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04 janvier 2007

Qui donc?

Sujet inversé; grammaire française; syntaxe du français.

« ... après quoi il a dit qu'il entendrait la requête pour remise en liberté que présenterait alors ses avocats. » (Alexandre Shields.)

Qui donc va présenter la requête, à votre avis? 

Line Gingras
Québec

« Myriam Bédard sera rapatriée aujourd'hui » : http://www.ledevoir.com/2007/01/04/126343.html

03 janvier 2007

Avoir le beau jeu

Avoir le beau jeu; avoir beau jeu; usage; grammaire française; syntaxe du français.

« Le premier ministre Jean Charest a eu le beau jeu en répliquant que la firme Moody's venait tout juste de relever d'un cran la cote de crédit du Québec après l'avoir augmentée en juin dernier. » (Robert Dutrisac.)

Aucun des onze ouvrages consultés ne donne l'expression figurée avoir le beau jeu. On relève par contre avoir beau jeu, qui signifie « se trouver dans des conditions idéales pour faire quelque chose » (Multidictionnaire). Cette locution peut être suivie, d'après le Lexis, de la préposition de ou pour (introduisant un infinitif) :

Ils ont beau jeu de nous faire croire n'importe quoi. (Multidictionnaire.)

On aurait beau jeu de répondre que plus d'un seigneur a dû jadis son fief aux sacs d'écus d'un père usurier. (Bernanos, dans le Lexis.)

Comme les Danton, les Robespierre, les Marat dormaient en paix, les soldats allaient avoir beau jeu. (Erckmann-Chatrian, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

On aurait pu écrire, il me semble :

Le premier ministre Jean Charest a eu beau jeu de répliquer...  

Line Gingras
Québec

« Une accusation qui tombe à plat » : http://www.ledevoir.com/2006/11/15/122884.html

02 janvier 2007

Adversité

Adversité; usage.

« En lui confiant le poste de chef adjoint, M. Dion prend modèle sur le comportement adopté par Jean Chrétien envers Paul Martin au lendemain du congrès qui l'avait élu chef en 1990. Néanmoins, l'adversité entre les deux hommes devait persister et même s'accentuer. » (Bernard Descôteaux.)

Adversité s'emploie dans la langue littéraire, au sens de « Sort contraire, circonstances malheureuses (deuil, revers de fortune, etc.) s'imposant comme une épreuve à subir ou à surmonter » (Trésor de la langue française informatisé) :

Il est possible d'être homme même dans l'adversité. (Sartre, dans le Petit Robert.)

J'ai su payer par des années d'adversité quelques erreurs de jeunesse. (Cendrars, dans le Lexis.)

Je suis fait ainsi : l'infortune me séduit, l'adversité m'attire. (Sandeau, dans le Trésor.)

Mais je constate [...] que dans l'adversité, ou du moins dans les grandes circonstances de la vie, chacun de nous trouve dans l'Église son plus parfait bien-être. (Barrès, dans le Trésor.)

D'après les résultats de mes recherches, ce nom, synonyme de « malheur », « malchance », « infortune », ne s'applique pas à la situation de personnes qui s'opposent comme adversaires. Dans la phrase à l'étude, on aurait pu parler de rivalité ou d'antagonisme.

Line Gingras
Québec

« Des premiers pas incertains » : http://www.ledevoir.com/2006/12/22/125660.html

01 janvier 2007

Se souvenir + infinitif

Se souvenir + verbe à l'infinitif;  se souvenir, se souvenir de; grammaire française; syntaxe du français.

« ... je me souviens avoir regardé le passage du chanteur Corneille à l'émission de Véronique Cloutier... » (Bruno Guglielminetti.)

« Je me souviens avoir talonné sans succès Robert Charlebois, à deux semaines du référendum de 1995, pour lui arracher une déclaration sur la souveraineté. » (Christian Rioux.)

Le verbe se souvenir, lorsqu'il a pour complément un nom ou un pronom, s'emploie avec la préposition de :

Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
(Verlaine, Chanson d'automne.)

N'est-ce pas la même chose s'il est suivi d'un infinitif?

Je trouve en effet un bon nombre d'exemples où l'infinitif complément est précédé de la préposition :

Nous nous souvînmes de n'avoir regardé qu'imparfaitement. (Baudelaire, dans le Petit Robert.)

Je ne me souviens pas d'avoir cueilli ces fleurs. (Duras, dans le Lexis.)

Martine se souvenait d'être descendue de voiture. (Simenon, dans le Colin.)

Je me souvenais bien d'avoir quelque chose à te dire... (Gide, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Le tour sans préposition, dans lequel le Colin, le Girodet et le Trésor voient une analogie avec se rappeler, serait à éviter dans la langue surveillée, selon Girodet. J'en ai relevé cependant plusieurs exemples, tous avec un infinitif passé, dans les dix ouvrages consultés; Hanse et Blampain ne critiquent pas cette construction, qu'ils donnent pour fréquente :

... je me souviens avoir emprunté mon texte au prophète Isaïe... (Marrou, dans le Trésor.)

Il ne doit pas se souvenir nous avoir dit qu'elle demeurait à deux kilomètres de là. (Proust, dans le Colin.)

Je me souvins l'avoir regardé de la véranda. (Green, dans le Petit Robert.)

Les deux phrases à l'étude, où se souvenir est suivi directement d'un infinitif passé, sans de, sont donc correctes.

Line Gingras
Québec

« Technologie - La télévision, sans téléviseur » : http://www.ledevoir.com/2006/05/23/109745.html?338
« Perspectives - Le parler "vrai" de Jean Charest » : http://www.ledevoir.com/cgi-bin/ledevoirredir.cgi?http://www.ledevoir.com/2006/07/11/113415.html?338

31 décembre 2006

Soumettre que

Soumettre que; to submit that; grammaire française; syntaxe du français; anglicisme; calque.

« ... on peut soumettre que le commentaire est, comment dire, légèrement exagéré. » (Jean Dion.)

D'après le Trésor de la langue française informatisé, soumettre peut signifier notamment « Présenter à l'avis, au jugement, à la décision (de quelqu'un dont on reconnaît l'autorité) » :

Cette question a été soumise au comité. (Multidictionnaire.)

[Flaubert] se prit d'affection pour moi. J'osai lui soumettre quelques essais. (Maupassant, dans le Petit Robert.)

Vous comprendrez que je ne puisse envisager de soumettre l'« Espoir » à votre censure. (Beauvoir, dans le Lexis.)

Aucun des sept ouvrages qui m'ont été utiles, toutefois, ne reçoit ce verbe, suivi d'une proposition conjonctive introduite par que, au sens de « faire observer », « affirmer », « soutenir », que possède l'anglais to submit (voir le Meertens et le Robert & Collins Super Senior pour d'autres équivalents). Le Colpron signale comme fautifs les exemples suivants :

Le comité a soumis que la question demandait une étude sérieuse (= a allégué, est d'avis).

Je soumets que l'accusé n'avait pas d'intentions délictueuses (= prétends).

Line Gingras
Québec

« Du gros hockey » : http://www.ledevoir.com/2006/12/30/126094.html

30 décembre 2006

Faire le pari que + indicatif ou subjonctif

Faire le pari que; parier que; choix du mode; grammaire française; syntaxe du français.

« La démocrate chrétienne fait aussi le pari que le successeur de Jacques Chirac, qui sera élu en mai, puisse susciter l'adhésion à cette formule constitutionnelle... » (Christian Rioux.)

D'après le résultat de mes recherches, l'expression faire le pari que, comme parier que, est suivie de l'indicatif (ou d'un conditionnel ayant valeur de futur du passé) :

Je te fais le pari qu'il sera là demain. (Petit Robert.)

J'ai fait le pari que notre équipe gagnerait [...] (Multidictionnaire.)

Dans dix mille ans d'ici, je vous fais le pari que cette guerre [...] sera complètement oubliée... (Céline, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Je parie qu'il réussira. (Hanse et Blampain.)

Il avait parié avec son frère que leur amie ne viendrait pas. (Hanse et Blampain.)

Je parie qu'il a oublié de lui téléphoner. (Lexis.)

Moi, je te parie que la première chose qu'il verra en entrant, c'est cette cendre sur le tapis. (Mauriac, dans le Trésor.)

Dans la phrase à l'étude, il aurait fallu à mon avis le futur simple de l'indicatif :

La démocrate chrétienne fait aussi le pari que le successeur de Jacques Chirac, qui sera élu en mai, pourra susciter l'adhésion à cette formule constitutionnelle...

Line Gingras
Québec

« Éclaircie à l'horizon » : http://www.ledevoir.com/2006/12/29/126063.html

29 décembre 2006

Avoir confiance de + infinitif

Avoir confiance de + infinitif; grammaire française; syntaxe du français.

« Plus tôt, l'avocat américain de Bédard, Kevin McCants, avait indiqué que la médaillée d'or croyait être victime d'une injustice et qu'elle avait confiance d'être innocentée. » (PC.)

On peut avoir confiance en quelqu'un, en quelque chose, dans certaines personnes, dans certaines choses :

Avoir confiance en soi. (Lexis.)

Elle avait confiance en lui et lui inspirait confiance. (Maurois, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Elle a confiance en l'avenir. (Multidictionnaire.)

J'ai confiance en Dupont, en Dieu, en lui, en ou dans mon directeur, en ou dans vos capacités, en ou dans cet homme, en ou dans un remède, dans la capacité de mes collaborateurs. (Hanse et Blampain.)

Avoir confiance dans les médecins. (Petit Robert.)

Cependant, je n'ai trouvé le tour avoir confiance de + infinitif dans aucun des douze ouvrages consultés. Je proposerais plutôt :

... et qu'elle avait bon espoir d'être innocentée.

Line Gingras
Québec

« Myriam Bédard demeurera incarcérée aux États-Unis au moins jusqu'à vendredi » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:2496...

28 décembre 2006

Où il est question du satellite Corot

« N'empêche que la France et ses partenaires sont fiers de cette belle "récupération" d'un instrument qui, au départ, avait une tout autre vocation. Ils sont d'autant plus fiers qu'ils auront été les premiers à lancer Corot, avant que les États-Uniens ne puissent lancer leur dernier-né, Kepler, dont le lancement est prévu en 2008. » (Lisa-Marie Gervais.)

La France et ses partenaires auront été les premiers à lancer Corot - faut-il comprendre qu'il y aura d'autres lancements du même satellite, effectués par d'autres pays? Je crois qu'on a voulu dire plutôt :

... Ils sont d'autant plus fiers qu'ils auront devancé les États-Unis, dont le dernier-né, Kepler, doit être lancé en 2008.

Line Gingras
Québec

« Le satellite Corot à la chasse aux exoplanètes » : http://www.ledevoir.com/2006/12/28/125989.html

27 décembre 2006

Sa sortie ont rejoint...

Noyau du groupe sujet; accord du verbe avec son sujet; grammaire française; syntaxe du français.

« Sa sortie sur les abus de l'accommodement raisonnable ont rejoint les préoccupations d'une bonne partie de la population. » (Michel David.)

Qu'est-ce qui a rejoint les préoccupations d'une bonne partie de la population? Sa sortie sur les abus de l'accommodement raisonnable. Accommodement raisonnable est complément du nom abus; et sur les abus de l'accommodement raisonnable se rattache au nom sortie, noyau du groupe sujet, qui détermine l'accord du verbe : a rejoint.

Line Gingras
Québec

« Bulletin de l'opposition » : http://www.ledevoir.com/2006/12/16/125106.html 

26 décembre 2006

Courrez, courrez...

Courir à l'impératif présent; courrez ou courez; grammaire française; orthographe.

« Vœu pieux des Fêtes aux familles : courrez plutôt dehors capturer au lasso quelques flocons nostalgiques des Noëls d'antan et laissez les jeunes amants mourir sans vous. » (Odile Tremblay.)

À l'impératif, le verbe courir s'écrit avec un seul r. Il en prend deux, par contre, au futur simple :

Courez, courez / Vite si vous le pouvez... (Guy Béart, L'eau vive.)

Demain il sera encore temps : vous courrez tous au bois d'Ormonde, si vous y tenez tellement.

Line Gingras
Québec

« Annus horribilis » : http://www.ledevoir.com/2006/12/23/125724.html

25 décembre 2006

Prendre relâche

« Le Blise prend donc relâche jusqu'au 2 janvier, à moins que... » (Lise Ravary.)

J'ai trouvé curieux cet emploi de la locution prendre relâche, que je ne connaissais pas. Spontanément, j'aurais utilisé faire relâche :

Le théâtre fait relâche tous les lundis. (Multidictionnaire.)

Beaucoup de salles de spectacle font relâche au mois d'août. (Lexis.)

Le Multidictionnaire et le Lexis donnent cependant l'expression prendre un peu de relâche.

Enfin, le Trésor de la langue française informatisé admet la locution prendre relâche, avec à l'appui une citation d'Alain :

Je prends relâche, je repose mes yeux, je rêve à d'autres choses, je me remets à neuf.

Line Gingras
Québec

« J'ai enfin un toit pour Noël » : http://forums.chatelaine.qc.ca/advansis/?mod=for&act=...

24 décembre 2006

Le pluriel de grand-mère

Grand-mères ou grands-mères; grand-mère au pluriel; grammaire française; orthographe.

« La jeune femme a décidé de passer les fêtes de Noël auprès de sa famille après la mort récente de ses deux grand-mères, précise le journal. » (Agence France-Presse.)

« Pourquoi un père Noël lorsqu'on a quatre grands-pères, quatre grands-mères et leurs lignées respectives, ce qu'on pourrait qualifier de pactole familial. » (Denise Bombardier.)

Le Trésor de la langue française informatisé, à l'instar du Dictionnaire de l'Académie (j'ai vu la version informatisée de la neuvième édition), reçoit seulement le pluriel grand-mères :

Des histoires de grand-mères. (Académie.)

Je n'ai trouvé là que deux ou trois vieilles grand-mères. (Littré, dans le Trésor.)

C'est la plus fraîche des grand-mamans, encore blonde et déjà grassette. (Amiel, dans le Trésor.)

Le Multidictionnaire admet à la fois grands-mères et grand-mères.

Hanse et Blampain font observer qu'il serait logique d'écrire des grands-mères, « puisqu'on écrit : des grands-pères et que l'apostrophe est supprimée dans grand-mère ». Ils ajoutent : « On peut certes écrire des grand-mères, mais nous conseillons nettement des grands-mères, des grands-places, des grands-messes. »

Le Lexis et le Petit Robert font tous deux varier l'adjectif au pluriel :

Du temps de nos grands-mères.

J'opterais personnellement pour la graphie grands-mères

Line Gingras
Québec

« L'amie de cœur du prince Wiilliam [sic] décline une invitation royale » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPINSOLITE/612...

« Nostalgie » : http://www.ledevoir.com/2006/12/23/125778.html

23 décembre 2006

Suprêmatie

Suprêmatie ou suprématie; orthographe.

« Leur volonté de consacrer l’absolue suprêmatie de la culture américaine. » (Pierre Assouline.)

D'après le Petit Robert, le Lexis et le Multidictionnaire, on écrit suprême, et cependant suprématie :

Il détestait l'état d'esprit qui place l'homme sous la suprématie de l'infirmité féminine. (Montherlant.)

Line Gingras
Québec

« Wanted : "Blitcons" » : http://passouline.blog.lemonde.fr/2006/12/14/wanted-blitc...

22 décembre 2006

Plier bagages ou plier bagage?

Plier bagage ou plier bagages; orthographe.

« Mais voilà, si les Américains plient bagages... » (Serge Truffaut.)

Plier bagage est une locution figurée qui signifie « partir », selon le Petit Robert et le Multidictionnaire :

Les touristes plient bagage. (Petit Robert.)

D'après le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, il s'ajoute une idée de hâte, de fuite même. Les cinq ouvrages que j'ai consultés - à l'article « bagage » - consignent l'expression au singulier; le Trésor donne cependant, sans explications, un exemple où bagage est au pluriel :

Je prierai notre hôte de plier bagages et de déguerpir! (Bernstein.)

Ce dictionnaire signale aussi l'emploi de l'expression, dans la langue familière, au sens de « mourir » :

Je ne vais pas tarder à plier bagage. Faites-moi donc la grâce de me laisser mourir ici en paix. (Morand.)

On ne commettrait certes pas une faute grave en utilisant le pluriel. Mais je vous conseillerais quand même de suivre l'avis de Marie-Éva de Villers : « Dans cette expression, le nom s'écrit au singulier. »

Line Gingras
Québec

« La mise en garde » : http://www.ledevoir.com/2006/12/15/124961.html

21 décembre 2006

De bonne augure

De bon augure ou de bonne augure; masculin ou féminin; genre du nom augure.

« "... une augmentation des dépenses durant cette période est de bonne augure pour les commerçants", estime David Ades, premier vice-président de Solutions Moneris. » (PC.)

Marie-Éva de Villers attire l'attention sur le genre masculin du nom augure :

Ces résultats sont de bon augure, de mauvais augure. (Multidictionnaire.)

Un heureux augure. (Hanse et Blampain.)

Oiseau de bon, de mauvais augure. (Petit Robert.)

Le suintement rouge du ciel à l'horizon lui parut d'un si funèbre augure qu'il referma la croisée. (Barrès, dans le Petit Robert.)

Line Gingras
Québec

« En bref - Tchik-a-tchik » : http://www.ledevoir.com/2006/12/20/125452.html

20 décembre 2006

Un acre ou une acre?

Acre, masculin ou féminin; genre du nom acre.

« Hier, le premier ministre Stephen Harper a poursuivi l'œuvre correctrice entreprise par un précédent gouvernement conservateur en rétrocédant 11 000 acres de terres expropriés en 1969 par Pierre Elliott Trudeau dans le but de construire l'aéroport de Mirabel. » (Jean-Robert Sansfaçon.)

« Pour le maire de Mirabel, M. Hubert Meilleur, qui souhaitait récupérer 2000 des 11 000 acres rétrocédés pour agrandir son parc industriel... »

« Le gouvernement de Brian Mulroney avait rétrocédé, en 1985, 80 000 des 97 000 acres expropriés lors de la construction de l'aéroport de Mirabel, en 1969. » (Alec Castonguay.)

Le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé donnent tous quatre le mot acre, désignant une mesure agraire, pour un nom féminin :

Mesure de superficie. Au Pays de Caux, on distingue : la « grande acre » [...] et la « petite acre »... (Mensire, dans le Trésor.)

Le Trésor cite également, il est vrai, un exemple de Mérimée où il semble que le substantif soit considéré comme masculin :

... six mille acres avaient été enclos de palissades, selon l'usage américain...

Aucune explication n'est fournie; peut-être un sujet masculin se trouve-t-il dans le bout de phrase qui nous manque. Quoi qu'il en soit, Dagenais fait observer que l'on doit « prendre garde que le mot acre est féminin » :

Un terrain d'une acre et demie.

Line Gingras
Québec

« 37 ans plus tard » : http://www.ledevoir.com/2006/12/19/125325.html

« Mirabel : Harper rétrocède 11 000 acres de terre » : http://www.ledevoir.com/2006/12/19/125377.html

19 décembre 2006

Imposer son veto

Imposer son veto; opposer son veto; paronymes.

« En imposant son veto à une résolution libano-égyptienne... » (Christian Rioux.)

Quelques paragraphes plus bas :

« Selon Stephen Harper, si le Canada a opposé son veto... »

Je lis dans le Dictionnaire historique de la langue française que veto est un mot latin introduit en français en 1718. Selon le Multidictionnaire, il signifie « je m'oppose ». On le trouve dans l'expression mettre son veto à quelque chose (souvent une loi, une décision) :

Habitué à ce que mon père ne mît son veto à aucun de mes actes. (Radiguet, dans le Colin.)

On le rencontre aussi, mais cela semble beaucoup plus rare, dans mettre son veto sur, frapper de son veto :

Enjolras, malgré les murmures, mit son veto sur les quinze bouteilles, et afin que personne n'y touchât et qu'elles fussent comme sacrées, il les fit placer sous la table où gisait le père Mabeuf. (Hugo, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Vous pouvez donc l'inviter, j'autorise, mais je frappe de mon veto tous les autres noms que vous me proposez. (Proust, dans le Trésor.)

Le tour opposer son veto a déjà été condamné parce que pléonastique. Il est cependant devenu très courant; le Petit Robert, le Lexis et le Trésor l'admettent, au moins dans la langue familière. Même Colin et Girodet le tiennent pour correct :

Afin de donner sans retard aux peuples menacés un moyen d'opposer leur veto radical à la politique périlleuse des gouvernements. (Martin du Gard, dans le Lexis.)

Aux États-Unis [...] le Président peut opposer son veto à une loi adoptée par le Congrès... (Avril-Gicquel, dans le Trésor.)

Aucun des onze ouvrages consultés - à l'article « veto » - ne reçoit imposer son veto.

Line Gingras
Québec

« Sommet de la Francophonie - Harper provoque un coup de théâtre » : http://www.ledevoir.com/2006/09/30/119492.html

18 décembre 2006

Urger quelqu'un à...

Urger, verbe transitif ou intransitif; to urge someone to; grammaire française; syntaxe du français; calque.

« Elle aussi urge le premier ministre Harper à agir. » (Hugo de Grandpré.)

Selon le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, urger, qui appartient au registre familier, est un verbe intransitif - il n'a donc jamais de complément d'objet direct. Le Trésor précise qu'il ne se rencontre qu'à la troisième personne, à la forme impersonnelle :

Ça urge! Appelez les pompiers! (Multidictionnaire.)

Rien n'urgeait. (Hanse-Blampain.)

Ce n'urge point avant samedi. (Jarry, dans le Petit Robert.)

C'est pas le moment de parler comme ça, ça urge l'histoire de la gosse. (Queneau.)

Mon vieux Jean [...] il urge (non, voyons!) il est urgent que je rompe avec Isabelle. (Larbaud.)

Dans la phrase à l'étude, nous avons affaire de toute évidence au calque de l'anglais to urge someone to do something; l'idée peut se rendre par engager, exhorter, inciter, encourager quelqu'un à faire quelque chose. (Voir le Meertens pour d'autres équivalents.)

Line Gingras
Québec

« Maher Arar "toujours dangereux" » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPACTUALITES/6...

17 décembre 2006

Ils se sont rendus compte...

Se rendre compte; ils se sont rendu compte ou ils se sont rendus compte; accord du participe passé de la locution verbale se rendre compte; accord du participe passé du verbe pronominal; grammaire française; orthographe d'accord.

« Au bout de six mois de recherches, les scientifiques se sont rendus compte que "ces restes n'avaient pas été brûlés", précise le Dr Charlier. » (Associated Press.)

Cette fois encore, il a fallu que je vérifie : jamais je ne me rappelle comment accorder le participe passé de la locution verbale se rendre compte. C'est que je ne crois pas qu'on puisse analyser séparément les éléments de cette expression; celle-ci veut dire comprendre, découvrir, remarquer, et non pas, à mon avis, rendre compte de quelque chose ou faire un compte rendu à soi-même.

Alors? Le renseignement que je cherchais, je l'ai trouvé à l'article « compte », dans le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain :

Elles se sont rendu compte de leur erreur. (Petit Robert.)
Elle s'est rendu compte qu'elle avait tort. (Petit Robert.)
Ils se sont rendu compte de l'erreur trop tard. (Multidictionnaire.)
Ils se sont rendu compte qu'on les trompait. (Hanse-Blampain.)

J'arriverai peut-être enfin à m'en souvenir : le participe passé de la locution se rendre compte est invariable.

Line Gingras
Québec

« Les restes présumés de Jeanne d'Arc ne sont probablement pas les siens » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPSCIENCES/612...

16 décembre 2006

Que le vrai sujet...

« Ce recours systématique à la caricature, à la démagogie et à la désinformation font partie de la formule, comme une sorte de potion magique de la cote d'écoute. » (Gil Courtemanche.)

Bien entendu, la caricature, la démagogie et la désinformation sont des ingrédients de la potion magique; mais la phrase est structurée de manière que le véritable sujet du verbe, c'est recours :

Ce recours systématique [...] fait partie de la formule...

* * * * *

« ... cela surprend et semble invraisemblable. »

... cela surprend et paraît invraisemblable.

Line Gingras
Québec

« Ce n'est pas l'État qui est mauvais, c'est le gouvernement » : http://www.ledevoir.com/2006/12/16/125147.html

15 décembre 2006

De toute pièce ou de toutes pièces?

De toutes pièces ou de toute pièce; orthographe.

« J'ai lu ce rapport McEwen. Il était accablant pour la GRC, notamment accusée d'avoir monté une opération inutile et d'avoir fabriqué un crime de toute_ pièce_. » (Pierre Foglia.)

Sept des neuf ouvrages de difficultés auxquels je me suis référée se prononcent : la locution adverbiale de toutes pièces, employée au sens de « sans que rien soit emprunté à la réalité » (Girodet), « à partir de rien » (Colin), s'écrit toujours au pluriel :

Cette accusation ne repose sur rien, elle a été forgée de toutes pièces. (Girodet.)

Il s'était donc créé de toutes pièces une vie de complications et de drames. (Camus, dans le Colin.)

Le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé relèvent uniquement cette graphie :

Des souvenirs forgés de toutes pièces ou fantastiquement dénaturés ou embellis. (Arnoux, dans le Trésor.)

Line Gingras
Québec

« L'esprit de corps » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061214/CPOPINIONS/612...