07 mai 2007
Ronde de négociations
« En effet, les professeurs et la direction s'apprêtent à entrer dans une ronde de négociations qu'on peut d'ores et déjà, sans même polir la boule de cristal, présumer difficile. » (Marie-Andrée Chouinard.)
L'utilisation du mot ronde, dans ronde de négociations (pour traduire soit round of negotiations, soit bargaining round), doit être tenue pour un anglicisme; c'est du moins l'avis du Colpron, et je trouve d'autres mises en garde dans TERMIUM et dans le Grand dictionnaire terminologique : selon l'Office québécois de la langue française, le terme ronde « [n'a] pas, en français, le sens de "série d'opérations successives" ».
De fait je ne vois rien, dans le Petit Robert, le Lexis ou le Trésor de la langue française informatisé, qui autorise l'emploi de ronde de négociations. Le Multidictionnaire n'aborde pas la question. Le Robert & Collins Super Senior propose de rendre round of negotiations par série de négociations. Le Meertens donne session de négociations. On peut aussi parler, suivant le contexte, de séance (Colpron) ou de cycle de négociations (TERMIUM, Grand dictionnaire terminologique; ces deux sources conseillent également série de négociations).
Line Gingras
Québec
« Jeu de Monopoly » : http://www.ledevoir.com/2007/05/04/142014.html
02:52 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
06 mai 2007
Époustoufflant
« Un débat époustoufflant » (titre d'un billet de Michel Vastel).
Oui, je me doute bien qu'un bon débat peut essouffler, mais époustouflant s'écrit quand même avec un seul f :
Une nouvelle époustouflante. (Petit Robert.)
Cette photo est époustouflante. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=dis&eid=1&so=1&sb=1&ps=0
02:59 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
05 mai 2007
Tenter + infinitif
« Ghislain Lavoie estime que le PC tente ainsi favoriser le maire Denis Lebel, au détriment de l'autre candidat dans la course, Bernard Potvin. » (Alec Castonguay.)
Employé au sens d'« essayer » et suivi de l'infinitif, le verbe tenter se construit avec la préposition de, comme le fait observer Marie-Éva de Villers :
Tenter de trouver un médicament pour enrayer une maladie. (Multidictionnaire.)
Il tentait en vain de déchiffrer l'inscription. (Robbe-Grillet, dans le Lexis.)
C'est ce que nous avons tenté de montrer au long du présent chapitre. (L'histoire et ses méthodes, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
A-t-elle jamais tenté de s'enfuir? (Villiers, dans le Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« Grogne chez les conservateurs de Roberval » : http://www.ledevoir.com/2007/05/01/141591.html
03:42 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
04 mai 2007
Le saint du saint
« Le metteur en scène du premier acte politique important qu'a accompli Eltsine a été nul autre que Mikhaïl Gorbatchev. C'est lui, en effet, qui l'a introduit au saint du saint du pouvoir soviétique. » (Serge Truffaut.)
Je trouve dans les dictionnaires généraux (Petit Robert, Lexis, Trésor de la langue française informatisé) et dans le Dictionnaire des expressions et locutions figurées l'expression le saint des saints (ou le Saint des Saints, le Saint des saints) : au sens propre, elle désigne la partie la plus sacrée du Temple de Jérusalem, qui renfermait l'arche d'alliance; au sens figuré, l'« endroit le plus retiré d'un édifice », le « service le plus secret ou le plus important d'une organisation, d'une entreprise ». (Trésor de la langue française informatisé.)
* * * * *
« Entouré de jeunes loups, littéralement, le maître du Kremlin allait menait la réforme du système en maniant l'improvisation... » (S.T.)
Line Gingras
Québec
« Moitié, moitié » : http://www.ledevoir.com/2007/04/25/140796.html
05:10 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
03 mai 2007
Remord de circonstances
« Peu importe qu'il n'ait jamais reconnu ses torts, peu importe qu'il n'ait jamais exprimé le moindre remord_, il y aura toujours des gens pour l'aduler.
Il y en aura toujours, mais il y en a quand même peu. L'aréna est à moitié vide. Musique tonitruante. Éclairage de circonstances. » (Rima Elkouri.)
La locution adjectivale de circonstance signifie notamment « qui est fait ou est utile pour une occasion particulière » (Petit Robert), « conforme à la situation, à l'époque » (Lexis). Elle est invariable :
En cette période de départ en vacances, les conseils de prudence sont de circonstance. (Lexis.)
... il n'y a, à tout prendre, que des œuvres de circonstance, car toutes dépendent du lieu et du moment où elles furent créées. (A. France, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
* * * * *
Le nom remords s'écrit toujours avec un s, au singulier comme au pluriel :
Un remords le harcelait. (Maupassant, dans le Petit Robert.)
S'il m'était resté un remords de mon évasion, j'en aurais été guéri sur-le-champ. (Aymé, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Boxeur c. Pédophile » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070502/CPOPINIONS/705...
03:54 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
02 mai 2007
Coordination et changement d'auxiliaire
« Devant quelques milliers de supporters qui avaient gardé la forme malgré la déconfiture du Front national au premier tour, Jean-Marie Le Pen s'est livré à une dénonciation en règle des deux candidats à l'élection de dimanche et appelé à n'en choisir aucun. » (Christian Rioux.)
On peut très bien coordonner les verbes se livrer et appeler. Cependant, comme se livrer se conjugue avec être, et appeler avec avoir, l'auxiliaire ne peut pas rester sous-entendu :
... Jean-Marie Le Pen s'est livré à une dénonciation en règle des deux candidats à l'élection de dimanche et a appelé à n'en choisir aucun.
Grevisse écrit à ce propos : « Il n'est pas conforme au bon usage de ne pas exprimer le second auxiliaire quand il est différent du premier. » (Le bon usage, douzième édition, paragraphe 784, a.)
Line Gingras
Québec
« Présidentielle française - Le Pen appelle à l'abstention massive » : http://www.ledevoir.com/2007/05/02/141753.html?fe=916&...
06:50 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, journalisme
01 mai 2007
Inadéquat, l'association
« "Nous jugeons inadéquat_, écrit Québec Pluriel, l'association de cannibale à la communauté noire et à Kunta Kinté, qui, pour votre gouverne, est l'ancêtre africain d'Alex Haley [l'auteur du roman Racines]." » (Paul Cauchon.)
Qu'est-ce qui est inadéquat? L'association de cannibale à la communauté noire et à Kunta Kinté. Selon la grammaire traditionnelle, l'adjectif est attribut du complément d'objet direct : nous jugeons l'association inadéquate, nous jugeons que l'association est inadéquate. L'accord se fait en genre et en nombre.
Line Gingras
Québec
« Les Têtes à claques accusées de racisme » : http://www.ledevoir.com/2007/05/01/141586.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
30 avril 2007
Morts ou vifs
« "Pensez-vous que nous ne sommes que des parasites vivants aux dépens du travail honnête et ardu de nos concitoyens?" » (Mario Cloutier, dans La Presse, citant l'écrivain d'expression anglaise Yann Martel.)
Seraient-ils donc, nos écrivains et nos artistes, des parasites morts?
Mais non, les apparences ont le nez qui trompe : ce qu'on a voulu dire, c'est que pour beaucoup de nos élus, il semblerait qu'écrivains et artistes, en qualité de parasites, ne sachent faire qu'une chose : vivre aux dépens de leurs concitoyens (et non pas aux dépens du travail de leurs concitoyens, je le signale en passant). Il fallait employer le verbe, pas l'adjectif : vivant.
Line Gingras
Québec
« Yann Martel "conseille Stephen Harper" » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070417/CPARTS02/70417...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
29 avril 2007
Métro sous-terrain
« Le réseau de métros sous-terrains, de trains de surface qui vont en périphérie et de tramways élégants dessert tous les recoins de la ville. » (Frédérique Doyon.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé ne donnent pas sous-terrain, mais souterrain, nom et adjectif :
Le réseau de métros souterrains...
Line Gingras
Québec
« Munich - Une ville en art » : http://www.ledevoir.com/2007/04/28/140909.html?fe=888&...
04:55 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
28 avril 2007
Victuailles
« Tout à côté, le marché ouvert Viktualmarket est l'endroit idéal pour acheter diverses victuailles (saucisses, fromages, fleurs, etc.) ou simplement faire le plein des sons et odeurs munichois. » (Frédérique Doyon.)
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, des victuailles, ça se mange. Alors, à moins de choisir exprès des fleurs comestibles, on achètera au marché, si on le souhaite, des victuailles et des fleurs.
Line Gingras
Québec
« Munich - Une ville en art » : http://www.ledevoir.com/2007/04/28/140909.html?fe=888&...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 avril 2007
Familiariser à
« "J'ai rencontré ces deux trapézistes pour suivre un atelier de formation et j'ai été frappée. J'ai tout de suite été convaincue qu'il fallait familiariser nos danseurs aux techniques aériennes et les intégrer au programme de danse", a expliqué hier au Devoir Gay Nardone, dont les cours connaissent aujourd'hui une popularité sans précédent. » (Isabelle Paré.) [Madame Nardone enseigne à l'Université du New Hampshire; ses propos ont sans doute été traduits.]
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, le verbe familiariser se construit avec la préposition avec. J'ai trouvé effectivement de nombreux exemples de cet emploi dans les onze ouvrages consultés :
Familiariser quelqu'un avec quelque chose
Familiariser un soldat avec le maniement des armes. (Petit Robert.)
Cette lecture m'a familiarisé avec le sujet. (Hanse-Blampain.)
Il faut familiariser les dirigeants de la nation comme le grand public avec la révolution nucléaire. (Goldschmidt, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Se familiariser avec quelque chose
Ils se sont familiarisés avec cette nouvelle méthode. (Multidictionnaire.)
Se familiariser avec le bruit de la rue. (Lexis.)
Né provençal, il s'était facilement familiarisé avec tous les patois du midi. (Hugo, dans le Trésor.)
Être familiarisé avec quelque chose
Nous sommes familiarisés avec ces problèmes. (Hanse-Blampain.)
Il est maintenant familiarisé avec son nouveau métier. (Lexis.)
Je ne suis pas encore familiarisé avec cet ordinateur. (Chouinard.)
Le Trésor ajoute une remarque : Littré atteste la construction familiariser à quelque chose, mais la documentation n'en fournit qu'un seul exemple :
Pour peu qu'il [le lecteur] soit familiarisé « à ces vastes contemplations ». (Bachelard.)
Il me semble donc que seule est vraiment admise la préposition avec :
... familiariser nos danseurs avec les techniques aériennes...
Line Gingras
Québec
« L'"effet Cirque du Soleil" fait boule de neige » : http://www.ledevoir.com/2007/04/27/141108.html?fe=875&...
16:55 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
26 avril 2007
Se refuser de + infinitif
« Cet ancien élu croit que les gens sont "écœurés", et ce, de bien des choses : du système de santé que les politiciens se refusent de réformer en profondeur... » (Hélène Buzzetti.)
D'après les résultats de mes recherches, on devrait employer se refuser à devant un infinitif, au sens de « ne pas consentir à faire quelque chose », « ne pas vouloir faire quelque chose » :
On refuse de faire une chose, on se refuse à la faire. (Berthier-Colignon.)
Il se refusait à envisager cette solution. (Petit Robert.)
Elles se sont refusées à signer. (Multidictionnaire.)
Ils se sont refusés à nous aider. (Hanse-Blampain.)
Elles se sont refusées à parler. (Girodet.)
Une finesse animale qui s'arrêtait aux apparences et se refusait à aller au fond des choses. (Vidalie, dans le Colin.)
Ma plume se refuse à écrire de telles horreurs. (Larousse du XXe siècle, dans le Thomas.)
Le Trésor de la langue française informatisé admet à la fois se refuser à + infinitif et se refuser de + infinitif. Mais les exemples qu'il propose contiennent la première seulement de ces deux constructions :
Du reste, elle se refusait à voyager cette nuit! (G. Leroux.)
Ses pieds enflés se refusaient à marcher. (Maupassant.)
Le Hanse-Blampain signale que certains écrivains utilisent se refuser de faire quelque chose au sens de « s'interdire de »; cet usage peu courant n'est pas recommandé.
Line Gingras
Québec
« PLC : la politique de la peur en sursis » : http://www.ledevoir.com/2007/03/29/137386.html
15:12 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
25 avril 2007
Hormise Ségolène Royal
« Hormise Ségolène Royal qui réalise le score honorable de 25,7 % pour le Parti socialiste... » (Michel Vastel.)
Le Multidictionnaire, le Thomas et le Girodet font observer que hormis, préposition, est toujours invariable :
Les chevaliers étaient présents hormis Guilhèm. (Multidictionnaire.)
Hormis la solitude qui l'entoure. (Thomas.)
Elles sont toutes parties, hormis sa sœur. (Girodet.)
Elle avait d'abord refusé toute visite, hormis celle de son mari. (H. Bazin, dans le Colin.)
Un combat qui n'avait plus d'issue hormis la mort ou la captivité. (De Gaulle, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
* * * * *
« Il reste cependant trois écueuils à éviter... »
Un écureuil sur un écueil a atterri. C'est une coque de noix qui l'a mené là.
* * * * *
« Cela rappelle l'élection présidentielle de 1965 (taux de participation de 84,75 %) au cours desquelles François Mitterrand avait mis Charles de Gaulle en ballotage. »
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Lexis ne consignent que ballottage. C'est également cette graphie que reçoit le Trésor; cet ouvrage propose néanmoins l'exemple suivant :
... alors vous saisissez ce qui pouvait se produire : ballotage au premier tour, la majorité radicale ébranlée, au second tour c'était le grand inconnu, à cause du scrutin de liste s'il était voté. (Aragon.)
Line Gingras
Québec
« La France a le cœur à droite... » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
04:18 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
24 avril 2007
Contribuer
« Pris dans le bourbier irakien, les États-Unis ne peuvent contribuer plus que les 15 000 hommes déjà stationnés dans le sud de l'Afghanistan. » (Bernard Descôteaux.)
Dans la langue moderne, contribuer est un verbe transitif indirect; on ne contribue pas quelque chose, mais à quelque chose :
Ce film a contribué à le faire connaître. (Petit Robert.)
Contribuer à la défaite du parti adverse. (Berthier-Colignon.)
Cette voix, coupante et blanche à la fois, qui contribuait à la rendre antipathique. (Gyp, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Ces personnes contribueront à l'enrichissement des collections de la bibliothèque par un don (et non *contribueront un don pour...). (D'après le Multidictionnaire.)
Le gouvernement va contribuer pour deux millions au projet (et non *va contribuer deux millions au projet). (Chouinard.)
Je contribuerai pour mille dollars à cette entreprise.
J'y contribuerai jusqu'à concurrence de mille dollars. (Dagenais.)
Jusqu'au XVIIe siècle, toutefois, contribuer pouvait s'employer avec un complément d'objet direct :
Le roi contribuera à cette armée douze mille hommes. (Malherbe, dans le Lexis.)
Cette construction, aujourd'hui rare selon Thomas, est condamnée par les ouvrages québécois que j'ai consultés, soit le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais; il semble que sa fréquence d'emploi au Canada soit attribuable à l'influence de l'anglais to contribute, qui peut s'utiliser avec un complément d'objet direct :
To contribute stories to a magazine. (Random House Webster's Unabridged Dictionary.)
Dans la phrase à l'étude, on aurait pu écrire :
... les États-Unis ne peuvent fournir plus que les 15 000 hommes...
Line Gingras
Québec
« Le piège » : http://www.ledevoir.com/2007/04/11/138955.html
04:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme, journalisme
23 avril 2007
L'antécédent du pronom relatif
« "Au fond, le PQ devrait revenir aux idées de René Lévesque", conclut Robert Comeau qui était à la fois un Québécois enraciné et un nationaliste. » (Antoine Robitaille.)
Au premier abord, il semble que la proposition relative s'applique à l'historien Robert Comeau, alors que le pronom qui représente en fait René Lévesque. On réglerait le problème en rapprochant le pronom de son antécédent :
« Au fond, conclut Robert Comeau, le PQ devrait revenir aux idées de René Lévesque », qui était à la fois un Québécois enraciné et un nationaliste.
Line Gingras
Québec
« L'entrevue - Revenir à Lévesque » : http://www.ledevoir.com/2007/04/23/140593.html?fe=836&...
05:36 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
22 avril 2007
Au début de campagne
« En jouant finement sa partie, Bayrou se retrouve aujourd'hui dans une position de force qui contraste passablement avec celle qui était la sienne au début de campagne. » (Serge Truffaut.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, on écrit en début de campagne, mais au début de la campagne :
En début de semaine. Au début du siècle. (Petit Robert.)
En début de journée, au début de la journée. (Multidictionnaire.)
En début de séance, au début de la semaine. (Hanse-Blampain.)
Tout au début de l'affaire. (Trésor de la langue française informatisé.)
Une très vieille baraque sise au bas du quartier latin, au début de la rue suivie jadis par les pèlerins de Compostelle. (Duhamel, dans le Trésor.)
De fait, expliquent Hanse et Blampain, « [le] complément de au début est précédé de l'article (ou d'un autre déterminant), à moins que ce complément ne soit un nom de mois ou d'année » :
Au début de la journée, de l'année, de l'hiver, de son mandat, de cette période, mais au début d'octobre, de 1998.
Line Gingras
Québec
« Chapeau! » : http://www.ledevoir.com/2007/04/21/140353.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
21 avril 2007
Aller en onde
« À la CBC, au contraire, on a choisi de ne pas aller en onde avec ce matériel. » (Katia Gagnon, dans La Presse.)
D'après les dictionnaires que j'ai sous la main, on dit toujours les ondes pour désigner la radiodiffusion. Le Petit Robert et le Trésor de la langue française informatisé reçoivent d'ailleurs les expressions mettre en ondes, metteur en ondes et mise en ondes :
... les courtes séquences de l'ordre d'une minute que nous offrions aux metteurs en ondes. (Schaeffer, dans le Trésor.)
Dans mise en ondes, signale Marie-Éva de Villers, ondes est toujours au pluriel.
* * * * *
En réponse à la question de Rosa (voir les commentaires), je ne sais trop que penser de l'expression aller en ondes, que je n'ai pas trouvée à l'article « onde », dans les onze ouvrages consultés. Le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron condamnent aller sous presse, qu'ils donnent pour le calque de to go to press : il faut dire mettre sous presse. L'expression aller en ondes serait-elle influencée par le tour anglais to go on the air? Si elle est inconnue - ou quasi inconnue - à l'extérieur du Canada, c'est bien possible.
Line Gingras
Québec
« Diffuser ou pas? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070420/CPMONDE/704200...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
20 avril 2007
Légion - Les demandes sont légions
« La musique est sélectionnée avec minutie et les demandes spéciales, parfois thérapeutiques, sont légions. » (Hugo Meunier, dans La Presse.)
La locution être légion signifie « être nombreux ». Plusieurs ouvrages de difficultés font observer que légion s'écrit toujours au singulier dans cette expression; d'après Berthier et Colignon, le mot prend ici « valeur adverbiale » :
Ils sont légion ceux qui... (Petit Robert.)
Les pèlerins étaient légion pour recevoir la bénédiction papale. (Multidictionnaire.)
Nos ennuis sont légion. (Berthier-Colignon.)
Les chômeurs sont, hélas! légion. (Berthier-Colignon.)
Les naïfs et les pleutres sont légion. (Girodet.)
Eh bien oui, les Français de cette espèce sont légion. (Mauriac, dans le Lexis.)
Les visionnaires étaient légion en ces premières années du XVIe siècle. (Chamson, dans le Colin.)
Les livres bien faits sont légion; où sont ceux qui font « prendre conscience de quelque chose »? (Alain-Fournier, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Vous me dites qu'il ne manque pas de bourgeois très profondément pénétrés de l'importance professionnelle et qu'ils sont légion. (Aymé, dans le Trésor.)
Aucun des onze ouvrages consultés ne contredit cet avis.
Line Gingras
Québec
« Le dilemme du journal étudiant » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070420/CPMONDE/704200...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
19 avril 2007
Comble du malheur
« Sans grand étonnement, la plus fine des débrouillardises ne peut pas renverser l'inéluctable : le montant octroyé ne suffit carrément pas à assurer le minimum vital.
« Comble du malheur, on pénalise [...] celui qui accepte, faute de mieux, la main qu'on lui tend. » (Marie-Andrée Chouinard.)
Je trouve dans les dictionnaires généraux l'expression le comble de - c'est-à-dire « le plus haut degré de », selon le Trésor de la langue française informatisé -, suivie d'un complément déterminé par l'article défini :
Le comble du ridicule, de la grossièreté, de la joie, de l'audace, de l'étonnement, de la félicité, de la fureur, de l'injustice. (D'après le Petit Robert, le Lexis et le Trésor.)
Elle est au comble du bonheur quand son copain lui écrit. (Multidictionnaire.)
Voilà le comble de la vulgarité. (Pagnol, dans le Lexis.)
Par contre, suivant le résultat de mes recherches, le complément amené par la locution pour comble de - c'est-à-dire « comme surcroît de », selon le Lexis - n'est jamais précédé de l'article :
Pour comble de malheur, de malchance, de disgrâce, d'ennui, d'ironie, d'horreur, de misère. (D'après le Petit Robert, le Lexis et le Trésor.)
Pour comble d'infortune [...] au deuil de mon amour venait se joindre le regret absurde des êtres et surtout des objets témoins de mon capricieux bonheur. (Milosz, dans le Trésor.)
Je n'ai pas rencontré comble de dans les douze ouvrages consultés; cependant l'ellipse de pour, peut-être familière, ne me choque pas.
Line Gingras
Québec
« Taxe à la solidarité » : http://www.ledevoir.com/2007/04/19/139992.html?fe=805&...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
18 avril 2007
L'épave ou ses morceaux?
« L'épave de l'avion présidentiel, abattu par deux missiles le 6 avril 1994 aux alentours de 20 h, gisent dans le jardin : un moteur ici, une aile un peu plus loin. » (Libération.)
Ce ne sont pas les missiles qui gisent dans le jardin. On y voit un moteur, une aile, d'autres morceaux sans doute, qui appartiennent à l'épave, sujet grammatical : L'épave gît dans le jardin.
Line Gingras
Québec
« Treize ans après le génocide - Le Rwanda mise maintenant sur le tourisme » : http://www.ledevoir.com/2007/04/07/138640.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, syntaxe, journalisme
17 avril 2007
Armes de destruction massives
« ... Cheney et ses acolytes se sont livrés à une intimidation de type mafieux contre les chercheurs de la CIA et d'autres agences qui disaient "Mais monsieur, nous ne trouvons rien sur les armes de destruction massives!"... » (François Brousseau.)
À mon avis, c'est la destruction qui est massive; je trouve d'ailleurs dans le Petit Robert, à l'article « destruction » : Armes de destruction massive.
« Et qui, en outre, connaissait mieux que les plus hauts gradés - lui qui n'avait jamais revêtu l'uniforme - toutes les arcanes de la stratégie moderne... »
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Hanse-Blampain, le nom arcane, qui s'emploie généralement au pluriel, est toujours masculin. Le Trésor de la langue française informatisé signale que le féminin est rare.
« Le même homme, durant la même période, fut soupçonné de multiples conflits d'intérêts impliquant le Pentagone et ses politiques d'achats, des compagnies d'armements israéliennes et américaines qu'il dirigeait ou avait dirigé. »
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir, il ne semble pas superflu de le rappeler, s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Il avait dirigé quoi? des compagnies : des compagnies qu'il avait dirigées.
« ... l'homme qui, en sa qualité de président du Conseil d'expert en défense formé autour du président Bush... »
Un conseil doit bien avoir d'autres membres que son président?
Line Gingras
Québec
« À bas les pourris » : http://www.ledevoir.com/2007/04/16/139615.html
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, syntaxe, journalisme