02 décembre 2007
Lumière des nations
Ensemble vocal André Martin; EVAM; Congrès eucharistique international; Québec; église Saint-Dominique; musique classique; musique religieuse; concert.
Lumière des nations... Ce sera le thème du concert que l'Ensemble vocal André Martin (EVAM), dont je fais partie, présentera le samedi 26 janvier 2008 à 20 h, à l'église Saint-Dominique de Québec.
Rappelez-vous cette immense acclamation des anges, que les monts de Galilée ont répercutée jusqu'à nous : Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté! Pour le premier de nos deux concerts se rapportant au volet culturel du Congrès eucharistique international, événement qui rassemblera à Québec, en juin prochain, des catholiques du monde entier, nous avons voulu évoquer l'universalité de la quête spirituelle.
À la source de toutes les religions il y a une soif, insatiable, d'amour, de respect, de sérénité; il y a le besoin de trouver un sens à la vie; il y a une recherche de dépassement, dont le champ est l'infini. Nous venons au monde dans une communauté culturelle donnée, au sein d'une société qui, dans une certaine mesure, façonne nos croyances; mais nous avons tous, me semble-t-il, la même soif, la même faim de connaître ce qui est plus grand que nous, cet esprit qui réunit l'humanité sous son aile.
Comment cette aspiration s'est-elle traduite dans la chrétienté, chez des peuples différents? Cette question a guidé notre choix des œuvres au programme; nous ne pouvons cependant, en une soirée, que donner un aperçu des formes diverses qu'a empruntées, au cours des siècles, l'expression d'une espérance qui a animé tant de nos semblables. Ont été retenus, en plus de brèves pièces attachantes, dont plusieurs a cappella, des extraits de chefs-d'œuvre parmi les plus marquants. Ont été appelés à témoigner de leur foi certains des compositeurs les plus éminents - de Purcell, Lassus et Victoria à Fauré, Poulenc et Rachmaninoff, sans oublier Bach, Mozart, Bruckner, Händel, Vivaldi, Monteverdi...
L'Ensemble vocal André Martin sera accompagné, pour ce concert dédié à l'étincelle divine que nous portons en nous, par un orchestre d'une douzaine de musiciens.
Line Gingras
Québec
06:25 Publié dans Chant choral | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique classique, Québec, chant choral, religion
01 décembre 2007
Faire planer une menace à quelqu'un
« Ceux qui fréquent la mosquée jour et nuit, qui font évacuer des cabanes à sucre entières pour prier Allah, qui lapident leurs (multiples) épouses sur la voie publique, qui font planer une menace de djihad armé à une directrice d'école si la flûte à bec est au programme du cours de musique... » (Patrick Lagacé, dans La Presse.)
Faudra que je demande à mon beau-frère ce qu'il peut bien avoir contre la flûte à bec, mon instrument préféré...
Mais non, le journaliste plaisante. Seulement, je suis d'avis qu'il se trompe de préposition; d'après les exemples que donnent les dictionnaires généraux, une menace ne plane pas à quelqu'un ou quelque chose, mais sur quelqu'un ou quelque chose :
... la douleur et le deuil qui planaient sur cette maison. (Balzac, dans le Petit Robert.)
Un régime de terreur planait sur la Gaule. (Fustel de Coulanges, dans le Lexis.)
C'est une cérémonie religieuse qu'une tragédie grecque. [...] toujours le destin planant sur la vie de l'homme. (Staël, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
L'enfant ne répond pas, obstinément, laissant planer sur son père le soupçon que c'est lui qui l'a jeté par la fenêtre. (Goncourt, dans le Trésor.)
Il manœuvre avec son dossier secret pour laisser planer un doute [...] sur l'innocence de Dreyfus. (Clemenceau, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Voile maudit » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071126/CPOPINIONS05/7...
06:04 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
30 novembre 2007
Ils arrivent bon dernier
« Les jeunes Québécois lisent de moins en moins bien [...] Et à l’échelle du Canada, ils arrivent bon dernier. » (Ariane Lacoursière, dans La Presse.)
D'après ce que je vois dans le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, à l'article « bon », les deux éléments des expressions bon premier et bon dernier (celle-ci étant utilisée par ironie, selon le Trésor de la langue française informatisé) varient en genre et en nombre :
Elles se sont classées bonnes premières. (Multidictionnaire.)
Et à l'échelle du Canada, ils arrivent bons derniers.
* * * * *
« Selon M. Martinez, cette statistique explique en grande partie les mauvais résultats des jeunes Québécois. L’étude du CIEAS révèle également que la lecture n’occupe pas une place de choix dans la vie des Québécois. Alors que 39 % des jeunes albertains possèdent plus de 100 livres à la maison... »
Le gentilé (« dénomination des habitants d'un lieu, relativement à ce lieu », d'après le Petit Robert) est un nom propre; il prend donc la majuscule : les jeunes Québécois, les jeunes Français, les jeunes Canadiens, les jeunes Albertains.
* * * * *
Lorsque j'ai lu cet article pour la première fois hier soir, j'y ai relevé aussi deux fautes d'accord du participe passé employé avec avoir, et une faute d'accord de l'adjectif possessif - trois fautes bêtes que je trouvais plutôt gênantes, comme il s'agit d'un texte sur les « habiletés de lecture ». Depuis, il semble que les correcteurs soient passés par là (même s'ils n'ont pas tout vu), du moins pour la version Internet du journal. Mais un autre blogueur avait déjà signalé ces erreurs. Et l'adresse de l'article a changé...
Line Gingras
Québec
http://www.cyberpresse.ca/article/20071129/CPACTUALITES/7... (ancienne adresse; ne fonctionne plus)
18:45 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
29 novembre 2007
Grammaire et contresens : attention à l'adjectif possessif!
« Des prisonniers talibans remis par l'armée canadienne aux autorités afghanes sont ensuite torturés par ses services secrets.
"Frappés à coups de brique, privés de sommeil, ongles arrachés, chocs électriques", révélait la journaliste Michèle Ouimet dans La Presse le mois dernier, lors de sa quatrième mission en Afghanistan. » (Paul Journet, dans La Presse.)
L'adjectif ou déterminant possessif ses n'indique pas seulement le nombre du substantif auquel il se rapporte (services secrets, au pluriel), mais encore celui du « possesseur » : ses renvoie à un possesseur singulier (exemple : l'armée cherche à motiver ses soldats), tandis que leurs renverrait à un possesseur pluriel ou à plusieurs possesseurs (exemple : les autorités n'ont pas encore fait connaître leurs commentaires). Or, il n'y a qu'un seul singulier dans la phrase : l'armée canadienne. Et comme cette phrase commence l'article, on ne peut pas chercher un autre possesseur dans une phrase précédente. Faudrait-il donc croire que les services secrets de l'armée canadienne torturent les prisonniers talibans? C'est ce que semblerait nous apprendre le journaliste.
Je lui prescris un double expresso, et une bonne relecture.
Line Gingras
Québec
« Les dessous de la guerre aux Francs-tireurs » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071128/CPARTS/7112807...
06:40 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, presse
28 novembre 2007
Il ne dit goutte
« Stephen Harper n'a pas entièrement tort de vouloir que tous les pays montent dans le train. Mais comment? Il ne dit goutte. » (Manon Cornellier.)
Selon le Petit Robert, la négation renforcée ne... goutte s'utilise, par archaïsme ou par plaisanterie, avec les verbes voir, entendre, comprendre et connaître. D'après le Lexis, qui tient ces expressions pour littéraires, ne voir, n'entendre, ne comprendre goutte, c'est ne rien voir, ne rien entendre, ne rien comprendre :
C'est tout noir dans la cave : je n'y vois goutte. (Multidictionnaire.)
On n'y voyait goutte pour faire une partie de piquet. (France, dans le Lexis.)
Quand il n'y voit goutte, le plus malin n'est pas fier. (Bernanos, dans le Petit Robert.)
Vieux, boiteux, n'y voyant goutte, probablement un peu sourd. (Hugo, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
C'est un homme qui ne voit goutte dans ses affaires. (Hanse et Blampain.)
Je n'y entends goutte, à votre affaire. (Lexis.)
Ils ne comprennent goutte à ma conduite. (Hugo, dans le Trésor.)
Je n'ai trouvé d'exemples qu'avec ces trois verbes. Je proposerais donc :
Il n'en dit rien.
Il n'en dit pas un mot.
* * * * *
Il faut lire l'excellent article de madame Cornellier.
Line Gingras
Québec
« Faire payer les pauvres » : http://www.ledevoir.com/2007/11/28/166390.html
18:47 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 novembre 2007
En soutien à
« ... les troupes canadiennes participaient à une opération de sécurité en soutien aux forces nationales afghanes... » (PC.)
Je n'ai pas trouvé en soutien à dans les dictionnaires consultés - j'ai vu le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain (qui ne m'a pas été utile), le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé. Ce dernier ouvrage reçoit la construction en soutien de :
Les Américains mettant, d'une part, des parachutistes et des chars en soutien des Français. (De Gaulle, dans le Trésor.)
Une recherche Google donne toutefois un nombre d'occurrences nettement plus élevé pour en soutien à (en soutien aux) que pour en soutien de (en soutien des). Je ne serais pas étonnée que les dictionnaires finissent par enregistrer cet usage.
* * * * *
« "Ce sont tout des Canadiens exceptionnels qui méritent la gratitude et le respect de cette nation..." » (Même article; on cite le premier ministre du Canada, Stephen Harper.)
Ce sont tous des Canadiens exceptionnels, selon monsieur Harper.
Cette nation... Le premier ministre désignerait-il une nation dont il aurait parlé dans la phrase précédente? Je ne le crois pas : il veut dire sans doute notre nation, la nation. L'emploi du démonstratif à valeur de possessif est très fréquent en anglais; il faut se garder de l'imiter.
* * * * *
« Leur décès portent à 73 le nombre de soldats canadiens morts en Afghanistan depuis le début de la mission canadienne, il y a cinq ans. »
Leur décès porte à 73...
Line Gingras
Québec
« Deux soldats canadiens de Valcartier tués » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071117/CPACTUALITES/7...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, anglicisme, journalisme
26 novembre 2007
Complément de nom et complément d'objet
« ... dissuader les troupes d'utiliser ou de faire le trafic de drogue... » (Steve Rennie, PC, Ottawa.)
Drogue est complément du nom trafic, qui se rattache au verbe faire; mais il devrait aussi, en toute logique, être complément d'objet direct du verbe utiliser (dissuader les troupes d'utiliser quoi? de la drogue - et non pas le trafic de drogue). La phrase doit être construite de manière qu'il remplisse grammaticalement cette double fonction :
... dissuader les troupes d'utiliser de la drogue ou d'en faire le trafic...
Il suffit de se servir d'un pronom de rappel.
* * * * *
« ... il est facile de se procurer des drogues illégale en Afghanistan... »
« ... des chiens entraînés à détecteur l'odeur de la drogue... »
« ... la police militaire devait vérifier les dossiers des soldats pour vérifier... »
... la police militaire devait examiner les dossiers des soldats pour vérifier...
Line Gingras
Québec
« De la drogue à la base canadienne de Kandahar? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071111/CPACTUALITES/7...
06:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, orthographe, journalisme
25 novembre 2007
Sans égards à leur conduite
« Lorsque libéraux et péquistes s'accusent les uns les autres d'avoir inventé puis fait dérailler la réforme, seule la partisanerie les agite, sans égards à leur conduite respective de l'appareil gouvernemental. » (Marie-Andrée Chouinard.)
Le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé donnent la locution prépositive sans égard à ou sans égard pour, qui signifie « sans tenir compte de », « sans prendre en considération » :
Sans égard à son ancienneté. (Multidictionnaire.)
Sans égard pour les convenances, Carlotta le fit entrer dans la chambre. (Aragon, dans le Trésor.)
Le Petit Robert consigne l'antonyme de cette expression, eu égard à :
Il est vaillant, eu égard à son âge. (Petit Robert.)
Vous serez placé immédiatement au-dessous de la loge royale, eu égard à votre condition de prince. (Gide, dans le Lexis.)
D'après le résultat de mes recherches, égard ne se met pas au pluriel dans ces locutions.
Line Gingras
Québec
« L'école en otage » : http://www.ledevoir.com/2007/11/10/163917.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
24 novembre 2007
Un adversaire, une adversaire
« C'est la Maison-Blanche qui, au milieu de la présente année, s'est mis en tête d'associer Moucharraf avec son vieil adversaire politique Benazir Bhutto. » (Serge Truffaut.)
Le nom adversaire s'emploie au féminin comme au masculin. (Voir le Petit Robert, le Multidictionnaire ou Le bon usage, douzième édition, paragraphe 480.) Et Benazir Bhutto est une femme. Il fallait donc écrire avec sa vieille adversaire - ou avec son adversaire, le déterminant possessif sa étant remplacé par son devant une voyelle.
« Depuis quarante-huit heures, le président pakistanais Pervez Moucharraf fait penser au chien qui essaye de se mordre la queue. Il implore les uns et menace les autres. Il libère des avocats mais musellent d'autres médias. »
L'adjectif autres est de trop : comme les avocats ne sont pas des médias, il n'y a pas lieu de les distinguer d'« autres » éléments de cette catégorie.
Ce ne sont pas les avocats qui musellent des médias, mais le président du Pakistan, représenté par le pronom il :
Il libère des avocats mais muselle des médias.
Line Gingras
Québec
« L'ennemi de mon ennemi » : http://www.ledevoir.com/2007/11/21/165194.html
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
23 novembre 2007
Armes de destruction massives
« Vrai danger - Que les "neocons" de Washington, moins affaiblis qu'on ne l'a prétendu, accélèrent les préparatifs d'une attaque militaire contre l'Iran et refassent à l'opinion publique américaine - ainsi qu'à l'élite politique de Washington - le coup des "armes de destruction massives". » (François Brousseau.)
Le Petit Robert, à l'article « destruction » comme à l'article « arme », donne l'expression armes de destruction massive (« armes nucléaires, biologiques ou chimiques »). Il convient effectivement, à mon avis, d'accorder l'adjectif massive au singulier, puisque c'est la destruction qui serait massive.
Line Gingras
Québec
« Vrais et faux dangers » : http://www.ledevoir.com/2007/11/19/164968.html
20:30 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
22 novembre 2007
Par endroit
« ... ce qui occasionnera de la poudrerie par endroit. » (PC.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, le nom prend toujours la marque du pluriel dans la locution adverbiale par endroits, qui signifie « à différents endroits » :
Le livre me paraît bon, et même très bon par endroits. (Gide, dans le Petit Robert.)
L'ancienne tranchée [...] est par endroits bouchée. (Barbusse, dans le Trésor.)
Le plancher dont la peinture noire s'écaillait par endroits. (Green, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Tempête de neige en vue jeudi » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071121/CPACTUALITES/7...
05:23 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
21 novembre 2007
Trop, c'est trop
« Et il ne faudrait pas se surprendre que l'organe de règlement des différends de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) soit saisi d'affaires concernant l'obligation de doubler les films dans la langue nationale ou l'imposition de quotas de programmation obligeant la radiodiffusion d'une proportion d'émissions dans une langue nationale. » (Pauline Marois, chef du Parti québécois.)
Cette phrase pourrait se lire mieux :
... l'obligation de doubler les films dans la langue nationale ou l'imposition de quotas forçant à radiodiffuser un certain pourcentage d'émissions dans une langue nationale.
Line Gingras
Québec
« Libre opinion - Le Québec et la diversité linguistique » : http://www.ledevoir.com/2007/11/21/165189.html
06:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, écriture, presse, médias
20 novembre 2007
Débuter à faire quelque chose
« Il avait d'ailleurs débuté à embêter nos vies... » (Patrick Lagacé, dans La Presse.)
Je n'ai trouvé la construction débuter à + infinitif dans aucun des dix ouvrages que j'ai consultés. On peut aisément la remplacer par commencer à + infinitif :
Les marchés sont vides et l'on commence à manquer de pain. (Gide, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Tu commences à nous ennuyer. (Petit Robert.)
L'orchestre commence à jouer. (Lexis.)
Il avait d'ailleurs commencé à embêter nos vies.
Line Gingras
Québec
« Je ne suis pas raciste, mais... » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071024/CPOPINIONS05/7...
03:40 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
19 novembre 2007
Mettre aux pas
« Cet état d'urgence a donc été décrété pour mettre aux pas des médias, y compris la BBC et CNN, et des juristes récalcitrants. » (Serge Truffaut.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé donnent la locution figurée mettre quelqu'un au pas, qui signifie « le dresser », « lui faire entendre raison », « le forcer à obéir » :
Nos concitoyens s'étaient mis au pas, ils s'étaient adaptés. (Camus, dans le Lexis.)
Il n'a plus son air qu'il avait, ton apprenti [...] Il commence à se mettre au pas, tonnerre de Dieu! (A. Daudet, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« La rupture » : http://www.ledevoir.com/2007/11/06/163280.html
01:52 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
18 novembre 2007
Scénario bien rôdé - avec ou sans accent?
« Ce scénario bien rôdé s'est toutefois grippé depuis juin... » (AFP.)
Rôder, avec accent circonflexe, c'est « errer » :
Il rôda au travers des bâtiments et du jardin vides, ne sachant à quoi tuer son chagrin. (Zola.)
Roder, sans accent circonflexe, c'est - dans la phrase qui nous intéresse - « mettre au point par des essais, par la pratique » (Petit Robert, seul ouvrage consulté) :
Leur spectacle n'est pas très bien rodé.
Il fallait donc écrire :
Ce scénario bien rodé s'est toutefois grippé depuis juin...
* * * * *
« ... en prônant le lancement d'un large forum réunissant les partis Flamands et francophones... »
Les adjectifs ethniques prennent toujours la minuscule en français : les partis flamands.
Line Gingras
Québec
« Belgique - Le roi s'implique dans la crise au risque d'être critiqué » : http://www.ledevoir.com/2007/11/13/164200.html
02:51 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
17 novembre 2007
Une méthode de dissuader
« La note de synthèse [...] conclut que des fouilles ciblées et aléatoires de convois constituent "une méthode efficace" de dissuader les troupes... » (Steve Rennie, PC.)
D'après les exemples que j'ai vus dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, méthode introduit son complément au moyen de la préposition de s'il s'agit d'un nom, et de la préposition pour s'il s'agit d'un verbe à l'infinitif :
Méthode de travail, d'organisation, d'enseignement, de calcul, de vente, d'évaluation, d'analyse, de raisonnement...
Indiquer à quelqu'un la méthode pour résoudre une difficulté. (Petit Robert.)
Il a trouvé la bonne méthode pour s'enrichir. (Petit Robert.)
Il [M. Chalgrin] est sur le point de trouver non pas une méthode pour traiter la coqueluche, mais une méthode pour prévenir cette odieuse maladie, une méthode prophylactique. (Duhamel, dans le Trésor.)
Il avait des idées. À dix ans il avait inventé une trappe à mouches, à douze une nouvelle méthode pour gonfler les pneus de bicyclette... (Queneau, dans le Trésor.)
« Oh! dit-il, j'ai une méthode à moi pour lire vite et tous les livres. » (Gide, dans le Trésor.)
Les fouilles constitueraient donc une méthode efficace pour dissuader les troupes...
Line Gingras
Québec
« De la drogue à la base canadienne de Kandahar? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071111/CPACTUALITES/7...
17:05 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
16 novembre 2007
Un maillot de bain, ce n'est pas un vêtement?
« À quelques reprises, des filles sont arrivées avec le maillot de bain islamique, une sorte de combinaison qui couvre bras, jambes et tête.
Généralement, elles optent plutôt pour des vêtements. » (Katia Gagnon, dans La Presse.)
Le maillot de bain est un vêtement (à plus forte raison, dirais-je, s'il s'agit du maillot de bain islamique) : il suffit de consulter le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis ou le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « maillot », pour s'en convaincre. On pourrait dire, peut-être, que des élèves musulmanes optent plutôt pour des vêtements ordinaires.
Line Gingras
Québec
« À la piscine en hijab » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071112/CPACTUALITES/7...
09:24 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 novembre 2007
À premier titre, au premier titre
« L'idée que le principal intéressé les ait délibérément passés sous silence est troublante, à premier titre pour ceux qui lui ont toujours donné le bénéfice du doute. » (Chantal Hébert.)
Je dirais certainement au premier titre (comme au premier chef) plutôt que à premier titre (comme à juste titre, à double titre). Cependant, j'ai trouvé un seul exemple utile dans les dix ouvrages consultés :
Une philosophie qui pulvérise l'être en phénoménalités subjectives, la science en impressions fuyantes, desquelles on ne peut avec assurance rien nier ni rien affirmer, n'est-ce point là au premier titre ce que tout le monde appelle scepticisme? (G. Lyon, dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « phénoménal ».)
Line Gingras
Québec
« Le chapitre manquant » : http://www.ledevoir.com/2007/11/05/163194.html
06:07 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
14 novembre 2007
Livraison de l'école au populisme
Le verbe livrer peut vouloir dire « Abandonner à l'action de quelque chose » (Trésor de la langue française informatisé) :« ... il faut reconnaître au président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, une lecture tout à fait juste lorsqu'il a dénoncé cette semaine la pénible livraison de l'école au populisme et à l'électoralisme. » (Marie-Andrée Chouinard.)
Votre précepte si vanté [...] livre le monde au désordre, à la tyrannie. (Volney, dans le Trésor.)
Livrer une ville au pillage, à l'émeute. (Lexis.)C'est une acception que ne possède pas le substantif livraison, qui désigne plutôt l'action de remettre une personne ou une chose (par exemple une marchandise) à la disposition de quelqu'un :
Si les conditions du traité (toutes les conditions : désarmement, livraison des coupables, réparations) sont fidèlement observées. (Barrès, dans le Trésor.)
La livraison des marchandises, des otages. (Hanse-Blampain.)
Mlle Hortense préparait les colis pour la livraison. (Troyat, dans le Lexis.)
On aurait pu écrire :
... lorsqu'il a dénoncé cette semaine l'abandon de l'école au populisme et à l'électoralisme.
Line Gingras
Québec
« L'école en otage » : http://www.ledevoir.com/2007/11/10/163917.html
06:41 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
13 novembre 2007
Inquiet par ou inquiet de
« Évidemment inquiets par l'inertie des militaires pakistanais, des élus américains se sont rendus sur place. » (Serge Truffaut.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, il n'est pas admis d'introduire le nom ou le pronom complément de l'adjectif inquiet, indiquant le motif de l'inquiétude, au moyen de la préposition par; on doit dire plutôt inquiet de quelqu'un ou quelque chose (ou dans certains cas inquiet pour, inquiet sur - cette dernière construction est cependant vieillie, selon le Trésor) :
Elle est inquiète de votre silence. (Petit Robert.)
Être inquiet du mauvais temps, des affaires de quelqu'un. (Trésor.)
J'allais chez Popelin, que je trouvais [...] très soucieux, très inquiet d'un vertige qu'il avait eu à déjeuner. (Goncourt, dans le Trésor.)
La pression du public de plus en plus inquiet des retombées radioactives. (Goldschmidt, dans le Trésor.)
Il est vrai qu'Eisenhower [...] inquiet du trouble qu'il percevait dans les esprits... (De Gaulle, dans le Trésor.)
On est toujours inquiet de moi et pour moi. (Amiel, dans le Trésor.)
Être inquiet pour l'avenir de son fils. (Lexis.)
Sophie est inquiète de l'avenir, pour lui, sur son sort. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« La rupture » : http://www.ledevoir.com/2007/11/06/163280.html
08:05 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
12 novembre 2007
Faire sa part
« Le milieu du travail devra aussi faire sa part. Sur ce point, le Dr Davignon montre directement du doigt l'organisation du travail qui, plutôt que d'aplanir les différences intergénérationnelles, les accentue. » (Louise-Maude Rioux Soucy.)
L'expression faire sa part est très souvent utilisée au Québec, au sens d'« apporter sa contribution ». Cependant, d'après le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, il s'agirait du calque de l'anglais to do one's part - que l'on pourrait éviter en disant plutôt collaborer, contribuer, participer, appuyer, fournir sa part (d'efforts), faire son devoir, y mettre du sien (voir aussi la Banque de dépannage linguistique) :
Toute la population doit *faire sa part* afin de préserver l'environnement = Toute la population doit fournir sa part d'efforts afin de préserver l'environnement / Toute la population doit contribuer à la préservation de l'environnement.
J'ai consulté le Petit Robert (2007), à l'article « part » : faire sa part ne s'y trouve pas. Le Hanse-Blampain, la Banque de dépannage linguistique et le Trésor de la langue française informatisé signalent par ailleurs faire sa part à quelque chose, « lui attribuer sa place, l'importance méritée » (Hanse-Blampain).
Line Gingras
Québec
« Étranger dans sa propre maison » : http://www.ledevoir.com/2007/10/27/162189.html
06:33 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse