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08 janvier 2007

Les sans-abris ou les sans-abri?

Pluriel de sans-abri; grammaire française; orthographe d'accord.

« Dès qu'approche le temps des Fêtes, les sans-abri et tous les mal-logés de France font les manchettes des médias. » (Christian Rioux.)

Dernière phrase du même article :

« Onze ans plus tard, les dites "réquisitions" se sont avérées impraticables et le nombre de sans-abris n'a guère diminué. »

Le Petit Robert et le Multidictionnaire donnent sans-abri pour un nom invariable :

L'hiver est très pénible pour les sans-abri. (Multidictionnaire.)

... un îlot insalubre où les sans-abri dormaient dans des cartons. (Queffélec, dans le Petit Robert.)

Le Hanse-Blampain, après avoir consigné un ou des sans-abri, apporte la précision suivante : « Les Rectifications de l'orthographe proposent de marquer le pluriel en mettant [...] un s au deuxième élément : des sans-abris... »

Quelle que soit la graphie que l'on adopte, il faut s'y tenir à l'intérieur d'un même texte.

Line Gingras
Québec

« Le logement est-il un droit? » : http://www.ledevoir.com/2007/01/04/126388.html

07 janvier 2007

L'esprit ou l'initiative?

« À la vitesse à laquelle évoluent les mœurs et les nouvelles techniques de reproduction, l'esprit d'initiative des cours peut devenir préoccupante... » (Manon Cornellier.)

Bien entendu, il peut arriver qu'une initiative soit préoccupante. Cependant, il est question dans cette phrase non pas d'une initiative en particulier, mais de l'esprit d'initiative. Le noyau de cette expression, c'est esprit; le complément initiative, non actualisé parce que non précédé d'un article ou d'un autre déterminant, joue un peu le rôle d'un adjectif qualificatif. C'est donc avec esprit que doit s'accorder l'attribut, préoccupant.

Line Gingras
Québec

« Mamma mia! » : http://www.ledevoir.com/2007/01/06/126607.html

06 janvier 2007

Elle s'est plaint

Elle s'est plaint ou elle s'est plainte; se plaindre; accord du participe passé du verbe pronominal se plaindre; grammaire française; orthographe d'accord.

« Le Canada et les États-Unis se sont entendus vendredi dernier sur le retour de Myriam Bédard au Québec pour faire face aux accusations criminelles qui pèsent contre elle. L'athlète s'est par la suite plaint_ de la lenteur des autorités canadiennes dans les démarches de rapatriement. » (PC.)

Le participe passé du verbe se plaindre, nous dit Marie-Éva de Villers, s'accorde avec le sujet du verbe :

Ils s'étaient plaints du retard. (Multidictionnaire.)
Elles se sont plaintes à leur maman. (Hanse-Blampain.)

Dans la phrase qui nous occupe, le sujet du verbe est le nom athlète, féminin parce qu'il désigne une femme :

L'athlète s'est par la suite plainte de la lenteur des autorités canadiennes...

Line Gingras
Québec

« Myriam Bédard est de retour au Québec après 13 jours en prison aux USA » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:2386...

04 janvier 2007

Qui donc?

Sujet inversé; grammaire française; syntaxe du français.

« ... après quoi il a dit qu'il entendrait la requête pour remise en liberté que présenterait alors ses avocats. » (Alexandre Shields.)

Qui donc va présenter la requête, à votre avis? 

Line Gingras
Québec

« Myriam Bédard sera rapatriée aujourd'hui » : http://www.ledevoir.com/2007/01/04/126343.html

03 janvier 2007

Avoir le beau jeu

Avoir le beau jeu; avoir beau jeu; usage; grammaire française; syntaxe du français.

« Le premier ministre Jean Charest a eu le beau jeu en répliquant que la firme Moody's venait tout juste de relever d'un cran la cote de crédit du Québec après l'avoir augmentée en juin dernier. » (Robert Dutrisac.)

Aucun des onze ouvrages consultés ne donne l'expression figurée avoir le beau jeu. On relève par contre avoir beau jeu, qui signifie « se trouver dans des conditions idéales pour faire quelque chose » (Multidictionnaire). Cette locution peut être suivie, d'après le Lexis, de la préposition de ou pour (introduisant un infinitif) :

Ils ont beau jeu de nous faire croire n'importe quoi. (Multidictionnaire.)

On aurait beau jeu de répondre que plus d'un seigneur a dû jadis son fief aux sacs d'écus d'un père usurier. (Bernanos, dans le Lexis.)

Comme les Danton, les Robespierre, les Marat dormaient en paix, les soldats allaient avoir beau jeu. (Erckmann-Chatrian, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

On aurait pu écrire, il me semble :

Le premier ministre Jean Charest a eu beau jeu de répliquer...  

Line Gingras
Québec

« Une accusation qui tombe à plat » : http://www.ledevoir.com/2006/11/15/122884.html

01 janvier 2007

Se souvenir + infinitif

Se souvenir + verbe à l'infinitif;  se souvenir, se souvenir de; grammaire française; syntaxe du français.

« ... je me souviens avoir regardé le passage du chanteur Corneille à l'émission de Véronique Cloutier... » (Bruno Guglielminetti.)

« Je me souviens avoir talonné sans succès Robert Charlebois, à deux semaines du référendum de 1995, pour lui arracher une déclaration sur la souveraineté. » (Christian Rioux.)

Le verbe se souvenir, lorsqu'il a pour complément un nom ou un pronom, s'emploie avec la préposition de :

Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
(Verlaine, Chanson d'automne.)

N'est-ce pas la même chose s'il est suivi d'un infinitif?

Je trouve en effet un bon nombre d'exemples où l'infinitif complément est précédé de la préposition :

Nous nous souvînmes de n'avoir regardé qu'imparfaitement. (Baudelaire, dans le Petit Robert.)

Je ne me souviens pas d'avoir cueilli ces fleurs. (Duras, dans le Lexis.)

Martine se souvenait d'être descendue de voiture. (Simenon, dans le Colin.)

Je me souvenais bien d'avoir quelque chose à te dire... (Gide, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Le tour sans préposition, dans lequel le Colin, le Girodet et le Trésor voient une analogie avec se rappeler, serait à éviter dans la langue surveillée, selon Girodet. J'en ai relevé cependant plusieurs exemples, tous avec un infinitif passé, dans les dix ouvrages consultés; Hanse et Blampain ne critiquent pas cette construction, qu'ils donnent pour fréquente :

... je me souviens avoir emprunté mon texte au prophète Isaïe... (Marrou, dans le Trésor.)

Il ne doit pas se souvenir nous avoir dit qu'elle demeurait à deux kilomètres de là. (Proust, dans le Colin.)

Je me souvins l'avoir regardé de la véranda. (Green, dans le Petit Robert.)

Les deux phrases à l'étude, où se souvenir est suivi directement d'un infinitif passé, sans de, sont donc correctes.

Line Gingras
Québec

« Technologie - La télévision, sans téléviseur » : http://www.ledevoir.com/2006/05/23/109745.html?338
« Perspectives - Le parler "vrai" de Jean Charest » : http://www.ledevoir.com/cgi-bin/ledevoirredir.cgi?http://www.ledevoir.com/2006/07/11/113415.html?338

31 décembre 2006

Soumettre que

Soumettre que; to submit that; grammaire française; syntaxe du français; anglicisme; calque.

« ... on peut soumettre que le commentaire est, comment dire, légèrement exagéré. » (Jean Dion.)

D'après le Trésor de la langue française informatisé, soumettre peut signifier notamment « Présenter à l'avis, au jugement, à la décision (de quelqu'un dont on reconnaît l'autorité) » :

Cette question a été soumise au comité. (Multidictionnaire.)

[Flaubert] se prit d'affection pour moi. J'osai lui soumettre quelques essais. (Maupassant, dans le Petit Robert.)

Vous comprendrez que je ne puisse envisager de soumettre l'« Espoir » à votre censure. (Beauvoir, dans le Lexis.)

Aucun des sept ouvrages qui m'ont été utiles, toutefois, ne reçoit ce verbe, suivi d'une proposition conjonctive introduite par que, au sens de « faire observer », « affirmer », « soutenir », que possède l'anglais to submit (voir le Meertens et le Robert & Collins Super Senior pour d'autres équivalents). Le Colpron signale comme fautifs les exemples suivants :

Le comité a soumis que la question demandait une étude sérieuse (= a allégué, est d'avis).

Je soumets que l'accusé n'avait pas d'intentions délictueuses (= prétends).

Line Gingras
Québec

« Du gros hockey » : http://www.ledevoir.com/2006/12/30/126094.html

30 décembre 2006

Faire le pari que + indicatif ou subjonctif

Faire le pari que; parier que; choix du mode; grammaire française; syntaxe du français.

« La démocrate chrétienne fait aussi le pari que le successeur de Jacques Chirac, qui sera élu en mai, puisse susciter l'adhésion à cette formule constitutionnelle... » (Christian Rioux.)

D'après le résultat de mes recherches, l'expression faire le pari que, comme parier que, est suivie de l'indicatif (ou d'un conditionnel ayant valeur de futur du passé) :

Je te fais le pari qu'il sera là demain. (Petit Robert.)

J'ai fait le pari que notre équipe gagnerait [...] (Multidictionnaire.)

Dans dix mille ans d'ici, je vous fais le pari que cette guerre [...] sera complètement oubliée... (Céline, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Je parie qu'il réussira. (Hanse et Blampain.)

Il avait parié avec son frère que leur amie ne viendrait pas. (Hanse et Blampain.)

Je parie qu'il a oublié de lui téléphoner. (Lexis.)

Moi, je te parie que la première chose qu'il verra en entrant, c'est cette cendre sur le tapis. (Mauriac, dans le Trésor.)

Dans la phrase à l'étude, il aurait fallu à mon avis le futur simple de l'indicatif :

La démocrate chrétienne fait aussi le pari que le successeur de Jacques Chirac, qui sera élu en mai, pourra susciter l'adhésion à cette formule constitutionnelle...

Line Gingras
Québec

« Éclaircie à l'horizon » : http://www.ledevoir.com/2006/12/29/126063.html

29 décembre 2006

Avoir confiance de + infinitif

Avoir confiance de + infinitif; grammaire française; syntaxe du français.

« Plus tôt, l'avocat américain de Bédard, Kevin McCants, avait indiqué que la médaillée d'or croyait être victime d'une injustice et qu'elle avait confiance d'être innocentée. » (PC.)

On peut avoir confiance en quelqu'un, en quelque chose, dans certaines personnes, dans certaines choses :

Avoir confiance en soi. (Lexis.)

Elle avait confiance en lui et lui inspirait confiance. (Maurois, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Elle a confiance en l'avenir. (Multidictionnaire.)

J'ai confiance en Dupont, en Dieu, en lui, en ou dans mon directeur, en ou dans vos capacités, en ou dans cet homme, en ou dans un remède, dans la capacité de mes collaborateurs. (Hanse et Blampain.)

Avoir confiance dans les médecins. (Petit Robert.)

Cependant, je n'ai trouvé le tour avoir confiance de + infinitif dans aucun des douze ouvrages consultés. Je proposerais plutôt :

... et qu'elle avait bon espoir d'être innocentée.

Line Gingras
Québec

« Myriam Bédard demeurera incarcérée aux États-Unis au moins jusqu'à vendredi » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:2496...

27 décembre 2006

Sa sortie ont rejoint...

Noyau du groupe sujet; accord du verbe avec son sujet; grammaire française; syntaxe du français.

« Sa sortie sur les abus de l'accommodement raisonnable ont rejoint les préoccupations d'une bonne partie de la population. » (Michel David.)

Qu'est-ce qui a rejoint les préoccupations d'une bonne partie de la population? Sa sortie sur les abus de l'accommodement raisonnable. Accommodement raisonnable est complément du nom abus; et sur les abus de l'accommodement raisonnable se rattache au nom sortie, noyau du groupe sujet, qui détermine l'accord du verbe : a rejoint.

Line Gingras
Québec

« Bulletin de l'opposition » : http://www.ledevoir.com/2006/12/16/125106.html 

26 décembre 2006

Courrez, courrez...

Courir à l'impératif présent; courrez ou courez; grammaire française; orthographe.

« Vœu pieux des Fêtes aux familles : courrez plutôt dehors capturer au lasso quelques flocons nostalgiques des Noëls d'antan et laissez les jeunes amants mourir sans vous. » (Odile Tremblay.)

À l'impératif, le verbe courir s'écrit avec un seul r. Il en prend deux, par contre, au futur simple :

Courez, courez / Vite si vous le pouvez... (Guy Béart, L'eau vive.)

Demain il sera encore temps : vous courrez tous au bois d'Ormonde, si vous y tenez tellement.

Line Gingras
Québec

« Annus horribilis » : http://www.ledevoir.com/2006/12/23/125724.html

24 décembre 2006

Le pluriel de grand-mère

Grand-mères ou grands-mères; grand-mère au pluriel; grammaire française; orthographe.

« La jeune femme a décidé de passer les fêtes de Noël auprès de sa famille après la mort récente de ses deux grand-mères, précise le journal. » (Agence France-Presse.)

« Pourquoi un père Noël lorsqu'on a quatre grands-pères, quatre grands-mères et leurs lignées respectives, ce qu'on pourrait qualifier de pactole familial. » (Denise Bombardier.)

Le Trésor de la langue française informatisé, à l'instar du Dictionnaire de l'Académie (j'ai vu la version informatisée de la neuvième édition), reçoit seulement le pluriel grand-mères :

Des histoires de grand-mères. (Académie.)

Je n'ai trouvé là que deux ou trois vieilles grand-mères. (Littré, dans le Trésor.)

C'est la plus fraîche des grand-mamans, encore blonde et déjà grassette. (Amiel, dans le Trésor.)

Le Multidictionnaire admet à la fois grands-mères et grand-mères.

Hanse et Blampain font observer qu'il serait logique d'écrire des grands-mères, « puisqu'on écrit : des grands-pères et que l'apostrophe est supprimée dans grand-mère ». Ils ajoutent : « On peut certes écrire des grand-mères, mais nous conseillons nettement des grands-mères, des grands-places, des grands-messes. »

Le Lexis et le Petit Robert font tous deux varier l'adjectif au pluriel :

Du temps de nos grands-mères.

J'opterais personnellement pour la graphie grands-mères

Line Gingras
Québec

« L'amie de cœur du prince Wiilliam [sic] décline une invitation royale » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPINSOLITE/612...

« Nostalgie » : http://www.ledevoir.com/2006/12/23/125778.html

21 décembre 2006

De bonne augure

De bon augure ou de bonne augure; masculin ou féminin; genre du nom augure.

« "... une augmentation des dépenses durant cette période est de bonne augure pour les commerçants", estime David Ades, premier vice-président de Solutions Moneris. » (PC.)

Marie-Éva de Villers attire l'attention sur le genre masculin du nom augure :

Ces résultats sont de bon augure, de mauvais augure. (Multidictionnaire.)

Un heureux augure. (Hanse et Blampain.)

Oiseau de bon, de mauvais augure. (Petit Robert.)

Le suintement rouge du ciel à l'horizon lui parut d'un si funèbre augure qu'il referma la croisée. (Barrès, dans le Petit Robert.)

Line Gingras
Québec

« En bref - Tchik-a-tchik » : http://www.ledevoir.com/2006/12/20/125452.html

20 décembre 2006

Un acre ou une acre?

Acre, masculin ou féminin; genre du nom acre.

« Hier, le premier ministre Stephen Harper a poursuivi l'œuvre correctrice entreprise par un précédent gouvernement conservateur en rétrocédant 11 000 acres de terres expropriés en 1969 par Pierre Elliott Trudeau dans le but de construire l'aéroport de Mirabel. » (Jean-Robert Sansfaçon.)

« Pour le maire de Mirabel, M. Hubert Meilleur, qui souhaitait récupérer 2000 des 11 000 acres rétrocédés pour agrandir son parc industriel... »

« Le gouvernement de Brian Mulroney avait rétrocédé, en 1985, 80 000 des 97 000 acres expropriés lors de la construction de l'aéroport de Mirabel, en 1969. » (Alec Castonguay.)

Le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé donnent tous quatre le mot acre, désignant une mesure agraire, pour un nom féminin :

Mesure de superficie. Au Pays de Caux, on distingue : la « grande acre » [...] et la « petite acre »... (Mensire, dans le Trésor.)

Le Trésor cite également, il est vrai, un exemple de Mérimée où il semble que le substantif soit considéré comme masculin :

... six mille acres avaient été enclos de palissades, selon l'usage américain...

Aucune explication n'est fournie; peut-être un sujet masculin se trouve-t-il dans le bout de phrase qui nous manque. Quoi qu'il en soit, Dagenais fait observer que l'on doit « prendre garde que le mot acre est féminin » :

Un terrain d'une acre et demie.

Line Gingras
Québec

« 37 ans plus tard » : http://www.ledevoir.com/2006/12/19/125325.html

« Mirabel : Harper rétrocède 11 000 acres de terre » : http://www.ledevoir.com/2006/12/19/125377.html

18 décembre 2006

Urger quelqu'un à...

Urger, verbe transitif ou intransitif; to urge someone to; grammaire française; syntaxe du français; calque.

« Elle aussi urge le premier ministre Harper à agir. » (Hugo de Grandpré.)

Selon le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, urger, qui appartient au registre familier, est un verbe intransitif - il n'a donc jamais de complément d'objet direct. Le Trésor précise qu'il ne se rencontre qu'à la troisième personne, à la forme impersonnelle :

Ça urge! Appelez les pompiers! (Multidictionnaire.)

Rien n'urgeait. (Hanse-Blampain.)

Ce n'urge point avant samedi. (Jarry, dans le Petit Robert.)

C'est pas le moment de parler comme ça, ça urge l'histoire de la gosse. (Queneau.)

Mon vieux Jean [...] il urge (non, voyons!) il est urgent que je rompe avec Isabelle. (Larbaud.)

Dans la phrase à l'étude, nous avons affaire de toute évidence au calque de l'anglais to urge someone to do something; l'idée peut se rendre par engager, exhorter, inciter, encourager quelqu'un à faire quelque chose. (Voir le Meertens pour d'autres équivalents.)

Line Gingras
Québec

« Maher Arar "toujours dangereux" » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPACTUALITES/6...

17 décembre 2006

Ils se sont rendus compte...

Se rendre compte; ils se sont rendu compte ou ils se sont rendus compte; accord du participe passé de la locution verbale se rendre compte; accord du participe passé du verbe pronominal; grammaire française; orthographe d'accord.

« Au bout de six mois de recherches, les scientifiques se sont rendus compte que "ces restes n'avaient pas été brûlés", précise le Dr Charlier. » (Associated Press.)

Cette fois encore, il a fallu que je vérifie : jamais je ne me rappelle comment accorder le participe passé de la locution verbale se rendre compte. C'est que je ne crois pas qu'on puisse analyser séparément les éléments de cette expression; celle-ci veut dire comprendre, découvrir, remarquer, et non pas, à mon avis, rendre compte de quelque chose ou faire un compte rendu à soi-même.

Alors? Le renseignement que je cherchais, je l'ai trouvé à l'article « compte », dans le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain :

Elles se sont rendu compte de leur erreur. (Petit Robert.)
Elle s'est rendu compte qu'elle avait tort. (Petit Robert.)
Ils se sont rendu compte de l'erreur trop tard. (Multidictionnaire.)
Ils se sont rendu compte qu'on les trompait. (Hanse-Blampain.)

J'arriverai peut-être enfin à m'en souvenir : le participe passé de la locution se rendre compte est invariable.

Line Gingras
Québec

« Les restes présumés de Jeanne d'Arc ne sont probablement pas les siens » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPSCIENCES/612...

16 décembre 2006

Que le vrai sujet...

« Ce recours systématique à la caricature, à la démagogie et à la désinformation font partie de la formule, comme une sorte de potion magique de la cote d'écoute. » (Gil Courtemanche.)

Bien entendu, la caricature, la démagogie et la désinformation sont des ingrédients de la potion magique; mais la phrase est structurée de manière que le véritable sujet du verbe, c'est recours :

Ce recours systématique [...] fait partie de la formule...

* * * * *

« ... cela surprend et semble invraisemblable. »

... cela surprend et paraît invraisemblable.

Line Gingras
Québec

« Ce n'est pas l'État qui est mauvais, c'est le gouvernement » : http://www.ledevoir.com/2006/12/16/125147.html

14 décembre 2006

Concourir en compétition

Concourraient ou concouraient; concourrait ou concourait; concourir en compétition; pléonasme; orthographe; conjugaison; imparfait ou futur du passé.

« En fin de semaine se clôturait le sixième Festival du film de Marrakech. Or, pour la toute première fois, deux films marocains concourraient en compétition, à l'émoi de la ville ocre. » (Odile Tremblay.)

Concourir s'emploie ici dans le sens d'« entrer, être en compétition pour obtenir un prix » (Petit Robert); la précision me paraît donc superflue.

Étant donné qu'il s'agit d'un événement passé et qu'on utilise déjà l'imparfait de l'indicatif dans la première phrase, j'attendrais l'imparfait, également, dans la seconde : concouraient, avec un seul r. Le futur du passé - ayant la forme du conditionnel, concourraient, avec deux r - serait admissible si l'on se transportait en pensée avant le festival; mais rien ne justifie ce changement de point de vue entre la première et la deuxième phrase.

Line Gingras
Québec

« Le cinéma marocain, entre tradition et modernité » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124658.html

13 décembre 2006

Politiques à droites

À droites ou à droite; syntaxe des compléments; accord du participe passé attribut; noyau du groupe sujet; orthographe.

« "Je sais très bien que ce gouvernement est vulnérable tellement ses politiques sont à droites et très loin de ce que les Canadiens veulent." » (Alec Castonguay et Robert Dutrisac, citant Stéphane Dion.)

Les intentions du gouvernement sont-elles droites? Je ne me prononcerai pas là-dessus. Ses politiques sont-elles adroites? Je ne saurais le dire. En tout cas elles sont à droite, sans s, parce que l'expression est une locution adverbiale, donc invariable.

* * * * *

« Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser comme il s'y est engagé, c'est-à-dire, pour le Bloc, d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel avec pleine compensation. »

Que doit faire Stephen Harper? Limiter le pouvoir fédéral de dépenser, comme il s'y est engagé. Et qu'est-ce que cela veut dire, pour le Bloc? Accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel [de certains programmes], avec pleine compensation.

Le syntagme commençant par accorder se rattache donc à doit, et non pas à pouvoir fédéral, comme il le semblerait pourtant, à la façon dont la phrase est construite : en dépit de ce que paraissent affirmer les journalistes, le Bloc ne souhaite pas, je pense, qu'on limite le pouvoir fédéral d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel.

Comment régler le problème? En fait c'est très simple, il suffit de supprimer la préposition devant accorder :

Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser [...] c'est-à-dire, pour le Bloc, accorder au Québec...

* * * * *

« Mais notre opposition et notre manque de confiance envers M. Harper concernant les politiques étrangères de son gouvernement sont bien connues. » (Les auteurs citent Jack Layton.)

Les politiques étrangères du gouvernement conservateur sont sans doute bien connues du parti que dirige M. Layton, mais ce n'est pas l'idée qu'il exprime ici : il parle d'opposition et de manque de confiance. Or, dans manque de confiance, il y a le nom féminin confiance, mais ce n'est pas lui qui est le noyau du groupe sujet : M. Layton ne signale évidemment pas la confiance du NPD à l'égard de M. Harper, mais plutôt le manque de confiance. Le participe passé du verbe connaître est donc attribut de deux sujets, l'un féminin (opposition) et l'autre masculin (manque de confiance) :

Mais notre opposition et notre manque de confiance [...] sont bien connus.

* * * * *

« Stéphane Dion juge que le Bloc cherche par tous les moyens _ déclencher des élections au plus vite. »

... le Bloc cherche [...] à déclencher...

 * * * * *

« ... le chef du Bloc québécois [...] a fait le bilan de la première année du gouvernement Harper et jugé du respect de ses engagement_ envers le Québec. »

Line Gingras
Québec

« Afghanistan : le Bloc menace le gouvernement Harper » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124686.html

12 décembre 2006

Et moi, je vous dit...

Conjugaison du verbe dire à la première personne du présent de l'indicatif; grammaire française; orthographe.

« "Vous auriez une bonne chance de gagner, a-t-il dit. Si vous décidez de vous présenter aux prochaines élections, monsieur Fournier, je fais comme les gens du théâtre et vous dit : Merde!" » (Richard Martineau.)

... je fais [...] et vous dis...

Line Gingras
Québec

« Message à Guy Fournier » : http://martineau.blogue.canoe.ca/2006/12/09/

11 décembre 2006

Dont - Accusations dont la valeur des amendes...

Dont, pronom relatif; grammaire française; syntaxe du français.

« Jusqu'à présent, l'opération Bourdon va permettre aux agents de porter plus de 70 accusations dont la valeur des amendes pourrait totaliser 255 000 $ à ces Bougons de luxe. » (Louis-Gilles Francœur.)

Le pronom relatif dont représente le nom accusations, qu'il est censé relier à la subordonnée qui suit. Mais de quel élément de cette subordonnée accusations serait-il complément? On ne parle pas de la valeur des accusations, mais de la valeur des amendes; et il ne saurait être question des amendes des accusations. Alors?

Je proposerais de juxtaposer les idées, et de préciser par la même occasion à quoi au juste se rattache le groupe ces Bougons de luxe :

Jusqu'à présent, l'opération Bourdon va permettre aux agents de porter plus de 70 accusations; les amendes pourraient coûter 255 000 $ au total à ces Bougons de luxe.

Jusqu'à présent, l'opération Bourdon va permettre aux agents de porter plus de 70 accusations contre ces Bougons de luxe; la valeur des amendes pourrait totaliser 255 000 $.

Line Gingras
Québec

« Les Bougon pilleurs de la faune » : http://www.ledevoir.com/2006/12/08/124372.html