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26 novembre 2007

Complément de nom et complément d'objet

Complément de nom et complément d'objet direct; double fonction; coordination; pronom de rappel; syntaxe.

« ... dissuader les troupes d'utiliser ou de faire le trafic de drogue... » (Steve Rennie, PC, Ottawa.)

Drogue est complément du nom trafic, qui se rattache au verbe faire; mais il devrait aussi, en toute logique, être complément d'objet direct du verbe utiliser (dissuader les troupes d'utiliser quoi? de la drogue - et non pas le trafic de drogue). La phrase doit être construite de manière qu'il remplisse grammaticalement cette double fonction :

... dissuader les troupes d'utiliser de la drogue ou d'en faire le trafic...

Il suffit de se servir d'un pronom de rappel.

* * * * * 

« ... il est facile de se procurer des drogues illégale en Afghanistan... »

« ... des chiens entraînés à détecteur l'odeur de la drogue... »

« ... la police militaire devait vérifier les dossiers des soldats pour vérifier... »

... la police militaire devait examiner les dossiers des soldats pour vérifier...

Line Gingras
Québec

« De la drogue à la base canadienne de Kandahar? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071111/CPACTUALITES/7...

20 novembre 2007

Débuter à faire quelque chose

Débuter à faire quelque chose; débuter à + infinitif; débuter à + verbe à l'infinitif; syntaxe du français.

« Il avait d'ailleurs débuté à embêter nos vies... » (Patrick Lagacé, dans La Presse.)

Je n'ai trouvé la construction débuter à + infinitif dans aucun des dix ouvrages que j'ai consultés. On peut aisément la remplacer par commencer à + infinitif :

Les marchés sont vides et l'on commence à manquer de pain. (Gide, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Tu commences à nous ennuyer. (Petit Robert.)

L'orchestre commence à jouer. (Lexis.)

Il avait d'ailleurs commencé à embêter nos vies.

Line Gingras
Québec

« Je ne suis pas raciste, mais... » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071024/CPOPINIONS05/7...

17 novembre 2007

Une méthode de dissuader

Méthode de faire quelque chose; méthode de + infinitif; méthode de + verbe à l'infinitif; méthode pour faire quelque chose; méthode pour + infinitif; méthode pour + verbe à l'infinitif; syntaxe.

« La note de synthèse [...] conclut que des fouilles ciblées et aléatoires de convois constituent "une méthode efficace" de dissuader les troupes... » (Steve Rennie, PC.)

D'après les exemples que j'ai vus dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, méthode introduit son complément au moyen de la préposition de s'il s'agit d'un nom, et de la préposition pour s'il s'agit d'un verbe à l'infinitif :

Méthode de travail, d'organisation, d'enseignement, de calcul, de vente, d'évaluation, d'analyse, de raisonnement...

Indiquer à quelqu'un la méthode pour résoudre une difficulté. (Petit Robert.)

Il a trouvé la bonne méthode pour s'enrichir. (Petit Robert.)

Il [M. Chalgrin] est sur le point de trouver non pas une méthode pour traiter la coqueluche, mais une méthode pour prévenir cette odieuse maladie, une méthode prophylactique. (Duhamel, dans le Trésor.)

Il avait des idées. À dix ans il avait inventé une trappe à mouches, à douze une nouvelle méthode pour gonfler les pneus de bicyclette... (Queneau, dans le Trésor.)

« Oh! dit-il, j'ai une méthode à moi pour lire vite et tous les livres. » (Gide, dans le Trésor.)

Les fouilles constitueraient donc une méthode efficace pour dissuader les troupes...

Line Gingras
Québec

« De la drogue à la base canadienne de Kandahar? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071111/CPACTUALITES/7...

13 novembre 2007

Inquiet par ou inquiet de

Inquiet par ou inquiet de; inquiets par ou inquiets de; préposition; syntaxe.

« Évidemment inquiets par l'inertie des militaires pakistanais, des élus américains se sont rendus sur place. » (Serge Truffaut.)

D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, il n'est pas admis d'introduire le nom ou le pronom complément de l'adjectif inquiet, indiquant le motif de l'inquiétude, au moyen de la préposition par; on doit dire plutôt inquiet de quelqu'un ou quelque chose (ou dans certains cas inquiet pour, inquiet sur - cette dernière construction est cependant vieillie, selon le Trésor) :

Elle est inquiète de votre silence. (Petit Robert.)

Être inquiet du mauvais temps, des affaires de quelqu'un. (Trésor.)

J'allais chez Popelin, que je trouvais [...] très soucieux, très inquiet d'un vertige qu'il avait eu à déjeuner. (Goncourt, dans le Trésor.)

La pression du public de plus en plus inquiet des retombées radioactives. (Goldschmidt, dans le Trésor.)

Il est vrai qu'Eisenhower [...] inquiet du trouble qu'il percevait dans les esprits... (De Gaulle, dans le Trésor.)

On est toujours inquiet de moi et pour moi. (Amiel, dans le Trésor.)

Être inquiet pour l'avenir de son fils. (Lexis.)

Sophie est inquiète de l'avenir, pour lui, sur son sort. (Multidictionnaire.)

Line Gingras
Québec

« La rupture » : http://www.ledevoir.com/2007/11/06/163280.html

11 novembre 2007

La mort était due à, et non de

« Les spécialistes égyptiens avaient conclu en 2005 que la mort du jeune pharaon, décédé à l'âge de 19 ans, était due à une blessure à la jambe gauche [...] et non d'un coup reçu sur la nuque. » (AFP.)

Je verrais deux constructions possibles, qu'on ne saurait cependant amalgamer :

... la mort du jeune pharaon, décédé à l'âge de 19 ans, était due à une blessure à la jambe gauche [...] et non à un coup reçu sur la nuque.

... le jeune pharaon, décédé à l'âge de 19 ans, était mort des suites d'une blessure à la jambe gauche [...] et non d'un coup reçu sur la nuque.

Line Gingras
Québec

« Toutankhamon dévoile enfin son visage » : http://www.ledevoir.com/2007/11/05/163164.html

10 novembre 2007

La voie de + infinitif

La voie de + infinitif; la voie de + verbe à l'infinitif; syntaxe du français.

« Ces motions de censure constituent en fait la voie normale pour l’opposition d’exprimer son désaccord. » (Denis Lessard, dans La Presse.)

Dans la langue classique, le nom voie, utilisé au sens de moyen, pouvait être suivi d'un infinitif complément introduit par la préposition de :

Ses ennemis n'oubliaient rien pour lui ôter toutes les voies de se remettre bien avec son père. (Saint-Réal, dans le Lexis.)

Les dictionnaires généraux que j'ai consultés (Petit Robert, Lexis et Trésor de la langue française informatisé) ne reçoivent pas cet emploi dans la langue moderne; je ne le trouve pas non plus dans le Multidictionnaire ni dans le Hanse-Blampain. Le résultat que l'on recherche, auquel la voie choisie doit conduire, est plutôt indiqué par un nom complément :

Voie des découvertes, des honneurs, des richesses, de la sagesse, du progrès, de la civilisation. (Trésor.)

La phrase à l'étude pourrait se lire comme suit :

Ces motions de censure constituent en fait la voie normale par laquelle l'opposition peut exprimer son désaccord.

Ces motions de censure constituent en fait la façon normale, pour l'opposition, d'exprimer son désaccord.

Line Gingras
Québec

« Le coup de poker de Mario Dumont » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071108/CPACTUALITES/7...

09 novembre 2007

Pour ce faire

Pour ce faire; ville ou Ville; expression de la cause, expression du but; syntaxe; orthographe.

« Comme la plupart des autres candidats en lice en 2007, M. Bellemare se dit très préoccupé par "l'augmentation effrénée des dépenses de la ville", notamment la masse salariale. Pour ce faire, il entend mener lui-même les négociations... » (Isabelle Porter.)

L'expression pour ce faire renvoie à une intention, un projet, un but dont il vient d'être question. De quoi s'agit-il donc, ici? La phrase précédente exprime seulement une inquiétude; ce n'est pas un but, mais une raison d'agir. Il faudrait donc soit la présenter comme telle, soit préciser l'objectif qu'on se donne : veut-on freiner l'augmentation des dépenses? stopper cette augmentation? ou même réduire les dépenses? Je proposerais, selon le cas :

... C'est pourquoi il entend...
... Pour cette raison, il entend...

... Pour ralentir cette augmentation, il entend...
... Pour y mettre un terme, il entend...
... En vue de réduire les dépenses, il entend...

* * * * * 

D'après le Multidictionnaire et Le français au bureau, on écrit ville avec une majuscule lorsque ce nom désigne l'administration municipale :

La Ville a accepté de financer ces travaux.

Line Gingras
Québec

« Élection à Québec - Bellemare adopte la méthode Boucher » : http://www.ledevoir.com/2007/11/08/163538.html

04 novembre 2007

Le refus de ne pas modifier

Refus de ne pas faire quelque chose; refuser de ne pas faire quelque chose.

« Le refus manifesté par les responsables chinois de ne pas modifier leur politique économique... » (Serge Truffaut.)

Refuser de ne pas faire quelque chose, c'est tenir à le faire, contre vents et marées. Or, la phrase à l'étude commence le dernier paragraphe d'un texte où il est question de la volonté de ne rien changer - ou du refus de changer quoi que ce soit - à la politique économique de la Chine. On aurait pu écrire :

La volonté manifestée par les responsables chinois de ne pas modifier leur politique économique...

Le refus manifesté par les responsables chinois de modifier leur politique économique...

Line Gingras
Québec

« Falsification chinoise » : http://www.ledevoir.com/2007/10/22/161433.html

26 octobre 2007

Un pays, les Polonais?

« Enfin! Les Polonais viennent de fermer la parenthèse sur deux ans de pouvoir exercé par les jumeaux Kaczynski, les Le Pen locaux. Signe du ras-le-bol qu'éprouvaient les résidants de ce pays à l'endroit de la politique défendue par ce duo, ils ont fréquenté les bureaux en si grand nombre qu'ils ont établi un record de participation. » (Serge Truffaut.)

Que désigne « ce pays »? Il serait souhaitable que cette mention renvoie à la Pologne, et non pas aux Polonais. Par ailleurs, j'incline à croire qu'il faut être citoyen d'un pays, et non pas seulement résidant, pour voter aux élections législatives. Le Petit Robert (2007) semble me donner raison : les législatives sont les « élections des députés par les citoyens ». On aurait pu écrire :

Enfin! La Pologne vient de fermer la parenthèse [...] Signe du ras-le-bol qu'éprouvaient les citoyens de ce pays...

Line Gingras
Québec

« Sages Polonais » : http://www.ledevoir.com/2007/10/23/161526.html

25 octobre 2007

Âgés entre 14 et 16 ans

Âgés entre; âgé entre; aged between; anglicisme de structure; calque de l'anglais.

« Trois garçons âgés entre 14 et 16 ans [...] ont été formellement accusés d'agression sexuelle armée... » (Claude Savary, dans Le Nouvelliste.)

On utilise souvent, au Québec, la construction être âgé entre. Il faut cependant la considérer comme fautive, d'après Marie-Éva de Villers. Camil Chouinard y voit un calque de l'anglais to be aged between. Il est très facile de la remplacer :

Trois garçons âgés de 14 à 16 ans...
Trois garçons de 14 à 16 ans...

Line Gingras
Québec

« Trois cadets accusés d'agression sexuelle armée » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071023/CPNOUVELLISTE/...

24 octobre 2007

Ce qu'il l'attend

Ce qu'il l'attend ou ce qui l'attend; accord du participe passé employé avec l'auxiliaire être; noyau du groupe sujet; grammaire française; syntaxe du français; orthographe.

« Elle fait valoir que personne ne s'inscrit dans un programme s'il ne sait pas ce qu'il l'attend par la suite. » (PC, dans Le Soleil.)

... s'il ne sait pas le sort qui l'attend - ... s'il ne sait pas ce qui l'attend.

* * * * *

« La planification de l'effectif infirmier n'a jamais été mis en lien avec les services médicaux, d'après Mme Desrosiers. »

Le noyau du groupe sujet la planification de l'effectif infirmier, avec quoi s'accorde le participe passé mis, employé avec l'auxiliaire être, c'est planification : mise en lien.

Line Gingras
Québec

« Rien n'encourage les infirmières à devenir praticiennes » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071023/CPSOLEIL/71023...

20 octobre 2007

Accuser d'accuser

« Nos députés ne peuvent pas accuser un des leurs de "tromper la population" ni de "tromper les Québécois" ni même de "tromper cette Chambre". Ou encore d’accuser quelqu’un "d’omettre sciemment de dire la vérité" ou de "sciemment induire en erreur". » (Patrick Lagacé, dans La Presse.)

Nos députés ne peuvent pas accuser un des leurs d'accuser? Je pense qu'on a voulu dire, plutôt :

Nos députés ne peuvent pas accuser un des leurs de « tromper la population » [...] Ni accuser quelqu'un « d'omettre sciemment de dire la vérité »...

Nos députés ne peuvent pas accuser un des leurs de « tromper la population » [...] Ils ne peuvent pas non plus accuser quelqu'un « d'omettre sciemment de dire la vérité »...

Line Gingras
Québec

« Le mot "bullshit" n'est pas encore à l'index » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071018/CPOPINIONS05/7...

13 octobre 2007

Sur la cour d'école

Sur la cour d'école; dans la cour d'école; sur la cour ou dans la cour; sur ou dans; préposition; syntaxe du français.

Une lectrice québécoise me signale que l'on discute souvent, à l'école où vont ses enfants, des problèmes de discipline sur la cour d'école, de ce qui se passe pendant les récréations, sur la cour d'école. Une recherche Google montre qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé, loin de là.

Je trouve pourtant dans le Hanse-Blampain, à l'article « cour », la phrase On joue dans la cour de l'école. Je lis en outre, dans le Colin et le Girodet, qu'il faut dire Les enfants jouent dans la cour - et non sur la cour (« comme on dit sur le trottoir », précise Girodet).

Le Petit Robert et le Lexis, il est vrai, consignent quelques exemples d'emploi de la préposition sur, mais dans un contexte bien différent de celui qui nous intéresse :

Appartement sur rue et cour. Fenêtre sur cour. (Petit Robert.)

Un appartement dont certaines fenêtres donnent sur la rue et les autres sur une cour. (Lexis.)

À la lumière de tous les autres exemples que j'ai relevés dans les dictionnaires généraux, il y a lieu de conclure, avec les auteurs des trois ouvrages de difficultés mentionnés plus haut, que c'est la préposition dans qu'il faut utiliser pour parler de ce qui se déroule à l'intérieur d'une cour :

Les enfants jouent dans la cour. (Petit Robert.)

Les tracteurs entrent dans la cour de la ferme. (Lexis.)

Toute l'école [élèves et membres du personnel] est réunie dans la cour. (Lexis, à l'article « école ».)

Arrivé dans la grande cour carrée de la ferme... (Bonstetten, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Groupe de personnes qui se trouvent dans la cour. (Trésor.)

Ne parle-t-on pas d'ailleurs, assez fréquemment il me semble, du syndrome « pas dans ma cour »?

Line Gingras
Québec

04 octobre 2007

Reconnaître son tort

Reconnaître son tort ou reconnaître ses torts; aucun autre, même les; syntaxe du français.

« Reconnaître sa responsabilité, c'est reconnaître son tort, présenter ses excuses et réparer. » (Yves Boisvert, dans La Presse.)

« Si tu veux faire un effort / Je reconnaîtrai mes torts... » (Dis-moi ce qui ne va pas, chanson de J. Demarny, J. Claudric et E. Macias.)

Je trouve reconnaître ses torts dans le Petit Robert et le Trésor de la langue française informatisé (aux articles « tort » et « reconnaître »), de même que dans le Lexis et le Multidictionnaire (à l'article « reconnaître »). L'expression reconnaître son tort, d'après ce que je peux voir, n'est enregistrée que par le Trésor; elle figure seulement à l'article « reconnaître », dans les notes relatives à l'étymologie et à l'histoire.

Je pense donc qu'il convient d'employer, dans la langue moderne, le tour reconnaître ses torts; celui-ci se rencontre d'ailleurs dans trois autres articles du Trésor :

Il n'y a pas de honte à reconnaître ses torts. (À l'article « honte ».)
... reconnaître ses torts et se repentir. (À l'article « mea(-)culpa ».)
... il était tout prêt à reconnaître ses torts. (Beauvoir, à l'article « rompre ».)

* * * * *

« Mais aucun autre arrondissement, même les plus populeux, n'arrive... »

Le singulier aucun autre ne saurait comprendre un pluriel; on peut cependant l'inclure dans un pluriel :

Mais aucun autre arrondissement, même parmi les plus populeux, n'arrive...

Line Gingras
Québec

« J'offre le scotch si vous gagnez » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071003/CPOPINIONS05/7...
« Dis-moi ce qui ne va pas » : http://gauterdo.com/ref/dd/dis-moi.ce.qui.html

03 octobre 2007

Compenser quelqu'un

Compenser quelqu'un; syntaxe du français.

« Quelques mois plus tard, le gouvernement Harper a fini par s'excuser et par compenser M. Arar... » (Manon Cornellier.)

Selon Camil Chouinard, « le gouvernement peut indemniser les victimes d'une inondation; il ne peut les compenser ». De fait, d'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, une chose ou une personne peut compenser quelque chose, mais non quelqu'un :

Compenser une perte par un gain; un ennui par une satisfaction. (Petit Robert.)

Compenser un inconvénient par un avantage, un mal par un bien. (Trésor de la langue française informatisé.)

Ces jours de congé compenseront les longues heures de travail. (Multidictionnaire.)

Cet automne, du moins, compensera ces mécomptes et consolera mes ennuis. (Gide, dans le Lexis.)

La pauvre grand'mère ne croit pas à Dieu, ni que rien, au delà de la mort, compensera sa triste vie. (Gide, dans le Trésor.)

Compenser un préjudice. (Petit Robert et Trésor.)

On aurait pu écrire :

Quelques mois plus tard, le gouvernement Harper a fini par s'excuser et par dédommager M. Arar...

Quelques mois plus tard, le gouvernement Harper a fini par s'excuser et par indemniser M. Arar...

Line Gingras
Québec

« La mémoire est une faculté qui oublie » : http://www.ledevoir.com/2007/09/26/158333.html

27 septembre 2007

Se prémunir de quelque chose

Se prémunir de quelque chose; se prémunir contre quelque chose; se prémunir de ou contre; prépositions; grammaire française; syntaxe du français.

« Mais l'on peut être sûr que c'est un piège dont M. Harper a déjà commencé à se prémunir... » (Lysiane Gagnon, dans La Presse.)

D'après les exemples que j'ai vus dans les dictionnaires, on ne se prémunit pas de quelque chose, mais contre quelque chose :

Ils se sont prémunis contre le froid. (Multidictionnaire.)

Je dois pourtant me prémunir contre la curiosité naturelle à leur sexe. (Duhamel, dans le Petit Robert et le Lexis.)

... les alliés s'étaient prémunis contre leurs propres défaillances. (Bainville, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Contre les risques d'une intrigue ou d'un coup d'État militaire [...], l'aristocratie d'Orsenna n'a pas cru se prémunir assez... (Gracq, dans le Trésor.)

Sans être prémunis contre la contagion. (Carrel, dans le Petit Robert.)

Il fallait donc écrire :

Mais l'on peut être sûr que c'est un piège contre lequel M. Harper a déjà commencé à se prémunir...

Line Gingras
Québec

« Des élections automnales? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070925/CPOPINIONS02/7...

16 septembre 2007

Maillon faible

Apposition et accord du verbe; adjectif démonstratif, déterminant démonstratif; construction du gérondif; gérondif et sujet implicite.

« Les Québécois, ce peuple de "nous", frileux, fermé, insécurisé, est le maillon faible de la suprématie blanche aux yeux de ceux qui nous disent "vous" sans que cela soit un signe de vouvoiement. » (Denise Bombardier.)

Le syntagme entre virgules - ce peuple de "nous", frileux, fermé, insécurisé - est en apposition à Les Québécois; sorte de parenthèse, il fournit une précision utile, mais accessoire par rapport au message central de la phrase : Les Québécois sont le maillon faible de la suprématie blanche.

« Le mot "Québécois" est devenu un mot indéchiffrable sans autre point de repère que géographique, qu'on devrait désormais mettre entre guillemets en agitant les deux doigts de chaque main - l'index et le majeur - comme le font tant de gens ici de façon clownesque. »

Les? comme s'il n'y avait que ceux-là? Je proposerais :

... en agitant deux doigts de chaque main - l'index et le majeur...

... en agitant l'index et le majeur de chaque main...

« Pour satisfaire tout le monde, il serait plus sage de se définir en tant qu'immigrant de longue date, du XVIIe siècle jusqu'à aujourd'hui à vrai dire, Blancs mais en cherchant dans notre généalogie des ancêtres plus foncés ou plus bridés, catholiques mais, Dieu merci, repentis, homme et femme à la fois, la non-différenciation étant l'avenir de l'humanité. »

Nous sommes Blancs, catholiques et repentis au pluriel, donc immigrants avec un shommes et femmes à la fois, aussi.

« Le délire nous guette avec cette commission. »

De quelle commission s'agit-il? On en parle cinq paragraphes plus haut; c'est beaucoup trop loin pour que l'on puisse utiliser le démonstratif, qui sert à montrer :

Le délire nous guette avec la Commission sur les accommodements raisonnables.

« Ce sont nos assises mêmes qui risquent l'effritement en ouvrant la porte au multiculturalisme désintégrateur. »

À première vue, à cause de la façon dont la phrase est construite, on croirait que ce sont nos assises qui ouvrent la porte au multiculturalisme désintégrateur. C'est que le gérondif, en ouvrant, devrait avoir normalement comme sujet (implicite) celui du verbe risquer, dont il est complément circonstanciel. (Voir à ce propos Le bon usage, douzième édition, paragraphe 328.) Comment régler le problème? Je suggérerais :

Nous risquons de voir s'effriter nos assises mêmes en ouvrant la porte au multiculturalisme désintégrateur.

Ce sont nos assises mêmes qui risquent l'effritement si nous ouvrons la porte au multiculturalisme désintégrateur.

Line Gingras
Québec

« Mea-culpa pour les Blancs » : http://www.ledevoir.com/2007/09/08/156062.html

14 septembre 2007

À défaut de quoi?

À défaut de; locution prépositive à défaut de; syntaxe.

« Les étudiants dont la formation est financée par Emploi-Québec ont intérêt à ne pas être malades [...] Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale leur a en effet fait savoir qu'aucune absence ne pourrait être tolérée aux cours, qu'elle soit justifiée ou pas, à défaut de quoi ils pourraient perdre leur subvention. » (Clairandrée Cauchy.)

À quel élément de la phrase renvoie le pronom relatif quoi? Faut-il comprendre que les étudiants pourraient perdre leur subvention... à défaut d'être absents?

La locution prépositive à défaut de rend justement l'idée d'une absence :

À défaut de madère, on pourra mettre dans la sauce un bon vin blanc. (Lexis.)

Il aurait trouvé dans ce travail, à défaut de joie, la paix de l'esprit. (France, dans le Petit Robert.)

À mon avis, la journaliste a voulu dire :

... Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale leur a effectivement fait savoir qu'ils devraient se présenter à tous les cours, à défaut de quoi ils risqueraient de perdre leur subvention; aucune absence, justifiée ou non, ne pourrait être tolérée.

... Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale leur a effectivement fait savoir qu'ils ne devraient manquer aucun cours, sous peine de perdre leur subvention; pas une absence, justifiée ou non, ne pourrait être tolérée.

... Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale leur a effectivement fait savoir que toute absence aux cours les exposerait à perdre leur subvention; aucune, justifiée ou non, ne pourrait être tolérée.

Line Gingras
Québec

« Chômeurs absents, subventions coupées » : http://www.ledevoir.com/2007/09/14/156741.html

12 septembre 2007

Ils, c'est clair?

Ils et son antécédent; l'antécédent du pronom personnel; grammaire française; syntaxe du français.

« En somme, tout porte à croire que si les médias n'en avaient rien dit, tout ce beau monde se serait tu. Ils sont montés aux barricades et cherchent un bouc émissaire parce qu'ils savent combien le port du niqab ou de la burqa suscite des réactions épidermiques chez la majorité des gens. » (Manon Cornellier.)

Ils ne peut avoir, à première vue, qu'un seul antécédent : les médias. Faut-il donc croire que les médias sont montés aux barricades et cherchent un bouc émissaire? En dépit des apparences, ce n'est pas ce que la journaliste a voulu dire - le pronom masculin pluriel remplace en fait tout ce beau monde, masculin singulier. Bien entendu, il serait préférable que la structure de la phrase corresponde de plus près à l'idée que l'on désire exprimer :

En somme, tout porte à croire que si les médias n'en avaient rien dit, tout ce beau monde se serait tu. Les élus sont montés aux barricades et cherchent un bouc émissaire parce qu'ils savent combien le port du niqab ou de la burqa suscite des réactions épidermiques chez la majorité des gens.

Line Gingras
Québec

« Un voile d'hypocrisie » : http://www.ledevoir.com/2007/09/12/156504.html?fe=1990&am...

09 septembre 2007

Être sous l'impression que

Être sous l'impression que; être sous l'impression de; sous l'impression que; sous l'impression de; avoir l'impression que; avoir l'impression de; to be under the impression that; anglicisme; calque de l'anglais.

« Louise Beaudoin était sous l’impression que le premier ministre Lévesque y amenait* une tonne de dossiers. Son amie Francine a corrigé. Celui-ci arrivait souvent les mains dans les poches. » (Michel Corbeil, dans Le Soleil.)

D'après le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, la locution être sous l'impression, employée au sens de « croire », « s'imaginer », est calquée sur l'anglais to be under the impression. On dit plutôt j'ai l'impression que ou j'ai l'impression de + infinitif :

Plus tard, j'ai eu l'impression que cette nuit avait pesé lourd dans ma destinée. (Aragon, dans le Lexis.)

J'ai l'impression d'avoir le cœur sec. (Pialat, dans le Petit Robert.)

J'ai l'impression qu'il dit la vérité, de l'avoir déjà rencontré. (Multidictionnaire.)

Le Trésor de la langue française informatisé consigne sous l'impression de, suivie d'un nom ou, rarement, d'un infinitif; cette tournure rend cependant l'idée de « sous l'effet, l'empire, l'influence de quelque chose » :

Mon esprit était alerte comme si j'avais été sous l'impression du haschisch. (Tharaud.)

Le faubourg Saint-Germain restait encore sous l'impression d'avoir appris qu'à la réception pour le roi et la reine d'Angleterre, la duchesse n'avait pas craint de convier M. Detaille. (Proust.) [Le faubourg Saint-Germain a été frappé par la nouvelle.]

Bien entendu, dans le cas qui nous occupe, ce n'est pas ce qu'on a voulu dire :

Louise Beaudoin avait l'impression que le premier ministre Lévesque...

Line Gingras
Québec

* À mon avis, c'est plutôt apportait qu'on devrait lire ici. Mais nous reviendrons là-dessus.

« Dans l'antre de René Lévesque » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070907/CPSOLEIL/70906...

05 septembre 2007

Affubler - Prénoms bizarres qu'on affuble aux enfants

Affubler quelque chose à quelqu'un; affubler quelqu'un de quelque chose; construction du verbe affubler; grammaire française; syntaxe du français.

« Le pays de Hugo Chavez, rocambolesque président du Vénézuela, connaît un drôle de problème : la prolifération de prénoms bizarres qu’on affuble aux enfants. » (Patrick Lagacé.)

On affuble quelqu'un de quelque chose (on est affublé, on s'affuble de quelque chose) :

Ces singes que l'on affuble d'une robe. (Jaloux, dans le Petit Robert.)

Anne voulait affubler sa petite sœur d'un chapeau à plumes. (Multidictionnaire.)

Elle était affublée d'une affreuse robe verte. (Lexis.)

Il ne savait pas s'habiller et s'affublait toujours de vêtements trop voyants. (Lexis.)

Affubler quelqu'un d'un nom d'emprunt, d'un sobriquet, d'épithètes ridicules. (Trésor de la langue française informatisé.)

Aucun des dictionnaires que j'ai sous la main ne reçoit la construction affubler quelque chose à quelqu'un. On aurait pu écrire :

... la prolifération de prénoms bizarres dont on affuble les enfants.

* * * * *

« Le projet de loi ne rallie pas tous les habitations de la République bolivarienne du Vénézuela, remarquez. Quelques députés rechignent. »

... tous les habitants...

Line Gingras
Québec

« De drôles de prénoms au Vénézuela » : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70720342