17 novembre 2006
Trouver un moment de soulever...
«... il est difficile de trouver un moment plus inopportun de soulever des questions constitutionnelles.» (Norman Spector.)
Vous ressentez un malaise devant cet emploi de la préposition de devant l'infinitif soulever? Il vous semble que c'est plutôt pour qu'il faudrait utiliser? Je suis bien de votre avis. Mais tâchons de voir pourquoi nous apporterions cette correction.
On peut très bien faire suivre moment d'un complément déterminatif introduit par de :
Se ménager un moment de répit. [L'expression de répit, sans article, équivaut à un adjectif qualificatif.]
Ce n'est pas le moment de lire. [C'est le moment de faire autre chose.]
Le moment était venu de lui téléphoner pour lui apprendre la nouvelle. [Qu'est-ce qui était venu? le moment de lui téléphoner.]
Il était enfin arrivé, le moment de soulever des questions constitutionnelles. [Il y a longtemps qu'on attendait ce moment précis, celui de soulever des questions.]
On écrirait cependant :
Elle n'a jamais un moment pour sa fille. [Pour sa fille est complément circonstanciel - de destination, je dirais - du verbe avoir.]
Je n'ai pas un moment pour lire. [Pour lire est aussi complément circonstanciel du verbe avoir.]
Il ne trouve jamais un moment / le moment propice pour me téléphoner. [Pour me téléphoner est complément circonstanciel du verbe trouver : il ne trouve jamais un moment ou le moment propice pour quoi faire? pour me téléphoner.]
Le moment n'est pas bien choisi pour aller à l'épicerie. [On a choisi ou on pensait choisir un moment donné pour quoi faire? pour aller à l'épicerie.]
... et enfin :
... il est difficile de trouver un moment plus inopportun pour soulever des questions constitutionnelles. [Il s'agit de trouver un moment pour quoi faire? pour soulever des questions constitutionnelles. Le complément ne se rattache pas au nom, mais au verbe, ce qui explique l'emploi de la préposition pour, indiquant le but.]
... il ne sera jamais arrivé, le moment opportun pour soulever des questions constitutionnelles. [Moment est déjà caractérisé par l'adjectif opportun. Il ne sera jamais arrivé, le moment que l'on jugerait opportun pour quoi faire? pour soulever des questions constitutionnelles. Comparer avec Il ne sera jamais arrivé, le moment de soulever des questions constitutionnelles.]
* * * * *
«... les chefs politiques sont désormais tenus de tenir un référendum...»
... les chefs politiques sont désormais forcés/obligés de tenir un référendum...
... les chefs politiques doivent désormais tenir un référendum...
Line Gingras
Québec
«Ignatieff aurait dû savoir» : http://www.ledevoir.com/2006/11/16/122953.html
04:56 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
13 novembre 2006
De sa faconde habituelle
Le ministre a déclaré, de/avec sa faconde habituelle, que...
Un ami lecteur m'a demandé s'il est préférable d'écrire de sa faconde habituelle ou avec sa faconde habituelle.
Il m'a semblé utile de consulter le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé aux articles «faconde», «éloquence», «volubilité», «loquacité», «verve» et «bagout». Les exemples recueillis sont assez convaincants :
Volubilité
[Elle] parlait sans s'arrêter [...] avec une telle volubilité qu'elle n'avait pas le temps de respirer. (Rolland, dans le Petit Robert.)
Elle parlait avec une volubilité extrême et semblait dans une grande agitation. (Gide, dans le Lexis.)
Ils racontèrent leur expédition avec une volubilité étourdissante. (Multidictionnaire.)
Elle débite, avec la plus incroyable volubilité de langue, ses monologues, qui mettraient en défaut... (Jouy, dans le Trésor.)
Éloquence
Avec son éloquence, Marie-Ève arrivera à les convaincre de participer. (Multidictionnaire.)
L'ouverture [...] résume avec la plus foudroyante éloquence symphonique l'esprit, le style, la philosophie et l'action [de l'œuvre]. (Bruneau, dans le Trésor.)
Verve
Mon père s'est remis à bavarder avec beaucoup de verve. (Céline, dans le Lexis.)
M. Blanqui, répondant avec son intarissable verve à un célèbre journaliste, amusa fort ses lecteurs... (Proudhon, dans le Trésor.)
Bagout (ou bagou)
Tout en parlant ainsi, avec cette facilité de paroles de la femme et de la Parisienne qui s'appelle bagou dans le langage de Paris... (E. et J. de Goncourt, dans le Trésor.)
Faconde
J'aimerais l'y suivre [Jean Marais] avec la faconde précise des speakers sportifs de la radio... (Cocteau, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
05:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
10 novembre 2006
Accord du verbe avec le sujet inversé
«Cette anecdote fait écho au rôle effacé que semble__ jouer les six femmes ministres du cabinet Harper.» (Manon Cornellier.)
Ce n'est pas le rôle qui semble jouer les femmes, mais les femmes qui semblent jouer un rôle.
«... l'autre secrétaire parlementaire du premier ministre, Jason Kenney, occupe tout le devant de la scène quand vient le temps de s'occuper des vraies choses.»
Je proposerais : ... tient tout le devant de la scène...
Line Gingras
Québec
«Femmes en retrait» : http://www.ledevoir.com/2006/11/08/122366.html
06:50 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
09 novembre 2006
Reprocher quelqu'un quelque chose
«Ce que M. Bouchard aurait davantage raison de reprocher M. Parizeau, c'est d'avoir autant tardé à lui céder les commandes en 1995.» (Michel David.)
On dit en anglais to reproach someone (for something); en français, toutefois, on reproche quelque chose à quelqu'un :
Pendant quatre ans, les combattants de «14» reprochèrent à ceux de 40 d'avoir perdu la guerre. (Sartre, dans le Petit Robert.)
... on ne doit pas battre un enfant, ni lui reprocher son père, qu'il n'a pas choisi. (France, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je reproche à Manet son élégance... (Green, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
«Faits pour se détester» : http://www.ledevoir.com/2006/10/24/121175.html?338
03:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme
08 novembre 2006
Un minorité en Amérique du nord
«Peut-on être contre la concertation des communautés francophones du Canada pour assurer la survie du français en Amérique du nord?» (Bernard Descôteaux.)
«... à titre de seul État francophone d'Amérique du nord.»
«... assumer sa responsabilité en tant que seul État francophone en Amérique du nord...»
Selon Marie-Éva de Villers, les points cardinaux «s'écrivent avec une majuscule initiale lorsqu'ils servent à désigner spécifiquement un lieu géographique» : l'Amérique du Nord.
Le guide du rédacteur et Le français au bureau confirment cet usage et donnent les exemples suivants : l'Afrique du Sud, l'Europe de l'Est, l'Europe de l'Ouest, l'Amérique du Nord.
* * * * *
«... les minorités francophones des autres provinces seront dès lors considérés comme des "canards boiteux", sans avenir.»
Sans doute les minorités comprennent-elles des hommes aussi bien que des femmes; il reste que minorité est un nom féminin, et que l'adjectif ou le participe passé qui s'y rapporte doit donc s'accorder au féminin :
... les minorités francophones des autres provinces seront dès lors considérées...
Line Gingras
Québec
«Une francophonie solidaire» : http://www.ledevoir.com/2006/11/08/122359.html
04:43 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
07 novembre 2006
Les éléments d'une énumération
«Si le document est adopté, QS [Québec solidaire] prendra les engagement_ suivants lors de la prochaine campagne électorale :
- embauche...;
- augmentation progressive...;
- hausse graduellement des prestations d'aide sociale...;
- financement d'un chantier...;
- rendrait les médicaments gratuits pour les prestataires d'aide sociale;
- réduction progressive...;
- modification de la Charte...» (Antoine Robitaille.)
Tous les éléments de cette énumération, sauf un, ont pour noyau un substantif; il serait possible, et souhaitable, d'obtenir une présentation uniforme :
... gratuité des médicaments pour les prestataires d'aide sociale...
Je constate aussi que deux éléments ont pour noyau un substantif modifié par un adjectif - augmentation progressive, réduction progressive -, alors qu'un autre élément est centré sur un substantif modifié par un adverbe : hausse graduellement des prestations... En règle générale, cependant, l'adverbe ne modifie pas un nom, mais plutôt un verbe, un adjectif ou un autre adverbe; il faudrait donc écrire : ... hausse graduelle des prestations...
Line Gingras
Québec
«Nationalisations et taxes au programme de Québec solidaire» : http://www.ledevoir.com/2006/11/07/122316.html
04:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
06 novembre 2006
Craindre que + indicatif ou subjonctif?
«Et on craint que beaucoup d’électeurs qui s’identifient à la droite religieuse n’iront pas voter cette année, en partie à cause de sandales à caractère sexuel impliquant des républicains.» (Michel C. Auger.)
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, craindre que doit être suivi du subjonctif :
Et on craint que beaucoup d'électeurs [...] n'aillent pas voter cette année...
* * * * *
Ces «sandales» à caractère sexuel, c'est réservé aux piédérastes?
Line Gingras
Québec
«La dernière campagne de George W. Bush» : http://www.cyberpresse.ca/article/20061105/CPBLOGUES07/61...
01:35 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, coquilles, blog de journaliste
05 novembre 2006
Intriguant ou intrigant?
«Cela n'avait rien de surprenant de son vivant [il est question de Pierre Elliott Trudeau], lors du choix de John Turner ou de Jean Chrétien par exemple, mais six ans après son décès, cela devient intriguant.» (Michel Vastel.)
L'adjectif intrigant est admis comme québécisme, dans le Multidictionnaire, au sens de «mystérieux, bizarre». Marie-Éva de Villers signale qu'il faut le distinguer du participe présent intriguant :
Les employés intriguant pour être promus sont souvent déçus.
Line Gingras
Québec
«La "Trudeaustalgia"...» : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
02:15 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, blog de journaliste
04 novembre 2006
Attendons avant de s'alarmer
«Faut-il s'inquiéter de nouveaux délais et de coûts qui pourraient grimper en flèche? Attendons avant de s'alarmer.» (Bernard Descôteaux.)
Selon Grevisse (Le bon usage, douzième édition, paragraphe 631 c, remarque 3 et paragraphe 746, remarque), l'emploi du pronom réfléchi de la troisième personne (se) devant un gérondif ou un infinitif, alors que le sujet implicite est de la première ou de la deuxième personne, relève surtout de la langue populaire, où il est assez fréquent :
Nous étions toujours à se disputer.
Il y a des journées où nous faisons un quart de lieue et en se donnant un mal de chien. (Flaubert.)
Colin émet un avis semblable, tandis que Girodet donne cette construction pour fautive. Il me paraîtrait souhaitable, dans un éditorial, d'adopter une langue soutenue :
Attendons avant de nous alarmer.
Line Gingras
Québec
«Encore le CHUM» : http://www.ledevoir.com/2006/11/04/122157.html
03:13 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
31 octobre 2006
Tribunaux d'applications et sujet fantôme
«... il ne devrait pas sortir avant 2021 à moins de bénéficier d’une suspension de peine prévue par la loi Kouchner et qui lui ont à ce jour toutes été refusées par les tribunaux d’applications des peines.» (S.A., de nouvelobs.com.)
Les tribunaux d'application des peines s'occupent, j'imagine, de l'application des peines; il paraît donc logique de laisser application au singulier. Une recherche Google confirme cet usage.
* * * * *
De toute évidence, le pronom relatif qui, sujet de ont été refusées, devrait avoir un antécédent pluriel; d'un autre côté, on ne peut sans doute pas bénéficier de plusieurs suspensions de peine à la fois. Je proposerais :
... il ne devrait pas sortir avant 2021, à moins de bénéficier d’une suspension de peine prévue par la loi Kouchner; à ce jour, toutes ses demandes ont été refusées par les tribunaux d’application des peines.
Line Gingras
Québec
«Le premier blog d'un détenu français» : http://permanent.nouvelobs.com/societe/20060220.OBS7300.h...
21:54 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
30 octobre 2006
«C'est... que» et l'attribut du complément d'objet direct
«Mais quand on y réfléchit bien, c'est entouré_ de leurs enfants et de leurs petits-enfants qu'on souhaiterait aussi voir les vieillards qui aujourd'hui n'ont plus qu'un animal de compagnie (quand cela leur est permis) pour causer de la vie et de ses angoisses.» (Denise Bombardier.)
La présence du tour c'est... que, servant à une mise en relief, ne doit pas nous tromper : l'adjectif entouré est attribut du complément d'objet direct. On souhaiterait voir les vieillards entourés de leurs enfants...
Vous n'êtes pas convaincu? Imaginons la même construction, mais avec des adjectifs dont la prononciation ferait sentir l'accord :
Cependant, c'est heureuses et bien portantes qu'on souhaiterait voir ces femmes qui ont tant travaillé pour élever leur famille.
Sans la mise en relief, par ailleurs parfaitement correcte, la phrase à l'étude se lirait comme suit :
Mais quand on y réfléchit bien, on souhaiterait aussi voir entourés de leurs enfants et de leurs petits-enfants les vieillards qui aujourd'hui n'ont plus...
Line Gingras
Québec
«Jeunes et seuls» : http://www.ledevoir.com/2006/10/28/121504.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
27 octobre 2006
Jamais on écrit «vingt-et-un»
«... donner la parole à une de ces personnes que l’on _entend pratiquement jamais et qui vivent la prison, non seulement de l’intérieur mais aussi quotidiennement et, en l’occurrence, depuis vingt-et-une années.» (S.A., de nouvelobs.com.)
Jamais, au sens négatif, doit normalement s'employer avec la négation (ne ou sans), même si l'on omet souvent le ne dans la langue parlée familière :
... une de ces personnes que l'on n'entend pratiquement jamais...
Il aime ses enfants, sans jamais le leur dire.
* * * * *
Les adjectifs numéraux vingt et un, trente et un, quarante et un, cinquante et un, soixante et un et soixante et onze, de même que leurs dérivés en unième, onzième, s'écrivent sans trait d'union :
... en l'occurrence, depuis vingt et une années.
Reportez-vous à la page quarante et un.
Je te le dis pour la trois cent cinquante et unième fois.
Line Gingras
Québec
«Le premier blog d'un détenu français» : http://permanent.nouvelobs.com/societe/20060220.OBS7300.h...
22:32 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
24 octobre 2006
Deux fautes d'accord
«Ce n'est pas tellement la substance des politiques du gouvernement conservateur qui me surprennent, que le ton - dirai-je l'arrogance? - avec lesquels il les présente.» (Michel Vastel.)
Qu'est-ce qui surprend? Ce ne sont pas les politiques du gouvernement conservateur, du moins pas d'après la structure de la phrase, mais c'est plutôt la substance de ces politiques. Substance est le noyau du syntagme la substance des politiques du gouvernement conservateur; à ce noyau se rattache le complément politiques du gouvernement conservateur, qui a lui-même pour noyau politiques.
Pour que politiques (au lieu de substance) soit l'antécédent du pronom relatif qui, sujet du verbe surprendre, il aurait fallu écrire :
Ce ne sont pas tellement les politiques du gouvernement conservateur qui me surprennent...
* * * * *
Et comment sont-elles présentées, ces politiques? Sur un certain ton - avec arrogance, en fait. L'arrogance ne s'ajoute pas au ton, mais le précise; c'est un élément accessoire, placé entre tirets et donc isolé du reste de la phrase. Le pronom relatif lequel s'accorde uniquement avec le ton, et doit par conséquent demeurer au masculin singulier.
Line Gingras
Québec
«Mais qu'arrive-t-il à Stephen Harper?» : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
07:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, blog de journaliste
22 octobre 2006
Tous pour un
«"Confiant_ et compétent_ quand il_ gère__ un programme sans surprise, Harper et les quelques conseillers en qui il a confiance perdent tous leurs moyens et leur boussole politique quand l'idéologie entre en collision avec le consensus général."» (Manon Cornellier citant James Travers, du Toronto Star.)
Monsieur Harper et ses conseillers perdent tous leurs moyens dans certaines circonstances, selon le journaliste du Toronto Star; dans d'autres circonstances, c'est-à-dire lorsqu'ils gèrent un programme sans surprise, ils se montrent confiants et compétents. La conjonction de coordination qui unit Harper et les quelques conseillers en qui il a confiance fait des deux sujets un tout indissociable : le pronom sujet de la proposition subordonnée (quand il gère un programme sans surprise) ne peut pas représenter un de ces sujets à l'exclusion de l'autre; les adjectifs confiant et compétent, épithètes détachées, se rapportent aux deux sujets coordonnés, et doivent se mettre au pluriel.
Pour que la première partie de la phrase s'applique uniquement à monsieur Harper, il faudrait la structurer de façon plus claire :
Harper est compétent et plein d'assurance quand il gère un programme sans surprise; cependant, lui et les quelques conseillers en qui il a confiance perdent tous leurs moyens...
Harper est compétent et sûr de lui quand il gère un programme sans surprise; cependant, le premier ministre et les quelques conseillers en qui il a confiance perdent tous leurs moyens...
Line Gingras
Québec
«Revue de presse - Une bouffée d'air frais?» : http://www.ledevoir.com/2006/10/14/120436.html
03:39 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
20 octobre 2006
Exiger à quelqu'un
«... arrêtez d'exiger des "miracles" aux églises.» (Denis Beaudin, responsable du Mouvement Sauvons nos Églises.)
Le verbe exiger construit son complément second au moyen de la préposition de : on exige quelque chose de quelqu'un :
Celui qui exige beaucoup de lui-même se sent naturellement porté à beaucoup exiger d'autrui. (Gide, dans le Petit Robert.)
Exiger peut toutefois, dans bien des cas, être remplacé par réclamer, dont le complément second s'introduit souvent par la préposition à :
Elle réclame une indemnité à la compagnie. (Petit Robert.)
Dans la phrase qui nous occupe, on aurait pu écrire à mon avis :
... arrêtez de réclamer des «miracles» aux églises.
... arrêtez de demander des «miracles» aux églises.
... arrêtez d'exiger des «miracles» des églises.
La dernière formulation me paraît cependant moins heureuse, pour des raisons d'euphonie.
Line Gingras
Québec
«Lettres : Les églises frissonnent déjà» : http://www.ledevoir.com/2006/10/16/120507.html
03:20 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journal
12 octobre 2006
La protection des incendies
«... la construction des chemins forestiers et la protection des incendies de forêt.» (Jean-Robert Sansfaçon.)
Le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, consultés aux articles «protection» et «incendie», ne donnent que le tour protection contre l'incendie.
De fait, bien que le verbe protéger construise de préférence son complément second de chose avec la préposition de «si le sens est simplement "mettre à l'abri" plutôt que "mettre à l'abri d'un danger"» (Hanse et Blampain), le nom protection, lorsqu'il est suivi d'un complément indiquant la chose ou la personne contre laquelle on veut protéger, s'utilise toujours avec la préposition contre, d'après les exemples relevés dans les ouvrages généraux que j'ai sous la main :
Un rempart protégeait la ville contre l'ennemi. (Hanse-Blampain.)
Nous connaissons assez bien l'illusion pour nous trouver protégés contre elle. (Paulhan, dans le Petit Robert.)
Elle se protégeait de la pluie avec un vieil imperméable. (Hanse-Blampain.)
Protection contre les maladies, contre les accidents du travail. (Petit Robert.)
Elle remarqua tout à coup qu'il portait des gants de filoselle noire, mince protection contre le vent du nord. (Bernanos, dans le Trésor.)
Le complément amené par la préposition de désigne des réalités bien différentes :
La protection des opprimés, de l'environnement, des consommateurs, de la jeunesse.
... se mettre sous la protection d'une église. (Guizot, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
«La manipulation» : http://www.ledevoir.com/2006/10/11/120133.html
05:55 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, presse
06 octobre 2006
L'adoption à la Charte
«J'évoquais alors le rôle qu'avaient joué dans la définition du Québec actuel l'adoption et les modifications faites à la Charte de la langue française.» (Michel Venne.)
Bien entendu, on n'écrirait pas l'adoption à la Charte de la langue française - c'est la préposition de qui convient. Je proposerais :
... l'adoption de la Charte de la langue française et les modifications qui y avaient été apportées.
* * * * *
«... Pierre Elliott Trudeau a amener les Canadiens à redéfinir leur pays.»
... a amené...
Line Gingras
Québec
«Relire Larose» : http://www.ledevoir.com/2006/10/02/119519.html
03:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, presse
02 octobre 2006
Leur inspiration, idéologie et tactiques
«Elles trouvent leur inspiration, idéologie et tactiques sur les quelque 5000 sites Internet islamistes, ajoute le journal de la capitale américaine.» (Le Devoir.)
Un adjectif ou déterminant possessif singulier ne peut se rapporter à trois noms coordonnés désignant des réalités distinctes - à plus forte raison lorsqu'un de ces noms est au pluriel. Mais il ne suffirait pas de mettre leur au pluriel pour que la phrase soit correcte, puisque le déterminant possessif, comme l'article, «se répète normalement devant les noms d'une série» (Hanse et Blampain) :
Elles trouvent leur inspiration, leur idéologie et leurs tactiques...
Bien entendu, en anglais on n'a employé l'adjectif their, d'ailleurs invariable, que devant le premier nom :
... their inspiration, ideology and tactics...
Tout s'explique...
* * * * *
«Il présentait alors la guerre en Irak comme "le front principal de la guerre comme le terrorisme"...»
On nous parle assez souvent de la guerre contre le terrorisme...
Line Gingras
Québec
«Irak : un rapport secret écorche la logique Bush» : http://www.ledevoir.com/2006/09/25/119009.html
10:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, anglicisme
30 septembre 2006
La recherche à se révéler
«La recherche obsessionnelle de plusieurs à se révéler et la guimauve émotionnelle de l'approche par le vécu sont des réducteurs impitoyables de la nature humaine.» (Denise Bombardier.)
Je ne trouve rien, dans les ouvrages généraux que j'ai à ma disposition, qui autorise à construire le substantif recherche avec un infinitif complément précédé de la préposition à. Je relève plutôt des formulations du genre la recherche du bonheur, de la gloire, des plaisirs, de la vérité, de la perfection.
Qu'est-ce que je propose?
Le désir ou le besoin obsessionnel de se révéler...
Il ne me semble pas utile de conserver de plusieurs; n'empêche qu'il faudra bien nous efforcer, un de ces jours, d'établir la distinction entre plusieurs et beaucoup.
Line Gingras
Québec
«Quelle époque!» : http://www.ledevoir.com/2006/09/23/118919.html?338
04:25 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe
29 septembre 2006
Composé à majorité d'anglophones
«... sans lien avec le Conseil de l'unité canadienne, il est composé à majorité d'anglophones...» (Antoine Robitaille.)
Je ne trouve qu'un exemple utile dans les cinq ouvrages généraux que j'ai consultés, à l'article «majorité» :
Assemblée composée en majorité de femmes. (Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
«Des fédéralistes prédisent qu'ils vont perdre le prochain référendum» : http://www.ledevoir.com/2006/09/28/119251.html
05:40 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe
27 septembre 2006
Quelque soit
«... quelque soit le chef que choisiront les libéraux...» (Michel C. Auger.)
Placé immédiatement devant le verbe être, quel que, selon Marie-Éva de Villers, est un «déterminant relatif» qui s'écrit en deux mots; quel remplit alors la fonction d'attribut et s'accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe :
Quelles que soient vos préoccupations, il vous faut agir rapidement. (Multidictionnaire.)
Quel que soit celui qui vous a dit cela. (Hanse-Blampain.)
Il fallait donc écrire :
... quel que soit le chef que choisiront les libéraux...
Hanse et Blampain ajoutent que «pouvoir, devoir ou un pronom personnel peuvent précéder» le verbe être :
Quels que puissent être les commentaires, elle en tiendra compte. (Multidictionnaire.)
Quels qu'en doivent être les résultats. (Hanse-Blampain.)
Quel qu'il soit, le coupable sera puni. (Hanse-Blampain.)
Quel que exprimant la concession ou l'opposition, le verbe qui suit doit se mettre au subjonctif.
Line Gingras
Québec
«Ces morts qui votent» : http://www.cyberpresse.ca/apps/pbcs.dll/section?Category=...
13:50 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, orthographe, blog de journaliste