23 décembre 2007
Étendre ou élargir le public
« ... aux patients victimes d'un premier infarctus étendu et qui présenteront un risque de complications. Il n'est toutefois pas impossible que le public cible soit étendu si l'expérience s'avère concluante. » (Louise-Maude Rioux Soucy.)
On pourrait éviter la répétition, de même que la rime :
... Il n'est toutefois pas exclu que le public cible soit élargi si l'expérience s'avère concluante.
... Il se pourrait toutefois que le public cible soit élargi si l'expérience s'avère concluante.
Line Gingras
Québec
« Un cœur de secours dans la moelle osseuse » : http://www.ledevoir.com/2007/12/20/169330.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
22 décembre 2007
Dans le même ordre d'idée
« Dans le même ordre d'idée, on a vu à Bali que le Canada refuse de se voir imposer des objectifs chiffrés de réduction... » (Yanick Villedieu.)
D'après ce que je trouve dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, le nom idée s'écrit au pluriel dans l'expression ordre d'idées :
Cette réflexion est étrangère à la question, elle appartient à un autre ordre d'idées. (Ac., dans le Hanse-Blampain, à l'article « idée ».)
Dans le même ordre d'idées et avant d'aborder la narration de mes malheurs... (Courteline, dans le Trésor, à l'article « ordre ».)
Line Gingras
Québec
« Climat : nous et les autres » : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Carnets/plusRecent/2...
23:25 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
21 décembre 2007
N'est ou n'ait?
« ... il est pour le moins étonnant que ce contrat n'est donné lieu à aucune facture... » (Patrice Roy.)
Ce contrat n'a donné lieu à aucune facture. Il est pour le moins étonnant qu'il n'ait donné lieu à aucune facture.
Personne n'est à l'abri d'une faute bête comme celle-là. Raison de plus pour se relire.
Line Gingras
Québec
« Brian Mulroney » : http://www1.radio-canada.ca/nouvelles/Carnets/carnet.asp?...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
20 décembre 2007
Un enfant, une enfant
« ... le traitement réservé à sa fille de 5 ans, qui voyageait seule. Selon Steve St-Louis, son enfant a été laissé à elle-même, jeudi, lors d'un vol entre Edmonton et Montréal, même si elle devait être accompagnée par le personnel de bord. » (Radio-Canada.)
Le nom enfant est masculin ou féminin, selon le sexe de la jeune personne :
Elle se souvenait d'avoir été une enfant malheureuse et délaissée. (Sand, dans le Petit Robert.)
... son enfant a été laissée à elle-même...
Line Gingras
Québec
« Un père en colère » : http://www.radio-canada.ca/regions/ottawa/2007/12/14/004-...
16:54 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
19 décembre 2007
Toutes celles et ceux
« Dans les circonstances, je crois qu'il serait opportun, pour toutes celles et ceux des Premières Nations qui ont le sentiment que leur histoire, leurs valeurs profondes et leur nation ont été bafouées, que vous vous excusiez. » (Alexis Wawanoloath, député du Parti québécois dans Abitibi-Est.)
Tous les garçons et les filles de mon âge / Se promènent dans la rue deux par deux... (Françoise Hardy.)
L'adjectif indéfini toutes ne peut se rapporter qu'à des noms ou des pronoms féminins; devant des termes coordonnés incluant un masculin, il faut employer tous, que l'on fait suivre immédiatement d'un masculin :
... pour tous ceux et celles des Premières Nations...
D'autres formulations seraient possibles :
... pour toutes celles et tous ceux des Premières Nations...
... pour tous les membres des Premières Nations...
... pour toutes les personnes des Premières Nations...
Line Gingras
Québec
« Lettre à Mario Dumont, chef de l'opposition officielle - Propos blessants et méconnaissance des cultures autochtones » : http://www.ledevoir.com/2007/12/17/168861.html
06:38 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, grammaire, presse, médias
18 décembre 2007
Une Wallone, sa Wallonie
« "La Liégeoise, première Wallone à être élue miss Belgique depuis 2003, ne parle en effet pas le néerlandais." » (AFP, citant le quotidien flamand Het Laatste Nieuws.)
On écrit la Wallonie, mais une Wallonne, la culture wallonne.
* * * * *
« La cérémonie se déroulait à Anvers, au cœur de la Flandre, et lorsque Mlle Poulicek a avoué ne pas comprendre une question posée en néerlandais, elle s'est attirée les huées des 4000 spectateurs présents. »
Il arrive que le participe passé du verbe pronominal s'accorde avec le sujet; cet accord est toujours incorrect, cependant, lorsque le verbe a un complément d'objet direct qui n'est pas le pronom réfléchi, comme dans la phrase à l'étude : elle a attiré quoi? les huées. Le complément d'objet direct étant placé après le verbe, le participe passé doit rester invariable. On écrirait toutefois : Les huées qu'elle s'est attirées...
Le pronom réfléchi, s',est complément d'objet indirect : elle a attiré les huées à elle-même.
* * * * *
« Le quotidien constaste que... »
Line Gingras
Québec
« À peine élue, la nouvelle Miss Belgique sème la controverse » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071217/CPINSOLITE/712...
03:20 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
17 décembre 2007
Débuter, ça dure longtemps?
« ... le spectacle débutera autour de 23 h jusqu'au fameux décompte. » (Isabelle Porter.)
Le verbe débuter marque une action ponctuelle; il ne convient pas pour exprimer la durée (le spectacle ne peut pas débuter jusqu'à la fin!). Je proposerais donc :
... le spectacle débutera autour de 23 h et se terminera juste avant le fameux décompte.
... le spectacle débutera autour de 23 h et se terminera au moment du fameux décompte.
* * * * *
« ... on les verra sur un gigantesque écran géant... »
Un écran gigantesque ferait l'affaire, non?
Line Gingras
Québec
« Un gigantesque spectacle extérieur fera vibrer Québec le 31 décembre » : http://www.ledevoir.com/2007/12/04/167178.html
02:24 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
16 décembre 2007
Preuve de distraction
« C’est bien là la preuve d’un état de décomposition qui me rendent moins tristes les prévisions écologistes les plus pessimistes... » (Pierre Foglia, dans La Presse.)
Qu'est-ce qui allège la peine de monsieur Foglia? Pas les prévisions, évidemment, mais l'état de décomposition - ou la preuve de cet état, ce qui revient au même : ... qui me rend...
Line Gingras
Québec
« On s'engueule encore un petit peu? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071211/CPOPINIONS05/7...
02:15 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
15 décembre 2007
Accord du participe passé du verbe impersonnel
« Elle a plutôt promis "une consultation d'envergure" pour l'automne. Consultation, il n'y a point eue. » (Manon Cornellier.)
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, le participe passé du verbe impersonnel reste toujours invariable :
Les orages qu'il y a eu. (Hanse-Blampain.)
Les gouttes qu'il a plu ont mouillé la nappe. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« Un gouvernement en sous-traitance » : http://www.ledevoir.com/2007/12/05/167311.html
02:50 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
14 décembre 2007
Vérifier avec quelqu'un
« Sans vérifier avec moi, M. Robitaille écrit que je suis "membre" du comité. Ce n'est pas tout de suite le cas. » (Jean-François Lisée.)
Le Multidictionnaire et le Colpron donnent vérifier avec quelqu'un pour une construction fautive, calque de to check with someone d'après le Colpron. On recommande de remplacer avec par auprès de :
Nous vérifierons les faits auprès de la direction. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« Libre opinion - Ma version des faits » : http://www.ledevoir.com/2007/12/12/168115.html
02:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, syntaxe, médias
13 décembre 2007
Un diagnostique
« ... des spécialistes devront se pencher sur son genou droit en début de semaine afin d’établir un diagnostique plus précis. » (François Gagnon.)
D'après le Petit Robert et le Multidictionnaire, l'adjectif s'écrit diagnostique mais le nom, diagnostic :
Un examen diagnostique, des signes diagnostiques. (Multidictionnaire.)
Poser, établir un diagnostic. (Petit Robert.)
Diagnostic n'est pas visé par les recommandations touchant la nouvelle orthographe.
Line Gingras
Québec
« Bégin et Smolinski hors combat » : http://blogues.cyberpresse.ca/gagnon/?p=70312759#more-703...
18:36 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
12 décembre 2007
Demandez toujours...
« D'autres documents, ceux-là du haut commandement militaire, reconnaissent que les Forces armées "doivent être prêtes à répondre sur demande, si elles y sont autorisées, aux demandes d'aide liées à la sécurité lors du Congrès eucharistique et du Sommet de la francophonie". » (Gilles Toupin, dans La Presse.)
Je demanderais bien au rédacteur ou au traducteur de se relire, s'il n'était pas trop tard.
Le titre de cet article (« Menace terroriste sur le 400e anniversaire ») me paraît quelque peu alarmiste : en fait, il semble qu'on n'ait reçu aucune menace, qu'aucun indice particulier ne conduirait à craindre un attentat; on s'efforce seulement de parer à toute éventualité, comme il se doit.
Line Gingras
Québec
« Menace terroriste sur le 400e anniversaire » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071211/CPACTUALITES/7...
05:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, médias, presse
11 décembre 2007
Ils sont sautés aux conclusions
« Il y en a qui sont un peu vite sautés aux conclusions... » (Michel Vastel.)
Je ne trouve rien sur l'expression sauter aux conclusions dans le Multidictionnaire, dans le Colpron ni dans le Dagenais. D'après Camil Chouinard, elle serait calquée sur l'anglais to jump to conclusions. De fait, bien que d'un emploi très courant au Québec, elle est absente du Petit Robert et du Lexis (consultés aux articles « sauter » et « conclusion »); et une recherche dans l'ensemble du texte du Trésor de la langue française informatisé n'a donné aucun résultat. Le Chouinard, le Meertens et le Robert & Collins Super Senior suggèrent quelques équivalents, dont tirer des conclusions hâtives, aller trop vite en besogne.
Par ailleurs, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain font observer que le verbe sauter se conjugue avec l'auxiliaire avoir; le Petit Robert et le Lexis n'admettent effectivement pas la construction avec l'auxiliaire être.
Line Gingras
Québec
« Stéphane Dion n'est pas fini » : http://blogues.lactualite.com/vastel/?p=77
06:17 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, anglicismes, journalisme
10 décembre 2007
Des absences plus longues que prévues
« Les absences de Steve Bégin et Bryan Smolinski seront plus longues que prévues. » (François Gagnon.)
Le journaliste semble dire que l'on avait prévu les absences des deux joueurs. Ce n'est cependant pas le cas : les absences étant consécutives à des blessures, on ne pouvait les prévoir; ce que l'on avait prévu, par contre, à la suite d'un premier examen des blessés, c'est qu'elles dureraient moins longtemps que ce que l'on pense maintenant. Les absences seront de fait plus longues qu'on ne l'avait prévu - ou, dans une langue relâchée, avec ellipse du sujet et de l'auxiliaire avoir, plus longues que prévu.
Le Petit Robert, consulté à l'article « prévu », donne un exemple de cette construction :
Une marée plus forte que prévu. [On avait prévu non pas la marée, qui se produirait de toute façon, mais que la marée serait moins forte.]
Line Gingras
Québec
« Bégin et Smolinski hors combat » : http://blogues.cyberpresse.ca/gagnon/?p=70312759
05:25 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
09 décembre 2007
Rabattre les oreilles
« Par exemple, madame la ministre et son règlement de trois minutes dont on nous rabat les oreilles ces jours-ci. » (Pierre Foglia.)
On rabat le caquet à quelqu'un, mais on lui rebat les oreilles :
S'il n'arrête pas de me rebattre les oreilles de ses récriminations, je vais lui rabattre le caquet.
Line Gingras
Québec
« Trois minutes d'écologie » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071208/CPOPINIONS05/7...
18:40 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
08 décembre 2007
Matte ou mate?
« ... une feuille de papier d'aluminium a deux faces : une brillante et une presque matte. » (Fabien Deglise.)
Le contraire de brillante, c'est mate :
Peinture mate. (Petit Robert.)
Une couleur mate. (Hanse-Blampain.)
Line Gingras
Québec
« Quand maman Dion perd la boule... Magik » : http://www.ledevoir.com/2007/12/08/167711.html
04:29 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
07 décembre 2007
Au tournant du début...
« Si des élections fédérales devaient se présenter au tournant du début de l'an prochain, elles coïncideraient avec l'intensification des grandes manœuvres internationales en vue de l'après-Kyoto. » (Chantal Hébert.)
« Avec une campagne électorale qui se dessine au tournant du début de l'année, on attend encore de voir si le chef conservateur a déniché quelques candidats d'envergure pour rehausser le calibre de son contingent québécois. » (Même journaliste, autre article.)
Le substantif tournant peut désigner le « moment où ce qui évolue change de direction, devient autre » (Petit Robert) :
L'entreprise arrive à un tournant décisif de ses activités de diversification. (Multidictionnaire.)
Ce grand débat sera sûrement le tournant dans la campagne électorale en cours. (Chouinard.)
Au dernier tournant de la vie, la curiosité qui nous penche sur les livres devient rétrospective. (Mauriac, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Sauf pour quelques individus privilégiés, la quarantaine marque un tournant décisif. (L'Express, dans le Trésor.)
Cette bataille a marqué un tournant dans l'histoire. (Lexis.)
Il est à un tournant de sa carrière. (Petit Robert.)
Le Petit Robert donne en outre cet exemple :
Au tournant du siècle.
Cette expression, selon ce qu'indique une recherche Google, s'applique souvent aux dernières années d'un siècle, et aux premières du siècle suivant.
Le Meertens, à l'article « turn », propose toutefois au début du siècle comme équivalent de at the turn of the century. Dans Le Robert & Collins Super Senior, l'expression est rendue par en début de siècle ou en fin de siècle; et les auteurs traduisent at the turn of the year par vers la fin de l'année, en fin d'année.
En tout cas, rien ne me permet de croire que la journaliste ait voulu dire quoi que ce soit, par la curieuse expression au tournant du début, qu'un simple au début (ou dès le début) n'aurait pas exprimé; de fait, elle semble d'avis que des élections fédérales pourraient avoir lieu en février...
Line Gingras
Québec
« Un an plus tard » : http://www.ledevoir.com/2007/11/26/166081.html
« Le bulletin du premier ministre » : http://www.ledevoir.com/2007/12/03/167026.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
06 décembre 2007
Démêlées ou démêlés
« ... Luc Lavoie, qui a guidé avec un rare brio les relations publiques de Brian Mulroney dans ses démêlées avec Herr Schreiber... » (Patrick Lagacé.)
On écrit un démêlé, des démêlés; démêlé est un nom masculin qui s'emploie généralement au pluriel, au sens de « Contestation, querelle sur une affaire qui demande à être éclaircie et qui est l'objet de débats entre deux parties » (Trésor de la langue française informatisé) :
L'origine des démêlés du nouveau roi avec le pape. (Bainville, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« La meneuse de claques » : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70720675#comments
06:26 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
05 décembre 2007
Décimer le respect
« "Le folklore et la fierté qui entouraient la GRC s'étiolaient depuis quelque temps. Mais la vidéo de la mort de Robert Dziekanski a décimé ce qui restait du respect que les Canadiens ont longtemps éprouvé à l'endroit de leur police nationale." » (Manon Cornellier, citant John Martin, du Vancouver Province.)
Dans l'Antiquité romaine, décimer signifiait « mettre à mort une personne sur dix, désignée par le sort » (Petit Robert) :
Strabon [...] fit décimer ses soldats coupables d'avoir massacré des décurions milanais. (Mérimée, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
De nos jours, ce verbe s'emploie couramment au sens de « faire périr un grand nombre de personnes » :
Épidémie, guerre, famine, fléau qui décime une population, un pays, une armée. (Exemples relevés dans le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain.)
Ces régiments qui ont sauvagement décimé le prolétariat révolutionnaire? (Martin du Gard, dans le Lexis.)
Ces tribus que les puissances esclavagistes décimaient et déportaient. (Mauriac, dans le Trésor.)
La Bible et Hérodote sont d'accord pour signaler l'apparition fulgurante d'une peste qui décima, en une nuit, les 180 000 hommes de l'armée assyrienne, sauvant ainsi l'empire égyptien. (Artaud, dans le Trésor.)
Le Trésor donne en outre les exemples suivants, où décimer est utilisé par analogie ou par métaphore :
La seule et unique couche de sa fille [...] avait décimé les dents, fait tomber les cils, terni les yeux, gauchi la taille, flétri le teint. (Balzac, dans le Trésor.)
Tous les mauvais miasmes qui déciment l'organisme du soldat. (Martin du Gard, dans le Trésor.)
On lui [au poète] décima son vocabulaire. (Valéry, dans le Trésor.)
J'aimerais, en ce qui concerne ces trois dernières phrases, attirer l'attention sur le complément d'objet direct : nous avons affaire dans le premier cas à un pluriel, les dents; il est question dans le deuxième exemple d'un organisme - composé de nombreux organes; enfin, Valéry parle du vocabulaire, dont je n'apprendrai à personne qu'il réunit une grande quantité de mots.
Mais le respect? Comment, à la lumière de ce qui précède, quelque chose ou quelqu'un pourrait-il décimer le respect? Le respect n'est pas un ensemble dont on peut isoler des éléments. Je proposerais plutôt :
... la vidéo de la mort de Robert Dziekanski a détruit / a anéanti ce qui restait du respect que les Canadiens ont longtemps éprouvé à l'endroit de leur police nationale.
* * * * *
« "Les passagers avaient l'habitude d'être traités comme des clients dans les aéroports internationaux canadiens. Maintenant, il semble être perçus d'abord et avant tout comme des menaces à la sécurité." » (Cette fois, il s'agit de la traduction d'un article du Leader-Post, de Regina.)
De toute évidence, il semble ne devrait pas être présenté comme un tour impersonnel : les passagers semblent être perçus - ils semblent être perçus.
Line Gingras
Québec
« Revue de presse - Électrochoc policier » : http://www.ledevoir.com/2007/11/24/165847.html
15:00 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, impropriété, journalisme, presse
04 décembre 2007
Mémoire défaillante
« ... une étude japonaise qui bat en brèche l'idée répandue selon laquelle que l'homme est supérieur au singe pour toutes les fonctions cognitives. » (AP.)
« Un test a mis comparé trois chimpanzés de cinq ans, qui avaient appris l'ordre des chiffres de 1 à 9, et une dizaine de volontaires humains. »
Le journaliste a voulu modifier la construction de ces deux phrases; mais sitôt les changements apportés, croirait-on, il s'est empressé d'oublier les avoir faits, et ne s'est donc pas relu. C'est peut-être vrai, que notre mémoire ne vaut pas celle des chimpanzés...
Line Gingras
Québec
« Le chimpanzé a une meilleure mémoire que l'homme » : http://www.ledevoir.com/2007/12/04/167139.html
02:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
03 décembre 2007
Un privilège qui incombe aux députés
« En point de presse, il [le député François Gendron] a rappelé qu'il était normal qu'un gouvernement informe la population de ses orientations et "communique avec le public" mais que, dans le cas qui nous occupe, la ministre était entrée dans les détails, un privilège qui incombe normalement aux députés au moment de la présentation du projet de loi à l'Assemblée nationale. » (Isabelle Porter.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, incomber se dit à propos d'une charge, d'un devoir, d'une obligation, d'une responsabilité :
Ces réparations incombent au propriétaire de la maison. (Lexis.)
Dépenses, frais, fonction, mission, soin, tâche incombant à une personne. (Trésor.)
C'est un concert unanime de tout ce qui se prétend chef de quelqu'un ou de quelque chose pour rejeter la responsabilité qui lui incombe sur le subalterne coupable d'être trop bien entré dans l'esprit de ses supérieurs. (Clemenceau, dans le Trésor.)
En fait, c'est aux États-Unis qu'appartenait la décision, puisque l'effort principal leur incombait dorénavant. (De Gaulle, dans le Trésor.)
Or, le privilège se définit comme un « droit, [un] avantage particulier accordé à un seul individu ou à une catégorie, en dehors de la loi commune » (Petit Robert). Un privilège ne saurait donc incomber aux députés - il leur appartient ou leur revient, plutôt. Dans la phrase qui nous intéresse, étant donné que ce ne sont pas les députés qui entrent dans les détails, je crois qu'il aurait fallu écrire :
... la ministre était entrée dans les détails, ce qui se fait normalement devant les députés, au moment de la présentation du projet de loi à l'Assemblée nationale.
Line Gingras
Québec
« La ministre des Transports heurte les susceptibilités de l'opposition péquiste » : http://www.ledevoir.com/2007/11/14/164365.html
04:10 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, impropriété, journalisme, presse