10 juin 2007
Absoudre quelqu'un de l'importance
« Bev Oda ne s'exprime jamais en français, ce qui n'a rien pour rehausser sa cote d'amour. La ministre a beau avoir vu cinq fois le film québécois C.R.A.Z.Y. et en avoir raffolé, cela ne vient pas l'absoudre de l'importance de pouvoir communiquer son coup de cœur à ses auteurs... dans leur langue! » (Marie-Andrée Chouinard.)
Absoudre quelqu'un, dans la langue courante, c'est l'excuser, lui pardonner :
Elle absout toujours ses enfants.
... je m'accusais généreusement d'une faute, ce qui à mes yeux m'absolvait presque... (Toepffer, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Si les circonstances peuvent absoudre quelqu'un d'une faute, elles ne sauraient excuser qui que ce soit de l'importance de parler français. Je proposerais :
... cela ne la dispense pas de pouvoir communiquer...
... elle n'en doit pas moins être capable de communiquer...
Line Gingras
Québec
« Festival de gaffes » : http://www.ledevoir.com/2007/05/29/145196.html
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08 juin 2007
Participation dans
« ... toute actualisation du modèle québécois passe nécessairement par une plus grande participation du secteur privé dans la livraison des soins de santé. » (Michel David.)
Nous nous sommes demandé hier si l'on pouvait parler de la livraison des soins de santé. Aujourd'hui, nous allons voir l'emploi de participation avec un complément construit au moyen de la préposition dans.
Lorsqu'il s'entend des actions ou des parts qu'une société détient dans une autre, le nom participation peut être suivi d'un complément introduit par la préposition dans :
La firme motrice peut aussi prendre des participations dans les firmes qui sont ses clientes... (Perroux, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
D'après les exemples que j'ai relevés dans les dictionnaires généraux, toutefois, participation s'utilise normalement avec la préposition à :
Ta participation à cette recherche s'est avérée utile. (Marie-Éva de Villers, Multidictionnaire, 2003.)
... il nia toute participation à l'assassinat de sa femme. (Zola, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je crois devoir rappeler que nous tenons essentiellement à une participation des forces françaises libres à toute opération qui pourrait être entreprise du côté allié. (De Gaulle, dans le Trésor.)
Participation aux bénéfices, au capital, aux résultats, aux frais. (Trésor.)
À noter qu'en anglais, participation s'emploie avec in : participation in a celebration, in a pension plan (Random House Webster's Unabridged Dictionary); en français, on dirait participation à une fête, participation à un régime de retraite.
Line Gingras
Québec
« Le droit d'évoluer » : http://www.ledevoir.com/2007/05/29/145230.html
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07 juin 2007
Livraison des soins de santé
« ... toute actualisation du modèle québécois passe nécessairement par une plus grande participation du secteur privé dans la livraison des soins de santé. » (Michel David.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, le complément du substantif livraison, indiquant ce qui est livré, désigne soit une personne (otage, coupable), soit un objet concret :
Mlle Hortense préparait les colis pour la livraison. (Troyat, dans le Lexis.)
Il m'expédie, par mandat télégraphique et avant livraison du manuscrit, deux cents francs sur mes droits d'auteur. (Bloy, dans le Trésor.)
Je ne trouve pas de mise en garde contre livraison de soins ou livraison de services dans le Chouinard, dans le Colpron ni dans le Dagenais. Cependant, TERMIUM et le Grand dictionnaire terminologique proposent prestation de soins (de santé) pour rendre health care delivery; et René Meertens (Guide anglais-français de la traduction, 2006) donne livraison ou remise comme équivalents de delivery lorsqu'il est question de marchandises, mais prestation lorsqu'il s'agit de services ou de soins de santé.
Il me semble donc que l'on commet un anglicisme en parlant de la livraison des soins de santé.
* * * * *
Une autre fois, nous verrons s'il est correct de construire participation avec la préposition dans.
Line Gingras
Québec
« Le droit d'évoluer » : http://www.ledevoir.com/2007/05/29/145230.html
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03 juin 2007
Trouvé coupable de deux accusations
« Marcel Dubois, un éducateur spécialisé de 36 ans, a été trouvé coupable de deux accusations de voies de fait simples... » (Presse Canadienne.)
Coupable d'une accusation
On est coupable de quelque chose lorsqu'on « a commis volontairement un acte considéré comme répréhensible » (Trésor de la langue française informatisé) - délit, crime, faute, négligence grave, diffamation, injure, d'après les exemples recueillis dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main.
Une accusation est-elle un acte répréhensible? Sans doute..., s'il s'agit d'une fausse accusation.
Trouvé coupable
Trouvé coupable, selon le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, est le calque de found guilty; il faudrait employer jugé coupable, déclaré coupable, reconnu coupable.
Je proposerais donc :
... a été reconnu coupable à deux chefs d'accusation...
Line Gingras
Québec
« Un éducateur violent trouvé coupable de quatre accusations » : http://www.cyberpresse.ca/apps/pbcs.dll/article?AID=/2007...
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01 juin 2007
Échouer à + infinitif
« Le Parlement ukrainien a échoué hier à adopter les dispositions législatives nécessaires à l'organisation des législatives anticipées... » (AFP.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert (2007), le Multidictionnaire (2003), le Hanse-Blampain (2000) et le Trésor de la langue française informatisé, échouer peut s'employer de façon absolue, ou être suivi d'un nom complément introduit par les prépositions à ou dans :
Échouer à un examen, dans la/une tentative. (Trésor.)
Voir les sots réussir dans les entreprises où l'on échoue. (Flaubert, dans le Petit Robert.)
Tous ses efforts ont échoué. (Hanse-Blampain.)
Le Lexis (1977) reçoit la construction échouer à faire quelque chose, que je ne rencontre cependant pas ailleurs :
Le drame de l'enfant qu'il avait échoué à sauver. (Beauvoir.)
Ai-je raison de trouver cette tournure suspecte? En tout cas, ni le Meertens ni le Robert & Collins Super Senior ne proposent échouer à faire quelque chose comme équivalent de to fail to do something.
J'aimerais bien consulter à ce sujet la dernière édition du Grand Robert. En attendant, sans vouloir condamner un usage qui après tout est admis dans un dictionnaire de langue, je suis d'avis qu'il vaudrait mieux écrire, dans la phrase qui nous occupe : Le Parlement ukrainien n'a pu adopter...; j'écarte n'est pas parvenu à, utilisé dans la phrase suivante, et n'a pas réussi à, trop semblable.
* * * * *
Il y aurait lieu de supprimer l'adjectif législatives, pour éviter la répétition.
Line Gingras
Québec
« En bref - Ukraine : le Parlement échoue » : http://www.ledevoir.com/2007/05/31/145486.html
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31 mai 2007
Prêter flanc ou prêter le flanc?
« Par son comportement et ses déclarations maladroites, M. Boisclair avait prêté flanc aux attaques de M. Charest. » (Michel David.)
Les dictionnaires généraux que j'ai sous la main consignent tous l'expression prêter le flanc (à). Cette locution appartient d'abord au langage militaire; prêter le flanc, c'est découvrir le flanc d'une troupe, l'exposer aux attaques de l'ennemi :
Il avait été asticoté par les avant-postes de Zobel pendant la petite heure où il avait prêté le flanc. (Giono, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Le tour s'emploie aussi dans la langue figurée; prêter le flanc à la critique, à des attaques, à la médisance, à la curiosité..., c'est y donner prise, s'y exposer :
Le directeur, en refusant de rencontrer les employés malgré la tournure des événements, a prêté le flanc à la critique.
Se laisser voir avec un grand désir non satisfait [...] c'est prêter le flanc à toutes les mauvaises plaisanteries possibles... (Stendhal, dans le Trésor.)
Le Petit Robert (2007), le Lexis (1977) et le Multidictionnaire (Marie-Éva de Villers, 2003) ne reçoivent que prêter le flanc, avec l'article. Le Trésor admet cependant prêter flanc, sans l'article; il donne un exemple de cette construction :
L'archevêque prêtait flanc du côté des mœurs. (Sainte-Beuve.)
Aucun des huit ouvrages de difficultés que j'ai consultés n'aborde la question.
Je pense qu'il vaut mieux employer prêter le flanc; l'omission de l'article ne me paraît pas un bien grand péché, mais une recherche Google semble confirmer qu'elle est peu courante.
Line Gingras
Québec
« Un sentiment d'urgence » : http://www.ledevoir.com/2007/05/17/143837.html
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25 mai 2007
Faire leur preuve
« Si elles avaient le choix, peut-être qu'elles finiraient par faire comme les hommes et qu'elles cesseraient de se croire obligées de faire leur preuve encore et encore. » (Lise Payette, dans Le Journal de Montréal.)
On dit d'une personne ou d'une chose qui a montré sa valeur ou ses capacités qu'elle a fait non pas sa preuve, mais ses preuves. De même, plusieurs personnes ou plusieurs choses ont fait leurs preuves :
Tous les chevaliers armés [...] ont fait leurs preuves au champ d'honneur...(Genlis, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Décentraliser. Il existe pour cela plusieurs méthodes qui ont fait leurs preuves. (Univers écon. et soc., dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Le petit chaperon rouge » : http://www.canoe.com/infos/chroniques/lisepayette/archive...
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22 mai 2007
Flamands roses
« ... le voyage en péniche reste une expérience des plus agréables, tapissée de champs de lavande, de vignobles, de mas et de quelques flamants roses. » (Laurence Clavel.)
« ... nous marchons dans les sentiers aménagés en pleine nature, accompagnés par les hérons, les flamands roses, les ragondins, et par le cri étonnant du butor. »
Je veux bien que l'on aime les flamants roses - et les Flamands roses...
Line Gingras
Québec
« La vie comme un long canal tranquille » : http://www.ledevoir.com/2007/05/19/143771.html
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20 mai 2007
Coup d'état
« Thomas Sankara a été assassiné lors du coup d'état qui a porté au pouvoir [...] Blaise Compaoré, qui a toujours fait obstacle aux démarches de la campagne Justice pour Sankata, dont M. Fall est le coordonateur. » (Le Devoir.)
État, lorsqu'il s'emploie au sens d'« entité politique » (Multidictionnaire), prend toujours la majuscule :
Le coup d'État était cuirassé, la République était nue. (Hugo, dans le Petit Robert.)
Les États membres de l'O.N.U. (Hanse et Blampain.)
L'État de New York. (Multidictionnaire.)
* * * * *
On écrit coordinateur, mais coordonnateur.
Line Gingras
Québec
« En bref - Menaces de mort à l'endroit d'un enseignant de l'UQAM » : http://www.ledevoir.com/2007/05/19/144185.html
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19 mai 2007
Faible faiblesse, et pauvre en plus
« Si on a pu considérer le transport individuel en automobile comme un droit, c'est que pendant trop longtemps, la faiblesse de l'offre de transport collectif et de moyens alternatifs moins polluants a été si faible et si pauvre que l'automobile pouvait apparaître comme un mal nécessaire. » (Gil Courtemanche.)
... pendant trop longtemps, l'offre de transport collectif...
« Ces orientations et ces mesures relèvent en bonne partie des arrondissements, comme la création de quartiers verts et de zones piétonnes ou d'apaisement de la circulation dans les zones domiciliaires. »
... dans les secteurs domiciliaires.
Line Gingras
Québec
« Une ville verte » : http://www.ledevoir.com/2007/05/19/144193.html
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18 mai 2007
Excès ou accès?
« Le sous-ministre associé Bernard Turgeon a reconnu avoir été secoué par un excès de colère - il était "en calvaire!" - lorsqu'on l'a informé de cette transaction inhabituelle. » (Marie-Andrée Chouinard.)
Colère excessive?
Je crois plutôt que monsieur Turgeon a connu un accès de colère - un « mouvement intérieur violent et passager, provoqué par la colère » (Lexis) :
Il était sujet à des accès de jalousie.
Dans ses plus grands accès de joie, sa conversation restait monosyllabique. (Balzac.)
Line Gingras
Québec
« Encore des coupables! » : http://www.ledevoir.com/2007/05/18/144029.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
17 mai 2007
Portant et portées
« Selon M. Fraser, 40 causes portant sur les droits linguistiques étaient portées devant les tribunaux au moment de l'annonce. » (Manon Cornellier.)
... 40 causes ayant pour objet les droits linguistiques...
... 40 causes concernant les droits linguistiques...
Line Gingras
Québec
« Un respect de façade » : http://www.ledevoir.com/2007/05/16/143713.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
13 mai 2007
Comparons ce qui se compare
« Le langage d'un parti progressiste et de son chef n'a pas besoin d'être obtus et technocratique : il peut se nourrir d'émotions et de valeurs mobilisatrices, comme l'a fait Ségolène Royal en France. » (Gil Courtemanche.)
Non, Ségolène Royal ne s'est pas nourrie d'émotions : elle en a nourri son langage, cependant - c'est du moins ce que veut dire M. Courtemanche, si je ne me trompe. Je suggérerais :
... il peut se nourrir d'émotions et de valeurs mobilisatrices, comme celui qu'a utilisé Ségolène Royal en France / comme celui de Ségolène Royal en France.
Line Gingras
Québec
« S'ancrer dans la réalité » : http://www.ledevoir.com/2007/05/12/143202.html
23:31 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
09 mai 2007
Pousser la roue, pousser à la roue
« Malheureusement, une fois analysé et comparé, le profil génétique ne coïncide avec aucun de ceux qui se trouvent dans la banque de la police. Il faudra donc continuer à pousser la roue et se montrer patient. » (Christiane Desjardins.)
Je trouve dans les dictionnaires généraux l'expression pousser à la roue, qui veut dire au sens propre « chercher à faire avancer un véhicule en exerçant un effort sur la roue » (Lexis), et au figuré soit « aider », soit « faire évoluer un processus, une situation » (Petit Robert) :
Vous ferez des progrès, si quelqu'un pousse à la roue. (Lexis.)
On en voit [des Français] qui souhaiteraient une victoire totale de l'Allemagne, qui sont prêts à pousser à la roue, qui collaborent, comme on dit. (Green, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
De là à pousser à la roue, à enfoncer ce pauvre type. (Mallet-Joris, dans le Petit Robert.)
Le tour est également recommandé dans le Colpron et le Chouinard, en remplacement de mettre l'épaule à la roue, qui serait attribuable à l'influence de l'anglais to put one's shoulder to the wheel :
Le chef syndical a invité tous les travailleurs à pousser à la roue. (Chouinard.)
Line Gingras
Québec
« Benoît Guay : décadence d'un homme, chute d'un policier » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070503/CPACTUALITES/7...
07:28 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
08 mai 2007
Des politiciens emphatiques
« Quand on côtoie des politiciens, on constate qu'avec l'expérience, et surtout quand ils sont talentueux et emphatiques, ils finissent par devenir spécialistes de la nature humaine. » (Denise Bombardier.)
Emphatique, dans la langue courante, signifie « rempli d'emphase », « pompeux », « ampoulé » :
Un ton, un style emphatique. (Petit Robert.)
Une allocution trop emphatique. (Multidictionnaire.)
Une exhortation emphatique. (Lexis.)
Elle avait le défaut d'employer de ces immenses phrases bardées de mots emphatiques, si ingénieusement nommées des tartines dans l'argot du journalisme... (Balzac, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Madame Bombardier a sans doute voulu dire empathique; cet adjectif vient du nom empathie, qui désigne une « forme de la connaissance d'autrui, spécialement du moi social » (Lexis), la « faculté de se mettre à la place d'autrui, de percevoir ce qu'il ressent » (Multidictionnaire). Cependant, alors que l'anglais empathic ou empathetic peut qualifier des personnes, le mot français, dont je ne trouve des exemples d'emploi que dans le Trésor, semble ne s'appliquer qu'au mode de connaissance ou de perception :
L'identification du bébé et de la maman, sur le mode empathique... (Traité sociol.)
Je proposerais donc :
... et surtout quand ils sont talentueux et capables d'empathie...
* * * * *
« ... un travail aux contraintes restreintes... »
... un travail aux faibles contraintes...
... un travail peu contraignant...
* * * * *
« Nous vivons une période apparemment désertée par les grands personnages charismatiques dont on a tant d'exemples en tête et qui appartiennent à l'histoire passée. »
... et qui appartiennent à l'histoire.
Line Gingras
Québec
« La piqûre » : http://www.ledevoir.com/2007/03/17/135334.html
06:01 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
07 mai 2007
Ronde de négociations
« En effet, les professeurs et la direction s'apprêtent à entrer dans une ronde de négociations qu'on peut d'ores et déjà, sans même polir la boule de cristal, présumer difficile. » (Marie-Andrée Chouinard.)
L'utilisation du mot ronde, dans ronde de négociations (pour traduire soit round of negotiations, soit bargaining round), doit être tenue pour un anglicisme; c'est du moins l'avis du Colpron, et je trouve d'autres mises en garde dans TERMIUM et dans le Grand dictionnaire terminologique : selon l'Office québécois de la langue française, le terme ronde « [n'a] pas, en français, le sens de "série d'opérations successives" ».
De fait je ne vois rien, dans le Petit Robert, le Lexis ou le Trésor de la langue française informatisé, qui autorise l'emploi de ronde de négociations. Le Multidictionnaire n'aborde pas la question. Le Robert & Collins Super Senior propose de rendre round of negotiations par série de négociations. Le Meertens donne session de négociations. On peut aussi parler, suivant le contexte, de séance (Colpron) ou de cycle de négociations (TERMIUM, Grand dictionnaire terminologique; ces deux sources conseillent également série de négociations).
Line Gingras
Québec
« Jeu de Monopoly » : http://www.ledevoir.com/2007/05/04/142014.html
02:52 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
04 mai 2007
Le saint du saint
« Le metteur en scène du premier acte politique important qu'a accompli Eltsine a été nul autre que Mikhaïl Gorbatchev. C'est lui, en effet, qui l'a introduit au saint du saint du pouvoir soviétique. » (Serge Truffaut.)
Je trouve dans les dictionnaires généraux (Petit Robert, Lexis, Trésor de la langue française informatisé) et dans le Dictionnaire des expressions et locutions figurées l'expression le saint des saints (ou le Saint des Saints, le Saint des saints) : au sens propre, elle désigne la partie la plus sacrée du Temple de Jérusalem, qui renfermait l'arche d'alliance; au sens figuré, l'« endroit le plus retiré d'un édifice », le « service le plus secret ou le plus important d'une organisation, d'une entreprise ». (Trésor de la langue française informatisé.)
* * * * *
« Entouré de jeunes loups, littéralement, le maître du Kremlin allait menait la réforme du système en maniant l'improvisation... » (S.T.)
Line Gingras
Québec
« Moitié, moitié » : http://www.ledevoir.com/2007/04/25/140796.html
05:10 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
03 mai 2007
Remord de circonstances
« Peu importe qu'il n'ait jamais reconnu ses torts, peu importe qu'il n'ait jamais exprimé le moindre remord_, il y aura toujours des gens pour l'aduler.
Il y en aura toujours, mais il y en a quand même peu. L'aréna est à moitié vide. Musique tonitruante. Éclairage de circonstances. » (Rima Elkouri.)
La locution adjectivale de circonstance signifie notamment « qui est fait ou est utile pour une occasion particulière » (Petit Robert), « conforme à la situation, à l'époque » (Lexis). Elle est invariable :
En cette période de départ en vacances, les conseils de prudence sont de circonstance. (Lexis.)
... il n'y a, à tout prendre, que des œuvres de circonstance, car toutes dépendent du lieu et du moment où elles furent créées. (A. France, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
* * * * *
Le nom remords s'écrit toujours avec un s, au singulier comme au pluriel :
Un remords le harcelait. (Maupassant, dans le Petit Robert.)
S'il m'était resté un remords de mon évasion, j'en aurais été guéri sur-le-champ. (Aymé, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Boxeur c. Pédophile » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070502/CPOPINIONS/705...
03:54 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
29 avril 2007
Métro sous-terrain
« Le réseau de métros sous-terrains, de trains de surface qui vont en périphérie et de tramways élégants dessert tous les recoins de la ville. » (Frédérique Doyon.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé ne donnent pas sous-terrain, mais souterrain, nom et adjectif :
Le réseau de métros souterrains...
Line Gingras
Québec
« Munich - Une ville en art » : http://www.ledevoir.com/2007/04/28/140909.html?fe=888&...
04:55 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
28 avril 2007
Victuailles
« Tout à côté, le marché ouvert Viktualmarket est l'endroit idéal pour acheter diverses victuailles (saucisses, fromages, fleurs, etc.) ou simplement faire le plein des sons et odeurs munichois. » (Frédérique Doyon.)
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, des victuailles, ça se mange. Alors, à moins de choisir exprès des fleurs comestibles, on achètera au marché, si on le souhaite, des victuailles et des fleurs.
Line Gingras
Québec
« Munich - Une ville en art » : http://www.ledevoir.com/2007/04/28/140909.html?fe=888&...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
21 avril 2007
Aller en onde
« À la CBC, au contraire, on a choisi de ne pas aller en onde avec ce matériel. » (Katia Gagnon, dans La Presse.)
D'après les dictionnaires que j'ai sous la main, on dit toujours les ondes pour désigner la radiodiffusion. Le Petit Robert et le Trésor de la langue française informatisé reçoivent d'ailleurs les expressions mettre en ondes, metteur en ondes et mise en ondes :
... les courtes séquences de l'ordre d'une minute que nous offrions aux metteurs en ondes. (Schaeffer, dans le Trésor.)
Dans mise en ondes, signale Marie-Éva de Villers, ondes est toujours au pluriel.
* * * * *
En réponse à la question de Rosa (voir les commentaires), je ne sais trop que penser de l'expression aller en ondes, que je n'ai pas trouvée à l'article « onde », dans les onze ouvrages consultés. Le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron condamnent aller sous presse, qu'ils donnent pour le calque de to go to press : il faut dire mettre sous presse. L'expression aller en ondes serait-elle influencée par le tour anglais to go on the air? Si elle est inconnue - ou quasi inconnue - à l'extérieur du Canada, c'est bien possible.
Line Gingras
Québec
« Diffuser ou pas? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070420/CPMONDE/704200...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse