11 mai 2007
Tel que + participe passé
« Tel que rédigée, la loi exige que... » (Serge Truffaut.)
Après tel que, l'ellipse du sujet et du verbe conjugué est à déconseiller dans la langue soutenue. Notez que l'adjectif tel s'accorde, tout comme le participe passé (qu'il y ait ellipse ou non), étant donné qu'il se rapporte à loi :
Telle qu'elle a été rédigée ou Telle qu'elle est rédigée, la loi exige que...
* * * * *
« Voilà : deux juges de la Cour constitutionnelle ont été suspendus par le président de ce tribunal. Le motif évoqué? Ils ont été accusés, sans que des preuves formelles aient été présentées, d'avoir... »
Pour la distinction entre évoquer et invoquer, je vous renvoie à un billet de La plume heureuse. J'y évoque une foule de souvenirs, en plus...
* * * * *
« ... ils craignaient que le scepticisme manifesté par ces deux magistrats ne fasse tâche d'huile... »
Il leur fallait donc se donner pour tâche d'empêcher, justement, qu'il ne fasse tache d'huile :
La lâcheté ne peut faire que tache d'huile. (Leiris, dans le Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« Dérive polonaise » : http://www.ledevoir.com/2007/05/11/143049.html?fe=990&...
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10 mai 2007
Accords imparfaits
« Le seul ennui, c’est qu’il avait été adopté en plein_ effervescence souverainiste... » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)
Effervescence est un nom féminin : en pleine effervescence.
« Le PQ devra se demander si son projet politique – qui est encore très proche de la souveraineté-association imaginée par René Lévesque à la fin des années 1960 – est encore la meilleure pour le Québec des années 2010. »
La proposition relative, détachée par des tirets, apporte sans doute une précision utile; elle ne fait cependant pas partie du message essentiel de la phrase : Le PQ devra se demander si son projet politique est encore le meilleur pour le Québec des années 2010.
« Avec son départ, les péquistes n’ont plus le choix, ni de bouc émissaire commode : ils devront se poser les questions qu’ils ont soigneusement évité__ depuis des années. »
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir, on le sait mais encore faut-il se le rappeler au moment opportun, s'accorde avec le complément d'objet direct, si ce dernier précède le verbe. Ils ont évité quoi? les questions : évitées. On écrirait toutefois :
Ils devront réfléchir aux questions qu'ils ont soigneusement évité de se poser.
Ils ont évité quoi? de se poser certaines questions.
Line Gingras
Québec
« Entre le chef et le programme » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140928
05:35 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
05 mai 2007
Tenter + infinitif
« Ghislain Lavoie estime que le PC tente ainsi favoriser le maire Denis Lebel, au détriment de l'autre candidat dans la course, Bernard Potvin. » (Alec Castonguay.)
Employé au sens d'« essayer » et suivi de l'infinitif, le verbe tenter se construit avec la préposition de, comme le fait observer Marie-Éva de Villers :
Tenter de trouver un médicament pour enrayer une maladie. (Multidictionnaire.)
Il tentait en vain de déchiffrer l'inscription. (Robbe-Grillet, dans le Lexis.)
C'est ce que nous avons tenté de montrer au long du présent chapitre. (L'histoire et ses méthodes, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
A-t-elle jamais tenté de s'enfuir? (Villiers, dans le Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« Grogne chez les conservateurs de Roberval » : http://www.ledevoir.com/2007/05/01/141591.html
03:42 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
02 mai 2007
Coordination et changement d'auxiliaire
« Devant quelques milliers de supporters qui avaient gardé la forme malgré la déconfiture du Front national au premier tour, Jean-Marie Le Pen s'est livré à une dénonciation en règle des deux candidats à l'élection de dimanche et appelé à n'en choisir aucun. » (Christian Rioux.)
On peut très bien coordonner les verbes se livrer et appeler. Cependant, comme se livrer se conjugue avec être, et appeler avec avoir, l'auxiliaire ne peut pas rester sous-entendu :
... Jean-Marie Le Pen s'est livré à une dénonciation en règle des deux candidats à l'élection de dimanche et a appelé à n'en choisir aucun.
Grevisse écrit à ce propos : « Il n'est pas conforme au bon usage de ne pas exprimer le second auxiliaire quand il est différent du premier. » (Le bon usage, douzième édition, paragraphe 784, a.)
Line Gingras
Québec
« Présidentielle française - Le Pen appelle à l'abstention massive » : http://www.ledevoir.com/2007/05/02/141753.html?fe=916&...
06:50 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, journalisme
01 mai 2007
Inadéquat, l'association
« "Nous jugeons inadéquat_, écrit Québec Pluriel, l'association de cannibale à la communauté noire et à Kunta Kinté, qui, pour votre gouverne, est l'ancêtre africain d'Alex Haley [l'auteur du roman Racines]." » (Paul Cauchon.)
Qu'est-ce qui est inadéquat? L'association de cannibale à la communauté noire et à Kunta Kinté. Selon la grammaire traditionnelle, l'adjectif est attribut du complément d'objet direct : nous jugeons l'association inadéquate, nous jugeons que l'association est inadéquate. L'accord se fait en genre et en nombre.
Line Gingras
Québec
« Les Têtes à claques accusées de racisme » : http://www.ledevoir.com/2007/05/01/141586.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
30 avril 2007
Morts ou vifs
« "Pensez-vous que nous ne sommes que des parasites vivants aux dépens du travail honnête et ardu de nos concitoyens?" » (Mario Cloutier, dans La Presse, citant l'écrivain d'expression anglaise Yann Martel.)
Seraient-ils donc, nos écrivains et nos artistes, des parasites morts?
Mais non, les apparences ont le nez qui trompe : ce qu'on a voulu dire, c'est que pour beaucoup de nos élus, il semblerait qu'écrivains et artistes, en qualité de parasites, ne sachent faire qu'une chose : vivre aux dépens de leurs concitoyens (et non pas aux dépens du travail de leurs concitoyens, je le signale en passant). Il fallait employer le verbe, pas l'adjectif : vivant.
Line Gingras
Québec
« Yann Martel "conseille Stephen Harper" » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070417/CPARTS02/70417...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
27 avril 2007
Familiariser à
« "J'ai rencontré ces deux trapézistes pour suivre un atelier de formation et j'ai été frappée. J'ai tout de suite été convaincue qu'il fallait familiariser nos danseurs aux techniques aériennes et les intégrer au programme de danse", a expliqué hier au Devoir Gay Nardone, dont les cours connaissent aujourd'hui une popularité sans précédent. » (Isabelle Paré.) [Madame Nardone enseigne à l'Université du New Hampshire; ses propos ont sans doute été traduits.]
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, le verbe familiariser se construit avec la préposition avec. J'ai trouvé effectivement de nombreux exemples de cet emploi dans les onze ouvrages consultés :
Familiariser quelqu'un avec quelque chose
Familiariser un soldat avec le maniement des armes. (Petit Robert.)
Cette lecture m'a familiarisé avec le sujet. (Hanse-Blampain.)
Il faut familiariser les dirigeants de la nation comme le grand public avec la révolution nucléaire. (Goldschmidt, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Se familiariser avec quelque chose
Ils se sont familiarisés avec cette nouvelle méthode. (Multidictionnaire.)
Se familiariser avec le bruit de la rue. (Lexis.)
Né provençal, il s'était facilement familiarisé avec tous les patois du midi. (Hugo, dans le Trésor.)
Être familiarisé avec quelque chose
Nous sommes familiarisés avec ces problèmes. (Hanse-Blampain.)
Il est maintenant familiarisé avec son nouveau métier. (Lexis.)
Je ne suis pas encore familiarisé avec cet ordinateur. (Chouinard.)
Le Trésor ajoute une remarque : Littré atteste la construction familiariser à quelque chose, mais la documentation n'en fournit qu'un seul exemple :
Pour peu qu'il [le lecteur] soit familiarisé « à ces vastes contemplations ». (Bachelard.)
Il me semble donc que seule est vraiment admise la préposition avec :
... familiariser nos danseurs avec les techniques aériennes...
Line Gingras
Québec
« L'"effet Cirque du Soleil" fait boule de neige » : http://www.ledevoir.com/2007/04/27/141108.html?fe=875&...
16:55 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
26 avril 2007
Se refuser de + infinitif
« Cet ancien élu croit que les gens sont "écœurés", et ce, de bien des choses : du système de santé que les politiciens se refusent de réformer en profondeur... » (Hélène Buzzetti.)
D'après les résultats de mes recherches, on devrait employer se refuser à devant un infinitif, au sens de « ne pas consentir à faire quelque chose », « ne pas vouloir faire quelque chose » :
On refuse de faire une chose, on se refuse à la faire. (Berthier-Colignon.)
Il se refusait à envisager cette solution. (Petit Robert.)
Elles se sont refusées à signer. (Multidictionnaire.)
Ils se sont refusés à nous aider. (Hanse-Blampain.)
Elles se sont refusées à parler. (Girodet.)
Une finesse animale qui s'arrêtait aux apparences et se refusait à aller au fond des choses. (Vidalie, dans le Colin.)
Ma plume se refuse à écrire de telles horreurs. (Larousse du XXe siècle, dans le Thomas.)
Le Trésor de la langue française informatisé admet à la fois se refuser à + infinitif et se refuser de + infinitif. Mais les exemples qu'il propose contiennent la première seulement de ces deux constructions :
Du reste, elle se refusait à voyager cette nuit! (G. Leroux.)
Ses pieds enflés se refusaient à marcher. (Maupassant.)
Le Hanse-Blampain signale que certains écrivains utilisent se refuser de faire quelque chose au sens de « s'interdire de »; cet usage peu courant n'est pas recommandé.
Line Gingras
Québec
« PLC : la politique de la peur en sursis » : http://www.ledevoir.com/2007/03/29/137386.html
15:12 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
25 avril 2007
Hormise Ségolène Royal
« Hormise Ségolène Royal qui réalise le score honorable de 25,7 % pour le Parti socialiste... » (Michel Vastel.)
Le Multidictionnaire, le Thomas et le Girodet font observer que hormis, préposition, est toujours invariable :
Les chevaliers étaient présents hormis Guilhèm. (Multidictionnaire.)
Hormis la solitude qui l'entoure. (Thomas.)
Elles sont toutes parties, hormis sa sœur. (Girodet.)
Elle avait d'abord refusé toute visite, hormis celle de son mari. (H. Bazin, dans le Colin.)
Un combat qui n'avait plus d'issue hormis la mort ou la captivité. (De Gaulle, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
* * * * *
« Il reste cependant trois écueuils à éviter... »
Un écureuil sur un écueil a atterri. C'est une coque de noix qui l'a mené là.
* * * * *
« Cela rappelle l'élection présidentielle de 1965 (taux de participation de 84,75 %) au cours desquelles François Mitterrand avait mis Charles de Gaulle en ballotage. »
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Lexis ne consignent que ballottage. C'est également cette graphie que reçoit le Trésor; cet ouvrage propose néanmoins l'exemple suivant :
... alors vous saisissez ce qui pouvait se produire : ballotage au premier tour, la majorité radicale ébranlée, au second tour c'était le grand inconnu, à cause du scrutin de liste s'il était voté. (Aragon.)
Line Gingras
Québec
« La France a le cœur à droite... » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
04:18 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
24 avril 2007
Contribuer
« Pris dans le bourbier irakien, les États-Unis ne peuvent contribuer plus que les 15 000 hommes déjà stationnés dans le sud de l'Afghanistan. » (Bernard Descôteaux.)
Dans la langue moderne, contribuer est un verbe transitif indirect; on ne contribue pas quelque chose, mais à quelque chose :
Ce film a contribué à le faire connaître. (Petit Robert.)
Contribuer à la défaite du parti adverse. (Berthier-Colignon.)
Cette voix, coupante et blanche à la fois, qui contribuait à la rendre antipathique. (Gyp, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Ces personnes contribueront à l'enrichissement des collections de la bibliothèque par un don (et non *contribueront un don pour...). (D'après le Multidictionnaire.)
Le gouvernement va contribuer pour deux millions au projet (et non *va contribuer deux millions au projet). (Chouinard.)
Je contribuerai pour mille dollars à cette entreprise.
J'y contribuerai jusqu'à concurrence de mille dollars. (Dagenais.)
Jusqu'au XVIIe siècle, toutefois, contribuer pouvait s'employer avec un complément d'objet direct :
Le roi contribuera à cette armée douze mille hommes. (Malherbe, dans le Lexis.)
Cette construction, aujourd'hui rare selon Thomas, est condamnée par les ouvrages québécois que j'ai consultés, soit le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais; il semble que sa fréquence d'emploi au Canada soit attribuable à l'influence de l'anglais to contribute, qui peut s'utiliser avec un complément d'objet direct :
To contribute stories to a magazine. (Random House Webster's Unabridged Dictionary.)
Dans la phrase à l'étude, on aurait pu écrire :
... les États-Unis ne peuvent fournir plus que les 15 000 hommes...
Line Gingras
Québec
« Le piège » : http://www.ledevoir.com/2007/04/11/138955.html
04:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme, journalisme
23 avril 2007
L'antécédent du pronom relatif
« "Au fond, le PQ devrait revenir aux idées de René Lévesque", conclut Robert Comeau qui était à la fois un Québécois enraciné et un nationaliste. » (Antoine Robitaille.)
Au premier abord, il semble que la proposition relative s'applique à l'historien Robert Comeau, alors que le pronom qui représente en fait René Lévesque. On réglerait le problème en rapprochant le pronom de son antécédent :
« Au fond, conclut Robert Comeau, le PQ devrait revenir aux idées de René Lévesque », qui était à la fois un Québécois enraciné et un nationaliste.
Line Gingras
Québec
« L'entrevue - Revenir à Lévesque » : http://www.ledevoir.com/2007/04/23/140593.html?fe=836&...
05:36 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
22 avril 2007
Au début de campagne
« En jouant finement sa partie, Bayrou se retrouve aujourd'hui dans une position de force qui contraste passablement avec celle qui était la sienne au début de campagne. » (Serge Truffaut.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, on écrit en début de campagne, mais au début de la campagne :
En début de semaine. Au début du siècle. (Petit Robert.)
En début de journée, au début de la journée. (Multidictionnaire.)
En début de séance, au début de la semaine. (Hanse-Blampain.)
Tout au début de l'affaire. (Trésor de la langue française informatisé.)
Une très vieille baraque sise au bas du quartier latin, au début de la rue suivie jadis par les pèlerins de Compostelle. (Duhamel, dans le Trésor.)
De fait, expliquent Hanse et Blampain, « [le] complément de au début est précédé de l'article (ou d'un autre déterminant), à moins que ce complément ne soit un nom de mois ou d'année » :
Au début de la journée, de l'année, de l'hiver, de son mandat, de cette période, mais au début d'octobre, de 1998.
Line Gingras
Québec
« Chapeau! » : http://www.ledevoir.com/2007/04/21/140353.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
18 avril 2007
L'épave ou ses morceaux?
« L'épave de l'avion présidentiel, abattu par deux missiles le 6 avril 1994 aux alentours de 20 h, gisent dans le jardin : un moteur ici, une aile un peu plus loin. » (Libération.)
Ce ne sont pas les missiles qui gisent dans le jardin. On y voit un moteur, une aile, d'autres morceaux sans doute, qui appartiennent à l'épave, sujet grammatical : L'épave gît dans le jardin.
Line Gingras
Québec
« Treize ans après le génocide - Le Rwanda mise maintenant sur le tourisme » : http://www.ledevoir.com/2007/04/07/138640.html
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17 avril 2007
Armes de destruction massives
« ... Cheney et ses acolytes se sont livrés à une intimidation de type mafieux contre les chercheurs de la CIA et d'autres agences qui disaient "Mais monsieur, nous ne trouvons rien sur les armes de destruction massives!"... » (François Brousseau.)
À mon avis, c'est la destruction qui est massive; je trouve d'ailleurs dans le Petit Robert, à l'article « destruction » : Armes de destruction massive.
« Et qui, en outre, connaissait mieux que les plus hauts gradés - lui qui n'avait jamais revêtu l'uniforme - toutes les arcanes de la stratégie moderne... »
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Hanse-Blampain, le nom arcane, qui s'emploie généralement au pluriel, est toujours masculin. Le Trésor de la langue française informatisé signale que le féminin est rare.
« Le même homme, durant la même période, fut soupçonné de multiples conflits d'intérêts impliquant le Pentagone et ses politiques d'achats, des compagnies d'armements israéliennes et américaines qu'il dirigeait ou avait dirigé. »
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir, il ne semble pas superflu de le rappeler, s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Il avait dirigé quoi? des compagnies : des compagnies qu'il avait dirigées.
« ... l'homme qui, en sa qualité de président du Conseil d'expert en défense formé autour du président Bush... »
Un conseil doit bien avoir d'autres membres que son président?
Line Gingras
Québec
« À bas les pourris » : http://www.ledevoir.com/2007/04/16/139615.html
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16 avril 2007
Peut-être ou peut être
« Son buste provient de l'atelier du grand artiste Thoutmès, et peut-être son œuvre personnelle. » (AFP.)
Comment savoir si l'on a affaire à l'adverbe peut-être ou aux verbes pouvoir et être? On peut remplacer peut-être par sans doute; et peut être par pourrait être.
« "... Mais un long voyage de Néfertiti suscite, du point de vue des professionnels, des inquiétudes quant à la conservation et _ la restauration [de l'œuvre] qui doivent être pris au sérieux", a ajouté le ministre. »
Ce sont les inquiétudes qui doivent être prises au sérieux. Par ailleurs, on répète d'ordinaire les prépositions à, de et en devant chacun des compléments : ... suscite [...] des inquiétudes quant à la conservation et à la restauration...
Line Gingras
Québec
« Musées - L'Égypte et l'Allemagne se disputent le buste de Néfertiti » : http://www.ledevoir.com/2007/04/16/139602.html?fe=778&...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, syntaxe, journalisme
15 avril 2007
Autant que faire ce peut
« Autant que faire ce peut, les cégeps et les universités devraient également aider les étudiants à se diriger dans les secteurs où les besoins sont les plus grands. » (Éric Desrosiers.)
On en trouve confirmation dans le Petit Robert (à l'article « pouvoir »), le Multidictionnaire (à l'article « faire ») et le Hanse-Blampain (à l'article « autant »), l'expression soulignée s'écrit autant que faire se peut : il s'agit du pronominal impersonnel il se peut - autant qu'il se peut faire.
Line Gingras
Québec
« Au diable la dette, place à l'innovation » : http://www.ledevoir.com/2007/04/13/139273.html?fe=760&...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
14 avril 2007
Résulter en
« Leur objectif, voire leur ambition première, est de poser une série de gestes pouvant résulter en une réduction des troupes anglo-américaines disséminées au Moyen-Orient. » (Serge Truffaut.)
D'après ce que je vois dans les dictionnaires généraux, résulter ne veut pas dire « avoir pour conséquence », « avoir pour effet », « avoir pour résultat », mais être la conséquence, l'effet, le résultat de quelque chose. Ce verbe a donc pour sujet ou bien le résultat dont il s'agit, ou bien le pronom impersonnel il :
Cet échec résulte d'une insuffisance d'étude et d'exercices. (Multidictionnaire.)
Son état de santé résulte d'un excès de travail. (Lexis.)
L'amitié résulte d'un faible degré d'opposition entre des êtres individuellement divers. (Senancour, dans le Petit Robert.)
La vision réaliste de Manet n'a jamais admis la poétisation volontaire, hormis celle qui résulte des couleurs elles-mêmes. (Mauclair, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Que résulterait-il de toutes ces démarches? (Lexis.)
Il ne peut rien en résulter de bon. (Petit Robert.)
Il en est résulté des rixes autour des urnes. (Giraudoux, dans le Hanse-Blampain.)
Trois des quatre ouvrages québécois que j'ai consultés, soit le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron (le Dagenais n'aborde pas la question), signalent comme incorrecte la construction résulter en, calque de l'anglais to result in :
Sa déclaration a provoqué (et non *a résulté en) une abondante correspondance. (Multidictionnaire.)
Divers équivalents sont possibles selon le contexte, par exemple causer, entraîner, produire, se solder par. On trouvera d'excellentes suggestions dans le Meertens.
Le passage à l'étude aurait pu se lire :
... poser une série de gestes pouvant entraîner une réduction des troupes...
Line Gingras
Québec
« Un coup de dés » : http://www.ledevoir.com/2007/04/10/138844.html
00:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme, journalisme
13 avril 2007
Se féliciter que + indicatif
« Tony Clement était pourtant fier de défendre ses résultats, se félicitant qu'à l'échelle du pays l'ensemble des cinq secteurs prioritaires sont couverts. » (Hélène Buzzetti.)
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, on peut se féliciter d'avoir fait quelque chose :
Tu te félicites d'avoir pris ton parapluie, car il pleut à torrents. (Multidictionnaire.)
Félicitez-vous d'avoir été épargné. (Lexis.)
Babeuf se félicite d'avoir défendu la révolution et la république. (Jaurès, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je trouve aussi, dans le Lexis et le Trésor, la construction se féliciter que + subjonctif :
Le père se félicitait que le bachot eût éloigné son cadet de Sérianne. (Aragon, dans le Trésor.)
Il se félicitait que le diable portât pierre à l'édifice chrétien de Claquebue. (Aymé, dans le Lexis.)
Aucun des dix ouvrages consultés ne reçoit se féliciter que suivi d'un indicatif. À mon avis, comme se féliciter exprime un sentiment, le subjonctif est le mode qui convient dans la phrase à l'étude :
Tony Clement était pourtant fier de défendre ses résultats, se félicitant qu'à l'échelle du pays l'ensemble des cinq secteurs prioritaires soient couverts.
Line Gingras
Québec
« Harper tient une promesse... diluée » : http://www.ledevoir.com/2007/04/05/138332.html
02:56 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
12 avril 2007
Une témoin à la mémoire vascillante
« Une témoin à la mémoire vascillante » (titre d'un article de Brian Myles).
À cinq reprises dans le corps de son article, monsieur Myles emploie le nom témoin - chaque fois en parlant d'une femme, et chaque fois au masculin. Il aurait fallu en tenir compte dans l'établissement du titre, d'autant plus que témoin, d'après le Petit Robert (2007), le Hanse-Blampain et même le Multidictionnaire (quatrième édition), est seulement de genre masculin :
Cette femme a été le témoin de la défense. (Hanse-Blampain.)
Elle a été le témoin involontaire de cette scène. (Multidictionnaire.)
« La veille, le témoin C-17 avait déclaré que Désiré Munyaneza l'avait violée à quatre reprises au cours du génocide... »
L'accord par syllepse, c'est-à-dire selon le sens, a paru préférable, ici, à l'accord grammatical. Il crée cependant un certain malaise, ce qu'on aurait pu éviter en remplaçant le témoin C-17 par un terme féminin désignant la même personne : le journaliste utilise déjà survivante (du génocide rwandais) et jeune femme...
Line Gingras
Québec
« Procès pour crime de guerre, crime contre l'humanité et génocide - Une témoin à la mémoire vascillante » [sic] : http://www.ledevoir.com/2007/04/12/139105.html
04:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
09 avril 2007
Les éléments modulants l'acoustique
« Lorsqu'on lui demande si la simplicité des éléments modulants l'acoustique à Québec est une réponse à la surenchère des gadgets acoustiques d'autres salles... » (Christophe Huss.)
Modulants serait correctement accordé s'il était adjectif verbal; mais c'est un participe présent, comme le montre la présence d'un complément d'objet direct, l'acoustique. Il doit par conséquent demeurer invariable.
Vous en doutez? Remplaçons éléments par un nom féminin, qui obligerait à prononcer modulantes, si nous avions affaire à un adjectif : dirait-on les parties modulantes l'acoustique, les composantes modulantes l'acoustique?
C.Q.F.D.
Line Gingras
Québec
« Musique classique - Dans les coulisses d'une nouvelle salle de concert » : http://www.ledevoir.com/2007/03/31/137650.html
00:26 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
08 avril 2007
Ceux qu'il y a eus...
« Candidat-vedette du PLQ dans Lac-Saint-Jean, Yves Bolduc croit que sa région a fait preuve d'ingratitude à l'endroit du gouvernement : "La population n'a pas su reconnaître [le travail de] M. Charest, tous les investissements qu'il y a eu au Saguenay-Lac-Saint-Jean..." » (Antoine Robitaille et Isabelle Porter.)
En lisant ce passage l'autre jour, j'ai tout de suite conclu qu'on avait été distrait : le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir ne doit-il pas s'accorder avec le complément d'objet direct, si ce complément précède le verbe? Il y a eu quoi... des investissements, non?
J'avais négligé un détail : nous n'avons pas affaire ici à un participe passé « ordinaire », mais au participe passé d'un verbe employé à la forme impersonnelle. Et comme vous vous en doutez bien, une règle particulière s'applique : je lis en effet, dans le Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne de Hanse et Blampain, au point 3 de l'article sur l'accord du participe passé (page 417 de la quatrième édition), que le « participe passé des verbes impersonnels ou pris impersonnellement » est « toujours invariable, quel que soit l'auxiliaire » :
Les orages qu'il y a eu.
J'inaugure donc une nouvelle rubrique : Cultiver le doute. Car le doute est salutaire - et c'est Pâques aujourd'hui.
Line Gingras
Québec
« Les partis s'ajustent au "tsunami" adéquiste » : http://www.ledevoir.com/2007/03/30/137537.html
02:00 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme