24 octobre 2011
Une mode de fonctionnement publique
- Selon le décret adopté par le conseil des ministres, la commission utilisera deux modes de fonctionnement. L'une à huis clos « pour recueillir toute information pertinente ». Une autre, publique, « pour recevoir les témoignages d'experts [...] ».
(Tommy Chouinard, dans La Presse du 19 octobre 2011.)
On ne parle pas ici de manières de vivre ou de se vêtir qui répondent au goût du jour, mais de formes particulières sous lesquelles « se présente un fait, s'accomplit une action », d'après la définition du Petit Robert :
La mémoire est-elle un mode de communication entre le moi actuel et le moi passé? (Marcel, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il fallait que le chef de l'État fût, par le mode de son élection, sa qualité, ses attributions, en mesure de remplir une fonction d'arbitre national. (De Gaulle, dans le Trésor.)
J'écrirais :
Selon le décret adopté par le conseil des ministres, la commission utilisera deux modes de fonctionnement. L'un à huis clos, « pour recueillir toute information pertinente ». L'autre, public, « pour recevoir les témoignages d'experts [...] ».
L'autre plutôt que un autre, parce que la présence de l'un appelle à mon avis celle de l'autre.
Line Gingras
Québec
L'article a été modifié depuis que j'ai noté le passage à l'étude.
17:38 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
20 octobre 2011
Elle ne s'est pas laissée dévorer par le loup
Se laisser + infinitif, accord du participe passé; elle s'est laissée dévorer, elles se sont laissées dévorer, ils se sont laissés dévorer; elle s'est laissé dévorer, elles se sont laissé dévorer, ils se sont laissé dévorer; grammaire française; orthographe d'accord.
- Tristane est une jeune femme gracile, sans doute ambitieuse, sans doute un peu inconsciente des codes parisiens, avec pour tout viatique ses yeux bleus couleur lac gelé et sa silhouette gracile d'adolescente grandie trop vite.
(Françoise Laborde, dans Le Devoir du 15 octobre 2011.)
Gracile, c'est très joli, mais une fois suffit :
Tristane est une jeune femme gracile, sans doute ambitieuse, sans doute un peu inconsciente des codes parisiens, avec pour tout viatique ses yeux bleus couleur lac gelé et sa silhouette gracile d'adolescente grandie trop vite.
Tristane est une jeune femme gracile, sans doute ambitieuse, sans doute un peu inconsciente des codes parisiens, avec pour tout viatique ses yeux bleus couleur lac gelé et sa silhouette gracile d'adolescente grandie trop vite.
* * * * *
- Tristane voulait être journaliste, écrivain, sortir des sentiers tracés pour elle par une mère introduite dans le milieu de la gauche parisienne, marquée aussi par l'absence d'un père parti après sa naissance. Mais peu importe l'histoire de Tristane.
À quoi se rapporte le participe marquée? Étant donné la construction de la phrase, on est d'abord tenté, un court instant, de le rattacher à une mère, cet élément étant déjà accompagné du participe introduite. Mais ce n'est évidemment pas ce que madame Laborde a voulu dire : c'est Tristane, la fille, qui a été marquée par l'absence d'un père parti après sa naissance. Je suggérerais :
Marquée par l'absence d'un père parti après sa naissance, Tristane voulait être journaliste, écrivain, sortir des sentiers tracés pour elle par une mère introduite dans le milieu de la gauche parisienne.
* * * * *
- Vous n'avez pas fait comme la chèvre de Monsieur Seguin : vous ne vous êtes pas laissée dévorer par le loup.
Le participe passé du verbe se laisser doit rester invariable dans cette phrase, pour une double raison :
- Selon la grammaire traditionnelle, on respecte la règle suivante, énoncée dans le Multidictionnaire : « Le participe passé de la forme pronominale suivi d'un infinitif s'accorde avec le complément direct lorsque celui-ci fait l'action exprimée par l'infinitif. » Bien entendu, ce n'est pas Tristane Banon, représentée par le pronom vous, qui aurait fait l'action de dévorer.
- Selon les rectifications de l'orthographe, on n'a même pas à se poser de question : « Le participe passé laissé suivi d'un infinitif est invariable (avec l'auxiliaire avoir ou en emploi pronominal), comme c'était déjà le cas pour le participe passé de faire. » (Grand vadémécum de l'orthographe moderne recommandée.)
Peu importe la règle que l'on décide de suivre, il faut écrire :
Vous n'avez pas fait comme la chèvre de Monsieur Seguin : vous ne vous êtes pas laissé dévorer par le loup.
Line Gingras
Québec
« DSK – La triste affaire Tristane Banon » : http://www.ledevoir.com/societe/justice/333665/dsk-la-tri...
20:25 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
14 octobre 2011
Une belle bâtisse
La haute et la basse villes, la haute et la basse ville; carré, anglicisme au sens de place; tout une expérience, toute une expérience.
- Mention spéciale au Pinchuk Art Centre, en plein centre-ville, qui offre depuis 2008 des expositions d'art contemporain ukrainien et étranger dans une bâtisse dont la beauté culmine au SkyArt Cafe.
(Mélissa Guillemette, dans Le Devoir du 8 octobre 2011.)
Une bâtisse, nous dit le Petit Robert, est un « bâtiment de grandes dimensions (parfois avec l'idée de laideur) ». Marie-Éva de Villers écrit : « Ce nom a un sens parfois négatif; on lui préférera les mots immeuble ou édifice. »
Étant donné la valeur architecturale du bâtiment, dont une photographie illustre l'article de madame Guillemette, je parlerais ici d'un édifice. On peut consulter ce rappel utile du Bureau de la traduction de l'administration fédérale.
* * * * *
- Un autre site majeur est la descente Saint-André, le Montmartre de Kiev, qui relie la haute et la basse villes.
Je suis d'avis qu'il y a une seule ville de Kiev, comme il n'y a qu'une seule ville de Québec, même s'il existe une partie haute et une partie basse. Je ne vois pas ici une addition de villes, mais plutôt une ellipse :
[...] le Montmartre de Kiev, qui relie la haute [ville] et la basse ville.
Une recherche Google semble me donner raison. (Taper « la haute et la basse ville », puis « la haute et la basse villes », et comparer les résultats.)
* * * * *
- À l'image de Kiev, finalement : profondément fière de sa culture slave, mais de plus en plus tourné vers le monde.
Le genre des noms de villes n'est pas fixé. Mais si l'on décide de considérer Kiev comme un nom féminin (c'est ce que fait mon édition du Petit Robert des noms propres), il faut s'y tenir :
[...] Kiev fut prise et détruite par les Mongols [...]
Occupée par les Allemands (1941 – 1943), Kiev fut gravement endommagée.
À l'image de Kiev, finalement : profondément fière de sa culture slave, mais de plus en plus tournée vers le monde.
* * * * *
- Vous verrez immanquablement le carré de l'Indépendance [...] point de repère des manifestants lors de la Révolution orange de 2004.
On dirait bien une traduction littérale de l'anglais Independence Square; en français, comme le confirme une recherche Google, on dit plutôt place de l'Indépendance. (Voir le Multidictionnaire, à l'article « carré ».)
* * * * *
- Tout une expérience culturelle!
Tout est ici adjectif et variable, comme j'ai eu l'occasion de le signaler récemment :
Toute une expérience culturelle!
* * * * *
-
Les montagnes, les Carpates, sont une autre attraction majeure du pays. C'est là que se trouvent les maisons typiquement ukrainiennes et la nourriture la plus traditionnelle, en plus des montagnes.
Les montagnes se trouvent dans les montagnes. C'est bon à savoir.
Line Gingras
Québec
« Kiev en kaléidoscope » : http://www.ledevoir.com/art-de-vivre/voyage/333198/kiev-e...
17:14 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
12 octobre 2011
Tout une pente à remonter
- [...] la dizaine de journalistes présents, invités précieux pour un pays qui a tout une pente à remonter.
(Alexandre Shields, dans Le Devoir du 1er octobre 2011.)
Comme l'indiquent les exemples suivants, tirés du Petit Robert, tout est ici adjectif, et non adverbe; il doit donc s'accorder :
C'est toute une affaire, toute une histoire.
C'était toute une science. (Hugo.)
[...] la dizaine de journalistes présents, invités précieux pour un pays qui a toute une pente à remonter.
Line Gingras
Québec
« L'industrie touristique en Égypte – La longue traversée du désert » : http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/3...
02:57 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
11 octobre 2011
Comparer n'est pas comparaître
Comparaît, comparait.
- Dans une entrevue accordée en 2007, l'ancien greffier du Conseil privé et ex-p.-d.g. du CN, Paul Tellier, comparaît les deux secteurs.
(Manon Cornellier, dans Le Devoir du 28 septembre 2011.)
Nous n'avons pas affaire ici au présent de l'indicatif du verbe comparaître, mais à l'imparfait de l'indicatif du verbe comparer : comparait.
Line Gingras
Québec
« Un État ratatiné » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/332366/un-etat-r...
06:30 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
09 octobre 2011
Insolence irresponsable
- Georges-Émile Lapalme et Paul Guérin-Lajoie furent des visionnaires et ils commandent l'admiration de tous.
(Denise Bombardier, dans Le Devoir du 8 octobre 2011.)
L'admiration aurait dû commander, à mon sens, que l'on vérifie les noms : dans le deuxième cas, il s'agit de Paul Gérin-Lajoie*.
- [...] en ricanant devant ceux qui s'efforcent de la bien parler et en se comportant avec une insolence irresponsable à son égard, illustré par les responsables du FEQ [Festival d'été de Québec].
Ce n'est pas l'égard qui est illustré, mais l'insolence (à l'égard de la langue française) :
[...] en se comportant avec une insolence irresponsable à son égard, illustrée par les autorités du FEQ.
[...] en se comportant à son égard avec une insolence irresponsable, illustrée par les autorités du FEQ.
- Vers quel paysage culturel doit-on, alors, tourner notre regard pour y retrouver la justification de ce que l'on désigne du nom de société distinct?
Société distincte*.
Dénoncer l'insolence et l'irresponsabilité, oui. Craindre l'autosatisfaction, surtout.
Line Gingras
Québec
* Le 10 octobre à 22 h 50, je vois que la correction a été apportée.
« Quel avenir? » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/333212/quel-avenir
04:22 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue, Société | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
08 octobre 2011
Marchons, marchons!
- [...] l’ancien résistant et diplomate français nonagénaire Stephane Hessel [...]
(Antoine Robitaille, dans Le Devoir du 8 octobre 2011.)
Une recherche Google m'incite à croire que l'auteur de la plaquette Indignez-vous! s'appelle Stéphane Hessel*. Monsieur Robitaille utilise lui-même cette graphie plus loin; c'est d'ailleurs celle que je vois sur la couverture de la publication.
- Et voilà que des « indignés » américains occupent Wall Street, marche sur Washington, avec l’appui du financier George Soros!
Les « indignés » occupent Wall Street, marchent* sur Washington.
- [...] nos indignations risquent de tourner en simples sautes d'humeurs passagères.
D'après les résultats de recherches que j'ai déjà faites là-dessus, on écrit sautes d'humeur*, sans s à humeur.
- Aidez nous à capter les idées de notre ère [...]
Je veux bien, mais n'oublions pas le trait d'union : Aidez-nous*...
Line Gingras
Québec
* Le 9 octobre à 14 h 50, je vois que le texte a été corrigé.
« Les idées en l'ère – "Indignez-vous!" Oui, mais après? » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/333...
02:19 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
07 octobre 2011
Milles ampoules
Mille ou milles, adjectif numéral; grammaire française; orthographe.
- Est-ce le décor de marquise de cinéma aux milles ampoules?
(Sylvain Cormier, dans Le Devoir du 23 septembre 2011.)
Qu'il y ait mille ou dix mille ampoules, cela ne change rien au fait que mille, adjectif numéral, est invariable :
Est-ce le décor de marquise de cinéma aux mille ampoules?
(Cela dit, je veux bien croire que dix mille milles à pied, cela donne des ampoules, à madame la marquise tout spécialement.)
Line Gingras
Québec
« Karkwa et Arcade Fire à la place des Festivals – L'ombre et la lumière » : http://www.ledevoir.com/culture/musique/332037/karkwa-et-...
01:38 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
06 octobre 2011
Venir au bout du problème
Venir au bout du problème, venir à bout du problème.
- « [...] le gouvernement n'est pas encore venu au bout du problème ».
(Scott Vaughan, commissaire à l’environnement et au développement durable du Canada, cité par Manon Cornellier dans Le Devoir du 5 octobre 2011.)
Au bout du problème? Ne vient-on pas plutôt à bout d'un problème?
Il est venu à bout de son adversaire en trois sets. (Petit Robert.)
Il faut que les entreprises accélèrent leur mutation pour venir à bout du cancer qui ronge la profession [...] (La Croix, dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « sous-industrialisation ».)
Vérification faite au moyen de Google, on ne lit pas au bout du problème dans la déclaration de M. Vaughan* : « [...] le gouvernement n’est pas encore venu à bout du problème. » (C'est moi qui souligne.) Peut-être la version obtenue par la chroniqueuse était-elle différente.
Un autre jour, sans doute, nous irons au bout de l'arc-en-ciel.
Line Gingras
Québec
* La déclaration se trouve à l'adresse suivante : http://www.oag-bvg.gc.ca/internet/Francais/osm_20111004_f...
« Donner la juste mesure » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/332953/donner-la...
06:44 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
20 septembre 2011
Les sous-terrains de Montréal
Sous-terrain, souterrain; orthographe.
- Cette année, c'est jusque dans les sous-terrains de Montréal [...] que les artistes s'afficheront pour le plaisir de la galerie.
(Marie-Andrée Chouinard, dans Le Devoir du 14 septembre 2011.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé, il faut écrire les souterrains :
Les souterrains dans lesquels circulent les chemins de fer métropolitains ne sont autre chose que des tunnels. (Albitreccia, dans le Trésor.)
Le mot n'est pas visé par les rectifications de l'orthographe.
Line Gingras
Québec
« Démocratisation – La culture hors les murs » : http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/33...
02:26 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
13 septembre 2011
Attirer des organismes à financer des projets
Attirer à + infinitif; attirer quelqu'un ou quelque chose à + infinitif; grammaire française; syntaxe.
- [...] lancer de petits projets de recherche dont les résultats peuvent attirer les grands organismes subventionnaires à financer des projets prometteurs [...]
(Patrick Lagacé, dans La Presse du 21 août 2011.)
Aucun des ouvrages que j'ai consultés (Petit Robert, Multidictionnaire, Lexis, Trésor de la langue française informatisé; j'ai vu aussi le Hanse-Blampain, qui ne m'a pas été utile) n'admet la construction attirer quelqu'un ou quelque chose à faire quelque chose. On aurait pu employer le verbe inciter :
Sa réponse m'incite à penser qu'il est innocent. (Petit Robert.)
Ce premier succès l'incita à persévérer. (Lexis.)
[...] lancer de petits projets de recherche dont les résultats peuvent inciter les grands organismes subventionnaires à financer des projets prometteurs [...]
Line Gingras
Québec
« René Angélil, un homme et le cancer » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/patrick-lagace/201...
02:54 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
10 septembre 2011
Il s'est refusé d'arrêter une date
Se refuser de + infinitif; se refuser à + infinitif; se refuser de faire quelque chose; se refuser à faire quelque chose; grammaire française; syntaxe.
- [...] a-t-il affirmé, se refusant toutefois d'arrêter une date de retour au jeu.
(Marco Bélair-Cirino, dans Le Devoir du 8 septembre 2011.)
On refuse de faire quelque chose; cependant, comme le signale Marie-Éva de Villers, « à la forme pronominale et suivi d'un infinitif, le verbe se construit avec la préposition à » :
Elles se sont refusées à signer. (Multidictionnaire.)
[Noter que le participe passé s'accorde avec le sujet, parce que le pronom réfléchi a pour seule fonction d'indiquer la forme pronominale.]
Il se refusait à envisager cette solution. (Petit Robert.)
Du reste, elle se refusait à voyager cette nuit! (Leroux, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Ses pieds enflés se refusaient à marcher. (Maupassant, dans le Trésor.)
Ils se sont refusés à nous aider. (Hanse-Blampain.)
Le Trésor mentionne aussi la construction se refuser de + infinitif, sans en donner d'exemple. Hanse et Blampain font observer, à ce propos, que « certains écrivains emploient se refuser de faire quelque chose »; dans l'usage courant, précisent-ils, on utilise plutôt s'interdire de :
Ils s'étaient refusé de penser à autre chose. (Céline, dans le Hanse-Blampain.)
[Le participe passé reste invariable, le pronom réfléchi étant complément indirect.]
Dans la phrase qui nous occupe, où se refuser signifie ne pas consentir, on aurait pu écrire :
[...] a-t-il affirmé, se refusant toutefois à arrêter [ou à fixer, pour l'euphonie] une date de retour au jeu.
[...] a-t-il affirmé, se refusant toutefois d'arrêter une date de retour au jeu.
Line Gingras
Québec
« Crosby demande qu'on interdise les coups à la tête » : http://www.ledevoir.com/sports/hockey/330940/crosby-deman...
01:48 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
08 septembre 2011
Une renonciation de l'idée de souveraineté
Renonciation de quelque chose; renonciation à quelque chose; grammaire française; syntaxe du français.
- En revanche, elle n'a manifesté aucune volonté de pactiser avec ceux qui réclament l'abandon de sa politique de « gouvernance souverainiste » perçue comme une renonciation de l'idée même de souveraineté.
(Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 2 septembre 2011.)
D'après les exemples que je vois dans les dictionnaires, on introduit au moyen de la préposition à le complément de renonciation désignant le bien moral auquel on renonce :
Renonciation à une opinion, à sa foi, à sa liberté. (Petit Robert.)
Renonciation à un projet. (Petit Robert.)
Renonciation à la puissance paternelle. (Lexis.)
Aujourd'hui où il y a chez lui [Zola] une renonciation bien manifeste à l'écriture, le livre qu'il publie est déclaré un chef-d'œuvre, un mot bien rarement employé par la critique pour le livre vivant, pour le livre d'un jeune. (Goncourt, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il fallait écrire :
En revanche, elle n'a manifesté aucune volonté de pactiser avec ceux qui réclament l'abandon de sa politique de « gouvernance souverainiste », perçue comme une renonciation à l'idée même de souveraineté.
Line Gingras
Québec
« Parti québécois – Le mur » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/330532/parti-que...
00:17 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
07 septembre 2011
Un fond d'un million
- Elle a aussi miné la proposition de doter le Conseil de presse du Québec d'un fond* d'un million afin de lui donner de l'indépendance et du mordant.
(Stéphane Baillargeon, dans Le Devoir du 6 septembre 2011.)
Fonds s'écrit avec un s au singulier pour désigner un « capital disponible, par opposition au revenu » (Trésor de la langue française informatisé) :
Ils affectèrent à cette entreprise un fonds de 250 000 livres sterling. (About, dans le Trésor.)
Elle a aussi miné la proposition de doter le Conseil de presse du Québec d'un fonds d'un million afin de lui donner de l'indépendance et du mordant.
Line Gingras
Québec
* Le 12 septembre, je constate que la faute a été corrigée.
« Médias – Le PQ, Agnès Maltais et le dentifrice » : http://www.ledevoir.com/culture/television/330739/medias-...
19:48 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
28 août 2011
Sans cessent
Sans cessent, sans cesse; orthographe.
- Enfin, j'ai fini par croire sincèrement qu'ils me sont indispensables pour mieux comprendre le monde dans lequel on vit, pour nommer et explorer des réalités qui sans cessent se dérobent à notre compréhension, quand elles ne sont pas réduites à des formules creuses.
(Chantal Guy, dans La Presse du 27 août 2011.)
Il y a des réalités qui ne cessent pas de se dérober à notre compréhension, qui s'y dérobent sans cesse ou sans arrêt; mais sans cesse est une locution adverbiale, donc invariable :
[...] voilà donc les sangsues de l'État, qui le couvrent de leur égide, dévorant sans cesse la substance des peuples [...] (Marat, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il fallait écrire :
[...] pour nommer et explorer des réalités qui sans cesse se dérobent à notre compréhension [...]
Line Gingras
Québec
« Lire ses contemporains » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/chantal-guy/201108...
17:22 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 août 2011
À tord ou à raison
- Nous avons repéré ce qui, sans l’ombre d’un doute, fera événement, à tord ou à raison.
(Le Devoir, 26 août 2011.)
L'expression s'écrit à tort ou à raison :
Je passe, à tort ou à raison, pour un esprit fort. (Bernanos, dans le Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« C'est la rentrée culturelle 2011! » : http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/33...
06:05 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
26 août 2011
Placer un appel
Placer un appel; anglicisme; calque de l'anglais.
- [...] un appel placé par monsieur Strauss, lui aussi noté aux registres de l'hôtel.
(Josée Boileau, dans Le Devoir du 24 août 2011.)
Je ne sais pas s'il est admissible de tronquer le nom de famille de monsieur Strauss-Kahn, mais j'aimerais signaler que placer un appel est un anglicisme (calque de to place a telephone call), selon le Multidictionnaire et le Colpron. On aurait pu écrire :
[...] un coup de fil donné par monsieur Strauss-Kahn, lui aussi noté aux registres de l'hôtel.
Line Gingras
Québec
« DSK – L'embarras » : http://www.ledevoir.com/societe/justice/329911/dsk-l-emba...
06:26 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
25 août 2011
En rupture de banc
En rupture de banc, en rupture de ban; orthographe.
- Jack n'avait pas que le côté « Peace and Love » de Lennon. Comme Lennon, c'était un rebelle en rupture de banc avec l'ordre établi et déterminé à faire de la politique autrement [...]
(Nathalie Petrowski, dans La Presse du 24 août 2011.)
Contrairement à ce que semble croire la chroniqueuse, la locution en rupture de ban – et non de banc – n'a rien à voir avec le karaté. Être en rupture de ban, au sens propre, c'est « enfreindre le jugement de bannissement, en parlant d'un interdit de séjour » (Petit Robert); au sens figuré, c'est « avoir brisé avec les contraintes imposées par son milieu social » (Lexis) :
L'avocat concluait en suppliant le jury et la cour, si l'identité de Jean Valjean leur paraissait évidente, de lui appliquer les peines de police qui s'adressent au condamné en rupture de ban, et non le châtiment épouvantable qui frappe le forçat récidiviste. (Hugo, dans le Trésor de la langue française informatisé; l'expression est employée ici au sens propre.)
Être en rupture de ban avec la société, le monde, la famille. (Trésor.)
Des lycéens en rupture de ban. (Petit Robert.)
J'étais un fils de famille en rupture de ban, un polisson, un mauvais drôle. (Daudet, dans le Lexis.)
Il fallait écrire :
Comme Lennon, c'était un rebelle en rupture de ban avec l'ordre établi...
Line Gingras
Québec
« Jack et John » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/nathalie-petrowski...
05:25 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
24 août 2011
Elle est d'autant plus touchée puisque...
D'autant plus puisque; d'autant plus que; d'autant moins puisque; d'autant moins que; grammaire française; syntaxe du français.
- La mairesse est d'autant plus touchée par cet accident puisque le grand-père de la petite Magalie est le conseiller municipal Jean-Pierre Mayrand.
(Frédéric Champagne, dans Le Nouvelliste du 17 août 2011.)
Les ouvrages consultés admettent les locutions conjonctives d'autant plus que, d'autant moins que, qui expriment une relation causale « en insistant sur l'importance de la cause » (Lexis) :
La chaleur était suffocante, d'autant plus qu'on ne sentait pas [...] l'espace et le vent de la mer. (Daudet, dans le Petit Robert.)
J'ai d'autant moins envie de le faire que je l'ai déjà fait une fois. (Petit Robert.)
Elle a d'autant plus de mérite qu'elle a payé ses études elle-même. (Multidictionnaire.)
Il est d'autant plus prudent qu'il est averti. (Hanse-Blampain.)
C'est d'autant plus difficile qu'il fait sombre. (Hanse-Blampain.)
Il mérite d'autant moins votre reproche qu'il a agi sur votre ordre. (Lexis.)
[...] enfin, coquette, ambitieuse, envieuse, fausse et vindicative, elle est d'autant plus dangereuse, que son ton, sa vivacité, ses manières si naturelles, son air ouvert, étourdi, et jusqu'à sa gaieté, ne permettent pas de la soupçonner d'artifices, et n'annoncent jamais que la franchise et la bonté [...] (Madame de Genlis, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Dans la phrase qui nous occupe, l'emploi de puisque ne me paraît pas approprié. Il faudrait écrire :
La mairesse est d'autant plus touchée par cet accident que le grand-père de la petite Magalie est le conseiller municipal Jean-Pierre Mayrand.
Line Gingras
Québec
« Mort d'une fillette de trois ans : une municipalité sous le choc » : http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/faits-divers/201...
01:00 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
16 août 2011
Comme un seul homme
- L'auteur et journaliste américain Anthony Balducci s'amuse, dans son blogue, à comparer le ventre des hommes forts de la première époque du cinéma — comme Francis X. Bushman dans la première version de Ben-Hur datant de 1925 — avec celui des Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger des années 1980. Les premiers, constatent-ils, « ne sentaient pas le besoin d'exhiber avec ostentation leurs abdos ».
(Antoine Robitaille, dans Le Devoir du 16 août 2011.)
Qui est-ce qui constate? Non, ce ne sont pas les premiers ni MM. Stallone et Schwarzenegger, mais l'auteur et journaliste américain Anthony Balducci – auteur et journaliste, oui, mais un seul homme tout de même.
Par ailleurs, selon le Petit Robert, exhiber, c'est « montrer avec ostentation ou impudeur » :
Les premiers, constate-t-il, « ne sentaient pas le besoin d'exhiber avec ostentation leurs abdos ».
Line Gingras
Québec
« Enquête sur l'obsession du ventre plat » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/329...
03:17 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent
14 août 2011
Tel est la mission
- Donner le goût d'écrire et de lire par l'échange épistolaire, tel est la mission avouée du comité organisateur des Correspondances d'Eastman.
(Amélie Boissonneau, dans La Tribune du 4 août 2011.)
L'adjectif tel est attribut du sujet mission :
Telle est ma décision. (Petit Robert.)
Donner le goût d'écrire et de lire par l'échange épistolaire, telle est la mission avouée du comité organisateur des Correspondances d'Eastman.
- À cela s'ajoute une programmation diversifiée qui convient des auteurs d'ici et d'ailleurs à réfléchir haut et fort sur la portée des mots et de la littérature.
Je ne sais pas si la programmation convient aux auteurs, mais j'imagine qu'elle les convie à réfléchir.
Line Gingras
Québec
« Sherbrooke, bien présente aux Correspondances d'Eastman » : http://www.cyberpresse.ca/la-tribune/la-nouvelle/scene-cu...
00:22 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias