26 mars 2007
Son approche à la question
« Un phénomène, l'Action démocratique? Sans doute, surtout si on tient compte du relatif anonymat et de l'inexpérience de son équipe, de l'ambiguïté persistant autour de son programme et de son approche à la sempiternelle question nationale. » (Jean Dion.)
D'après ce que j'ai pu voir dans les onze ouvrages consultés, le substantif approche, au sens de « manière d'aborder un sujet, un problème » (Lexis), « façon d'aborder une question quant au point de vue et à la méthode » (Hanse-Blampain), introduit toujours son complément au moyen de la préposition de :
Cet ouvrage est simplement une approche de la question. (Lexis.)
L'approche sociologique d'une étude littéraire. (Petit Robert.)
Les nouvelles approches de la littérature. (Colin.)
Une nouvelle approche de la littérature classique. (Girodet.)
Serait-il réélu? À l'échelle du canton ce serait une bataille d'approche de l'élection législative... (Aragon, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Line Gingras
Québec
« Le phénomène ADQ » : http://www.ledevoir.com/2007/03/24/136574.html
06:42 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
25 mars 2007
Inspirer quelqu'un à faire quelque chose
« Mais pour cela, il faut du temps. Du temps pour les jeunes femmes de terminer leurs études. Acquérir des compétences. Et en inspirer d'autres à faire comme elles. » (Agnès Gruda.)
« ... M. Cameron a fait un discours important disant qu’on "ne peut pas intimider les gens jusqu’à ce qu’ils se sentent Britanniques, nous devons les inspirer à le devenir". » (Michel C. Auger.) [« We can't bully people into feeling British - we have to inspire them. »]
Selon les dictionnaires généraux que j'ai sous la main, quelque chose ou quelqu'un peut inspirer quelqu'un ou quelque chose, ou inspirer quelque chose à quelqu'un :
Les paysages de Provence ont beaucoup inspiré Cézanne. (Petit Robert.)
Les intentions qui inspirent un acte. (Petit Robert.)
Elle savait n'avoir jamais inspiré qu'une admiration respectueuse et craintive. (Blais, dans le Lexis.)
Cette scène inspire du chagrin à Nadia. (Multidictionnaire.)
La République ne lui inspirait que du dégoût. (Beauvoir, dans le Lexis.)
Le projet lui fut inspiré par un conseiller bien intentionné, mais maladroit. (Lexis.)
... elle vous inspire une poésie exquise et vraie qui remplit vos lettres. (Hugo, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
On peut aussi s'inspirer de quelque chose pour + infinitif :
Il s'est manifestement inspiré de la traduction pour faire cette version latine. (Lexis.)
Le Trésor signale inspirer de + infinitif :
Bel obstacle que l'ignorance, lorsqu'un sang généreux, à chaque battement du cœur, inspire de tout sacrifier à ce qu'on ne connaît pas! (Bernanos.)
Aucun des onze ouvrages consultés, cependant, ne reçoit la construction inspirer quelqu'un à faire quelque chose. Je reformulerais peut-être de cette manière le premier exemple à l'étude :
Mais pour cela, il faut du temps. Du temps aux jeunes femmes pour terminer leurs études. Acquérir des compétences. Et en inciter d'autres à faire comme elles.
En ce qui concerne le second exemple, je proposerais :
... on ne peut pas forcer les gens à se sentir Britanniques - nous devons / il faut les inciter à le devenir.
... on ne peut pas forcer les gens à se sentir Britanniques - nous devons / il faut leur en inspirer le désir.
Il y a d'autres possibilités, bien entendu.
Line Gingras
Québec
« La petite fille qui ne sourit pas » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061217/CPOPINIONS/612...
« Accommodement à la britannique » :
http://www.cyberpresse.ca/article/20070128/CPBLOGUES07/70...
02:40 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
24 mars 2007
Influer le cours des choses
« Alors, quand peut-on vivre avec la conscience d'être membre du corps social et avoir le sentiment aigu d'influer le cours des choses sinon dans ce geste unique de voter... » (Denise Bombardier.)
D'après ce que j'ai vu dans les douze ouvrages consultés, le verbe influer ne s'utilise jamais avec un complément d'objet direct; il est plutôt suivi de la préposition sur :
Le contexte économique influe sur la performance de l'entreprise. (Multidictionnaire.)
La maladie a influé sur son caractère. (Lexis.)
Une telle intervention peut influer sur le verdict. (Girodet.)
Tes pensées d'avant le sommeil influent sur tes rêves. (Romains, dans le Petit Robert.)
Les réflexions venimeuses qu'ils échangeaient allaient influer sur le cours de leurs vies respectives. (Aymé, dans le Lexis.)
L'hormone de la glande surrénale (adrénaline) influe sur la pression artérielle... (J. Rostand, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Plus tard, Duroc eût encore influé sur d'autres grands événements... (Las Cases, dans le Trésor.)
Je vois dans quel sens très heureux Verhaeren a influé sur toi. (Rivière, dans le Trésor.)
Le Trésor signale d'autres constructions possibles, mais peu courantes.
Line Gingras
Québec
« Un geste lourd de sens » : http://www.ledevoir.com/2007/03/24/136503.html
06:30 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
23 mars 2007
Après l'Arménie, la Russie?
« C'est devenu une détestable habitude. Après l'Arménie, la Géorgie, la Lituanie, la Moldavie et l'Ukraine, sans oublier le géant anglo-néerlandais Shell, la Russie use de nouveau de ses ressources naturelles comme de forceps. Sa dernière cible? La Biélorussie. Le but? Retrouver la grandeur d'antan. » (Serge Truffaut.)
L'énumération introduite par après semble jouer le rôle de complément circonstanciel de temps du verbe user, mais ce n'est pas le cas : l'Arménie, la Géorgie, etc. n'ont pas fait ce qu'on paraît leur reprocher, soit user de leurs ressources naturelles comme de forceps - avant que la Russie ne le fasse à nouveau. D'après le contexte, on a voulu dire plutôt, à mon avis :
Après l'avoir fait à l'endroit de l'Arménie, de la Géorgie, de la Lituanie, de la Moldavie et de l'Ukraine, sans oublier le géant anglo-néerlandais Shell, la Russie use à nouveau de ses ressources naturelles comme de forceps.
* * * * *
« ... le groupe anglo-néerlandais a opté pour la deuxième option. »
... le groupe anglo-néerlandais a opté pour la deuxième possibilité.
Line Gingras
Québec
« Les forceps russes » : http://www.ledevoir.com/2006/12/30/126138.html
05:30 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
22 mars 2007
Motion de non-confiance
« Il a déjà annoncé qu'il n'était pas prêt à se joindre au Bloc québécois dans l'aventure consistant à présenter une motion de non-confiance dès le retour de la Chambre des communes, fin janvier, sur la mission en Afghanistan. » (Hélène Buzzetti.)
D'après ce que je vois dans le Multidictionnaire, le Colpron, TERMIUM et le Grand dictionnaire terminologique, l'expression motion de non-confiance est le calque de motion of non-confidence. TERMIUM et le GDT recommandent d'employer plutôt motion de censure pour désigner une « proposition mettant en cause la responsabilité du gouvernement et la confiance que les députés lui accordent » (GDT; on propose aussi motion de défiance).
Je vous renvoie à l'article du GDT pour des précisions utiles - notamment sur motion de blâme, qui correspond à une réalité différente.
Line Gingras
Québec
« Horoscope politique - Que réserve l'année 2007 à nos politiciens fédéraux? » : http://www.ledevoir.com/2006/12/30/126127.html
06:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
21 mars 2007
De d'autres
« Ce n'est pas l'avis de d'autres témoins... » (Antoine Robitaille.)
On s'abstient d'employer devant d'autres la préposition de :
La présence d'autres (et non *de d'autres) personnes. (Multidictionnaire.)
Je ne pense pas à eux, mais à d'autres. / Je ne parle pas d'eux, mais d'autres. (Hanse-Blampain.)
Selon Marie-Éva de Villers, c'est une question d'euphonie.
Line Gingras
Québec
« Robert Dutrisac, un héros » : http://www.ledevoir.com/politique/blogues/elections2007/2...
02:25 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, médias
20 mars 2007
Nombre décimal inférieur à deux
« ... devant un auditoire de 1,85 millions de personnes. » (Fabien Deglise.)
En français, le substantif déterminé par un nombre décimal inférieur à deux reste au singulier :
La somme s'élève à 1,5 million de dollars, à 1,5 milliard de dollars. (Multidictionnaire, quatrième édition, page 936.)
1,9 habitant au kilomètre carré. (D'après le Hanse-Blampain, quatrième édition, page 597.)
Line Gingras
Québec
« Tout le monde parle des verts » : http://www.ledevoir.com/politique/blogues/elections2007/2...
01:25 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
19 mars 2007
À grands renforts de
« Débat de mots sinon d’idées, à grands renforts de répétitions. » (Hélène Matteau.)
Doit-on écrire à grands renforts de ou à grand renfort de?
Le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Lexis, à l'article « renfort », reçoivent uniquement la graphie à grand renfort de :
S'exprimer à grand renfort de gestes. (Petit Robert.)
À grand renfort de paroles. (Multidictionnaire.)
Obtenir une place à grand renfort de protections. (Lexis.)
Je me rhabillais de mon mieux, à grand renfort d'épingles. (Beaumarchais, dans le Petit Robert.)
Le Trésor de la langue française informatisé, toutefois, admet clairement le pluriel comme le singulier :
Mener campagne à grand renfort d'affiches.
Organiser quelque chose à grand(s) renfort(s) de publicité.
C'est précisément ce que j'ai dit dans ma dissertation de ce matin, et fait valoir à grand renfort de citations... (Gide.)
Si j'avais le pouvoir absolu, à coup sûr j'enverrais M. Oudot et compagnie travailler aux fortifications, à grands renforts de coups de pied. (Flaubert.)
Line Gingras
Québec
« Zérostars » : http://forums.chatelaine.qc.ca/advansis/?mod=for&act=...
06:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
18 mars 2007
Supputer sur les chances
« On supputait sur les chances des uns et des autres d’accéder au conseil des ministres. » (Pierre Cayouette.)
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis, le Girodet et le Trésor de la langue française informatisé, supputer est un verbe transitif :
Supputer ses chances. (Petit Robert.)
Ils supputent leurs chances de succès. (Multidictionnaire.)
Supputer l'effort à fournir, ses chances; supputer les conséquences, les risques de quelque chose. (Trésor.)
Ils étaient, les uns comme les autres, à supputer les chances de la royauté. (Aragon, dans le Lexis.)
Un tailleur, en vous voyant, suppute instinctivement l'étoffe de votre habit. (Proust, dans le Petit Robert.)
Je suis en train de supputer mes profits et pertes de cette semaine... (Dumas père, dans le Trésor.)
Nous supputions à présent le temps nécessaire à l'aller et au retour... (Pesquidoux, dans le Trésor.)
Un astronome qui suppute l'existence d'un astre dont il ne perçoit pas encore directement les rayons. (Gide, dans le Trésor.)
Le Trésor relève un exemple où l'objet de l'évaluation marquée par le verbe supputer est introduit au moyen de la préposition sur :
D'aucuns se lèvent la nuit pour mesurer la force du vent au rayonnement des étoiles, pour relever leur direction ou supputer sur leur hauteur. (Pesquidoux.)
Je crois néanmoins, comme les autres ouvrages consultés ne reçoivent pas cet emploi et comme le Trésor donne le verbe supputer uniquement pour transitif, qu'il vaut mieux construire le complément de façon directe :
On supputait les chances des uns et des autres d’accéder au conseil des ministres.
* * * * *
« Pour en finir une fois pour toute_ avec cette comparaison idiote... »
Vérification faite dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor, la locution adverbiale une fois pour toutes s'écrit avec un s à toutes :
Je vous le dis une fois pour toutes, ne venez plus me déranger. (Lexis.)
On se met à rêver tout éveillé qu'on est couché une fois pour toutes dans sa fosse... (Mille, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« PQ 1976 - ADQ 2007 : la comparaison qui tue... » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
04:15 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
17 mars 2007
Les deux-tiers
« ... le nouveau Boisclair, celui qui parle comme tout le monde, doit parler d’un sujet dont les deux-tiers du monde ne veulent pas entendre parler. » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)
Marie-Éva de Villers signale que l'expression deux tiers s'écrit sans trait d'union; c'est effectivement cette graphie que je trouve dans le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé :
Les deux tiers. (Petit Robert.)
Majorité des deux tiers. (Trésor.)
Il a fait les deux tiers du travail. (Lexis.)
Il y a sur le globe deux tiers de mers, un tiers de terres. (Abellio, dans le Trésor.)
Les deux tiers des participantes sont persuadées ou persuadés du bien-fondé de la proposition. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« Nouveau Boisclair, vieux problème » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140839#more-6...
06:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
16 mars 2007
Prendre pour acquis
« Les Canadiens ne doivent pas prendre leurs libertés civiles pour acquis__, prévient Maher Arar. » (PC.)
Le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais condamnent prendre pour acquis, calque de l'anglais to take for granted. On trouve dans le Colpron, et surtout dans le Meertens, de nombreuses façons de rendre cette idée, selon le contexte. Au nombre des équivalents figurent tenir pour acquis, considérer comme acquis :
Je tenais pour acquis que vous étiez au courant. (Chouinard.)
Tenir un point pour acquis. (Lexis.)
Nous pouvons considérer comme acquis ce premier point. (Petit Robert.)
Nous tenons pour acquise son adhésion au programme. (Multidictionnaire.)
Comme l'indique le dernier exemple, l'adjectif acquis n'est pas invariable :
Les Canadiens ne doivent pas tenir leurs libertés civiles pour acquises...
Line Gingras
Québec
« Ne prenez pas les libertés civiles pour acquis [sic], prévient Maher Arar » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:2811...
05:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, grammaire, orthographe, journalisme
15 mars 2007
La Passion selon Marie
Le dimanche 15 avril prochain, l'Ensemble vocal André Martin, dont je fais partie, va donner un concert de musique religieuse, sous le thème La Passion selon Marie.
Nous allons représenter le drame terriblement humain de la Passion du Christ, du point de vue de Marie. Avant de mourir, Jésus a confié sa mère au disciple qu'il aimait. Des années plus tard, Marie - elle qui « gardait ces choses dans son cœur » - raconte ces événements douloureux. Elle-même n'y a pas assisté dès le début : la nuit de prière et d'angoisse au mont des Oliviers, l'arrestation lui ont été relatées par les disciples. Et c'est un autre narrateur, un historiographe, qui abordera les signes de la Résurrection, que nous ne ferons qu'évoquer.
Les différents moments du récit de la Passion ont inspiré quantité de compositeurs au cours des siècles. Nous allons interpréter, pour illustrer les souvenirs de Marie, des œuvres de diverses époques - de Morales et Gesualdo à Poulenc et Elzéar Fortier. Plusieurs pièces seront chantées a cappella; d'autres seront exécutées avec le concours d'un organiste et d'un quatuor à cordes.
Dimanche 15 avril à 14 h 30, à la chapelle des Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Vallier.
Line Gingras
Québec
02:15 Publié dans Chant choral | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Québec, musique, concert, culture
14 mars 2007
Se douter - accord du participe passé
« ... Julie Cossette ne se serait jamais douté_, en septembre dernier, qu'elle se ferait subtiliser tout le contenu de son compte bancaire. » (Paule Vermot-Desroches.)
Se douter est un pronominal subjectif : verbe accidentellement pronominal (c'est-à-dire ne s'utilisant pas toujours à la forme pronominale), douter fait corps avec le pronom réfléchi, qui ne peut s'analyser séparément.
Comme le signale Marie-Éva de Villers, le participe passé s'accorde en genre et en nombre avec le sujet :
... Julie Cossette ne se serait jamais doutée...
Line Gingras
Québec
« Elle répond à un courriel et 3000 $ s'envolent » : http://technaute.lapresseaffaires.com/nouvelles/texte_com...
04:25 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
13 mars 2007
Débuter avec
« L'attaque canadienne avait débuté avec un assaut lancé par des blindés dans ce qui est considéré comme un bastion de la rébellion talibane. » (PC.)
J'ai consulté treize ouvrages à l'article « débuter »; d'après les résultats de mes recherches, le verbe s'emploie avec la préposition par afin d'introduire le premier élément, la première partie de quelque chose :
Le film débute par une scène très amusante. (Multidictionnaire.)
Cet écrivain débute par un excellent roman. (Dagenais.)
Le rapport du président débutait par un éloge du secrétaire général. (Berthier et Colignon.)
Le motif en notes détachées, par lequel débute l'allégro. (Berlioz, dans le Petit Robert.)
L'échec provisoire par lequel toutes les hautes entreprises débutent. (Cocteau, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
J'ai relevé un exemple où le verbe est suivi de la préposition avec - devant un complément qui renseigne sur la forme plutôt que sur le contenu :
Il débute avec un accent bas et tendre : - Mes biens [sic] chers amis, enfin, nous nous retrouvons! (Barrès, dans le Trésor.)
La construction débuter avec, dans la phrase à l'étude, me paraît le calque de to begin with.
Line Gingras
Québec
« Désertion? » : http://www.ledevoir.com/2006/12/30/126185.html
07:20 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme
12 mars 2007
Elle se serait évitée tous ces ennuis
« Elle se serait évitée tous ces ennuis si, en apprenant le 14 décembre qu'elle était recherchée par la police de Québec, elle était revenue d'elle-même au pays. » (André Pratte.)
Le participe passé du verbe éviter, à la forme pronominale, ne s'accorde pas avec le sujet, mais avec le complément d'objet direct, pourvu que celui-ci précède le verbe :
Ces deux belles-sœurs se sont évitées pendant des années.
Elles ont évité qui? elles-mêmes - plus précisément, elles se sont évitées l'une l'autre. Le participe passé s'accorde avec le pronom réfléchi, se, qui représente les deux belles-sœurs.
Elle ne se doute pas de tous les ennuis qu'elle se serait évités.
Elle aurait évité quoi? des ennuis, représentés par le pronom relatif que.
Il fallait donc écrire :
Elle se serait évité tous ces ennuis...
Line Gingras
Québec
« La prison de Mme Bédard » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070106/CPOPINIONS/701...
06:30 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
11 mars 2007
Un ministre senior
« Le fait de confier les questions environnementales à un ministre senior ne résout cependant pas tout. » (Bernard Descôteaux.)
Le Petit Robert (2007) admet senior dans l'une ou l'autre des acceptions suivantes :
- « Sportif plus âgé que les juniors et plus jeune que les vétérans. »
- « Personne âgée de plus de 50 ans; jeune retraité. »
De fait, le Multidictionnaire, le Colpron et le Dagenais donnent senior pour un anglicisme lorsqu'il se dit « de personnes qui, par leur rang ou leur autorité, sont supérieures à d'autres auxquelles elles sont liées par des affaires communes ou qui appartiennent au même service dans un établissement commercial ». (Dagenais.) On trouve dans ces trois ouvrages et dans le Meertens divers équivalents, entre lesquels choisir selon le contexte : en chef, premier, principal, supérieur, chevronné, confirmé, de haut rang, de haut niveau...
D'après le Grand dictionnaire terminologique, senior minister peut se rendre par ministre de premier plan; TERMIUM propose aussi cette traduction, avec ministre influent.
Line Gingras
Québec
« Saint Kyoto » : http://www.ledevoir.com/2007/01/10/126903.html
05:40 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
10 mars 2007
Entre ceci à cela, un dilemne?
« ... entre 10 à 15 % de la population québécoise adhère aux idées de ces deux partis. Dilemne. » (Paul Cauchon*.)
- Vérification faite dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, la préposition entre ne s'emploie pas avec à, mais avec et :
Il devait y avoir de cent à cent vingt-cinq personnes.
Il devait y avoir entre cent et cent vingt-cinq personnes.
- On écrit indemne, mais dilemme.
Line Gingras
Québec
* Le 26 février, au début de la campagne électorale, monsieur Cauchon écrivait cette mise en garde à l'intention des carnetiers québécois : « En tout cas sachez, blogueurs et blogueuses, que vous serez de plus en plus scrutés à la loupe. » Tant mieux.
« Le débat sur le débat » : http://www.ledevoir.com/politique/blogues/elections2007/2...
« Médias - Une campagne à l'heure d'Internet » : http://www.ledevoir.com/2007/02/26/132497.html
« Tant mieux! » : http://www.ledevoir.com/2007/02/26/commentaires/070226175...
00:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journaliste
09 mars 2007
Rendre public une politique
« Québec solidaire rend public sa politique familiale féministe » (Titre d'un article de l'agence Presse Canadienne.)
L'adjectif public n'est pas invariable dans l'expression rendre public; dans le cas présent, il doit s'accorder avec le complément d'objet direct, sa politique familiale féministe, dont il est l'attribut : à la forme passive, on écrirait sa politique familiale féministe est rendue publique. J'ai déjà abordé la question.
* * * * *
« Elles ont aussi déploré que le nombre de femmes candidates au sein des autres formations politiques n'aient pas augmenté depuis les élections de 2003. »
Le noyau du groupe sujet, le nombre de femmes candidates au sein des autres formations politiques, c'est le nombre. L'auxiliaire avoir doit donc s'accorder au singulier : n'ait pas augmenté.
Line Gingras
Québec
« Québec solidaire rend public [sic] sa politique familiale féministe » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070308/CPACTUALITES02...
00:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
08 mars 2007
Où il ne sera pas question de la revanche des berceaux
« La protection de l'identité des agents à l'emploi de la CIA comme du Pentagone étant garantie par la loi, une enquête est donc ouverte afin de déterminer qui est à l'origine de cet acte criminel. » (Serge Truffaut.)
La locution à l'emploi de est un anglicisme; j'en ai déjà parlé ici.
* * * * *
La protection de l'identité des agents de la CIA et du Pentagone est garantie par la loi; on a donc ouvert une enquête...
La conjonction donc s'emploie très correctement, en l'absence de participe présent dans la proposition qui précède, pour indiquer la conséquence. Elle est superflue, toutefois, si l'on utilise déjà un participe présent afin de marquer la cause, comme c'est le cas dans la phrase à l'étude.
* * * * *
« ... dans son exposé final, le procureur fédéral a précisé que dans les jours suivants l'ouverture du dossier, sa certitude était la suivante... »
Il aurait fallu écrire dans les jours suivant l'ouverture du dossier, parce que nous avons affaire ici au participe présent, et non pas à l'adjectif. Comment en être sûr? Il suffit de remplacer le nom masculin jours, avec lequel devrait effectivement s'accorder suivant s'il était adjectif, par un féminin : ... dans les semaines suivant l'ouverture du dossier, et non pas suivantes l'ouverture.
Comment, par ailleurs, éviter la répétition? Je proposerais :
... il avait acquis une certitude...
... il était certain d'une chose...
* * * * *
« Cette attitude, à moins qu'elle ne change, est d'autant plus affligeante qu'avec Dick Cheney, nous sommes en présence d'un politicien habité par la revanche. »
Une revanche, d'après le Multidictionnaire, c'est le « fait de reprendre un avantage perdu »; j'ai consulté aussi le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, dont les définitions vont dans le même sens. On prend sa revanche, mais on est habité par un désir de revanche.
Line Gingras
Québec
« Les vices de Cheney » : http://www.ledevoir.com/2007/03/08/133951.html
06:25 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme, journalisme
07 mars 2007
Groupe de lobby
« ... ce groupe de lobby a été créé par l'industrie du tabac... » (PC.)
Un lobby est un groupe de pression, d'après le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Chouinard. Marie-Éva de Villers admet lobby sans réserves; Camil Chouinard, sans le condamner, signale son origine américaine; le Petit Robert le donne pour un anglicisme.
Si lobby paraît acceptable, quoique facile à remplacer, groupe de lobby est une expression pléonastique; à mon avis, il faut y voir le calque de lobby group.
Line Gingras
Québec
« En bref - Les demandes des fumeurs » : http://www.ledevoir.com/2007/03/06/133700.html
07:40 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
06 mars 2007
Ce sont dans les milieux...
« Ce sont dans les milieux ravagés par la pauvreté qu'on retrouve le plus d'élèves souffrant de déficit d'apprentissage et de problèmes de comportement. » (Gil Courtemanche.)
D'après le Hanse-Blampain (page 608 de la quatrième édition), c'est, suivi d'une préposition et d'un nom ou d'un pronom, reste invariable :
C'est d'eux que cela dépend.
C'est par bandes qu'ils volent.
C'est dans les chansons qu'on apprend la vie... (Jean Lapointe et Marcel Lefebvre.)
Line Gingras
Québec
« Vrais et faux débats » : http://www.ledevoir.com/2007/02/24/132378.html
03:50 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme