant un exemple d'emploi du subjonctif :

Tavernier et Foulon ont résolu que Picquart comparaisse, le 12 décembre prochain, devant le conseil de guerre. (Clemenceau.)

Il m'a paru souhaitable d'approfondir le sujet; j'ai donc cherché à savoir si le subjonctif était permis après le verbe décider.

Disons tout de suite que la question ne fait pas l'unanimité. Le Petit Robert (2007), le Multidictionnaire (2003), le Hanse-Blampain et le Girodet (1981) ne reçoivent que l'indicatif ou le conditionnel :

Elle a décidé qu'elle sera ou serait présente. (Multidictionnaire.)

Le Thomas (1971), le Lexis (1977) et le Trésor admettent aussi le subjonctif, moins fréquent :

Il avait décidé que la chambre fût peinte en bleu. (Grand Larousse encyclopédique, dans le Thomas.)

Dans ce cas, selon le Thomas et le Trésor, le verbe exprime une volonté dont l'accomplissement est incertain.

Conclusion? Le tour il est résolu que, s'il marque la décision d'une assemblée délibérante visant la mise en œuvre d'un projet ou l'exécution de certaines démarches, entraîne l'emploi de l'indicatif :

Il est résolu que l'Association exercera des pressions sur le gouvernement pour qu'une prestation supplémentaire soit accordée...

S'il traduit seulement un vœu de l'assemblée, le subjonctif me semblerait indiqué :

Il est résolu qu'une prestation supplémentaire soit accordée...

Line Gingras
Québec

12 juin 2007

Assemblages défectueux

« Ainsi, c'est lui, c'est le Kremlin qui a tout pouvoir sur le conglomérat Gazprom qui, outre l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole, les bien nommés sang de l'économie, est également le premier groupe médiatique du pays. » (Serge Truffaut.)

Cette phrase présente à mon avis deux défauts de construction.

Les bien nommés sang de l'économie

Je trouve très gênante cette association d'un article pluriel (et par le fait même d'un qualificatif pluriel, bien nommés) et d'un nom singulier. Je proposerais :

... l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole, nommés à juste titre (ou nommés avec raison) le « sang de l'économie »...

... l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole - le « sang de l'économie » -...

Outre l'exploitation et la distribution..., est également

À quoi se rattache le syntagme outre l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole, les bien nommés sang de l'économie? Comme il ne contient pas de verbe, il doit compléter celui de la proposition relative dont il fait partie : qui, outre l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole [...] est également le premier groupe médiatique du pays. Mais on ne peut pas être l'exploitation et la distribution, cela va de soi. Solution? Insérer un verbe. L'éditorialiste a peut-être voulu dire :

... le conglomérat Gazprom qui, outre qu'il gère l'exploitation et la distribution du gaz et du pétrole [...] est le premier groupe médiatique du pays.

Line Gingras
Québec

« Le glacis russe » : http://www.ledevoir.com/2007/06/11/146932.html

11 juin 2007

En emploi

Être en emploi.

« ... 76,6 % des femmes au Québec ayant un ou des enfants de moins de 6 ans sont en emploi, le taux le plus haut au Canada. » (Antoine Robitaille.)

La locution en emploi n'est pas critiquée dans les dictionnaires de difficultés du français au Canada (j'ai vu le Chouinard, le Dagenais et le Colpron), mais elle n'est pas admise non plus dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main. On peut être sans emploi, ou en chômage, mais pour décrire la situation contraire je proposerais avoir, occuper ou exercer un emploi.

Line Gingras
Québec

« Le CSF dénonce une politique de l'ADQ » : http://www.ledevoir.com/2007/06/08/146657.html

10 juin 2007

Absoudre quelqu'un de l'importance

« Bev Oda ne s'exprime jamais en français, ce qui n'a rien pour rehausser sa cote d'amour. La ministre a beau avoir vu cinq fois le film québécois C.R.A.Z.Y. et en avoir raffolé, cela ne vient pas l'absoudre de l'importance de pouvoir communiquer son coup de cœur à ses auteurs... dans leur langue! » (Marie-Andrée Chouinard.)

Absoudre quelqu'un, dans la langue courante, c'est l'excuser, lui pardonner :

Elle absout toujours ses enfants. 

... je m'accusais généreusement d'une faute, ce qui à mes yeux m'absolvait presque... (Toepffer, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Si les circonstances peuvent absoudre quelqu'un d'une faute, elles ne sauraient excuser qui que ce soit de l'importance de parler français. Je proposerais :

... cela ne la dispense pas de pouvoir communiquer...

... elle n'en doit pas moins être capable de communiquer...

Line Gingras
Québec

« Festival de gaffes » : http://www.ledevoir.com/2007/05/29/145196.html

09 juin 2007

Il eut été impossible...

Eut été ou eût été; conditionnel passé deuxième forme; passé antérieur de l'indicatif; grammaire française; orthographe.

« En revanche, l'engagement des États-Unis à négocier dans le cadre de l'ONU marque un pas important, car il eut été impossible de convaincre les pays émergents... » (Jean-Robert Sansfaçon.)

Car il eut été impossible signifie car il aurait été impossible; c'est dire que nous avons affaire à un conditionnel passé deuxième forme : eût été.

On écrirait cependant, sans accent circonflexe sur le u :

Quand il eut passé la douane, il poussa un soupir de soulagement.

Le verbe est au passé antérieur de l'indicatif.

Line Gingras
Québec

« Les petits pas » : http://www.ledevoir.com/2007/06/09/146789.html

08 juin 2007

Participation dans

Participation à ou participation dans; participation in; syntaxe du français.

« ... toute actualisation du modèle québécois passe nécessairement par une plus grande participation du secteur privé dans la livraison des soins de santé. » (Michel David.)

Nous nous sommes demandé hier si l'on pouvait parler de la livraison des soins de santé. Aujourd'hui, nous allons voir l'emploi de participation avec un complément construit au moyen de la préposition dans.

Lorsqu'il s'entend des actions ou des parts qu'une société détient dans une autre, le nom participation peut être suivi d'un complément introduit par la préposition dans :

La firme motrice peut aussi prendre des participations dans les firmes qui sont ses clientes... (Perroux, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

D'après les exemples que j'ai relevés dans les dictionnaires généraux, toutefois, participation s'utilise normalement avec la préposition à :

Ta participation à cette recherche s'est avérée utile. (Marie-Éva de Villers, Multidictionnaire, 2003.)

... il nia toute participation à l'assassinat de sa femme. (Zola, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Je crois devoir rappeler que nous tenons essentiellement à une participation des forces françaises libres à toute opération qui pourrait être entreprise du côté allié. (De Gaulle, dans le Trésor.)

Participation aux bénéfices, au capital, aux résultats, aux frais. (Trésor.)

À noter qu'en anglais, participation s'emploie avec in : participation in a celebration, in a pension plan (Random House Webster's Unabridged Dictionary); en français, on dirait participation à une fête, participation à un régime de retraite.

Line Gingras
Québec

« Le droit d'évoluer » : http://www.ledevoir.com/2007/05/29/145230.html

07 juin 2007

Livraison des soins de santé

Livraison de soins; livraison de services; health care delivery; anglicisme.

« ... toute actualisation du modèle québécois passe nécessairement par une plus grande participation du secteur privé dans la livraison des soins de santé. » (Michel David.)

D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, le complément du substantif livraison, indiquant ce qui est livré, désigne soit une personne (otage, coupable), soit un objet concret :

Mlle Hortense préparait les colis pour la livraison. (Troyat, dans le Lexis.)

Il m'expédie, par mandat télégraphique et avant livraison du manuscrit, deux cents francs sur mes droits d'auteur. (Bloy, dans le Trésor.)

Je ne trouve pas de mise en garde contre livraison de soins ou livraison de services dans le Chouinard, dans le Colpron ni dans le Dagenais. Cependant, TERMIUM et le Grand dictionnaire terminologique proposent prestation de soins (de santé) pour rendre health care delivery; et René Meertens (Guide anglais-français de la traduction, 2006) donne livraison ou remise comme équivalents de delivery lorsqu'il est question de marchandises, mais prestation lorsqu'il s'agit de services ou de soins de santé.

Il me semble donc que l'on commet un anglicisme en parlant de la livraison des soins de santé.

* * * * *

Une autre fois, nous verrons s'il est correct de construire participation avec la préposition dans.

Line Gingras
Québec

« Le droit d'évoluer » : http://www.ledevoir.com/2007/05/29/145230.html

06 juin 2007

Syllepse de genre

Antécédent du pronom personnel; accord du pronom avec son antécédent; grammaire française; syntaxe du français.

« ... en conséquence, des directions doivent faire avec ce qu'il peuvent bien trouver. » (Jean-Jacques Samson, dans Le Journal de Québec.)

Non, l'ajout d'un s final au pronom il ne suffirait pas à mon bonheur. Je veux bien admettre que les directions comprennent des hommes et des femmes, mais directions demeure un nom féminin : il me semble que la phrase se lirait mieux si, comme à l'ordinaire, le pronom avait le même genre que son antécédent (le substantif qu'il remplace) :

... en conséquence, des directions doivent faire avec ce qu'elles peuvent bien trouver.

Sans doute peut-on expliquer le masculin en parlant d'accord par syllepse, c'est-à-dire selon le sens; à mon avis, toutefois, il ne faut pas abuser de ce procédé, fréquent dans la langue classique mais qui donne souvent, aujourd'hui, une fâcheuse impression de laisser-aller. (Pour en savoir davantage sur les différentes formes que peut prendre la syllepse, je vous invite à consulter Le bon usage.)

À l'article « syllepse », le Petit Robert présente cet exemple intéressant, où l'accord selon le sens ne me paraît pas injustifié :

C'est la sentinelle qui le premier s'inquiète. (Perret.)

Line Gingras
Québec

« Le vrai "grey power" » : http://www.canoe.com/infos/chroniques/jeanjacquessamson/a...

05 juin 2007

Douter que

Douter que + indicatif; douter que + conditionnel; douter que + subjonctif; grammaire française; syntaxe du français.

« ... je doute fort qu[e] (...) nous entendrons encore beaucoup parler de... » (Norman Spector.)

Douter que, à la forme affirmative, ne se construit pas avec l'indicatif, comme dans la phrase ci-dessus, mais avec le subjonctif :

Je doute que les choses aillent si bien qu'il le prétend.

Elle doute que ses parents veuillent la laisser partir si jeune.

Nous doutons que vous soyez en mesure d'assumer ces responsabilités.

Ils doutent que vous arriviez à temps.

Je doute fort que nous en entendions encore beaucoup parler.

Hanse et Blampain (2000) conseillent d'éviter le conditionnel :

* Je doute qu'ils vous laisseraient faire ce que vous voulez. (J'écrirais plutôt : Je ne pense pas qu'ils vous laisseraient faire ce que vous voulez.)

À la négative ou à l'interrogative, douter que appelle souvent le subjonctif; mais on peut aussi employer l'indicatif, si l'on veut insister sur la réalité du fait :

Je ne doute pas qu'il le fasse. (Hanse-Blampain.)

Bien sûr, je ne doute pas qu'il réussisse! (Girodet 1981.)

Je ne doutais pas que ma place fût réservée à bord d'une de ces jolies frégates. (Mac Orlan, dans le Colin 1979.)

Je ne doute pas qu'il fera le nécessaire pour réussir.

Le conditionnel s'utilise également, pour exprimer une hypothèse :

Ne doutez pas que nous donnerions suite à votre demande si c'était possible. (Je vois mal, dans ce cas-ci, comment on pourrait employer le subjonctif.)

Line Gingras
Québec

« Stéphane Dion paie ses dettes » : http://www.ledevoir.com/2007/02/22/132019.html

04 juin 2007

Son ou leur?

« Actuellement au banc d'essai à Las Vegas et à Hong Kong, ainsi que par Air France et KLM, les RFID [étiquettes d'identification par radiofréquence] pourraient être imposées à toute l'industrie aérienne. L'IATA se prononcera en juin sur les modalités de son implantation. » (Isabelle Chagnon.)

Qu'est-ce qui sera implanté? L'adjectif ou déterminant possessif, son, renvoie à un singulier, donc à l'industrie aérienne. Mais nous savons bien qu'il s'agit plutôt des RFID, les étiquettes d'identification : c'est sur leur implantation que l'IATA est appelée à se prononcer.

L'emploi de son serait correct s'il était question d'implanter le système des RFID.

Line Gingras
Québec

« Transport aérien - Un bagage fugueur sur 150 ne rentre jamais au bercail » : http://www.ledevoir.com/2007/05/26/144529.html

03 juin 2007

Trouvé coupable de deux accusations

Coupable d'une accusation; trouvé coupable; found guilty; anglicisme; calque de l'anglais.

« Marcel Dubois, un éducateur spécialisé de 36 ans, a été trouvé coupable de deux accusations de voies de fait simples... » (Presse Canadienne.)

Coupable d'une accusation 

On est coupable de quelque chose lorsqu'on « a commis volontairement un acte considéré comme répréhensible » (Trésor de la langue française informatisé) - délit, crime, faute, négligence grave, diffamation, injure, d'après les exemples recueillis dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main.

Une accusation est-elle un acte répréhensible? Sans doute..., s'il s'agit d'une fausse accusation.

Trouvé coupable

Trouvé coupable, selon le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, est le calque de found guilty; il faudrait employer jugé coupable, déclaré coupable, reconnu coupable.

Je proposerais donc :

... a été reconnu coupable à deux chefs d'accusation...

Line Gingras
Québec

« Un éducateur violent trouvé coupable de quatre accusations » : http://www.cyberpresse.ca/apps/pbcs.dll/article?AID=/2007...

02 juin 2007

N'ont menées

Accord du participe passé; grammaire française; orthographe d'accord. 

« Les quelques rencontres tenues entre la police et Cho n’ont menées à aucune action précise. » (Guillaume Bourgault-Côté.)

Employé avec l'auxiliaire avoir, le participe passé s'accorde avec le complément d'objet direct, si ce dernier précède le verbe. Les rencontres n'ont mené qui, n'ont mené quoi? Pas de réponse - pas de complément d'objet direct, pas d'accord. Par contre :

Les quelques rencontres qu'ont menées les policiers...

Les policiers ont mené quoi? Des rencontres; le participe passé s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, placé devant le verbe.

Les quelques rencontres qui ont été menées par la police...

Le verbe mener n'est pas conjugué ici avec l'auxiliaire avoir : il est employé à la forme passive, avec l'auxiliaire être au passé composé; le participe s'accorde donc en genre et en nombre avec le sujet du verbe.

Line Gingras
Québec

« Le tueur de Virginia Tech a tourné une vidéo entre les deux attaques » : http://www.ledevoir.com/2007/04/19/140044.html?fe=805&... 

01 juin 2007

Échouer à + infinitif

Échouer à faire quelque chose; syntaxe du français.

« Le Parlement ukrainien a échoué hier à adopter les dispositions législatives nécessaires à l'organisation des législatives anticipées... » (AFP.)

D'après ce que je vois dans le Petit Robert (2007), le Multidictionnaire (2003), le Hanse-Blampain (2000) et le Trésor de la langue française informatisé, échouer peut s'employer de façon absolue, ou être suivi d'un nom complément introduit par les prépositions à ou dans :

Échouer à un examen, dans la/une tentative. (Trésor.)

Voir les sots réussir dans les entreprises où l'on échoue. (Flaubert, dans le Petit Robert.)

Tous ses efforts ont échoué. (Hanse-Blampain.)

Le Lexis (1977) reçoit la construction échouer à faire quelque chose, que je ne rencontre cependant pas ailleurs :

Le drame de l'enfant qu'il avait échoué à sauver. (Beauvoir.)

Ai-je raison de trouver cette tournure suspecte? En tout cas, ni le Meertens ni le Robert & Collins Super Senior ne proposent échouer à faire quelque chose comme équivalent de to fail to do something.

J'aimerais bien consulter à ce sujet la dernière édition du Grand Robert. En attendant, sans vouloir condamner un usage qui après tout est admis dans un dictionnaire de langue, je suis d'avis qu'il vaudrait mieux écrire, dans la phrase qui nous occupe : Le Parlement ukrainien n'a pu adopter...; j'écarte n'est pas parvenu à, utilisé dans la phrase suivante, et n'a pas réussi à, trop semblable.

* * * * *

Il y aurait lieu de supprimer l'adjectif législatives, pour éviter la répétition. 

Line Gingras
Québec

« En bref - Ukraine : le Parlement échoue » : http://www.ledevoir.com/2007/05/31/145486.html

31 mai 2007

Prêter flanc ou prêter le flanc?

Prêter le flanc ou prêter flanc.

« Par son comportement et ses déclarations maladroites, M. Boisclair avait prêté flanc aux attaques de M. Charest. » (Michel David.)

Les dictionnaires généraux que j'ai sous la main consignent tous l'expression prêter le flanc (à). Cette locution appartient d'abord au langage militaire; prêter le flanc, c'est découvrir le flanc d'une troupe, l'exposer aux attaques de l'ennemi :

Il avait été asticoté par les avant-postes de Zobel pendant la petite heure où il avait prêté le flanc. (Giono, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Le tour s'emploie aussi dans la langue figurée; prêter le flanc à la critique, à des attaques, à la médisance, à la curiosité..., c'est y donner prise, s'y exposer :

Le directeur, en refusant de rencontrer les employés malgré la tournure des événements, a prêté le flanc à la critique.

Se laisser voir avec un grand désir non satisfait [...] c'est prêter le flanc à toutes les mauvaises plaisanteries possibles... (Stendhal, dans le Trésor.)

Le Petit Robert (2007), le Lexis (1977) et le Multidictionnaire (Marie-Éva de Villers, 2003) ne reçoivent que prêter le flanc, avec l'article. Le Trésor admet cependant prêter flanc, sans l'article; il donne un exemple de cette construction :

L'archevêque prêtait flanc du côté des mœurs. (Sainte-Beuve.)

Aucun des huit ouvrages de difficultés que j'ai consultés n'aborde la question.

Je pense qu'il vaut mieux employer prêter le flanc; l'omission de l'article ne me paraît pas un bien grand péché, mais une recherche Google semble confirmer qu'elle est peu courante.

Line Gingras
Québec

« Un sentiment d'urgence » : http://www.ledevoir.com/2007/05/17/143837.html

30 mai 2007

Se déclarer, verbe attributif

Verbe attributif se déclarer; attribut du sujet; grammaire française; orthographe d'accord.

« ... 39 % des Québécois se déclarent favorable à cette option... » (Antoine Robitaille.)

Se déclarer est un verbe attributif - l'équivalent de déclarer être. L'adjectif favorable est donc attribut du sujet, Québécois, avec lequel il s'accorde en genre et en nombre :

... 39 % des Québécois se déclarent favorables à cette option...

 * * * * *

Je dois apporter une précision, en réponse à une question qu'a posée amusem (voir les commentaires) : d'après le Hanse-Blampain, on pourrait dire aussi que le sujet du verbe est l'expression de pourcentage, 39 %; l'attribut pourrait donc s'accorder avec 39 %, que l'on tient pour un masculin pluriel. Cela ne change rien dans la phrase qui nous intéresse, étant donné que le complément de l'expression de pourcentage, des Québécois, est également un masculin pluriel; mais cet accord me paraîtrait étrange dans la phrase ... 39 % des Québécoises se déclarent heureuses [heureux?] de cette décision.

Par ailleurs, il serait admis d'employer le singulier dans la phrase suivante :

... 1 % des Québécois se déclare favorable à cette option...

L'accord avec le complément, au pluriel, me paraît toutefois plus courant.

Line Gingras
Québec

« Les libéraux relégués au 3e rang » : http://www.ledevoir.com/2007/05/28/145118.html

29 mai 2007

Mal lui en pris

Mal lui en pris; mal lui en prit; grammaire française; orthographe.

« ... l’éphémère gouvernement de Joe Clark avait pensé que jamais les libéraux ne prendraient le risque de le battre sur un budget – surtout que leur chef venait de démissionner. Mal lui en pris... » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)

On écrit soit mal lui en prit, au passé simple, soit mal lui en a pris, au passé composé.

Line Gingras
Québec

« Les accidents qui arrivent » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140945