14 mai 2007
Épargner quelqu'un de quelque chose
« Cela étant, il faut que la direction du parti épargne les membres et le public en général de ces excès de démocratie citoyenne... » (Jean-Robert Sansfaçon.)
Je trouve les constructions épargner quelqu'un, épargner quelque chose, épargner quelque chose à quelqu'un :
Épargner quelqu'un
Peut-être le médecin la trompait-il pour l'épargner. (Zola, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il vaut mieux épargner un coupable que de tuer un innocent! (Maupassant, dans le Trésor.)
Épargner quelque chose
La discipline facilite le travail, épargne le temps de celui qui commande et de celui qui obéit. (Bernanos, dans le Petit Robert.)
J'ai demandé qu'on épargnât la vie du prisonnier. (Sartre, dans le Lexis.)
J'ai épargné les vingt centimes que coûte une tasse de café. (Bourget, dans le Trésor.)
Épargner quelque chose à quelqu'un
Il faut épargner toute fatigue au malade. (Petit Robert.)
En dépit des froissements, des blessures, qui ne sont point épargnés à ceux qui s'aiment. (R. Rolland, dans le Petit Robert.)
Nous avons épargné une humiliation à ces nouveaux employés en ne mentionnant pas leurs calculs erronés. (Multidictionnaire.)
Elle ne tint pas rancune à l'imprudent puisqu'il lui épargnait peut-être un remords. (Mandiargues, dans le Lexis.)
Je t'épargne les commentaires. (Gide, dans le Trésor.)
Les partis [...] ne nous épargnèrent pas leurs critiques. (De Gaulle, dans le Trésor.)
Les dictionnaires consultés, toutefois, ne reçoivent pas la construction épargner quelqu'un de quelque chose. Je crois que l'on a confondu, ici, avec dispenser ou exempter :
Dispenser quelqu'un d'impôts. (Petit Robert.)
Exempter un jeune homme du service militaire. (Petit Robert.)
Il aurait fallu écrire :
Cela étant, il faut que la direction du parti épargne aux membres et au public en général ces excès de démocratie citoyenne...
* * * * *
« À l'évidence, d'autres candidats s'ajouteront à la liste d'ici le lancement officiel de la course. Celles de Joseph Facal et de Pierre Curzi, par exemple, permettraient d'élargir le spectre des choix idéologiques et des genres de leadership offerts aux membres. »
... d'autres candidatures...
Line Gingras
Québec
« C'est un départ! » : http://www.ledevoir.com/2007/05/12/143204.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
13 mai 2007
Comparons ce qui se compare
« Le langage d'un parti progressiste et de son chef n'a pas besoin d'être obtus et technocratique : il peut se nourrir d'émotions et de valeurs mobilisatrices, comme l'a fait Ségolène Royal en France. » (Gil Courtemanche.)
Non, Ségolène Royal ne s'est pas nourrie d'émotions : elle en a nourri son langage, cependant - c'est du moins ce que veut dire M. Courtemanche, si je ne me trompe. Je suggérerais :
... il peut se nourrir d'émotions et de valeurs mobilisatrices, comme celui qu'a utilisé Ségolène Royal en France / comme celui de Ségolène Royal en France.
Line Gingras
Québec
« S'ancrer dans la réalité » : http://www.ledevoir.com/2007/05/12/143202.html
23:31 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
12 mai 2007
Se lancer - Elle s'est lancé
« Ségolène Royal, qui vient en quelque sorte de redonner le statut d'opposition officielle à son parti, s'est lancé_ à l'assaut de l'Élysée sans avoir pu mettre son parti à sa main... » (Christian Rioux.)
Se lancer est un verbe accidentellement pronominal, c'est-à-dire qui n'est pas toujours employé à la forme pronominale; il s'agit plus précisément d'un pronominal réfléchi, puisque le sujet et le pronom personnel complément, se, désignent la même personne. En pareil cas, le participe passé s'accorde avec le complément d'objet direct si ce dernier est antéposé (placé devant), comme si le verbe était conjugué avec l'auxiliaire avoir. Ségolène Royal a lancé qui? elle-même : s'est lancée.
On écrirait cependant : La ministre s'est lancé des fleurs. Explication? Le pronom se est complément d'objet second, ou complément d'attribution; il ne commande donc pas l'accord. De fait, le complément d'objet direct est placé après le verbe : la ministre a lancé des fleurs à elle-même. Par contre : Les fleurs que la ministre s'est lancées...
* * * * *
« ... bon pour tout les pays et pour tous les peuples. »
... bon pour tous les pays...
Line Gingras
Québec
« La leçon française » : http://www.ledevoir.com/2007/05/11/143073.html
03:50 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
11 mai 2007
Tel que + participe passé
« Tel que rédigée, la loi exige que... » (Serge Truffaut.)
Après tel que, l'ellipse du sujet et du verbe conjugué est à déconseiller dans la langue soutenue. Notez que l'adjectif tel s'accorde, tout comme le participe passé (qu'il y ait ellipse ou non), étant donné qu'il se rapporte à loi :
Telle qu'elle a été rédigée ou Telle qu'elle est rédigée, la loi exige que...
* * * * *
« Voilà : deux juges de la Cour constitutionnelle ont été suspendus par le président de ce tribunal. Le motif évoqué? Ils ont été accusés, sans que des preuves formelles aient été présentées, d'avoir... »
Pour la distinction entre évoquer et invoquer, je vous renvoie à un billet de La plume heureuse. J'y évoque une foule de souvenirs, en plus...
* * * * *
« ... ils craignaient que le scepticisme manifesté par ces deux magistrats ne fasse tâche d'huile... »
Il leur fallait donc se donner pour tâche d'empêcher, justement, qu'il ne fasse tache d'huile :
La lâcheté ne peut faire que tache d'huile. (Leiris, dans le Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« Dérive polonaise » : http://www.ledevoir.com/2007/05/11/143049.html?fe=990&...
05:00 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
10 mai 2007
Accords imparfaits
« Le seul ennui, c’est qu’il avait été adopté en plein_ effervescence souverainiste... » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)
Effervescence est un nom féminin : en pleine effervescence.
« Le PQ devra se demander si son projet politique – qui est encore très proche de la souveraineté-association imaginée par René Lévesque à la fin des années 1960 – est encore la meilleure pour le Québec des années 2010. »
La proposition relative, détachée par des tirets, apporte sans doute une précision utile; elle ne fait cependant pas partie du message essentiel de la phrase : Le PQ devra se demander si son projet politique est encore le meilleur pour le Québec des années 2010.
« Avec son départ, les péquistes n’ont plus le choix, ni de bouc émissaire commode : ils devront se poser les questions qu’ils ont soigneusement évité__ depuis des années. »
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir, on le sait mais encore faut-il se le rappeler au moment opportun, s'accorde avec le complément d'objet direct, si ce dernier précède le verbe. Ils ont évité quoi? les questions : évitées. On écrirait toutefois :
Ils devront réfléchir aux questions qu'ils ont soigneusement évité de se poser.
Ils ont évité quoi? de se poser certaines questions.
Line Gingras
Québec
« Entre le chef et le programme » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140928
05:35 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
08 mai 2007
Des politiciens emphatiques
« Quand on côtoie des politiciens, on constate qu'avec l'expérience, et surtout quand ils sont talentueux et emphatiques, ils finissent par devenir spécialistes de la nature humaine. » (Denise Bombardier.)
Emphatique, dans la langue courante, signifie « rempli d'emphase », « pompeux », « ampoulé » :
Un ton, un style emphatique. (Petit Robert.)
Une allocution trop emphatique. (Multidictionnaire.)
Une exhortation emphatique. (Lexis.)
Elle avait le défaut d'employer de ces immenses phrases bardées de mots emphatiques, si ingénieusement nommées des tartines dans l'argot du journalisme... (Balzac, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Madame Bombardier a sans doute voulu dire empathique; cet adjectif vient du nom empathie, qui désigne une « forme de la connaissance d'autrui, spécialement du moi social » (Lexis), la « faculté de se mettre à la place d'autrui, de percevoir ce qu'il ressent » (Multidictionnaire). Cependant, alors que l'anglais empathic ou empathetic peut qualifier des personnes, le mot français, dont je ne trouve des exemples d'emploi que dans le Trésor, semble ne s'appliquer qu'au mode de connaissance ou de perception :
L'identification du bébé et de la maman, sur le mode empathique... (Traité sociol.)
Je proposerais donc :
... et surtout quand ils sont talentueux et capables d'empathie...
* * * * *
« ... un travail aux contraintes restreintes... »
... un travail aux faibles contraintes...
... un travail peu contraignant...
* * * * *
« Nous vivons une période apparemment désertée par les grands personnages charismatiques dont on a tant d'exemples en tête et qui appartiennent à l'histoire passée. »
... et qui appartiennent à l'histoire.
Line Gingras
Québec
« La piqûre » : http://www.ledevoir.com/2007/03/17/135334.html
06:01 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
04 mai 2007
Le saint du saint
« Le metteur en scène du premier acte politique important qu'a accompli Eltsine a été nul autre que Mikhaïl Gorbatchev. C'est lui, en effet, qui l'a introduit au saint du saint du pouvoir soviétique. » (Serge Truffaut.)
Je trouve dans les dictionnaires généraux (Petit Robert, Lexis, Trésor de la langue française informatisé) et dans le Dictionnaire des expressions et locutions figurées l'expression le saint des saints (ou le Saint des Saints, le Saint des saints) : au sens propre, elle désigne la partie la plus sacrée du Temple de Jérusalem, qui renfermait l'arche d'alliance; au sens figuré, l'« endroit le plus retiré d'un édifice », le « service le plus secret ou le plus important d'une organisation, d'une entreprise ». (Trésor de la langue française informatisé.)
* * * * *
« Entouré de jeunes loups, littéralement, le maître du Kremlin allait menait la réforme du système en maniant l'improvisation... » (S.T.)
Line Gingras
Québec
« Moitié, moitié » : http://www.ledevoir.com/2007/04/25/140796.html
05:10 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
30 avril 2007
Morts ou vifs
« "Pensez-vous que nous ne sommes que des parasites vivants aux dépens du travail honnête et ardu de nos concitoyens?" » (Mario Cloutier, dans La Presse, citant l'écrivain d'expression anglaise Yann Martel.)
Seraient-ils donc, nos écrivains et nos artistes, des parasites morts?
Mais non, les apparences ont le nez qui trompe : ce qu'on a voulu dire, c'est que pour beaucoup de nos élus, il semblerait qu'écrivains et artistes, en qualité de parasites, ne sachent faire qu'une chose : vivre aux dépens de leurs concitoyens (et non pas aux dépens du travail de leurs concitoyens, je le signale en passant). Il fallait employer le verbe, pas l'adjectif : vivant.
Line Gingras
Québec
« Yann Martel "conseille Stephen Harper" » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070417/CPARTS02/70417...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
25 avril 2007
Hormise Ségolène Royal
« Hormise Ségolène Royal qui réalise le score honorable de 25,7 % pour le Parti socialiste... » (Michel Vastel.)
Le Multidictionnaire, le Thomas et le Girodet font observer que hormis, préposition, est toujours invariable :
Les chevaliers étaient présents hormis Guilhèm. (Multidictionnaire.)
Hormis la solitude qui l'entoure. (Thomas.)
Elles sont toutes parties, hormis sa sœur. (Girodet.)
Elle avait d'abord refusé toute visite, hormis celle de son mari. (H. Bazin, dans le Colin.)
Un combat qui n'avait plus d'issue hormis la mort ou la captivité. (De Gaulle, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
* * * * *
« Il reste cependant trois écueuils à éviter... »
Un écureuil sur un écueil a atterri. C'est une coque de noix qui l'a mené là.
* * * * *
« Cela rappelle l'élection présidentielle de 1965 (taux de participation de 84,75 %) au cours desquelles François Mitterrand avait mis Charles de Gaulle en ballotage. »
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Lexis ne consignent que ballottage. C'est également cette graphie que reçoit le Trésor; cet ouvrage propose néanmoins l'exemple suivant :
... alors vous saisissez ce qui pouvait se produire : ballotage au premier tour, la majorité radicale ébranlée, au second tour c'était le grand inconnu, à cause du scrutin de liste s'il était voté. (Aragon.)
Line Gingras
Québec
« La France a le cœur à droite... » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
04:18 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
18 avril 2007
L'épave ou ses morceaux?
« L'épave de l'avion présidentiel, abattu par deux missiles le 6 avril 1994 aux alentours de 20 h, gisent dans le jardin : un moteur ici, une aile un peu plus loin. » (Libération.)
Ce ne sont pas les missiles qui gisent dans le jardin. On y voit un moteur, une aile, d'autres morceaux sans doute, qui appartiennent à l'épave, sujet grammatical : L'épave gît dans le jardin.
Line Gingras
Québec
« Treize ans après le génocide - Le Rwanda mise maintenant sur le tourisme » : http://www.ledevoir.com/2007/04/07/138640.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, syntaxe, journalisme
17 avril 2007
Armes de destruction massives
« ... Cheney et ses acolytes se sont livrés à une intimidation de type mafieux contre les chercheurs de la CIA et d'autres agences qui disaient "Mais monsieur, nous ne trouvons rien sur les armes de destruction massives!"... » (François Brousseau.)
À mon avis, c'est la destruction qui est massive; je trouve d'ailleurs dans le Petit Robert, à l'article « destruction » : Armes de destruction massive.
« Et qui, en outre, connaissait mieux que les plus hauts gradés - lui qui n'avait jamais revêtu l'uniforme - toutes les arcanes de la stratégie moderne... »
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Hanse-Blampain, le nom arcane, qui s'emploie généralement au pluriel, est toujours masculin. Le Trésor de la langue française informatisé signale que le féminin est rare.
« Le même homme, durant la même période, fut soupçonné de multiples conflits d'intérêts impliquant le Pentagone et ses politiques d'achats, des compagnies d'armements israéliennes et américaines qu'il dirigeait ou avait dirigé. »
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir, il ne semble pas superflu de le rappeler, s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Il avait dirigé quoi? des compagnies : des compagnies qu'il avait dirigées.
« ... l'homme qui, en sa qualité de président du Conseil d'expert en défense formé autour du président Bush... »
Un conseil doit bien avoir d'autres membres que son président?
Line Gingras
Québec
« À bas les pourris » : http://www.ledevoir.com/2007/04/16/139615.html
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, syntaxe, journalisme
16 avril 2007
Peut-être ou peut être
« Son buste provient de l'atelier du grand artiste Thoutmès, et peut-être son œuvre personnelle. » (AFP.)
Comment savoir si l'on a affaire à l'adverbe peut-être ou aux verbes pouvoir et être? On peut remplacer peut-être par sans doute; et peut être par pourrait être.
« "... Mais un long voyage de Néfertiti suscite, du point de vue des professionnels, des inquiétudes quant à la conservation et _ la restauration [de l'œuvre] qui doivent être pris au sérieux", a ajouté le ministre. »
Ce sont les inquiétudes qui doivent être prises au sérieux. Par ailleurs, on répète d'ordinaire les prépositions à, de et en devant chacun des compléments : ... suscite [...] des inquiétudes quant à la conservation et à la restauration...
Line Gingras
Québec
« Musées - L'Égypte et l'Allemagne se disputent le buste de Néfertiti » : http://www.ledevoir.com/2007/04/16/139602.html?fe=778&...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, syntaxe, journalisme
12 avril 2007
Une témoin à la mémoire vascillante
« Une témoin à la mémoire vascillante » (titre d'un article de Brian Myles).
À cinq reprises dans le corps de son article, monsieur Myles emploie le nom témoin - chaque fois en parlant d'une femme, et chaque fois au masculin. Il aurait fallu en tenir compte dans l'établissement du titre, d'autant plus que témoin, d'après le Petit Robert (2007), le Hanse-Blampain et même le Multidictionnaire (quatrième édition), est seulement de genre masculin :
Cette femme a été le témoin de la défense. (Hanse-Blampain.)
Elle a été le témoin involontaire de cette scène. (Multidictionnaire.)
« La veille, le témoin C-17 avait déclaré que Désiré Munyaneza l'avait violée à quatre reprises au cours du génocide... »
L'accord par syllepse, c'est-à-dire selon le sens, a paru préférable, ici, à l'accord grammatical. Il crée cependant un certain malaise, ce qu'on aurait pu éviter en remplaçant le témoin C-17 par un terme féminin désignant la même personne : le journaliste utilise déjà survivante (du génocide rwandais) et jeune femme...
Line Gingras
Québec
« Procès pour crime de guerre, crime contre l'humanité et génocide - Une témoin à la mémoire vascillante » [sic] : http://www.ledevoir.com/2007/04/12/139105.html
04:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
23 mars 2007
Après l'Arménie, la Russie?
« C'est devenu une détestable habitude. Après l'Arménie, la Géorgie, la Lituanie, la Moldavie et l'Ukraine, sans oublier le géant anglo-néerlandais Shell, la Russie use de nouveau de ses ressources naturelles comme de forceps. Sa dernière cible? La Biélorussie. Le but? Retrouver la grandeur d'antan. » (Serge Truffaut.)
L'énumération introduite par après semble jouer le rôle de complément circonstanciel de temps du verbe user, mais ce n'est pas le cas : l'Arménie, la Géorgie, etc. n'ont pas fait ce qu'on paraît leur reprocher, soit user de leurs ressources naturelles comme de forceps - avant que la Russie ne le fasse à nouveau. D'après le contexte, on a voulu dire plutôt, à mon avis :
Après l'avoir fait à l'endroit de l'Arménie, de la Géorgie, de la Lituanie, de la Moldavie et de l'Ukraine, sans oublier le géant anglo-néerlandais Shell, la Russie use à nouveau de ses ressources naturelles comme de forceps.
* * * * *
« ... le groupe anglo-néerlandais a opté pour la deuxième option. »
... le groupe anglo-néerlandais a opté pour la deuxième possibilité.
Line Gingras
Québec
« Les forceps russes » : http://www.ledevoir.com/2006/12/30/126138.html
05:30 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
09 mars 2007
Rendre public une politique
« Québec solidaire rend public sa politique familiale féministe » (Titre d'un article de l'agence Presse Canadienne.)
L'adjectif public n'est pas invariable dans l'expression rendre public; dans le cas présent, il doit s'accorder avec le complément d'objet direct, sa politique familiale féministe, dont il est l'attribut : à la forme passive, on écrirait sa politique familiale féministe est rendue publique. J'ai déjà abordé la question.
* * * * *
« Elles ont aussi déploré que le nombre de femmes candidates au sein des autres formations politiques n'aient pas augmenté depuis les élections de 2003. »
Le noyau du groupe sujet, le nombre de femmes candidates au sein des autres formations politiques, c'est le nombre. L'auxiliaire avoir doit donc s'accorder au singulier : n'ait pas augmenté.
Line Gingras
Québec
« Québec solidaire rend public [sic] sa politique familiale féministe » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070308/CPACTUALITES02...
00:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
05 mars 2007
Bijoux, cailloux, choux...
« Un petit bijoux de méchanceté politique signé par le grand et regretté Philippe Muray. » (Antoine Robitaille.)
Bijoux, cailloux, choux..., au singulier, font bijou, caillou, chou...
Line Gingras
Québec
« Un texte politique vraiment méchant » : http://www.ledevoir.com/politique/blogues/elections2007/2...
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04 mars 2007
Listes d'attentes élevées
« ... les listes d’attentes pour des chirurgies hors-délai médicalement acceptables restent élevées. » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)
Liste d'attente ou liste d'attentes?
Il y a liste d'attente et liste d'attentes : une liste d'attentes énumère les choses que l'on désire; une liste d'attente contient les noms de personnes qui attendent.
Chirurgie
Ainsi que nous l'avons vu il y a quelques jours, l'emploi de chirurgie au sens d'intervention, d'opération chirurgicale est attribuable à l'influence de l'anglais.
Des chirurgies hors-délai médicalement acceptables
Comme on a mis l'adjectif acceptables au pluriel, et hors-délai au singulier, on laisse entendre que les « chirurgies » sont acceptables, même lorsque le délai est dépassé, alors qu'on veut parler plutôt, me semble-t-il, d'opérations qui n'ont pas lieu dans des délais acceptables; il faut donc soit mettre hors-délais au pluriel, soit faire accorder l'adjectif au singulier.
Les listes d'attentes restent élevées
On peut avoir des attentes élevées; mais les listes d'attente, elles, sont longues.
Line Gingras
Québec
« La "première priorité absolue" » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140831#more-6...
04:15 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, anglicisme, journalisme
03 mars 2007
À l'effet que
« Irrité par les commentaires de l'animateur de radio de Saguenay, Louis Champagne, à l'effet que le Parti québécois pourrait être considéré par certains électeurs comme un "parti de tapettes"... » (Fabien Deglise.)
D'après le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, l'expression à l'effet que est un calque de l'anglais to the effect that. On peut la remplacer par diverses tournures, selon le contexte - notamment selon lequel, voulant que, laissant entendre que.
* * * * *
« Selon lui, l'épithète "rarement utilisé au Québec prête à confusion..." »
Épithète, m'apprend le Petit Robert, a été un nom masculin jusqu'au dix-septième siècle; mais c'est aujourd'hui un nom féminin : utilisée.
* * * * *
« ... McKay a tenu à rappeler hier que les "préjugés haineux et l'ignorance" n'avait pas leur place dans une campagne électorale. »
« Le choix de l'adjectif dénote aussi une certaines hypocrisie... »
Les citations qui précèdent sont tirées d'un billet d'environ deux cents mots.
Line Gingras
Québec
« Les Verts deviennent rouges devant les attaques homophobes » : http://www.ledevoir.com/politique/blogues/elections2007/2...
03:25 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, anglicisme, journalisme
02 mars 2007
Programme de soutient
« Le programme de soutient aux enfants mis en place en janvier 2005 par le gouvernement Charest coûte 2 milliards et profite à 856 000 familles. » (Antoine Robitaille.)
Le gouvernement soutient les enfants par son programme de soutien.
Line Gingras
Québec
« Charest oublie Boisclair sur la Grande Allée » : http://www.ledevoir.com/2007/03/01/133013.html?fe=397&...
08:35 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
27 février 2007
Pas une cenne
« Le jour où un premier ministre fédéral donnerait ordre à ses fonctionnaires de couper les vivres au Québec et à ses citoyens, la repartie viendrait aussitôt : pas un cent de la TPS fédérale perçue par Québec ne serait remise à Ottawa... » (Jean-Robert Sansfaçon.)
Le verbe remettre a pour sujet pas un cent de la TPS fédérale perçue par Québec, dont pas un cent est le noyau; le participe passé doit donc s'accorder au masculin singulier : ne serait remis.
Dans la langue familière, au Québec et ailleurs au Canada, nous disons très souvent une cenne plutôt que un cent.
Line Gingras
Québec
« Beuuuh! » : http://www.ledevoir.com/2007/02/27/132645.html?fe=381&...
06:30 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
26 février 2007
Pas personne
« Depuis qu'il a posé sa candidature à la direction du Parti québécois, André Boisclair a entretenu ce flou pour ne pas heurter personne. » (Bernard Descôteaux.)
D'après ce que je vois dans le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Colin et le Bon usage, il est tenu pour incorrect, dans la langue moderne, d'utiliser le pronom indéfini personne avec pas, à l'intérieur d'une même proposition; on aurait pu écrire :
... André Boisclair a entretenu ce flou pour ne heurter personne.
... André Boisclair a entretenu ce flou pour ne pas heurter qui que ce soit.
« C'est à ceux-là que s'adressait jeudi soir l'ancien chef Jacques Parizeau en invitant tous les souverainistes qui ont pu être déçus à un moment ou l'autre de ne pas abandonner leur parti. »
Les souverainistes n'ont pas été déçus de ne pas abandonner; on les invite, même s'ils ont été déçus, à ne pas abandonner.
« ... sa tentative des derniers jours de parler de consultation populaire plutôt que de référendum n'a fait qu'ajouter au flou et suscité des interrogations inutiles. »
... n'a fait qu'ajouter au flou et susciter des interrogations inutiles.
« L'adoption de la plateforme électorale péquiste aujourd'hui serait le bon moment pour adopter une position claire. »
... pour se donner une position claire.
Line Gingras
Québec
« Parler clairement » : http://www.ledevoir.com/2007/02/24/132354.html
08:25 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme