20 juin 2007
Le double que
« Les dépenses publiques de santé au Québec augmentent de 5,8 % par année soit près du double que toutes les autres dépenses (3,1 %). » (Michel Vastel, dans Le Journal de Québec.)
On dit ou on écrit deux fois plus que, mais le double de :
Dix est le double de cinq. (Petit Robert.)
Payer le double d'un prix. (Trésor de la langue française informatisé.)
Il gagne deux fois plus que vous.
Il gagne le double de votre salaire.
Son budget est deux fois plus élevé que celui de ses prédécesseurs.
Son budget atteint le double de celui de ses prédécesseurs.
Employé au sens de « c'est-à-dire », soit doit être précédé de la virgule :
Des signes qui tombent sous le sens, soit bruit, son, image. (Paulhan, dans le Petit Robert.)
Monsieur Vastel aurait pu écrire :
... augmentent de 5,8 % par année, soit presque / soit près de deux fois plus vite que toutes les autres dépenses (3,1 %).
Line Gingras
Québec
« Le déni de Philippe Couillard » : http://www.canoe.com/infos/chroniques/michelvastel/archiv...
05:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, presse
19 juin 2007
Madame Marois aurait-elle manqué de temps?
« Nous devons en finir avec certaines idées toutes faites dans lesquels une très large majorité de Québécois ne se reconnaissent plus. » (Pauline Marois, candidate [unique] à la direction du Parti québécois.)
Le pronom relatif s'accorde en genre et en nombre avec son antécédent :
... certaines idées toutes faites dans lesquelles...
« Nous devons également prendre conscience de la crise de confiance de la population à l'égard des institutions et des services publics et offrir des garanties sur l'utilisation de leurs taxes et impôts. »
Leurs, au premier abord et d'un point de vue strictement grammatical, renvoie aux institutions et aux services publics..., mais on se rend compte que cela n'a pas de sens : en fait, madame Marois veut parler des taxes et des impôts que paie la population. Cette syllepse n'est pas à condamner absolument, mais elle donne à mon avis une impression de laisser-aller qui ne convient pas, il me semble, à un texte sérieux où la future dirigeante d'un parti qui espère gouverner le Québec expose sa façon d'envisager l'avenir. La candidate aurait pu écrire :
... sur l'utilisation de ses taxes et impôts.
... sur l'utilisation de ses taxes et de ses impôts.
... sur l'utilisation des taxes et des impôts.
Line Gingras
Québec
« Pour redevenir le parti des Québécois » : http://www.ledevoir.com/2007/06/19/147783.html?fe=1300&am...
04:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, politique
18 juin 2007
Ah! lala
« Déposé en vertu du chapitre 11 du traité de libre-échange permettant aux investisseurs de poursuivre les États nationaux s'ils s'estiment lésés, la plainte était agrémentée d'une demande de réparation de 160 millions. Elle avait été déposée en 2000... » (Éric Desrosiers.)
Qu'est-ce qui avait été déposé? Pas le chapitre 11; pas le traité; pas le libre-échange, mais la plainte : Déposée en vertu du chapitre 11...
Il serait souhaitable d'éviter la répétition, au début de la deuxième phrase : Elle avait été présentée en 2000...
« Le géant américain en avait également contre le programme fédéral d'aide aux éditeurs canadiens qui obligent ces derniers à livrer leurs produits par l'intermédiaire du service public. »
Le programme vient en aide aux éditeurs canadiens qui obligent les éditeurs canadiens...? C'est ce que laisse entendre l'accord du verbe à la troisième personne du pluriel, mais ce n'est pas ce qu'on a voulu dire.
« ... ceux qui ont peur du chapitre 11 de l'ALENA et des quelques 2400 autres traités bilatéraux sur l'investissement... »
Employé devant un nombre, au sens d'environ, quelque est adverbe - et donc invariable.
« Des 46 plaintes déposée depuis 1994... »
On est allé un peu vite, non?
Line Gingras
Québec
« Perspectives - Le retour du chapitre 11 » : http://www.ledevoir.com/2007/06/18/147702.html
04:40 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
17 juin 2007
Discordance
« Selon un sondage publié la semaine dernière dans Paris Match, 67 % des Français approuvent son travail à l'Élysée. 63 % approuvent aussi celle de son premier ministre, François Fillon, à Matignon. » (Christian Rioux.)
Ça arrive...
Line Gingras
Québec
« Balayage UMP annoncé » : http://www.ledevoir.com/2007/06/09/146848.html
00:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, presse
16 juin 2007
Problèmes d'orthographe
« ... des digues ridicules qui n'ont, tout au plus, que l'efficacité des ouvrages de boues que les enfants érigent après la pluie. » (Jean-François Nadeau.)
Le matériau de construction s'emploie au singulier :
Hutte de boue séchée. (Petit Robert.)
Une petite cabane faite de boue séchée, mêlée à de la paille. (Lexis.)
« Là comme ailleurs, la reconstruction est le fait pour l'essentiel d'efforts et d'initiatives venues strictement du secteur privé. »
« Ce désert urbain, où vivait Fats Domino et un certain nombre de musiciens... »
« Regardez la lettre qu'elle vient de m'écrire! Lisez-là! »
On écrit lisez celle-là, lisez jusque-là, signez là (à cet endroit précis) : là est adverbe de lieu. Mais lisez-la, signez-la (lisez cette lettre, signez cette lettre) : la est pronom personnel.
Line Gingras
Québec
« Dans le ventre de La Nouvelle-Orléans » : http://www.ledevoir.com/2007/05/12/143260.html
05:20 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
15 juin 2007
Aucune faveur ni raccourci
« Je suis gêné d’avoir à le préciser, mais je vous entends ricaner : non, je n’ai bénéficié d’aucune faveur ni raccourci. » (Pierre Foglia.)
J'ai trouvé six exemples d'utilisation de l'adjectif ou déterminant indéfini aucun avec des noms coordonnés des deux genres, dans les douze ouvrages consultés. Dans cinq de ces exemples, le déterminant est employé devant chacun des noms :
Aucun gâteau ni aucune glace ne sont permis par ce régime. (Multidictionnaire.)
Aucun ordre ni aucune prière ne purent le faire changer d'avis. (Hanse-Blampain.)
Aucun discours ni aucune pression ne put le faire changer d'avis. (Girodet.)
À l'avenir, aucune cérémonie et aucun cercle ne sera contremandé. (Napoléon, dans Le bon usage, paragraphe 443, b.)
Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en [= de la souveraineté nationale] attribuer l'exercice. (Constitution française du 4 octobre 1958, dans Le bon usage, paragraphe 443, b.)
Dans le sixième exemple, aucun est répété plusieurs fois devant des éléments juxtaposés, afin de produire un effet d'insistance, mais il ne précède que le premier de trois termes réunis par ou :
Là tout est laid, mesquin, figé. Aucun jardin public, aucun lieu, que le cabaret, pour se réunir le dimanche; aucun chant, aucun jeu, spectacle ou musique; aucune invite à se distraire un instant de sa peine et de ses plus égoïstes intérêts. (Gide, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je pense qu'il s'agit d'un choix stylistique visant à alléger la phrase. Cela dit, Hanse et Blampain invitent le lecteur à noter, dans l'exemple qu'ils proposent (Aucun ordre ni aucune prière ne purent le faire changer d'avis), la répétition de aucun devant le second élément coordonné. Il me semble indiqué de se conformer à cette façon de faire, dans la langue courante. Ainsi, on aurait pu écrire :
... je n'ai bénéficié d'aucune faveur ni d'aucun raccourci.
Line Gingras
Québec
« Mes hôpitaux » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070612/CPOPINIONS05/7...
02:49 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
13 juin 2007
Il est résolu que
Une lectrice me demande quel mode utiliser après il est résolu que... : indicatif ou subjonctif?
J'ai consulté une douzaine d'ouvrages, mais trois seulement fournissent un élément de réponse, au premier abord.
D'après le Hanse-Blampain (2000), résoudre que, synonyme de décider que, doit être suivi de l'indicatif ou du conditionnel (futur du passé) :
Il a été résolu qu'on le prierait de s'expliquer. (Hanse-Blampain.)
Les Anglais résolurent qu'ils perdraient Jeanne d'Arc. (Lexis.)
La noce fut décidée; et on résolut qu'on la ferait d'importance. (Maupassant, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Le Trésor donne cependant un exemple d'emploi du subjonctif :
Tavernier et Foulon ont résolu que Picquart comparaisse, le 12 décembre prochain, devant le conseil de guerre. (Clemenceau.)
Il m'a paru souhaitable d'approfondir le sujet; j'ai donc cherché à savoir si le subjonctif était permis après le verbe décider.
Disons tout de suite que la question ne fait pas l'unanimité. Le Petit Robert (2007), le Multidictionnaire (2003), le Hanse-Blampain et le Girodet (1981) ne reçoivent que l'indicatif ou le conditionnel :
Elle a décidé qu'elle sera ou serait présente. (Multidictionnaire.)
Le Thomas (1971), le Lexis (1977) et le Trésor admettent aussi le subjonctif, moins fréquent :
Il avait décidé que la chambre fût peinte en bleu. (Grand Larousse encyclopédique, dans le Thomas.)
Dans ce cas, selon le Thomas et le Trésor, le verbe exprime une volonté dont l'accomplissement est incertain.
Conclusion? Le tour il est résolu que, s'il marque la décision d'une assemblée délibérante visant la mise en œuvre d'un projet ou l'exécution de certaines démarches, entraîne l'emploi de l'indicatif :
Il est résolu que l'Association exercera des pressions sur le gouvernement pour qu'une prestation supplémentaire soit accordée...
S'il traduit seulement un vœu de l'assemblée, le subjonctif me semblerait indiqué :
Il est résolu qu'une prestation supplémentaire soit accordée...
Line Gingras
Québec
06:05 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe
09 juin 2007
Il eut été impossible...
« En revanche, l'engagement des États-Unis à négocier dans le cadre de l'ONU marque un pas important, car il eut été impossible de convaincre les pays émergents... » (Jean-Robert Sansfaçon.)
Car il eut été impossible signifie car il aurait été impossible; c'est dire que nous avons affaire à un conditionnel passé deuxième forme : eût été.
On écrirait cependant, sans accent circonflexe sur le u :
Quand il eut passé la douane, il poussa un soupir de soulagement.
Le verbe est au passé antérieur de l'indicatif.
Line Gingras
Québec
« Les petits pas » : http://www.ledevoir.com/2007/06/09/146789.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
06 juin 2007
Syllepse de genre
« ... en conséquence, des directions doivent faire avec ce qu'il peuvent bien trouver. » (Jean-Jacques Samson, dans Le Journal de Québec.)
Non, l'ajout d'un s final au pronom il ne suffirait pas à mon bonheur. Je veux bien admettre que les directions comprennent des hommes et des femmes, mais directions demeure un nom féminin : il me semble que la phrase se lirait mieux si, comme à l'ordinaire, le pronom avait le même genre que son antécédent (le substantif qu'il remplace) :
... en conséquence, des directions doivent faire avec ce qu'elles peuvent bien trouver.
Sans doute peut-on expliquer le masculin en parlant d'accord par syllepse, c'est-à-dire selon le sens; à mon avis, toutefois, il ne faut pas abuser de ce procédé, fréquent dans la langue classique mais qui donne souvent, aujourd'hui, une fâcheuse impression de laisser-aller. (Pour en savoir davantage sur les différentes formes que peut prendre la syllepse, je vous invite à consulter Le bon usage.)
À l'article « syllepse », le Petit Robert présente cet exemple intéressant, où l'accord selon le sens ne me paraît pas injustifié :
C'est la sentinelle qui le premier s'inquiète. (Perret.)
Line Gingras
Québec
« Le vrai "grey power" » : http://www.canoe.com/infos/chroniques/jeanjacquessamson/a...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
05 juin 2007
Douter que
« ... je doute fort qu[e] (...) nous entendrons encore beaucoup parler de... » (Norman Spector.)
Douter que, à la forme affirmative, ne se construit pas avec l'indicatif, comme dans la phrase ci-dessus, mais avec le subjonctif :
Je doute que les choses aillent si bien qu'il le prétend.
Elle doute que ses parents veuillent la laisser partir si jeune.
Nous doutons que vous soyez en mesure d'assumer ces responsabilités.
Ils doutent que vous arriviez à temps.
Je doute fort que nous en entendions encore beaucoup parler.
Hanse et Blampain (2000) conseillent d'éviter le conditionnel :
* Je doute qu'ils vous laisseraient faire ce que vous voulez. (J'écrirais plutôt : Je ne pense pas qu'ils vous laisseraient faire ce que vous voulez.)
À la négative ou à l'interrogative, douter que appelle souvent le subjonctif; mais on peut aussi employer l'indicatif, si l'on veut insister sur la réalité du fait :
Je ne doute pas qu'il le fasse. (Hanse-Blampain.)
Bien sûr, je ne doute pas qu'il réussisse! (Girodet 1981.)
Je ne doutais pas que ma place fût réservée à bord d'une de ces jolies frégates. (Mac Orlan, dans le Colin 1979.)
Je ne doute pas qu'il fera le nécessaire pour réussir.
Le conditionnel s'utilise également, pour exprimer une hypothèse :
Ne doutez pas que nous donnerions suite à votre demande si c'était possible. (Je vois mal, dans ce cas-ci, comment on pourrait employer le subjonctif.)
Line Gingras
Québec
« Stéphane Dion paie ses dettes » : http://www.ledevoir.com/2007/02/22/132019.html
23:20 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
04 juin 2007
Son ou leur?
« Actuellement au banc d'essai à Las Vegas et à Hong Kong, ainsi que par Air France et KLM, les RFID [étiquettes d'identification par radiofréquence] pourraient être imposées à toute l'industrie aérienne. L'IATA se prononcera en juin sur les modalités de son implantation. » (Isabelle Chagnon.)
Qu'est-ce qui sera implanté? L'adjectif ou déterminant possessif, son, renvoie à un singulier, donc à l'industrie aérienne. Mais nous savons bien qu'il s'agit plutôt des RFID, les étiquettes d'identification : c'est sur leur implantation que l'IATA est appelée à se prononcer.
L'emploi de son serait correct s'il était question d'implanter le système des RFID.
Line Gingras
Québec
« Transport aérien - Un bagage fugueur sur 150 ne rentre jamais au bercail » : http://www.ledevoir.com/2007/05/26/144529.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
02 juin 2007
N'ont menées
« Les quelques rencontres tenues entre la police et Cho n’ont menées à aucune action précise. » (Guillaume Bourgault-Côté.)
Employé avec l'auxiliaire avoir, le participe passé s'accorde avec le complément d'objet direct, si ce dernier précède le verbe. Les rencontres n'ont mené qui, n'ont mené quoi? Pas de réponse - pas de complément d'objet direct, pas d'accord. Par contre :
Les quelques rencontres qu'ont menées les policiers...
Les policiers ont mené quoi? Des rencontres; le participe passé s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, placé devant le verbe.
Les quelques rencontres qui ont été menées par la police...
Le verbe mener n'est pas conjugué ici avec l'auxiliaire avoir : il est employé à la forme passive, avec l'auxiliaire être au passé composé; le participe s'accorde donc en genre et en nombre avec le sujet du verbe.
Line Gingras
Québec
« Le tueur de Virginia Tech a tourné une vidéo entre les deux attaques » : http://www.ledevoir.com/2007/04/19/140044.html?fe=805&...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
30 mai 2007
Se déclarer, verbe attributif
« ... 39 % des Québécois se déclarent favorable à cette option... » (Antoine Robitaille.)
Se déclarer est un verbe attributif - l'équivalent de déclarer être. L'adjectif favorable est donc attribut du sujet, Québécois, avec lequel il s'accorde en genre et en nombre :
... 39 % des Québécois se déclarent favorables à cette option...
* * * * *
Je dois apporter une précision, en réponse à une question qu'a posée amusem (voir les commentaires) : d'après le Hanse-Blampain, on pourrait dire aussi que le sujet du verbe est l'expression de pourcentage, 39 %; l'attribut pourrait donc s'accorder avec 39 %, que l'on tient pour un masculin pluriel. Cela ne change rien dans la phrase qui nous intéresse, étant donné que le complément de l'expression de pourcentage, des Québécois, est également un masculin pluriel; mais cet accord me paraîtrait étrange dans la phrase ... 39 % des Québécoises se déclarent heureuses [heureux?] de cette décision.
Par ailleurs, il serait admis d'employer le singulier dans la phrase suivante :
... 1 % des Québécois se déclare favorable à cette option...
L'accord avec le complément, au pluriel, me paraît toutefois plus courant.
Line Gingras
Québec
« Les libéraux relégués au 3e rang » : http://www.ledevoir.com/2007/05/28/145118.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
29 mai 2007
Mal lui en pris
« ... l’éphémère gouvernement de Joe Clark avait pensé que jamais les libéraux ne prendraient le risque de le battre sur un budget – surtout que leur chef venait de démissionner. Mal lui en pris... » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)
On écrit soit mal lui en prit, au passé simple, soit mal lui en a pris, au passé composé.
Line Gingras
Québec
« Les accidents qui arrivent » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140945
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
28 mai 2007
Souhaiter que
« Dans l'ensemble, il faut donc applaudir à cette initiative de l'administration Tremblay et souhaiter que les consultations à venir serviront à consolider les propositions les plus prometteuses pour l'amélioration de la qualité de vie à Montréal. » (Jean-Robert Sansfaçon.)
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, souhaiter que est suivi du subjonctif :
Je souhaitais en effet que vous rencontriez mon fils. (Sartre, dans le Lexis.)
Je souhaite de tout mon cœur que vous trouviez le garçon de votre âge que vous méritez et qui bâtira une vraie vie avec vous. (Anouilh, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Comme il serait à souhaiter pourtant que cette thèse fût exacte! (Thibaudet, dans le Trésor.)
Je lis dans le Dupré (Encyclopédie du bon français dans l'usage contemporain) la remarque suivante, reproduite dans le Trésor : « Il n'est pas à recommander d'employer le futur après souhaiter que, même si le souhait est probable et près de se réaliser. »
On aurait pu écrire, selon la nuance à exprimer :
... et souhaiter que les consultations à venir servent à consolider...
... et espérer que les consultations à venir serviront à consolider...
Line Gingras
Québec
« Un plan ambitieux » : http://www.ledevoir.com/2007/05/18/144027.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
27 mai 2007
Mis à part
« Comment les Forces armées sont-elles parvenues à afficher une telle augmentation? Mis à part une campagne de publicité coûteuse [...] les Forces armées ont particulièrement bien ciblé leur public. » (Alec Castonguay.)
J'ai cru d'abord qu'on avait oublié de faire accorder le participe passé : la campagne de publicité n'est-elle pas mise à part? Vérification faite, voici ce qu'il en est : selon le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, l'expression mis à part, placée devant le nom, est généralement invariable. Après le nom, cependant, le participe varie en genre et en nombre :
Mis à part ces quelques bévues, il s'est bien acquitté de sa tâche.
Ces quelques bévues mises à part, il s'est bien acquitté de sa tâche.
Line Gingras
Québec
« Dans la mire de l'armée » : http://www.ledevoir.com/2007/05/26/144908.html
23:55 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
21 mai 2007
Ne que
« D’elles, on a longtemps su qu’une seule chose : elles représentaient les parties souterraines des premières forêts... » (Agence Science-Presse.)
Au sens de « seulement », pour marquer la restriction, que s'emploie toujours avec ne :
D'elles, on n'a longtemps su qu'une chose...
D'elles, on a longtemps su une seule chose...
Line Gingras
Québec
« Le plus vieil arbre de la planète a 385 millions d'années » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070517/CPSCIENCES/705...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
16 mai 2007
Fatiguant ou fatigant?
« ... au Club Kanalaa où, sur fond de musique disco, Tamsyn Janus et City Vella - ce sont leurs noms d'avatars - discutent sur la piste de danse des "pervers" qui courent après les femmes dans SL [Second Life] pour les inviter dans des "coins tranquilles". "C'est fatiguant!", dit l'une d'elles. » (Fabien Deglise.)
On écrit fatiguant le participe présent, donc le verbe, mais fatigant l'adjectif. Comment distinguer entre les deux?
Ce passage fatiguant la voix, nous n'allons pas le travailler longtemps aujourd'hui. (= Comme ce passage fatigue la voix... De toute évidence, on a ici un verbe.)
C'est ennuyeux! dit l'une d'elles. (Si fatigant peut être remplacé par un adjectif, c'est qu'il s'agit d'un adjectif.)
Line Gingras
Québec
« Perdu dans le cyberespace » : http://www.ledevoir.com/2007/04/28/141310.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
15 mai 2007
Désaccords
« Les orientations qu'elle a présentées étaient d'une clarté qui contrastent avec les circonvolutions et les compromis auxquelles elle nous avait habitués. » (Michel David.)
C'est la clarté qui contraste. Et compromis est un nom masculin : auxquels.
« Entre ces deux voies, le PQ doit se plier à l’exercice de renouvellement auxquels se sont prêtés tous les partis... » (Karim Benessaieh, dans La Presse.)
Les partis se sont prêtés à un exercice de renouvellement : auquel.
Line Gingras
Québec
« Marois dicte ses conditions » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070514/CPACTUALITES/7...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
14 mai 2007
Épargner quelqu'un de quelque chose
« Cela étant, il faut que la direction du parti épargne les membres et le public en général de ces excès de démocratie citoyenne... » (Jean-Robert Sansfaçon.)
Je trouve les constructions épargner quelqu'un, épargner quelque chose, épargner quelque chose à quelqu'un :
Épargner quelqu'un
Peut-être le médecin la trompait-il pour l'épargner. (Zola, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il vaut mieux épargner un coupable que de tuer un innocent! (Maupassant, dans le Trésor.)
Épargner quelque chose
La discipline facilite le travail, épargne le temps de celui qui commande et de celui qui obéit. (Bernanos, dans le Petit Robert.)
J'ai demandé qu'on épargnât la vie du prisonnier. (Sartre, dans le Lexis.)
J'ai épargné les vingt centimes que coûte une tasse de café. (Bourget, dans le Trésor.)
Épargner quelque chose à quelqu'un
Il faut épargner toute fatigue au malade. (Petit Robert.)
En dépit des froissements, des blessures, qui ne sont point épargnés à ceux qui s'aiment. (R. Rolland, dans le Petit Robert.)
Nous avons épargné une humiliation à ces nouveaux employés en ne mentionnant pas leurs calculs erronés. (Multidictionnaire.)
Elle ne tint pas rancune à l'imprudent puisqu'il lui épargnait peut-être un remords. (Mandiargues, dans le Lexis.)
Je t'épargne les commentaires. (Gide, dans le Trésor.)
Les partis [...] ne nous épargnèrent pas leurs critiques. (De Gaulle, dans le Trésor.)
Les dictionnaires consultés, toutefois, ne reçoivent pas la construction épargner quelqu'un de quelque chose. Je crois que l'on a confondu, ici, avec dispenser ou exempter :
Dispenser quelqu'un d'impôts. (Petit Robert.)
Exempter un jeune homme du service militaire. (Petit Robert.)
Il aurait fallu écrire :
Cela étant, il faut que la direction du parti épargne aux membres et au public en général ces excès de démocratie citoyenne...
* * * * *
« À l'évidence, d'autres candidats s'ajouteront à la liste d'ici le lancement officiel de la course. Celles de Joseph Facal et de Pierre Curzi, par exemple, permettraient d'élargir le spectre des choix idéologiques et des genres de leadership offerts aux membres. »
... d'autres candidatures...
Line Gingras
Québec
« C'est un départ! » : http://www.ledevoir.com/2007/05/12/143204.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
12 mai 2007
Se lancer - Elle s'est lancé
« Ségolène Royal, qui vient en quelque sorte de redonner le statut d'opposition officielle à son parti, s'est lancé_ à l'assaut de l'Élysée sans avoir pu mettre son parti à sa main... » (Christian Rioux.)
Se lancer est un verbe accidentellement pronominal, c'est-à-dire qui n'est pas toujours employé à la forme pronominale; il s'agit plus précisément d'un pronominal réfléchi, puisque le sujet et le pronom personnel complément, se, désignent la même personne. En pareil cas, le participe passé s'accorde avec le complément d'objet direct si ce dernier est antéposé (placé devant), comme si le verbe était conjugué avec l'auxiliaire avoir. Ségolène Royal a lancé qui? elle-même : s'est lancée.
On écrirait cependant : La ministre s'est lancé des fleurs. Explication? Le pronom se est complément d'objet second, ou complément d'attribution; il ne commande donc pas l'accord. De fait, le complément d'objet direct est placé après le verbe : la ministre a lancé des fleurs à elle-même. Par contre : Les fleurs que la ministre s'est lancées...
* * * * *
« ... bon pour tout les pays et pour tous les peuples. »
... bon pour tous les pays...
Line Gingras
Québec
« La leçon française » : http://www.ledevoir.com/2007/05/11/143073.html
03:50 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme