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18 novembre 2006

Jeunes filles de mauvaises vertus

De mauvaises vertus; de mauvaise vertu; de petite vertu; usage; orthographe.

«À la Renaissance, avoir les cheveux libres était typique des jeunes filles de mauvaises vertus.» (Pauline Gravel, citant l'historien de l'art Bruno Mottin.)

Je n'ai pas trouvé l'expression de mauvaises vertus (ni de mauvaise vertu) dans les six ouvrages que j'ai consultés, pas même dans le Dictionnaire historique de la langue française.

Ce dernier consigne cependant la locution adjective de moyenne vertu, datée de 1732 et remplacée depuis par de petite vertu, s'appliquant à une femme «de mœurs faciles», «de mœurs légères» :

Il y avait, aux alentours de l'école de médecine, un certain nombre de «demoiselles de petite vertu» qu'il connaissait. (Martin du Gard, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Une personne de grande beauté et de petite vertu. (Maurois, dans le Lexis.)

L'expression n'est donnée qu'au singulier.

Line Gingras
Québec

«Les mystères de la Joconde révélés» : http://www.ledevoir.com/2006/09/27/119167.html

16 novembre 2006

-Ment -ment -ment, c'est pesant!

«Les universités québécoises ont renoué ces deux dernières années avec les déficits. Les problèmes de sous-financement les affectent lourdement dans leur fonctionnement.» (Bernard Descôteaux.)

Sans doute n'est-il pas indispensable d'éliminer les trois finales en -ment qui... alourdissent la deuxième phrase, mais on le pourrait :

Elles sont loin de disposer des sommes nécessaires pour bien fonctionner.

Line Gingras
Québec

«Crise universitaire» : http://www.ledevoir.com/2006/11/17/122998.html

15 novembre 2006

Le document doit entrer en vigueur...

On m'a demandé l'autre jour s'il est admissible d'écrire qu'un document (où est exposé le programme d'enseignement d'une matière) doit entrer en vigueur à telle date.

D'après ce que j'ai vu dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé (je n'ai rien trouvé dans le Hanse-Blampain), la locution en vigueur peut s'employer au sens de «en usage», «usuel» :

Coutume, maxime, procédé, usage en vigueur. (Trésor.)

Les anciennes formules de politesse qui sont encore en vigueur. (Madame de Staël, dans le Petit Robert.)

Dans le contexte qui m'a été soumis, l'expression rend plutôt l'idée d'une application officielle. En pareil cas, elle se rencontre fréquemment dans le domaine juridique :

Loi, décret, règlement... en vigueur, qui est toujours en vigueur. (Petit Robert.)

La Charte de la langue française est en vigueur depuis 1977. (Multidictionnaire.)

Si l'on établit dans un pays le gouvernement de ces partis, il ne faut pas s'étonner que la constitution en vigueur fonctionne. (Barrès, dans le Trésor.)

Il me semble toutefois que le tour a assez d'extension pour qu'on puisse s'en servir aussi dans la langue administrative, et qu'un programme d'enseignement peut entrer en vigueur à telle date, comme un règlement. Mais serait-il correct de dire que le document où est exposé le programme doit entrer en vigueur le...?

Un document, selon les ouvrages mentionnés plus haut, c'est un écrit ou un objet «servant de témoignage ou de preuve, constituant un élément d'information» (Lexis). À proprement parler, le document comme tel ne saurait donc entrer en vigueur. Il convient de se demander, cependant, s'il n'y aurait pas lieu de recevoir quand même cet emploi, que l'on pourrait considérer comme métonymique.

On dit bien boire un verre, en utilisant le contenant pour le contenu. Jusqu'où peut-on aller dans cette direction? C'est affaire, dans une certaine mesure, d'appréciation personnelle. Mais sans doute vaudrait-il mieux écrire que le programme, plutôt que le document, entrera en vigueur à telle date; ou reformuler le passage de manière à contourner la difficulté.

Line Gingras
Québec

14 novembre 2006

Pugnace

Pugnace; usage; prononciation.

On me demande ce que je pense de l'adjectif pugnace :

Son caractère pugnace la fait craindre de tous.

Il faut se montrer pugnace pour s'imposer dans ce milieu.

C'est un mot que je ne rencontre pas souvent; apparemment il ne serait pas toujours compris, quoique le lien avec poing, pugilat me semble assez net. (Cela tient peut-être à sa prononciation : j'apprends que le gn se prononce comme dans huguenot, et non pas comme dans poignée.)

Selon le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé, pugnace appartient à la langue littéraire; il signifie «qui aime le combat, la polémique» (Petit Robert) :

Des orateurs aussi pugnaces qu'éloquents. (Multidictionnaire.)

Une nature polémique et infatigablement pugnace. (Sainte-Beuve, dans le Lexis.)

La nature prudente de M. de Saci n'était pas sans quelque méfiance de la nature pugnace d'Arnauld, et il l'aurait voulu tempérer. (Sainte-Beuve, dans le Trésor.)

Certains voudront peut-être le remplacer par combatif, d'utilisation plus courante :

Cette timidité pratique leur laisse une humeur si peu combative... (Mounier.)

Notons à ce propos qu'il y a hésitation sur la graphie; le Petit Robert, par exemple, fait observer (à l'article «combatif») que l'on écrirait mieux combattif.

Line Gingras
Québec

11 novembre 2006

Euphémiser

«Déçu, le ministre québécois de l'Environnement, Claude Béchard, a reconnu hier qu'il n'avait pas réussi à obtenir de Mme Ambrose le temps de parole de 45 secondes qu'il avait réclamé (sur les trois minutes accordées au Canada lors des plénières). "Il ne semble pas y avoir, à ce moment-ci, beaucoup d'ouverture", a-t-il euphémisé [...]» (Antoine Robitaille.)

Je ne trouve pas le verbe euphémiser dans les ouvrages généraux que j'ai sous la main, soit le Petit Robert (2007), le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé.

Je ne vois pas très bien, toutefois, quel autre verbe pourrait exprimer exactement la même idée, et il me paraît un peu lourd d'écrire «a-t-il dit par euphémisme» ou «a-t-il dit euphémiquement».

Les lexicographes devraient peut-être songer à l'admettre?

Line Gingras
Québec

«Nairobi : Ottawa muselle le Québec» : http://www.ledevoir.com/2006/11/10/122564.html

07 novembre 2006

Les éléments d'une énumération

Énumération; présentation des éléments d'une énumération.

«Si le document est adopté, QS [Québec solidaire] prendra les engagement_ suivants lors de la prochaine campagne électorale :

- embauche...;

- augmentation progressive...;

- hausse graduellement des prestations d'aide sociale...;

- financement d'un chantier...;

- rendrait les médicaments gratuits pour les prestataires d'aide sociale;

- réduction progressive...;

- modification de la Charte...» (Antoine Robitaille.)

Tous les éléments de cette énumération, sauf un, ont pour noyau un substantif; il serait possible, et souhaitable, d'obtenir une présentation uniforme :

... gratuité des médicaments pour les prestataires d'aide sociale...

Je constate aussi que deux éléments ont pour noyau un substantif modifié par un adjectif - augmentation progressive, réduction progressive -, alors qu'un autre élément est centré sur un substantif modifié par un adverbe : hausse graduellement des prestations... En règle générale, cependant, l'adverbe ne modifie pas un nom, mais plutôt un verbe, un adjectif ou un autre adverbe; il faudrait donc écrire : ... hausse graduelle des prestations...

Line Gingras
Québec

«Nationalisations et taxes au programme de Québec solidaire» : http://www.ledevoir.com/2006/11/07/122316.html

02 novembre 2006

Sans trop d'encombres

Sans trop d'encombres; sans trop d'encombre; sans encombres; sans encombre; usage; orthographe.

«Conséquemment, une modification a été apportée au mécanisme d'aide qui avait permis au Portugal ou à l'Irlande d'entrer dans l'Union sans trop d'encombres.» (Serge Truffaut.)

D'après ce que j'ai vu dans les onze ouvrages consultés, le nom encombre (de genre masculin, précise le Trésor de la langue française informatisé) ne se rencontre plus guère que dans la locution adverbiale sans encombre, où il est toujours au singulier :

Il venait de subir sans encombre son dernier examen. (Flaubert, dans le Petit Robert.)

J'atteignis sans encombre le plus haut étage du château. (France, dans le Lexis.)

Je suis très content que tout le monde soit rentré sans encombre. (Giono, dans le Colin.)

Le Trésor signale que la locution peut s'utiliser avec un adjectif :

Je suis arrivé ici hier au soir, sans autre encombre que d'avoir perdu mes clefs. (Mérimée.)

Cet emploi me semble proche de celui que l'on faisait du substantif dans la langue classique, et que l'on trouve, selon le Trésor, chez quelques auteurs du dix-neuvième et même du vingtième siècle :

Nous marchâmes [...] à travers les encombres de toutes sortes... (Fabre.)

La réunion s'acheva sans trop d'encombre. (Gide.)

Le tour sans trop d'encombre(s) ne me paraît donc pas à recommander, mais pas vraiment à condamner non plus. Dans la phrase à l'étude, on aurait pu le remplacer par sans trop de difficulté(s).

Line Gingras
Québec

«Fragile Hongrie» : http://www.ledevoir.com/2006/10/26/121303.html

01 novembre 2006

Plus en détails

En détails; plus en détails; en détail; plus en détail; orthographe d'usage.

«On espère pouvoir vous en parler plus en détails avec l'auteur à ce moment-là.» (Michel Bélair.)

 La locution adverbiale en détail figure dans sept des onze ouvrages que j'ai consultés :

Expliquez-moi cela en détail. (Lexis.)

... et ce nous est, dès lors, un devoir impérieux de parler d'elle le plus au long et le plus en détail possible. (Verlaine, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Je ne l'ai vue nulle part avec un s; le Colin et le Thomas précisent d'ailleurs qu'elle s'écrit toujours au singulier.

Line Gingras
Québec

«Théâtre - Wajdi est en ville!» : http://www.ledevoir.com/2006/10/31/121694.html

26 octobre 2006

À quelle antenne logez-vous?

Loger à telle enseigne; antenne et enseigne; paronymes.
«À vous maintenant [...] de nous dire à quelle antenne vous logez dans ce dossier.» (Denis Beaudin, responsable du Mouvement Sauvons nos Églises.)

Voilà une antenne légèrement défectueuse : je crois que l'auteur a voulu parler d'enseigne, car il ne saurait être question non plus d'une antienne, ni ancienne ni nouvelle, à mon avis.

Cependant, d'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé, l'expression être logé à telle enseigne, ou loger, être logé à la même enseigne que quelqu'un, évoque l'idée qu'on se trouve dans une situation fâcheuse, dans l'embarras.

On aurait pu s'en tenir à un tour non imagé :

... quel est votre point de vue concernant ce dossier.
... ce que vous pensez de ce dossier.

C'est moins vivant?

Moins divertissant, je vous le concède.

Line Gingras
Québec

«Lettres : Les églises frissonnent déjà» : http://www.ledevoir.com/2006/10/16/120507.html

21 octobre 2006

L'inspiration qu'il lui inspirera

«Ne serait-ce que pour l'inspiration qu'il lui inspirera, il devrait être le premier à souhaiter aujourd'hui la bienvenue à l'Assemblée nationale au chef péquiste.» (Bernard Descôteaux.)

S'il y a un jeu de mots, je ne l'ai pas saisi.

«Ces prochains mois, lui et son collègu_, ministre des Finance_, auront tout intérêt à repenser cette stratégie.»

Cette phrase n'a donc pas été relue?

Line Gingras
Québec

«Dernier droit» : http://www.ledevoir.com/2006/10/17/120601.html

19 octobre 2006

Une baisse draconienne

Draconien, draconienne; une baisse draconienne; usage.

«"Je ne pense pas que c'était le temps de faire ça parce que les entreprises souffrent actuellement" en raison de leurs exportations en dollars américains, qui ont connu une baisse draconienne, a-t-il* fait remarquer.» (Antoine Robitaille.)

Draconien se dit de ce qui est «d'une sévérité excessive, d'une rigueur extrême» (Trésor de la langue française informatisé). D'après ce que je vois dans les treize ouvrages consultés, cet adjectif s'applique à des mesures, des règlements, des lois, des réformes :

Les mesures n'étaient pas draconiennes et l'on semblait avoir beaucoup sacrifié au désir de ne pas inquiéter l'opinion publique. (Camus, dans le Lexis.)

Le journal est bridé, muselé par des lois draconiennes... (Goncourt, dans le Trésor.)

Si draconien soit-il, un règlement trouve toujours des accommodements. (Bazin, dans le Trésor.)

On peut donc parler, comme le propose le Colpron, de réductions draconiennes de crédits, mais il faut comprendre qu'il s'agit là de mesures budgétaires. La baisse draconienne des exportations dont il est question dans la phrase à l'étude me semble de nature différente : ce n'est pas une baisse que les entreprises ont décidée, planifiée, mais une baisse que l'on constate. L'idée de sévérité, de rigueur ne s'applique pas ici.

Il aurait mieux valu dire, à mon avis, que les exportations ont connu une baisse considérable, ou très importante.

Line Gingras
Québec

* François Legault, critique péquiste en matière de finances.

«Bouchard s'invite à la rentrée parlementaire» : http://www.ledevoir.com/2006/10/18/120712.html

17 octobre 2006

Quelque chose qu'ils n'ont pas faite

Quelque chose; locution; genre de quelque chose; grammaire française; orthographe d'accord.

«... "il doit maintenant faire quelque chose que les libéraux n'ont pas faite : livrer la marchandise".» (Manon Cornellier citant Don Martin, chroniqueur du National Post.)

Il arrive que l'on doive considérer quelque chose comme deux mots distincts - un substantif féminin précédé d'un adjectif indéfini. D'après ce que je vois dans le Hanse-Blampain, ou bien l'expression est suivie immédiatement d'un adjectif épithète (qui pourrait toutefois être accompagné d'un adverbe), ou bien elle est placée devant une proposition relative dont le verbe est au subjonctif; dans ce dernier cas, le tour marque la concession («quelle que soit la chose que») :

Il y a toujours quelque chose urgente à faire.
Quelque chose que je lui aie dite, il s'obstine.

En général, cependant, quelque chose forme un tout, que j'appellerais avec Hanse et Blampain une locution pronominale indéfinie; l'expression est alors du masculin singulier, et c'est donc au masculin singulier que doit se mettre l'adjectif ou le participe qui s'y rapporte :

Quelque chose de gris, qu'on peut à peine appeler le jour, montait dans les vitres. (Bernanos, dans le Lexis.)

Quelque chose de beau, de bon, d'ennuyeux, d'urgent, d'étonnant, d'impressionnant, de bienveillant, de malheureux.

Il se rappelle quelque chose que j'ai dit. (Hanse-Blampain.)

Quelque chose me paraît obscur dans son explication. (Lexis.)

Dans la phrase à l'étude, il aurait fallu écrire :

... il doit maintenant faire quelque chose que les libéraux n'ont pas fait...

Line Gingras
Québec

«Revue de presse - Une bouffée d'air frais?» : http://www.ledevoir.com/2006/10/14/120436.html

16 octobre 2006

Polémiste et polémique

Un ton polémiste; un ton polémique; usage; paronymes.

«S'il est vrai que le ton est volontairement polémiste, le texte n'en est pas moins exempt "d'idées nauséabondes", contrairement à ce qu'affirme la Ligue des droits de l'homme.» (Serge Truffaut.)

Il faut se garder de confondre polémiste et polémique : si polémique peut être nom féminin ou adjectif, polémiste s'emploie toujours comme nom, d'après le Petit Robert (2007), le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé :

Cette journaliste est une redoutable polémiste. (Petit Robert.)

Jamais Barrès ni Péguy n'eussent admis d'être pris, même dans leurs écrits polémiques, pour de simples polémistes. (Benda, dans le Trésor.)

L'Encyclopédie le jette [Diderot] dans un travail de polémiste. (Cocteau, dans le Trésor.)

Article, attitude, critique, écrit, écrivain, langage, style, ton polémique. (Trésor.)

Line Gingras
Québec

«L'abject» : http://www.ledevoir.com/2006/10/16/120504.html

15 octobre 2006

En autant que

En autant que; calque.

«Au Moyen-Âge, prétend-on, le bon peuple aimait bien la Sainte Inquisition en autant qu'il n'en était pas lui-même la victime.» (Victor-Lévy Beaulieu, écrivain.)

D'après ce que je vois dans le Multidictionnaire, le Colpron et le Dagenais, en autant que est le calque de l'anglais inasmuch as, insofar as (je trouve également les graphies in as much as, in so far as); il faudrait le remplacer par dans la mesure où, pour autant que, pourvu que.

Plus particulièrement, le Multidictionnaire, le Colpron et le Chouinard signalent, comme calque de as far as I am concerned, le tour très fréquent en autant que je suis concerné; il conviendrait d'employer plutôt en ce qui me concerne, quant à moi, pour ma part.

Et le Hanse-Blampain donne en autant que je le sache pour une expression non française utilisée au Québec à la place de pour autant que je le sache.

De fait, je ne trouve en autant que ni dans le Petit Robert (2007), ni dans le Lexis, ni dans le Trésor de la langue française informatisé.

On aurait pu écrire :

... le bon peuple aimait bien la Sainte Inquisition pour autant qu'il n'en était pas lui-même la victime.

... le bon peuple aimait bien la Sainte Inquisition dans la mesure où il n'en était pas lui-même la victime.

Line Gingras
Québec

«Du fascisme» : http://www.cyberpresse.ca/article/20060930/CPOPINIONS/609...

13 octobre 2006

Démocratie canadienne

«Plusieurs de ces résolutions tranchent par leur fermeté. Ainsi, une de celles-ci exhorte le Parti libéral du Canada à s'autoréglementer pour que 52 % de ses députés élus soient des femmes d'ici trois élections.» (Hélène Buzzetti.)

Il y a donc des députés qui ne sont pas élus, au Canada? en plus des sénateurs? À mon sens, on a voulu parler des candidats élus, ou tout simplement des députés.

Line Gingras
Québec

«Les libéraux du Québec veulent défendre la parité des sexes aux Communes» : http://www.ledevoir.com/2006/10/12/120254.html

12 octobre 2006

La protection des incendies

Protection des incendies; protection contre les incendies; grammaire française; syntaxe du français.

«... la construction des chemins forestiers et la protection des incendies de forêt.» (Jean-Robert Sansfaçon.)

Le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, consultés aux articles «protection» et «incendie», ne donnent que le tour protection contre l'incendie.

De fait, bien que le verbe protéger construise de préférence son complément second de chose avec la préposition de «si le sens est simplement "mettre à l'abri" plutôt que "mettre à l'abri d'un danger"» (Hanse et Blampain), le nom protection, lorsqu'il est suivi d'un complément indiquant la chose ou la personne contre laquelle on veut protéger, s'utilise toujours avec la préposition contre, d'après les exemples relevés dans les ouvrages généraux que j'ai sous la main :

Un rempart protégeait la ville contre l'ennemi. (Hanse-Blampain.)

Nous connaissons assez bien l'illusion pour nous trouver protégés contre elle. (Paulhan, dans le Petit Robert.)

Elle se protégeait de la pluie avec un vieil imperméable. (Hanse-Blampain.)

Protection contre les maladies, contre les accidents du travail. (Petit Robert.)

Elle remarqua tout à coup qu'il portait des gants de filoselle noire, mince protection contre le vent du nord. (Bernanos, dans le Trésor.)

Le complément amené par la préposition de désigne des réalités bien différentes :

La protection des opprimés, de l'environnement, des consommateurs, de la jeunesse.

... se mettre sous la protection d'une église. (Guizot, dans le Trésor.)

Line Gingras
Québec

«La manipulation» : http://www.ledevoir.com/2006/10/11/120133.html

11 octobre 2006

Comme comme

«Elle [la loi] élargit dangereusement la définition du suspect susceptible d'être considéré comme ce qu'elle désignera dorénavant comme un "ennemi combattant illégal".» (Guy Taillefer.)

... comme ce qu'elle désignera dorénavant sous la dénomination d'«ennemi combattant illégal».

... comme ce qu'elle désignera dorénavant sous le terme d'«ennemi combattant illégal».

Line Gingras
Québec

«Bush les mains libres» : http://www.ledevoir.com/2006/10/02/119513.html

10 octobre 2006

Redoubler d'effort

Redoubler d'effort; redoubler d'efforts; redoubler ses efforts; usage; orthographe.

«Surtout, il redouble d'effort_ pour naître au monde...» (Gérald Larose, président du Conseil de la souveraineté.)

Le Petit Robert et le Lexis, à l'article «redoubler», signalent, comme relevant de l'acception «accroître beaucoup» (Lexis), la construction redoubler ses efforts :

Le vent redouble ses efforts. (La Fontaine.)

Marie-Éva de Villers fait cependant observer que dans ce sens («montrer encore plus de»), redoubler «se construit avec la préposition de». Effectivement, selon les résultats d'une recherche Google, il serait beaucoup plus courant, aujourd'hui, d'employer le tour redoubler d'efforts (137 000 occurrences, contre 736). Celui-ci, absent du Petit Robert, du Lexis et du Multidictionnaire, figure dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article «redoubler»; noter le pluriel à efforts.

Line Gingras
Québec

«Michaëlle Jean a raison» : http://www.ledevoir.com/2006/09/28/119269.html

08 octobre 2006

Gruppo!

Sous un chaud soleil de septembre, nous sommes des dizaines d'inconnus à faire la queue, depuis un temps infiniment long, devant le musée des Offices. «Gruppo! Gruppo!» L'homme arrive, décidé, passe devant tout le monde et entre. Seul.

Personne n'est intervenu; un peu tard les regards se croisent, incrédules, interrogateurs, courroucés, amusés... : quelqu'un a vu un groupe, au cours de la dernière demi-heure?

Dans le p'tit rang croche, cela s'appelait avoir du front tout le tour de la tête. (L'expression demeure très employée au Québec, dans un registre familier; c'est le p'tit rang croche qui justifie l'imparfait.)

* * * * * 

«... l'ajout, en 2003, de l'orientation sexuelle sur la liste des groupes protégés contre la propagande haineuse n'a pas entraîné l'interdiction de la Bible ou du Coran...» (Josée Boileau.)

Eh! non, l'orientation sexuelle n'est pas un groupe. Cela dit, doit-on comprendre que la propagande haineuse est autorisée dans certains cas, ou à l'endroit de certains groupes?

Line Gingras
Québec

«Intolérance» : http://www.ledevoir.com/2006/10/06/119877.html

07 octobre 2006

Êtes-vous civique? de bon aloi?

Civique; de bon aloi; une personne civique; une personne de bon aloi; usage.

«Bégin reproche aussi à Ignatieff d'avoir sali les souverainistes québécois à l'étranger en les dépeignant [...] comme des nationalistes belliqueux et réactionnaires, alors que les nationalistes canadiens et britanniques, eux, seraient civiques et de bon aloi.» (Louis Cornellier.)

Civique se dit, d'après le Petit Robert, de ce qui est «relatif au citoyen» ou de ce qui est «propre au bon citoyen». D'après les cinq ouvrages généraux que j'ai consultés, cet adjectif ne peut pas figurer au nombre des qualités d'une personne, bien qu'il entre dans le terme garde civique, désignant la «garde nationale» selon le Lexis («garde composée de citoyens», précise le Trésor de la langue française informatisé). Je l'ai trouvé, par contre, avec des noms comme droits, devoirs, courage, vertus, instruction, sens, esprit, zèle :

Mathieu se sentit accablé par une nuée de responsabilités civiques. (Sartre, dans le Lexis.)

La littérature est devenue sociale, humanitaire, éducatrice, même pis : civique! (Léautaud, dans le Trésor.)

D'après le Multidictionnaire, le mot aloi se rencontre uniquement dans les locutions de bon aloi et de mauvais aloi : plaisanterie, luxe de mauvais aloi; succès, gaieté de bon aloi. Le Petit Robert consigne toutefois une variante avec le superlatif de bon :

Une gloire du meilleur aloi. (Caillois.)

Et le Trésor fait état d'un emploi, peu fréquent semble-t-il, où l'expression - à vrai dire une autre variante - se rapporte à une personne; il n'en cite qu'un exemple : homme de bas aloi, «qui est de basse condition, d'une profession vile, ou qui est méprisable par lui-même» (Académie, 1835). La neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie, consultée en ligne, ne mentionne pas cet usage.

Il me semble donc qu'on ne saurait en aucun cas être civique, et qu'il faut estimer inapproprié, de nos jours, de présenter quelqu'un comme étant de bon aloi.

Je crois que le passage à l'étude pourrait être interprété comme suit :

... alors que les nationalistes canadiens et britanniques, eux, seraient courtois et pondérés.

Line Gingras
Québec

«Essais québécois - Faut-il avoir peur de Michael Ignatieff?» : http://www.ledevoir.com/2006/09/30/119415.html?338

06 octobre 2006

L'adoption à la Charte

Problème de coordination; coordination de deux noms ne se construisant pas de la même façon; grammaire française; syntaxe du français. 

«J'évoquais alors le rôle qu'avaient joué dans la définition du Québec actuel l'adoption et les modifications faites à la Charte de la langue française.» (Michel Venne.)

Bien entendu, on n'écrirait pas l'adoption à la Charte de la langue française - c'est la préposition de qui convient. Je proposerais :

... l'adoption de la Charte de la langue française et les modifications qui y avaient été apportées.

* * * * *

«... Pierre Elliott Trudeau a amener les Canadiens à redéfinir leur pays.»

... a amené...

Line Gingras
Québec

«Relire Larose» : http://www.ledevoir.com/2006/10/02/119519.html