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31 décembre 2006

Soumettre que

Soumettre que; to submit that; grammaire française; syntaxe du français; anglicisme; calque.

« ... on peut soumettre que le commentaire est, comment dire, légèrement exagéré. » (Jean Dion.)

D'après le Trésor de la langue française informatisé, soumettre peut signifier notamment « Présenter à l'avis, au jugement, à la décision (de quelqu'un dont on reconnaît l'autorité) » :

Cette question a été soumise au comité. (Multidictionnaire.)

[Flaubert] se prit d'affection pour moi. J'osai lui soumettre quelques essais. (Maupassant, dans le Petit Robert.)

Vous comprendrez que je ne puisse envisager de soumettre l'« Espoir » à votre censure. (Beauvoir, dans le Lexis.)

Aucun des sept ouvrages qui m'ont été utiles, toutefois, ne reçoit ce verbe, suivi d'une proposition conjonctive introduite par que, au sens de « faire observer », « affirmer », « soutenir », que possède l'anglais to submit (voir le Meertens et le Robert & Collins Super Senior pour d'autres équivalents). Le Colpron signale comme fautifs les exemples suivants :

Le comité a soumis que la question demandait une étude sérieuse (= a allégué, est d'avis).

Je soumets que l'accusé n'avait pas d'intentions délictueuses (= prétends).

Line Gingras
Québec

« Du gros hockey » : http://www.ledevoir.com/2006/12/30/126094.html

30 décembre 2006

Faire le pari que + indicatif ou subjonctif

Faire le pari que; parier que; choix du mode; grammaire française; syntaxe du français.

« La démocrate chrétienne fait aussi le pari que le successeur de Jacques Chirac, qui sera élu en mai, puisse susciter l'adhésion à cette formule constitutionnelle... » (Christian Rioux.)

D'après le résultat de mes recherches, l'expression faire le pari que, comme parier que, est suivie de l'indicatif (ou d'un conditionnel ayant valeur de futur du passé) :

Je te fais le pari qu'il sera là demain. (Petit Robert.)

J'ai fait le pari que notre équipe gagnerait [...] (Multidictionnaire.)

Dans dix mille ans d'ici, je vous fais le pari que cette guerre [...] sera complètement oubliée... (Céline, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Je parie qu'il réussira. (Hanse et Blampain.)

Il avait parié avec son frère que leur amie ne viendrait pas. (Hanse et Blampain.)

Je parie qu'il a oublié de lui téléphoner. (Lexis.)

Moi, je te parie que la première chose qu'il verra en entrant, c'est cette cendre sur le tapis. (Mauriac, dans le Trésor.)

Dans la phrase à l'étude, il aurait fallu à mon avis le futur simple de l'indicatif :

La démocrate chrétienne fait aussi le pari que le successeur de Jacques Chirac, qui sera élu en mai, pourra susciter l'adhésion à cette formule constitutionnelle...

Line Gingras
Québec

« Éclaircie à l'horizon » : http://www.ledevoir.com/2006/12/29/126063.html

29 décembre 2006

Avoir confiance de + infinitif

Avoir confiance de + infinitif; grammaire française; syntaxe du français.

« Plus tôt, l'avocat américain de Bédard, Kevin McCants, avait indiqué que la médaillée d'or croyait être victime d'une injustice et qu'elle avait confiance d'être innocentée. » (PC.)

On peut avoir confiance en quelqu'un, en quelque chose, dans certaines personnes, dans certaines choses :

Avoir confiance en soi. (Lexis.)

Elle avait confiance en lui et lui inspirait confiance. (Maurois, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Elle a confiance en l'avenir. (Multidictionnaire.)

J'ai confiance en Dupont, en Dieu, en lui, en ou dans mon directeur, en ou dans vos capacités, en ou dans cet homme, en ou dans un remède, dans la capacité de mes collaborateurs. (Hanse et Blampain.)

Avoir confiance dans les médecins. (Petit Robert.)

Cependant, je n'ai trouvé le tour avoir confiance de + infinitif dans aucun des douze ouvrages consultés. Je proposerais plutôt :

... et qu'elle avait bon espoir d'être innocentée.

Line Gingras
Québec

« Myriam Bédard demeurera incarcérée aux États-Unis au moins jusqu'à vendredi » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:2496...

28 décembre 2006

Où il est question du satellite Corot

« N'empêche que la France et ses partenaires sont fiers de cette belle "récupération" d'un instrument qui, au départ, avait une tout autre vocation. Ils sont d'autant plus fiers qu'ils auront été les premiers à lancer Corot, avant que les États-Uniens ne puissent lancer leur dernier-né, Kepler, dont le lancement est prévu en 2008. » (Lisa-Marie Gervais.)

La France et ses partenaires auront été les premiers à lancer Corot - faut-il comprendre qu'il y aura d'autres lancements du même satellite, effectués par d'autres pays? Je crois qu'on a voulu dire plutôt :

... Ils sont d'autant plus fiers qu'ils auront devancé les États-Unis, dont le dernier-né, Kepler, doit être lancé en 2008.

Line Gingras
Québec

« Le satellite Corot à la chasse aux exoplanètes » : http://www.ledevoir.com/2006/12/28/125989.html

27 décembre 2006

Sa sortie ont rejoint...

Noyau du groupe sujet; accord du verbe avec son sujet; grammaire française; syntaxe du français.

« Sa sortie sur les abus de l'accommodement raisonnable ont rejoint les préoccupations d'une bonne partie de la population. » (Michel David.)

Qu'est-ce qui a rejoint les préoccupations d'une bonne partie de la population? Sa sortie sur les abus de l'accommodement raisonnable. Accommodement raisonnable est complément du nom abus; et sur les abus de l'accommodement raisonnable se rattache au nom sortie, noyau du groupe sujet, qui détermine l'accord du verbe : a rejoint.

Line Gingras
Québec

« Bulletin de l'opposition » : http://www.ledevoir.com/2006/12/16/125106.html 

26 décembre 2006

Courrez, courrez...

Courir à l'impératif présent; courrez ou courez; grammaire française; orthographe.

« Vœu pieux des Fêtes aux familles : courrez plutôt dehors capturer au lasso quelques flocons nostalgiques des Noëls d'antan et laissez les jeunes amants mourir sans vous. » (Odile Tremblay.)

À l'impératif, le verbe courir s'écrit avec un seul r. Il en prend deux, par contre, au futur simple :

Courez, courez / Vite si vous le pouvez... (Guy Béart, L'eau vive.)

Demain il sera encore temps : vous courrez tous au bois d'Ormonde, si vous y tenez tellement.

Line Gingras
Québec

« Annus horribilis » : http://www.ledevoir.com/2006/12/23/125724.html

25 décembre 2006

Prendre relâche

« Le Blise prend donc relâche jusqu'au 2 janvier, à moins que... » (Lise Ravary.)

J'ai trouvé curieux cet emploi de la locution prendre relâche, que je ne connaissais pas. Spontanément, j'aurais utilisé faire relâche :

Le théâtre fait relâche tous les lundis. (Multidictionnaire.)

Beaucoup de salles de spectacle font relâche au mois d'août. (Lexis.)

Le Multidictionnaire et le Lexis donnent cependant l'expression prendre un peu de relâche.

Enfin, le Trésor de la langue française informatisé admet la locution prendre relâche, avec à l'appui une citation d'Alain :

Je prends relâche, je repose mes yeux, je rêve à d'autres choses, je me remets à neuf.

Line Gingras
Québec

« J'ai enfin un toit pour Noël » : http://forums.chatelaine.qc.ca/advansis/?mod=for&act=...

24 décembre 2006

Le pluriel de grand-mère

Grand-mères ou grands-mères; grand-mère au pluriel; grammaire française; orthographe.

« La jeune femme a décidé de passer les fêtes de Noël auprès de sa famille après la mort récente de ses deux grand-mères, précise le journal. » (Agence France-Presse.)

« Pourquoi un père Noël lorsqu'on a quatre grands-pères, quatre grands-mères et leurs lignées respectives, ce qu'on pourrait qualifier de pactole familial. » (Denise Bombardier.)

Le Trésor de la langue française informatisé, à l'instar du Dictionnaire de l'Académie (j'ai vu la version informatisée de la neuvième édition), reçoit seulement le pluriel grand-mères :

Des histoires de grand-mères. (Académie.)

Je n'ai trouvé là que deux ou trois vieilles grand-mères. (Littré, dans le Trésor.)

C'est la plus fraîche des grand-mamans, encore blonde et déjà grassette. (Amiel, dans le Trésor.)

Le Multidictionnaire admet à la fois grands-mères et grand-mères.

Hanse et Blampain font observer qu'il serait logique d'écrire des grands-mères, « puisqu'on écrit : des grands-pères et que l'apostrophe est supprimée dans grand-mère ». Ils ajoutent : « On peut certes écrire des grand-mères, mais nous conseillons nettement des grands-mères, des grands-places, des grands-messes. »

Le Lexis et le Petit Robert font tous deux varier l'adjectif au pluriel :

Du temps de nos grands-mères.

J'opterais personnellement pour la graphie grands-mères

Line Gingras
Québec

« L'amie de cœur du prince Wiilliam [sic] décline une invitation royale » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPINSOLITE/612...

« Nostalgie » : http://www.ledevoir.com/2006/12/23/125778.html

23 décembre 2006

Suprêmatie

Suprêmatie ou suprématie; orthographe.

« Leur volonté de consacrer l’absolue suprêmatie de la culture américaine. » (Pierre Assouline.)

D'après le Petit Robert, le Lexis et le Multidictionnaire, on écrit suprême, et cependant suprématie :

Il détestait l'état d'esprit qui place l'homme sous la suprématie de l'infirmité féminine. (Montherlant.)

Line Gingras
Québec

« Wanted : "Blitcons" » : http://passouline.blog.lemonde.fr/2006/12/14/wanted-blitc...

22 décembre 2006

Plier bagages ou plier bagage?

Plier bagage ou plier bagages; orthographe.

« Mais voilà, si les Américains plient bagages... » (Serge Truffaut.)

Plier bagage est une locution figurée qui signifie « partir », selon le Petit Robert et le Multidictionnaire :

Les touristes plient bagage. (Petit Robert.)

D'après le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, il s'ajoute une idée de hâte, de fuite même. Les cinq ouvrages que j'ai consultés - à l'article « bagage » - consignent l'expression au singulier; le Trésor donne cependant, sans explications, un exemple où bagage est au pluriel :

Je prierai notre hôte de plier bagages et de déguerpir! (Bernstein.)

Ce dictionnaire signale aussi l'emploi de l'expression, dans la langue familière, au sens de « mourir » :

Je ne vais pas tarder à plier bagage. Faites-moi donc la grâce de me laisser mourir ici en paix. (Morand.)

On ne commettrait certes pas une faute grave en utilisant le pluriel. Mais je vous conseillerais quand même de suivre l'avis de Marie-Éva de Villers : « Dans cette expression, le nom s'écrit au singulier. »

Line Gingras
Québec

« La mise en garde » : http://www.ledevoir.com/2006/12/15/124961.html

21 décembre 2006

De bonne augure

De bon augure ou de bonne augure; masculin ou féminin; genre du nom augure.

« "... une augmentation des dépenses durant cette période est de bonne augure pour les commerçants", estime David Ades, premier vice-président de Solutions Moneris. » (PC.)

Marie-Éva de Villers attire l'attention sur le genre masculin du nom augure :

Ces résultats sont de bon augure, de mauvais augure. (Multidictionnaire.)

Un heureux augure. (Hanse et Blampain.)

Oiseau de bon, de mauvais augure. (Petit Robert.)

Le suintement rouge du ciel à l'horizon lui parut d'un si funèbre augure qu'il referma la croisée. (Barrès, dans le Petit Robert.)

Line Gingras
Québec

« En bref - Tchik-a-tchik » : http://www.ledevoir.com/2006/12/20/125452.html

20 décembre 2006

Un acre ou une acre?

Acre, masculin ou féminin; genre du nom acre.

« Hier, le premier ministre Stephen Harper a poursuivi l'œuvre correctrice entreprise par un précédent gouvernement conservateur en rétrocédant 11 000 acres de terres expropriés en 1969 par Pierre Elliott Trudeau dans le but de construire l'aéroport de Mirabel. » (Jean-Robert Sansfaçon.)

« Pour le maire de Mirabel, M. Hubert Meilleur, qui souhaitait récupérer 2000 des 11 000 acres rétrocédés pour agrandir son parc industriel... »

« Le gouvernement de Brian Mulroney avait rétrocédé, en 1985, 80 000 des 97 000 acres expropriés lors de la construction de l'aéroport de Mirabel, en 1969. » (Alec Castonguay.)

Le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé donnent tous quatre le mot acre, désignant une mesure agraire, pour un nom féminin :

Mesure de superficie. Au Pays de Caux, on distingue : la « grande acre » [...] et la « petite acre »... (Mensire, dans le Trésor.)

Le Trésor cite également, il est vrai, un exemple de Mérimée où il semble que le substantif soit considéré comme masculin :

... six mille acres avaient été enclos de palissades, selon l'usage américain...

Aucune explication n'est fournie; peut-être un sujet masculin se trouve-t-il dans le bout de phrase qui nous manque. Quoi qu'il en soit, Dagenais fait observer que l'on doit « prendre garde que le mot acre est féminin » :

Un terrain d'une acre et demie.

Line Gingras
Québec

« 37 ans plus tard » : http://www.ledevoir.com/2006/12/19/125325.html

« Mirabel : Harper rétrocède 11 000 acres de terre » : http://www.ledevoir.com/2006/12/19/125377.html

19 décembre 2006

Imposer son veto

Imposer son veto; opposer son veto; paronymes.

« En imposant son veto à une résolution libano-égyptienne... » (Christian Rioux.)

Quelques paragraphes plus bas :

« Selon Stephen Harper, si le Canada a opposé son veto... »

Je lis dans le Dictionnaire historique de la langue française que veto est un mot latin introduit en français en 1718. Selon le Multidictionnaire, il signifie « je m'oppose ». On le trouve dans l'expression mettre son veto à quelque chose (souvent une loi, une décision) :

Habitué à ce que mon père ne mît son veto à aucun de mes actes. (Radiguet, dans le Colin.)

On le rencontre aussi, mais cela semble beaucoup plus rare, dans mettre son veto sur, frapper de son veto :

Enjolras, malgré les murmures, mit son veto sur les quinze bouteilles, et afin que personne n'y touchât et qu'elles fussent comme sacrées, il les fit placer sous la table où gisait le père Mabeuf. (Hugo, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Vous pouvez donc l'inviter, j'autorise, mais je frappe de mon veto tous les autres noms que vous me proposez. (Proust, dans le Trésor.)

Le tour opposer son veto a déjà été condamné parce que pléonastique. Il est cependant devenu très courant; le Petit Robert, le Lexis et le Trésor l'admettent, au moins dans la langue familière. Même Colin et Girodet le tiennent pour correct :

Afin de donner sans retard aux peuples menacés un moyen d'opposer leur veto radical à la politique périlleuse des gouvernements. (Martin du Gard, dans le Lexis.)

Aux États-Unis [...] le Président peut opposer son veto à une loi adoptée par le Congrès... (Avril-Gicquel, dans le Trésor.)

Aucun des onze ouvrages consultés - à l'article « veto » - ne reçoit imposer son veto.

Line Gingras
Québec

« Sommet de la Francophonie - Harper provoque un coup de théâtre » : http://www.ledevoir.com/2006/09/30/119492.html

18 décembre 2006

Urger quelqu'un à...

Urger, verbe transitif ou intransitif; to urge someone to; grammaire française; syntaxe du français; calque.

« Elle aussi urge le premier ministre Harper à agir. » (Hugo de Grandpré.)

Selon le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, urger, qui appartient au registre familier, est un verbe intransitif - il n'a donc jamais de complément d'objet direct. Le Trésor précise qu'il ne se rencontre qu'à la troisième personne, à la forme impersonnelle :

Ça urge! Appelez les pompiers! (Multidictionnaire.)

Rien n'urgeait. (Hanse-Blampain.)

Ce n'urge point avant samedi. (Jarry, dans le Petit Robert.)

C'est pas le moment de parler comme ça, ça urge l'histoire de la gosse. (Queneau.)

Mon vieux Jean [...] il urge (non, voyons!) il est urgent que je rompe avec Isabelle. (Larbaud.)

Dans la phrase à l'étude, nous avons affaire de toute évidence au calque de l'anglais to urge someone to do something; l'idée peut se rendre par engager, exhorter, inciter, encourager quelqu'un à faire quelque chose. (Voir le Meertens pour d'autres équivalents.)

Line Gingras
Québec

« Maher Arar "toujours dangereux" » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPACTUALITES/6...

17 décembre 2006

Ils se sont rendus compte...

Se rendre compte; ils se sont rendu compte ou ils se sont rendus compte; accord du participe passé de la locution verbale se rendre compte; accord du participe passé du verbe pronominal; grammaire française; orthographe d'accord.

« Au bout de six mois de recherches, les scientifiques se sont rendus compte que "ces restes n'avaient pas été brûlés", précise le Dr Charlier. » (Associated Press.)

Cette fois encore, il a fallu que je vérifie : jamais je ne me rappelle comment accorder le participe passé de la locution verbale se rendre compte. C'est que je ne crois pas qu'on puisse analyser séparément les éléments de cette expression; celle-ci veut dire comprendre, découvrir, remarquer, et non pas, à mon avis, rendre compte de quelque chose ou faire un compte rendu à soi-même.

Alors? Le renseignement que je cherchais, je l'ai trouvé à l'article « compte », dans le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain :

Elles se sont rendu compte de leur erreur. (Petit Robert.)
Elle s'est rendu compte qu'elle avait tort. (Petit Robert.)
Ils se sont rendu compte de l'erreur trop tard. (Multidictionnaire.)
Ils se sont rendu compte qu'on les trompait. (Hanse-Blampain.)

J'arriverai peut-être enfin à m'en souvenir : le participe passé de la locution se rendre compte est invariable.

Line Gingras
Québec

« Les restes présumés de Jeanne d'Arc ne sont probablement pas les siens » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPSCIENCES/612...

16 décembre 2006

Que le vrai sujet...

« Ce recours systématique à la caricature, à la démagogie et à la désinformation font partie de la formule, comme une sorte de potion magique de la cote d'écoute. » (Gil Courtemanche.)

Bien entendu, la caricature, la démagogie et la désinformation sont des ingrédients de la potion magique; mais la phrase est structurée de manière que le véritable sujet du verbe, c'est recours :

Ce recours systématique [...] fait partie de la formule...

* * * * *

« ... cela surprend et semble invraisemblable. »

... cela surprend et paraît invraisemblable.

Line Gingras
Québec

« Ce n'est pas l'État qui est mauvais, c'est le gouvernement » : http://www.ledevoir.com/2006/12/16/125147.html

15 décembre 2006

De toute pièce ou de toutes pièces?

De toutes pièces ou de toute pièce; orthographe.

« J'ai lu ce rapport McEwen. Il était accablant pour la GRC, notamment accusée d'avoir monté une opération inutile et d'avoir fabriqué un crime de toute_ pièce_. » (Pierre Foglia.)

Sept des neuf ouvrages de difficultés auxquels je me suis référée se prononcent : la locution adverbiale de toutes pièces, employée au sens de « sans que rien soit emprunté à la réalité » (Girodet), « à partir de rien » (Colin), s'écrit toujours au pluriel :

Cette accusation ne repose sur rien, elle a été forgée de toutes pièces. (Girodet.)

Il s'était donc créé de toutes pièces une vie de complications et de drames. (Camus, dans le Colin.)

Le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé relèvent uniquement cette graphie :

Des souvenirs forgés de toutes pièces ou fantastiquement dénaturés ou embellis. (Arnoux, dans le Trésor.)

Line Gingras
Québec

« L'esprit de corps » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061214/CPOPINIONS/612...

14 décembre 2006

Concourir en compétition

Concourraient ou concouraient; concourrait ou concourait; concourir en compétition; pléonasme; orthographe; conjugaison; imparfait ou futur du passé.

« En fin de semaine se clôturait le sixième Festival du film de Marrakech. Or, pour la toute première fois, deux films marocains concourraient en compétition, à l'émoi de la ville ocre. » (Odile Tremblay.)

Concourir s'emploie ici dans le sens d'« entrer, être en compétition pour obtenir un prix » (Petit Robert); la précision me paraît donc superflue.

Étant donné qu'il s'agit d'un événement passé et qu'on utilise déjà l'imparfait de l'indicatif dans la première phrase, j'attendrais l'imparfait, également, dans la seconde : concouraient, avec un seul r. Le futur du passé - ayant la forme du conditionnel, concourraient, avec deux r - serait admissible si l'on se transportait en pensée avant le festival; mais rien ne justifie ce changement de point de vue entre la première et la deuxième phrase.

Line Gingras
Québec

« Le cinéma marocain, entre tradition et modernité » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124658.html

13 décembre 2006

Politiques à droites

À droites ou à droite; syntaxe des compléments; accord du participe passé attribut; noyau du groupe sujet; orthographe.

« "Je sais très bien que ce gouvernement est vulnérable tellement ses politiques sont à droites et très loin de ce que les Canadiens veulent." » (Alec Castonguay et Robert Dutrisac, citant Stéphane Dion.)

Les intentions du gouvernement sont-elles droites? Je ne me prononcerai pas là-dessus. Ses politiques sont-elles adroites? Je ne saurais le dire. En tout cas elles sont à droite, sans s, parce que l'expression est une locution adverbiale, donc invariable.

* * * * *

« Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser comme il s'y est engagé, c'est-à-dire, pour le Bloc, d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel avec pleine compensation. »

Que doit faire Stephen Harper? Limiter le pouvoir fédéral de dépenser, comme il s'y est engagé. Et qu'est-ce que cela veut dire, pour le Bloc? Accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel [de certains programmes], avec pleine compensation.

Le syntagme commençant par accorder se rattache donc à doit, et non pas à pouvoir fédéral, comme il le semblerait pourtant, à la façon dont la phrase est construite : en dépit de ce que paraissent affirmer les journalistes, le Bloc ne souhaite pas, je pense, qu'on limite le pouvoir fédéral d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel.

Comment régler le problème? En fait c'est très simple, il suffit de supprimer la préposition devant accorder :

Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser [...] c'est-à-dire, pour le Bloc, accorder au Québec...

* * * * *

« Mais notre opposition et notre manque de confiance envers M. Harper concernant les politiques étrangères de son gouvernement sont bien connues. » (Les auteurs citent Jack Layton.)

Les politiques étrangères du gouvernement conservateur sont sans doute bien connues du parti que dirige M. Layton, mais ce n'est pas l'idée qu'il exprime ici : il parle d'opposition et de manque de confiance. Or, dans manque de confiance, il y a le nom féminin confiance, mais ce n'est pas lui qui est le noyau du groupe sujet : M. Layton ne signale évidemment pas la confiance du NPD à l'égard de M. Harper, mais plutôt le manque de confiance. Le participe passé du verbe connaître est donc attribut de deux sujets, l'un féminin (opposition) et l'autre masculin (manque de confiance) :

Mais notre opposition et notre manque de confiance [...] sont bien connus.

* * * * *

« Stéphane Dion juge que le Bloc cherche par tous les moyens _ déclencher des élections au plus vite. »

... le Bloc cherche [...] à déclencher...

 * * * * *

« ... le chef du Bloc québécois [...] a fait le bilan de la première année du gouvernement Harper et jugé du respect de ses engagement_ envers le Québec. »

Line Gingras
Québec

« Afghanistan : le Bloc menace le gouvernement Harper » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124686.html

12 décembre 2006

Maladie extrêmeme

« Jusqu'au début de la présente année, le très-extrêmemement-malade Pinochet s'est employé à frauder. » (Serge Truffaut.)

Dommage : l'ironie serait plus efficace, en ce qui me concerne, s'il n'y avait pas une syllabe de trop.

Line Gingras
Québec

« Sans peine » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124635.html

Et moi, je vous dit...

Conjugaison du verbe dire à la première personne du présent de l'indicatif; grammaire française; orthographe.

« "Vous auriez une bonne chance de gagner, a-t-il dit. Si vous décidez de vous présenter aux prochaines élections, monsieur Fournier, je fais comme les gens du théâtre et vous dit : Merde!" » (Richard Martineau.)

... je fais [...] et vous dis...

Line Gingras
Québec

« Message à Guy Fournier » : http://martineau.blogue.canoe.ca/2006/12/09/