24 septembre 2006
Pérorer quelque chose
«... s'ils désirent continuer à se prétendre les remparts de la démocratie [...], comme on les entend si souvent le pérorer.» (Jean Robillard, philosophe et professeur de communication à TELUQ-UQAM.)
D'après le Petit Robert, le Lexis et le Multidictionnaire, pérorer est un verbe intransitif (c'est-à-dire n'admettant pas de complément d'objet) qui signifie «discourir, parler d'une manière prétentieuse, avec emphase» (Petit Robert) :
En se voyant écoutée avec extase, elle s'habitua par degrés à s'écouter aussi, prit plaisir à pérorer. (Balzac, dans le Petit Robert.)
Stein paradait, pérorait, distribuait des conseils, donnait des ordres, abusait, amusait infatigablement son monde. (Cendrars, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
À la terrasse du café, Gabriel, vidant sa cinquième grenadine, pérorait devant une assemblée. (Queneau, dans le Lexis.)
Le Trésor le reçoit cependant comme verbe transitif, au sens de «dire (quelque chose) avec emphase» :
M. Rezeau remit une cartouche de 7 dans le canon droit de son vieux Damas et pérora : - Quand un lièvre vous part dans la culotte, il faut attendre pour le tirer et viser aux oreilles. (Bazin.)
Il n'est donc pas interdit de pérorer quelque chose, bien que ce ne soit sans doute pas la meilleure façon de se faire des amis.
* * * * *
Pérori, pérora...
Par la magie des sons et puisqu'aujourd'hui c'est dimanche, vous voici transporté dans le p'tit rang croche, devant la maison verte de mon enfance, à l'époque lointaine où nous avions quelques poules.
Ou peut-être que nous n'en avions plus. Mais il devait exister encore un poulailler, puisque ce matin-là, justement, je m'y étais glissée pour l'explorer.
Il faisait sombre et il y avait du foin. Et dans le foin, bien cachés, devinez quoi? un œuf, deux beaux œufs. Première fois que je ramassais des œufs. J'ai retroussé mon chandail, et fière de mon trésor je suis rentrée les offrir à grand-maman.
Et là, comme j'arrivais dans la cuisine, patatras!
Je n'y suis plus retournée.
Line Gingras
Québec
«Réflexe journalistique» : http://www.ledevoir.com/2006/09/22/118760.html
03:10 Publié dans C'était hier, Le billet du dimanche | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : langue française, syntaxe, souvenirs d'enfance
23 septembre 2006
Initiatives jugés efficaces
«... ces initiatives étant jugés "efficaces".» (Alec Castonguay.)
Le participe passé employé avec l'auxiliaire être s'accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe : jugées.
Line Gingras
Québec
«Gaz à effet de serre - Ottawa a aboli deux mesures efficaces» : http://www.ledevoir.com/2006/09/23/118923.html
03:59 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, orthographe
Malgré eux
«... cette condescendance paternaliste que cultivent malgré eux toutes les sociétés majoritaires à l'endroit des minorités...» (Jean-Robert Sansfaçon.)
... malgré elles...
Line Gingras
Québec
«La "petite commotion"» : http://www.ledevoir.com/2006/09/22/118743.html
02:30 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire
22 septembre 2006
Sa proposition pour + infinitif
«"... Il doit surtout nous expliquer comment sa proposition pour affaiblir nos lois sur les armes à feu protégera mieux les Canadiens", a lancé Bill Graham.» (Alec Castonguay.) [J'ignore si monsieur Graham s'est exprimé en français ou s'il s'agit d'une traduction.]
«Autre ironie de l'histoire, quand l'"inventeur" du Web [...] soumet à son patron sa proposition pour mieux gérer le flot d'informations...» (Jean-Luc Nothias.)
Je ne pense pas qu'il soit bien français d'introduire au moyen d'un pour l'infinitif complément du nom proposition. Cependant, sur les seize ouvrages que j'ai consultés là-dessus, trois seulement m'ont été utiles. Dans les trois cas, le complément est amené par la préposition de.
Le Petit Robert donne simplement cet exemple :
Elle a accepté sa proposition de venir.
Dans le Trésor de la langue française informatisé, les exemples suivants illustrent de manière explicite l'emploi du mot proposition avec un infinitif complément :
Ta proposition d'aller faire visite à cette dame n'avait pas le sens commun. (Flaubert.)
La proposition de constituer «les États-Unis d'Europe». (Ginestet.)
Enfin, le Robert & Collins Super Senior rend proposal to do... par proposition, suggestion de faire...
La construction proposition pour + infinitif me paraît donc un calque de l'anglais :
President George W. Bush discusses his proposal to reform Social Security with University of Louisville students... (Communiqué de la Maison-Blanche; légende de photo.)
Je rendrais his proposal to reform... par sa proposition visant à réformer... ou par son projet de réforme...
En ce qui concerne les deux phrases à l'étude, je les modifierais, s'il était possible, de la façon suivante :
Il doit surtout nous expliquer comment sa proposition d'affaiblir nos lois sur les armes à feu protégera mieux les Canadiens.
... sa proposition visant à mieux gérer le flot d'informations...
Line Gingras
Québec
«L'Opposition se déchaîne aux Communes» : http://www.ledevoir.com/2006/09/19/118389.html
«Comment Internet fonctionne-t-il?» : http://www.lefigaro.fr/sciences/20060322.FIG000000074_comment_internet_fonctionne_t_il_.html
«President Discusses Strengthening Social Security in Kentucky» : http://www.whitehouse.gov/news/releases/2005/03/images/20050310-5_w8n6278-515h.html
00:45 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : anglicisme, syntaxe, langue française, traduction
21 septembre 2006
En guise de sympathie
«... les jeunes ont déplacé les montagnes de fleurs déposées en guise de sympathie...» (Marie-Andrée Chouinard.)
Les fleurs ne sont pas un sentiment, mais elles peuvent en être la marque :
... les montagnes de fleurs déposées en guise de témoignages de sympathie.
... les montagnes de fleurs déposées en témoignage de sympathie ou en témoignages de sympathie.
Line Gingras
Québec
«Douloureux retour sur les lieux du drame» : http://www.ledevoir.com/2006/09/19/118390.html
16:35 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, usage
20 septembre 2006
Interactions entre, interactions avec
Une lectrice m'interroge sur l'emploi du mot interaction : faut-il dire les interactions entre l'environnement et les populations, les interactions de l'environnement avec les populations ou les interactions de l'environnement et des populations?
Aucun des ouvrages de difficultés que j'ai pu consulter n'aborde la question. Je trouve cependant quelques exemples utiles dans les dictionnaires généraux :
L'interaction de la théorie et de la pratique. (Lexis.)
Trier magnétiquement les mésons positifs et négatifs pour étudier leurs interactions avec la matière. (Hist. gén. sc., dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Lymphocyte qui interagit avec un antigène. (Petit Robert.)
Le Trésor propose en outre quelques exemples, dont les deux suivants, qui appellent à mon avis certaines réserves :
C'est l'interaction vivante des individus entre eux et de la totalité organique sur chacun qui est leur principe d'individualité. (Vuillemin.)
Il y a interaction mutuelle de l'informateur sur l'informé, et de l'informé sur l'informateur. (Salleron.)
Comme l'élément inter signifie «entre», il me paraîtrait préférable, pour éviter un pléonasme, d'écrire l'interaction vivante des individus les uns avec les autres; et je vois mal comment une «action réciproque» (définition d'interaction, d'après le Petit Robert) peut s'exercer sur un individu, autrement dit dans un seul sens... Je me demande enfin comment une «action réciproque» pourrait ne pas être mutuelle.
On aurait pu dire, il me semble :
L'informateur exerce une action sur l'informé, et l'informé sur l'informateur.
C'est l'interaction vivante des individus les uns avec les autres et de la totalité organique avec chacun qui est leur principe d'individualité.
Line Gingras
Québec
06:55 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe
19 septembre 2006
Un voyage de Tunisie
«M. Arar, un ingénieur d'Ottawa, revenait d'un voyage de Tunisie...» (Hélène Buzzetti.)
On peut dire soit que M. Arar revenait de Tunisie, soit qu'il revenait d'un voyage en Tunisie.
* * * * *
«Après de multiples échanges avec les autorités canadiennes, il a été envoyé en Syrie, avec un arrêt en Jordanie, où M. Arar est resté incarcéré près d'un an.»
Je lis pourtant, plus haut : «Cette conclusion hâtive, sans aucun fondement de la part de la Gendarmerie royale du Canada, a conduit le Canadien jusque dans les geôles syriennes où il a croupi près d'un an.» De fait, c'est bien en Syrie, si je ne m'abuse, que M. Arar a été emprisonné. Ce qui crée la confusion, dans la phrase à l'étude, c'est que l'adverbe relatif où, placé juste après en Jordanie, a tout l'air de s'y rapporter. On aurait pu éviter le problème en mettant avec un arrêt en Jordanie entre parenthèses.
* * * * *
«... un avis de guet aux frontières pour Maher Arar et son épouse, Monia Mazigh, dans lequel le couple est présenté comme "des extrêmistes islamistes soupconnés d'avoir des liens avec le mouvement terroriste al-Qaïda".»
Les deux fautes se trouvaient-elles dans le document officiel que l'on cite? En pareil cas, il aurait fallu le signaler par la mention sic, entre parenthèses ou entre crochets, qu'on aurait pu placer après le deuxième mot mal orthographié.
Line Gingras
Québec
«Arar blanchi, la GRC blâmée» : http://www.ledevoir.com/2006/09/19/118408.html
04:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : grammaire, syntaxe, langue française, coquilles
18 septembre 2006
Se révéler être
«Quant aux dispositions permettant d'établir le profil psychologique des personnes à qui l'on permet de posséder des armes à autorisation restreinte, elles se révèlent être guère efficaces, comme le démontre le cas de Kimveer Gill.» (Bernard Descôteaux.)
D'après les exemples que je vois dans les dictionnaires, se révéler, au sens d'«apparaître», «se faire connaître comme», s'utilise généralement sans le verbe être devant l'adjectif ou le nom attribut :
Ce travail s'est révélé plus facile qu'on ne pensait. (Petit Robert.)
Ces données se sont révélées exactes. (Multidictionnaire.)
Ils se sont révélés très compétents. (Hanse et Blampain.)
Je maintins ma décision de renvoyer à l'intérieur les chefs qui se révélaient incapables. (Joffre, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
De petits employés timides se sont révélés peu à peu des chefs. (Bernanos, dans le Lexis.)
La défaite peut se révéler le seul chemin vers la résurrection, malgré ses laideurs. (Saint-Exupéry, dans le Trésor.)
L'emploi du verbe être est admis, toutefois, dans le Trésor de la langue française informatisé :
Le problème de la réalité du corps se révèle donc être le problème central... (Marcel.)
Ainsi, le passage qui nous intéresse pourrait se lire de différentes façons; entre autres :
... elles ne se révèlent guère* efficaces...
... elles se révèlent n'être guère* efficaces...
... elles se révèlent peu efficaces...
* Noter que l'adverbe guère, ici, doit s'accompagner de la négation ne.
Line Gingras
Québec
«Faire marche arrière» : http://www.ledevoir.com/2006/09/16/118284.html
03:55 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : grammaire, langue française, syntaxe
17 septembre 2006
Toiles d'araignées
«Oui, il y a des fous dont l'esprit est fêlé.» (Denise Bombardier.)
Nous voilà prévenus. Méfions-nous, ceux-là sont assurément les plus dangereux. Les autres fous ne doivent être que de pauvres cloches un peu sonnées, qu'étouffent les toiles d'araignées.
* * * * *
Chaque été, un beau dimanche, nous partions toute la famille en pèlerinage à Sainte-Anne-de-Beaupré. Ce n'était pas vraiment la fête, non, pas tout de suite, parce que d'abord il fallait réciter le chapelet, pour que la sainte Vierge demande à la bonne sainte Anne de nous éviter un accident. Dommage d'être ainsi occupés de choses célestes : le vieux chemin de Duchesnay, avec ses cahots à n'en plus finir, était si amusant...
Mais bon. Bientôt nous arrivions à Sainte-Catherine. Je ne savais pas, alors, que nous passions à proximité du manoir, invisible, où ont vécu Anne Hébert et Saint-Denys Garneau; je ne savais pas non plus qu'une vieille maison, tout près, deviendrait un jour celle de mon oncle Jacquelin. Sainte-Catherine n'était qu'un village traversé par la route, où les voitures allaient trop vite.
Enfin Québec. Nous longions le cap, les maisons serrées juste au pied, menacées par les éboulements. Plus loin, une fois le fleuve à notre droite, c'étaient à gauche des villages perchés. Étranges. Et puis les chutes Montmorency. Quel contraste avec le p'tit rang croche, avec ma rivière et le champ de patates, le moulin à scie et la montagne ronde... Mais voilà que nous apercevions la basilique.
Il y avait des foules innombrables. Des dizaines et des dizaines de fauteuils roulants. Et ce sanctuaire immense, avec sa statue miraculeuse, avec en ex-voto toutes ces béquilles et ces bottines spéciales abandonnées là par des infirmes que la bonne sainte Anne, disait-on, avait guéris...
Il y a dix jours, c'était un jeudi, j'ai revu cette route au bord du fleuve, et ces villages, et la basilique comme neuve, en face de l'île d'Orléans. Elle est de belles proportions, avec des vitraux d'un bleu magnifique. Daignez, sainte Anne, en un si beau jour..., ont chanté les cloches, comme autrefois. Mais j'y ai croisé peu de monde en ce début d'automne; pas d'infirmes; pas d'enfants.
Et le chemin de croix, ce sentier en lacet dans la montagne, pour lequel j'étais venue, était bordé des mêmes sculptures quelconques, couvertes de toiles d'araignées.
Line Gingras
Québec
«L'horreur est humaine» : http://www.ledevoir.com/2006/09/16/118242.html
04:10 Publié dans Le billet du dimanche | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : souvenirs d'enfance, Québec, Sainte-Anne-de-Beaupré
16 septembre 2006
Des gothiques auto-proclamés
«Que ce soit au Colorado, dans les Maritimes ou à Montréal, des gothiques auto-proclamés ont tué ou se préparaient à tuer...» (Antoine Robitaille.)
D'après ce que je vois dans le Multidictionnaire et dans le Petit Robert (2007), le préfixe auto-, lorsqu'il veut dire «de soi-même» ou «par soi-même», se colle au deuxième élément du mot, sauf lorsque celui-ci commence par un i : autonettoyant, autodétermination, autoélévateur, s'autoproclamer, auto-immunisation.
Il faut cependant un trait d'union, selon Marie-Éva de Villers, si l'on a affaire à la forme abrégée de automobile : auto-école, auto-stop. Mais n'allons pas trop vite : ainsi que Dominique l'a fait observer très justement dans son commentaire sur la première version du présent billet, l'usage varie là-dessus; ainsi, le Petit Robert n'admet pas seulement les formes auto-école, auto-stop et auto-stoppeur, mais aussi autoécole, autostop et autostoppeur; Hanse et Blampain préfèrent autocanon et automitrailleuse, mais reçoivent également auto-canon et auto-mitrailleuse. Ce que je conseille dans ces conditions? Abolissons les autocanons et les automitrailleuses, avec ou sans trait d'union. Et dans le doute, suivons les indications du Petit Robert.
* * * * *
«Montrer, peut-être aussi, à leurs adeptes que les fameux courants gothiques plongent ses racines dans des philosophies anciennes...»
Bien entendu, il fallait écrire leurs racines.
* * * * *
«Qui sait, peut-être que la rébellion et le désespoir adolescent_ n'attend___ que ça? Qu'on critique; qu'on entre en dialogue avec eux et leurs passions?»
Il me semble que la rébellion et le désespoir sont deux réalités suffisamment distinctes pour que l’adjectif et le verbe s’accordent au pluriel.
Est-il possible, par ailleurs, d’entrer en dialogue avec la rébellion et le désespoir? Peut-être bien... Mais ceux-ci peuvent-ils avoir des passions? On a voulu renvoyer aux adolescents, je pense; le problème, c’est que adolescents n’est pas employé ici comme nom, mais comme adjectif.
Line Gingras
Québec
«Perspectives : Le tabou gothique» : http://www.ledevoir.com/2006/09/16/118299.html?338
15:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, syntaxe
15 septembre 2006
Des témoignages à être confirmés
«En revanche, selon des témoignages qui restent à être confirmés...» (Jean-Robert Sansfaçon.)
On emploie souvent la préposition à suivie d’un verbe à l’infinitif pour exprimer l’idée qu’une chose doit être faite. Il faut se servir alors d’un infinitif actif :
Maison à vendre.
Brochure à distribuer.
Médicament à prendre avant les repas.
Cela reste à prouver.
Travaux à faire par tous les participants.
En anglais, on rend la même idée par un infinitif à la forme passive : To be confirmed.
Line GingrasQuébec
«Drame à Dawson» : http://www.ledevoir.com/cgi-bin/ledevoirredir.cgi?http://www.ledevoir.com/2006/09/14/118081.html
03:15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme
14 septembre 2006
Panacée universelle
«Remarquez, le scénario est éminemment classique : le tourisme considéré comme panacée universelle pour panser les plaies de secteurs moribonds, on a déjà vu ça.» (Diane Précourt.)
Je lis dans le Petit Robert qu'une panacée est un «remède universel». L'expression panacée universelle, très courante, est donc pléonastique, même si Balzac lui-même l'a employée :
Les savants prétendaient qu'il avait trouvé la panacée universelle.
Hanse et Blampain conseillent de l'éviter, mais signalent qu'elle se rencontre depuis longtemps «chez d'excellents auteurs».
* * * * *
De toute évidence, on a voulu dire : Elle redoute comme la peste un envahissement de son pays par des hordes de bronzés visitant ce petit paradis, gorgés de son soleil mais la tête vide.«Pendant ce temps, une certaine intelligentsia martiniquaise observe du coin de l'oeil toute l'agitation autour de son industrie touristique. Elle redoute comme la peste un envahissement par des hordes de bronzés visitant ce petit paradis gorgés de son soleil mais la tête vide de son pays.»
Line Gingras
Québec
«Voyageries - Les démons du paradis» : http://www.ledevoir.com/2006/09/09/117531.html?338
02:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : langue française, usage, coquilles
12 mars 2006
Sept heures sur le campo...
C’est l’automne; quelques lumières s’interrogent
Et puis se taisent; l’étranger en longue toge
Effleure une ombre sur les pierres effacées
S’appelle-t-il présent, avenir ou passé
L’espace indéfini que sa mémoire abroge
Ses pas sur les pavés conjurent d’anciens doges
Fantômes indistincts de gloires inondées
Ils vont comme des souffles traversant la brume
Où dorment des jardins d’aurores évanouies
Sous les soleils d’étain des vaines amertumes
Dans le silence aveugle chemine l’oubli
Et cette angoisse noire que verse la pluie
Enveloppe en chantant Venise dans son lit
Line Gingras
Québec
01:35 Publié dans Ah! Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise, poème, poésie, écriture
16 février 2006
L'arrivée
Quelques marches. À côté, un marchand de saucisses. J'ai eu faim tout à coup. Au bord de l'eau, debout, j'ai mangé. Tant d'activité, tant de va-et-vient, tant de bateaux! Tant de bruits, et ce silence pourtant, infini! Tous ces palais, ces maisons, ces églises comme des bouées, comme des phares, comme des destinations lointaines, des terres inconnues...
La vie, j'ai laissé ma vie au pied de ces marches.Line Gingras
Québec
15:30 Publié dans Ah! Venise, C'était hier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise, voyage, écriture
12 février 2006
Noces
Et ses vagues d’ombre soupirer des caresses
Aux marches de marbre noir où les algues laissent
Affleurer les désirs de Neptune aux yeux pers
Vous semble-t-il encore qu’il y ait dans l’air
Des bruissements suaves d’étrange allégresse
Des nuages frôleurs d’ineffable paresse
Et des bougies inquiètes plongeant aux enfers
Croyez-vous qu’une nuit nous serons emmenés
En gondole d’ébène et bercement de lune
Vers des chants de sirène aux confins des lagunes
Dans un miroitement mauve d’éternité
Où scintille en secret depuis les fonds boueux
Des passés à venir, l’anneau d’or fabuleux
Line Gingras
Québec
01:20 Publié dans Ah! Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise, poème, poésie, écriture
31 janvier 2006
Au Quadri, un 19 octobre
La place tournoyait d’enfants et de pigeons
Les voix avaient le timbre mauve des violons
Naïf et tendre, tel un parfum de romance
Le sommeil invitait dans sa lumière intense
Nos paupières effleurées de lentes visions
Sur nos verres dansait le génie du vin blond
Aux bras souples et longs caressant le silence
Et nos esprits voguant en quelque mer lointaine
Aux horizons confondus s’enivraient de bleu
Nous étions emportés sur les vagues sereines
Vers des îlots de fleurs aux sentiers onduleux
Où des souffles légers joyeux venaient mourir
Sous la soie des pétales glissant des soupirs
Line Gingras
Québec
03:00 Publié dans Ah! Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise, poème, poésie
09 décembre 2005
Un jardin
Près d’un petit canal, au fond d’une ruelle
Où les enfants venaient jouer à la marelle
Dans l’ombre tranquille et muette des figuiers
Personne jamais n’ouvrait la grille rouillée
Où deux têtes de lion restaient en sentinelles
N’entraient que les oiseaux, et quelques chats fidèles
Du pas nonchalant des fantômes familiers
Quel était le mystère des allées secrètes
Quelle statue blanche gardait le puits mousseux
Où gisait ignoré un espoir malheureux
Un jour ont disparu le palais, son jardin
Et même les enfants qui avaient tant d’entrain
Sont morts, ou sont passés derrière la murette
Line Gingras
Québec
17:45 Publié dans Ah! Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise, poème, poésie
30 octobre 2005
Colonnes
La cathédrale blanche écoutait dans la nuit
Le bruissement de l’eau et les souffles enfuis
Où s’épuisait la mer, sombre à cette heure et lasse
Des nuages passaient sur la lune fugace
Au-dessus des cafés où tiédissait l’ennui
Dessinant des chemins de marbre et d’eau de pluie
Labyrinthe où glissaient nos espoirs pleins de grâce
C’était un défilé de patriciens antiques
Brandissant leurs flambeaux comme sabres de feu
Qui restaient suspendus dans l’espace amnésique
Et nos regards saisis par une glace obscure
Fixaient fascinés le néant voluptueux
Où mouraient les spirales des pensées futures
Line Gingras
Québec
Colonnes : http://www.jmrw.com/Abroad/Balkans/Venise/Vues/pages/011.htm
17:05 Publié dans Ah! Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise, poème, poésie
24 septembre 2005
1984, même jour
Est-ce les pigeons, la brume ou la lumière, je ne vois plus mon chemin… Aussi je reste immobile et j’attends, mais le temps ne passe plus.
Choubine
13:00 Publié dans Ah! Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise
07 septembre 2005
J'ai marché dans Venise
J'ai suivi le chat noir qui veillait en rêvant
Dans les rues montueuses caressées des vents
Où frémissait l'accent des heures singulières
J'ai contemplé l'eau morte où remuaient les pierres
Au gré du silence et des voix se balançant
Graciles danseuses portant le masque blanc
Des nuits indéfinies que recouvre le lierre
Venise dérobée vous épiant sous les ponts
Dans l'ombre hallucinante des soieries subtiles
Frêle et troublante Venise aux paupières tendres
Aux mondes endormis où l'on voudrait descendre
Tenant serré la main de crânes enfants blonds
Québec
Les canaux de Venise : http://www.campiello-venise.com/visite_rapide/suites_venitiennes/les_canaux_de_venise_1.htm
17:45 Publié dans Ah! Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise, poème, poésie
03 septembre 2005
Est-ce que Mose suffira?
L'enfoncement de la ville, la montée des eaux, les inondations fréquentes le font craindre de plus en plus. Phénomènes naturels, en partie, mais attribuables aussi à l'intervention humaine, responsable de leur accélération : industries très polluantes à proximité, présence de grands navires... - des scientifiques vous expliqueraient tout cela bien mieux que je ne puis le faire.
Si seulement ils s'entendaient, eux, sur les causes du mal et sur les moyens d'y remédier.
La réalisation du projet Mose, dont on parle depuis de nombreuses années et qui prévoit la construction d'une série de digues mobiles, sera-t-elle la solution, ou du moins un début de solution?
En lisant les comptes rendus de la catastrophe qui vient de s'abattre sur La Nouvelle-Orléans, et qui semble-t-il avait été prédite avec une exactitude accablante par des spécialistes, dans le vain espoir que les autorités gouvernementales prendraient à temps les mesures appropriées, je l'espère; je l'espère très fort.
Je refuse qu'une autre Katrina soit la fin de Venise. Je ne veux pas d'une troisième Pompéi.
Line Gingras
Québec
Analyse du projet Mose : http://www.enpc.fr/enseignements/Legait/projet/MEI-2003/Mose/Dossier/contexte.htm
04:40 Publié dans Ah! Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise