13 août 2011
Soigner les malheurs, le malheur? Partager ses semblables?
- « Un homme auparavant indéniablement sensible au malheur de ses semblables, porté à les soigner, voire à les partager, y devient soudain aveugle dès qu'il s'agit de certains d'entre eux, au point de prendre le risque d'aggraver la menace qui pèse sur eux. »
(Henri Godard cité par Chantal Guy, dans La Presse du 13 août 2011. Il est question de Louis-Ferdinand Céline, qui était médecin. M. Godard a rédigé une biographie de Céline, publiée chez Gallimard.)
Un médecin est idéalement porté à soigner ses semblables; mais je ne pense pas qu'il puisse les partager, même s'il peut partager leurs malheurs. Et peut-il vraiment soigner leurs malheurs – ou leur malheur? Les deux verbes doivent pourtant avoir le même complément, auquel le pronom personnel doit renvoyer sans équivoque. On aurait pu écrire :
Un homme auparavant indéniablement sensible aux souffrances de ses semblables, porté à les soulager, voire à les partager, y devient soudain aveugle dès qu'il s'agit de certains d'entre eux, au point de prendre le risque d'aggraver la menace qui pèse sur eux.
Un homme auparavant indéniablement sensible à la souffrance de ses semblables, porté à la soulager, voire à la partager, y devient soudain aveugle dès qu'il s'agit de certains d'entre eux, au point de prendre le risque d'aggraver la menace qui pèse sur eux.
Un homme auparavant indéniablement sensible à la souffrance des autres, porté à la soulager, voire à la partager, y devient soudain aveugle dès qu'il s'agit de certains de ses semblables, au point de prendre le risque d'aggraver la menace qui pèse sur eux.
Line Gingras
Québec
« L'ivresse des mots » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/chantal-guy/201108/13/01-4425723-livresse-des-mots.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_chantal-guy_3760_section_POS1
15:32 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, littérature française
07 août 2011
Elle n'est pas habituée avec cela
Être habitué avec quelque chose, être habitué à quelque chose; grammaire française; syntaxe du français.
- Même si elle est engagée au PLC depuis de nombreuses années — elle a été députée entre 1984 et 2004 —, il y a toujours des choses avec lesquelles elle n'est pas habituée.
(PC, dans Le Devoir du 28 juillet 2011.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, on est habitué à quelque chose :
Ils sont habitués au bruit. (Petit Robert.)
Il est habitué à de tels spectacles et il n'y fait plus attention. (Lexis.)
Je ne suis pas encore assez habitué à ce poison pour en supporter une dose. (Pagnol, dans le Lexis.)
[...] il [l'étranger] semblait habitué à l'allure noble qu'on appelle ironiquement un pas d'ambassadeur [...] (Balzac dans le Trésor, à l'article « ambassadeur ».)
Quand on était un peu habitué à ces ténèbres de chapelle, on distinguait sur son visage [...] (Proust dans le Trésor, à l'article « attendri ».)
Il fallait écrire :
Même si elle est engagée au PLC depuis de nombreuses années — elle a été députée entre 1984 et 2004 —, il y a toujours des choses auxquelles elle n'est pas habituée.
Line Gingras
Québec
« Sheila Copps songe à la présidence du Parti libéral » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/328273/sheila-co...
04:38 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
06 août 2011
Elle a beau dire, mais...
Avoir beau; grammaire française; syntaxe.
- Déjà les frais de ce dernier rêve romantique de BHL dépasse 1 milliard de dollars pour Washington.
(John R. MacArthur, dans Le Devoir du 1er août 2011.)
Ce sont les frais qui dépassent le milliard de dollars.
- La majorité démocrate au Sénat a beau dire que la diminution des forces militaires outre-mer au cours des prochaines années va entraîner d'énormes économies, mais c'est un leurre.
La locution avoir beau, suivie de l'infinitif, s'emploie au sens de bien que ou exprime l'idée que l'on fait quelque chose en vain. La proposition qui suit n'est donc pas introduite par la conjonction mais :
Il a beau être tard, je vais me mettre en route. (Lexis.)
J'ai beau crier, il ne m'entend pas. (Petit Robert.)
On a beau dire, ce n'est pas si mal que cela. (Petit Robert.)
Elle avait beau se lever tôt, elle arrivait toujours en retard. (Multidictionnaire.)
Ils eurent beau se plaindre, on ne les écouta pas. (Hanse-Blampain.)
J'ai eu beau donner de la voix, personne, hélas, n'est venu me détacher. (Camus, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
J'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé de solution. (Sagan, dans le Trésor.)
Vous avez eu beau vous entourer de précautions, nous voilà classés comme anticommunistes [...] (Beauvoir, dans le Trésor.)
La majorité démocrate au Sénat a beau dire que la diminution des forces militaires outre-mer au cours des prochaines années va entraîner d'énormes économies, mais c'est un leurre.
Line Gingras
Québec
« La vraie folie » : http://www.ledevoir.com/international/etats-unis/328492/l...
04:42 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
04 août 2011
Ils se sont fait remboursé des iPad
- M. Bergeron dénonçait plus précisément que le conseil général d'Union Montréal ait coûté 62 000 $ aux citoyens et que des élus de la bannière du maire Tremblay et se soient fait remboursé des iPad et des ordinateurs portables, alors que des ordinateurs leur sont déjà fournis dans leur arrondissement.
(Mélissa Guillemette, dans Le Devoir du 28 juillet 2011.)
On écrirait : Ils se sont fait offrir des iPad. Il fallait donc l'infinitif :
M. Bergeron dénonçait plus précisément que le conseil général d'Union Montréal ait coûté 62 000 $ aux citoyens et que des élus de la bannière du maire Tremblay et se soient fait rembourser des iPad et des ordinateurs portables, alors que des ordinateurs leur sont déjà fournis dans leur arrondissement.
Line Gingras
Québec
« Soutien aux élus – Union Montréal approuve les dépenses partisanes » : http://www.ledevoir.com/politique/montreal/328276/soutien...
05:23 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
03 août 2011
D'autres processus en jeux
En jeux, en jeu; orthographe.
- Trois semaines après le colmatage de la fuite, la nappe de pétrole s'était disloquée. Se trouve-t-elle aujourd'hui sous l'eau? Les dispersants l'ont-ils diluée? S'est-elle évaporée? Où encore... les microbes l'ont-elle mangé?
(Amélie Daoust-Boisvert, dans Le Devoir du 3 août 2011.)
On se demande si la nappe de pétrole s'est évaporée ou bien si les microbes ont mangé la nappe de pétrole, s'ils l'ont mangée :
Ou encore... les microbes l'ont-ils mangée?
- « Devant nos résultats, on ne peut que penser qu'elles ont eu un grand rôle à jouer, même s'il y a d'autres processus en jeux, comme l'évaporation du pétrole », dit M. Van Mooy.
L'expression en jeu, utilisée au sens de « qui intervient », « en action », est invariable, d'après les exemples que j'ai vus dans le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé :
Les forces en jeu. (Petit Robert et Lexis.)
Des moulins à eau mis en jeu par une petite rivière. (Nerval, dans le Trésor.)
Facteurs qui entrent en jeu dans une affaire. (Petit Robert.)
« L'entrée en jeu des troupes américaines! » (Martin du Gard dans le Trésor, à l'article « entrée ».)
De puissantes protections entraient évidemment en jeu. (Yourcenar, dans le Lexis.)
On pouvait écrire :
« Devant nos résultats, on ne peut que penser qu'elles ont eu un grand rôle à jouer, même s'il y a d'autres processus en jeu, comme l'évaporation du pétrole », dit M. Van Mooy.
J'éviterais cependant la répétition :
« Devant nos résultats, on ne peut que penser qu'elles ont eu un grand rôle à jouer, même si d'autres processus sont intervenus, comme l'évaporation du pétrole », dit M. Van Mooy.
Line Gingras
Québec
« Marée noire : des chercheurs dénichent des bactéries affamées de pétrole » : http://www.ledevoir.com/societe/science-et-technologie/32...
05:00 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
28 juillet 2011
Professeur en sociologie
Professeur en ou professeur de; emploi de la préposition avec le nom professeur.
- Un parfum de Mai 68 est dans l'air, croit Robin Archer, professeur en sociologie à la London School of Economics.
(Mali Ilse Paquin, dans La Presse du 26 mars 2011.)
D'après les nombreux exemples que donnent le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé, consultés à l'article « professeur », on emploie la préposition de, après le nom professeur, pour indiquer la discipline enseignée :
Professeur de mathématiques, d'anglais, de gymnastique. (Petit Robert.)
Une professeure de biologie, un professeur de piano. (Multidictionnaire.)
Professeur de français, de chimie, d'histoire, de géographie, de philosophie, de médecine, de théologie, de droit, de musique, de ski, de judo. (Trésor.)
Son père, ancien professeur de physique à Saint-Louis [...] (Theuriet, dans le Trésor.)
Sitôt, il se mit en quête d'un professeur de dessin [...] (Péladan, dans le Trésor.)
Je conseillerais donc d'écrire :
Un parfum de Mai 68 est dans l'air, croit Robin Archer, professeur de sociologie à la London School of Economics.
J'ai vu aussi le Lexis et le Hanse-Blampain, où je n'ai rien trouvé d'utile.
Line Gingras
Québec
« "Marcher comme un Égyptien" à Londres » : http://www.cyberpresse.ca/international/correspondants/20...
01:47 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
24 juillet 2011
Scelle de bicyclette
- De retour en scelle, direction le Kastellet, une forteresse en forme d'étoile située au cœur de Copenhague.
(Ariane Lacoursière, dans La Presse du 24 juillet 2011.)
Une bicyclette est munie d'une selle :
Rehausser la selle d'un vélo. (Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« Copenhague : pédaler sans soucis » : http://www.cyberpresse.ca/voyage/destinations/europe/dane...
22:31 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
16 juillet 2011
Départager la froideur à la chaleur
- [...] la direction artistique prend grand soin de départager la froideur architecturale de l'univers de l'héroïne à la chaleur de son enfance à l'indigence proprette [...]
(André Lavoie, dans Le Devoir du 16 juillet 2011.)
D'après les exemples que donnent le Petit Robert et le Trésor de la langue française informatisé, on peut départager, au sens de séparer ou de distinguer nettement, des personnes ou des choses; on peut aussi départager une personne ou une chose et une autre, une personne ou une chose d'une autre :
[...] un filet haut tendu qui départage les deux camps. (Gide, dans le Petit Robert.)
[...] le besoin de juger, de départager les bons et les méchants. (Siegfried, dans le Petit Robert.)
Bien sage qui saurait départager le bien du mal. (Saint-Exupéry, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
La construction avec la préposition à me paraît incorrecte; elle ne figure d'ailleurs pas dans les ouvrages que j'ai consultés, à l'article « départager » (j'ai vu aussi le Lexis, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, où je n'ai cependant rien trouvé d'utile). On pouvait écrire :
[...] la direction artistique prend grand soin de départager la froideur architecturale de l'univers de l'héroïne et la chaleur de son enfance à l'indigence proprette [...]
[...] la direction artistique prend grand soin d'opposer la froideur architecturale de l'univers de l'héroïne à la chaleur de son enfance à l'indigence proprette [...]
Line Gingras
Québec
« Les vieux rêves » : http://www.ledevoir.com/culture/cinema/327508/les-vieux-r...
03:31 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 juillet 2011
La contre-attaque ne s'est pas faite attendre
- La contre-attaque de Liliane Bettencourt ne s'est pas faite attendre.
(Chloé Woitier dans le site du Figaro, 12 juin 2011.)
Comme j'ai déjà eu l'occasion de le signaler, le participe passé du verbe faire, suivi d'un infinitif, est toujours invariable :
Ils se sont fait obéir. (Hanse-Blampain.)
La contre-attaque de Liliane Bettencourt ne s'est pas fait attendre.
Line Gingras
Québec
« Les Bettencourt se déchirent à nouveau » : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/06/12/01016-...
04:18 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
14 juillet 2011
Ils se sont fait les complices...
Ils se sont fait les complices, ils se sont faits les complices; elles se sont fait les complices, elles se sont faites les complices; elle s'est fait la complice, elle s'est faite la complice; se faire + attribut, accord du participe passé du verbe pronominal; grammaire française; orthographe d'accord.
- En fait, ces proximités ont surtout révélé que Cameron et ses prédécesseurs se sont fait les complices du nivellement par le bas [...]
(Serge Truffaut, dans Le Devoir du 14 juillet 2011.)
Le participe passé du verbe pronominal se faire, employé au sens de devenir, s'accorde avec le sujet :
Ils se sont faits marins. (Multidictionnaire.)
Bientôt ils se sont faits plus conciliants. (Hanse-Blampain.)
Elle s'est faite la protectrice des réfugiés. (Hanse-Blampain, à l'article « écho ».)
... Cameron et ses prédécesseurs se sont faits les complices...
Line Gingras
Québec
« Scandale à l'anglaise – "Citizen Murdoch" » : http://www.ledevoir.com/societe/medias/327323/scandale-a-...
05:48 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
12 juillet 2011
Mâter l'insurrection
Mâter et mater; orthographe.
- Six ans plus tard, l'insurrection est loin d'être mâtée.
(Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 9 juillet 2011.)
M. Descôteaux a certainement récité, jadis :
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire loup l'eût fait volontiers.
Mais il fallait livrer bataille;
Et le mâtin était de taille
À se défendre hardiment.
(La Fontaine, Le loup et le chien.)
Un « grand et gros chien de garde ou de chasse » est un mâtin, d'après le Petit Robert. Mieux vaut toutefois ne pas essayer de le mâter : au sens de dompter, dresser (un être, une collectivité) ou de réprimer, abattre (quelque chose), on emploie le verbe mater, sans accent circonflexe :
Mauvais garnement qu'il faut mater. (Petit Robert.)
Mater une révolte. (Petit Robert.)
Il fallait écrire :
Six ans plus tard, l'insurrection est loin d'être matée.
Line Gingras
Québec
« Afghanistan – Ce que cela a changé » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/327082/afghanist...
01:41 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
10 juillet 2011
Nous ne méritons pas tous ce fric
Tous et tout; grammaire française; orthographe.
- [...] né le 24 août 1988, il avait 12 ans lors du tournage de Harry Potter à l'école des sorciers. Il en a maintenant presque 23 ans.
(Sonia Sarfati à propos de Rupert Grint, dans La Presse du 9 juillet 2011.)
Il était facile d'éviter le pléonasme :
... né le 24 août 1988, il avait 12 ans lors du tournage de Harry Potter à l'école des sorciers. Il en a maintenant presque 23 ans.
- [...] il a avoué au journal The Observer qu’il dépensait « beaucoup dans des trucs stupides [...] Qu’êtes-vous censé faire avec tout cet argent? Nous ne méritons pas tous ce fric, surtout pour ce que nous faisons. »
Deux choses à signaler :
Premièrement, je lis dans Le français au bureau (sixième édition, page 496) : « Lorsque le début d'une citation est fondu dans le texte, mais qu'elle se termine par une phrase complète, le point final est mis à l'extérieur des guillemets. »
Deuxièmement, je ne pense pas que l'interprète du personnage de Ron Weasley ait voulu accuser certains de ses camarades de ne pas mériter l'argent qu'ils gagnent; il a voulu dire, plutôt, que c'était beaucoup trop d'argent pour la somme de travail demandée (ou pour la nature de ce travail, sa difficulté...).
Il fallait écrire :
[...] il a avoué au journal The Observer qu'il dépensait « beaucoup dans des trucs stupides [...] Qu’êtes-vous censé faire avec tout cet argent? Nous ne méritons pas tout ce fric, surtout pour ce que nous faisons ».
Line Gingras
Québec
« Harry Potter : les trois mousquetaires » : http://moncinema.cyberpresse.ca/nouvelles-et-critiques/en...
03:09 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
08 juillet 2011
Ils ne sont pas ni connus ni expérimentés
Ni et pas; grammaire française; syntaxe du français.
- Le maire Régis Labeaume (à droite) a fermé la porte de l'hôtel de ville aux nouveaux députés du NPD de la région qui voulait assister à la visite de Kate et William (à gauche) à Québec, dimanche.
(Légende de la photographie accompagnant un article de Gilbert Lavoie, dans Le Soleil du 7 juillet 2011. Les exemples cités plus bas sont tirés du texte même de l'article.)
Ce n'est pas la région qui voulait assister à la visite, mais les nouveaux députés du NPD : voulaient.
* * * * *
- Une situation dont le maire de Québec n'avait pas besoin après ses démêlées avec Josée Verner et les conservateurs pendant la campagne électorale.
Démêlé est un nom masculin :
Ils ont eu un démêlé à propos d'héritage. (Petit Robert.)
Avoir des démêlés avec quelqu'un, avec la justice. (Petit Robert.)
Une situation dont le maire de Québec n'avait pas besoin après ses démêlés avec Josée Verner...
* * * * *
- Comme il s'agissait d'un événement municipal, c'est la ville qui avait le plus grand nombre d'invités [...]
Le nom désigne manifestement, ici, l'administration municipale; il prend donc la majuscule, selon Marie-Éva de Villers :
... c'est la Ville qui avait le plus grand nombre d'invités...
* * * * *
-
Tout le monde pouvait être accompagné, à l'exception, cela va de soit, des autorités religieuses...
Au contraire de ce que pense le journaliste, cela ne va pas de soit : comme j'ai déjà eu l'occasion de le signaler, la locution s'écrit cela va de soi, sans « t ». Consulter par exemple le Petit Robert ou le Multidictionnaire, à l'article « soi ».
* * * * *
- Question de lui faire comprendre que même s'ils ne sont pas encore ni connus ni expérimentés, ses députés sont quand même les représentants du Québec et de la Ville de Québec à Ottawa.
Hanse et Blampain font observer que la conjonction ni est incompatible avec pas. On pouvait écrire :
... même s'ils ne sont pas encore ni connus ni expérimentés...
... même s'ils ne sont pas encore ni connus ni expérimentés...
* * * * *
-
[...] a-t-il conclu, avec comme seule bémol la gestion des « crises de nerfs » du maire de Québec.
Bémol est un nom masculin :
... avec comme seul bémol...
Line Gingras
Québec
« La visite royale crée un froid entre le NPD et Labeaume » : http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/politique/...
07:54 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
05 juillet 2011
Comment les choses se sont passé
- Il veut s'excuser pour la peine causée et raconte comment les choses se sont passé le soir du drame.
(Christiane Desjardins, dans La Presse du 30 juin 2011.)
Se passer est ici un pronominal subjectif : le verbe ne s'utilise pas uniquement à la forme pronominale; cependant, lorsque c'est le cas et qu'il est employé au sens de se dérouler, le pronom réfléchi n'a d'autre fonction que d'indiquer cette forme. Le participe passé d'un pronominal subjectif s'accorde avec le sujet. (Les quelques pronominaux subjectifs dont le participe passé reste invariable sont des verbes qui n'admettent jamais de complément d'objet direct lorsqu'ils sont à la forme active. Exemple : se rire.)
Il fallait écrire :
Il veut s'excuser pour la peine causée et raconte comment les choses se sont passées le soir du drame.
Line Gingras
Québec
« Chronologie de l'affaire Guy Turcotte » : http://www.cyberpresse.ca/actualites/dossiers/proces-de-g...
05:16 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
03 juillet 2011
Ils parcoureront le Canada
Ils parcoureront, ils parcourront; grammaire française; orthographe.
- Kate et William parcoureront le Canada en neuf jours
(Titre d'un article de Luc Fournier, dans Le Soleil du 30 juin 2011.)
Il n'existe pas de verbe parcourer. À la troisième personne du pluriel du futur simple de l'indicatif, le verbe parcourir fait parcourront :
Kate et William parcourront le Canada en neuf jours
Line Gingras
Québec
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/visite-royal...
02:52 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
28 juin 2011
Un navire turque
- L'année dernière, au printemps, une mission semblable s'était terminée tragiquement. Neuf personnes avaient alors été tuées et 45 avaient été blessées après que des soldats israéliens eurent abordé un navire turque.
(Benjamin Shingler, PC, dans Cyberpresse, 19 juin 2011.)
... après que des soldats israéliens eurent abordé un navire turc.
Turque est un adjectif féminin.
Line Gingras
Québec
« Quatre Québécois se joindront à la flottille vers Gaza » : http://www.cyberpresse.ca/international/moyen-orient/2011...
03:22 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 juin 2011
Elle déciderait que la question soit posée
Décider que + indicatif ou subjonctif; grammaire française.
- Elle fut suivi d'un projet de réforme [...]
(Légende de la photographie accompagnant un article d'Antoine Robitaille, dans Le Devoir du 25 juillet 2011. Les exemples cités plus bas sont tirés du texte même de l'article.)
Elle fut suivie d'un projet de réforme...
- [...] d'autres préférerait peut-être [...]
... d'autres préféreraient peut-être...
- [...] déciderait que la question soit de nouveau posée au peuple.
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, décider que se construit avec l'indicatif ou le conditionnel :
Elle a décidé qu'elle sera ou serait présente. (Multidictionnaire.)
L'assemblée décidait que l'échafaud serait dressé de nouveau sur la place de la Révolution. (France, dans le Petit Robert.)
Le Hanse-Blampain fait la remarque suivante : « Éviter le subjonctif, qui assimile décider à vouloir en laissant un plus grand doute sur l'exécution. »
Il fallait écrire :
... déciderait que la question serait de nouveau posée au peuple.
- Un référendum pourrait être déclenché quel que soit le parti au pouvoir. Même François Legault et sa Coalition pour l'avenir du Québec auraient gagné à proposer une telle mesure, croit Legault : « J'ai eu de franches discussions avec lui là-dessus », raconte M. Guay, qui ne comprend pas pourquoi l'ex-ministre s'entête à prôner un moratoire de 10 ans sur cette question.
Euh... Ou bien je ne comprends rien à rien, ou bien M. Robitaille a été distrait; ce passage n'a de sens que si c'est M. Guay qui estime que M. Legault aurait dû proposer la mesure :
Un référendum pourrait être déclenché quel que soit le parti au pouvoir. Même François Legault et sa Coalition pour l'avenir du Québec auraient gagné à proposer une telle mesure, croit M. Guay : « J'ai eu de franches discussions avec lui là-dessus », raconte ce dernier, qui ne comprend pas pourquoi l'ex-ministre s'entête à prôner un moratoire de 10 ans sur cette question.
Line Gingras
Québec
« La question nationale – La fin de la "grille Meech"? » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/326223/la-questi...
02:15 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
26 juin 2011
Qui était les vrais de vrais
Elle s'est enthousiasmé, elle s'est enthousiasmée; ils se sont enthousiasmé, ils se sont enthousiasmés; elles se sont enthousiasmé, elles se sont enthousiasmées; s'enthousiasmer, accord du participe passé du verbe pronominal; grammaire française; orthographe d'accord.
- « Je suis une vraie! J'aime ça les gros partys comme ça. C'est la seule chance que nous avons de célébrer qui nous sommes », s'est enthousiasmé l'octogénaire Denyse Robinson [...]
(Lisa-Marie Gervais, dans Le Devoir du 25 juin 2011.)
Le participe passé du verbe pronominal s'enthousiasmer, nous dit Marie-Éva de Villers, « s'accorde toujours en genre et en nombre avec le sujet » :
... s'est enthousiasmée l'octogénaire Denyse Robinson...
- [...] en invitant la foule à chanter « Gens du pays » pour souligner la l'anniversaire de Robert Charlebois, le 25 juin.
- Après la débandade du Bloc québécois aux dernières élections fédérales, les défections au Parti québécois qui lui fait battre de l'aile [...]
... les défections au Parti québécois qui lui font battre de l'aile...
- Même qu'elle a permis de voir qui était les « vrais de vrais », a rigolé Pierre Halpin...
Qui, pronom interrogatif, est attribut du sujet inversé les « vrais de vrais », avec lequel le verbe être doit s'accorder. Hanse et Blampain proposent les exemples suivants : Qui sont ces enfants? Qui étaient ces dames? On aurait dit d'ailleurs : Même qu'elle a permis de voir qui sont les « vrais de vrais ».
Il fallait écrire, par conséquent :
Même qu'elle a permis de voir qui étaient les « vrais de vrais », a rigolé Pierre Halpin...
- L'artiste très apprécié des Québécois a raconté l'avoir écrite au sortir de la crise d'Octobre, marqué qu'il était par ces tristes événement qui lui avaient foutu « les boules au ventre ».
... ces tristes événements...
- J'ai roulé pendant des miles [...] a expliqué au Devoir Claude Gauthier, dans sa loge peu de temps avant le spectacle.
Le chansonnier a-t-il vraiment dit miles, à l'anglaise, plutôt que milles? J'en doute :
J'ai roulé pendant des milles...
- Quant au spectacle, il s'est terminé deux heures après avoir début, top chrono. Il était possible d'en voir la diffusion à la télé sur les ondes de Radio‑Canada, différé d'une demi-heure.
... deux heures après avoir débuté...
C'est la diffusion qui a été différée.
L'article de madame Gervais a dû être mis en ligne sans avoir été relu.
Line Gingras
Québec
« Fêter et danser, d'ondée en ondée » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/326...
04:15 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
25 juin 2011
Empêcher aux gens d'acheter des pillules
Empêcher à quelqu'un de faire quelque chose, empêcher quelqu'un de faire quelque chose; pillule, pilule; grammaire française; syntaxe du français; orthographe.
- Son ami, Simon White, 20 ans, estime que l'ampleur des problèmes de sécurité a été exagéré par la Ville. « Il y a une personne qui s'est fait poignardée l'année passée, et tout le monde paye pour ça », a-t-il dit.
(Marc Allard, dans Le Soleil du 24 juin 2011.)
... l'ampleur des problèmes de sécurité a été exagérée...
On écrirait : Il y a une personne qui s'est fait prendre l'an dernier. C'est que le verbe pronominal se faire doit être suivi d'un infinitif :
Il y a une personne qui s'est fait poignarder l'année passée...
- [...] elle a bu de la bière dans des verres de la plastique toute la soirée.
... dans des verres de la plastique..., évidemment.
- [...] ne digéraient pas du tout la décision de la Ville d'empêcher aux gens d'apporter leur bière [...]
On interdit à quelqu'un de faire quelque chose, mais on empêche quelqu'un de faire quelque chose, dans la langue moderne :
Empêchez-les de se battre! (Petit Robert.)
Je l'empêcherai bien de vous nuire. (Hanse et Blampain.)
C'est pour ça qu'il a pris son fusil, dis-je. Pour l'empêcher d'entrer. (Simon, dans le Lexis.)
On a mis une balustrade pour empêcher les gens de tomber. (Lexis.)
Une migraine horrible l'empêchait presque de parler. (Constant, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il fallait écrire :
... ne digéraient pas du tout la décision de la Ville d'empêcher les gens d'apporter leur bière...
- « Des gars qui sniffent de la poudre sur le trottoir, des deals de pillules, des gros sacs de mush... »
Le journaliste a sans doute repris fidèlement les termes utilisés par la personne interviewée, mais cela ne le dispensait pas d'en vérifier l'orthographe :
... des deals de pilules...
Line Gingras
Québec
« Fête nationale : des jeunes déçus et en colère contre Labeaume » : http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/justice-et...
02:00 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
24 juin 2011
L'employée d'un dépanneur située...
- L’employée d’un dépanneur située juste à l’extérieur du périmètre disait avoir été avisée que tous les parcs environnants seraient sous haute surveillance.
(Isabelle Porter, dans Le Devoir du 23 juin 2011.)
L'employée a été avisée, fort bien; mais c'est le dépanneur qui est situé juste à l'extérieur du périmètre.
- Consciente de ces tensions, la ville de Québec a d’ailleurs pris la peine [...]
Il faut mettre la majuscule à ville lorsque ce nom désigne l'administration urbaine (voir le Multidictionnaire) :
Consciente de ces tensions, la Ville de Québec a d’ailleurs pris la peine [...]
- « [...] J’ai eu peur de ce qui aurait pu arriver et cette année, j’ai peur encore ».
Cette dernière phrase d'une citation termine aussi l'article. Comme il s'agit d'une phrase complète, le guillemet fermant doit se mettre après le point final :
« [...] J'ai eu peur de ce qui aurait pu arriver et cette année, j'ai peur encore. »
Line Gingras
Québec
« Fête nationale : Québec sous tension » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/326...
01:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
18 juin 2011
Ils les assènent de coups
Assener quelqu'un de coups, asséner des coups à quelqu'un; construction du verbe assener ou asséner; grammaire française; syntaxe du français.
- Au passage, M. Chu a remercié les bons samaritains qui ont tenté de calmer les ardeurs de la foule. Dans certaines vidéos, ces citoyens subissent la violence des émeutiers en état d'ébriété, qui les assènent de coups [...]
(PC dans Cyberpresse, 17 juin 2011.)
D'après le résultat de mes recherches (j'ai consulté le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé), on n'assène pas quelqu'un de coups, mais on assène une gifle, des coups, des injures, etc. à quelqu'un :
Quand je voulais plaisanter, j'assenais aux autres, sans l'avoir voulu, des coups qu'ils ne me pardonnaient pas. (Mauriac, dans le Lexis.)
Quand on disait doucement la vérité à Pierre, il se méfiait, il fallait la lui asséner avec violence, pour étourdir et paralyser les soupçons. (Sartre, dans le Trésor.)
Il fallait écrire :
Dans certaines vidéos, ces citoyens subissent la violence des émeutiers en état d'ébriété, qui leur assènent des coups [...]
Line Gingras
Québec
« Vancouver : un premier émeutier se rend à la police » : http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/nation...
06:53 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias