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31 octobre 2006

Tribunaux d'applications et sujet fantôme

«... il ne devrait pas sortir avant 2021 à moins de bénéficier d’une suspension de peine prévue par la loi Kouchner et qui lui ont à ce jour toutes été refusées par les tribunaux d’applications des peines.» (S.A., de nouvelobs.com.)

Les tribunaux d'application des peines s'occupent, j'imagine, de l'application des peines; il paraît donc logique de laisser application au singulier. Une recherche Google confirme cet usage.

* * * * *

De toute évidence, le pronom relatif qui, sujet de ont été refusées, devrait avoir un antécédent pluriel; d'un autre côté, on ne peut sans doute pas bénéficier de plusieurs suspensions de peine à la fois. Je proposerais :

... il ne devrait pas sortir avant 2021, à moins de bénéficier d’une suspension de peine prévue par la loi Kouchner; à ce jour, toutes ses demandes ont été refusées par les tribunaux d’application des peines.

Line Gingras
Québec

«Le premier blog d'un détenu français» : http://permanent.nouvelobs.com/societe/20060220.OBS7300.h...

30 octobre 2006

«C'est... que» et l'attribut du complément d'objet direct

C'est... que; attribut du complément d'objet direct; grammaire française; syntaxe du français; orthographe d'accord. 

«Mais quand on y réfléchit bien, c'est entouré_ de leurs enfants et de leurs petits-enfants qu'on souhaiterait aussi voir les vieillards qui aujourd'hui n'ont plus qu'un animal de compagnie (quand cela leur est permis) pour causer de la vie et de ses angoisses.» (Denise Bombardier.)

La présence du tour c'est... que, servant à une mise en relief, ne doit pas nous tromper : l'adjectif entouré est attribut du complément d'objet direct. On souhaiterait voir les vieillards entourés de leurs enfants...

Vous n'êtes pas convaincu? Imaginons la même construction, mais avec des adjectifs dont la prononciation ferait sentir l'accord :

Cependant, c'est heureuses et bien portantes qu'on souhaiterait voir ces femmes qui ont tant travaillé pour élever leur famille.

Sans la mise en relief, par ailleurs parfaitement correcte, la phrase à l'étude se lirait comme suit :

Mais quand on y réfléchit bien, on souhaiterait aussi voir entourés de leurs enfants et de leurs petits-enfants les vieillards qui aujourd'hui n'ont plus...

Line Gingras
Québec

«Jeunes et seuls» : http://www.ledevoir.com/2006/10/28/121504.html

28 octobre 2006

Ils se sont déplus

Se déplaire; accord du participe passé du verbe pronominal; verbe accidentellement pronominal; grammaire française; orthographe d'accord.

«Il est vrai qu'ils cultivent leur animosité depuis de longues années. Ils semblent même s'être déplus au premier coup d'œil.» (Michel David.)

Se déplaire est un verbe accidentellement pronominal, c'est-à-dire qui ne s'utilise pas toujours à la forme pronominale. Et le pronom réfléchi se, ici, ne sert pas seulement à marquer la forme pronominale, mais désigne les deux hommes (Lucien Bouchard et Jacques Parizeau) représentés par le sujet ils.

En pareil cas, le participe passé s'accorde avec le complément d'objet direct, pourvu que celui-ci précède le verbe. Se déplaire, cependant, ne s'emploie jamais avec un complément d'objet direct : on ne déplaît pas quelque chose ni quelqu'un, mais à quelqu'un; messieurs Bouchard et Parizeau déplaisent, paraît-il, l'un à l'autre.

Le participe passé doit donc rester invariable :

Ils semblent même s'être déplu au premier coup d'œil.

Line Gingras
Québec

«Faits pour se détester» : http://www.ledevoir.com/2006/10/24/121175.html?338

27 octobre 2006

Jamais on écrit «vingt-et-un»

Jamais et la négation; vingt-et-un ou vingt et un; trait d'union; grammaire; orthographe; syntaxe du français. 

«... donner la parole à une de ces personnes que l’on _entend pratiquement jamais et qui vivent la prison, non seulement de l’intérieur mais aussi quotidiennement et, en l’occurrence, depuis vingt-et-une années.» (S.A., de nouvelobs.com.)

Jamais, au sens négatif, doit normalement s'employer avec la négation (ne ou sans), même si l'on omet souvent le ne dans la langue parlée familière :

... une de ces personnes que l'on n'entend pratiquement jamais...
Il aime ses enfants, sans jamais le leur dire.

* * * * *

Les adjectifs numéraux vingt et un, trente et un, quarante et un, cinquante et un, soixante et un et soixante et onze, de même que leurs dérivés en unième, onzième, s'écrivent sans trait d'union :

... en l'occurrence, depuis vingt et une années.
Reportez-vous à la page quarante et un.
Je te le dis pour la trois cent cinquante et unième fois.

Line Gingras
Québec

«Le premier blog d'un détenu français» : http://permanent.nouvelobs.com/societe/20060220.OBS7300.h...

25 octobre 2006

Quelques ou quelque

Quelque, adverbe ou déterminant indéfini; quelque devant un nombre; grammaire française; orthographe d'accord.

«Selon une étude datant de 2005, plus de 126 milliards de dollars sont envoyés chaque année par les quelques 3,7 millions d’Africains de la diaspora vers le continent...» (Site de BAZZO.TV.)

Employé devant un nombre, au sens d'environ, quelque est adverbe, et par conséquent invariable : ... les quelque 3,7 millions d'Africains de la diaspora...

Quelque serait toutefois adjectif ou déterminant indéfini, et se mettrait donc au pluriel, s'il précédait immédiatement un substantif : ... les quelques millions d'Africains de la diaspora...

Line Gingras
Québec

«Tout le monde en parle PAS...» : http://bazzo.tv/frequence.aspx?id=45

24 octobre 2006

Deux fautes d'accord

Accord du verbe avec un pronom relatif ayant pour antécédent un nom accompagné de son complément; accord de lequel avec son antécédent; précision entre tirets; grammaire française; syntaxe du français; orthographe d'accord. 
«Ce n'est pas tellement la substance des politiques du gouvernement conservateur qui me surprennent, que le ton - dirai-je l'arrogance? - avec lesquels il les présente.» (Michel Vastel.)

Qu'est-ce qui surprend? Ce ne sont pas les politiques du gouvernement conservateur, du moins pas d'après la structure de la phrase, mais c'est plutôt la substance de ces politiques. Substance est le noyau du syntagme la substance des politiques du gouvernement conservateur; à ce noyau se rattache le complément politiques du gouvernement conservateur, qui a lui-même pour noyau politiques.

Pour que politiques (au lieu de substance) soit l'antécédent du pronom relatif qui, sujet du verbe surprendre, il aurait fallu écrire :

Ce ne sont pas tellement les politiques du gouvernement conservateur qui me surprennent...

* * * * *

Et comment sont-elles présentées, ces politiques? Sur un certain ton - avec arrogance, en fait. L'arrogance ne s'ajoute pas au ton, mais le précise; c'est un élément accessoire, placé entre tirets et donc isolé du reste de la phrase. Le pronom relatif lequel s'accorde uniquement avec le ton, et doit par conséquent demeurer au masculin singulier.

Line Gingras
Québec

«Mais qu'arrive-t-il à Stephen Harper?» : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...

22 octobre 2006

Tous pour un

Accord avec le sujet de la proposition principale; grammaire française; syntaxe du français; orthographe d'accord.

«"Confiant_ et compétent_ quand il_ gère__ un programme sans surprise, Harper et les quelques conseillers en qui il a confiance perdent tous leurs moyens et leur boussole politique quand l'idéologie entre en collision avec le consensus général."» (Manon Cornellier citant James Travers, du Toronto Star.)

Monsieur Harper et ses conseillers perdent tous leurs moyens dans certaines circonstances, selon le journaliste du Toronto Star; dans d'autres circonstances, c'est-à-dire lorsqu'ils gèrent un programme sans surprise, ils se montrent confiants et compétents. La conjonction de coordination qui unit Harper et les quelques conseillers en qui il a confiance fait des deux sujets un tout indissociable : le pronom sujet de la proposition subordonnée (quand il gère un programme sans surprise) ne peut pas représenter un de ces sujets à l'exclusion de l'autre; les adjectifs confiant et compétent, épithètes détachées, se rapportent aux deux sujets coordonnés, et doivent se mettre au pluriel.

Pour que la première partie de la phrase s'applique uniquement à monsieur Harper, il faudrait la structurer de façon plus claire :

Harper est compétent et plein d'assurance quand il gère un programme sans surprise; cependant, lui et les quelques conseillers en qui il a confiance perdent tous leurs moyens...

Harper est compétent et sûr de lui quand il gère un programme sans surprise; cependant, le premier ministre et les quelques conseillers en qui il a confiance perdent tous leurs moyens...

Line Gingras
Québec

«Revue de presse - Une bouffée d'air frais?» : http://www.ledevoir.com/2006/10/14/120436.html

20 octobre 2006

Exiger à quelqu'un

Exiger à, exiger de; exiger à ou de; exiger quelque chose à quelqu'un; exiger quelque chose de quelqu'un; grammaire française; syntaxe du français.

«... arrêtez d'exiger des "miracles" aux églises.» (Denis Beaudin, responsable du Mouvement Sauvons nos Églises.)

Le verbe exiger construit son complément second au moyen de la préposition de : on exige quelque chose de quelqu'un :

Celui qui exige beaucoup de lui-même se sent naturellement porté à beaucoup exiger d'autrui. (Gide, dans le Petit Robert.)

Exiger peut toutefois, dans bien des cas, être remplacé par réclamer, dont le complément second s'introduit souvent par la préposition à :

Elle réclame une indemnité à la compagnie. (Petit Robert.)

Dans la phrase qui nous occupe, on aurait pu écrire à mon avis :

... arrêtez de réclamer des «miracles» aux églises.
... arrêtez de demander des «miracles» aux églises.
... arrêtez d'exiger des «miracles» des églises.

La dernière formulation me paraît cependant moins heureuse, pour des raisons d'euphonie.

Line Gingras
Québec

«Lettres : Les églises frissonnent déjà» : http://www.ledevoir.com/2006/10/16/120507.html

17 octobre 2006

Quelque chose qu'ils n'ont pas faite

Quelque chose; locution; genre de quelque chose; grammaire française; orthographe d'accord.

«... "il doit maintenant faire quelque chose que les libéraux n'ont pas faite : livrer la marchandise".» (Manon Cornellier citant Don Martin, chroniqueur du National Post.)

Il arrive que l'on doive considérer quelque chose comme deux mots distincts - un substantif féminin précédé d'un adjectif indéfini. D'après ce que je vois dans le Hanse-Blampain, ou bien l'expression est suivie immédiatement d'un adjectif épithète (qui pourrait toutefois être accompagné d'un adverbe), ou bien elle est placée devant une proposition relative dont le verbe est au subjonctif; dans ce dernier cas, le tour marque la concession («quelle que soit la chose que») :

Il y a toujours quelque chose urgente à faire.
Quelque chose que je lui aie dite, il s'obstine.

En général, cependant, quelque chose forme un tout, que j'appellerais avec Hanse et Blampain une locution pronominale indéfinie; l'expression est alors du masculin singulier, et c'est donc au masculin singulier que doit se mettre l'adjectif ou le participe qui s'y rapporte :

Quelque chose de gris, qu'on peut à peine appeler le jour, montait dans les vitres. (Bernanos, dans le Lexis.)

Quelque chose de beau, de bon, d'ennuyeux, d'urgent, d'étonnant, d'impressionnant, de bienveillant, de malheureux.

Il se rappelle quelque chose que j'ai dit. (Hanse-Blampain.)

Quelque chose me paraît obscur dans son explication. (Lexis.)

Dans la phrase à l'étude, il aurait fallu écrire :

... il doit maintenant faire quelque chose que les libéraux n'ont pas fait...

Line Gingras
Québec

«Revue de presse - Une bouffée d'air frais?» : http://www.ledevoir.com/2006/10/14/120436.html

12 octobre 2006

La protection des incendies

Protection des incendies; protection contre les incendies; grammaire française; syntaxe du français.

«... la construction des chemins forestiers et la protection des incendies de forêt.» (Jean-Robert Sansfaçon.)

Le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, consultés aux articles «protection» et «incendie», ne donnent que le tour protection contre l'incendie.

De fait, bien que le verbe protéger construise de préférence son complément second de chose avec la préposition de «si le sens est simplement "mettre à l'abri" plutôt que "mettre à l'abri d'un danger"» (Hanse et Blampain), le nom protection, lorsqu'il est suivi d'un complément indiquant la chose ou la personne contre laquelle on veut protéger, s'utilise toujours avec la préposition contre, d'après les exemples relevés dans les ouvrages généraux que j'ai sous la main :

Un rempart protégeait la ville contre l'ennemi. (Hanse-Blampain.)

Nous connaissons assez bien l'illusion pour nous trouver protégés contre elle. (Paulhan, dans le Petit Robert.)

Elle se protégeait de la pluie avec un vieil imperméable. (Hanse-Blampain.)

Protection contre les maladies, contre les accidents du travail. (Petit Robert.)

Elle remarqua tout à coup qu'il portait des gants de filoselle noire, mince protection contre le vent du nord. (Bernanos, dans le Trésor.)

Le complément amené par la préposition de désigne des réalités bien différentes :

La protection des opprimés, de l'environnement, des consommateurs, de la jeunesse.

... se mettre sous la protection d'une église. (Guizot, dans le Trésor.)

Line Gingras
Québec

«La manipulation» : http://www.ledevoir.com/2006/10/11/120133.html

06 octobre 2006

L'adoption à la Charte

Problème de coordination; coordination de deux noms ne se construisant pas de la même façon; grammaire française; syntaxe du français. 

«J'évoquais alors le rôle qu'avaient joué dans la définition du Québec actuel l'adoption et les modifications faites à la Charte de la langue française.» (Michel Venne.)

Bien entendu, on n'écrirait pas l'adoption à la Charte de la langue française - c'est la préposition de qui convient. Je proposerais :

... l'adoption de la Charte de la langue française et les modifications qui y avaient été apportées.

* * * * *

«... Pierre Elliott Trudeau a amener les Canadiens à redéfinir leur pays.»

... a amené...

Line Gingras
Québec

«Relire Larose» : http://www.ledevoir.com/2006/10/02/119519.html

02 octobre 2006

Leur inspiration, idéologie et tactiques

Adjectif possessif; déterminant possessif; répétition de l'adjectif possessif; accord de l'adjectif possessif; grammaire française; syntaxe du français; calque de l'anglais; orthographe.

«Elles trouvent leur inspiration, idéologie et tactiques sur les quelque 5000 sites Internet islamistes, ajoute le journal de la capitale américaine.» (Le Devoir.)

Un adjectif ou déterminant possessif singulier ne peut se rapporter à trois noms coordonnés désignant des réalités distinctes - à plus forte raison lorsqu'un de ces noms est au pluriel. Mais il ne suffirait pas de mettre leur au pluriel pour que la phrase soit correcte, puisque le déterminant possessif, comme l'article, «se répète normalement devant les noms d'une série» (Hanse et Blampain) :

Elles trouvent leur inspiration, leur idéologie et leurs tactiques...

Bien entendu, en anglais on n'a employé l'adjectif their, d'ailleurs invariable, que devant le premier nom :

... their inspiration, ideology and tactics...

Tout s'explique...

* * * * *

«Il présentait alors la guerre en Irak comme "le front principal de la guerre comme le terrorisme"...»

On nous parle assez souvent de la guerre contre le terrorisme...

Line Gingras
Québec

«Irak : un rapport secret écorche la logique Bush» : http://www.ledevoir.com/2006/09/25/119009.html

30 septembre 2006

La recherche à se révéler

Recherche à + infinitif; grammaire française; syntaxe du français.

«La recherche obsessionnelle de plusieurs à se révéler et la guimauve émotionnelle de l'approche par le vécu sont des réducteurs impitoyables de la nature humaine.» (Denise Bombardier.)

Je ne trouve rien, dans les ouvrages généraux que j'ai à ma disposition, qui autorise à construire le substantif recherche avec un infinitif complément précédé de la préposition à. Je relève plutôt des formulations du genre la recherche du bonheur, de la gloire, des plaisirs, de la vérité, de la perfection.

Qu'est-ce que je propose?

Le désir ou le besoin obsessionnel de se révéler...

Il ne me semble pas utile de conserver de plusieurs; n'empêche qu'il faudra bien nous efforcer, un de ces jours, d'établir la distinction entre plusieurs et beaucoup.

Line Gingras
Québec

«Quelle époque!» : http://www.ledevoir.com/2006/09/23/118919.html?338

27 septembre 2006

Quelque soit

Quel que soit; quelque soit; grammaire française; syntaxe du français; orthographe.

«... quelque soit le chef que choisiront les libéraux...» (Michel C. Auger.)

Placé immédiatement devant le verbe être, quel que, selon Marie-Éva de Villers, est un «déterminant relatif» qui s'écrit en deux mots; quel remplit alors la fonction d'attribut et s'accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe :

Quelles que soient vos préoccupations, il vous faut agir rapidement. (Multidictionnaire.)

Quel que soit celui qui vous a dit cela. (Hanse-Blampain.)

Il fallait donc écrire :

... quel que soit le chef que choisiront les libéraux...

Hanse et Blampain ajoutent que «pouvoir, devoir ou un pronom personnel peuvent précéder» le verbe être :

Quels que puissent être les commentaires, elle en tiendra compte. (Multidictionnaire.)

Quels qu'en doivent être les résultats. (Hanse-Blampain.)

Quel qu'il soit, le coupable sera puni. (Hanse-Blampain.)

Quel que exprimant la concession ou l'opposition, le verbe qui suit doit se mettre au subjonctif.

Line Gingras
Québec

«Ces morts qui votent» : http://www.cyberpresse.ca/apps/pbcs.dll/section?Category=...

26 septembre 2006

À leur défense - de qui, de quoi?

L'antécédent de l'adjectif possessif; l'antécédent du déterminant possessif; grammaire française; syntaxe du français.

«M. Dion s'en prend surtout à l'excuse qu'offre aujourd'hui M. Ignatieff, à savoir qu'il avait été témoin des abus du régime irakien envers la communauté kurde et qu'il s'était promis de toujours se porter à leur défense.» (Hélène Buzzetti.)

Si l'on interprétait cette phrase d'après la façon dont elle est construite - et n'est-ce pas ce que l'on devrait faire, en principe? -, on commettrait un contresens; l'adjectif ou déterminant possessif leur a normalement, en effet, un antécédent pluriel :

L'enfant a fini ses devoirs.
Les enfants ont fini leurs devoirs.

Nous savons que monsieur Ignatieff ne se serait jamais porté à la défense des abus du régime irakien; cependant, nous le savons en dépit de ce que semble affirmer la phrase à l'étude, où le déterminant possessif leur renvoie grammaticalement à un pluriel, des abus, mais se rattache en fait à un singulier évoquant un grand nombre de personnes, la communauté kurde. Pour éviter toute ambiguïté, on aurait pu écrire :

... et qu'il s'était promis de toujours se porter à la défense de cette dernière ou à la défense de cette minorité.

Line Gingras
Québec

«Entretien au Devoir - Dion fustige Ignatieff le naïf» : http://www.ledevoir.com/2006/09/26/119073.html

25 septembre 2006

Une petite phrase

Préposition à; répétition de la préposition à; accord du participe passé employé avec l'auxiliaire avoir; grammaire française; syntaxe du français; orthographe d'accord.

Ils commencent à parler et révéler l'étendue de l'horreur qu'ils ont laissé_ derrière eux. (Michel Vastel.)

Les prépositions à, de et en se répètent normalement : Ils commencent à parler et à révéler...

À mon sens il convient d'autant plus de séparer les deux infinitifs, ici, qu'ils ne se construisent pas de la même façon : parler est un verbe intransitif, alors que révéler a un complément d'objet direct, l'étendue de l'horreur.

 * * * * *

Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Ils ont laissé quoi? l'horreur : ... l'horreur qu'ils ont laissée...

Line Gingras
Québec

«La trêve est brisée au Liban» : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...

23 septembre 2006

Initiatives jugés efficaces

«... ces initiatives étant jugés "efficaces".» (Alec Castonguay.)

Le participe passé employé avec l'auxiliaire être s'accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe : jugées.

Line Gingras
Québec

«Gaz à effet de serre - Ottawa a aboli deux mesures efficaces» : http://www.ledevoir.com/2006/09/23/118923.html

Malgré eux

«... cette condescendance paternaliste que cultivent malgré eux toutes les sociétés majoritaires à l'endroit des minorités...» (Jean-Robert Sansfaçon.)

... malgré elles...

Line Gingras
Québec

«La "petite commotion"» : http://www.ledevoir.com/2006/09/22/118743.html

20 septembre 2006

Interactions entre, interactions avec

Interactions entre; interactions avec; interaction entre; interaction avec; préposition; grammaire française; syntaxe du français.

Une lectrice m'interroge sur l'emploi du mot interaction : faut-il dire les interactions entre l'environnement et les populations, les interactions de l'environnement avec les populations ou les interactions de l'environnement et des populations?

Aucun des ouvrages de difficultés que j'ai pu consulter n'aborde la question. Je trouve cependant quelques exemples utiles dans les dictionnaires généraux :

L'interaction de la théorie et de la pratique. (Lexis.)

Trier magnétiquement les mésons positifs et négatifs pour étudier leurs interactions avec la matière. (Hist. gén. sc., dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Lymphocyte qui interagit avec un antigène. (Petit Robert.)

Le Trésor propose en outre quelques exemples, dont les deux suivants, qui appellent à mon avis certaines réserves :

C'est l'interaction vivante des individus entre eux et de la totalité organique sur chacun qui est leur principe d'individualité. (Vuillemin.)

Il y a interaction mutuelle de l'informateur sur l'informé, et de l'informé sur l'informateur. (Salleron.)

Comme l'élément inter signifie «entre», il me paraîtrait préférable, pour éviter un pléonasme, d'écrire l'interaction vivante des individus les uns avec les autres; et je vois mal comment une «action réciproque» (définition d'interaction, d'après le Petit Robert) peut s'exercer sur un individu, autrement dit dans un seul sens... Je me demande enfin comment une «action réciproque» pourrait ne pas être mutuelle.

On aurait pu dire, il me semble :

L'informateur exerce une action sur l'informé, et l'informé sur l'informateur.

C'est l'interaction vivante des individus les uns avec les autres et de la totalité organique avec chacun qui est leur principe d'individualité.

Line Gingras
Québec

19 septembre 2006

Un voyage de Tunisie

«M. Arar, un ingénieur d'Ottawa, revenait d'un voyage de Tunisie...» (Hélène Buzzetti.)

On peut dire soit que M. Arar revenait de Tunisie, soit qu'il revenait d'un voyage en Tunisie.

* * * * *

«Après de multiples échanges avec les autorités canadiennes, il a été envoyé en Syrie, avec un arrêt en Jordanie, où M. Arar est resté incarcéré près d'un an.»

Je lis pourtant, plus haut : «Cette conclusion hâtive, sans aucun fondement de la part de la Gendarmerie royale du Canada, a conduit le Canadien jusque dans les geôles syriennes où il a croupi près d'un an.» De fait, c'est bien en Syrie, si je ne m'abuse, que M. Arar a été emprisonné. Ce qui crée la confusion, dans la phrase à l'étude, c'est que l'adverbe relatif , placé juste après en Jordanie, a tout l'air de s'y rapporter. On aurait pu éviter le problème en mettant avec un arrêt en Jordanie entre parenthèses.

* * * * *

«... un avis de guet aux frontières pour Maher Arar et son épouse, Monia Mazigh, dans lequel le couple est présenté comme "des extrêmistes islamistes soupconnés d'avoir des liens avec le mouvement terroriste al-Qaïda".»

Les deux fautes se trouvaient-elles dans le document officiel que l'on cite? En pareil cas, il aurait fallu le signaler par la mention sic, entre parenthèses ou entre crochets, qu'on aurait pu placer après le deuxième mot mal orthographié.

Line Gingras
Québec

«Arar blanchi, la GRC blâmée» : http://www.ledevoir.com/2006/09/19/118408.html

18 septembre 2006

Se révéler être

Se révéler être; verbe attributif; grammaire française; syntaxe du français.

«Quant aux dispositions permettant d'établir le profil psychologique des personnes à qui l'on permet de posséder des armes à autorisation restreinte, elles se révèlent être guère efficaces, comme le démontre le cas de Kimveer Gill.» (Bernard Descôteaux.)

D'après les exemples que je vois dans les dictionnaires, se révéler, au sens d'«apparaître», «se faire connaître comme», s'utilise généralement sans le verbe être devant l'adjectif ou le nom attribut :

Ce travail s'est révélé plus facile qu'on ne pensait. (Petit Robert.)

Ces données se sont révélées exactes. (Multidictionnaire.)

Ils se sont révélés très compétents. (Hanse et Blampain.)

Je maintins ma décision de renvoyer à l'intérieur les chefs qui se révélaient incapables. (Joffre, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

De petits employés timides se sont révélés peu à peu des chefs. (Bernanos, dans le Lexis.)

La défaite peut se révéler le seul chemin vers la résurrection, malgré ses laideurs. (Saint-Exupéry, dans le Trésor.)

L'emploi du verbe être est admis, toutefois, dans le Trésor de la langue française informatisé :

Le problème de la réalité du corps se révèle donc être le problème central... (Marcel.)

Ainsi, le passage qui nous intéresse pourrait se lire de différentes façons; entre autres :

... elles ne se révèlent guère* efficaces...
... elles se révèlent n'être guère* efficaces...
... elles se révèlent peu efficaces...

* Noter que l'adverbe guère, ici, doit s'accompagner de la négation ne.

Line Gingras
Québec

«Faire marche arrière» : http://www.ledevoir.com/2006/09/16/118284.html