07 avril 2007
Un peu d'analyse
« Aujourd'hui divisé, le camp des démocrates a l'obligation de reprendre les choses là où il les a laissées il y a deux ans. Autrement dit, chacun d'entre eux se doit de mettre en sourdine ses accès de vanité pour mieux recomposer le front uni qu'ils avaient présenté à l'hiver 2004 et redonné espoir à une vaste majorité d'Ukrainiens. » (Serge Truffaut.)
Redonné, participe passé, se rattache à l'auxiliaire avoir, avec lequel il forme un plus-que-parfait de l'indicatif : ... le front uni qu'ils avaient [...] redonné espoir... Seulement, vous l'avez remarqué, cet énoncé n'a pas de sens. Ce qu'on a voulu dire, en fait, c'est que les démocrates doivent mettre en sourdine leurs accès de vanité pour mieux recomposer un front uni et pour redonner espoir à une vaste majorité d'Ukrainiens. Bien entendu, il n'est pas nécessaire de répéter la préposition; mais il faut montrer que c'est à elle que se rattache l'idée de redonner espoir - cela impose, évidemment, de mettre le verbe à l'infinitif.
Line Gingras
Québec
« L'orange pressée » : http://www.ledevoir.com/2007/04/04/138165.html
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06 avril 2007
Ils se sont partagés le vote
« ADQ et PQ se sont partagés le vote dans les régions du Québec. » (Pierre Duhamel.)
Lorsque le verbe pronominal a un complément d'objet direct, le participe passé s'accorde toujours avec ce complément, pourvu qu'il soit placé devant le verbe :
Ils se sont partagé l'héritage, les tableaux, les actions. (Chardonne, dans le Petit Robert.)
Ils se sont partagé les profits. (Multidictionnaire.)
Ils se sont partagé la responsabilité. (Hanse-Blampain.)
Les bénévoles n'ont pas eu de mal à accomplir les tâches qu'ils s'étaient partagées.
L'ADQ et le PQ ne se sont pas partagés eux-mêmes; ils ont partagé le vote entre eux :
ADQ et PQ se sont partagé le vote dans les régions du Québec.
Line Gingras
Québec
« Le Québec qui souffre vs le Québec qui paye » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
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04 avril 2007
Un baudruche promotionnel
« ... tout ça sentirait un peu trop la stratégie de mise en marché [...] le baudruche promotionnel menaçant d'éclater. Si c'était quelqu'un d'autre. » (Sylvain Cormier.)
D'après le Multidictionnaire, le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, baudruche est un nom féminin :
Théodule [...] passait sa vie à boire de la bière qui lui avait donné, à force de le gonfler et de le souffler, l'apparence comique et inquiétante d'une baudruche. (E. et J. de Goncourt, dans le Trésor.)
L'affaire s'est dégonflée comme une baudruche. (Petit Robert.)
Crever une baudruche (= dissiper les illusions). (Lexis.)
Ils lèvent leurs verres, ils trinquent à toutes sortes de grandes baudruches, mais tout de même à la paix, à la vie. (Aragon, dans le Trésor.)
* * * * *
« Fallait recevoir au plexus et dans les oreilles l'acclamation monstre qu'a servi_ à Bélanger ce public plus qu'heureux... »
Le participe passé employé avec avoir s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Et qu'est-ce ou qui est-ce qui a servi qui ou quoi, dans la phrase à l'étude? Si vous me dites que c'est l'acclamation qui a servi le public, je vous envoie réfléchir dans le coin, et vous serez privé de poutine - en fait c'est le public, ce public plus qu'heureux, qui a servi... quoi? une acclamation monstre (au chanteur Daniel Bélanger). Il fallait donc écrire, sans se laisser induire en erreur par l'inversion du sujet :
... l'acclamation monstre qu'a servie à Bélanger ce public plus qu'heureux...
Line Gingras
Québec
« Spectacle gratuit de Daniel Bélanger au Métropolis - Merci d'être là, et réciproquement » : http://www.ledevoir.com/2007/04/03/138082.html
02:50 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
02 avril 2007
Il est normal que, il est juste que + indicatif
« Comme s'il était normal et juste que le garçon qui attendait patiemment son tour pour jouer dans le grand club se voit donner l'occasion de démontrer enfin ses talents. » (Gil Courtemanche.)
Le Trésor de la langue française informatisé, aux articles « normal » et « juste », signale que les tours il est normal que et il est juste que sont suivis du subjonctif :
Comme le fait fut observé par des généticiens, il était normal qu'il fût interprété en terme génétique. (P. Morand.)
C'est le chat qui pense et qui agit, et il n'est que juste que ce chat soit, comme la chienne Pouffe, un être céleste. (France.)
Selon Wagner et Pinchon, on se sert du subjonctif « toutes les fois que dans un énoncé la prise en considération d'un fait, l'interprétation d'un fait l'emportent sur l'actualisation de ce fait ». Il me paraît imprudent de généraliser, mais je dirais que le subjonctif convient très souvent à l'expression d'un jugement, d'un sentiment, d'une volonté :
Il est utile que vous le fassiez le plus tôt possible. (Grevisse.)
Dans la phrase à l'étude, on a employé le présent de l'indicatif, voit, au lieu du présent du subjonctif, voie; il suffit de remplacer le verbe voir par le verbe avoir, qui ne se prononce pas de la même façon aux deux modes, pour se rendre compte que le subjonctif s'imposait :
Comme s'il était normal et juste que le garçon qui attendait patiemment son tour pour jouer dans le grand club ait l'occasion de démontrer enfin ses talents.
Line Gingras
Québec
« Jetables et remplaçables » : http://www.ledevoir.com/2007/03/31/137695.html
08:10 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
01 avril 2007
Le voilà qu'il, le voici qu'il
« Reconnu comme un grand orgueilleux hautain, le voilà qu'il faisait son mea-culpa... » (Antoine Robitaille.)« Le voilà qu'il incarne le centre, lieu convoité entre tous par tout politicien occidental. »
Colin, Thomas, Girodet, Berthier et Colignon signalent que l'on peut très bien écrire le voici qui vient ou voici qu'il vient, le voilà qui arrive ou voilà qu'il arrive, mais qu'il faut éviter le tour redondant le voici qu'il vient, le voilà qu'il arrive :
Voici qu'il vient ou Le voici qui vient. (Hanse et Blampain.)
Voici qu'il commence à comprendre que. (Gide, dans le Petit Robert.)
Les voici qui arrivent, ce sont eux. (Petit Robert.)
Le voici qui rature [...] des pages imaginaires. (Maurois, dans le Petit Robert.)
Le voilà qui prend tout à coup le mors aux dents. (Diderot, dans le Petit Robert.)
Le voici qui monte enfin l'escalier. (Supervielle, dans le Colin.)
Le voilà qui se met à développer ce texte... (Chênedollé, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
La voici qui s'avance, son livre de prières à la main. (Musset, dans le Trésor.)
Le voici qui se détourne en marchant. (Bazin, dans le Trésor.)
Jean-Paul Colin « s'étonne de trouver sous la plume de Valéry » :
* Le voici qu'il ne peut plus se contenir dans l'étendue.
Line Gingras
Québec
« Du tumulte à l'espoir » : http://www.ledevoir.com/2007/03/24/136579.html
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31 mars 2007
Hocher de la tête
« À la description du programme de l'ADQ, mes interlocuteurs hochaient de la tête et se sentaient en terrain connu. » (Christian Rioux.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé donnent hocher pour un verbe transitif et reçoivent la locution hocher la tête, sans de :
Il hocha silencieusement la tête de droite à gauche, comme s'il se refusait quelque chose. (Hugo, dans le Petit Robert.)
Elle hochait la tête, pensive et maléfique. (Pagnol, dans le Lexis.)
Le capitaine hocha la tête d'un air buté. (Gracq, dans le Lexis.)
Les deux ruraux hochaient la tête en signe de refus. (Maupassant, dans le Trésor.)
Jerphanion écoutait sans interrompre, hochant la tête d'un air de compréhension sympathique. (Romains, dans le Trésor.)
M. Rambout hocha la tête; mais je ne sus pas si c'était en signe d'incrédulité ou d'admiration. (Bosco, dans le Trésor.)
... je devais la voir à une soirée donnée par Gilberte [...] hochant la tête, serrant la bouche... (Proust, dans le Trésor.)
Le Trésor relève aussi l'emploi intransitif, hocher de la tête (Académie 1935). Il n'en propose cependant pas d'exemple.
Line Gingras
Québec
« Vu d'ailleurs » : http://www.ledevoir.com/2007/03/30/137525.html
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30 mars 2007
Manquer quelqu'un
« Le Bloc québécois va le manquer. Il était bien plus que le numéro deux du Bloc. Il en était le pilier. Celui sur lequel un chef peut compter pour ternir le fort quand il doit s’abstenter. » (Michel C. Auger.)
D'après les quatre ouvrages québécois que j'ai consultés, soit le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, on commet un anglicisme en employant manquer quelqu'un ou quelque chose dans le sens de « regretter son absence ».
Pour rendre l'idée qu'un homme s'est ennuyé d'une femme, on dit en anglais he missed her; mais en français, le sujet du verbe manquer doit être la personne (ou la chose) absente, et le complément doit répondre à la question à qui : Elle lui a manqué (et non pas il l'a manquée). Voyez encore ces exemples du Petit Robert :New York leur manqua comme sa drogue à un intoxiqué. (Maurois.)
Ses enfants lui manquent.
Le calque de structure, fréquent dans l'Outaouais québécois et ontarien, peut être cause de malentendus : ainsi que le fait observer Dagenais, vous me manquez beaucoup n'est pas synonyme de je vous manque beaucoup, qui signifie normalement « vous vous ennuyez beaucoup de moi ».
La phrase à l'étude aurait pu se lire :
Le Bloc québécois va le regretter.
Line Gingras
Québec
« Michel Gauthier » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140889#more-6...
06:20 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme, journalisme
29 mars 2007
Ils se sont échangés des propos
« L'assistante chiropraticienne et le chauffeur se sont alors échangés des propos aigres-doux... » (PC.)
D'après ce que j'ai vu dans les onze ouvrages consultés - aux articles « échanger » et « propos » -, le verbe échanger, au sens de « se faire des envois, des communications réciproques de (choses du même genre) » (Petit Robert), s'utilise à la forme active :
Ils ont échangé des lettres. (Petit Robert.)
Échanger des sourires, des idées, des injures. (Trésor de la langue française informatisé.)
Elles échangèrent un flamboyant regard. (Zola, dans le Trésor.)
Nous avons échangé nos points de vue. (Lexis.)
Ils déjeunèrent en tête à tête, échangèrent leurs manières de voir... (Maupassant, dans le Trésor.)
On échangeait à table, ou après dîner, dans les coins, des expressions très peu propres à former l'oreille d'une enfant. (Boylesve, dans le Colin.)
Échanger des propos. (Petit Robert, Trésor.)
Ils ont échangé quelques propos anodins. (Multidictionnaire.)
Il a échangé avec moi quelques propos. (Hanse-Blampain.)
C'est uniquement avec pour sujet un nom de chose désignant ce qui est échangé que je l'ai rencontré à la forme pronominale; il s'agissait donc d'un pronominal passif :
Notre conversation s'échangeait de châlit à châlit. (Hériat, dans le Colin.)
Leurs propos s'échangèrent à voix basse. (Toepffer, dans le Trésor.)
L'emploi du pronominal réciproque, dans la phrase à l'étude, me semble abusif; si l'on tenait absolument à le conserver, il faudrait en tout cas laisser le participe passé invariable, étant donné qu'il y a un complément d'objet direct (ils ont échangé quoi? des propos) et que celui-ci est placé après le verbe.
Je trouve plus simple d'écrire :
L'assistante chiropraticienne et le chauffeur ont alors échangé des propos aigres-doux...
Line Gingras
Québec
« Une passagère est expulsée d'un autobus pour la seconde fois en une semaine » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:2038...
06:10 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
28 mars 2007
Les soupçons qui pèsent contre elle
« Même s'ils avaient en poche un accord avec Québec, les avocats de Myriam Bédard devraient encore convaincre les autorités américaines d'accepter l'entente lors d'une audition, prévue pour vendredi, portant sur les soupçons de rapt d'enfant qui pèsent contre elle. » (PC.)
Faut-il écrire qui pèsent sur ou qui pèsent contre? Sur les onze ouvrages consultés, trois seulement fournissent des exemples utiles :
Soupçon, accusation qui pèse sur quelqu'un, qui le concerne, le vise. (Lexis.)
Comment pouvez-vous faire peser sur moi un aussi injurieux soupçon? (Hébert, dans le Lexis.)
Je me rends parfaitement compte des soupçons qui pèsent sur moi. (Leroux, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Les charges qui pèsent sur lui sont accablantes. (Petit Robert.)
Personne n'ignorait que des charges accablantes pesaient sur un garçon boucher de dix-neuf ans, nommé Lecœur. (A. France, dans le Trésor.)
Toutes les anciennes charges qui pesaient contre Dreyfus s'évanouissent à l'examen. (Martin du Gard, 1913, dans le Trésor. Le jugement prononcé contre Dreyfus a été cassé en 1906.)
À la lumière de ce qui précède, je conseillerais (sans trop insister) d'écrire les soupçons qui pèsent sur elle plutôt que les soupçons qui pèsent contre elle. Dans la phrase de Martin du Gard, ci-dessus, l'emploi de contre pourrait s'expliquer par le fait que les anciennes charges qui pesaient contre Dreyfus avaient entraîné, plusieurs années auparavant, la condamnation de l'accusé. Dans la phrase à l'étude, la préposition sur donnerait à l'énoncé un ton plus neutre qui me paraît approprié.
Line Gingras
Québec
« Les avocats de Myriam Bédard cherchent à s'entendre avec Québec » : http://www.ledevoir.com/2006/12/28/125983.html
05:20 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
26 mars 2007
Son approche à la question
« Un phénomène, l'Action démocratique? Sans doute, surtout si on tient compte du relatif anonymat et de l'inexpérience de son équipe, de l'ambiguïté persistant autour de son programme et de son approche à la sempiternelle question nationale. » (Jean Dion.)
D'après ce que j'ai pu voir dans les onze ouvrages consultés, le substantif approche, au sens de « manière d'aborder un sujet, un problème » (Lexis), « façon d'aborder une question quant au point de vue et à la méthode » (Hanse-Blampain), introduit toujours son complément au moyen de la préposition de :
Cet ouvrage est simplement une approche de la question. (Lexis.)
L'approche sociologique d'une étude littéraire. (Petit Robert.)
Les nouvelles approches de la littérature. (Colin.)
Une nouvelle approche de la littérature classique. (Girodet.)
Serait-il réélu? À l'échelle du canton ce serait une bataille d'approche de l'élection législative... (Aragon, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Line Gingras
Québec
« Le phénomène ADQ » : http://www.ledevoir.com/2007/03/24/136574.html
06:42 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
25 mars 2007
Inspirer quelqu'un à faire quelque chose
« Mais pour cela, il faut du temps. Du temps pour les jeunes femmes de terminer leurs études. Acquérir des compétences. Et en inspirer d'autres à faire comme elles. » (Agnès Gruda.)
« ... M. Cameron a fait un discours important disant qu’on "ne peut pas intimider les gens jusqu’à ce qu’ils se sentent Britanniques, nous devons les inspirer à le devenir". » (Michel C. Auger.) [« We can't bully people into feeling British - we have to inspire them. »]
Selon les dictionnaires généraux que j'ai sous la main, quelque chose ou quelqu'un peut inspirer quelqu'un ou quelque chose, ou inspirer quelque chose à quelqu'un :
Les paysages de Provence ont beaucoup inspiré Cézanne. (Petit Robert.)
Les intentions qui inspirent un acte. (Petit Robert.)
Elle savait n'avoir jamais inspiré qu'une admiration respectueuse et craintive. (Blais, dans le Lexis.)
Cette scène inspire du chagrin à Nadia. (Multidictionnaire.)
La République ne lui inspirait que du dégoût. (Beauvoir, dans le Lexis.)
Le projet lui fut inspiré par un conseiller bien intentionné, mais maladroit. (Lexis.)
... elle vous inspire une poésie exquise et vraie qui remplit vos lettres. (Hugo, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
On peut aussi s'inspirer de quelque chose pour + infinitif :
Il s'est manifestement inspiré de la traduction pour faire cette version latine. (Lexis.)
Le Trésor signale inspirer de + infinitif :
Bel obstacle que l'ignorance, lorsqu'un sang généreux, à chaque battement du cœur, inspire de tout sacrifier à ce qu'on ne connaît pas! (Bernanos.)
Aucun des onze ouvrages consultés, cependant, ne reçoit la construction inspirer quelqu'un à faire quelque chose. Je reformulerais peut-être de cette manière le premier exemple à l'étude :
Mais pour cela, il faut du temps. Du temps aux jeunes femmes pour terminer leurs études. Acquérir des compétences. Et en inciter d'autres à faire comme elles.
En ce qui concerne le second exemple, je proposerais :
... on ne peut pas forcer les gens à se sentir Britanniques - nous devons / il faut les inciter à le devenir.
... on ne peut pas forcer les gens à se sentir Britanniques - nous devons / il faut leur en inspirer le désir.
Il y a d'autres possibilités, bien entendu.
Line Gingras
Québec
« La petite fille qui ne sourit pas » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061217/CPOPINIONS/612...
« Accommodement à la britannique » :
http://www.cyberpresse.ca/article/20070128/CPBLOGUES07/70...
02:40 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
24 mars 2007
Influer le cours des choses
« Alors, quand peut-on vivre avec la conscience d'être membre du corps social et avoir le sentiment aigu d'influer le cours des choses sinon dans ce geste unique de voter... » (Denise Bombardier.)
D'après ce que j'ai vu dans les douze ouvrages consultés, le verbe influer ne s'utilise jamais avec un complément d'objet direct; il est plutôt suivi de la préposition sur :
Le contexte économique influe sur la performance de l'entreprise. (Multidictionnaire.)
La maladie a influé sur son caractère. (Lexis.)
Une telle intervention peut influer sur le verdict. (Girodet.)
Tes pensées d'avant le sommeil influent sur tes rêves. (Romains, dans le Petit Robert.)
Les réflexions venimeuses qu'ils échangeaient allaient influer sur le cours de leurs vies respectives. (Aymé, dans le Lexis.)
L'hormone de la glande surrénale (adrénaline) influe sur la pression artérielle... (J. Rostand, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Plus tard, Duroc eût encore influé sur d'autres grands événements... (Las Cases, dans le Trésor.)
Je vois dans quel sens très heureux Verhaeren a influé sur toi. (Rivière, dans le Trésor.)
Le Trésor signale d'autres constructions possibles, mais peu courantes.
Line Gingras
Québec
« Un geste lourd de sens » : http://www.ledevoir.com/2007/03/24/136503.html
06:30 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
21 mars 2007
De d'autres
« Ce n'est pas l'avis de d'autres témoins... » (Antoine Robitaille.)
On s'abstient d'employer devant d'autres la préposition de :
La présence d'autres (et non *de d'autres) personnes. (Multidictionnaire.)
Je ne pense pas à eux, mais à d'autres. / Je ne parle pas d'eux, mais d'autres. (Hanse-Blampain.)
Selon Marie-Éva de Villers, c'est une question d'euphonie.
Line Gingras
Québec
« Robert Dutrisac, un héros » : http://www.ledevoir.com/politique/blogues/elections2007/2...
02:25 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, médias
20 mars 2007
Nombre décimal inférieur à deux
« ... devant un auditoire de 1,85 millions de personnes. » (Fabien Deglise.)
En français, le substantif déterminé par un nombre décimal inférieur à deux reste au singulier :
La somme s'élève à 1,5 million de dollars, à 1,5 milliard de dollars. (Multidictionnaire, quatrième édition, page 936.)
1,9 habitant au kilomètre carré. (D'après le Hanse-Blampain, quatrième édition, page 597.)
Line Gingras
Québec
« Tout le monde parle des verts » : http://www.ledevoir.com/politique/blogues/elections2007/2...
01:25 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
18 mars 2007
Supputer sur les chances
« On supputait sur les chances des uns et des autres d’accéder au conseil des ministres. » (Pierre Cayouette.)
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis, le Girodet et le Trésor de la langue française informatisé, supputer est un verbe transitif :
Supputer ses chances. (Petit Robert.)
Ils supputent leurs chances de succès. (Multidictionnaire.)
Supputer l'effort à fournir, ses chances; supputer les conséquences, les risques de quelque chose. (Trésor.)
Ils étaient, les uns comme les autres, à supputer les chances de la royauté. (Aragon, dans le Lexis.)
Un tailleur, en vous voyant, suppute instinctivement l'étoffe de votre habit. (Proust, dans le Petit Robert.)
Je suis en train de supputer mes profits et pertes de cette semaine... (Dumas père, dans le Trésor.)
Nous supputions à présent le temps nécessaire à l'aller et au retour... (Pesquidoux, dans le Trésor.)
Un astronome qui suppute l'existence d'un astre dont il ne perçoit pas encore directement les rayons. (Gide, dans le Trésor.)
Le Trésor relève un exemple où l'objet de l'évaluation marquée par le verbe supputer est introduit au moyen de la préposition sur :
D'aucuns se lèvent la nuit pour mesurer la force du vent au rayonnement des étoiles, pour relever leur direction ou supputer sur leur hauteur. (Pesquidoux.)
Je crois néanmoins, comme les autres ouvrages consultés ne reçoivent pas cet emploi et comme le Trésor donne le verbe supputer uniquement pour transitif, qu'il vaut mieux construire le complément de façon directe :
On supputait les chances des uns et des autres d’accéder au conseil des ministres.
* * * * *
« Pour en finir une fois pour toute_ avec cette comparaison idiote... »
Vérification faite dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor, la locution adverbiale une fois pour toutes s'écrit avec un s à toutes :
Je vous le dis une fois pour toutes, ne venez plus me déranger. (Lexis.)
On se met à rêver tout éveillé qu'on est couché une fois pour toutes dans sa fosse... (Mille, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« PQ 1976 - ADQ 2007 : la comparaison qui tue... » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
04:15 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
16 mars 2007
Prendre pour acquis
« Les Canadiens ne doivent pas prendre leurs libertés civiles pour acquis__, prévient Maher Arar. » (PC.)
Le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais condamnent prendre pour acquis, calque de l'anglais to take for granted. On trouve dans le Colpron, et surtout dans le Meertens, de nombreuses façons de rendre cette idée, selon le contexte. Au nombre des équivalents figurent tenir pour acquis, considérer comme acquis :
Je tenais pour acquis que vous étiez au courant. (Chouinard.)
Tenir un point pour acquis. (Lexis.)
Nous pouvons considérer comme acquis ce premier point. (Petit Robert.)
Nous tenons pour acquise son adhésion au programme. (Multidictionnaire.)
Comme l'indique le dernier exemple, l'adjectif acquis n'est pas invariable :
Les Canadiens ne doivent pas tenir leurs libertés civiles pour acquises...
Line Gingras
Québec
« Ne prenez pas les libertés civiles pour acquis [sic], prévient Maher Arar » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:2811...
05:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, grammaire, orthographe, journalisme
14 mars 2007
Se douter - accord du participe passé
« ... Julie Cossette ne se serait jamais douté_, en septembre dernier, qu'elle se ferait subtiliser tout le contenu de son compte bancaire. » (Paule Vermot-Desroches.)
Se douter est un pronominal subjectif : verbe accidentellement pronominal (c'est-à-dire ne s'utilisant pas toujours à la forme pronominale), douter fait corps avec le pronom réfléchi, qui ne peut s'analyser séparément.
Comme le signale Marie-Éva de Villers, le participe passé s'accorde en genre et en nombre avec le sujet :
... Julie Cossette ne se serait jamais doutée...
Line Gingras
Québec
« Elle répond à un courriel et 3000 $ s'envolent » : http://technaute.lapresseaffaires.com/nouvelles/texte_com...
04:25 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
13 mars 2007
Débuter avec
« L'attaque canadienne avait débuté avec un assaut lancé par des blindés dans ce qui est considéré comme un bastion de la rébellion talibane. » (PC.)
J'ai consulté treize ouvrages à l'article « débuter »; d'après les résultats de mes recherches, le verbe s'emploie avec la préposition par afin d'introduire le premier élément, la première partie de quelque chose :
Le film débute par une scène très amusante. (Multidictionnaire.)
Cet écrivain débute par un excellent roman. (Dagenais.)
Le rapport du président débutait par un éloge du secrétaire général. (Berthier et Colignon.)
Le motif en notes détachées, par lequel débute l'allégro. (Berlioz, dans le Petit Robert.)
L'échec provisoire par lequel toutes les hautes entreprises débutent. (Cocteau, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
J'ai relevé un exemple où le verbe est suivi de la préposition avec - devant un complément qui renseigne sur la forme plutôt que sur le contenu :
Il débute avec un accent bas et tendre : - Mes biens [sic] chers amis, enfin, nous nous retrouvons! (Barrès, dans le Trésor.)
La construction débuter avec, dans la phrase à l'étude, me paraît le calque de to begin with.
Line Gingras
Québec
« Désertion? » : http://www.ledevoir.com/2006/12/30/126185.html
07:20 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme
12 mars 2007
Elle se serait évitée tous ces ennuis
« Elle se serait évitée tous ces ennuis si, en apprenant le 14 décembre qu'elle était recherchée par la police de Québec, elle était revenue d'elle-même au pays. » (André Pratte.)
Le participe passé du verbe éviter, à la forme pronominale, ne s'accorde pas avec le sujet, mais avec le complément d'objet direct, pourvu que celui-ci précède le verbe :
Ces deux belles-sœurs se sont évitées pendant des années.
Elles ont évité qui? elles-mêmes - plus précisément, elles se sont évitées l'une l'autre. Le participe passé s'accorde avec le pronom réfléchi, se, qui représente les deux belles-sœurs.
Elle ne se doute pas de tous les ennuis qu'elle se serait évités.
Elle aurait évité quoi? des ennuis, représentés par le pronom relatif que.
Il fallait donc écrire :
Elle se serait évité tous ces ennuis...
Line Gingras
Québec
« La prison de Mme Bédard » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070106/CPOPINIONS/701...
06:30 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
10 mars 2007
Entre ceci à cela, un dilemne?
« ... entre 10 à 15 % de la population québécoise adhère aux idées de ces deux partis. Dilemne. » (Paul Cauchon*.)
- Vérification faite dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, la préposition entre ne s'emploie pas avec à, mais avec et :
Il devait y avoir de cent à cent vingt-cinq personnes.
Il devait y avoir entre cent et cent vingt-cinq personnes.
- On écrit indemne, mais dilemme.
Line Gingras
Québec
* Le 26 février, au début de la campagne électorale, monsieur Cauchon écrivait cette mise en garde à l'intention des carnetiers québécois : « En tout cas sachez, blogueurs et blogueuses, que vous serez de plus en plus scrutés à la loupe. » Tant mieux.
« Le débat sur le débat » : http://www.ledevoir.com/politique/blogues/elections2007/2...
« Médias - Une campagne à l'heure d'Internet » : http://www.ledevoir.com/2007/02/26/132497.html
« Tant mieux! » : http://www.ledevoir.com/2007/02/26/commentaires/070226175...
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09 mars 2007
Rendre public une politique
« Québec solidaire rend public sa politique familiale féministe » (Titre d'un article de l'agence Presse Canadienne.)
L'adjectif public n'est pas invariable dans l'expression rendre public; dans le cas présent, il doit s'accorder avec le complément d'objet direct, sa politique familiale féministe, dont il est l'attribut : à la forme passive, on écrirait sa politique familiale féministe est rendue publique. J'ai déjà abordé la question.
* * * * *
« Elles ont aussi déploré que le nombre de femmes candidates au sein des autres formations politiques n'aient pas augmenté depuis les élections de 2003. »
Le noyau du groupe sujet, le nombre de femmes candidates au sein des autres formations politiques, c'est le nombre. L'auxiliaire avoir doit donc s'accorder au singulier : n'ait pas augmenté.
Line Gingras
Québec
« Québec solidaire rend public [sic] sa politique familiale féministe » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070308/CPACTUALITES02...
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