04 janvier 2007
Qui donc?
« ... après quoi il a dit qu'il entendrait la requête pour remise en liberté que présenterait alors ses avocats. » (Alexandre Shields.)
Qui donc va présenter la requête, à votre avis?
Line Gingras
Québec
« Myriam Bédard sera rapatriée aujourd'hui » : http://www.ledevoir.com/2007/01/04/126343.html
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03 janvier 2007
Avoir le beau jeu
« Le premier ministre Jean Charest a eu le beau jeu en répliquant que la firme Moody's venait tout juste de relever d'un cran la cote de crédit du Québec après l'avoir augmentée en juin dernier. » (Robert Dutrisac.)
Aucun des onze ouvrages consultés ne donne l'expression figurée avoir le beau jeu. On relève par contre avoir beau jeu, qui signifie « se trouver dans des conditions idéales pour faire quelque chose » (Multidictionnaire). Cette locution peut être suivie, d'après le Lexis, de la préposition de ou pour (introduisant un infinitif) :
Ils ont beau jeu de nous faire croire n'importe quoi. (Multidictionnaire.)
On aurait beau jeu de répondre que plus d'un seigneur a dû jadis son fief aux sacs d'écus d'un père usurier. (Bernanos, dans le Lexis.)
Comme les Danton, les Robespierre, les Marat dormaient en paix, les soldats allaient avoir beau jeu. (Erckmann-Chatrian, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
On aurait pu écrire, il me semble :
Le premier ministre Jean Charest a eu beau jeu de répliquer...
Line Gingras
Québec
« Une accusation qui tombe à plat » : http://www.ledevoir.com/2006/11/15/122884.html
04:56 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
01 janvier 2007
Se souvenir + infinitif
« ... je me souviens avoir regardé le passage du chanteur Corneille à l'émission de Véronique Cloutier... » (Bruno Guglielminetti.)
« Je me souviens avoir talonné sans succès Robert Charlebois, à deux semaines du référendum de 1995, pour lui arracher une déclaration sur la souveraineté. » (Christian Rioux.)
Le verbe se souvenir, lorsqu'il a pour complément un nom ou un pronom, s'emploie avec la préposition de :
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
(Verlaine, Chanson d'automne.)
N'est-ce pas la même chose s'il est suivi d'un infinitif?
Je trouve en effet un bon nombre d'exemples où l'infinitif complément est précédé de la préposition :
Nous nous souvînmes de n'avoir regardé qu'imparfaitement. (Baudelaire, dans le Petit Robert.)
Je ne me souviens pas d'avoir cueilli ces fleurs. (Duras, dans le Lexis.)
Martine se souvenait d'être descendue de voiture. (Simenon, dans le Colin.)
Je me souvenais bien d'avoir quelque chose à te dire... (Gide, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Le tour sans préposition, dans lequel le Colin, le Girodet et le Trésor voient une analogie avec se rappeler, serait à éviter dans la langue surveillée, selon Girodet. J'en ai relevé cependant plusieurs exemples, tous avec un infinitif passé, dans les dix ouvrages consultés; Hanse et Blampain ne critiquent pas cette construction, qu'ils donnent pour fréquente :
... je me souviens avoir emprunté mon texte au prophète Isaïe... (Marrou, dans le Trésor.)
Il ne doit pas se souvenir nous avoir dit qu'elle demeurait à deux kilomètres de là. (Proust, dans le Colin.)
Je me souvins l'avoir regardé de la véranda. (Green, dans le Petit Robert.)
Les deux phrases à l'étude, où se souvenir est suivi directement d'un infinitif passé, sans de, sont donc correctes.
Line Gingras
Québec
« Technologie - La télévision, sans téléviseur » : http://www.ledevoir.com/2006/05/23/109745.html?338
« Perspectives - Le parler "vrai" de Jean Charest » : http://www.ledevoir.com/cgi-bin/ledevoirredir.cgi?http://www.ledevoir.com/2006/07/11/113415.html?338
03:30 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, journalisme
31 décembre 2006
Soumettre que
« ... on peut soumettre que le commentaire est, comment dire, légèrement exagéré. » (Jean Dion.)
D'après le Trésor de la langue française informatisé, soumettre peut signifier notamment « Présenter à l'avis, au jugement, à la décision (de quelqu'un dont on reconnaît l'autorité) » :
Cette question a été soumise au comité. (Multidictionnaire.)
[Flaubert] se prit d'affection pour moi. J'osai lui soumettre quelques essais. (Maupassant, dans le Petit Robert.)
Vous comprendrez que je ne puisse envisager de soumettre l'« Espoir » à votre censure. (Beauvoir, dans le Lexis.)
Aucun des sept ouvrages qui m'ont été utiles, toutefois, ne reçoit ce verbe, suivi d'une proposition conjonctive introduite par que, au sens de « faire observer », « affirmer », « soutenir », que possède l'anglais to submit (voir le Meertens et le Robert & Collins Super Senior pour d'autres équivalents). Le Colpron signale comme fautifs les exemples suivants :
Le comité a soumis que la question demandait une étude sérieuse (= a allégué, est d'avis).
Je soumets que l'accusé n'avait pas d'intentions délictueuses (= prétends).
Line Gingras
Québec
« Du gros hockey » : http://www.ledevoir.com/2006/12/30/126094.html
01:52 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme
30 décembre 2006
Faire le pari que + indicatif ou subjonctif
« La démocrate chrétienne fait aussi le pari que le successeur de Jacques Chirac, qui sera élu en mai, puisse susciter l'adhésion à cette formule constitutionnelle... » (Christian Rioux.)
D'après le résultat de mes recherches, l'expression faire le pari que, comme parier que, est suivie de l'indicatif (ou d'un conditionnel ayant valeur de futur du passé) :
Je te fais le pari qu'il sera là demain. (Petit Robert.)
J'ai fait le pari que notre équipe gagnerait [...] (Multidictionnaire.)
Dans dix mille ans d'ici, je vous fais le pari que cette guerre [...] sera complètement oubliée... (Céline, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je parie qu'il réussira. (Hanse et Blampain.)
Il avait parié avec son frère que leur amie ne viendrait pas. (Hanse et Blampain.)
Je parie qu'il a oublié de lui téléphoner. (Lexis.)
Moi, je te parie que la première chose qu'il verra en entrant, c'est cette cendre sur le tapis. (Mauriac, dans le Trésor.)
Dans la phrase à l'étude, il aurait fallu à mon avis le futur simple de l'indicatif :
La démocrate chrétienne fait aussi le pari que le successeur de Jacques Chirac, qui sera élu en mai, pourra susciter l'adhésion à cette formule constitutionnelle...
Line Gingras
Québec
« Éclaircie à l'horizon » : http://www.ledevoir.com/2006/12/29/126063.html
06:45 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
29 décembre 2006
Avoir confiance de + infinitif
« Plus tôt, l'avocat américain de Bédard, Kevin McCants, avait indiqué que la médaillée d'or croyait être victime d'une injustice et qu'elle avait confiance d'être innocentée. » (PC.)
On peut avoir confiance en quelqu'un, en quelque chose, dans certaines personnes, dans certaines choses :
Avoir confiance en soi. (Lexis.)
Elle avait confiance en lui et lui inspirait confiance. (Maurois, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Elle a confiance en l'avenir. (Multidictionnaire.)
J'ai confiance en Dupont, en Dieu, en lui, en ou dans mon directeur, en ou dans vos capacités, en ou dans cet homme, en ou dans un remède, dans la capacité de mes collaborateurs. (Hanse et Blampain.)
Avoir confiance dans les médecins. (Petit Robert.)
Cependant, je n'ai trouvé le tour avoir confiance de + infinitif dans aucun des douze ouvrages consultés. Je proposerais plutôt :
... et qu'elle avait bon espoir d'être innocentée.
Line Gingras
Québec
« Myriam Bédard demeurera incarcérée aux États-Unis au moins jusqu'à vendredi » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:2496...
05:20 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
27 décembre 2006
Sa sortie ont rejoint...
« Sa sortie sur les abus de l'accommodement raisonnable ont rejoint les préoccupations d'une bonne partie de la population. » (Michel David.)
Qu'est-ce qui a rejoint les préoccupations d'une bonne partie de la population? Sa sortie sur les abus de l'accommodement raisonnable. Accommodement raisonnable est complément du nom abus; et sur les abus de l'accommodement raisonnable se rattache au nom sortie, noyau du groupe sujet, qui détermine l'accord du verbe : a rejoint.
Line Gingras
Québec
« Bulletin de l'opposition » : http://www.ledevoir.com/2006/12/16/125106.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
18 décembre 2006
Urger quelqu'un à...
« Elle aussi urge le premier ministre Harper à agir. » (Hugo de Grandpré.)
Selon le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, urger, qui appartient au registre familier, est un verbe intransitif - il n'a donc jamais de complément d'objet direct. Le Trésor précise qu'il ne se rencontre qu'à la troisième personne, à la forme impersonnelle :
Ça urge! Appelez les pompiers! (Multidictionnaire.)
Rien n'urgeait. (Hanse-Blampain.)
Ce n'urge point avant samedi. (Jarry, dans le Petit Robert.)
C'est pas le moment de parler comme ça, ça urge l'histoire de la gosse. (Queneau.)
Mon vieux Jean [...] il urge (non, voyons!) il est urgent que je rompe avec Isabelle. (Larbaud.)
Dans la phrase à l'étude, nous avons affaire de toute évidence au calque de l'anglais to urge someone to do something; l'idée peut se rendre par engager, exhorter, inciter, encourager quelqu'un à faire quelque chose. (Voir le Meertens pour d'autres équivalents.)
Line Gingras
Québec
« Maher Arar "toujours dangereux" » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPACTUALITES/6...
05:25 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme, journalisme
16 décembre 2006
Que le vrai sujet...
« Ce recours systématique à la caricature, à la démagogie et à la désinformation font partie de la formule, comme une sorte de potion magique de la cote d'écoute. » (Gil Courtemanche.)
Bien entendu, la caricature, la démagogie et la désinformation sont des ingrédients de la potion magique; mais la phrase est structurée de manière que le véritable sujet du verbe, c'est recours :
Ce recours systématique [...] fait partie de la formule...
* * * * *
« ... cela surprend et semble invraisemblable. »
... cela surprend et paraît invraisemblable.
Line Gingras
Québec
« Ce n'est pas l'État qui est mauvais, c'est le gouvernement » : http://www.ledevoir.com/2006/12/16/125147.html
13:04 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
13 décembre 2006
Politiques à droites
« "Je sais très bien que ce gouvernement est vulnérable tellement ses politiques sont à droites et très loin de ce que les Canadiens veulent." » (Alec Castonguay et Robert Dutrisac, citant Stéphane Dion.)
Les intentions du gouvernement sont-elles droites? Je ne me prononcerai pas là-dessus. Ses politiques sont-elles adroites? Je ne saurais le dire. En tout cas elles sont à droite, sans s, parce que l'expression est une locution adverbiale, donc invariable.
* * * * *
« Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser comme il s'y est engagé, c'est-à-dire, pour le Bloc, d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel avec pleine compensation. »
Que doit faire Stephen Harper? Limiter le pouvoir fédéral de dépenser, comme il s'y est engagé. Et qu'est-ce que cela veut dire, pour le Bloc? Accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel [de certains programmes], avec pleine compensation.
Le syntagme commençant par accorder se rattache donc à doit, et non pas à pouvoir fédéral, comme il le semblerait pourtant, à la façon dont la phrase est construite : en dépit de ce que paraissent affirmer les journalistes, le Bloc ne souhaite pas, je pense, qu'on limite le pouvoir fédéral d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel.
Comment régler le problème? En fait c'est très simple, il suffit de supprimer la préposition devant accorder :
Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser [...] c'est-à-dire, pour le Bloc, accorder au Québec...
* * * * *
« Mais notre opposition et notre manque de confiance envers M. Harper concernant les politiques étrangères de son gouvernement sont bien connues. » (Les auteurs citent Jack Layton.)
Les politiques étrangères du gouvernement conservateur sont sans doute bien connues du parti que dirige M. Layton, mais ce n'est pas l'idée qu'il exprime ici : il parle d'opposition et de manque de confiance. Or, dans manque de confiance, il y a le nom féminin confiance, mais ce n'est pas lui qui est le noyau du groupe sujet : M. Layton ne signale évidemment pas la confiance du NPD à l'égard de M. Harper, mais plutôt le manque de confiance. Le participe passé du verbe connaître est donc attribut de deux sujets, l'un féminin (opposition) et l'autre masculin (manque de confiance) :
Mais notre opposition et notre manque de confiance [...] sont bien connus.
* * * * *
« Stéphane Dion juge que le Bloc cherche par tous les moyens _ déclencher des élections au plus vite. »
... le Bloc cherche [...] à déclencher...
* * * * *
« ... le chef du Bloc québécois [...] a fait le bilan de la première année du gouvernement Harper et jugé du respect de ses engagement_ envers le Québec. »
Line Gingras
Québec
« Afghanistan : le Bloc menace le gouvernement Harper » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124686.html
05:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, orthographe, coquilles
11 décembre 2006
Dont - Accusations dont la valeur des amendes...
« Jusqu'à présent, l'opération Bourdon va permettre aux agents de porter plus de 70 accusations dont la valeur des amendes pourrait totaliser 255 000 $ à ces Bougons de luxe. » (Louis-Gilles Francœur.)
Le pronom relatif dont représente le nom accusations, qu'il est censé relier à la subordonnée qui suit. Mais de quel élément de cette subordonnée accusations serait-il complément? On ne parle pas de la valeur des accusations, mais de la valeur des amendes; et il ne saurait être question des amendes des accusations. Alors?
Je proposerais de juxtaposer les idées, et de préciser par la même occasion à quoi au juste se rattache le groupe ces Bougons de luxe :
Jusqu'à présent, l'opération Bourdon va permettre aux agents de porter plus de 70 accusations; les amendes pourraient coûter 255 000 $ au total à ces Bougons de luxe.
Jusqu'à présent, l'opération Bourdon va permettre aux agents de porter plus de 70 accusations contre ces Bougons de luxe; la valeur des amendes pourrait totaliser 255 000 $.
Line Gingras
Québec
« Les Bougon pilleurs de la faune » : http://www.ledevoir.com/2006/12/08/124372.html
02:20 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
10 décembre 2006
Tel, attribut du sujet inversé
« "Tuer le père" : tel__ est une des métaphores les plus rebattues de la littérature contemporaine. » (Antoine Robitaille.)
L'adjectif tel est placé en tête de proposition, mais ça ne l'empêche pas d'exercer la fonction d'attribut du sujet une des métaphores, bien que celui-ci soit inversé :
Telle est ma décision. (Petit Robert.)
Il faut donc le faire varier :
« Tuer le père » : telle est une des métaphores les plus rebattues de la littérature contemporaine.
* * * * *
« "Il lui avait dit, avec son humour... beaucoup plus subtile que celui de Stéphane, en passant..." » (A.R., citant Vincent Lemieux.)
Subtil, au masculin, ne prend pas de e final.
Line Gingras
Québec
« Dion contre Dion » : http://www.ledevoir.com/2006/12/09/124521.html
01:06 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
09 décembre 2006
Entre une chose avec une autre
« On oublie souvent, toutefois, que les écarts entre les agissements de certains groupes et de certains individus avec les valeurs généralement admises ne sont pas le propre des minorités culturelles ou religieuses. » (Michel Venne.)
À ma connaissance, on ne parle jamais d'une différence ou d'un écart entre une chose avec une autre, mais entre une chose et une autre :
Écart entre le prix de revient et le prix de vente. (Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« Dumont dérape » : http://www.ledevoir.com/2006/11/20/123168.html
00:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
06 décembre 2006
Cohérent avec
« "Tout ce qu'il m'a dit est cohérent avec ce que j'ai lu dans le rapport" de la commission d'enquête, a ajouté le ministre. » (Hélène Buzzetti, avec l'agence Presse Canadienne; le ministre cité est Stockwell Day.)
Cohérent « se dit de quelque chose dont tous les éléments se tiennent et s'harmonisent ou s'organisent logiquement ». (Lexis.) D'après ce que je vois dans les onze ouvrages consultés, cet adjectif n'admet pas de complément introduit par la préposition avec :
Ce texte est très cohérent. (Multidictionnaire.)
Programme cohérent. (Petit Robert.)
Il était là, dans l'impossibilité de penser, de rassembler, de mettre bout à bout deux idées cohérentes. (Simon, dans le Lexis.)
Qu'on regroupe les éléments épars dans le roman : on reconstitue cette doctrine comme un ensemble parfaitement cohérent, où s'unissent en un faisceau homogène les principes d'un naturalisme intégral. (Faral, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Sur vingt ou trente kilomètres de front, une série d'équipes invisibles, distantes, et pourtant cohérentes et fraternelles, travaillaient solidairement, dans le calme, avec promptitude et précision... (Ambrière, dans le Trésor.)
Le tour être cohérent avec se rencontre toutefois assez fréquemment, comme le montre une recherche Google; je ne serais pas étonnée que la construction anglaise to be consistent with y soit pour quelque chose. Cependant, selon mon Robert & Collins Super Senior, consistent with se rend par compatible avec, en accord avec; et je trouve dans le Meertens un bon nombre d'équivalents de to be consistent with, dont (bien) cadrer avec, concorder avec, bien correspondre à, être conforme à, mais l'expression être cohérent avec ne figure pas parmi les possibilités.
Si l'on pouvait reformuler la phrase à l'étude, je proposerais :
Tout ce qu'il m'a dit concorde avec ce que j'ai lu dans le rapport...
Tout ce qu'il m'a dit correspond à ce que j'ai lu dans le rapport...
Line Gingras
Québec
« Arar : Zaccardelli change sa version » : http://www.ledevoir.com/2006/12/05/124202.html
04:15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, anglicisme, journalisme
01 décembre 2006
À saveur de condoms rouges
« ... on vous suggère des bobettes Bob Rae, des petites culottes mangeables à saveur d’érable et de condoms rouges... » (Site de BAZZO.TV.)
Affriolantes suggestions. Ces petites culottes, cependant... Ce n'est pas que je m'y connaisse beaucoup en petites culottes mangeables, mais vous ne leur trouvez pas un drôle de goût? À l'érable, je veux bien, pourvu que la saveur soit naturelle; mais au condom rouge...
Pourquoi pas au cordon bleu?
Et pourtant, pourtant, il en faut si peu pour me faire plaisir :
... on vous suggère des bobettes Bob Rae, des petites culottes mangeables à saveur d’érable et des condoms rouges...
Un article indéfini, pas une préposition. C'est tout ce que je demande.
Line Gingras
Québec
Émission du jeudi 30 novembre : http://bazzo.tv/emission.aspx?dt=20061130
00:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, médias
30 novembre 2006
Aucun = zéro
« Aucun des quatre candidats qui terminent en tête de cette course au leadership ne sont assurés de l'emporter lors du vote de samedi. » (Bernard Descôteaux.)
Quatre candidats terminent en tête, mais aucun n'est assuré de la victoire.
Line Gingras
Québec
« Quel chef pour les libéraux? » : http://www.ledevoir.com/2006/11/30/123903.html
02:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
28 novembre 2006
Les voyages de Saint-Paul
«En foulant la terre des premiers voyages de Saint-Paul, Benoît XVI peut difficilement ne pas penser aux rares chrétiens de Turquie_ qui attendent de cette visite une amélioration de leur condition, dit Mgr Pelâtre.» (Christian Rioux.)
«... l'ancienne cathédrale Sainte-Sophie...»
Le deuxième exemple est correct : l'adjectif saint, employé avec un prénom pour former un nom propre désignant un lieu, prend la majuscule et est suivi du trait d'union. Dans le premier passage cité, toutefois, il s'agit du personnage même de saint Paul...
* * * * *
Si Benoît XVI pense aux rares chrétiens de Turquie qui attendent de cette visite une amélioration de leur condition, sans virgule devant le pronom relatif qui, c'est qu'il y a peu de gens, parmi les chrétiens de Turquie, qui ont des attentes; on ne fait état que de ceux-là, sans donner d'indication touchant le nombre de chrétiens en Turquie. Pour exprimer l'idée que les chrétiens de Turquie sont peu nombreux, mais qu'ils ont des attentes, il faut mettre une virgule devant le pronom relatif :
... Benoît XVI peut difficilement ne pas penser aux rares chrétiens de Turquie, qui attendent de cette visite une amélioration de leur condition...
Comparer n'oubliez pas d'appeler les trois figurants qui n'étaient pas à la dernière répétition (il manquait trois personnes parmi les figurants) et n'oubliez pas d'appeler les trois figurants, qui n'étaient pas à la dernière répétition (il y a trois figurants, et aucun n'était à la dernière répétition).
Line Gingras
Québec
03:36 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, syntaxe
26 novembre 2006
Aucun et pas
«À Bangkok, il n'y a pas d'attente pour aucun examen médical...» (Benoit Legault.)
D'après ce que je lis dans le Multidictionnaire et dans le Hanse-Blampain, il faut éviter d'employer l'adverbe pas ou point dans la même proposition que l'adjectif ou le pronom aucun. J'écrirais donc :
À Bangkok, il n'y a d'attente pour aucun examen médical...
À Bangkok, il n'y a pas d'attente / il n'y a aucune attente / il n'y a jamais d'attente pour les examens médicaux...
Line Gingras
Québec
«Thaïlande - Bangkok, panacée du tourisme médical» : http://www.ledevoir.com/2006/11/25/123367.html
02:40 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
25 novembre 2006
Quelle qu'en sera la durée
«... tout au long de son mandat, quelle qu'en sera la durée.» (Hélène Buzzetti.)
Quel que, déterminant relatif en deux mots, marque la concession ou l'opposition; il doit donc être suivi du subjonctif :
... quelle qu'en soit / quelle qu'en puisse être la durée.
J'ai vérifié cette information dans le Multidictionnaire et dans le Hanse-Blampain.
Line Gingras
Québec
«Graham appelle à l'unité du parti» : http://www.ledevoir.com/2006/11/25/123543.html
04:03 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
22 novembre 2006
Outre que + subjonctif
«Outre qu'elle soit de date récente (1989), en effet, cette règle n'est pas inscrite dans la loi, encore moins dans un texte constitutionnel.» (Jean-Claude Leclerc.)
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, la locution conjonctive outre que doit être suivie de l'indicatif ou du conditionnel :
Outre qu'il est incompétent, il est désagréable. (Multidictionnaire.)
Outre qu'il était trop âgé, il n'avait pas les qualités requises. (Hanse-Blampain.)
Outre qu'il serait mal accueilli, il n'est pas qualifié pour nous représenter. (Hanse-Blampain.)
Il faudrait donc écrire :
Outre qu'elle est de date récente...
Line Gingras
Québec
«La sélection des juges - Un enjeu si fondamental mérite un vote de confiance aux Communes» : http://www.ledevoir.com/2006/11/20/123163.html
03:45 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
21 novembre 2006
Leur légitimité à revendiquer...
«M. Landry cherche d'abord à convaincre les Québécois de leur parfaite légitimité à revendiquer la reconnaissance de leur nation dans tous les sens du terme.» (Michel David.)
On parlait encore, il n'y a pas si longtemps, de la légitimité d'un enfant; il n'est plus guère question aujourd'hui, toutefois, que de la légitimité de quelque chose. Pas étonnant que je n'aie rien vu, dans les cinq ouvrages consultés, qui autorise la construction la légitimité de quelqu'un à faire quelque chose, sa légitimité à faire quelque chose :
Légitimité d'une conviction, d'une revendication. (Petit Robert.)
La légitimité de ses droits. (Lexis.)
La légitimité du pouvoir établi. (Lexis.)
Étienne parlementait toujours, cherchant à convaincre Deneulin de la légitimité de leur action révolutionnaire. (Zola, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
... Christophe n'avait pas l'esprit assez rassis pour admettre la légitimité de sa défaite. (Rolland, dans le Trésor.)
La phrase à l'étude appellerait donc une légère reformulation :
M. Landry cherche d'abord à convaincre les Québécois qu'il leur est parfaitement légitime de revendiquer la reconnaissance de leur nation dans tous les sens du terme.
Line Gingras
Québec
«Merci, M. Ignatieff» : http://www.ledevoir.com/cgi-bin/ledevoirredir.cgi?http://...
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